Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                        LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE

 

 

LE PASSE DE REVEL ET SON MARCHE

Par albin Bousquet

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Les documents, conservés aux archives municipales de Revel et aux archives départementale de la haute Garonne ont permis de reconstituer en partie, le passé de Revel.
En partie seulement, les premiers  documents dont on dispose datent de la fin du seizième siècle. A cette époque, la transcription de ce qui se disait au cours des séances publiques, était loin d’être parfaite ; certains textes doivent être lus deux fois. Des travaux de recherche, au siècle dernier, sur les marchands drapiers du Moyen-âge par des historiens de la Société Scientifique du Département de l’Aude, ont montré qu’il y avait dans notre région, des fabricants de toile de draps, au moment où fut créée la bastide de Revel. Ces renseignements sont les plus anciens concernant une hypothétique activité commerciale. N’ayant rien trouvé d’autre sur les deux premiers siècles. La recherche s’est orientée vers l’activité des Consuls de l’ancien régime, en espérant trouver la trace des marchés et des foires de Revel. De plus en plus fournie la documentation nous à conduit dans les rouages de la gestion de la ville. A la fin, le concours de personne Agées de Revel nous à permis de traiter les derniers temps des marchés aux bestiaux

 

LES ENJEUX PREMIERS

 

L’empire Romain  s’étant effondré ; faisant fi de toute trace de civilisation : les barbares occupèrent de nombreuses régions de France. Peu à peu l’Eglise rétablit la structure urbaine de l’Empire déchu. Des groupes épiscopaux se formèrent et constituèrent les évêchés avec à leur tête un Evêque qui devint l’administrateur de la ville…

Cette dernière devint  à la fois chef lieu administratif et poumon économique.
Les tenants du pouvoir, les Seigneurs, le Roi, les Anglais qui menaçaient la Guyenne, étaient tous conscients que le commerce était porteur de richesses, et que pour le développer, la concentration de la population était nécessaire. Reprise par chacun des tenants, cette idée aboutit à la création de villes nouvelles (les bastides). Au milieu du XIV ème siècle celle de Revel fit partie des dernières à voir le jour. Elle put ainsi profiter d’avantages, tel que le bon choix de son emplacement, d’une voirie raisonnée, d’une abondante alimentation en eau, d’une grande Halle, de quatre espaces communautaires, les Padouvencs très utiles pour les habitants du Moyen-âge qui dans la plus part des cas vivaient du produit de quelques animaux.
Ces espaces destines au pâturage, servirent à diverses manifestations : entraînements, foires, fêtes…
Ces commodités firent sûrement le succès de Revel.

Une vue sur l’organisation d’une bastide et en particulier celle de Revel, nous la devons à Paul Redon (1) qui écrivit ce texte à l’occasion du 650 ème anniversaire de la fondation de Revel.
« à sa fondation le Roi octroi à Revel une franchise politique essentielle ; le Consulat, qui est le nom donné dans le midi de la France. Cette organisation municipale est le fruit d’une évolution qui à duré deux siècles. En 1342 elle est bien au point pour être donnée à une ville moderne. La charte confie l’administration de la ville a six Consuls ou Colsols en Occitan. Le nombre de six sera d’ailleurs réduit à quatre par la suite. Les Consuls sont assistés dans leur délibérations d’un conseil politique de 24 membres tous des bourgeois choisis dans la  classe des commerçants. Huit sont artisans, Huit autres sont laboureurs. Dans les cas exceptionnel c’est la communauté toute entière qui délibère  »

 

(1) Paul Redon Officier de carrière membre
Fondateur de la société d’Histoire de Revel Saint Ferréol



LA  CANNE DE DRAP DE REVEL



Les  recherches sur les marchands drapiers du 14ème siècle (2) dont nous avons parlé,  nous apprennent que des marchands de toile de draps détenaient des registres sur lesquels était inscrit le nom et l’adresse des fabricants, la catégorie et le prix des produits. La colonne des prix, portait « canne de drap de Revel » pour les périodes allant de 1361 à 1373 et de 1408 à 1418. Les fabricants mentionnés  étaient : Castras Arnaut de Revel. Mespelh et Mons, fabriquaient du Pamélas à Soréze. Martin G. fabriquait à Saissac, Pinole à Puylaurens, Manet à Moussoulens, Riac à Villemagne, Lunel à Labésséde Lauragais, Salvage  à Labruguière. 

 

Ces informations très intéressantes, ne confirment pas qu’il se tint une foire à Revel si peu de temps après la création officielle de la ville. D’autant que des historiens pensent que l’épidémie de peste qui sévit dans le Lauragais à cette époque, n’épargna pas Revel. Une question demeure sans réponse ? Les marchands se rendaient-ils chez les fabricants ? Des indices incitent à penser qu’une foire put se tenir peu après les malheurs. En s’aidant de cartes, on constate que la distance entre Revel et les villages dans lesquels exerçaient les fabricants, ne dépasse guère la vingtaine de kilomètres. Cette distance n’a pas changé, ou si peu. Elle pouvait être parcourue par des animaux deux fois (aller et retour) en vingt quatre heures. Il faut ajouter que les paysans du moyen-âge  utilisaient très peu les auberges. La fréquentation de ces établissements était plutôt réservée aux fabricants qui parcouraient de grandes distances d’une ville à l’autre à l’aide de mulets voire de chevaux destinés au  transport  de marchandises.
Cette approche des faits conduit à une hypothèse : Tout risqué que soit cet emprunt ; on ne peut s’éviter de penser que la création de la bastide de Revel dans la forêt de Vaure n’eut pas comme seul objectif, de chasser des  brigands et des bêtes sauvages. Un artisanat existait autour de cette forêt.

 

Après ces propos, passons à « l’Octroi » mode de taxation applicable à tout. Très compliqué, elle fut un frein au développement du commerce tout au long du Moyen Age. En témoigne le franchissement du Tarn à Albi au 15ème siècle. Pour la bazane rouge (cuir tanné) la taxe s’élevait à 12 deniers la charge, pour les sardines au saumure, et certains autres produits 6 deniers la charge. Pour les peaux de sauvagine 8 deniers la charge. Les peaux de vache étaient taxées à l’unité, les peaux de chèvre et de mouton à la douzaine, certaines denrées comme le savon étaient taxées au quintalage. La charge était appelée Saoumée, dérivatif de « Saoûme », (nom donné à la mule, qui est resté dans le viel occitan)

Un passage soumis à l’Octroi pouvait occasionner des pertes de temps considérables, si l’on ajoute que les tarifs et les mesures changeaient d’un endroit à l’autre.

Dans son édition de 1888 le Larousse illustré donne la définition suivante de l’Octroi

 

 «…. on nomme ainsi des taxes indirectes prélevées aux profit des Communes sur des objets et denrées destinées à la consommation locale. Ce mode d’impôt existait dans l’antiquité (portom) chez les Romains. Son institution régulière remonte au XIIIème siècle. Le droit d’Octroi, perçu d’abord au profit exclusif du Trésor Royal, fut par la suite concédé aux Communes ; obligeant ces dernières à verser une part au Trésor Royal. Supprimé à la Révolution en 1791 il fut rétabli par les lois du 27 Vendémiaire an VIII dans les villes. L’administration de l’Octroi est confiée aux Maires sous l’autorité des Préfets. Elle peut s ‘exercer sous quatre modes distincts. En régie par les Municipalité, sous la direction immédiate du Maire. En régie intéressée, la perception de l’Octroi est faite par un Régisseur, moyennant abandon au profit de la Commune d’une partie des bénéfices. Par un bail à ferme, adjudication pure et simple des produits de l’Octroi, et enfin par l’abonnement à la Régie des Contributions Directes, donnant lieu à un marché de gré à gré approuvé par le Ministre. Les droits d’Octroi ne doivent pas avoir de caractère de taxe prohibitive ou de droit de douane, ni constituer un impôt trop lourd à supporter par les classes peu aisées.

 

les objets sur lesquels portent les droits sont en principe désignés par la loi. En général, en sont exemptés les blés et farines, le lait, les fruits, le beurre, les légumes. La loi du 25 Décembre 1897 a dégrevé les boissons dites hygiéniques (vin, cidre, poire, hydromel, bière, eaux minérales) et autorisé la commune à remplacer ces droits par des taxes directes ou indirectes ; (taxe locative, taxe sur les chevaux, les voitures). L’établissement des droits d’Octroi voté par les Conseillers municipaux ainsi que les règlements relatifs à leur perception sont autorisés par décret rendus en conseil d’état après avis du Conseil Général….»

Nous retiendrons que lorsque parut cette édition le mode de taxation avait changé, nous y reviendrons.

 

Revel, ses remparts son Octroi

 

 

 

(2)    Inventaire de marchands drapiers du Treize et Quatorzième siècle. Bulletin de la Société Scientifique du département de l’Aude, cinquante neuvième année, tome trois p. 72 à 77.

 

UN SUJET PRÉOCUPANT POUR LES CONSULS : LA VIANDE

 

Avant le 15ème siècle les boucheries désignées du nom de boucaria ou boucarias étaient de deux catégories. Les unes dites basses, vendaient sur leur table des chairs dites mélignosias venant de la chèvre et de la truie. Les autres dites (bonnes) et hautes, vendaient les viandes nobles. Les choses changèrent peu. Les boucarias furent appelées boucheries.

 

Les Consuls continuèrent à veiller sur tout ce qui touchait à cette denrée périssable. Les boucheries appartenaient à la Communauté mais leur gestion dépendait de l’Administration Consulaire. Des fermiers les prenaient en location et les sous louaient à des bouchers. Les baux étaient renouvelables tous les trois ans. Le prix de la location résultait d‘enchères qui se déroulaient à la chambre des Capitouls. Pour concourir le preneur devait se rendre à Toulouse, assisté d’un Consul, c’était ainsi à la fin de l’ancien régime. A Revel les contes de Caraman furent fermiers de plusieurs boucheries de Revel, jusqu’à la Révolution. Ils sous louaient la boucherie à un "boucher coupant", personnage distinct du boucher exploitant.

 

Dans les villes et les villages l’abattage des animaux se faisait sur une place, dans la rue. Il se fit par la suite dans un local, parfois sous la halle lorsque la ville en possédait une. C’est sûrement ce qui ce fit à Revel. Jusqu’au milieu du 17ème. Après il fut effectué sur la rive droite du ruisseau « le Farel », à l’emplacement de l’abattoir qui vient d’être démoli… La viande fut toujours vendue sous la halle. Sur les documents consultés il est mentionné « tuerie publique » - « écorcherie » cela permet de penser qu’il y avait deux tables de boucherie sous la halle, la table dite bonne et haute, la table dite petite et basse.

 

Nous n’avons relevé aucun renseignement d’un quelconque cérémonial qui aurait pu se produire à Revel concernant les coutumes liées au Mazel. Nom donné à un abattoir de la Rome ancienne situés aux abords d’un forum dans lequel était sacrifié les gros animaux, selon un rituel immuable. L’animal était conduit par le Mazelier (personnage mi-maquignon mi-boucher) à pieds et de jour, jusqu’au lieu de sacrifice.


 

La charte de fondation de la bastide de Revel

 

Chargé d’alimenter la ville en viande, le Mazelier disposait de prés situés proche de la ville.
De nombreuses villes de France adoptèrent ces coutumes.
A Saint Flour un mazel à été restauré. 

