| Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol PARU DANS LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE N° 22 - 2022 | 
| La communauté  protestante de Revel | 
Cette étude, visant à mieux connaître dans leur vie quotidienne les protestants de Revel, bastide lauragaise, est basée sur les seuls manuscrits que nous ait laissés la communauté, à savoir six registres de baptêmes, mariages et décès couvrant la période 1600 - 1685.
Ces sources, quoique parfois incomplètes, peuvent être considérées comme une aubaine, elles ont échappé au temps, à la haine et aux intrigues administratives d’un pouvoir malveillant. En août 1683, en effet, un arrêt rendu par le conseil d’État avait ordonné que « les registres de baptêmes, mariages et mortuaires de ceux de la R.P.R. (Religion Prétendument Réformée) soient remis incessamment aux greffes des baillages et sénéchaussées » ceci afin de vérifier quelles églises étaient en place au temps d’Henri IV et, de cette manière, de constater la légitimité de leurs droits. Là, à la merci d’un pouvoir qui avait à prouver qu’il n’y avait plus de protestants en France, les registres présentés n’étaient pas toujours rendus .
Quant au contenu lui-même de ces registres, s’il nous permet d’apprécier l’importance numérique de la communauté (les baptêmes s’échelonnent entre 25 et 50 par an, ce qui correspond à une population d’environ 1000 - 1200 personnes), il ne peut cependant fournir ici les données d’une réelle étude démographique. Nous sommes au XVIIème siècle et si le greffier suit assez fidèlement les prescriptions du premier synode national (Paris 1559) qui ordonnait l’enregistrement des baptêmes et des mariages , l’absence de ces mêmes décès et mariages pendant plusieurs semaines, voire mois, est trop suspecte pour entreprendre une authentique étude démographique. Par contre certains détails : jours de baptême, mois de célébrations du mariage, profession du père ou du parrain ou tout autre renseignement de cet ordre nous permettent de voir vivre ce peuple réformé dont on a voulu nier jusqu’à l’existence par l’Édit de Révocation.
1598-1685 : Rappel de quelques dates importantes pour l’histoire de la communauté protestante française au XVIIème siècle
13  avril 1598 : Édit de Nantes.
          Après  8 guerres de religion (1562-1598), les protestants, en droit de recevoir une  liberté de conscience totale, se heurtent à un Édit qui masque mal les  fondations d’un ordre monarchique intransigeant :
Liberté  du culte oui, mais dans des lieux et des villes bien précis ;
        
Places de sûreté oui, mais dont le gouverneur et la garnison sont payés par les finances royales.
Le  Protestantisme entre donc dans le XVIIème siècle reconnu mais bien  fragile face à des autorités locales et nationales de plus en plus hostiles. 
          Situation  bien résumée par les paroles du procureur général Omer Talon qui, en 1634,  déclare : « Les Réformés ne sont soufferts que par  tolérance et dissimulation, comme on souffre une chose qu’on voudrait bien qui  ne fût pas »  .
1620 :  Sédition du Sud menée par le duc de Rohan.
          Octobre  1622 : Paix de Montpellier. Après la croisade de Louis XIII dans le Midi,  les protestants perdent 80 places de sûreté.
          Février  1626 : Le traité de Paris reconduit la paix de Montpellier.
          Août  1627 - Octobre 1628 : Siège de la Rochelle.
          Mai  1629 : Prise de Privas par les troupes royales après 2 ans de ravages dans  le Sud.
          28  juin 1629 : Édit de grâce d’Alès : liberté religieuse maintenue mais  fortifications huguenotes détruites et assemblées politiques des réformés  interdites.
          Mai  1652 : Au jour de sa majorité légale, Louis XIV donne acte aux Réformés de  leur fidélité et ordonne qu’ils fussent « maintenus et gardés dans la pleine et entière jouissance de l’Édit de  Nantes ».
          1659 :  Synode de Loudun, dernier synode national autorisé.
          1661-1664 :  La moitié des temples dauphinois sont fermés et 135 lieux de prêche sont  interdits en Languedoc. 
          1669  : Des lettres patentes du 2 avril précisent les droits et surtout les limites  des Réformés. Parmi ces limites, quelques interdits :
          -  le chant des Psaumes doit être interrompu dans un temple au passage d’une  procession catholique,
          -  les temples édifiés depuis 1598 devront être détruits, 
          -  les morts de la R.P.R. ne pourront être enterrés dans des cimetières ou églises  catholiques et l’inhumation, comme l’a prévu un arrêt du Conseil de 1667, ne  peut être faite qu’à l’aube ou au crépuscule.
          1670 :  L’Assemblée du clergé demande de nouvelles rigueurs contre les Protestants.
          1676 :  Pélisson crée la « caisse des  conversions » qui, estime-t-on, rapporte en un an 58.130 nouveaux  convertis au catholicisme.
          1679 :  Après la paix de Nimègue, le roi s’intéresse sérieusement au cas protestant et  prend une série de mesures préparant l’ultime répression.
          -  les protestants sont exclus de tous les offices royaux et seigneuriaux,
          -  les professions d’avocat, médecin, sage-femme, apothicaire, imprimeur et  libraire leur sont interdites,
          -  les chambres de l’Édit sont supprimées,
          -  les maîtres de la R.P.R. se voient refuser le droit de recevoir des  pensionnaires,
          -  les enfants peuvent abjurer dès 7 ans,
          -  destruction massive des temples.
          1681 :  Louvois autorise l’intendant Marillac à se servir des troupes pour précipiter  les conversions.
          1684 :  Dragonnades en Dauphiné - Poitou - Languedoc.
          Octobre  1685 : Édit de Fontainebleau. Louis XIV révoque l’Édit de Nantes. Chemins  de l’exil, sentiers du Désert ou résignation fataliste, les Protestants  commencent une autre page de leur histoire.
De 1567, date à laquelle Revel devient par le traité de Nérac une place de sûreté donnée au futur Henri IV, à 1577 où elle peut être considérée comme ville protestante (elle fait partie du colloque du Lauragais), la bastide lauragaise va vivre l’installation de la Réforme dans un climat de violence et de confusion ; troupes protestantes ou catholiques, partisans de Condé ou du duc d’Amboise, les différentes parties se succèdent dans des victoires éphémères. Pourtant à partir de 1577, et ceci jusqu’en 1621, un calme relatif va régner : les huguenots bâtissent leur temple et les catholiques reconstruisent leur église.
1621 :  À l’inspiration du duc de Rohan, comme les villes avoisinantes de Castres,  Puylaurens, Sorèze, Cuq-Toulza, Caraman, St-Paulet et Mazamet, Revel fait une  guerre ouverte aux catholiques et s’expose ainsi à la répression royale dans ce  cas personnifiée par le maréchal de Bassompierre. Celui-ci, après avoir pris  Montauban et St-Antonin, vient faire le siège de Caraman et paraît devant Revel  le premier juillet 1622 à la tête de son armée. Seule une chute de cheval qui  obligea Bassompierre à se retirer sauva Revel.
          Cependant,  la prise de Montpellier par les forces royales contraignit les protestants à  déposer les armes peu de temps après. Un édit de pacification mit fin à ces  premiers troubles (octobre 1622) mais l’accalmie fut de courte durée.
En  1625 : le duc de Rohan, maître de Castres dont il avait fait sa principale  place d’armes, entraîna d’autres villes religionnaires du Lauragais en leur  faisant jurer de rester unies. Partout on se prépare à un nouvel affrontement.  Il eut lieu lorsque le maréchal de Thémines mit en mouvement ses troupes et  dévasta plusieurs villages du Lauragais et du Castrais. Revel néanmoins fut  épargnée et un nouvel édit de pacification (le 3 février 1627) suspendit  momentanément les hostilités. Trêve de courte durée : l’affaire du siège  de La Rochelle, l’inexécution des derniers édits décident Rohan à reprendre la  lutte. Celle-ci commença dès septembre 1627 dans le Bas-Languedoc et s’étendit  bientôt dans le Rouergue et l’Albigeois.
          Mais  le Castrais et les villes protestantes des alentours étaient lasses de ces  conflits. Castres refusa de recevoir Rohan et son exemple fut généralement  suivi dans le pays. Revel, seule ville où le duc avait de nombreux partisans,  lui fut livrée par surprise dans la nuit du 27 octobre 1627, grâce à la  complicité de quelques habitants qui facilitèrent l’escalade des murailles à  ses soldats.
          Le  duc de Rohan ne resta à Revel que jusqu’au 3 novembre date à laquelle, parti de  la ville pour se diriger vers Mazères, il trouva sur son chemin les ducs de  Montmorency et de Ventadour, chefs des troupes royales. Les deux armées se  rencontrèrent entre Souilhe et Souilhanels, petits villages à une quinzaine de  kilomètres de Revel. La bataille, brève, donna l’avantage à Rohan qui put  continuer sa marche vers Mazères sans être inquiété.
          Mais  les troupes royales succèdent aux troupes royales et bientôt arrive le prince  de Condé, successeur du maréchal de Montgomery pour le commandement de l’armée  royale dans le Midi. Revel qui avait reçu une garnison du duc de Rohan semblait  vouloir tenir encore mais constatant que Montauban s’était soumise au roi  préféra implorer sa clémence (1629). À partir de cette date, Revel, toujours à  majorité protestante, vécut de plus en plus difficilement ; ville  réformée, le sort de ses habitants est lié au sort du calvinisme.
          Retirer  l’une après l’autre les concessions accordées par l’Édit de Nantes, frapper les  temples, interdire les ministres, enlever aux réformés la participation aux  affaires communales : voici quelques exemples de mesures arbitraires qui  annoncent la décision d’octobre 1685 et vont atteindre les huguenots de Revel  dans leur vie religieuse, civique et culturelle.
Première  partie
          La  communauté protestante de Revel.
La  composition sociale :
          C’est  grâce aux renseignements donnés par les différents registres de baptêmes,  mariages et décès (de 1610 à mars 1685) que nous pouvons avoir une vision de la  structure sociale de la communauté protestante de Revel. Là, en effet, ont été  plus ou moins bien reportés la profession des pères, fiancés ou personnes  décédées habitant à Revel ou dans ses environs, soit 919 métiers, arts ou  statuts sociaux mentionnés pour 1304 patronymes d’adultes recensés.
On a ainsi une première approche des diverses catégories sociales :
Nobles :  14 représentants de 9 familles nobles
          Bourgeois :  56 / officiers : 19
          Hommes  de loi - avocats : 13 / notaires : 3
          Marchands :  167
          Artisans  (maîtres et ouvriers) : 553 dont 3 « artistes »
          Brassiers :  94.
Chapitre  1
          Les  couches supérieures de la société. 
La noblesse
Petite  noblesse locale, étroitement liée par des alliances matrimoniales et des  parrainages, on trouve sur les registres 18 noms à consonance noble. Cependant,  il semble dangereux de déduire qu’il s’agit là d’authentiques nobles car il  existe un certain nombre de bourgeois qui, tel Arnolphe, ont paré leur nom  « d’un vieux tronc de métairie, afin  d’en faire dans le monde, un nom de seigneurie »  .  Certains indices pourtant (résidence dans un château, ancêtres connus)  permettent d’établir la liste d’authentiques gentilshommes :
          
          -  De Durand de Vincennes (dont le premier nommé sur les registres porte le  qualificatif d’escuyer)
          -  De Padiès, seigneur de Bélesta
          -  De Terson, seigneur de Paleville
          -  De Las Cases, seigneur de Caussade
          -  De Bertrand, seigneur de Poudis
          -  Du Bosc, seigneur des Isles Maisons
          -  De Besset, seigneur de Couffinal
          -  D’Allary, seigneur de Blan
          -  De Portes, seigneur de Fontfrède.
Quant à la fidélité de ces gentilshommes à leur foi, là aussi on ne peut être affirmatif. Cependant, on sait que contrairement à la grande noblesse lasse des mesures prises pour entraver son ambition sociale , certains de ces hobereaux ont pris le chemin de l’exil. D’autres, obligés de se convertir, n’ont pratiqué qu’un tiède catholicisme. Les seuls indices que l’on puisse trouver à ce propos se trouvent dans la liste des nouveaux convertis de Revel et dans l’État des nouveaux convertis des diocèses de Castres et de Lavaur dressé en 1686 .
En ce qui concerne les nouveaux convertis, ont abjuré :
-  noble Jean de Portes seigneur de Fontfrède, sa femme et ses enfants
          -  noble Marquis de Besse seigneur de la Garrigue, ses 3 filles et un fils
          -  noble Jacques de Durand seigneur de Vincennes, son fils et ses 2 filles
          - noble Abel de Terson seigneur de Paleville 
          - noble Daniel du Bosc seigneur des Isles Maisons. 
Et voici ce que disent les autorités ecclésiastiques catholiques de ces nouveaux fidèles :
- le seigneur de Couffinal : mauvais converti
          - le seigneur de Paleville : mauvais converti,  mal intentionné
          - le seigneur de la Garrigue : très mal  intentionné aussi bien que sa femme
          - le seigneur de Durand : grand chef de parti  et inflexible dans ses préjugés. Sa femme a le même esprit et sa fille aurait  besoin de couvent
          - le seigneur du Bosc : lui, sa femme et ses  enfants ne se distinguent pas en bien. Il faudrait une main forte pour emporter  la résistance.
« Résistance », le mot employé montre combienétaient obstinés dans leur foi ces hommes plus fidèles à la Réforme que ne l’ont été un Lesdiguières ou un Turenne .
Les notables
Les bourgeois
Avant de recenser le nombre de bourgeois mentionnés  dans les registres, il faut définir le terme quide nos jours peut être  équivoque. Le bourgeois du XVIIème siècle est l’homme du bourg, il  habite la ville, la localité où se tient le marché, par opposition au rural. Ce  bourgeois se distingue du petit peuple urbain et appartient à une élite  citadine. À Revel, de 1610 à 1685, on trouve 56 bourgeois huguenots, soit 6%  des métiers ou statuts sociaux recensés.
          Il est entendu que l’on n’a pas tenu compte des  bourgeois qui étaient aussi officiers ou marchands. Ces 56 bourgeois sont  considérés comme rentiers, car jamais n’est donnée d’indication sur un  quelconque métier ou office qu’ils exerceraient. Parmi eux reviennent souvent  les mêmes noms :
          Portal - Brun - Danes - Faure - Jougla - Chauvet -  Salvaing.
          Certains, bien qu’appartenant déjà à l’élite  sociale, semblent être grands amateurs de particule et n’hésitent pas à donner  quelque lustre au nom de leur père en y ajoutant le nom de leur métairie.  Certains même se font appeler « noble ».
