Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol PARU DANS LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE NUMERO 14 - 2009 - |
UN EVEQUE REVELOIS INCONNU : ELIE ANTOINE DURAND (1888-1939)
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HOMMAGE A MONSEIGNEUR ÉLIE-ANTOINE DURAND, ÉVÊQUE DE MONTAUBAN
A l’occasion du 90ème anniversaire de la fin de la guerre 1914-1918, la Société d’Histoire de Revel-Saint-Ferréol, soucieuse de mettre en pratique son devoir de mémoire tient à rendre hommage à un courageux et valeureux soldat natif de Couffinal.
Ce fidèle serviteur de l’Église et de la Patrie devint curé de Lempaut (Tarn), puis évêque fut élu évêque de Montauban le 29 mai 1935 et décéda en 1939.. Tous les témoignages s’accordent à dire qu’il était très aimé de ses ouailles.
Couffinal et l’ensemble de la Communauté de Revel ne peuvent qu’être fiers de compter parmi leurs compatriotes et anciens combattants, une personnalité aussi éminente !
Naissance en 1888, 90ème anniversaire de la guerre de 1914-1918, notre cahier d’histoire édition 2008-2009 devait bien réserver quelques pages en l’honneur de Monseigneur Élie-Antoine Durand, enfant de Couffinal
B. Velay
Discours de MGR. BRUNO DE SOLAGES aux obsèques de son excellence Monseigneur DURAND : « Il a fait ce qui est bon – droit – vrai – devant le seigneur son Dieu » Messeigneurs, mes Frères,En voyant votre évêque s’en aller à Dieu sitôt, et, peut-on dire, si jeune, une conversation avec lui m’est remontée en mémoire ; cela se passait au séminaire de St. Sulpice ; comme je lui parlais des tâches écrasantes qu’IL assumait avec tant de facilité – Avec un scepticisme voilé de mélancolie « la guerre m’a usé, mon ami !... ». Cependant j’insistai pour lui faire remarquer comme aisément il ajoutait à ses cours de professeur, sermons, discours… « Je tiendrai bien encore une dizaine d’années… ». Sur le moment, je n’y croyais pas … depuis, j’ai compris que c’était un pressentiment.
Puisque Dieu ne vous l’a pas laissé longtemps, je veux vous laisser en exemple les leçons qu’il nous a données ; je le ferai simplement, brièvement, car si je ne faisais pas ainsi, et s’il pouvait parler, il me dirait « Ah çà ! vous n’avez pas bientôt fini ? »
C’est une lourde charge que celle d’Évêque d’un diocèse ; vous le savez, Messeigneurs, vous ne le savez pas aussi bien, mes Frères !
L’Évêque est un docteur, il est chargé de maintenir la vérité, de la prouver à tout instant dans notre vie moderne, en perpétuelle évolution.
L’Évêque est un Chef, il doit le montrer avec délicatesse et doigté.
L’Évêque est un Père, c’est auprès de lui que fidèles, prêtres, dirigeants d’Action <catholique doivent trouver leur consigne et le réconfort dont ils ont besoin dans leur difficile tâche.
On peut dire qu’à cette triple charge la Providence l’avait préparé.
Mgr Durand parmi ses camarades anciens combattants
L’Abbé Elie DURAND après de bonnes études au petit Séminaire fut remarqué par Mgr. MIGNOL au Grand Séminaire, il fut envoyé alors à l’Institut catholique et à l’Université, où il conquit ses grades avec facilité. Son premier ministère fût le professorat, là ce fut son premier contact avec des âmes de jeunes gens. Ensuite, il est curé à Lampo ( ?), puis Lisle d’Albi. Ainsi, il fait dans ces divers ministères une double expérience des âmes. Entre temps, la Grande Guerre lui avait donné l’occasion tragique d’entrer en étroit contact avec ses frères d’armes, contact dont les Anciens Combattants ne sont pas peu fiers !
Cette expérience de la vie prend des sens divers ; par elle, les âmes vulgaires deviennent rusées, opportunistes….
Lui, y développa la droiture, la bonté, la vérité.
Vérité ! Combien de fois et avec quel labeur IL en a enseigné la doctrine !
Intelligence claire, nette, simplificatrice, allant droit à l’essentiel sans se soucier du reste…
Le mal qui le minait depuis longtemps déjà avait rendu son éloquence plus brève …
Vous l’avez entendu dans les congrès résumer les débats, les ponctuer avec autorité, toujours dans le sens de la vérité.
Ame droite ! Cette qualité essentielle de l’Église, si rare, si imparfaite dans les milieux chrétiens ; ami fidèle ; Chef qui ne vous lâchait pas après vous avoir approuvé : oui – oui – non – non - …
Chez lui on trouvait une apparente brusquerie, sous laquelle se voilait avec un caractère taciturne une exquise bonté ! Mes chers collègues Prêtres, sous cet abord abrupt vous avez su découvrir sa bonté !
Alors, pourquoi Dieu a-t-il permis cette maladie qui a paralysé, perdu ces qualités si bienfaisantes ?
Extrait de l’article du « PELERIN » du 19 novembre 1939
C’est que dans le Christ, il y a aussi le Sacrifice.
Je me souviens encore de son premier sermon, alors que j’étais élève au petit Séminaire, en voici les points :
Le prêtre est grand par ses pouvoirs
Le prêtre est grand par ses souffrances !
Je n’ai jamais connu personne qui ait pu en donner le sens hors le Christ !
Il nous reste à prier pour Lui ! Entendez Seigneur, votre miséricorde sur Celui qui s’est efforcé d’être bon et droit !
A la clinique où voilà deux mois je Lui faisais une douloureuse visite, alors que péniblement déjà, IL rassemblait ses idées…
On priera pour vous, lui-dis-je en Lui disant adieu – Vous ferez bien, j’en ai bien besoin – me répondit-il !
Puisque, mes frères, la meilleure manière de prier est de vivre pleinement la vie chrétienne : efforçons-nous d’être le plus possible bons et droits.
Amen
Recto et verso d’une carte souvenir éditée lors des obsèques de Monseigneur Durand