Société d'Histoire de Revel Saint-Ferréol                          -                                 CAHIER D'HISTOIRE DE REVEL N° 21     pages 36-45

 

Hommages tarnais au comte de Las Cases

 

Par Christiane et Bernard Vialelle

 

RETOUR LES PERSONALITES - LAS CASES

 

 

RETOUR CAHIER D'HISTOIRE N°21

 

Au cours de cette année 2016, on fête le 250ème anniversaire de la naissance d’Emmanuel de Las Cases à Blan (Tarn) et, par la même occasion, le bicentenaire de son année de présence à Sainte-Hélène où, âgé de 50 ans et accompagné de son fils Emmanuel-Pons, 15 ans, il avait suivi Napoléon Bonaparte dans son exil. Suite à ce séjour aux côtés de l’Empereur déchu, il publiera en 1823,  « Le Mémorial de Sainte-Hélène » qui l’a rendu célèbre. Depuis 2014, différentes manifestations organisées par trois associations locales, en mémoire du Comte de Las Cases, tant à Blan qu’à Sorèze puis à Lavaur, ont rassemblé ses fidèles amis.

Inauguration d’un nouveau panneau didactique,
en 2014, à Blan

M. Francis Carrade, maire de Lescout de 1985 à 2004, président de la délégation du Tarn des Vieilles Maisons Françaises et président-fondateur de l’ «Association Emmanuel de Las Cases Mémorialiste de Sainte-Hélène» a grandement contribué à faire connaître Emmanuel de Las Cases et à maintenir vivante sa mémoire. Près de la stèle jouxtant sa maison natale, le panneau explicatif installé en 1995 était devenu illisible.  Pour obtenir son remplacement M. Carrade avait contacté le maire de Blan.        
La Société d’Histoire de Revel Saint-Ferréol présidée par Jean-Paul Calvet (qui en a réalisé le graphisme et l’infographie) et la Communauté de Communes Lauragais-Revel-Sorézois ont œuvré à la mise en place d’un nouveau panneau double-face, illustré et bilingue. Le 22 juin, il a été inauguré en présence d’Alain Chatillon, sénateur, maire de Revel et président de la Communauté de Communes qui avait réalisé ce panneau, et du maire de Blan, Jean-Claude de Bortoli, qui en a fourni le support. Une conférence de Jean-Pierre Gaubert, ancien journaliste de La Dépêche du Midi, auteur en 2004 de « Las Cases l’abeille de Napoléon » avait précédé l’inauguration, rassemblant plus de 80 auditeurs.           
(Cahiers de l’Histoire de Revel N° 19 – Février 2014)

Les manifestations tarnaises en hommage
à Las Cases en 2015

Pour honorer l’enfant du pays tarnais, trois manifestations ont été organisées : tout d’abord, le 8 mars à Sorèze, la Société d’Histoire de Revel Saint-Ferréol, la Société Archéologique de Lavaur présidée par  Michel Roudet et la Société des Sciences, Arts et Belles Lettres du Tarn que dirige Bertrand de Viviès avaient programmé une conférence. Puis, le 11 octobre, à Blan, cette dernière société a rendu hommage à Emmanuel de Las Cases, au pied de l’obélisque, installé 20 ans plus tôt, à proximité du lieu de sa naissance.  Enfin, dix jours plus tard, à l’occasion du 150ème anniversaire de l’inauguration de la statue  du Comte de Las Cases, érigée à Lavaur en 1865, les trois associations qui avaient œuvré à Sorèze ont proposé un colloque qui a rassemblé  des auditeurs autour de trois conférenciers, le 21 octobre,  dans la Halle aux grains de Lavaur.