          Ainsi on peut voir quelques familles s’anoblir au  fil des ans :
 - Les Portal deviennent Portal seigneur de  Lambreuse
          - Gaillard  (Gaillard seigneur de Molines)
          - Salvaing  (Salvaing seigneur de la Pergue)
          - Danes (Danes seigneur de Moncal) 
          - Barrau (Barrau seigneur de Fontbrune).
D’autres, plus modestes, se contentent de rajouter  une particule devant leur nom, chose que l’on retrouve d’ailleurs parmi les  plus modestes gens du peuple.
          Autres personnes pouvant être qualifiées de  notables, ou du moins faisant partie de la petite élite urbaine : les  officiers domaniaux, ici officiers de justice, notaires, juges, sergents,  greffiers royaux.
Les officiers
« Les  protestants sont capables de tenir et exercer tous états,  « dignitez », offices et charges publiques quelconques, royales,  seigneuriales ou municipales et d’estre indifféremment receus et iceux »  .
          C’est  ainsi que l’Édit de Nantes accorde aux Réformés le droit d’être officiers.  Mais, d’année en année, le pouvoir souverain va les dépouiller des offices dont  ils sont pourvus ou leur interdire l’acquisition de charges nouvelles. En 1680,  les charges de notaires, greffiers, procureurs seront interdites aux  protestants dans les fiefs religionnaires et refusées partout dès 1682  .
          À  Revel, ils sont 19 mentionnés sur les registres comme possesseurs d’un  office :
-  Pierre Cavailhe - notaire royal 1601 (date à laquelle il est mentionné pour la  première fois)
          -  Isaac Gaillard - notaire royal, substitut de monsieur le procureur du roi 1603
          -  David Gaillard - notaire royal et avocat à la cour royale de Revel 1605
          -  Marc Duroy - notaire royal 1610 
          -  Jean Chamayou - notaire royal 1611
          -  Alexandre Pömet - notaire royal 1611
          -  Anthoine Guillem - notaire royal 1627
          -  Pierre Cavailhe - notaire royal 1641
          -  Pierre Dumas - greffier 1610
          -  Guillaume Ramière - greffier 1613
          -  Jean-Jacques Reverdy - greffier 1663
          -  Gérard Durand - procureur 1611
          -  Abram Caire - procureur 1655
          -  Pierre Danes - juge royal 1625
          -  Hugues Chauvet - lieutenant en judicature royale 1658
          -  Paul Biarn - sergent royal 1618
          -  Pierre Dumas - sergent royal 1634
          -  Pierre Guittard - sergent royal 1662.
          À  cette liste on peut ajouter :
- Daniel Poitevin « conseiller du roy et son récepteur des tailles » au diocèse de Toulouse qui habite Revel où, de 1661 à 1676, il baptise 4 enfants et qui abjure en 1685 comme « ancien » conseiller du roi et receveur des tailles.
Autre receveur des tailles : Mathieu Verny, mais celui-ci est receveur des tailles au diocèse de Mirepoix et ne baptise à Revel qu’un enfant en 1668. Quant aux officiers ci-dessus cités, on peut remarquer que sur 19, 14 exercent leur office dans la première moitié du siècle. Il semblerait qu’ensuite l’office soit moins accessible aux Réformés, difficulté d’accès qui annonce l’interdiction de 1680.
Les hommes de loi
Si  les avocats ne font pas défaut à Revel, ils sont 13, le peu de notaires publics  est assez étonnant.
          En  effet, alors que le notaire est un des personnages centraux de la vie du bourg   on  ne trouve à Revel que 3 notaires publics sur les divers registres :
-  David de Robert : mentionné pour la première fois en 1625
          - Pierre  Rieux : mentionné pour la première fois en 1655
          -  Jacob Bourgues : mentionné pour la première fois en 1664.
Quant aux avocats, on l’a dit, ils sont bien présents à Revel et s’organisent en véritables dynasties de juristes :
Ainsi  les Guillem : Gabriel Guillem - docteur et avocat 1633
          Jacques  Guillem - docteur en droit 1634
          Jean  Guillem - praticien 1648
          Anthoine  Guillem - avocat aux ordinaires 1659.
Il  en est de même pour les Dumas, famille dont sont issus un notaire royal, un  sergent royal et deux avocats.
          Pour  conclure en ce qui concerne les hommes de loi, on peut signaler la présence de  4 sergents ordinaires.
          Quant  au monde des notables, il ne serait pas complet si on ne citait les membres du  corps de santé.
Docteurs en médecine, chirurgiens et apothicaires
Personnages se considérant comme des « artistes » et non comme des « méccaniques », ils sont nombreux sur les registres de Revel (27) :
- 8  maîtres apothicaires
          - 6  apothicaires
          - 7  maîtres chirurgiens
          - 4  chirurgiens
          - 2  docteurs en médecine.
Ici,  comme pour les juristes, on a de véritables dynasties. 
          Ainsi  la famille Maurel fournit 2 maîtres chirurgiens, un apothicaire et un  chirurgien ; les Rivière donnent un maître chirurgien et 2 chirurgiens.  Les Auroux donnent eux à la communauté 3 maîtres apothicaires.
          Mais,  comme les avocats et les officiers, les apothicaires et chirurgiens réformés  vont être de trop dans le royaume français et on va leur interdire d’exercer  leur art  .
Les marchands
Il  y a, à Revel, un grand nombre de marchands huguenots : 167 sont recensés  dans les différents registres, soit 18% de l’ensemble des catégories sociales.
          Ceci  n’a rien d’étonnant. Le marchand, de foires en marchés, de transactions en  contrats, entre facilement en contact avec les idées nouvelles. De plus, très  souvent alphabétisé pour des raisons professionnelles, il peut aller vers la  Bible pour en recevoir le message qui s’adresse à tout chrétien sans trop de  difficultés.
          Cependant,  pour un bourg comme Revel relativement pauvre en archives à ce sujet, un  problème se pose. Ces hommes qui se disent marchands sont-ils « honorables hommes ou honnestes personnes et  bourgeois des villes »   ou  bien de simples trafiquants de villages ?
          Sans  preuves réelles, on ne peut se borner qu’à une remarque : par ses  mariages, ses présences au consistoire (étudiées plus tard), le groupe social  des marchands apparaît comme un groupe mouvant qui n’a que de fragiles  frontières entre notabilité et artisanat.
          Quant  au terme « marchand », on  peut avoir, grâce aux indices donnés par certains greffiers scrupuleux, une  idée plus précise de ce qu’il désigne. Ainsi pour 167 marchands on a :
          - 8  marchands chaussatiers (fabricant et vendeur de chausses, souliers et autres  chaussures)
          - 5  marchands teinturiers
          - 3  marchands tisserans (tisserands)
          - 3  marchands brodeurs
          - 3  forgerons marchands
          - 2  marchands couturiers
          - 2  hostes marchands (aubergistes)
          - 1  marchand drapier
          - 1  marchand cordonnier
          - 1  marchand cordier
          - 1  marchand droguiste
          - 1  marchand courroyeur (corroyeur : ouvrier qui apprête le cuir)
          - 1  marchand mangonnier (en Languedoc, poissonnier)
          - 1  marchand de foires.
On  le voit, si le terme de marchand s’applique le plus souvent au monde de  l’étoffe, il est des forgerons et même des hostes qui se font appeler ainsi.  L’appellation n’est donc pas réservée à tous ceux qui font commerce de draps ou  de toiles mais aussi aux vendeurs d’outils, de souliers et même aux  aubergistes. Il n’en reste pas moins évident que beaucoup de marchands réformés  sont directement liés à la manufacture textile. À ceci une raison : toute  ville de l’Ancien Régime renferme un certain nombre de boutiques, d’artisans,  de petits patrons, d’ouvriers, de marchands dont l’activité consiste à  satisfaire les besoins essentiels des habitants. De plus, le commerce est  particulièrement développé dans cette région du Lauragais proche de centres  manufacturiers tels Carcassonne qui, dans la première moitié du XVIIème siècle,  exporte des draperies fines ou encore Mazamet, plus spécialisée dans les draps  grossiers pour clientèle plébéienne  .
          Revel  fait donc partie d’un réseau où circulent facilement hommes, marchandises et  idées.
. Université  Toulouse le Mirail, Maîtrise d'histoire moderne 
              sous la direction de madame  Garrisson-Estèbe.
. Rabaud (c) : Histoire du protestantisme dans l'Albigeois et le Lauragais, de son origine à 1685, Paris, Fischbacher, 1873 p.410.
. Bels (P) : Le mariage des protestants français jusqu'en 1685, Paris, librairie générale de droit et jurisprudence, 1968 p. 196.
. Cité dans Delumeau (J) : Naissance et affirmation de la Réforme, série, nouvelle Clio, 1973 P.190.
. Ce résumé de l'histoire religieuse de Revel au cours du XVIIème siècle est essentiellement basé sur les renseignements donnés par Doumerc (G) : Histoire de Revel en Lauragais, Albi, presses de l'O.S.J. 1976.
. Gachon (P) : Quelques préliminaires à la révocation de l'Édit de Nantes en Languedoc, Toulouse, Privat, 1899 p 185.
Chapitre  2
        Les  couches populaires.
Les artisans
Maîtres  et compagnons (91 maîtres et 462 ouvriers), ils sont 553 artisans soit 60% des  métiers ou catégories sociales recensés.
          Hommes  nés du peuple, n’ayant pas laissé de témoignage écrit à ce sujet, on ne peut  savoir exactement pour quelles raisons ils abandonnèrent le Catholicisme et  firent leurs les austères préceptes de Calvin. Huguenots enracinés dans leur  foi, on les imagine vivant à l’heure du temple et de l’ouvroir. Pour eux, comme  d’ailleurs pour leurs coreligionnaires de toute catégorie sociale, il ne  saurait être question de quelques modestes joies volées à un quotidien souvent  rude. Le consistoire veille : pas de danses, pas de déguisements, pas de  taverne et 310 jours de travail alors que les catholiques, avec les fêtes,  « n’en n’ont que » 260  . À  ces contraintes vont s’ajouter les brimades du pouvoir qui va accabler  l’artisan huguenot dans l’organisation même de sa corporation.
          En  effet, résultat logique d’un durcissement politique vis-à-vis de la communauté  huguenote, un arrêt du 22 décembre 1682 réduit au tiers le nombre de maîtres et  artisans réformés, même dans les communautés où leur métier n’est pas soumis au  régime corporatif, même dans les plus chétifs hameaux ou les métiers  rudimentaires ne sont représentés que par quelques ouvriers, même, comme c’est  le cas à Revel, quand la communauté est à majorité réformée  .
          On  a ainsi voulu démanteler un groupe social parmi les plus fidèles à la Réforme.  Ce groupe, on peut le diviser en 5 catégories :
-  artisans du textile
          -  artisans du cuir
          -  artisans de la métallurgie
          -  artisans de l’alimentation
          -  artisans de la construction.
Et  enfin quelques-uns qu’on ne peut classer dans aucun de ces groupes : les  voituriers. On trouve même, en février 1672, un certain Jacques Causse employé  aux travaux du Canal Royal (ce qui n’a rien de surprenant Revel ayant fourni un  grand nombre d’ouvriers à l’entreprise de Paul Riquet  ).
          À  cette énumération il faut ajouter quelques ouvriers d’art, artisans que l’on  rangeait parmi les « gens méccaniques » mais considérés comme  supérieurs dans la hiérarchie des métiers  .
Les métiers d’art
On relève deux sortes de ces « mestiers » moitié « mécaniques », moitié art :
-  les orfèvres dont la plupart travaillaient l’or :
          . Jean Calvet           : 1612
          . Jean Sicard           : 1613
          . Jean Segonne       : 1630.
-  les potiers d’étain qui se distinguent des potiers de terre, plus « vulgaires ».
          
          À  Revel, cet art est représenté par une famille : les Campmas :
          Bertrand,  natif de St-Papoul, s’installe à Revel et y baptise 14 enfants de 1636 à 1655.  En 1671 on retrouve Paul, un de ses fils, lui aussi potier d’étain et Antoine,  autre fils potier qui abjurera en 1685.
Les artisans du textile
Ils sont nombreux et c’est normal : l’étoffe est l’essentiel de la production artisanale en ce XVIIème siècle . À Revel, ce sont les laines d’Aragon qui sont transformées en drap et, du peigneur de laine au maître tailleur, compagnons et maîtres huguenots travaillent le drap. Ces maîtres et ouvriers, la précision du greffier enregistrant les professions des pères ou maris nous a permis de les distinguer :
- artisans de la laine et du lin proprement dit (126 soit 22% du nombre total d’artisans) :
-  compagnons peigneurs de laine : 11 / maîtres : 4
          -  compagnons cardeurs de laine : 4
          -  compagnons tisserands de draps : 69 / maîtres : 5
          -  compagnons tisserands de rases : 5   /  maîtres : 2
          -  compagnons tisserands de toile : 4 
          -  compagnons pareurs de draps : 11   /  maîtres : 3
          -  compagnons teinturiers : 6 / maîtres : 2  .
À ceux-là il faut ajouter les cordiers (7 ouvriers, 3 maîtres), artisans fabriquant des cordes à partir de fibres de chanvre.
Artisans du vêtement :
103  soit 18,6% du nombre total d’artisans :
          -  compagnons passementiers : 3 / maître : 1
          -  compagnons tailleurs d’habit : 25 / maîtres : 16
          -  compagnons couturiers : 36 / maîtres : 3   
          -  compagnons bonnetiers : 9 / maîtres : 4
          -  compagnons chapeliers : 8 / maîtres : 2
          -  compagnons chaussatiers : 6 / maîtres : 2.
Pour  tirer ces artisans de l’anonymat, on peut préciser quelques patronymes qui  reviennent le plus souvent, donnant ainsi l’impression que l’artisanat a aussi  ses dynasties :
          -  les Paralongue : Paul 1622 - Pierre 1629 - Anthoine 1655 - à nouveau Paul  1673 sont tous chapeliers
          -  les Garrigue : Bernard 1612 - Moyse 1633 - Anthoine 1639 - Bernard 1645 -  Ramond 1677 sont tous maîtres tailleurs.
L’autre grande catégorie d’artisans : les artisans du cuir.