 

Le renouvellement du bail d’une boucherie était annoncé par le crieur public, l’annonce fut étendue aux villes voisines par voie d’affiche. Les Consuls étaient chargés de l’affichage. Voici des exemples

 

Présidial de Carcassonne 
Monsieurs
«Nous avons l’honneur de vous envoyer deux exemplaires d’affiche pour l’adjudication de renouvellement de nos contrats de boucheries que nous devons faire dans les mois prescrits de la présente année. Nous vous prions de faire afficher dans votre ville, et de nous renvoyer un certificat de publication. Pour votre bien, pour le même objet, que pour tout autre qui pourrait se présenter
Nous avons l’honneur d’être très parfaitement Messieurs vos très humbles et obéissants serviteurs »

 

Les Maires Consuls de Carcassonne  (3)        
Adjudication des boucheries de Castelnaudary Juin 1776 le 4 juillet 
« Le bail des trois tables : la bonne boucherie à été adjugé et le contrat passé a savoir pour le mouton, le veau de lait et le bouc à raison de 17 Sols, pour le bœuf à raison de13 Sols 69 »

 

 

Le tracas des dépenses engagées pour les déplacements causés par la gestion des boucheries fit  réagir les Consuls de Revel. Au cours de la séance publique tenue le 10 avril 1775, l’assemblée approuva ce qui suit.

« Le premier Consul Degoutte se transporte souvent en la ville de Castres, ou plusieurs autres, pour se présenter devant le Censeur Barbaira de la Belloterie subdélégué de Monseigneur l’Intendant auquel il y a dépenses pour celles des personnes députées par la ville ; de la somme de quinze livres neufs sols, quatre deniers. Somme estimée par l’assemblée »

 

 Cette somme, (peut être volontairement grossie) devait servir à régler le déplacement de Jean Taillade boucher à Revel qui devait se rendre devant le censeur pour régler un retard de paiement.

 

(3) A.D. HG.2. E.

 

 

LES BANALITÉS

 

Etaient appelé banalités : les moulins, les fours à pain, les casernes, les boucheries, la halle, les instruments utilisés pour les mesures. Tous ces biens appartenant à la Communauté étaient frappés d’Octroi, que l’on peut interpréter ici comme un impôt (droit d’usage).  

 

Les Consulats pouvaient s’affranchir de cette taxe à la condition de racheter le droit, ce qui était quasiment impossible dans la plus part des petits Consulats qui avaient continuellement les caisses vides et des bâtiments en état de ruine. En 1652 le Consulat de Revel avait eut une petite opportunité. Etant venu habiter à Revel Pierre Paul Riquet (créateur du Canal des Deux Mers) avait prêté de l’argent à la Communauté ; elle put ainsi s’affranchir de la taxe du droit d’usage de deux fours à pain et de quatre moulins banaux. Trop vétustes pour être réparés, Riquet fit construire le moulin dit du Roi sur un terrain qu’il aurait acheté, attenant la rigole venant de Pont Crouzet. Contrains, les habitants de Revel allèrent moudre leur grain au nouveau moulin, en échange d’une rente versée par la Communauté. 

 

Le Roi pouvait consentir à délivrer des lettres d’amortissement (extinction graduelle d’une dette).

 

Versailles  1686
  «…. nôstre édit du mois de décembre 1686 Nous aurions amorti les biens, droits réels et facultez appartenant  aux Communautés des villes, bourgs et paroisses de la dite province de Languedoc en exécution duquel édit, les Consuls et habitants du lieu de Revel, au diocèse de Lavaur, nous aurons fait remonter que jouir du bénéfice d’iceluy, ils ont rapporté le dénombrement des biens, droits réels et facultez …»

 

Le moulin du « Roy » (2000)

 

LA VIE S’ÉTAIT AMÉLIORÉE A REVEL

 

 

 L’abattage des porcs, et l’enlèvement du fumier avait été interdit pendant la nuit. Les recommandations répétées avaient fait diminuer le jet de déchets et de matériaux dans les égouts (chaque riverain se devait de nettoyer le fossé qui coulait devant sa porte, coté rue, plus celui de l’égout mayral, si ce dernier était contigu a son fond). Au milieu du 17ème siècle la circulation des attelages sous les galeries avait cessé. Deux fontaines avaient été construites sur la place du centre de la ville améliorant ainsi le confort les jours de marché.

Les Consuls favorisaient la concentration des marchands sous la halle dans le but d’augmenter les revenus du fermier de la halle, tenu de verser une part à la communauté.

 

La démolition  des remparts commencée vers le début du 18ème siècle permit de gagner de la place.  Cette démolition se fit timidement. Le marché des bœufs qui se tenait au Padouvenc de Castres se tint au débouché de la porte de Castres. Comme nous le verrons, ce Padouvenc appartenait à la fin du siècle au Comte Riquet de Caraman.  

 

UNE PERIODE SOMBRE AVAIT COMMENCÉ
DANS LE LAURAGAIS

 

L’extension des emblavures(3A) dans le Lauragais vers 1732 eut des conséquences sur l’élevage. Le nombre d’animaux conduits sur les marchés  baissa. La viande devint hors de prix. A cela s’ajouta des conditions météorologiques désastreuses. Un billet signé par deux Consuls de Revel fait état de la situation, il comporte les quantités habituellement récoltées et celles de l’année en cours dans le canton de Revel en 1738  (4)  (5)



 

Le document est ainsi libellé :
« Nous Commis de la ville de Revel au diocèse de Lavaur certifions le présent état véritable fait à Revel le 1er novembre  1738(5A) ».

La correspondance entre le Diocèse et le Consulat de Revel fait état de ces difficultés.
En 1763 l’Intendant de Toulouse demande au Subdélégué de Lavaur de bien vouloir le renseigner sur l’état des récoltes, il lui adresse un registre destiné à cet effet ; portant en tête les indications suivantes :
 « Ces observations seront distinguées par articles 
1) sur l’état actuel des bestiaux
2) Sur les causes contraires au succès des récoltes de cette année et sur les pertes occasionnées par le grêle et autre accident ; Il suffira de savoir à ce sujet ce qui est à la connaissance des Consuls, et de donner sur chaque article des notes courtes mais exactes autant qu’elles peuvent l’être par estimation, sans entrer dans des détails inutiles »

Au mois d’Août 1766 l’Intendant de Lavaur demanda aux Consuls de Revel des renseignements sur les mesures à grains.

 

 

Messieurs
«  Je vous prie de marquer le plutôt possible combien pèse ordinairement le setier de froment et celui du seigle, poids de marc, mesure de Revel, et de faire peser des grains des cette année afin de m’en marquer le poids au juste. Comme on me fait cette demande avec beaucoup d’empressement Je  ne saurais assez vous prier d’apporter toute l’exactitude et m’envoyer le résultat le plutôt possible. Vous pourrez recommander vôtre lettre à M Rey de Puylaurens qui me l’enverra par la jardinière ; nous satisferons ainsi les ordres que j’ai reçus »

 

 En 1775 les marchés du bétail furent interrompus à Revel et dans les Communautés environnantes à cause d’une épizootie qui atteignit les bovins dans le Sud-ouest de la France. Afin d’empêcher son extension vers la Montagne Noire, on fit appel à l’armée pour surveiller les routes et les chemins. Des postes de garde formèrent un cordon entre Vivier les Montagnes et Naurouze. A  partir de Pont Crouzet les postes étaient situés sur la rigole de la plaine.

Une inflation galopante toucha tous les produits. Le prix du pain, des fourrages, du bois connurent une augmentation prodigieuse.  En 1788 le Subdélégué de Toulouse déclare : « l’espèce bovine est rare, du moins quant au bétail qu’on élève dans le diocèse. Heureusement la Montagne Noire, la Guyenne, le Quercy y suppléent. Mais cette transmission en rehausse le prix ». Le Subdélégué du diocèse de Lavaur précise en 1786  « la dépopulation des bestiaux de 1772 à 1774 à fait augmenter le prix de la viande, d’ un quart a deux tiers en deux ans. ».
L’Intendant d’Auch Fournier de la Capelle explique la situation au contrôleur Général de Toulouse, il écrit

« En Espagne on ne tue que très peu de moutons ; on y est trop jaloux de la laine, pour diminuer la quantité des animaux. La concurrence accroît cette cherté, on ose assurer que nous vendons tous les ans cent mille moutons à la seule ville  de Barcelone ». Un autre rapport précise  « de très beaux bœufs aptes au travail se vendent 25 Louis la paire à Saint-Gaudens, l’hiver venu on les place dans des étables et on les nourrit avec du bon fourrage (6) ».

Copie de lettre du Garde de Saint Ferréol Archives du Canal du Midi

Archives du Canal du Midi

 

 

La vente et l’exportation des grains fut interdite, le Subdélégué de Lavaur avise les Consuls de Revel.  


Messieurs
« Je vous envoie ci joint un exemplaire de l’arrêt rendu au Conseil d’Etat du 26 juillet qui interdit à toute personne d’exporter ou d’expédier à l’étranger blé, seigle, farine d’orge, d’avoine et autres mêmes grains ; à peine de confiscation jusqu’à ce qu’il en soit pour sa Majesté autrement donné. Je vous prie de faire publier à l’ouverture du prochain marché de vôtre ville, et de faire afficher sous ordinaire ». la forme

 

La taxe sur le fer d’importation augmente, l’Intendant écrit :

Lavaur 10 octobre 1785
« Messieurs je vous envoie un exemplaire de l’arrêt rendu au Conseil le 18 dernier qui fixe à 3 sols par quintal les droits sur les marchandises en batterie de fer venant de l’étranger ; Je vous prie de le faire lire au public et d’afficher dans la ville en la forme habituelle et de m’en voyer le certificat de publication ».

 

Autre message –

« Messieurs je vous envoie un exemplaire d’un arrêt du Conseil qui maintient les marchands et négociants dans l’extension des droits pour les bois destinés aux constructions marines ; Vous voudrez bien faire lire et afficher dans vôtre Commune ».

 

Le bois de chauffage manquait à Revel des coupes trop  rapprochées avaient épuisé le bois de la ville, situé prés de Dreuilhe, ce bois était le  dernier quartier de la forêt de Vaure (qui avait été réservé  pour le chauffage des fours de la ville). Les produits des bordures des champs suppléaient tant bien que mal aux besoins des habitants. En 1773 ils avaient été autorisés à prendre « leignas » (branches) dans la forêt royale de l’Aiguille, lors de la création de la route allant de Revel à Carcassonne. (7)

 

 

 

 La vente du vin fut réglementée

 

«…. le procureur du Roi enjoint à tous les hostes et cabaretiers de vendre dans la ville leur vin vieux ou nouveau dans des bouteilles à toute personne sans distinction, en payant la valeur de celle ci suivant le prix qui aura été déclaré par les hostes et cabaretiers ; aux personnes qui iront boire chez eux. Auquel effet que tout notable habitant, aura le choix de goûter du vin de  la barrique. De la barrique ou de plusieurs, que les hostes et cabaretiers destinerons à la vente du vin à un sol ou deux ; aux profits des pauvres…. ».

 

 « Il y avait grand tapage les jours de marché ». Des crieurs appelés « éncantaïrés » se proposaient de  faire la publicité des produits que les commerçants destinaient à la vente. Les Consuls tentèrent de mettre fin à l ‘usage d’instruments bruyants. Le chef de la Milice et le crieur public étaient seuls autorisés à faire usage d’un instrument.  


Les jours de marché le crieur public sonnait aux quatre coins de la halle, il annonçait la ou les nouvelles ; le dimanche matin il se manifestait  devant l’Eglise à la sortie de la messe…

 

(3A) Terre ensemancées en blé - nécéssitant beaucoup d'engrais

(4) - 6450 quintaux de blé - 1250 de Méteil - 2000 de seigle - 1400 d’avoine - 70 d’Orge (Le foin n’apparaît pas)
(5) - 1038 quintaux de blé - 340 de méteil - 280 de seigle - 150 d’avoine  - 7000 de foin

(5A) A. D. H. G. 671. H.