La conférence de Sorèze du 8 mars 2015

Plus de 120 personnes étaient venues écouter,  dans  le réfectoire des Pères de l’abbaye de Sorèze, le récit  de Pierre-Émile  Renard, président d’une association d’histoire de Chambourcy (Yvelines)  qui, en février 2014, avait visité l’île de Sainte-Hélène où il avait mis ses pas  dans ceux du compagnon de Napoléon Ier. Dans sa conférence intitulée « Sainte-Hélène, sur les traces de Las Cases », il a mis en évidence quelques similitudes entre la vie de Napoléon Bonaparte et celle d’Emmanuel de Las Cases qui ont été élèves de l’École royale militaire de Paris, à trois ans d’intervalle. Il a ensuite développé les rapports de celui-ci avec son amie angevine, Claire Galais, plus connue sous le nom de Lady Clavering. À Londres, pendant l’émigration, puis en France après 1802, elle a joué un rôle déterminant dans sa vie. Toujours en relation avec lui,  lors de l’exil de Napoléon, c’est leur correspondance qui sera la cause du renvoi des Las Cases de Sainte-Hélène. Des photos des endroits de l’île fréquentés par les Las Cases père et fils, lors de leur séjour d’octobre 1815 à décembre 1816 auprès du souverain exilé,  ont illustré les propos du conférencier.
Faisant suite à cet événement, M. Renard a présenté, le 9 mai,  à Chalonnes-sur-Loire (Maine-et-Loire) une conférence intitulée « Sainte-Hélène, les Las Cases et une lady angevine ». Cette ville, proche d’Angers où est née Claire Galais, le 4 novembre 1770,  a été choisie pour cette manifestation car de 1840 à 1870, les deux fils du Mémorialiste, Emmanuel-Pons et Barthélémy, y ont administré et dirigé des mines de houille. La chapelle Sainte-Barbe-des-Mines a été érigée à Chalonnes en 1860, pour honorer la mémoire d’Emmanuel-Pons, décédé en 1854.

La conférence de Sorèze. Lconférencier, M.Pierre Émile Renard, présenté par MM. Bernard Velay et Jean Pierre Gaubert.

Poursuivant son tour de France des Las Cases, le 19 mars 2016, M. Renard proposera une conférence dans la commune de St-Méen (Finistère) où, en août 1799, Emmanuel de Las Cases et Henriette de Kergariou ont été mariés par un prêtre réfractaire.     Le maire de cette commune, M. Croguennec, qui a sollicité cette conférence, habite le manoir de Coz-Castel où eut lieu ce mariage puis la naissance d’Emmanuel-Pons, le 8 juin 1800, alors que son père était émigré en Angleterre.

                La sortie de la Société des Sciences Arts et Belles-Lettres du Tarn (S.S.A.B.L.T.) du 11 octobre à Blan

M. Bertrand de Viviès, président de la S.S.A.B.L.T. avait organisé, en 2015, la sortie annuelle de sa société dans le Lauragais. Le matin, les participants ont fait une halte, dans la commune de Blan, sur la route de Castres à Revel, au domaine de Las Cases près duquel se situe le monument élevé à sa mémoire.
M. Francis Carrade, ancien président de « l’Association Emmanuel de Las Cases Mémorialiste de Sainte-Hélène » y a prononcé un discours   (extraits) :

« Il y a tout juste 20 ans, nous inaugurions ce monument, en septembre 1995, pour honorer Las Cases. Ce même jour, nous organisions à Revel,un colloque « E.A.D. de Las Cases et son temps » et une exposition sur ce compagnon de Napoléon.      
Les années précédentes, je passais alors bien souvent devant sa maison natale, habitant à quelques kilomètres, et je regrettais qu’aucune plaque ne signale ce personnage. Faisant une visite aux propriétaires, M et Mme Lacombe, pour réparer cet oubli, ceux-ci me proposèrent de nous donner généreusement un terrain en bout de leur propriété afin d’y établir une stèle qui allait se transformer en obélisque de granit. Ils ont beaucoup collaboré à la réalisation   du monument. Ce terrain bien placé dans un carrefour, face à la Montagne Noire, est tourné vers Revel que commandait François-Hyacinthe de Las Cases, le père d’Emmanuel. À cette époque, succédant à Raymond Abrial, j’étais   responsable de la délégation du Tarn des Vieilles Maisons Françaises qui a financé un quart du projet et nous avons patronné une association « E.A.D. de Las Cases le Mémorialiste de l’Empereur ». Nous lancions un appel de fonds : la Région Midi-Pyrénées, la Mairie de Blan (M. Louis Latger), le Conseil général, les Laboratoires Pierre Fabre, la B.P.T.A. (Banque Populaire du Tarn et de l’Aveyron), le Souvenir Napoléonien et tous les souscripteurs de notre association ont répondu à notre appel… L’inauguration du monument par Madame de Las Cases, sœur du Président Giscard d’Estaing, avec toutes les autorités, musique et grande pompe, avait été précédée d’un colloque, placé sous le haut patronage de Jean Tulard, dont les actes ont été publiés dans la Revue du Tarn (N° 160 de l’hiver 1995) et suivie d’une exposition à Sorèze, de mai à septembre 1996, organisée par Yves Blaquière et intitulée : « Ce temps que Las Cases chanta ». Puis, comme prévu, nous avons donné le terrain et le monument à la mairie de Blan qui l’entretient tandis que la Société d’Histoire de Revel conserve le souvenir du Mémorialiste… M. et Mme Malinge qui exploitent la propriété sont heureux et fiers de la proximité du monument qui valorise le site. » 