Les artisans du cuir
Parmi eux une grande majorité de cordonniers : 73 ouvriers et 9 maîtres. Mais ici, encore une fois, rien d’étonnant. Le cordonnier sait être présent dans les grands moments de l’Histoire, qu’ils soient religieux ou politiques : une attitude ouverte vis-à-vis des idées nouvelles, confirmée par la présence de ces 82 cordonniers au sein de la communauté protestante ; 82 cordonniers, c’est à dire 15% du nombre total d’artisans. Mais le monde de l’artisanat du cuir est représenté par d’autres artisans :
-  compagnons : courroyeurs : 22 / maîtres : 3
          -  compagnons : blanchers   :  11 / maître : 1
          -  compagnons : gantiers : 3 / maître : 1
          - compagnons :  celliers : 4 / maître : 1 (parfois appelés voleurs)
          -  compagnons : bastiers   :  5 / maîtres : 2.
En tout 145 artisans du cuir dont il faut considérer que certains sont itinérants, leurs métiers les obligeant en saison agricole à aller de fermes en hameaux réparer bâts et harnais des animaux, tabliers des paysans . D’autres artisans sont, par leur métier, contraints de prendre souvent la route ; il s’agit des artisans de la métallurgie et ceux de la construction.
Les artisans de la métallurgie
Indispensables au travail agricole, nombre de charrons, maréchaux de forge, forgerons, serruriers ont été touchés eux-aussi par la Réforme. Ils sont 59 à Revel (10,5% du nombre total d’artisans) :
-  compagnons - maréchaux de forge : 18 / maîtres : 4
          -  compagnons - charrons : 14 / maîtres : 3
          -  compagnons - forgerons : 6
          -  compagnon - talandier  (taillandier) / maître : 1
          -  compagnons - serruriers : 8 / maîtres : 2
          -  compagnons - armuriers : 3. 
          Quant  aux artisans de la construction, ils se répartissent ainsi (40) :
-  compagnons - maçons : 11 / maîtres : 4
          -  compagnons - charpentiers : 12 / maîtres : 5
          -  compagnons - menuisiers : 6
          -  compagnons - « thuilliers » :  2.
Il reste enfin ceux que nous appellerons « artisans de l’alimentation » parmi lesquels on trouve « l’hoste », l’aubergiste, en tout 67 :
-  bouchers : 16
          -  meuniers : 16 / maîtres : 2
          -  hostes : 14
          -  fourniers : 8
          -  boulangers : 7 / maîtres : 4.
Enfin, inclassables dans ces catégories, les voituriers au nombre de 1.
Les brassiers
Plus  que rural, pour définir ce groupe qui a aussi donné des disciples à la Réforme  mais en proportion nettement inférieure à celle des notables, des marchands et  des artisans, il faut employer le terme de semi-rural. Bien sûr, on va le voir,  il y a quelques laboureurs (manouvriers à l’année) plus sédentaires que les  brassiers et travailleurs, eux non attachés à une métairie et qui, habitant  Revel, franchissent les murs de la ville pour aller vendre leurs bras ;  mais ils sont minoritaires et on peut dire que, dans l’ensemble, ces hommes (94  sur les registres) sont des urbains qui travaillent à la campagne.
          Cependant,  pour être plus précis, on peut établir un classement grâce aux indications  données par le greffier du consistoire :
-  39 portent la mention brassier de Revel ou habitant de Revel
          - 3  se disent brassiers du Mas Saintes-Puelles
          - 2  laboureurs dans métairie de Paleville
          - 1  laboureur dans métairie du consulat de Sorèze
          - 1  laboureur dans métairie du Falga.
Trois autres laboureurs n’ont pas donné de précisions quant à leur domicile, comme n’en ont pas données les 45 brassiers ou travailleurs qui ont apporté un ou plusieurs enfants au temple de Revel : 19 n’en ont déclaré qu’un seul, 26 plusieurs. Monde semi-rural, monde itinérant, la paysannerie huguenote existe à Revel mais fait figure de minorité face au groupe des artisans, marchands et notables. Parce que la société protestante a ses paysans, mais en a peu, on peut déjà dire qu’elle n’est en aucune façon une réduction de la société globale, elle, à majorité écrasante rurale.
Les servantes
Si on connaît le rôle important que tient la femme huguenote au sein de la famille en tant qu’épouse et éducatrice , le premier rôle est néanmoins dévolu au mari dont la supériorité est indiscutable en tant qu’homme. La femme donne l’impression de n’exister que par rapport au père ou au mari ; il n’y a pas de femmes couturières ou bourgeoises, il n’y a que des filles de couturier ou des femmes de bourgeois.
Jamais un métier, un état, ne définissent le statut social de la femme sauf en ce qui concerne une catégorie bien spéciale : les servantes. Ces servantes, on a pu en retrouver la trace grâce à la liste des nouveaux convertis. Jusque-là jamais leur nom n’avait été mentionné dans les différents registres. Peut-être perdaient-elles leur « métier » en se mariant ou bien la plupart d’entre elles ne se mariaient-elles pas, restant fidèles à la famille qui, semble-t-il, les employait très jeunes. On en a retrouvé 8 :
-  Jeanne Vaissière, demeurant pour servante chez Bernaduque, maître tailleur
          -  Marie Moussoulier, 15 ans, de Saverdun, servante de Dumas, maître apothicaire
          -  Jeanne Bergère, 18 ans, servante de maître Rollande, bourgeois
          -  Jeanne Poux, 20 ans, de Mazères, servante du sieur Donlhac, chapelier
          -  Margot Conques, 15 ans, de Mazères, servante du sieur Mouisset
          -  Gabrielle Andrieu, de St-Rome, servante de demoiselle Duroy
          -  Paule Barouque, native de Mazères, servante de Fauré, bourgeois
          -  Marquise Marty, 22 ans, demeurant au service du sieur Brun, bourgeois.
Jeunes et étrangères à la ville où elles sont employées, voilà comme se présentent ces femmes de condition modeste qui, somme toute, elles aussi n’existent que par rapport à leur employeur dont on n’oublie jamais de mentionner le nom.
Conclusion
Après  cette étude de la composition sociale du groupe protestant de Revel, une  question s’impose en conclusion : cette société est-elle, en réduction,  l’image de la société globale du XVIIème siècle ?
          Cette  société globale du XVIIème siècle, et plus généralement de l’Ancien  Régime, se caractérise par la prédominance écrasante d’un groupe social, la  paysannerie ; c’est pourquoi, empruntant une définition de Pierre Goubert,  on peut affirmer que c’est « une  société rurale qui s’organise en fonction de la terre »  .  Face à ce monde, paysan à plus de 85%  ,  il y a le bourg, la ville. Là sont concentrés les 15% de Français qui vivent  dans les cadres urbains : hommes d’église, bourgeois, juristes de tout ordre,  médecins, marchands et toute une foule d’artisans enchevêtrés dans un dédale de  communautés professionnelles. À ceux-là il faut ajouter nombre de semi-ruraux,  brassiers vivant dans le bourg mais allant vendre leur travail à la campagne.  Notables cossus, intellectuels, maîtres de « mestiers », compagnons, paysans sans terre, c’est là que la  Réforme va trouver ses disciples ! Et c’est ici que l’on peut affirmer que  la société protestante diffère, en ce XVIIème siècle, de la société  globale.
          Certes  elle a ses paysans et la formule de Le Roy Ladurie « cardeur huguenot, paysan papiste » doit effectivement être  nuancée  .  Des paysans huguenots vivent autour des grands centres protestants comme  Montauban, Castres, Nîmes et autour de bourgs d’envergure plus modestes comme  c’est le cas de Revel. Mais on ne peut affirmer être en présence d’une société  rurale. Négation que vient renforcer l’exemple revélois : sur les 919 métiers,  arts ou statuts sociaux mentionnés dans les registres seulement 94 (9,7%) sont  identifiés comme laboureurs ou brassiers. Nous sommes bien loin des 85% estimés  par Pierre Goubert ! Comme nous sommes loin de l’opinion souvent professée  d’une communauté protestante où prédominent le bourgeois et le marchand  usurier, marchand qui ne saurait être qu’huguenot car « l’usure est  fille d’hérésie »   !
Il est vrai que ces deux catégories sociales ont fourni de nombreux adeptes aux idées nouvelles et ceci en partie grâce à leur niveau culturel qui leur a permis de mieux accéder à la Bible. Mais on ne saurait définir le huguenot que par son appartenance à une élite sociale. Les protestants ne sont pas tous des notables . Dans le cas de Revel, plus que le monde des notables c’est celui de l’artisanat qui se présente comme le véritable vivier de la Réforme.
Maîtres  et ouvriers confondus, ils représentent 60% des diverses catégories  socio-professionnelles relevées sur les registres de 1610 à 1685. 
          Tisserands,  cordonniers, meuniers, artisans du cuir, du textile ou autre : c’est tout  un « petit » peuple acquis à la religion de Calvin.
Le fonctionnement de la communauté
Les  chapitres qui vont suivre visent à nous faire entrer non seulement dans le  quotidien civique, culturel et religieux de la communauté mais aussi à en voir  l’originalité.
          Comment  les protestants participent à la vie de leur cité, comment s’organise leur  église, quelle est leur attitude face au mariage et au baptême, quel est le  rôle de la culture dans la mentalité huguenote ? C’est par l’exemple de  Revel que nous allons essayer de répondre à ces questions.
Chapitre  3
          Cadres  civiques et religieux.
États consultatifs et Réformés
Depuis  1598 les protestants ont des droits politiques, ils peuvent ainsi assister aux  assemblées légales : assemblée des États et assemblée des assiettes ou  diocésaine. Ces États qui ont gardé le vestige d’une autonomie provinciale  puisqu’ils soldent le montant des impôts royaux et en règlent la répartition,  permettent aux protestants d’être plus que de simples contribuables et d’avoir  une part de discussion et de contrôle sur l’administration financière.  Malheureusement, au regard du pouvoir, les huguenots vont être de trop dans ces  assemblées. Rejetés des États en 1645 et des Assiettes en mars 1663, il ne leur  reste plus qu’une forme de participation à la vie civique : le consulat. 
          Les  consuls, personnages à chaperons, manteaux ornés et bâtons ouvragés, possèdent  l’administration locale, la juridiction qui s’y rattache et les surveillances  et maniement des deniers dont le pouvoir royal permet encore l’usage aux  municipalités. Ils interviennent aussi dans les questions d’assistance et  d’instruction publique et dans la répartition, sur leur ville, des  contributions générales. On comprend ainsi combien il est important pour une  communauté d’y avoir ses représentants. 
          Or,  en octobre 1631, le roi institue dans les villes à majorité protestante le  régime du consulat et des conseils de ville mi-partis : un premier rang pour un  consul catholique, avec alternance réformés, catholiques, pour les rangs  suivants  .
          Cependant,  encore une fois, on va considérer que les protestants sont de trop dans ces  assemblées municipales et dès 1679 l’intendant Daguesseau peut se féliciter de  la « résolution que sa Majesté a prise de rendre tous les  consultants catholiques »  .
Originalité du Consulat de Revel
C’est à cause de ses démêlés avec un petit village voisin que Revel eut, de 1631 à 1679, un consulat à majorité protestante. En effet le village de Dreuilhe, dépendant de Revel, supportait mal les charges que son adjonction à ladite ville lui imposait. Il chercha donc au début du XVIème siècle à se soustraire au paiement des sommes imposées à tous les habitants du consulat pour les affaires de la ville. Mais les diverses tentatives de s’en affranchir en formant une communauté séparée furent infructueuses. Revel, néanmoins, fit une concession : le 4ème consul de la ville serait toujours pris parmi les habitants de Dreuilhe. Et lorsqu’en 1631 le consulat mi-parti fut institué à Revel, le consul de Dreuilhe devint le second catholique. Négligence ou éloignement, le second consul ne venait guère aux délibérations municipales, faisant ainsi du consulat de Revel un consulat à majorité protestante .
Composition  sociale 
          du  Consulat protestant de Revel
Une  liste conservée aux archives départementales   nous permet de connaître quels furent, de 1631 à 1679, les consuls huguenots à  Revel. Tous ces hommes ont pu socialement être identifiés et, de façon  évidente, c’est le marchand qui est le plus présent dans cette liste.
          Sur  71 consuls (certains sont élus plusieurs fois) on a :
-  32 marchands
          -  21 bourgeois
          - 7  hommes de loi dont 3 avocats, 3 notaires et un greffier
          - 5  nobles
          - 5  apothicaires
          - 1  chirurgien.
Mais la participation des protestants au conseil de ville n’aura qu’un temps puisque, par un arrêt du conseil privé du roi du 4 décembre 1679, on supprima le consulat mi-parti.
Suppression du dernier droit civique
« Le roy ayant esté informé des grandes  divisions et désordres qu’il y a toujours eu dans cet hostel de ville de Revel  au diocèse de Lavaur et la mauvaise administration de cette communauté causée  par les habitants de la R.P.R. de ladite ville. Lesquels estan en plus grand  nombre que les Catholiques, ont toujours faict prendre des délibérations  contraire au bien public et désavantage des Catholiques, a quoi estant  nécessaire de pouvoir en n’admettant d’hores et avant au consul et conseil  politique que des personnes faict dans plusieurs villes du Languedoc, sa  Majesté estant en son conseil a ordonné que les habitants de ladite ville de  Revel faisant profession de ladite R.P.R. seront exclus pour toujours du  consulat et conseil politique dudit Revel.
          Ce faisant, il ne sera admis au  consulat et conseil politique dudit Revel que des personnes faisant profession  de la religion catholique apostolique, et romaine et pour la première fois sans  tirer à con- séquence Sa Majesté a nommé et nomme pour consuls de ladite ville  de Revel et membres du conseil politique... »  .
Ce  texte, à l’évidente mauvaise foi lorsqu’il explique qu’il n’y aura plus de  consuls protestants parce que cela nuit au bien public catholique, est  l’illustration parfaite de la volonté d’un pouvoir royal qui harcèle la  communauté huguenote dans tous ses droits et qui ainsi prépare la Révocation de  1685 ; car il ne semble pas qu’il y ait eu de graves différends entre les  deux communautés qui ont des intérêts communs dans la gestion de leur ville. En  ce qui concerne les affaires religieuses, ne participe aux délibérations et  vote que le parti confessionnel concerné. Ainsi, comme seuls les catholiques  ont voté pour l’entretien de la maison presbytérale   au  cours d’un conseil de ville, lorsqu’il s’agit de l’élection du régent  protestant seuls votent les consuls et conseillers huguenots  . 
          Ceci  nous amène à étudier le fonctionnement de deux cadres importants de la  communauté : l’école et l’hôpital.
L’école et l’hôpital
« Une des choses qui retient le plus les huguenots dans leur croyance est la quantité d’instruction qu’ils reçoivent dans leur religion et le peu qu’ils en voient dans le catholicisme ».