(6) - A.D.H.G.  E. 272.

(7) - Copie de lettre du Garde de Saint Ferréol

 

CHANGEMENT DE REGIME

L’Octroi supprimé en 1792 fut rétabli en 1805. Pendant cette courte période, plusieurs courriers furent échangés. Entre le Maire de Revel, Elysée Faure et les nouvelles personnalités nouvellement installées.

Le Maire écrit  (8) 

   « L’Octroi ne produit absolument rien pour les pauvres  parce que le nombre d’employés nécessaires pour en faire réception en absorbe le revenu. Un pareil rétablissement vexera les habitants et engendrera des mécontentements qui menaceront la tranquillité publique. Le rétablissement de l’Octroi ne remplira pas le but qu’on paraît se proposer »

 

 

…Le maire profita de ce courrier pour demander un autre jour de marché ainsi qu’une foire supplémentaire.

 «… Considérant que l’Agriculture et le Commerce peuvent accroître la facilité dans cette ville, quoique peu populeuse mais tellement avantageuse par sa position, que les habitants des contrées environnantes la recommandent ; nous reconnaissons qu’il faudrait Cinq marchés (par décade) et non quatre. Quant aux foires, considérant que l’intervalle qui sépare celle des 15 floréals de celle du 2 vendémiaire est beaucoup trop considérable, il importe qu’il soit établi une foire de plus. .. »

Le Préfet répond au Maire « le produit de  la place, est encore versé au Trésor Public. L’Octroi que vous aviez décidé d’abolir dans la cession de Termidor an X n’ayant pas été approuvé, il importe aux intérêts de vos concitoyens à discuter s’il ne serait pas nécessaire que les marchands qui étalent leur marchandise sur le découvert, fussent assujettis à payer un droit de place qui devrait être modéré ; si vous jugez convenable de percevoir ce droit ».

Le Sous Préfet  prodigua des encouragements

«Il y a dans vôtre Commune des promenades, une halle, un marché qui permettrait de prélever des taxes » 

Le Maire répond

« Pour des raisons déjà annoncées, il faut attendre pour imposer des taxes nouvelles. Le public ne comprendrait pas que l’abrogation des droits seigneuriaux  puisse peser davantage.  
En conséquence le conseil délibère qu’il serait impolitique d’établir des tailles sur les objets ». 

Un  receveur des impositions directes avait été nommé à Revel  (rémunéré par la municipalité) !
La loi du 11 frimaire 1795 avait permis de classer au nombre des recettes municipales, le produit de la location de la Halle. Il y eut là une surprise la municipalité dut légiférer et rappeler les conventions qui avaient été établies en 1652 entre Riquet et la Communauté.

 

Ce fut l’objet de la séance du 25 pluviôse de l’an X.

Le  texte de cette séance est reproduit tel quel. 


«....un membre à observé que la halle de cette Commune était Jouie par la Nation, tandis que l’acte passé entre la Commune et Riquet  ci devant comte de Caraman, chez Pech Notaire à Revel en 1725 porte que la Commune n’aliène à faculté de rachat perpétuel que les droits qui se percevaient dans la dite halle, et non la propriété du fond ; que ce droit ayant été supprimé sans indemnité, il paraîtrait naturel que la Commune rentre dans la propriété du fond. Le Maire à déposé sur le bureau, une copie de l’acte sus mentionné d’après laquelle le Conseil s’est convaincu que pour payer au dit Riquet une partie des intérêts de la somme de soixante mille trois cent francs, sept sols, dix deniers, qu’il lui avait prêté pour subvenir à diverses dépenses occasionnelles, pour les séjours que l’armée fit à Revel en 1652 La Commune aliéna au dit Riquet à faculté de rachat perpétuel la banalité de quatre moulins situés sur la rivière du Sor énoncés dans le sus dit acte. Le produit des dits droits devant tenir lieu au dit Riquet des intérêts de cinquante mille francs qui est le capital que les enchères donnèrent à ce droit.

      D’après des renseignements, le Conseil considérant que la Commune c’est réservée la faculté de reprendre la jouissance des droits cédés au dit Riquet Inscrit sur la liste des émigrés. A plus que payé, la somme de soixante mille cent soixante francs sept sols dix deniers que la Commune devait au dit Riquet par la rente du moulin dit du Roi, le seul des quatre aliénés qui subsiste ; que le droit de mesurage et de pesage ; ces banalités ont été supprimées sans indemnités, enfin que l’acte déposé sur le bureau n’est pas en forme ; n’étant pas collationné par le notaire qui l’a retenu.
Le maire adjoint de cette Commune prendra les moyens les plus prompts et les plus convenables pour réclamer la propriété de la dite halle. Il se fera expédier un extrait en forme de l’acte passé entre la Commune et feu Riquet chez Pech notaire à Revel en 1725. Il le joindra à la pétition qu’il présentera aux autorités supérieures».

 

Pour résumer, la Commune voulait  récupérer des droits  (Jouis par la nation) que cette dernière avait oublié de céder a la ville de Revel.

 

Le bulletin des lois numéro 69 de la République paru le 29 pluviôse (février 1801) concerna de nombreuses villes dont Revel.  « Indépendamment des foires qui se tiennent à Revel, département de la Haute Garonne… Il s’en tiendra une quatrième (le premier Août) sa durée sera de un jour ».
Le Maire obtint donc une foire supplémentaire comme il l’avait souhaité.
La Municipalité proposa de réembaucher les anciens employés : de l’Octroi, mesureur, jaugeur, peseur, tout en rappelant les qualités de ces derniers ; Mathieu Tayac père, Bernard Maffre dit Mayat, Guillaume Delprat dit Gaîssou.

 

«… étant entendu qu’il exerce avec fidélité et propreté qu’elle éxige, cette profession de mesureur depuis longtemps… »  
Pierre Ricalens se vit proposer de jauger

 

Poitevin cadet se vit proposer Testeur du Public

 

 « pour ces services qu’il à rendu à la Patrie comme Officier dans la quatrième brigade d’infanterie de ligne » 
Ces propositions ne furent pas suivies d’effets !  Un nouveau venu  Jean Macian fut nommé vérificateur des poids et mesures. Il prit son service le Cinq Vendémiaire de l’an X.

En 1810 la Municipalité décida d’augmenter la concurrence chez les Commerçants de la ville en laissant venir des forains vendre du pain et de la viande « tout en veillant »  est-il précisé à ce que ces derniers payent des taxes. Le Maire prit un arrêté.

 

«... considérant  que le grand nombre de bouchers et de boulangers établit une concurrence qui assure aux consommateurs la bonne qualité de ces denrées.
Le Conseil désire que des marchands forains soit admis à débiter du pain et de la viande sur le marchés de la ville, les mardi, jeudi samedi de chaque semaine. A charge pour ceux qui viendrons étaler les marchandises de justifier qu’ils ont payé le droit d’Octroi, ainsi que le droit de patente, et de se conformer à la taxe qui aura été faite par l’autorité, sans lesquelles ils ne pourront établir leur banc ou leur étal, qu’au Midi de la place Publique prés du marché aux grains ».
(c’était un endroit exposé à la poussière et à la boue les jours de pluie). Laisser venir des forains de  l’extérieur était une ouverture à la concurrence qui avait pour objectif d’augmenter les recettes de la commune afin de compenser les pertes dues à l’abandon de taxes sur le foncier ; et de réduire les  privilèges dont bénéficiaient certains commerçants autochtones.

 


414 hectolitres 30 de vin
    7 bœufs
  36 veaux
    6 vaches
    5 cochons
  19 moutons
    3 pièces de fromage

à 1.franc 50 centimes
à 6.francs
à 2.francs
à 4.francs
à 2.franc 50 c.
à 50 c. 
à 50 c. 

La gestion des comptes étant devenue difficile ; la Municipalité demanda d’abandonner la gestion en régie de l’Octroi et de la remplacer par un bail à ferme. Après plusieurs réclamations elle obtint gain de cause le 28 avril 1816 pour la période du second trimestre.
Plusieurs décisions avait été prises notamment celle d’agrandir la ceinture de l’Octroi autour de Revel, et de réviser les tarifs. Le nouveau tracé fut défini ainsi.

 

 


Article 1 « les limites seront déterminées par le périmètre que forme la métairie de l’Ormède et maisons dépendantes, la métairie de Carpinel, celle de Bouriette du Padouvenc de Soréze, l’épenchoir du moulin du Roy de la rigole jusqu’au poste de Labadorque, la métairie de Tartanac, les métairies de Saint Ferréol et des héritiers Sarrat, sises au Padouvenc de Toulouse, la métairie Pont Richard, celle de Ricalens au Padouvenc de Castres allant aboutir à la dite métairie de l’Ourmède.

Revel le Beffroi dans les années 1920

Il sera établi sur les routes principales des postes indiqués par des poteaux sur lesquels sera inscrit « Octroi de Revel ». Les frais d’entretient de ces poteaux ainsi que le salaire des préposés seront à la charge de la Commune. La  perception des recettes se fera aux postes de contrôle, elles seront ensuite centralisées au poste central situé dans la ville (l’endroit n’est pas précisé) qui sera ouvert du lever au coucher du soleil ; Le tarif des recettes sera affiché à l’intérieur…»

 

Cette nouvelle ceinture autour de Revel fut sans doute peu efficace. La copie des pages du registre du registre tenu en 1809 sur lequel figurait la nature des produits déclarés, montre qu’il y avait peu d’entrées. La recette du mois, donne une idée des revenus de l’Octroi après qu’il fut rétabli. Certains produits inscrits variaient beaucoup notamment les quantités de vin déclarées ; en haut à gauche de la page.
La lecture de toutes les pages du registre montre que des habitants de Revel vendaient, après la décuvaison, une partie de leur récolte à l’extérieur...  Alors que d’autres en achetaient dès l’été venu.   Nous retiendrons qu’il y avait 5184 habitants à Revel au début du 19ème siècle et qu’il se buvait beaucoup de vin.

 

Revenu  total du  mois de février 1809 :
22 040 francs 82 Centimes.

 

 

Copie des photos des pages de Janvier - Février  - Mars - 1809

 

 

TABLEAU DES TARIFS

(après le rétablissement de l’Octroi)

Copie des photos des pages de Février  -Mars - Avril 1809

 

(PREMIERE DIVISION)
des boissons et liquides


L‘hectolitre de vin de cercle      le tonneau
L’hectolitre de vin en bouteille
L’hectolitre d’eau de vie moins de 22°
L’hectolitre d’eau de vie en cercle 22/28°                                                                
L’hectolitre d’eau de vie rectifiée 28° et +
L’hectolitre de vinaigre en cercle
L’hectolitre d’huile d’olive                             

0,55
1,15
1,40
2,10
2,80
1,50
0,05

      

Observations
Les quantités au dessous de l’hectolitre payeront le droit proportionnel.
La bouteille commune sera considérée comme litre.