  Francis Carrade, ancien président de  l’Association « Emmanuel de Las Cases Mémorialiste de Sainte-Hélène »

  Sortie S.S.A.B.L.T. le 11 octobre 2015 à Blan.           
  M. Francis Carrade rend hommage à E. de Las Cases

Inauguration du monument, le 30 septembre 1995

À gauche, Mme Sylvie de Las Cases, veuve du Comte Emmanuel et   M. Louis Napoléon Bonaparte-Wyse descendant de Lucien Bonaparte et d’Emmanuel de Las Cases
À droite, M. Jacques de Guigné, descendant du Mémorialiste et son épouse.

          Évocation de Las Cases par Bernard Blancotte, écrivain, poète et chantre de la Montagne Noire.
Lors de l’inauguration du monument, le 30 septembre 1995, Bernard Blancotte a déclamé un poème de sa composition intitulé : « À l’écoute d’Emmanuel de Las Cases ». À lire en pages suivantes.
Texte inédit transmis par Francis Carrade.

     Bernard Blancotte (1926/2003)

   Un obélisque en granit du Sidobre

Pour la réalisation du monument de 4 m de haut, des entrepreneurs et artistes tarnais ont été mis à contribution : M. Veyret-Daure, architecte bénévole d’Albi a conçu les plans de l’obélisque de 2 tonnes qui a été taillé, poli et sculpté dans un bloc de granit du Sidobre par M. Dourel dans son entreprise de  Cambounet-sur-le-Sor. Il a été livré sur son socle et posé par un maçon de Blan, M. Gleizes, après que l’entreprise Montsarrat en ait fait les soubassements.
C’est au sculpteur Jean Chabbert de Castres que l’on doit le médaillon, en bronze, fixé sur l’obélisque. Il a agrandi 4 fois la médaille de 9 cm, représentant le profil de Las Cases. L’original de cette œuvre, créée par David d’Angers en 1830, est au musée des Beaux-Arts de cette ville.
La fonderie de bronze lauragaise, Ramond, de Blan, fondée en 1986, l’a coulée et a réalisé une dizaine de reproductions qui ont été données aux principaux financeurs du projet. Un réceptacle, scellé dans la plaque qui supporte le monument, contient une urne où sont mêlées trois terres chères à Emmanuel de Las Cases : la terre de Corse, la terre de Blan et celle de Sainte-Hélène qui a été fournie par Gilbert Martineau alors conservateur des Domaines français de Sainte-Hélène. Curieusement, il est décédé le 23 août à La Rochelle, un peu plus d’un mois avant l’inauguration de la stèle. Les textes qui figurent sur l’obélisque et au pied du socle ont été gravés par M. Fleury. Le coût du monument s’est élevé à environ 60 000 F de l’époque (9 000 euros).
Récemment, la mairie de Blan a installé deux panonceaux indiquant la stèle et la route de Las Cases qui relie le lieu du monument à Dourgne. Une pancarte routière est espérée pour signaler l’obélisque aux automobilistes. La Communauté de communes a mis en place, à proximité de la mairie, un panneau double-face illustré représentant entre autres le plan de la commune et la situation de la maison natale de Las Cases. Ce panneau sera utile aux personnes qui n’arrivent pas à trouver le domaine de Las Cases sur la route de Castres à Revel car il très éloigné du centre du village. Suite à des demandes de renseignements sur Las Cases, faites à la mairie, M. de Bortoli élabore un dépliant pour y répondre.