Cette  phrase écrite par Daguesseau, intendant du Languedoc, à Pierre Pélisson résume  bien l’état d’esprit des autorités protestantes face à l’éducation  .  Car c’est dans l’écriture que le protestant trouve sa foi. Comme le judaïsme,  le protestantisme est la religion du livre et c’est pour aller vers le livre  que le maître d’école donnera un minimum d’instruction  .
          
          Or,  Revel semble avoir eu une école de confession protestante dès le début du XVIIème  siècle. On trouve en effet, en 1602, le mariage de Marguerite Besier, fille du  régent et écolier de Revel. Ensuite c’est Dominique Catel qui, à partir de  1625, est mentionné comme père de plusieurs enfants   baptisés entre cette date et 1639 et dont on a noté la profession : régent et  chantre de l’église (il est très courant que les deux fonctions soient remplies  par le même homme).
          Une  délibération du conseil municipal, datée de janvier 1666, nous donne de plus  amples informations quant à ce maître ; au cours de la séance, le sieur de  Pairin, consul de la R.P.R., propose à la fonction de régent un dénommé Bernac,  ceci après avoir stipulé que le consistoire a déjà approuvé cette nomination.  Or, les catholiques ne prenant pas part à une question purement  confessionnelle, l’enregistrement du choix consistorial par le conseil de ville  ne se fait qu’après délibérations des seuls conseillers religionnaires.
          Quant  aux gages versés au régent par la communauté protestante, puisque c’est elle  seule qui prend en charge ces dépenses après avoir conclu contrat devant  notaire, ils sont ici élevés à 120 livres. Cette somme, comparée aux 80 livres  que reçoivent les régents catholiques en Provence en 1696  (10)  paraît très élevée mais peut s’expliquer par l’importance numérique des fidèles  (plus de 1000) dont provenaient les fonds financiers destinés à l’entretien non  seulement du ministère mais aussi des fonctionnaires tels que le concierge et  bien sûr le régent.
          De  plus, comme on l’a dit, l’école est la source indispensable de l’éthique  protestante et le pouvoir le sait bien puisque c’est elle qui est visée. Même  s’il est libéral dans son maintien et qu’il laisse encore, en 1680, quelques  petites écoles où on apprend « à lire, écrire et l’arithmétique »,  le pouvoir sait que cette source se tarira   avec le culte car, selon l’Édit, l’existence de l’école est subordonnée  à la permission de l’exercice religieux et celui-ci est de plus en plus  restreint.
          Autre  institution qui subira les tracasseries du pouvoir : l’hôpital.
L’Hôpital
L’hôpital  protestant a le droit d’exister, l’article 42 de l’Édit de Nantes le légitimise  et autorise les donations et legs faits aux pauvres de la religion réformée par  leurs coreligionnaires  .  Il est même des hôpitaux mixtes où on accorde l’hospitalité aux fidèles des  deux confessions et c’est le cas de l’Hôtel Dieu de Revel dont on connaît  l’existence grâce à un litige qui oppose chirurgiens catholiques et chirurgiens  protestants.
          En  effet, ces derniers (en 1666)   ayant proposé leur service gratuit pour soigner les pauvres dudit hôpital se  heurtent au refus des chirurgiens catholiques et du bailli. Ils portent alors  l’affaire devant les consuls et conseillers qui approuvent la proposition  protestante et imposent « aux  malheureux » chirurgiens catholiques de travailler eux aussi sans  honoraires.
          Mais,  peu à peu, les Réformés ne vont plus pouvoir prendre part à l’administration  hospitalière et, à Revel, on va obliger le consistoire à attribuer les biens  meubles et immeubles qui lui ont été légués, non seulement aux pauvres réformés  mais aussi aux pauvres catholiques.  
          Quant à l’ambiance de ces établissements  mixtes, il est facile de l’imaginer : véritable foire d’empoigne, pasteur et  curé s’y disputaient les âmes agonisantes, heureux, lorsqu’après la mort d’un  pauvre hère, ils pouvaient mettre sur son acte de décès « sur son décès mourut en la religion réformée »  ou en la « religion catholique ».
          Mais,  bien entendu, le rôle du pasteur ne se borne pas à convertir « in extremis » quelques pauvres  âmes.
Les protestants dans l’église
Guide  spirituel de la communauté, le pasteur qui baptise et donne la communion n’a  pourtant pas ce rôle quasi surnaturel du médiateur entre Dieu et les hommes que  les fidèles catholiques donnent au prêtre. Pour les protestants le sacerdoce  est universel. Néanmoins la communauté a besoin de pasteurs et ceux-ci sont  reconnus par l’Édit de Nantes dont un brevet engageait l’État à payer une  partie de leur traitement (45.000 écus). La clause n’ayant jamais été observée,  ce sont les legs et contributions des fidèles qui assurent leur subsistance  .
          À  Revel, au travers de quelques renseignements donnés par les registres où  parfois est noté le nom de celui qui baptise ou marie, on peut relever, de 1600  à 1685, le nom de ces pasteurs et ainsi reconstituer la succession de leur  passage comme « ministre du Saint Évangile en l’église  chrestienne et réformée de Revel », ceci sans toutefois donner de date  précise de leur arrivée et de leur départ. 
          Ont  été mentionnés comme pasteurs à Revel :
-  Guillaume Espinasse Cadet 1600-1612
          -  Jean Cezaux 1612
          -  Pierre Gaillard
          -  Jean Vialas
          -  Guillaume Bonnafous
          -  Jean-Louis de Jaussand et juges ; ils exercent leur ministère en même  temps
          -  Isaac Lourens
          -  Guillaume Quinquiry et Isaac Lavergne : tous deux exerceront aussi leur  fonction en même temps et sont les deux derniers ministres tolérés à Revel de  1675 à 1685.
On  a très peu d’indications concernant ces hommes sauf pour Jean-Louis de Jaussand  et Guillaume Quinquiry.
          Jean-Louis  de Jaussand est l’illustration parfaite du pasteur issu de bonne famille. Fils  de Louis (d’Uzès) qui mourut conseiller à la chambre mi-partie de Castres, il a  deux frères : le premier hérite du siège à la chambre de l’Édit, le second est  avocat.
          Lui-même  étudie à Genève, exerce à Gergeau d’où il passe à Castres.
          On  le retrouve (1660) vice-modérateur du synode provincial de Millau puis, la  même année, au synode national de Loudun qui le nomme à la commission de  censure.
          En  1663, éloigné de Castres par un arrêt du conseil, il exerce son ministère à  Nîmes en 1664-1665. En 1668, le 13 septembre, il assiste comme ministre de  Revel au synode provincial de Saint-Antonin et en est élu modérateur. En vain  sollicite-t-il du roi sa rentrée à Castres, on le retrouve (1671-1674) pasteur  à Blauzac.
          Cependant,  en 1674, il figure comme pasteur de Castres au synode de Millau et dès lors  reste à Castres jusqu’à la Révocation  .
          Quant  à Guillaume Quinquiry  ,  emprisonné au moment de la Révocation à la conciergerie des Hauts Murats à  Toulouse par arrêt du parlement du 26 janvier 1686, il s’exile comme son  collègue Isaac Lavergne dont on retrouve la signature sur un acte de 1686, acte  émanant des Églises des Pays-Bas  .
          Jusqu’ici  nous avons été en présence de pasteurs exerçant leur ministère de façon  régulière à Revel mais il existe aussi des pasteurs qui ne sont que de passage  dans la ville et qui, à l’occasion, célèbrent des mariages ainsi :
-  1604 : mariage célébré par un pasteur de Caraman
          -  1612 : mariage célébré par un pasteur d’Anglès
          -  1623 : mariage célébré par un pasteur du Mas Saintes-Puelles
          -  1632 : mariage célébré par un pasteur de Mazères
          -  1643 : mariage célébré par un pasteur de Lacrouzette
          -  1660 : mariage célébré par un pasteur de Montauban,
d’où l’impression d’une  certaine mobilité du corps pastoral. Cette mobilité est entravée, dès 1667, par  un arrêt du Conseil du 24 octobre qui assigne les pasteurs à résidence fixe et  leur interdit ainsi de prêcher en d’autres lieux que celui désigné par les  synodes dont les décisions sont contrôlées par l’autorité royale. Cette mesure  fut complétée, quelque temps plus tard, par l’interdiction faite aux ministres  d’exercer plus de 3 ans dans le même endroit  .
          Cette  interdiction ne fut apparemment pas suivie car, comme on peut le voir à Revel,  Lavergne et Quinquiry, les deux ministres en place en 1685, l’étaient depuis  1676, date à laquelle leur nom apparaît pour la première fois sur les  registres. Autre personnage très important au sein de la communauté huguenote  et dont le rôle est complémentaire de celui du pasteur : l’ancien.
Consistoire et anciens
Assemblée  dont les membres sont renouvelés par cooptation le consistoire est, au sein de  la communauté, le représentant et le gardien de l’ordre moral protestant. Car,  s’ils ont un rôle financier (ils gèrent les deniers du temple) et d’assistance,  les anciens ont aussi un rôle de surveillance quant à la bonne application de  la morale calviniste.
          Leur  tribunal des mœurs que préside le pasteur est là pour sanctionner toute entrave  au bon fonctionnement d’une société dont la morale est faite de mesure et  d’ordonnance ; pas de jeu, ni de chanson, ni de danse, pas de fard, ni de  cheveux longs, vagabonds et prostituées sont traqués, le pauvre est blâmé,  coupable de se complaire dans son état  .
À  Revel, le nom des anciens nous est connu par la signature qu’ils apposent au  bas des actes de naissance, décès ou mariage, ceci à partir de 1676 jusqu’en  février 1685. Avant, leur signature est là aussi (elle est obligatoire depuis  1667 pour les actes de mariage) mais les registres sont incomplets. Voici donc  le nom des anciens et leur qualité sociale durant ces 9 ans. Étant très  difficile de discerner quand commence et quand finit leur mandat, cette liste  n’est pas datée et vise seulement à donner un aperçu de l’échantillon social  représenté par ces anciens.
          À  côté il nous semble utile de mentionner leur âge en 1685, c’est-à-dire tel  qu’ils l’ont déclaré lors de leur abjuration. Comme on peut le voir, le terme  d’anciens désigne des hommes à nos yeux relativement jeunes :
-  Paul Auraux : marchand - 42 ans
          -  Jacques Mouisset : marchand - 60 ans
          -  Pierre Gouttes : maître apothicaire
          -  Pierre Marty : marchand
          -  David Mailhe : marchand
          -  Jacob Bourgues : avocat
          -  J.J. Reverdy : greffier - 45 ans
          -  Jean Teste : bourgeois
          -  Jean Ducers : bourgeois
          -  François Bousquet : maître chirurgien
          -  François Dessus : marchand
          -  Guillaume Lahrom : bourgeois
          -  Jacob Robert : bourgeois - 63 ans
          -  Jean Ferriol : marchand
          -  Jean Séverac : marchand - 45 ans
          -  Jacques Pons : marchand
          -  Pierre Roberty : docteur en médecine
          -  Jacques Donlhac : marchand - 65 ans
          -  Guillaume Espinasse : bourgeois - 41 ans
          -  Anthoine Reynauld : maître courroyeur
          -  Jean Delmas : marchand - 46 ans
          -  David Teste : bourgeois - 47 ans
          -  Jean Desplats : marchand chaussatier - 46 ans
          -  Ordéon Pommarède : maître apothicaire - 41 ans
          -  David Bernaduque : marchand « tincturier »  - 50 ans
          -  Pierre Pagès : marchand - 35 ans
          -  Paul Maury : marchand
          -  Anthoine Barrau : marchand - 66 ans
          -  Étienne Azemas : marchand
          -  Jean Daïdé : marchand. 
Soit  17 marchands, 2 maîtres apothicaires, 6 bourgeois, un maître chirurgien, un  docteur en médecine, un greffier, un avocat et seul représentant d’une  catégorie sociale moins élevée, un maître « courroyeur ».
          Il  est donc évident qu’à une majorité écrasante le consistoire recrute ses membres  parmi les marchands (classe intermédiaire, on l’a vu, entre notabilité et  artisanat) et les notables. Mis à part le maître courroyeur, le petit peuple  n’est guère représenté au sein de l’assemblée.
Chapitre  4
          Comportements  religieux et culturels.
Le  Baptême
          Conception  protestante du sacrement du baptême 
Sacrement  fondamental pour les catholiques puisqu’il lave le péché que tout être humain  porte en lui à sa naissance, le baptême ne revêt pas la même signification au  regard de la doctrine calviniste. Force accordée au fidèle pour persévérer dans  la grâce divine qui lui a été donnée, il n’est cependant en aucune façon un  moyen d’obtenir celle-ci. Le salut du protestant n’est pas tributaire d’un  sacrement  .  De cette conception découle, vis-à-vis de la mort des enfants non baptisés, une  attitude plus sereine que ne l’est celle des catholiques.
          En  effet ces derniers ont peur face à la mort de leurs nouveau-nés non baptisés.  Hantés par l’idée que ces enfants puissent être privés de vie éternelle, ils  respectaient scrupuleusement les indications du Concile de Trente qui  conseillait d’imposer les enfants le plus tôt possible.  
          Ces  scrupules religieux poussaient les parents à faire baptiser le nourrisson dès  sa naissance, le lendemain ou le surlendemain au plus tard, ceci afin d’éviter  qu’un enfant mort sans sacrement soit condamné aux limbes, territoire  indéterminé où errait éternellement l’âme du petit enfant. Or, et on va le voir  en étudiant les détails entre la naissance et le jour du baptême des enfants  protestants, la notion de limbe semble s’être largement estompée des mentalités  huguenotes.
Disparition de la notion de limbes
Cette étude porte sur 3 périodes : 1620 - 1624, 1665 - 1669 et 1677 - 1685. Ce choix a été retenu afin de voir s’il y a eu évolution entre le début et la fin du siècle, un décret synodal - synode tenu en 1676 à Sancerre - rappelant « à tous ceux qui auront des enfants à baptiser de les faire apporter au temple pour leur administrer le baptême le jour d’exercice le plus prochain de leur naissance sous peine d’être grièvement censurée ».
. Pour définir et classer les différents métiers qui vont être cités dans ce chapitre, nous avons utilisé I’ouvrage de Cayla (P) : Dictionnaire des institutions, des coutumes et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1635 à 1648, Montpellier, Paul Deham imprimeur, 1964, p. 724.
. Le pareur travaille sur les pièces qui lui sont confiées, il renoue les fils brisés et épluche la pièce.
. À cause de la valeur des chaudrons et des cuves qu’il employait pour teindre, le maître teinturier faisait partie de l’élite des métiers.