 

(DEUXIEME DIVISION)

Comestibles

 

Bœuf par tête                                                                   
Vaches taureaux génisses par tête                                     
Veaux par tête                                                                   
Moutons et brebis par tête                                                   
Agneaux chevaux  par tête                                                  
Cochons et truies + de 40 kilos vifs par tête          
Cochons et truies moins de 40 kilos vidés sans tête  
Viande dépecée fraîche ou salée le kilo                               
Fromage d’Auvergne et de gruyère la pièce   la pièce           
Fromage Roquefort par pièce  

10

5
1
0,50
1,50

3
9,10

 

 

Observations
A propos du droit par tête, au dessous ils acquitteront au poids comme viande dépecée

 

(TROISIEME  DIVISION)

 

Bois de pile rond et arbres abattus pour le chauffage par charretées à un collier ou une paire de bœuf .................. 0,75

 

Observations

 

Ce droit augmentera progressivement par collier ou par paire de bœuf, de plus le fagotage de toute espèce  sarments souches. et  copeaux ne seront  assujettis à aucun droit

 

(QUATRIEME DIVISION)

 

Fourrages Foin par charretées par collier ou paire de bœuf .....................................1,00

 

Observations

 

Ce droit augmentera par collier ou paire de bœuf, de plus le foin récolté pour la consommation des bestiaux tenus dans les métairies dépendantes de l’arrondissement, il ne sera rien payé.
Le foin que les maîtres colons porteront de ces métairies venant de l’intérieur ou de l’extérieur de l’Octroi sera susceptible de payer l’Octroi avant de le sortir des granges (9)

Il à été décidé que les vendanges seront assujetties au droits à raison de trois hectolitres de vendange pour deux hectolitres de vin. Comme les vendanges ne durent qu’un jour ou deux par famille, et qu’elles ne sont pas à jour fixe, on ne peut disposer d’assez de personnes pour faire des vérifications nécessaires, la ville étant ouverte de toute part il est à envisager de faire entrer la vendange dans la ville par deux portes, celle de Dreuilhe et celle de Castres. La vendange étant introduite dans deux espèces de comporte la Charretière et la Cornusine à fond droit, il sera procédé au cubage et délimitation du nombre de litres, L’estimation se fera au moment de la décuvaison ; le préposé se rendra chez le propriétaire et estimera la quantité de vin récolté.

 

 

 

Même modifié l’octroi restait inapplicables. Des compromis furent trouvés. L’Ordonnance du 26 mai  1818 notamment l‘article 6 précisait ; les bestiaux emmenés dans le rayon de l’Octroi les jours de foire et de marché seront dispensés de toute déclaration à l’entrée, mais les préposes en surveilleront la vente. Les bouchers ou charcutiers ou particuliers qui en auraient acheté pour la consommation intérieure seront tenus à en faire la déclaration avant de les introduire dans les écuries ou tout autre lieu de dépôt. 
Vers 1830 il y avait dans la ville de Revel une vingtaine d’écuries, sans compter les bordes à cochon et  les  pigeonniers aménages dans le galetas des maisons.

 

(8) A. R. Registre 1 D 4
(9) A. R 1 D.  6

 

Le Maire dut prendre  un arrêté

 « L’abattage des bestiaux  sera effectué par les bouchers à qui le maire aura accordé le privilège  spécial ; Ils pourront sous peine de confiscation dépecer et mettre en vente des bestiaux abattus sans qu’au préalable les bestiaux ne soient marqués des lettres O.R. (Octroi .de .Revel) La marque sera apposée sur les quartiers à l‘abattoir par le préposé à l’Octroi. Le droit sur les porcs introduits vivants pour la consommation des particuliers ne sera point acquitté au moment de la déclaration faite à l’arrivée mais avant d’être abattu ; ce qui ne pourra avoir lieu que le jour et après une déclaration spéciale indiquant le jour et l’heure de l’abattage. Toute personne qui engraissera des oies et des canards pour faire du salé à l’intérieur de l’Octroi devra s’acquitter du droit avant de les tuer ». 

 

Mal acceptée par les habitants des villes, cette taxation était carrément détestée par les habitants de la campagne, ces derniers devaient payer deux fois. A L’entrée des marchandises, s’ajoutait le droit de place sur le marché. Une maladresse des autorités sur le montant des taxes pouvait avoir des conséquences dramatiques.


A Foix une trop forte augmentation du droit de place (25 centimes) pour un cochon gras, fit éclater un mouvement de révolte. Le jour de la foire des Rois 13 janvier 1840. Les placiers durent s’enfuir, le Commissaire de police fut frappé. Protégé par un détachement de l’armée, le Préfet se rendit sur le champ de foire. Touché par une pierre il dit au Commandant « je mets les autorités sous protection ; faite votre devoir »  Les soldats tirèrent, le foirail se vida en un instant 13 morts et 26 blessés restèrent sur la place. Le 5 mai 1859 un épisode similaire se produisit à Tarbes il y eut 7 morts.
Ces dérapages douloureux furent heureusement assez rares.

 

 Malgré les tracasseries les animaux arrivés à terme devaient bien être vendus. A Revel ils étaient conduits au  foirail situé à gauche et à droite de la porte de Castres. Trop à l’étroit, le marché s’étendit sur les promenades (allées Charles de Gaule). Ces allées n’étaient pas terminées le sol mal nivelé ne pouvait être correctement nettoyé. Des particuliers se plaignirent et proposèrent que le marché se tienne l’hiver à la place de la mission, et l’été à la porte de Castres. Ce refus du marché du bétail, sur les allées  se renouvela après la dernière guerre. Le maire reçut une lettre anonyme, peu belliqueuse.

  « ...nous nous permettons de soumettre à votre appréciation une anomalie aux conséquences malheureuses,  il s’agit de la reprise du marché des bestiaux sur la nouvelle esplanade qui est de toute beauté. Ce qui nuit à cette beauté sont les résidus peu engageants pour les touristes et peu hygiéniques encore pour tous les habitants et passagers. Dans l’intérêt général il serait bon de mettre le marché aux bestiaux sur la place de l’Eglise qui est empierrée, ou bien encore au Padouvenc de Castres. Pour les transactions il est bien entendu que les cafetiers n’auront pas leur compte, mais ils ont bien leur clientèle  propre et fidèle. Autres temps, autres meurs ; c’est vrai encore aujourd’hui, et nos descendants ne comprendraient  pas que d’une belle esplanade on fasse un autre mercadial.  


      Nous vous prions d’agréer nos bien respectueuses salutations. Un important groupe de Revélois qui aiment Revel dans sa beauté »

 

Les protestations premières avaient conduit la municipalité à poursuivre la couverture du fossé supérieur des égouts allant de la porte de Castres à la place du Paty. Aménagement qui permit d’agrandir considérablement le foirail, tout en le rendant plus accessible à partir du centre ville en empruntant la rue de Vaure. Ces aménagements attirèrent de nouveaux éleveurs. Commode d’accès pour les charrettes, tout  le bétail ; bovins chevaux ânes mules, moutons et cochons furent conduits au foirail. Vers 1840 il devint nécessaire de mettre de l’ordre sur le foirail pour faciliter le prélèvement de la taxe du droit de place. Les veaux furent rassemblés, les gros animaux âgés et de réforme destinés à la viande également. Ce classement ne fut jamais respecté. La demande évoluait, les machines agricole  nouvelles à traction animale réclamaient toujours plus de puissance. Les animaux de trait furent de plus en plus nombreux sur le marché de Revel, ce qui eut pour effet d’augmenter la réputation du marché aux bestiaux. Le dressage des animaux était une plus value considérable ; tout couple dressé  portant le  joug « sereinement » et venus de la Montagne Noire était une garantie. A la fin du marché, les bouchers allaient faire des offres pour acheter les « braous » jeunes bœufs non châtrés destinés aux travaux des champs que le propriétaire se refusait de dresser. La viande de ces bœufs étant recherchée un vendeur tenace, pouvait en retirer le prix d’un couple dressé. 

 

 

 

Le marché des animaux se déroulant sur le foirail, la place centrale fut de plus en plus utilisée pour la vente de légumes de fruits et d’articles manufactures d’usage communs lingerie, chaussures, prêt à porter.


Les  Herbassiers et Herbassières étaient le nom que l’on donnait à ceux qui vendaient de l’herbe; à ceux qui possédaient un cheval, des lapins. Ils allaient cueillir de l’herbe sur les bords des chemins, dans les parcelles en friche. Leur commerce sérieusement contesté à la Révolution (les propriétaires demandaient que ces personnes aient une autorisation écrite) fut toléré jusqu'à l‘extinction de la profession, mais entre temps…


le Maire prit un arrêté
pour mettre fin à la fraude qu’il y avait dans la vente de fourrage vert.

 


«…  il est défendu à qui que ce soit de vendre ou d’acheter du fourrage vert, ci ce n’est à la halle, au marché public, à peine contre l’acheteur d’être poursuivi comme favorisant la fraude. Toute personne exposant à la halle du fourrage sera tenu de justifier à la police de la propriété du dit fourrage. Le Maire invite tous les bons citoyens à veiller avec lui à l’exécution du présent, en avertissant les autorités des infractions qui pourraient y être faites. Le garde champêtre est particulièrement réquisitionné à tenir la main à son exécution … »
L’usage des nouvelles mesures, promulguées en 1795 était entré en vigueur le 1er janvier 1840.

Les commerçants qui tenaient boutique sous les galeries, avaient acheté les nouvelles mesures et habituaient les habitants à se servir des décimales. Le pesage se faisait à la romaine bascule installée au déboucher de la rue Nôtre Dame. Le fermier de la halle se plaignit à la municipalité de la concurrence déloyale exercée par les commerçants et demanda que le contrat de fermage de la halle soit revu ; en précisant.

« les mesures à grain sont complètement délaissées le samedi et même tous les autres jours de la semaine »

 

 

 

 

Des Commissions cantonales avaient été créées et avaient travaillé sur la codification des usages locaux. Le Juge de paix du canton de Revel Louis Thomas avait été chargé de la publication du recueil ; l’impression du texte fut confiée à M Lapeyre imprimeur 21 rue de Castres. (Rue Victor Hugo) 

 

Le négoce des animaux grandissant, la municipalité décida d’apporter des modifications. Le marché  des veaux quitta le foirail pour être transféré à la place de la Mission en 1852. 

 

L’arrêté stipula 

 

«  compte tenu de la loi de juillet 1837 il importe de rapprocher le marché des veau et des cochons gras de la romaine bascule  établie prés de la porte Notre Dame »  

 

Le marché de la volaille qui se tenait sous la galerie du couchant les jours de pluie depuis la fin du dix septième siècle. Fut transféré à la place Sablayrolles (aujourd’hui place du 11 Novembre). Il fut ensuite déplacé à la place de la mission. Lorsqu’il fut décidé de créer la poste. Bien diminué il est revenu à la place centrale (il ne l’avait  jamais totalement quittée).

Un arrêté confirma ce déplacement

« Vu les lois sur la matière. Considérant que la majeure partie de la population s’est prononcée pour le déplacement du marché de la volaille de toute espèce ;
Considérant que le marché actuel, par suite de l’encombrement des charrettes et du public ne présente pas de facilité suffisante pour la circulation et la transaction et peut même compromettre la sécurité des personnes.

