ROGER MOMPEZAT 1899 - 1958 | ||||||
(Bordeaux, 3 avril 1899 – Toulouse, 21 mars 1958). Avant d'être le créateur et le chef de la plus grande unité combattante de la région, le Corps Franc de la Montagne Noire, (avril 1944), cet expert-comptable de Toulouse est un résistant dans divers réseaux de la France libre et membre du comité directeur de "Libération-Sud". Dès 1942, il est en contact avec le SOE par l'intermédiaire de Sévenet qu'accompagne l'opérateur radio, officier de liaison britannique Despaigne, "major Richardson". Son projet approuvé par l'état-major interallié pouvait naître. La zone d'action choisie, boisée et isolée est à proximité de grands axes de communication. Maquis de masse (prés d'un millier d'hommes), bien structuré militairement (grâce à de Kervenoael), bien ravitaillé, occupant un terrain libéré avant l'heure - sa force et sa discipline font impression. Traditionnelle zone refuge, la Montagne Noire l'a été pour la majorité qui sont réfractaires au STO (certains appartenaient déjà à de petits maquis), mais aussi pour des évadés de camps et prisons, dont 80 israélites, 28 russes incorporés dans l'année allemande et 32 espagnols, pour 80 musulmans des mines de Salsigne et une soixantaine de gendarmes. En tout 18 nationalités. Des chantiers de jeunesse on a utilisé l'uniforme et occupé les camps (Rietgé, La Galaube, Plo del May, Fonbruno). De mai à août 44 sont livrés 20 combats offensifs et accomplis de beaux gestes patriotiques (défilés militaires à Revel et Dourgne le 14 juillet 1944). Le 20 juillet 1944 c'est l'attaque en force des Allemands. Le CFNIN se disperse. Les dernières batailles sont livrées autour de Saint-Pons (20 et 21 août 1944), puis au Pont de la Mouline (23 août). Aux critiques l'accusant d’être un "maquis anglais" n'obéissant pas aux chefs FFI, il répond dans le Journal du Corps Franc : Son unité ne dépendait du SOE que pour les parachutages, même si elle est autonome par rapport aux organisations locales. "Quelle est celle qui est vraiment habilitée pour coordonner l'action de tous les groupes de combattants ?" (p. 81), et il se plaint de la multitude des chefs. Au reproche de la concentration qui le rend vulnérable: "Il s'agissait, étant faible devant un ennemi réellement fort, de donner l'illusion de beaucoup de volume afin de l'impressionner" (p. 230). Il n'y eut que 38 tués en 4 mois de combats. Compagnon de la Libération, il fonde l'Association des Anciens et Amis du CFMN.
(Robert Fabre)
Roger Mompezat termine alors ses études et passe le concours de fonctionnaire colonial pour effectuer ensuite un séjour de dix ans à Madagascar comme Payeur du Trésor. De retour en France il fonde un cabinet d'expert-comptable. Dès le début de la guerre il prend une part active à la Résistance. En 1941, il participe aux réseaux "Alliance " et "Pat". En février 1942, il est membre du comité directeur du mouvement de zone sud "Libération ". A ce titre il est chargé de missions de prospection et de la diffusion du journal du même nom dans les départements du Lot, du Lot-et-Garonne, des Pyrénées Orientales, des Basses et Hautes Pyrénées. Arrêté, en juillet 1942, par la police de Vichy, il est libéré grâce à la complicité de policiers résistants. Il prend contact, en janvier 1943, avec des officiers français du War Office rentrant en Angleterre et, au mois avril, il crée une ligne de passage en Espagne à l'usage des officiers de l'Etat-major Interallié. Au mois de mai il est correspondant régional du War Office. En septembre 1943, Roger Mompezat reçoit, par parachutage, le renfort du chef de bataillon Henri Sevenet, accompagné du commandant anglais, opérateur radio, Despaigne, alias Richardson. Dès cette époque, il a des activités multiples et incessantes : recherche de terrain de parachutages, constitution d'équipes spéciales pour les sabotages dans l'Ariège, l'Aude et le Tarn. Sous sa direction, 29 parachutages sont effectués dans ces départements, sans une seule arrestation.
Il constitue le Corps Franc de la Montagne Noire, unité de guérilla agréée par l'Etat-major Interallié, composée de maquisards et de volontaires de l'Aude et du Tarn, réunissant des représentants de toute la France, d'Outremer et de pays étrangers, qu'il rassemble, le 6 juin 1944, au Pic de Nore (Montagne Noire). Roger Mompezat dirige personnellement les opérations. Le 7 juin 1944 le Corps Franc fait sauter en plusieurs endroits la voie ferrée Carcassonne-Toulouse, le lendemain il occupe Montolieu avant d'attaquer un convoi ennemi sur la route des Martyrs. Le 12 juin un détachement de 150 hommes du Corps Franc attaque une colonne allemande de 3 000 hommes. Dès la fin du mois, le Corps Franc de la Montagne Noire comprend plus de 900 hommes en uniformes, armés, équipés, encadrés par des officiers ou des sous-officiers de l'armée régulière. Le 20 août, Roger Mompezat est blessé par un éclat d'obus au combat de Saint-Pons (Hérault). Deux jours plus tard il est à nouveau sur le terrain. Battu par le feu d'un ennemi supérieur en nombre, il se replie le dernier, sur le point d'être totalement encerclé, et réunit ses dernières forces pour sauver sa voiture et ramener des blessés en dépit de l'épuisement de ses forces physiques. Tout au long de l'été 1944 le Corps Franc commandé par Roger Mompezat ne cesse de se distinguer par ses attaques courageuses, faisant de la portion centrale de la Montagne Noire, une véritable zone de France Libre dans laquelle l'ennemi n'osait s'aventurer. Le 16 septembre 1944, il est nommé commandant du Bataillon "Aude-Montagne Noire" partant rejoindre le front de l'Est. Le 1er novembre 1944, il est rappelé à Toulouse par le Commissariat de la République. Après la guerre, il exerce à nouveau son métier d'expert comptable à Toulouse.
Allocution de Joan Kervanoael devant la tombe du commandant Mompezat:
« [...] Cette synthèse Française de volonté Française, animé par un idéal de toute pétri de pâte Française, qui nous a permis de compter dans nos rangs, sans altérer le caractère spécifiquement français du C.F.M.N. Nos pelotons d'officiers et de sous-officiers Russes. Nos pelotons de républicains espagnol. Nos pelotons de Belges, Hollandais, Luxembourgeois. nous pouvons ajouter : Anglais, Américains, Croate, Italiens, Autrichien et j'en passe ! Il y avait chez nous des hommes de toutes croyances et convictions politiques : catholiques, protestants, israéliques, musulmans, francs-maçons, libre-penseur, sans qu'aucun d'entre nous se préoccupe de savoir ce que croyait le voisin. L'anticlérical notoire partageait son repas avec les Aumôniers, les Sionistes se battaient côte à côte avec les Musulmans... Après le Coran nous récitions les prières chrétiennes sur les tombes fraichement ouvertes de nos frères d'armes et l'Islam venait pieusement se recueillir dans nos églises d'Alsaces. Et jamais nous n'avons élevé la voix entre nous que pour chanter ensemble les joyeuses chansons que vous aimiez tant... Au delà de cette réalisation magnifique, vous avez réussi le tour de force de faire pleurer d'émotion ce grand blessé allemand rendu aux siens sur la table d'opération de Mazamet et, plus fort encore, amené nos prisonniers à dire, au moment de nous quitter: « lorsque la Paix sera revenue, nous serons heureux de vous accueillir chez nous. »
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