. La différence entre couturier et tailleur est assez difficile à faire, les 2 termes étant parfois utilisés pour un même homme.
. Le blancher est effectivement un artisan du cuir dont le travail se rapproche de celui du gantier. Cet artisan exerce son activité dans l'apprêt et l’utilisation des peaux de moutons, de chevreaux et de mort-nés.
. Falguerolles (G.E.de) : Paroissiens de l'Église Réformée de Puylaurens (1969-1973) R.B.S.H.P.P. avril, mai, juin 1966 p 136.
. Comme la liste des consuls, ce texte daté du 4 décembre 1679 se trouve dans le registre GG 2 E 2266.
| 
 | Années 1620-1624 | Années 1665-1669 | Années 1676-1682 | 
| Délai entre naissance et baptême | 
 | 
 | 
 | 
| Moins de 4 jours | 23% | 8% | 28% | 
| Entre 4 et 7 jours | 31% | 25% | 27% | 
| Entre 8 et 14 jours | 17% | 30% | 27% | 
| Entre 15 jours et 1 mois | 11% | 14% | 7% | 
| Plus d’un mois après la naissance | 1% | 3% | / | 
| Plus de 2 mois | 2 enfants | / | / | 
| Le jour même | 2 enfants | 3% | 8% | 
| Indéterminés | 16% | 12% | 5% | 
Délai de présentation au baptême
C’est  en comparant les différentes données du tableau que l’on comprend l’inquiétude  des autorités religieuses : alors qu’en 1520 - 1524 ce sont 29% d’enfants  qui sont baptisés sans tenir compte des prescriptions de Calvin qui voudraient  que l’enfant soit présenté aux fidèles le dimanche suivant sa naissance, ce  taux passe à 47% dans les années 1665.
          Ceci  s’explique en partie par la mobilité d’une certaine catégorie sociale de la  population (brassiers ou itinérants) mais surtout par un détachement de plus en  plus grand vis-à-vis des dangers d’une mort sans sacrement.
          Détachement  qu’accrédite l’absence de pratique de l’ondoiement ; à aucun moment le  terme n’est employé dans les registres et il semble que l’interdiction faite  aux médecins et aux sages-femmes de s’approprier la fonction de pasteur en  baptisant les nouveau-nés en danger de mort ait été particulièrement suivie  .
          Cependant  ce taux de 47% d’enfants baptisés 8 jours ou plus après leur naissance tombe à  34 % après 1676 tandis que 28% sont baptisés moins de 4 jours après. 
          Effets  des prêches pastoraux afin de faire appliquer le « souhait » du synode de Sancerre ou défense d’une communauté  face à un pouvoir qui laisse présager l’ultime brimade ? Les deux  hypothèses sont à prendre en considération et un fait conforte particulièrement  la dernière de janvier 1684 à mars 1685 (date des derniers baptêmes  enregistrés) : sur 45 baptêmes dénombrés, 23 ont lieu moins de 4 jours  après la naissance, 12 entre 4 et 7 jours, 3 entre 8 et 10 jours, 7 le jour  même.
          Traqués  moralement, les protestants défient toutes les mesures prises contre eux en  donnant au plus vite une identité religieuse indélébile à leurs enfants.
  Les  parrains et marraines
Autre  différence avec l’esprit religieux catholique, la fonction du parrain. Si dans  la religion de Rome le parrain est considéré comme un être ayant des liens  spirituels très forts avec son filleul, le parrain huguenot est beaucoup plus  considéré comme un témoin du baptême d’un être déjà élu que comme le guide  spirituel d’un enfant qui gagnera son salut par ses œuvres. Le Protestantisme  n’accorde que très peu d’importance au rôle des autres dans les relations d’un  homme et de son Dieu. On peut cependant essayer de voir qui sont ces parrains  et marraines nullement choisis au hasard.
          Essayer  de distinguer des liens familiaux entre les parrains, marraines et parents est  très difficile car la parenté est très rarement mentionnée sauf dans le cas de  très jeunes parrains, frères ou sœurs de l’enfant. Il faut donc, pour avoir une  vue d’ensemble, se contenter de faire une étude à base de patronymes  c’est-à-dire de considérer toute personne ayant le même nom que le père ou la  mère comme parent de celui-ci ou de celle-ci.
          De  cette façon on s’aperçoit, sur un échantillon de 5 ans (1665 – 1670), que pour  116 parrains identifiés 73 appartiennent à la famille du père et 43 à la  famille de la mère.
          Quant  aux marraines, les 76 « identifiées » appartiennent 45 à la  famille de la mère et 31 à celle du père.
          Il  semble donc que le parrain soit plus fréquemment choisi dans la famille du père  alors que le choix n’a pas de règle précise pour la marraine.
          Ce  qui est sûr, c’est que ce parrain ou cette marraine donne pratiquement toujours  son prénom au nouveau-né. Ainsi, toujours pour la même période 1665 - 1669, sur  239 enfants 201 ont reçu le même prénom que leur parrain ou marraine, soit 84%.
Les prénoms
Patriarche,  roi ou prophète, Abraham, David ou Jérémie, certains prénoms jusqu’ici  exclusivement portés par les fils d’Israël - autre peuple élu - vont devenir  signe de reconnaissance pour ces huguenots fiers de leur différence. Car  « il y a toujours dans un prénom de ce genre un signe de réforme  et  les protestants le savent. Imprégnés de culture biblique, ils vont donner à  leurs enfants des prénoms qui, bien que tirés de la Bible, n’en sont pas pour  autant auréoles de sainteté au regard des catholiques ».
          Ces  prénoms bibliques issus de l’Ancien Testament les voici :
- Prénoms masculins :
Isaac, Daniel, Samuel, David, Moïse, Gabriel, Amos, Nathanaël, Abel, Aron, Salomon, Josué, Élie, Nephtaly, Zachée, Joseph, Jacob, Abraham.
En ce qui concerne ce dernier prénom, il est à remarquer qu’il est aussi orthographié Abram. Or, seule la lecture du texte de la Genèse peut entraîner cette différenciation d’orthographe pour le nom du patriarche. On peut donc voir là l’empreinte de l’érudition biblique du greffier ou des parents.
- Prénoms féminins :
Judith, Ester, Rachel, Ruth, Sarah, et Suzanne.
Pour  ce dernier, l’appartenance à la catégorie des prénoms bibliques pose un  problème.
          Car,  si Suzanne est une figure féminine de la Bible,   elle est aussi, depuis le IIIème siècle, une sainte très vénérée par  les catholiques. Après avoir énuméré ces prénoms, symbole de l’attachement des  protestants aux Écritures de l’Ancien Testament, il faut tout de même dire, et  c’est évident à Revel, qu’ils vont avoir beaucoup de difficultés face à la  primauté de prénoms plus traditionnels. Ces prénoms sont le plus souvent de la  tradition médiévale et ceci avec une prépondérance flagrante de Jean et Pierre  pour les garçons, Jeanne et Marie pour les filles.
          Pour  ce dernier on peut s’étonner de sa fréquence ; on va le voir, il vient en  tête du début à la fin du XVIIème siècle et ceci malgré la lutte  constante des protestants contre la mariolâtrie. Mais un siècle semble trop  court pour tuer toutes les habitudes et Marie, comme Anne sa mère, furent des  saintes très priées et très populaires au XVIIème   siècle. 
          Et  que dire des prénoms tels que Catherine, « Anthoine », Marguerite ou Françoise dont un édit de Genève, en  1550, avait interdit l’emploi et qui resteront, tout au long du XVIIème siècle,  plus utilisés que Jacob, Judith ou Rachel   ?
          Cette  persistance des prénoms traditionnels, on peut la voir en étudiant leur emploi  sur deux périodes de dix ans chacune 1620 - 1630 et 1660 - 1670, périodes que  séparent quarante ans, pratiquement deux générations. Mais auparavant, comme on  a classé les prénoms issus de l’Ancien Testament, il faut classer ceux issus du  Nouveau Testament et ceux d’origines diverses c’est-à- dire pour la plupart des  prénoms de saints médiévaux : 
- Prénoms masculins issus du Nouveau Testament :
- Pierre - Jean-Paul - Jacques - Barthélemy - Marc - Thomas - Mathieu - André.
- Prénoms féminins :
Élisabeth - Anne - Marie - Magdeleine - Marthe.
- Prénoms masculins d’origines diverses :
Étienne, Benoist, Amans, Michel, Guillaume, Sicard, Marquis, Charles, Phélip, Robert, François, Louis, Bernard, Nicolas, Arnaud, Germain, Durand, Ramond, Gérald, Laurens, Sébastien, Bertrand, Dominique, Henry.
- Prénoms féminins d’origines diverses :
« Anthoinette », Françoise, Catherine, Rose, Cécile, Marguerite, Constance, Nicole, Germaine, Marquise, Livie ou Lénie, Ramonde, Benoiste, Doumenge, Guillemette, Gaillarde, Julie, Louise, Delphine, Claudine, Gracie, Charlotte.
À ceux-là il faut ajouter des prénoms de l’Antiquité, rarement portés, mais présents chez l’élite surtout chez les nobles :
- Marc-Anthoine, Julien, Scipion, Olympe, Lucrèce.
Voici comment se répartissent les plus répandus de ces prénoms sur les deux périodes :
| 
 | Garçons baptisés | |
| 1620 - 1630 | 1660 - 1670 | |
| Jean | 26% | 28% | 
| Pierre | 15% | 12% | 
| Paul | 6% | 4% | 
| Jacques | 3% | 7% | 
| Daniel | 4% | 1% | 
| David | 4% | 5% | 
| Anthoine | 2% | 8% | 
Comme  on peut le voir ce sont Pierre et Jean qui, de façon écrasante, s’installent en  tête des prénoms répandus avec 26% et 28% pour Jean et une légère baisse pour  Pierre qui vient tout de même en seconde position.
          Les  deux seuls prénoms typiquement bibliques Daniel et David viennent bien loin  derrière ces taux, avec même une nette baisse de Daniel.
          En  revanche, on peut remarquer une hausse des « Anthoine » qui, avec 8%, se placent en troisième position dans  les années 1660.
En ce qui concerne les prénoms féminins voici comment ils se répartissent :
| 
 | Filles baptisées | |
| 
 | 1620 -1630 | 1660 - 1670 | 
| Jeanne | 14% | 10% | 
| Marie | 13% | 19% | 
| Suzanne | 9% | 6% | 
| Anne | 7% | 10% | 
| Marguerite | 5% | 4% | 
| Françoise | 4% | 4% | 
| Ester | 3% | 1% | 
| Judith | 3% | 2% | 
Ici  encore les prénoms typiquement bibliques Ester et Judith ont un taux  minoritaire. Par contre Marie progresse et s’affiche comme le premier prénom  féminin protestant alors que Jeanne diminue légèrement.
          Cependant,  de ce tableau comme du précédent se dégage une évidence ; on prénomme les  enfants en 1670 comme on les prénommait en 1620, tradition et logique puisqu’on  donne presque toujours le prénom du parrain. C’est lorsque cette coutume  s’amenuisera que, peut-être, on choisira délibérément d’appeler ses fils Josué  ou Samuel plutôt qu’Anthoine ou Jacques.
Le mariage
« Les mariages seront enregistrés et soigneusement gardés en l’église », c’est grâce à cet article 27 de la discipline du synode national de Paris (1559) que nous avons aujourd’hui la possibilité de voir comment s’organise le mariage protestant qui, contrairement au mariage catholique, n’est pas un sacrement mais un contrat fondé sur le consentement mutuel. Cependant, comme le sacrement catholique, ce contrat obéit à un certain nombre de modalités que nous allons étudier, cette étude étant basée sur une période de 40 ans (1630 -1670), période durant laquelle les registres matrimoniaux sont relativement bien tenus.
Modalités du mariage
Les bans ou annonces
La  publication des bans qui était déjà une coutume ancienne dans l’Église  catholique est réglée dès le premier synode national de 1559. Elle doit se  faire dans « lieux et vocation  ordinaire »   c’est-à-dire où le culte est régulièrement célébré sous la présence d’un  pasteur. Ces annonces, faites 3 dimanches de suite dans le temple, doivent être  publiées dans la paroisse des époux et dans celle des deux époux quand ils sont  de paroisses différentes.
          Nous  avons, à Revel, seize preuves écrites de ces annonces que les autorités  religieuses imposaient aux fidèles, ceci afin d’éviter des cas de bigamie.  Parmi celles-ci en voici quelques-unes enregistrées par le consistoire de  Revel :
          -  1631 : Pierre Faure de Sorèze épouse Perette Cros de Castres « tous ayant au préalable fait voir  attestation de la publication des annonces par trois dimanches sans  contestation ».
          -  Septembre 1638 : Jean Boujeu de Caraman épouse Magdeleine Sirven, elle  aussi de Caraman, avec « attestation  de Caraman, signée par les anciens d’iceluy et du conseil de l’Église réformée ».
          -  Toujours en 1638 : David Escaffre de Puylaurens et Élisabeth Gabite  viennent aussi à Revel « avec  attestation de Castres du 3 juin et de Puylaurens du 13 juin 1638 ».
          -  Mars 1639 : Paul Poitevi, marchand de Lavelanet, vient se marier à Revel  avec Anne Roqueville, fille d’un marchand de Mazères, en « ayant porté attestation des anciens de  Mazères, signée par 8 anciens et lecteurs de ladite église ».
          Quant  au départ des fidèles allant se marier ailleurs que dans leur village  d’origine, il est enregistré sous cette forme :
          -  Janvier 1653 : « sont partis de  Revel Ramond Tornier marchand de Mazamet et Catherine Rivals de Revel pour  aller faire bénir leur mariage au lieu de St Alby ».
          Autre  modalité, la date du mariage :
Le jour et le mois du mariage
Normalement  on peut se marier n’importe quels jours « sauf lorsqu’on célèbre la  Cène » afin qu’alors il n’y ait aucune distraction et que chacun soit  mieux disposé à recevoir le sacrement   .  Cependant, et à Revel la tradition est bien marquée, des jours fixes sont mis  en place la régularité étant un facteur d’ordre et de publicité. Ainsi de 1540  à 1570, période durant laquelle se sont célébrés 514 mariages, 218 l’ont été un  jour de célébration connu :
          42%  ont eu lieu le mercredi, 41% le dimanche, 16% le vendredi sans aucune mention  pour le mardi alors qu’ordinairement c’est ce jour-là qu’on se marie le plus  dans les campagnes françaises  .