 

 

 

Article 1- le marché de la volaille qui se tenait au couvert du couchant sera établi à partir du 28 Juillet prochain, à la place dite Sablayrolles.
Article 2-  La vente de la volaille de toute espèce, œufs, gibier ne pourra avoir lieu que sur ladite  place
Article 3- Les volaillers et revendeurs ne devrons jamais aller en dehors du marché au devant des vendeurs.
Article 4- La circulation des voitures et charrettes est expressément interdite sur la dite place.
Article 5- Les marchands devront se placer de chaque coté des allées en ayant soin de laisser au milieu un passage libre pour la circulation des acheteurs
Article 6- L’arrêté du 1er octobre 1879 sur l’emplacement des foudres cuves et muids exposés, et mis en ventes est rapporté »
Article 7- Sont maintenues toutes les autres dispositions concernant la police des marchés 
Article 8- Les contraventions au présent arrêté seront poursuivies conformément aux règlements le Commissaire de police est chargé de l’exécution du présent arrêté …. »
Fait à Revel le 27 Juin 1889

LE NEGOCE DU GRAIN FUT REGLEMENTE

 

 « Vu la loi ordonnance et règlements concernant la police des marchés, le Maire arrête ce qui suit

 Art 1 à partir de la halle, le midi de la place découverte attenant, continuera à être spécialement affectée à la vente et aux achats du grain.
 Art 2 tous grains annoncés pour l’approvisionnement de la ville devront être conduits à la halle et au marché sans pouvoir être détournés de leur destination
Art 3 Toute voiture chargée de grain qui n’aura pas une destination type sera directement conduite au marché
Art 4 et 5  Il est expressément défendu d’aller acheter du grain sur les routes et avenues de la ville
Art 6 Afin que les habitants puissent s’approvisionner avant ceux qui achètent pour spéculer ; l’ouverture du marché aura lieu à midi seulement pour tout spéculateur et toute activité patentée
Art 7et 8 tout individu non patenté qui se permettra de faire  commerce de grains sera immédiatement porté au rôle supplémentaire des patentes … »      

 

Fait à Revel le 26 Octobre 1853

 


LE PRÉLÈVEMENT DE L’OCTROI

 

Un arrêté émanant du ministre des finance relatif à la mise en possession provisoire du droit d’Octroi ; permettait à un particulier de devenir adjudicataire du droit d’Octroi de la ville pour une période de trois ans, à la condition qu’une tierce personne se porta caution.
Voici quelques exemples ;

 

Département de la haute Garonne
Arrondissement de Villefranche
Ville de Revel  1852

«  je sous signé Vienne Auguste négociant en grains à Revel, adjudicataire du droit d’Octroi de la ville de Revel pendant les années 1859 1860 et 1861 déclare à M. le Maire prendre l’engagement formel de mes charges de la recette provisoire des dits Octroi, à partir du 1er janvier prochain à mes risques et périls ; et de payer mensuellement à la Commune, entre les mains du receveur municipal, le douzième du montant annuel du bail dont le prix s’élève à la somme de 16800 francs ; m’obligeant en outre ou l’Excellence M. le ministre des finances n’approuverait pas le sus dit bail qui date du 14 novembre dernier. De faire compte à la Commune de toutes les recettes des dits Octroi que j’effectuerais pendant la durée de ma gestion provisoire

 

 

 

Fait à Revel le 3 décembre 1858 ».


Déclaration de caution
« Je soussigné Laville jean Henri propriétaire, demeurant à Revel déclare à M. le Maire de Revel que j’ai une parfaite connaissance de l’obligation ci-dessus écrite de M. Auguste Vienne adjudicataire de l’Octroi de la ville de Revel suivant l’Adjudication qui lui fut faite par procès verbal du 14 novembre 1858. En conséquence après avoir pris connaissance du cahier des charges du dit Octroi et du montant de l’adjudication se portant annuellement à 16800 francs. Je déclare que je me rends  caution solidaire du dit Jean Viennes et ce sans aucune diversion ni discussion».

 

Un artisan  pouvait souscrire 

 

«  sur la déclaration du sieur Paul Ricalens  boulanger, adjudicataire du droit d’Octroi de cette ville   

 

 

 

Art 1  Le sieur Paul Ricalens sera mis en possession provisoire du droit à partir du 1ier janvier 1853
Art 2  Si dans toute attente le délai d’adjudication en date d’hier n’était pas approuvé par M. le Ministre des finances, le dit Paul Ricalens rendra compte à la Commune des recettes qu’il aura perçues ».

CAHIER DES CHARGES

Arrondissement de Ville-Franche
Département de la Haute Garonne
Commune de Revel 


Cahier des charges pour l’adjudication aux enchères du bail à ferme cumulatif des location des places à la halle, aux foires et marchés de la ville de Revel y compris des droits de pesage, mesurage et jaugeage .

Art1  L’adjudication cumulative des droits de ferme de location des places à la halle, sur les  foires et marchés de la ville de Revel, y compris  droits de pesage, mesurage et jaugeage de la dite ville sera faite selon les formes prescrites par  le décret du dix huit brumaire  et des dispositions de la loi du 5 avril 1884, elle ne sera définitive qu’après l’approbation de M. le Préfet.
Art2  Le prix annuel résultant de l’adjudication sera versé dans la caisse de la Commune en quatre paiements égaux ; le premier aura lieu le premier Avril, le second le premier juillet, le troisième le premier octobre le quatrième le trente décembre de chaque année
Art3  L’adjudication sera faite aux enchères des feux, elle sera définitive que lorsque les feu seront éteints sans enchère   Ne pourront concourir que ceux qui auront été admis. Chaque enchère ne pourra  être moindre de dix francs

Art4  Dans les vingt quatre heures après l’adjudication tous ceux qui seront d’une solvabilité absolue reconnue et présenterons en outre une caution suffisante  pourront faire signifier au maire  une surenchère, pourvu qu’elle soit au

moins d’un vingtième en sus du prix de l’adjudication, et dans ce cas, il sera procédé à la réception de nouvelles enchères aux quelles pourront concourir toutes personnes ; comme aux premières enchères,les quelles seront annoncées par affiches préalables.
Art5  Le fermier sera tenu de payer immédiatement après l’approbation de l ‘adjudication, les droits de timbre et d’enregistrement, les frais d’affiche  des criées, d’impression, de fourniture de  cinquante placards ; des  affiches contenant l’extrait du cahier des charges, ainsi que l’insertion de l’adjudication au journal.

Art6  Dans les huit jours qui suivront celui  de la signification au fermier, du procès verbal d’adjudication approuvé par l’autorité supérieure  le fermier fournira une caution qui devra être agréée par le maire,  laquelle sera tenue de  donner une affectation.

hypothécaire pour un acte notarié en faveur de la commune, sur un immeuble situé dans l’arrondissement de Ville franche, libre d’hypothèque, et d’une valeur au moins égale au montant de l’adjudication annuelle, il sera justifié par un certificat du conservateur des hypothèque, que le bien affecté n’est grevé d’aucune inscription, à défaut il sera procédé à une nouvelle adjudication à lafolle enchère aux frais et dépends de l’adjudicataire.
Art7  Par le même acte notarié, le fermier affectera aussi ses immeubles  jusqu’à concurrence du montant annuel du bail Clauses relative à la location des places à la m aux foires et marchés de la ville de Revel.

Art8  Les droits de location de places à la halle et aux foires et marchés de la ville de  Revel, seront perçus d’après le tarif ci après proposé par le Conseil municipal dans sa séance du 22juin 1884

 

(10) - A.R. registre 1  D 5


Tarif des droits de place sous la halle  et autres lieux de la ville 

Local dit de la halle : droits à percevoir 

Partie dite  des bancs levés
Pour les jours de foires et de grand marché   

 

Le mètre carré  par an
Les autres jours
Partie dite des bouchers
Partie dite des bancs plats
Partie dite des graines
Le mètre carré pour chaque jour de foire et de Grand marché
Partie  dite des oisons, jeunes canards et dindes couveuses
Partie dite des fruitiers et des jardiniers
Le mètre carré par an et jour de foire

0,70
0.35
0,10
0,70

0,25
0,10

0,10

Partie dite des canards gras morts
Le mètre carré par jour
Les vingt décimètres carrés par jour
Partie dite des sabots
Le mètre carré par  jour de foire
Partie dite de stationnement des charrettes
Le mètre carré par an
Partie dite de la poterie
Le mètre carré par an
Par jour de foire et de Grand marché
Partie dite des bancs ou tables 
Le mètre carré par an
Partie dite des Padouvencs, matériaux encombrants
Le mètre carré

0,25
0,05

0,10

0,50

0,2
?

0,08

?

 

 

 

Art9     L’espace compris dans les quatre grandes ouvertures de la halle ; situées au levant,  au midi, au nord, et au couchant, le pourtour du local du poids public et l’escalier du Beffroi, seront toujours libres pour faciliter les diverses communication; Sous aucun prétexte, le fermier des locations des places ne pourra y laisser élever des bancs n’y établir aucun dépôt.
Art10    Aucune  voiture ou charrette ne pourra stationner  dans l’intérieur de la halle les jours de foire et de marché.
Art11  Les jours consacrés aux fêtes publiques et autres jours de réjouissances autorisées, aucune baraque ou échoppe ne sera tolérée  sous la halle et places découvertes. Pendant ces jours les places publiques seront entièrement à la disposition de l’autorité locale, sans que le fermier ne puisse prétendre à aucune indemnité
Art12   Dans le local destiné à la poterie il sera laissé en face chaque maison un passage de quarante cinq centimètres
Art13  Sauf sous les auvents des propriétaires des maisons, aucun étalage de marchandise ne sera permis sous les galeries, lesquelles demeureront exclusivement réservées à la libre circulation entendons ; pédestre
Art14   Une des ouvertures adhérentes aux quatre angles des galeries sera toujours  ouverte.
Art15   Il y aura un libre passage des galeries à la halle en face des quatre grandes entrées de la halle, le passage sera de la Largeur des entrées.
Art16  Un passage de sept mètres de largeur sera laissé libre   au   milieu de la place découverte.
Art 17 Le tarif de droit de location de place sera constamment   placardé dans l’enceinte  du poids public.
Art18 Le fermier sera tenu de faire nettoyer et balayer la place tous les jours afin quelle soit constamment sans ordures il fera réparer le sol de la halle, il y fera apporter de la terre argileuse, partout ou l’autorité locale le jugera convenable.
Les boues, balayures et ordures situées sous la halle jusqu’au ruisseau adjacent des quatre découvert appartiendront au fermier, il devra les faire enlever immédiatement.      
après le balayage, il ne pourra, sous aucun prétexte, les remiser sous la halle, ni dans l’intérieur des bâtiments de la halle.
Art19  L’inexécution de l’une des clauses des articles, de neuf à Dix huit ci-dessus, donnera lieu contre le fermier si elle  vient de son fait à une indemnité de 5 francs par jour qu’il sera tenu de verser dans la caisse municipale.
Art20  Les contestations qui pourront s’élever aux applications du tarif, sur la quotité des droits exigés par le fermier ,des location de place, seront portées devant le juge de Paix du canton de Revel à quelque somme que le droit contesté puisse s’élever, pour être par lui jugé sommairement et sans frais, soit en dernier recours, à la charge de l’appel, suivant la quotité du droit réclamé.
Art21  En cas de contestation sur l’application du tarif ou sur la quotité du droit ; toute personne assujettie au droit de location sera tenue de consigner entre les mains du fermier ou de ses préposes, le droit exigé, elle ne pourra être entendue qu’en rapportant au juge de Paix la quittance de la dite consignation.
Art22   Le fermier ne pourra arguer de son droit, pour mètre obstacle aux mesures de police des marchés, que décidera prendre le maire.
Art23  Les contraventions du fermier, aux dispositions des tarifs et règlements seront poursuivies conformément aux lois.
Le fermier sera tenu de fournir gratuitement aux étalagistes les bancs tables, Suivant l’usage, à
Art24 L’expiration du bail, le nouvel adjudicataire sera tenu de se charger de tous les objets qui servent à l’exploitation de l’entreprise, tels que bancs, tables, échelles, planches etc, au prix réglé par des experts, contradictoirement nommés par le fermier sortant et le nouveau fermier. En cas de désaccord  Ils nommeront un tiers expert. S’ils ne peuvent s’entendre pour la nomination du tiers expert, le maire le désignera. 

 

Clauses relatives aux droits mesurage et jaugeage.