          Quant  au mois, il est assez difficile de percevoir un mouvement saisonnier les  législations protestantes interdisant de façon moins rigide le mariage pendant  certaines périodes, telles l’Avent et le Carême, que ne le fait la religion  catholique ; on peut donc difficilement discerner les répercussions de  quelconques interdits religieux. Néanmoins, sur les 514 mariages enregistrés  durant trente ans, voici comment se répartissent les 498 dont on connaît le  mois durant lequel ils ont été célébrés :
-  Janvier           : 41
          -  Février           : 45
          -  Mars               : 56
          -  Avril                : 54
          -  Mai                 : 37
          -  Juin                : 42
          -  Juillet             : 48
          -  Août                : 38
          -  Septembre     : 34
          -  Octobre          : 34
          -  Novembre      : 32
          -  Décembre      : 37
Ce qui frappe le plus, c’est le nombre relativement faible de mariages durant les 4 mois d’hiver : octobre - novembre - décembre - janvier, saison morte durant laquelle habituellement les populations à majorité paysanne se marient. Ici le maximum est atteint au printemps avec en particulier les mois de mars et d’avril ; or, comme on l’a vu, la population huguenote de Revel est à majorité artisanale avec pour spécialité le textile. Le printemps étant l’époque de la tonte de la laine, on peut penser que de nombreux mariages s’effectuent au cours du déplacement des ouvriers et marchands de la laine qui viennent à Revel pour travailler et pour se marier. Cette hypothèse s’appuie sur le fait que 33 mariages, durant ces deux mois, sont des mariages : de marchands (8), de tisserands (13), de cardeurs (7), de peigneurs de laine (4), de tireur de laine (1). Après avoir vu comment et quand se marient les protestants de Revel, on peut dire quelques mots sur le lieu du mariage.
Lieux du mariage : le temple et le château
Bien  entendu l’énorme majorité des fidèles se marient au temple. Il en est pourtant  qui se marient dans des annexes, sortes de « temples privés »  concédés par l’Édit de Nantes aux seigneurs ayant fiefs.
          Liberté  de culte, certes, mais avec restriction puisque seules une trentaine de  personnes peuvent y assister. De plus, dès 1669, on va exiger du seigneur qu’il  prouve que son fief est resté, depuis le temps de l’Édit, aux mains de la même  famille  .
          Or,  on trouve dans les registres de Revel la trace de deux châteaux dans lesquels  pouvaient avoir lieu le culte. Il s’agit du château de Couffinal où ont lieu  deux mariages :
-  Pierre Durand, notaire royal de Sorèze, épouse Marguerite de Barrau, fille de  David, Seigneur de Fontbrune, en mars 1639 
          -  Jean Barrau, marchand de Revel, épouse Catherine de Fontès, fille de Seigneur  de Fontfrède, en novembre 1641 
et du château de Paleville où :
- David Seguin, seigneur d’Anglès, épouse Suzanne de Terson, fille de noble Jean Seigneur de Paleville, en septembre 1636.
Comme on peut le voir, ces mariages sont ceux de personnages appartenant à l’élite sociale de la communauté.
Il nous reste maintenant à voir à quel âge, en moyenne, se marient l’homme et la femme protestants.
L’âge du mariage
L’âge  des mariés n’est pratiquement jamais mentionné dans les registres sauf pour les  années 1668-1669, 1670-1671-1673, soit 41 couples formés dans cette période.  C’est avec ces indications que l’on peut faire une approche de l’âge au mariage  de ces hommes et femmes. Pour les hommes l’âge moyen est de 28 ans 4 mois, pour  les femmes 24 ans et 1 mois, soit des âges relativement en accord avec les  statistiques de l’âge moyen au premier mariage dans la France des XVIIème et  XVIIIème : siècles : 27-28 ans pour les garçons et  25-26 ans pour les filles  .
          Cependant,  il peut y avoir des cas de mariés très jeunes. Ainsi, en 1640, Marthe Vales,  fille de Bernard, maître bastier, se marie-t-elle « avec permission du magistrat à cause de son bas âge ». Mais  c’est le seul exemple mentionné et on peut penser que c’est une exception  confirmant la règle générale d’un âge assez tardif au mariage.
Homogamie socio-professionnelle ?
Dans la France des XVIIème et XVIIIème siècles l’homogamie socio-professionnelle est très forte ; à moins que l’on ait à agir autrement, à la campagne comme à la ville, on se marie à l’intérieur de son propre groupe social. Cette règle est, de façon générale, confirmée par l’étude de 310 mariages célébrés entre 1630-1670 et dont l’appartenance sociale des deux conjoints nous est donnée. Comme on peut le voir dans la liste ci-dessous, l’homogamie socio-professionnelle est effectivement majoritaire avec cependant quelques exceptions dans le groupe des notables (bourgeois, hommes de loi, officiers, médecins) et dans celui hiérarchiquement opposé (les brassiers).
Le mariage des nobles
Si  la noblesse donne parfois ses filles à la roture (six d’entre elles épousent  des roturiers) elle se présente tout de même comme un groupe assez fermé. Seuls  deux nobles épousent deux non nobles :
          -  en juillet 1637, Étienne de Besset, Seigneur de la Rivière, épouse Catherine  Chauvet de Charles, bourgeois
          -  octobre 1656, Samson de Portes, Seigneur de Fontfrède, épouse Isabeau Danes de  Pierre, juge royal. Cette impression de « caste » existe peu dans la bourgeoisie.
Le mariage des bourgeois
En effet, bourgeois et filles de bourgeois s’allient par leur mariage non seulement au monde de la loi, de l’office, de la santé ou encore des marchands mais aussi, suprême « promotion » sociale, à celui de la noblesse. Ils sont trois bourgeois dans ce cas :
-  En décembre 1633 : Abel Mauran épouse damoiselle Françoise de Besset,  fille de Hugues, Seigneur de Couffinal
          -  En 1649 : Jean Portal épouse damoiselle Marguerite de Besset, fille de  Samuel, Seigneur de la Garrigue
          -  En Avril 1656 : Guillaume Verdu épouse damoiselle Magdeleine de Padiès,  fille d’Honoré Seigneur de Bélesta.
Quatre autres bourgeois prennent pour épouse
soit des filles d’avocat :
-  Avril 1635 : Pierre Faure épouse Magdeleine de Bret, de Guillaume - avocat
          -  Août 1640 : Pierre Mauran épouse Suzanne de Bardin, de Jacques - docteur  et avocat à Puylaurens
          -  Février 1651 : Jean Bataille épouse Marie Chartrou, de Guillaume - docteur  et avocat à Revel,
soit des filles d’officiers :
- Janvier 1658 : François de Pairin épouse Françoise de Danes, de Pierre - juge royal.
La bourgeoisie s’allie aussi à la médecine :
-  Décembre 1633 : Jean Bonnet, bourgeois de Caraman, épouse Marie Viguier,  de feu Jean - docteur en médecine de Castres
          -  Avril 1650 : Pierre Faure épouse Marie de Frégeville, de Josias - docteur  en médecine de Castres.
La bourgeoisie s’allie aussi au groupe des marchands :
-  Juin 1643 : Étienne Danes épouse Marie Pagès, de Pierre - marchand
          -  Juillet 1654 : Jean Pons épouse Magdeleine Leigne, de Jean - marchand.
Et enfin deux bourgeois
épousent des filles d’artisans :
-  1649 : Jean Brun épouse Jeanne Pélissier, d’Hugues - maréchal des forges
          -  1669 : Jean Séverac épouse Magdeleine Debouts, de Bernard - maître  tisserand.
La  bourgeoisie n’est donc pas un groupe fermé puisque sur 14 mariages de bourgeois  4 seulement se marient avec des filles d’autres bourgeois.
          Toujours  dans ce monde de notables : les officiers et les juristes.
Le mariage des hommes de  loi : 
          officiers et juristes
Eux  aussi, bien que prenant femme dans un milieu qui est toujours socialement  élevé, n’appliquent pas d’homogamie stricte. Sur 11 mariages 4 se font entre  avocats ou officiers et fille d’avocat ou d’officiers. Les autres se  répartissent ainsi :
          2  avocats se marient avec des filles de la noblesse, chose fréquente dans le Midi  où les gens du barreau tiennent le haut du pavé dans les cités.  
          Ici,  ce sont deux hommes de loi de la même famille qui épousent deux sœurs de  famille noble :
-  Mai 1634 : Jacques Guillem, docteur et avocat, épouse damoiselle Léa de  Besset, fille de Hugues, Seigneur de Couffinal
          -  1536 : Gabriel Guillem, avocat, épouse damoiselle Magdeleine de Besset,  aussi fille de noble Hugues, Seigneur de Couffinal.
On trouve aussi des alliances matrimoniales avec des familles bourgeoises :
-  Mars 1639 : Pierre Durand, notaire royal de Sorèze, épouse Marguerite  Barrau, de David - bourgeois
          -  1641 : Pierre Guitard, sergent royal, épouse Judith Vïguier, de Paul -  bourgeois
          -  Juin 1659 : Daniel de Poitevin, receveur des tailles au diocèse de  Toulouse, épouse Anne de Faure.
Enfin  un seul se marie avec une fille de docteur en médecine - Charles Bourgues,  avocat, épouse Marie de Roberti, d’Élie - docteur en médecine.
          Ceci  nous amène à étudier le cas assez étonnant du « monde médical ».
Le mariage des  chirurgiens, 
          apothicaires et docteurs en médecines
Lorsqu’on  regarde avec qui se marie l’apothicaire ou le chirurgien une constatation  s’impose, sûrement pas avec la fille d’un confrère !
          Sauf  Anthoine Desplats maître chirurgien qui, en 1654, épouse Jeanne Auroux, de feu  Jean - maître apothicaire, les autres épousent, soit des filles de bourgeois,  ils sont 3 :
-  Juillet 1535 : Jean Ségala, maître apothicaire de Saint- Paul, épouse  Marie Salvignol, de Jean - bourgeois
          -  Juillet 1643 : Jean Peyrille, maître apothicaire, épouse Magdeleine Faure,  de Noël - bourgeois
          -  Février 1663 : François Bousquet, maître chirurgien, épouse Magdeleine  Brousse, de Pierre - bourgeois,
   
          soit  une fille d’avocat :
- 1653 : Anthoine Dumas épouse Marguerite Duroy, de Pierre - avocat de Castres.
Pour  le reste, 3 maîtres chirurgiens, 4 maîtres apothicaires et un apothicaire vont  chercher leur épouse dans le groupe des marchands, scellant ainsi l’alliance de  deux groupes sociaux qui, s’ils ne font plus partie du monde artisanal, ne sont  pas toujours des notables à part entière. On connaît l’obstination des  chirurgiens, gens « mécaniques », à  se faire reconnaître non plus comme artisans mais comme artistes.
          Autre  groupe social présentant quelques exceptions dans l’homogénéité de ses  alliances matrimoniales : les marchands.
Le mariage des marchands
Certes  60% d’entre eux (39 sur 59 recensés) épousent des filles de confrères, 23% (14)  s’allient au groupe des notables. Il en est même 1 qui se marie avec une  demoiselle noble.
          En  novembre 1641, Jean Barrau épouse demoiselle Catherine de Porte.
          Mais  il est évident que ce mariage est exceptionnel et on peut dire qu’à Revel, au  XVIIème siècle, « le  négoce n’est pas le tremplin de la noblesse locale   ».
          Par  contre il est intéressant de voir que onze filles de marchands épousent des  artisans et que six marchands eux-mêmes se marient avec des filles d’artisans.  Ceci est assez pour montrer combien le monde des marchands oscille entre  notabilité et artisanat.
          Voici  avec quelles filles d’artisans se marient ces marchands :
-  1631 : Étienne Auger, marchand chaussatier, épouse Françoise Puget, fille  d’Anthoine - maréchal des forges
          -  1632 : Pierre Delmas épouse Ester Delors, fille de Jean - maître tailleur  d’habits
          -  1654 : Jacques Delmas épouse Jeanne Boujeu, de Nicolas - maître cordonnier
          -  mars 1655 : Bernard Fabre épouse Ester Coste, de Pierre - chaussatier
          -  1658 : Jean Faure épouse Suzanne Auger, de Pierre - maçon
          -  1661 : Jean Escaffre épouse Rose Jean, de Jean - tisserand.
Ceci nous amène maintenant à voir comment s’organise socialement le mariage des artisans.
Le mariage des artisans et des brassiers
C’est  dans ce milieu que l’homogamie est la plus poussée. Sur 169 artisans 139  d’entre eux, soit 81%, épousent des filles d’autres artisans. Un seul semble  s’élever socialement par le mariage.
          Arnaud  Roumieu, cordonnier, épouse en 1639 Jeanne Auroux, fille d’Anthoine - maître  apothicaire.
          Mais  les cordonniers font partie d’une certaine élite de l’artisanat. Moins  exceptionnel, comme on l’a vu, est le mariage d’artisans avec des filles de  marchands. Enfin, autre constatation, c’est l’étroit lien qui existe entre le  monde artisanal et le monde paysan.
          Sur  35 filles de paysans (brassiers ou laboureurs) la moitié épousent des artisans  alors que 47% des brassiers ou laboureurs se marient avec des filles de  tailleurs, couturiers, forgerons ou autres meuniers.
          C’est  peut-être là que se trouve une des raisons de l’adhésion de ces brassiers à la  Réforme. Faisant partie d’un groupe qui ne connaît pas de rigoureuse barrière  sociale et géographique (11 de ces brassiers sont déclarés comme habitant  Revel) le brassier, bien qu’allant vendre son travail à la campagne, est  cependant étroitement mêlé à ce monde urbain acquis au Calvinisme.
          De  cette façon, plus que le paysan attaché à sa terre, il est entré en contact  avec les idées nouvelles et a ainsi adhéré au protestantisme.
La culture
Protestantisme et culture biblique :
« Alors il alla chercher la grosse Bible que j’avais entrevue et la posa sur la table desservie... l’aïeul ouvrit le livre saint et lut avec solennité un chapitre des Évangiles, puis des Psaumes » .
Le patriarche et la Bible ! Une des plus belles images que l’on puisse avoir de cette foi huguenote ancrée dans l’Écriture ! Le père, pilier de la foi, doit inculquer à ses enfants sinon une culture biblique du moins les rudiments qui permettent à chacun de faire siens ces trois préceptes :
« Sola gratia - Sola fide - Sola scriptura ».
« Seule la grâce - Seule la foi - Seule l’Écriture ».
Cette autorité, en  matière de foi, de l’Écriture Sainte mise à la portée de tous et l’affirmation  du sacerdoce universel des croyants, entraînent la double exigence d’une  instruction générale et d’éducation qui lui donne son sens.  
  Or, comment connaître le  niveau d’éducation que possèdent une partie des protestants de Revel si ce  n’est par la seule trace qu’ils aient laissée à ce sujet : la  signature ?
La signature : une culture élémentaire
Tenter de mesurer  l’alphabétisation d’une communauté au travers de la signature de ses membres  demande d’emblée à faire un choix quant au degré d’instruction dont cette  signature est représentative. Ici, comme on peut le voir, nous sommes en  présence d’un paraphe réel, en toutes lettres, et non de lettres mal reliées  qui laisseraient à penser que la signature a été plus dessinée qu’écrite.
  On peut donc dire qu’il  s’agit ici d’indicateurs minimums de lecture courante, c’est-à-dire que les  hommes et femmes qui ont signé savaient lire (à cette époque c’était la  première chose qu’on apprenait) et écrire.
Liste par catégorie  sociale 
  et professionnelle de  ceux qui savent signer
- Nobles           :    9
  - Bourgeois      : 21
  - Officiers         : 10
  - Notaires         :    5
  - Jacques Martin :  directeur général de Gabelles du Languedoc
  - Jean Bataille :  procureur de la souveraine cour du Languedoc
  - Daniel Poitevin :  receveur des tailles au diocèse de Toulouse
  - Mathieu Verny :  receveur des tailles au diocèse de Mirepoix
  - un greffier
  - Avocats                         : 12
  - Sergent ordinaire           :    1
  - Docteurs en médecine  :   3
  - Chirurgiens                    :   8
  - Apothicaires                  :   8
  - Marchands                    : 61
  - Ouvriers d’art                 :
  - Orfèvre                          :    1
  - Potiers d’étain                :    2
  - Artisans du textile          :   36
  - Artisans du cuir             :   12
  - Artisans de la  métallurgie
  - Artisans de  l’alimentation
  - Autres :  voituriers          :    2
  : maçon              :    1
  - Femmes                         :    9
  - non identifiés  socialement : 8
Ceux qui savent signer :
C’est en étudiant les  signatures apposées au bas d’actes de naissance durant les années 1668 -  1669 ; 1671 - 1673 ; 1676 - 1685, soit 575 baptêmes que l’on a pu  relever 221 patronymes de pères, parrains, marraines (rare) et différents  témoins parmi lesquels bien entendu les anciens.
  Ces signatures que l’on  retrouve dans les actes de mariage et de décès nous apprennent l’appartenance  sociale de ceux qui les ont apposées. Comme on peut le voir dans le tableau  ci-contre, savent signer :
- les nobles                    :   4%
  - les bourgeois
  - les hommes de loi      : 28%
  - les notables
  - les officiers
  - les médecins
  - les marchands            : 27%
  - les artisans                  : 32%
Que les nobles,  bourgeois, officiers, hommes de loi, marchands sachent signer peut paraître  évident, leur condition sociale ou leur fonction au sein de la société le  demande. Pour eux « l’hérésie est  fille d’instruction » . C’est parce qu’ils ont  eu d’assez faciles contacts avec le livre qu’ils sont devenus fils de la  Réforme. Ce livre est diffusé dans la région castraise et lauragaise par les  proches villes que sont Castres, Albi, Lavaur où, dès le XVIème  siècle, on trouve tout un réseau de libraires gagnés à la Réforme.   
  Le problème est de  savoir si pour les 71 artisans, soit 32% de ceux qui ont signé, la démarche a  été la même. Ces hommes avaient-ils déjà un minimum d’instruction lorsqu’ils se  sont convertis ou bien, analphabètes jusque-là, pour eux l’instruction fut-elle  fille d’hérésie ?
  Bien que nous ne  puissions pas répondre ici à cette question, on peut cependant faire une  remarque : ces artisans au contact des marchands réformés de Revel ou de  l’Albigeois se sont sentis concernés par cette religion qui a su s’adapter à la  civilisation occitane  . Et le « pater familias » occitan, façonné  par des siècles de droit romain, n’a eu qu’à franchir le seuil d’une école pour  devenir patriarche huguenot qui, le soir venu, Bible à la main, rappelle à ses  enfants que là se trouve la source de la foi.
  Mais le tableau ne doit  pas être trop idyllique, tous n’ayant pas bénéficié d’un minimum d’instruction.  Il y a encore des « oubliés de  l’écriture ».
Ceux qui ne savent pas signer
Si on ne compte pas les femmes, dont on parlera dans le paragraphe suivant, il y a 88 personnes citées comme père ou parrain qui portent la mention « n’a seu signer ».
Parmi ces 88 :
  - des artisans du  textile : 19
  - des artisans du cuir     :   7
  - des artisans de  l’alimentation (hoste-meunier-boulanger-boucher)  :   9
  - des artisans de la  métallurgie : 3
  - et autres menuisiers,  armuriers, maçons : 9.
À ceux-là il faut  ajouter la mention de 12 noms cités comme ne sachant écrire, sans mention de la  profession.
  En tout 47 artisans qui  n’ont pas accédé au stade minimum du savoir, 12 inconnus et surtout 29  brassiers !
  Vingt-neuf, c’est  exactement le nombre de brassiers recensés dans ces registres et pas un seul  n’a su signer ! Le paysan du Lauragais, qui pourtant a su se détacher de  tout un carcan de superstitions vaguement teintées de catholicisme pour  rejoindre l’austère Réforme, n’a cependant pu aller jusqu’au bout de son  cheminement intellectuel ; il a entendu les Psaumes mais ne les a jamais  lus. Nous retiendrons cependant que sur 296 patronymes masculins, seuls 24%  sont des noms de gens ne sachant pas signer.
  Alors « hérésie fille d’instruction » ou  « instruction fille d’hérésie » ?
  Difficile de répondre  mais il est évident que les deux sont inséparables.
Les femmes
Ce dernier paragraphe  pour montrer combien, même dans la société huguenote, les femmes du XVIIème  siècle ont été délaissées par la culture.
  Sur 242 patronymes  féminins cités, elles sont à Revel seulement neuf à savoir signer :
- Anne Poitevin, fille  d’officier
  - Anne d’Escale, veuve  d’un avocat
  - Marie Frégeville,  femme d’un bourgeois
  - Madon Leignes, fille  d’un marchand
  - Isabeau Reverdy, fille  d’un greffier
  - Jeanne Robert, fille  d’un bourgeois
et 3 nobles :
 - Marquise de Las Cases
  - Renée de Terson, de  Terson de Paleville.
  - Lucrèce, de Comte  d’Allary.
Toutes de condition  élevée, elles représentent une petite élite féminine qui a eu accès à  l’instruction.
  Pour le reste, à Revel,  en ce XVIIème siècle, la femme huguenote fait, elle aussi, encore  partie des « oubliées de l’écriture ».
Deuxième partie
La communauté  protestante de Revel
  au moment de la  Révocation.
La Révocation
Après avoir étudié  quelques aspects des mentalités protestantes, il nous faut en venir à la  tentative pure et simple de l’anéantissement de cette religion qui, au fil des  ans, par ses spécificités, s’est façonnée en culture. Religion, culture,  mentalité autres, des différences insupportables au regard d’un pouvoir  monarchique qui veut faire éclater aux yeux de l’Europe et de la Papauté à la  fois sa puissance et son intérêt pour la religion !
  Mais ce pouvoir n’agit  pas seul, il s’appuie sur l’approbation des États, du Parlement, de l’intendant  et du clergé.
  Ce dernier, farouche  adversaire de la Réforme, n’eut de cesse qu’il n’eût obtenu, par une voie ou  par une autre, la suppression du Protestantisme ce qui, pour le Languedoc, fait  dire à Le Roy Ladurie :
  « Si Louis XIV  n’avait pas décidé la Révocation, les 22 évêques du Languedoc l’auraient  inventée ».
Chapitre 5 
  La  Révocation et la communauté protestante au moment de l’Édit de Fontainebleau.
Situation des Réformes en 1680
En 1680, les États sont satisfaits ; ce qu’ils réclamaient en Languedoc depuis 18 ans est officiel : sous peine d’amende honorable et de bannissement l’abjuration de la foi catholique est interdite. Le nouveau converti protestant est hors la loi et on traque les relaps en aggravant les peines qu’ils encourent. Les mesures prises contre la liberté de conscience s’intensifient. La chambre mi-partie de Castres (Chambre créée pour juger en toute souveraineté et dernier ressort les affaires où les Réformés sont intéressés) est supprimée. Les magistrats réformés sont inquiétés dans leurs offices ; on oblige les fidèles à contribuer aux frais du culte catholique (on pense qu’en payant les 2 beaucoup auront envie de se convertir), on leur a confisqué tous les droits civils et politiques, on a restreint leur activité professionnelle . Traqués dans toutes leurs libertés et tous leurs droits, les huguenots vont devoir subir l’ultime épreuve, la violence.
Instauration de la violence et abjurations forcées à Revel - Début des Dragonnades
C’est en 1680 que  Marillac, intendant du Poitou, parcourt sa circonscription avec un régiment de  dragons qu’il loge chez l’habitant huguenot dans le but d’obtenir de force des  conversions.
  Le but est  atteint : plus de 30.000 conversions. Après le Poitou c’est le Vivarois  qui connaît les dragons de Saint-Ruth en 1683. Peu à peu la terreur se répand  et, en 1685, c’est tout le Languedoc qui se convertit sous « l’influence des missionnaires bottés ».
  De cette façon pourquoi  garantir désormais le culte réformé en France puisqu’il n’y a plus de  Réformés ?
  Le texte de l’Édit de  Fontainebleau qui révoque l’Édit de Nantes est signé de la main du roi le 18  octobre 1685.
  Revel ne fut pas  épargnée par cette violence arbitraire. On avait déjà abattu les temples de  Castres, Mazamet et Saint-Amans (ces destructions de temples prenaient souvent  pour prétexte le fait qu’ils étaient postérieurs aux dates requises par l’Édit)  lorsque l’église de Puylaurens fut interdite et attaquée en la personne de ses  membres qu’on accusa d’avoir reçu dans le temple un nommé Falmons et sa femme  relaps.
  Leur temple rasé, de  nombreux fidèles de Puylaurens viennent entendre, le 16 mars 1685, les  prédications de leur ministre Lansquier à Revel. Des séances de prières, des  prêches rassemblèrent pendant plusieurs jours de nombreux fidèles jusqu’au 21  mars jour où le juge criminel de Castelnaudary vient à Revel, accompagné de  monsieur le procureur du roi et décrète la prise de corps des sieurs Lansquier  et Quinquiry (ce dernier ministre de Revel) qui se rendent prisonniers à la  conciergerie des Hauts Murats à Toulouse.
  Le dimanche 7 octobre,  en présence de l’évêque de Lavaur, abjurent un premier groupe de protestants  suivi d’un autre le 14 octobre et c’est le 15, après l’arrivée de 4 compagnies  du régiment allemand de Koenigsmark (régiment qui s’est illustré non seulement  dans le diocèse de Lavaur mais aussi dans ceux de Nîmes et de Castres) que  devant M. Fresquet, curé, abjurent le reste des « réfractaires ».
  Quelques jours après,  monsieur de Lamoignon, intendant de la province, rendant une ordonnance en  exécution de l’Édit de Révocation, demande la démolition du temple de Revel  dans le courant de novembre.
  Cette ordonnance ayant  été présentée à M. Fresquet, curé, celui-ci utilisa une compagnie du régiment  de Koenigsmark pour faire démolir le temple. Enfin, en janvier 1686, 4 docteurs  de la Sorbonne venus de Paris sur l’ordre du roi, eurent pour mission « d’instruire les nouveaux convertis ».  Ils restèrent à Revel jusqu’au 3 mai, obligeant ces néophytes à faire leur  acte. L’année suivante, c’est à nouveau monseigneur l’évêque de Lavaur qui  vient s’assurer lui-même que tous les convertis font leurs Pâques.  
Modalités de l’abjuration
« …l’an 1685, dans l’église de Revel et devant  Jean Fresquet curé de Revel, les ici nommés ont renoncé à la Religion Prétendue  Réformée qu’ils avaient professée jusqu’alors et ont fait profession de la  Religion apostolique et Romaine dans la forme prescrite par l’Église et ont  promis d’y persister inviolablement toute leur vie et de la faire tenir et  garder par ceux qui sont ou seront en leur charge et généralement ont renoncé à  toutes leurs erreurs, contraire à la religion catholique. Ont signé ou pas ».   
  Voici le texte qui  engageait le huguenot à renoncer à sa religion pour suivre les préceptes d’une  autre qu’il n’a pas choisie librement. Devant le curé et parfois l’évêque, il  engage non seulement sa personne mais tout son entourage ou du moins ses enfants  à rester fidèles à cette promesse. De plus, on lui fait reconnaître que ses  convictions religieuses n’étaient qu’erreurs dont il prend conscience en les  abjurant.
On va même jusqu’à aller dans les maisons particulières faire abjurer des gens très malades ainsi le 22 octobre 1685, dans la maison de noble de Besset, Jeanne de Besset, 50 ans, malade et en son lit et à cause de sa maladie n’ayant pu venir à l’Église a abjuré la R.P.R. « comme n’a pu signer, fait en présence du sieur Alexandre de Pyri et de noble Marquis de Besset Seigneur de la Garrigues ».
De même, dans la maison des héritiers de feu monsieur du Falga, damoiselle Dauphine de Soubiran, d’environ 70 ans et malade en son lit et à cause de sa maladie n’ayant pu venir à l’Église, a promis de vivre et mourir en icelle, en présence de monsieur Marc Boyer, notaire et avocat aux ordinaires et Jean Roques praticien.
Qui a abjuré ?
La Révocation et ses conséquences générales en France
Il ne faut plus qu’il  reste un seul « huguenot »  , c’est ainsi que  Louvois exprime la volonté royale fin 1685. Et c’est vrai qu’après les  dragonnades il ne reste plus beaucoup de protestants, du moins officiellement.
  Mais si la majorité, contrainte et forcée, se  convertit il y eut un mouvement de résistance par une lutte armée sur laquelle  nous ne nous étendrons pas (les Camisards) et une forme de lutte passive face à  un pouvoir qui l’interdit, l’exil.
  Et c’est ainsi que se  pose le problème de savoir si la diaspora protestante a privé le royaume de  France d’un capital financier et d’un savoir artisanal. Si on ne peut répondre  à la première question, en s’appuyant sur les connaissances que l’on a à ce sujet  pour Revel, on peut répondre à la seconde question.
Qui a abjuré à  Revel ?
  Que sont-ils  devenus ?
Lorsqu’on regarde la  liste des nouveaux convertis dressée par le curé Fresquet une évidence  s’impose ; on a l’impression d’être en présence d’une population à  majorité écrasante de femmes et d’enfants.