 

Art25  Le fermier ne pourra sous aucun prétexte exiger d’autres droits que ceux spécifiés dans le tarif ci dessous proposé par le Conseil Municipal dans la séance du 22juin 1884 pour la perception à opérer au pavillon de la romaine bascule, a peine d’être poursuivi conformément aux lois.

Tarif des droits à percevoir, au bureau de pesage et mesurage, laine, viande salé étoffes, divers grains de toute espèce. 

 

Le myriagramme ou dix kg, de laine,
L’hectolitre  de grains,                                       

5 cents.
5 cents.  

 

Tout pesage au dessous d’un myriagramme  de viande paiera le droit entier
Tout mesurage de grains au dessous de l’hectolitre paiera le droit entier

 

Tarif des droits à percevoir au pavillon de la romaine bascule. Proposé par le Conseil Municipal dans sa séance du 22 juin.

 

Fourrages, Pailles, marchandises et objets divers  

   

Les Soixante Dix myriagrammes ou Sept cent kg et moins,en une seule pesée : 
Les Cent Vingt myriagrammes ou Douze Cent kg et plus jusqu’à Soixante Dix myriagrammes
en une seule pesée :                          
Bestiaux : Bœufs et vaches par myriagramme :   
Autres animaux :                                                                            

 40 Centimes

50 Centimes
  1 Centime 
  2 Centimes  

 

Art26 Conformément à la délibération du Conseil Municipal du 24 mai 1836 approuvé par M. le Ministre le 30 juin 1837 l’addition suivante est faite au tarif du mesurage.  Le fermier aura le droit de procéder au mesurage du bois de chauffage dit de pile ou rond, toutes les fois qu’il sera requis, il lui sera payé un droit de Vingt Cinq Centimes par pile
Art27 Les fonctions de peseur mesureur et jaugeur seront remplies par le fermier ou ses préposes. Ils devront avant prêter serment devant le juge de Paix du canton de Revel et s’engager de bien remplir leurs taches.
Art28  Aucune personne autre que le fermier et ses préposés ne pourront exercer dans l’enceinte de la halle et des  marchés  la profession de mesureur, sous peine de confiscation des instruments destinés au pesage  mesurage et jaugeage
Art29  L’enceinte des dites halles et marché, comprend la halle, les découverts, les galeries, les rues  
Art30  Les objets soumis au pesage, mesurage et jaugeage devront être conformes aux normes du système métrique, et porter les marques de leur étalonnement
Art31  Il sera délivré gratuitement aux personnes qui le demanderont, un bulletin qui  constatera le résultat des opérations
Art32   L’infidélité dans les poids employés au pesage sera punie par voie de police, les peines seront portées contre les marchands qui utiliseront de faux instruments 
Art33  Les contestations qui pourront s ‘élever sur l’application du tarif ou sur la quotité des droits exigés par le  ou les préposés, seront portées devant le juge de Paix du canton de Revel, à quelque somme que le droit contesté puisse s’élever, pour  être par lui jugées sommairement et sans frais ; soit en dernier recours, à la charge de l’appel .  

Art34  En cas de contestation sur l’application du tarif ou sur la quotité du droit, toute personne qui aura fait peser, mesurer quelque objet, sera tenu de consigner entre les mains du Fermier ou de ses préposés le droit exigible, elle ne pourra être entendue qu’en rapportant la quittance au juge de Paix
Art35  Le fermier sera tenu d’avoir un registre sur papier timbré lequel sera coté et paraphé  par un des membres de la  mairie, à l’effet d’inscrire les diverses recettes, et le poids des marchandises, soit au poids public soit au Pavillon de la romaine bascule
Art36  Le tarif des droits à percevoir  demeurera constamment affiché dans l’intérieur du local destiné au poids public, et  au pavillon de la romaine bascule.
Art37  Nul ne sera contraint à se servir du bureau de pesage mesurage et jaugeage si ce n’est en cas de contestation
Art38  Les locaux destinés au poids public et à la romaine bascule seront remis en  bon état avant chaque adjudication. Le preneur sera tenu de le rendre de la même manière à la fin
Art39  L’espace qui est entre les murs de face du poids public et les premiers piliers de la halle parallèles aux faces du poids public sera toujours libre, afin de faciliter l’arrivée au dit poids public, et pour avoir un lieu propre à déposer les objets qui devront être pesés, mesurés et Jaugés.

Le présent cahier des charges à été présenté au Conseil Municipal de Revel dans sa séance du 22 juin 1884 lors de sa délibération, sur le marché à ferme du bail des places à la halle et autres lieux.
(Approuvant quinze mots nuls.)
Fait à la Mairie de Revel le 22 juin 1884
Le Maire
(approuvant la rature de quinze mots)

 

DERNIÈRE PERIODE DES MARCHÉS AUX BESTIAUX
1940-1970

 

Chez les plus agés de nombreux souvenirs sont restés surtout chez les femmes qui habitaient la campagne. Outre le fonctionnement du ménage elles s’occupaient toute l’année de la basse cour qui était composée de géniteurs divers ; Dindons, Oies, Pintades, Canards. Elles surveillaient la ponte, la couvaison, soignaient les couvées. Le jour du marché chacun avait son rôle. Le mari vendait le veau, son épouse vendait les produits de la basse cour. Dans la plupart des cas, elles disposaient des revenus de la basse cour. Disposer c’est beaucoup dire, le revenu servait à acheter les produits de première nécessité ; habits pour les enfants, remplacement d’une vaisselle, d’une toile cirée, d’une paire de draps. Ces achats se faisaient après que la volaille eu été vendue. Toute défaillance du marché, mauvais temps, ou grands travaux de l’été ; se traduisait par un manque à gagner chez certains commerçants de la ville… 


Après la dernière guerre, la bicyclette, puis le cyclomoteur, apportèrent une grande indépendance aux femmes. Elles purent se rendre au marché ; une corbeille attachée sur le porte bagage, dans laquelle  prenait place volailles adultes ou couvée.


Arrivées à Revel elles déposaient la bicyclette chez une connaissance, plus habituellement chez un réparateur de cycles qui ne faisaient payer que les réparations (nombreuses étaient les crevaisons dues à l’usage des clous à cette époque). Après avoir pris place, la fermière posait la corbeille, si le contenu était un couvée, elle se penchait sur la corbeille et délicatement d’une main elle écartait les poussins agglutinés par les affres du voyage. Le geste était  accompagné  à voie basse d’une sorte d’onomatopée a peine audible, et adaptée  à chaque espèce ; Tiac Tiac pour les pintadeaux ; Gourou Gourou pour les dindonneaux ; Bélou Bélou ; pour les oisons. Ces derniers répondaient par des mimiques qui amusaient  les enfants et les passants


La fermière payait la taxe au placier qui tenait compte : de l’espèce et du nombre d’animaux. A titre indicatif, dans les années 1960 la taxe pour un lapin était de 10 centimes, de 5 centimes pour une douzaine d’œufs, 20 centimes la paire de volailles de toute espèce ainsi que pour une couvée. Les volaillers payaient chaque trimestre la taxe de l’emplacement qu’ils réservaient pour déposer les cages destinées au transport de la volaille.
La volaille était achetées par des commerçants qui venaient de Béziers ; Narbonne. Un dénommé  Dalmot dit « Galidou » diminutif de galina (poule en occitan) venait de Perpignan. Fernand Latger de Blan achetait au marché le matin ; l’après midi il allait distribuer la volaille à des détaillants des villages du Minervois  (11)


En 1940 le marché de la volaille qui se déroulait à la place Sablayrolles ne manqua pas de pittoresque... Six gardes champêtres belges arrivés parmi les réfugies, ayant comme seul bagage leur tenue obligatoire sur le dos, furent occupés à surveiller le marché le samedi matin.
La dispersion des marchés : veaux, volailles, gros bétail, faisait que l’animation s’étendait aux quatre coins de la ville. Les bruits et les gestes variaient d’un endroit à l’autre. Au marché de la volaille on entendait des cris aigus d’un coq ou d’une poule. Au centre de la ville, la voix criarde de certaines commerçantes entrecoupaient le son de la cloche annonçant les heures. Sur le foirail, loin du raisonnement discret propre au monde des affaires ; des paroles fortes d’hommes annonçaient les mises en scène entre vendeurs et acheteurs.

 

 (11) Louis Latger Maire de Blan fils de Fernand Latger 

 

LA COUTUME DU « toco ma »

 

Toute affaire se concluait par le « toco ma » coutume éteinte aujourd’hui à Revel. Nous empruntons deux textes dédiés à cette coutume, voici le premier  (12) 

 

 


«  Généralement la vente et l’achat se font en foire mais aussi à l’étable … Lorsque les parties débattent du prix et qu’elles arrivent à un accord, il se produit d’ordinaire la pratique du toco ma. Après vient l’apposition de la marque de l’acheteur qui se fait à la craie, à la sanguine, ou trace d’une lettre faite avec des ciseaux. La pratique du toco ma est toujours en vigueur et confirme la vente surtout entre paysans et maquignons. La jurisprudence de nos tribunaux s’est inclinée devant cet usage du toco ma, elle admet que les ventes de bétail en foire peuvent être prouvées par témoin et présomptions sans qu’aucun écrit ne soit nécessaire. Cette pratique est très ancienne, le célèbre poète antique Homère qui vivait au dixième siècle avant notre ère parlait dans son ouvrage (l’Iliade livre 2) De l’engagement par mains serrées ; du serment ou promesse par mains serrée »

 

Le deuxième texte a été extrait de l’ouvrage de Pierre Lambert  (13)  Le toco ma est ici appelé la Pâtcho 


« …sur un champ de foire, l’affrontement entre éleveur et marchand revêt le plus souvent l’allure d’un psychodrame au cours du quel il est difficile de distinguer la part de simulation…  Lorsque l’on assiste à une négociation on à l’impression que le scénario est demeuré immuable depuis des siècles. L’acheteur facilement identifiable par son bâton et sa blouse aux larges poches s’arrête un très court instant devant la vache laitière, puis, l’air indifférent, passe son chemin. Le temps s’écoule… Et le voilà revenu. Symboliquement, il touche avec son bâton, la croupe de la bête pour signifier qu’il est peut être preneur. Il s’adresse alors au paysan pour le questionner : « Combien tu en veux ? » A peine le vendeur a t il lancé un chiffre, que le marchand lance une volée d’imprécations du style » pour qui tu me prends ? »  « tu veux me mettre sur la paille ? »  « tu peux te la garder longtemps » ...Sur ces paroles, le marchand s’en va l’air offensé.
Puis dans un court délai, revient tourner autour de la vache, il évalue son poids au coup d‘œil, compte les raies de cornes pour déterminer son âge, palpe le pis et les veines du lait, pince le cuir…Il lance alors le prix qu’il est prêt à donner. Cette fois, c’est le vendeur qui est rouge de colère. On le prend pour un tarnagas, un fieffé imbécile. Contrairement à ce que les regards furibars et les jeux de physionomie le laisseraient penser ; la négociation est engagée. Les badauds entourent les deux pâtchéjaîres. La fourchette des prix se resserre, tout à coup l’acheteur annonce qu’il ne montera pas plus haut, il quitte les lieux d’un pas théâtral.


Le public déçu commence à se disperser lorsque l’acheteur entre à nouveau en scène, accompagné d’un troisième acteur : (l’arrangeur ou médiateur). Les transactions reprennent. Le ton monte. Le vendeur ne veut lui non plus rien lâcher, ne serais ce que pour ne pas perdre la face devant de nombreux spectateurs, des amis des voisins. Le troisième homme calme le jeu rapproche les annonces… L’acheteur hausse son prix une énième fois, en disant : «  topo là »  et il fait mine de taper dans la main du vendeur qui l’a retire aussitôt, un dernier sacrifice de part et d’autre précède enfin la frappe sonore. Le jeu de rôle est terminé. L’acheteur marque la bête pour avertir ces confrères qu’elle lui est réservée, et repart pour de nouvelles tractations ».

 

 

 

(12)  Codification des Usages locaux à caractère agricole du département de l’Aude

(13) Foires et marchés d’Occitanie de l’Antiquité à l’an 2000 Pierre Albert Clément 1999 les Presses du Languedoc

 

 

 

LA MENO
(la menée en Occitan)


 


Le déplacement des animaux à pieds, était appelé « la méno » Ceux qui conduisaient les animaux étaient « les ménayres » ou meneurs. Cette tache pratiquée depuis la préhistoire, me fut contée le 25 août 1999 à la maison de retraite l’Etoile à Revel par Marcel Segonne qui fut l’un des derniers à avoir conduit une méno. Né en 1909 à Saint Félix Lauragais. Marcel et son copain René Dores, furent Meneurs pendant trois ans de 1931 à 1933. Ils déplaçaient les animaux achetés sur les marchés voisins par les maquignons de Revel.

 

Voici son exposé … 
«...Avant de partir tôt le matin, je mettais un copieux petit déjeuner dans une  musette. Nous amenions un ou deux chiens, tout dépendait ou nous allions. Quelque fois, pas souvent, on prenait le train sitôt que nous étions montés, on cachait les chiens sous la banquette pour ne pas payer le port qui était payant pour tous les animaux.
Plus tard nous fîmes le trajet aller en auto. Robert Poux fils de Léon et Jean Ajac en possédaient une. Arrivés au marché de Mirepoix, nous laissions les chiens dans l’auto. Nous allions dans un café rencontrer des collègues qui venaient d’autres régions. Vers onze heures nous libérions les chiens et les prenions à l’auberge. Nous prenions un copieux repas bien arrosé, nous rencontrions là les trois frères Augers dits les Crabiers (chevriers) parce qu’ils amenaient  des bêtes élevées dans les montagnes de l’Ariège. Avec René nous  désignions leur bêtes du nom de Sardaignoles (sardines) ce qui mettait les Augers en colère. Après le repas nous commencions par regrouper les bêtes achetées ; toutes étaient marquées, chaque maquignon posait sa marque à un endroit précis sur l’animal ; la cuisse droite ou gauche, sur le coté,  prés de la queue…Ces marques  facilitaient le tri, quand nous étions arrivés à Revel. Le nombre de bêtes achetées variait entre vingt et cinquante. Parfois avant le départ, un boucher venait acheter une bête qu’il n’avait pas pu ou su, acheter le matin, cela nous retardait beaucoup. Le départ avait lieu vers quatorze heures. La distance entre Mirepoix et  Revel était de Cinquante quatre kilomètres en empruntant les chemins de l’époque.  Le trajet se faisait en un jour et demi. L’un de nous deux se mettait à l’avant, l’autre restait à  arrière, les chiens faisaient des allées et venues sur lescotés. Dès le départ on marchait  vite  afin de fatiguer les animaux le plus rapidement possible. Après un moment les bêtes se suivaient en file indienne, les vaches les plus âgées étaient toujours en tête, alors que les plus jeunes suivaient à l’arrière. En fin d’après midi, vers Six heures, nous arrivions au lieu dit : le Poteau ; Il y avait là une étable et une maison ou nous passions la nuit. Afin qu’elles ne se blessent nous attachions les bêtes par les cornes, au Grépial (mangeoire) certaines étaient méchantes. Nous leur distribuions du foin, de la paille. Tous les frais étaient réglés par les maquignons y compris les nôtres c’est à dire le repas du soir le coucher et le repas froid du lendemain… Le départ du Poteau se faisait le matin vers Six heures (heure solaire). Dès le départ nous fatiguions les bêtes. Nous marchions toute la journée. Vers six ou sept  heures nous arrivions au foirail à Revel devant le café Rispaîl. Là les bêtes étaient triées et conduites vers les étables. Trantoul avait la sienne dans la rue du Temple, Jeanoutil et Barrau avaient les leurs dans la rue Nôtre Dame Ajac et Robert Poux avait chacun le leur à la Plâtrière route de Castres » ……

 

« Les maquignons revendaient des bêtes sur les marchés voisins ; Caraman, Puylaurens. Ces menées de courte distance étaient souvent  assurées par les membres de la famille du maquignon… Ces derniers  étaient nombreux à Revel ; les derniers connus, furent  Serves dit Jeannoutil, Barrau, Combe Antonin dit Claque parce qu’il faisait du bruit  avec ses sabots en marchant  Séménou dit Cap Rougé, Alary, Léon, Poux dit Aoûcat, Jean Ajac dit le toutou, Stapin et son fils aîné René Trantoul, Tabouriech dit Tonton, Silobre dit le Magré et son frère dit Pater. Ces maquignons allaient acheter des animaux sur les marchés voisins de Béssière, Montastruc, Villefranche, Vénerque, Mirepois, Puylaurens. Ils achetaient à des éleveurs, parfois à d’autres maquignons tels Bongo de Campagne sur Arize, les frères Méssal dits Binchous de Caraman, Ribat de Vénerque. Ces maquignons avaient leur propres meneurs Meillier et Escourou de Revel travaillaient pour eux. Il y avait un forgeron ambulant de Sémalens qui se déplaçait d’un marché à l’autre (sans rentrer à la maison pendant plusieurs jours). Le lundi il était à Salis du Salat, il dormait à Cazère  pour être au marché de Carbonne le lendemain, il se rendait aussi à Villefranche Lauragais. Cet homme remplaçait les fers défectueux ou manquants sur les bovins. Il était rémunéré par les maquignons qui faisaient appel à lui. Le vendeur faisait rarement les frais d’une remise en état du ferrement avant de vendre les animaux même si ces derniers avaient des difficultés pour marcher….

 

La menée était pratiquée depuis la nuit des temps sur de longues distances. Au 19ème siècle, les gestionnaires du Canal du Midi tentèrent de capter le transport du bétail entre le Lauragais et les ports de la côte ; ce projet n’eut pas de suite. Le déplacement d’un bœuf par la voie d’eau coûtait quarante francs plus cher que le déplacement à pieds. A la fin du 18ème siècle les menées étaient nombreuses entre Toulouse et la mer. Conduite par deux ou trois hommes, elle se composait d’une cinquantaine d’animaux, bœufs, moutons, porcs. Arrivées sur la côte les bêtes étaient embarquées sur des bateaux à vapeur qui les transportaient à Marseille. Ce transfert d’animaux se faisait à partir des régions situées à l’Ouest de Toulouse restées longtemps attachées à l’élevage. Les animaux élevés dans le Sud Tarn et l’Est du Lauragais étaient conduits vers le Bas Languedoc, rarement vers Toulouse. 

 

L’activité des marchés avait été fortement compromise pendant les temps de guerre. Le canton de Revel connut les réquisitions en 1870, 1914, 1939. Les services d’intendance de l’armée eurent recours aux registres des inventaires des revenus agricoles dans chaque département. Un cota fut établi, chaque éleveur se devaient de le respecter, sous peine de poursuites.

 

En 1914  les animaux étaient destinés à alimenter les soldats français qui combattaient sur le front.
En 1939-1940 ils étaient destinés à l’alimentation des habitants des villes. Lorsque les allemands occupèrent la partie Sud de la France, les cotas furent révisés à la hausse. Les animaux allèrent alimenter les soldats allemands qui combattaient sur divers fronts. La révision des cotas, fut complétée par la visites des étables. Dans la Montagne Noire des éleveurs tentèrent de dissimuler des animaux. En 1943 un métayer engraissa trois cochons dans une porcherie creusée à même le sol, dans un bois éloigné de 300 mètres de la ferme.

 

Avant 1914 des débouchés vers le Bas Languedoc avaient grossi. Après que le problème du phylloxera ait été résolu la vigne avait conquit tout l’espace dans les départements : Aude, Hérault, Pyrénées Orientales. Elle avait donné du travail aux femmes pendant six mois de l’année. Le niveau de vie dans ces départements avait grandi ; les habitants s’étaient habitués très vite à consommer les produits achetés sur les marchés voisins du Lauragais, Pays de Saut, Montagne noire, Haute vallée de l’Aude.

Les chambres d’Agriculture organisèrent des comices agricoles pour encourager les éleveurs à produire des animaux de bonne qualité.
Des concours avaient lieu, le premier prix était récompensé par une petite prime et une sorte de gros médaillon que l’éleveur fixait sur la porte de l’étable. De 1936 à 1940 quatre commissionnaires habitèrent à Revel ; Michel Pagés, Joseph Font, Henry Maistre, Jean Vincenne, père de Paul. Ils achetaient pour les bouchers. Ces derniers faisaient acheter la race de veau préférée par la clientèle. Le goût de la clientèle variait d’une ville à l’autre. A Perpignan la viande préférée était la Blonde d’Aquitaine. A Narbonne et à Lézignan, c’était la Gasconne, A Béziers c’était la Limousine. Les veaux à chair blanche se payaient plus cher. Bouchers et Commissionnaires savaient les reconnaître en observant de prés le tour des yeux, le dessous de la queue de l’animal. La particularité des veaux à chair blanche nous à conduit à en savoir davantage. C’est un veau élevé sous la mère, uniquement nourri au lait, enfermé dans un endroit obscur de l’étable, équipé d’une muselière, il ne doit goûter à la moindre tige de foin ou de paille. De temps en temps on lui fait avaler un œuf cru. Atteint de myopathie, il arrivait qu’un veau tombe raide sur le marché. L’incident était mis au compte d’une crise d’épilepsie, maladie non transmissible à l’homme. Des croyances étaient établies ; certains éleveurs avançaient que l’eau d’irrigation des prés avait une incidence sur la couleur de la chair, ce que la science n’a jamais confirmé. (14)   

 

Les foires cessèrent dans les villages à Cammazes elles se tenaient aux deux extrémités du village sur la route, les bovins étaient à l’entrée, coté Revel. Les moutons étaient rassemblés sous les grands hêtres de la voûte Vauban à la sortie du village.  

Le marché de Revel et celui de Puylaurens profitèrent de la cessation des foires. A Arfons Louis Bousquet du hameau des Escudier fut le dernier à aller avec sa jument, vendre des veaux et des agneaux au marché de Puylaurens.

Bistouri de l’hongreur

 

 

 (14) Prairies et plantes fourragères Corola 1912
Revue de Zootechnie : La viande de veau dans le midi de la France

 

 

LE MARCHÉ ÉTAIT RASSEMBLEUR

 

 

 

Des personnes exerçant différentes professions fréquentaient les marchés. Les négociants en paille, foins, luzerne et grains appelés (pasturaires) venaient à la rencontre des gens de la campagne pour leur proposer d’acheter les excédents des produits non consommés par les animaux au cours de l’hiver. Ils revendaient les produits aux propriétaires des chevaux qui travaillaient dans les vignes. Ils s’occupaient de la mise en botte du foin et de la paille. Un autre personnage étaient l’Hongreur, appelé (adoubairé) Peu nombreux, les hongreurs remplaçaient le vétérinaire. Il allaient de ferme en ferme châtrer les petits cochons, les jeunes agneaux, les poulains. Il y avait aussi les (Estimaires) Ces hommes une dizaine par canton ne manquaient aucun marché et foire de la région ; Un peu fiers, ils avaient la réputation de savoir estimer le poids des bêtes par un simple coup d’œil. Il était fréquent d’entendre dire en parlant d’eux «il a le compas dans l’œil». La réputation de l’Estimaire fut reconnue pendant la dernière guerre. La loi du 9 juin 1941 légalisa et accrédita la manière d’estimer le poids d’un animal sans avoir recours au pesage. Cette loi était devenue nécessaire, dans les villages, du fait de la guerre, le poids public était souvent inutilisable.