  Sur 684 personnes citées  on a :
- 337 femmes
  - 209 hommes de plus de  14 ans dont seulement 117 adultes
  - 138 enfants mineurs,  garçons et filles.
Et c’est ici que se pose un problème : pourquoi y a-t-il si peu d’hommes adultes qui abjurent et surtout pourquoi parmi ceux-ci on ne retrouve plus l’image d’une société à majorité artisanale ?
Liste par catégorie ou statut social des hommes qui ont abjuré en octobre 1685 :
- Nobles                            :   5
  - Bourgeois                       : 11
  - Marchands                     : 41
  - Avocats                          :   5
  - Ancien procureur du  roy au Parlement de Toulouse : 1
  - Apothicaires                   :   3
  - Chirurgiens                     :   6
  - Docteur en médecine     :    1
  - Potiers d’étain                 :   2
  - Artisans du textile           :   / 
  - Peigneurs de laine         :    2
  - Tailleurs                         :   7
  - Chaussatier                    :   1
  - Cordier                           :   1
  - Passementier                 :   1
  - Pareurs de drap             : 11
  - Chapeliers                      : 3
  - Artisans du cuir              : / 
  - Cordonniers                   : 3
  - Bastier                            : 1
  - Blanchers                       : 2
  - Artisans de  l’alimentation : /
  - Hostes                            : 2
  - Voiturier                          : 1
  - Forgeron                        : 1
soit :
  - nobles    :    5%
  - notables : 64%
  - artisans  : 30%
On le voit, le « cardeur huguenot » n’est guère  présent sur cette liste. Alors, pour tenter de donner une explication à cette  absence, on peut imaginer que la population huguenote de Revel, usée par toutes  les mesures prises contre elle, avait déjà pris les chemins de l’exil ou de la  conversion avant 1685.
  Et ceci, notamment, est  une hypothèse solide pour tous les artisans, maîtres et ouvriers qui ont eu,  comme on l’a vu, à subir nombre de mesures restrictives vis-à- vis de leur  métier.
  Dans ce cas, on peut  dire que le 18 octobre 1685 n’est pas le commencement des persécutions mais  l’aboutissement logique d’une politique royale persécutrice et sectaire à  l’encontre d’une minorité religieuse.
Conclusion générale
Si cette deuxième partie  est très brève, c’est que nous nous sommes heurtés dans son élaboration à  l’absence quasi totale de source autre que la liste d’abjurations.
  Cependant, on peut  retrouver la trace de quelques exilés revélois qui, au risque d’être envoyés  aux galères, ont décidé de rejoindre les pays du Refuge protestant :  essentiellement l’Angleterre, l’Allemagne, la Suisse et la Hollande. 
On retrouve ainsi la signature d’Isaac Lavernhe, pasteur de l’église réformée de Revel à Rotterdam, en avril 1686. David Martin, né à Revel en 1639, trouvera lui aussi refuge en Hollande. Pasteur et théologien, il gagnera une notoriété dans toute l’Europe protestante grâce à sa révision de la Bible de Genève (1707). Pour Paul Parelongue, c’est Erlangen, ville de Bavière en partie fondée par les huguenots français qui deviendra sa nouvelle patrie. Guillaume Donlhac, lui, s’installe à Berlin et crée une fabrique de chapeaux célèbre jusqu’à la cour impériale de Russie. Quant à Gabrielle Comenge, autre native de Revel, c’est dans le canton suisse de Vaud qu’elle fait résidence et exerce le métier de boulangère.
Mais ces exilés font figure d’exception et il faudra attendre l’Édit de Tolérance de 1787 et la Révolution pour retrouver la notion de liberté de conscience en France.
Conclusion
En commençant cette  étude, nous en avons exprimé l’ambition : faire revivre toute une  communauté au travers des seules sources qu’elle nous a laissées, à savoir  quelques registres de baptêmes, mariages et décès. Or, cette ambition s’est  souvent heurtée aux limites mêmes de ces sources ; au-delà des lacunes et  des absences d’information, s’imposent quelques concIusions. En effet, tel  qu’il nous apparaît dans cette communauté de Revel, le protestantisme nous met  en présence d’une société où culture, religion, vie civique se mêlent et  s’imbriquent, faisant du huguenot non seulement un homme qui a acquis de  nouveaux préceptes religieux mais aussi un homme qui, en ce XVIIème  siècle, modèle de nouveaux rapports et vis-à-vis de la société catholique et  vis-à-vis du pouvoir.
  Ainsi, différent voire  marginal par sa foi, le protestant va essayer d’intégrer et de vivre cette  différence au sein d’une société globale peu disposée à la tolérance.
  Conscient des dangers  qu’entraînent convictions et comportements autres que ceux majoritairement  reconnus, il ne s’enferme pourtant pas dans une sorte « de ghetto religieux ». Il ne se  contente pas d’aller au temple et de chanter les Psaumes, il veut aussi siéger  au consulat pour participer à l’administration de la ville. Il ne se limite pas  à la prise en charge de ses pauvres et malades, il propose aussi de soigner pauvres  et malades catholiques.
  Le protestant affirme  ainsi et sa différence religieuse et son appartenance à part entière à  l’ensemble des sujets du roi de France. Et c’est ici que nous pouvons parler de  rapports nouveaux vis-à-vis du pouvoir. Car être protestant au XVIIème  siècle c’est braver un ordre monarchique. Le huguenot de Revel qui n’abjure  qu’en 1685, malgré toutes les brimades perpétrées à son encontre, est un homme  qui obstinément a refusé l’arbitraire du pouvoir royal. Lorsque cet arbitraire  deviendra violence, ce même huguenot s’avouera vaincu mais seulement « le temps d’une messe ». Et là, nous  semble-t-il, se situe l’erreur du pouvoir et du clergé qui ont voulu anéantir  le protestantisme comme s’il ne s’agissait que d’une pratique hérétique du  Christianisme, comme s’il n’était question que de détruire les manifestations  extérieures d’un culte. Roi et évêques ont cru que sans temple et sans prêche,  sinon les pères, du moins les fils perdraient vite l’habitude de tutoyer Dieu.
  Or, qu’avons-nous vu au  long de cette étude ? Des hommes et des femmes qui vivent non seulement  une foi différente mais qui, à partir de cette foi, élaborent au fil des ans  une culture. Cette culture, cette façon de vivre, ces conceptions nouvelles ancrées  dans la mémoire collective de la communauté seront bien difficiles à déraciner  malgré sermons et catéchèses. Et s’il n’est pas de notre propos de porter un  jugement de valeur sur telle ou telle religion, on peut cependant se féliciter  de cette victoire du spirituel sur la violence et sur l’intolérance d’état.  Lieu commun certes, mais encore une fois l’histoire prouve qu’il est plus  facile de raser un temple que de faire taire une prière.
Sources manuscrites.
Registres de baptêmes, mariages et décès du temple de Revel A.D. de la Haute-Garonne, série 4 E :
4E 1716 : baptêmes 1598 -1621
  4E 1717 : baptêmes 1622 - février 1654
  4E 1718 : baptêmes avril 1654 - 1668
  4E 1719 : mariages 1599 - 1669
  4E 1720 : décès 1598 - 1668
  4E 1721 : mariages - décès -  baptêmes : 1669 - 1672 - 1673
  4E 1722 : mariages - décès -  baptêmes : 1676 - 1683
  4E 1723 : mariages - décès -  baptêmes : 1683 - mars 1685.
Registre de baptêmes,  mariages et décès de l’église paroissiale de Revel A.D. de la Haute-Garonne  série GG 2 E 1529.
  On trouve là les  abjurations protestantes enregistrées pour l’année 1685.
Registres des délibérations consulaires de Revel A.D. de la Haute-Garonne série GG :
GG 2 E 2265 : délibérations 1630 - 1670
  GG 2 E 2266 : délibérations 1670 - 1679.
Sources imprimées
- Aymon (A) : Tous les synodes  nationaux des Églises Réformées de France. 
  La Haye, Charles Delo, 1710, 2 T.
Dictionnaire :
- Cayla (P) : Dictionnaire des  institutions, des coutumes et de la langue en usage dans quelques pays du  Languedoc de 1635 à 1648.
  Montpellier, Paul Deham imprimeur, 1964, 724 p.
Bibliographie
Ouvrages généraux
- La Bible
  - Chaunu (P) : Église, culture  et société, essais sur la Réforme et Contre-Réforme (1517 - 1520).
  Paris  C.D.U.- S.E.D.E.S., 1981 ; 544 p.
  - Delumeau (J) : Naissance et  affirmation de la Réforme. Paris, nouvelle Clio, 1973, 415 p.
  - Gide (A) : Si le grain ne  meurt. Paris, coll. Folio, 1955.
  - Léonard (E.G.) : Histoire  générale du Protestantisme.
  Paris, P.U.F., 1961 3 tomes.
  - Livet (G) : Guerres de  religion.
  Paris, Que sais-je n°1016, 1962 ; 123 p.
  - Miquel (P) : Les guerres de  religion.
  Paris,  Fayard, 1980, 595 p.
  - Wolff (P) : (sous la direction  de) : Histoire des protestants en France. Toulouse, Privat, 1977,  491 p.
Ouvrages sur le Languedoc
- Dom Devic et dom Vaïssette : Histoire  générale du Languedoc. Toulouse, Privat, 1875, T. XIV.
  - Armengau (A) et Laffont (R)   (sous la direction de) :
  Histoire d’Occitanie. Paris, Hachette  littérature, article d’Estèbe (J) pp. 412-475.
  - Gachon (P) : Quelques préliminaires  à la révocation de l’Édit de Nantes en Languedoc. Toulouse, Privat, 1899,  202 p.
  - Le Roy Ladurie (E) : Paysans  du Languedoc. Paris, SEVDPEN, 1966-1020 p. 2 tomes.
  - Wolff (P)  (sous la direction  de) : Histoire du Languedoc, Toulouse, Privat, 1967, 540 p.
Lauragais et villes du Lauragais
- Doumerc (Q) : Histoire de  Revel en Lauragais. Albi, Presse de l’O.S.J. 1976, 205 p.
  - Falguerolles (G.E de) : Paroissiens  de l’Église Réformée de Puylaurens (1969 - 1973). R.B.S.H.P.F. - avril -  mai - juin 1966 pp.121 - 140.
  - Frêche (G) : Population de  deux villes du Haut-Languedoc (Revel et Puylaurens). Bulletin de la société  des sciences, arts et belles lettres n°28, 1969, pp.203 - 223.
  - Rabaud (C) : Protestantisme  dans l’Albigeois et le Lauragais de son origine à 1685. Paris, Fischbacher  Éditeur 1873/5 - 638 p.
  - Rabaud (C) : Protestantisme  dans l’Albigeois et le Lauragais depuis la révocation de l’Édit de Nantes  jusqu’à nos jours. Paris, Fischbacher, 1898, 642 p.
Société et institutions au XVIIème siècle
- Deyon (P) : Amiens capitale  provinciale, étude sur la société urbaine au XVIIème siècle. Paris,  La Haye, Mouton, 1967, 606 p.
  - Goubert (P) : L’Ancien Régime  - tome I : la société. Paris, Colin, collection U, 231 p.
  - Goubert (P) : Cent mille  provinciaux au XVIIème siècle Beauvois et le Beauvoisis de 1630 -  1730. Paris, Flammarion.
  - Richet (D) : La France  moderne, l’esprit des institutions. Paris, Flammarion, 1973, 189 p.
Mentalités
- Bels (P) : Le mariage des  protestants français. Paris, Librairie générale de droit et jurisprudence,  1968, 264 p.
  - Boisset (J) : La Réforme et  l’éducation. Toulouse, Privat 1974, 190 p.
  - Chartier (R) : Compère (M.M) Julia (D) : L’éducation en France du XVIème  au XVIIème siècles. S.E.D.E.S. - C.D.U. Paris, 1976, 302  p.
  - Garrisson-Estèbe (J) : L’homme  protestant. Paris « le temps des  hommes » Hachette 1980, 255 p.
  - Lebrun (F) : La vie conjugale  sous l’Ancien Régime. Colin, Paris, 1975, 173 p.
  - Mandrou (R) : Histoire de la  pensée européenne - t.3 : des humanistes aux hommes de science XVIème  - XVIIème siècles Paris, Seuil, coll ; Points 1973, 245 p.
  - Richard (M) : Vie quotidienne  des protestants sous l’Ancien Régime. Paris, Hachette, 1966, 319 p.
Table des matières
- Les sources 
  - 1598 - 1685 : quelques dates importantes
  - Revel et la Réforme.
1° partie - La communauté protestante de Revel
I : Composition sociale
Chapitre 1 : Les couches supérieures de la société
- La noblesse
  - Les notables
  - Les bourgeois
  Officiers
  Hommes  de loi
  Chirurgiens et apothicaires
  - Les marchands.
Chapitre 2 : Les couches populaires
- Les artisans :
  artisans du textile
  artisans du cuir
  artisans de la métallurgie et autres
  - Les brassiers 
  - Les servantes.
Conclusion : La société protestante, image en réduction de la Société globale du XVIIème siècle.
II : Le fonctionnement de la communauté
Chapitre 3 : Cadres civiques et religieux
- Les protestants dans la cité : états,  consulats et Réformés
  - Originalité du consulat de Revel
  - Composition sociale du consulat protestant de  Revel
  - Suppression du dernier droit civique
  - L’école et l’hôpital : 
  école 
  hôpital
  - Les protestants dans l’église : le  pasteur - consistoire et anciens.
Chapitre 4 : Comportements religieux et culturels
- Le baptême : Conception protestante du  sacrement de baptême
  - Disparition de la notion des limbes, parrains  et marraines
  - Les prénoms
  - Le mariage : modalités
  - Homogamie socio-professionnelle ?
  - La culture : protestantisme et culture  biblique
  - La signature, une culture élémentaire
  - Ceux qui savent signer
  - Ceux qui ne savent pas signer
  - Le cas des femmes.
2ème partie - La communauté protestante de Revel au moment de la Révocation
Chapitre 5 : Révocation et communauté  protestante 
  de Revel en 1685
- La Révocation ; situation des réformés  en 1680
  - Instauration de la violence et de  l’abjuration forcée à Revel
  - Modalités de l’abjuration
  - Qui a abjuré ?
  - La Révocation et ses conséquences générales  en France
  - Qui a abjuré à Revel ?
  - Liste par catégorie sociale de ceux qui ont  abjuré.
- Conclusion
  - Conclusion générale
  - Sources et bibliographie
  - Table des matières. 
Nelly Abruzzo - octobre 1982.