 

 Les éleveurs enviaient les Estimaires. Pour ne pas se tromper, perdre un pari, sur le poids du  veau  qu’il proposait à la vente, l’éleveur le pesait la veille de le conduire au marché. Cette pratique très ancienne réclamait peu de choses ; une Romaine, une poulie, une corde solide d’une dizaine de mètres et quatre écheveau de laine. La poulie était suspendue à une poutre de l’étable, la corde, passée dans la poulie était accrochée au crochet supérieur de la Romaine, l’autre extrémité était attachée au joug d’un attelage. Les écheveaux servaient de sangle, après avoir passé chaque patte du veau dans un écheveau, ces derniers étaient réunies sur le dos de l’animal, et étaient accrochés au crochet inférieur de la romaine. Ces préparatifs terminés, l’attelage tirait. Dès que le veau ne touchait plus le sol, il ne restait plus qu’a équilibrer le bras de la romaine à l’aide du curseur. Contrairement aux sangles vendues dans le commerce, les écheveaux de laine ne laissaient aucune trace sur le poil de l’animal. Le pesage à l’étable, ne réclamait qu’une vingtaine de minutes. Il rendit de grands services pendant les temps de guerre aux femmes qui se retrouvèrent seules à gérer les fermes.

 

Le dernier fabriquant d’objets en bois ; manche de faux, mangeoire, échelles, fut Borrel père et fils fabricants à Cammazes, ils cessèrent leur activité en 1968.

 

 

 

 


LA VENTE DU VEAU

 

Le samedi matin le garde municipal annonçait l’ouverture du marché aux veaux par un coup de sifflet. Aussitôt commissionnaires et bouchers, munis d’un bâton, chaussés de bottes, vêtus d’une blouse sombre à grandes poche, se lançaient entre les rangées de veaux attachés de part et d’autre du passage, dans lequel les éleveurs rassemblés par petits groupes discutaient de la pluie ou du beau temps. La présence des acheteurs faisait que les vendeurs se rapprochaient de leurs veaux. Sous la pression des confrères, l’acheteur se pressait. Dès qu’un animal attirait son attention, les palabres  commençaient ; généralement elles étaient de courte durée au tout début du marché. Dès qu’un accord était conclu, l’acheteur écrivait le prix du kilo convenu, sur le billet et sur le talon d’un carnet à souche qu’il gardait sur lui, il marquait le veau, remettait le billet au vendeur, et continuait sa quête. Le vendeur conduisait le veau au poids public. Son tour venu, il enfermait le veau dans la cage de la bascule, tendait le billet au peseur. Ce dernier pesait le veau, écrivait le poids de l’animal sur le billet. Après avoir enregistré le poids et le prix du kilo de l’animal sur un registre, (ces renseignements étaient destinés à la chambre d’Agriculture chargée d’établir la mercuriale) il redonnait le billet à l’éleveur. Vers onze heures un

 

transporteur approchait son camion du poids public ; le chargement des veaux pesés commençait. Après avoir embarqué le veau, le vendeur se rendait dans le café le plus proche ou l’attendait le boucher assis devant une table, une grosse sacoche en cuir bien fournie de gros billets à ses cotés. Le vendeur lui remettait le billet. Le règlement se faisait en espèce.


Vers 1965 il se fit par chèque. Modernité qui fit entrer la paysannerie dans la comptabilité moderne, et qui eut l’avantage de mettre fin à la tentation d’individus peu recommandables tel celui qui tenta de voler M.Trantoul négociant à Soréze.


« Un mercredi sur le marché de Puylaurens un homme que rien ne distinguait des gens de la campagne demanda à M. Trantoul ; si  après le marché, il pourrait le déposer à Revel. Avec plaisir, lui dit ce dernier, je passe à Revel. Dès le départ de Puylaurens la conversation s’engagea. Un peu avant la gare de Blan, l’homme prétexta vouloir s’arrêter pour consulter le tableau des heures d’arrivée du train à Revel, venant de Castres. Supercherie préméditée puisque en descendant de la voiture, l’homme tenta de s’emparer de la sacoche de M.Trantoul.  Heureusement ce dernier eut le réflexe de la retenir avec sa main droite. Pris de panique l’homme s’enfuit à toutes jambes vers les rives du Sor. Il fut arrêté peu après par les gendarmes qui avaient étés avertis par la garde barrière de la gare de Blan »   (15)

 

(15) - Louis Latger Maire de Blan

 

LES MARCHÉS DU BETAIL AVAIENT FALLI DISPARAITRE

 

Vers 1920 Des groupements syndicaux Agricoles s’étaient formés sous la tutelle du ministère de l’Agriculture et avaient préparé des projets fous, pour l’époque (16) voici leur propos. 

«… l’organisation de la vente directe aux consommateurs par les boucheries coopératives créées par des Agriculteurs associés, quoique délicate, ne semble pas devoir présenter des difficultés insurmontables, puisque elle peut être facilitée par des avances à long terme accordées au titre de la loi du 5 Août 1920 par l’Office National du Crédit Agricole… »    
«… par ce procédé de vente directe le consommateur pourrait se procurer une viande seine et de bonne qualité dont la provenance lui serait connue et dont le prix serait diminué du montant des frais et  bénéfices de trop nombreux intermédiaires » 

(1)Bulletin de la société des agriculteurs de France juillet 1923

A cette époque la France n’était pas prête à supprimer les marchés du bétail dans lesquels les animaux de trait y tenaient une grande place ; déjà menacée par une publicité ciblée, en faveur de la traction mécanique. Ceci nous conduit à traiter de  la fin de l’usage des animaux de trait.

Après l’arrêt des hostilités en 1945 les Etats Unis, lancèrent le plan Marchal destiné à aider les pays d’Europe écrasés par la guerre. Des milliers de petits tracteurs furent livrés. La production des usines d’armement situées en Tchécoslovaquie, Hongrie, Autriche ; (qui avaient alimenté la Wermarch) fut convertie en fabrique de petits tracteurs. Une cinquantaines de  marques couvrirent le territoire  français. Vielle de plusieurs millénaires la traction animale devint carrément obsolète, elle fut remplacée par la traction.

 

mécanique. Le projet de réforme de l’Agriculture annoncé par le Général de Gaulle dans son discours de politique générale qu’il fit à Castres en 1952 fut suivi d’effets. Le changement toucha toutes les structures.


Dans le Lauraguais l’élevage fut abandonné au bénéfice de la production de céréales. Les animaux de trait n’étant plus utilisés fit chuter le cours des bœufs ; la baisse entraîna vers le bas le prix de tous les animaux. L’inflation galopante de l’époque masqua la très forte baisse des produits d’élevage. L’Italie étant déficitaire en production de viande animale, acheta les bœufs dont la France ne savait que faire. Quelques années après elle acheta les veaux produits dans les régions qui tardèrent à se reconvertir dans la production céréalière C’est ainsi que le marche des animaux à Revel et celui de Puylaurens (dans une moins grande mesure) se sont maintenus plus longtemps. Dans cette contrée, la prairie y tenait une plus grande place grâce à l’écoulement naturel des ruisseaux venus de la Montagne, autre critère : l’élimination des bœufs, avait permis d’augmenter le nombre de vaches et donc de maintenir la production. Enfin de nombreuses autres causes contribuèrent à l’abandon de l’élevage. 


A Revel l‘abattoir avait vieilli, plusieurs arguments étaient en faveur de sa fermeture, comme son emplacement qui n’était plus approprié aux nouvelles normes d’hygiène. Pendant la décennie cinquante les abattoirs fermèrent dans la plus part des villages. A Saissac il fut déplacé. Il était situé devant la porte des écoles ! (A la sortie le soir, il était fréquent que les enfants les plus grands se disputent le trou de la serrure du portail, pour voir assommer une bête).

(16)

    Louis Latger Maire de Blan

     

     

     

    L’ARRÊT DES MARCHÉS DU BETAIL

     

    La cessation des marchés du bétail à Revel laissait présager un arrêt total de beaucoup de commerces. C’était sans compter que le changement était partout et que l’exode rurale vidait les villages, et faisait baisser les rideaux de tous les commerces.
    Revel intéressa les grandes surfaces. A la clientèle de la ville s’ajouta celle des villages d’alentours.
    Libéré des marchés d’animaux, le foiral servit de parc autos la semaine et de marché le samedi pour les objets manufacturés. Au centre, la halle avec sa toiture basse à quatre pentes avait gardé les avantages de sa destination première. Protection des excès climatiques, atténuation les nuisances de la vie courante. Bref ; acheteurs, vendeurs et visiteurs se retrouvèrent dans l’ambiance du marché vieux de plusieurs siècles abondamment garni en produits de bouche.

    Le parc auto agrandi, compte environ 1350 places. Partout le stationnement est gratuit, les rues, sont un recours souvent utilisé pendant l’été. Au Centre et sur le foirail toute circulation de véhicules y est interdite pendant le déroulement de marché.

     

    COMMENT FONCTIONNE LE MARCHÉ

     

    Une commission élargie, présidée par le Maire ou son adjoint réunit tout les trois mois, les membres participant. Des employés municipaux dont un technicien, deux placiers (régisseurs), trois agents de la police municipale, des représentants, des Commerçants sédentaires ; des Commerçants forains du Syndicat des marchés de plein vent. Ces réunions ont pour but de maintenir l’équilibre et le bon fonctionnement du marché qui reçoit cent cinquante à deux cent petits producteurs et revendeurs tous les samedis.
    Le montant du droit de place (au mètre carré) est comme autrefois, étudié à huit clos, par les conseillers  municipaux. Certains commerçants peuvent régler le droit de place sous forme d’abonnement, au trimestre ou à l’année. Les forains ne venant pas régulièrement, payent le droit de place directement aux régisseurs. Ils doivent être présents à l’heure d’ouverture du marché et être porteurs du titre de leur profession. En été depuis trois ans des places sont proposées à des artisans créateurs (non revendeurs) à la place de la mission.
     
    La ville de Revel figure sur la liste des cent plus beaux marchés de France, distinction honorable due à la halle n’ayant pas été modifiée depuis son origine, elle est inscrite aux inventaires des monuments et bâtiments de France.

     

    CE QUI A LE PLUS CHANGÉ

     

    Des habitudes nouvelles ont vu le jour. Les acheteurs les plus matinaux sont les habitants des villages voisins. Les fleurs ont pris une plus grande place sur le marché, ainsi que de nombreux fruits exotiques. Les personnes âgées sont plus fidèles au marché que les jeunes.  
    L’usage du patois à diminué. En 1950 neuf hommes sur dix le parlait sur le foirail. Alors que trois femmes sur dix le parlait sur le marché de la volaille. Aujourd’hui cinq pour cent (hommes et femmes confondus) le parlent. Analyse approximative réalisée auprès de personnes âgées parlant le patois depuis leur naissance et n’ayant jamais quitté Revel.

    Parfois des saltimbanques se produisent sur le marché. Voulant relancer l’usage de la cornemuse des années 39-40 l’association Revéloise « le Tyrouli » conduite par M. Guy Serres fit appel à l’un des derniers sonneurs Simon Rey dit Simounet habitant de Soréze, ce dernier se produisait sur le marché tous les samedis.