Le « médaillon » sur le monument Œuvre de Jean Chabbert.

 

Le panneau didactique et l’obélisque TERRES MÊLÉES
des Îles de CORSE et de SAINTE-HÉLÈNE
et du Domaine de LAS CASES

 

A l’initiative des VIEILLES MAISONS FRANCAISES
ce monument a été érigé en 1995 en souvenir d’
EMMANUEL AUGUSTE DIEUDONNE de LAS CASES
célèbre Mémorialiste de l’Empereur NAPOLEON Ier
né sur cette terre le 21 JUIN 1766
qui le suivit dans son exil à SAINTE-HELENE.

 

 

« VOUS SEREZ LE SULLY DE SAINTE-HELENE, ON NE POURRA JAMAIS S’ARRETER SUR NOS GRANDS EVENEMENTS,
ECRIRE SUR MA PERSONNE, SANS AVOIR RECOURS A
VOS MEMOIRES »
NAPOLEON  -  21 SEPTEMBRE 1815 
(sur le Northumberland)

Fait par Claude Dourel à CAMBOUNET-SUR-LE-SOR   

GRAVE par GRANITART à CASTRES

 

 

 

 

 

 

Le colloque de Lavaur du 21 octobre 2015

Décidé à l’occasion du 150ème anniversaire de l’inauguration de la statue du Comte de Las Cases, le 8 octobre 1865, le colloque a réuni à la Halle aux grains de Lavaur une cinquantaine de participants, membres de sociétés culturelles tarnaises et amateurs d’histoire. Il était organisé par les trois sociétés qui avaient programmé la conférence de Sorèze, sept mois auparavant.

  Le colloque de Lavaur du 21 octobre. M. Ruffié, M. Renard, M. Roudet, M. Gaubert et M. Quénécant

Jean-Pierre Gaubert, écrivain et poète, intervint d’abord avec l’intitulé « Emmanuel de Las Cases, enfant du Tarn » en illustrant son propos par un diaporama de   M. Yves Quénécant. 
Pierre-Émile Renard sur le thème de « Sainte-Hélène, sur les pas de Las Cases » entraîna l’auditoire à sa suite en présentant des photos inédites de l’île, prises en février 2014, sur les lieux d’exil de l’Empereur en compagnie du dernier carré de ses fidèles. 

Paul Ruffié, conservateur en chef du patrimoine de Lavaur, conclut avec le titre « La statue de Las Cases à Lavaur » et traita de la genèse de la statue et de son installation sur le jardin, alors impérial, voilà tout juste 150 ans. Sa démonstration illustrée de photos originales, tirées entre autres des Archives municipales, montra les diverses étapes de la fabrication de l’œuvre due à Jean Bonnassieux et évoqua les cérémonies de 1865 ; cela en présence d’une descendante, Geneviève Bonnassieux, ancien proviseur du lycée Las Cases de Lavaur.

  La statue d’Emmanuel de Las Cases, œuvre de Jean Bonnassieux

 

Lors de la pause de la matinée, les participants purent consulter les panneaux didactiques du cercle philatélique vauréen animé par Philippe Pieters. Ces panneaux, réalisés par un ancien élève du lycée Las Cases, Axel Los Certalès, illustrent la vie d’Emmanuel de Las Cases pour lequel il n’existe encore aucun timbre.
Des ouvrages étaient en vente, dont des recueils d’archives tirés de fonds privés, des Archives départementales du Tarn  et de la Société archéologique, réalisés grâce au travail de recherche assidu de M. et Mme Vialelle, amis de descendants   du Mémorialiste. 
L’après-midi, une cérémonie officielle prit place au grand jardin. Les arbres avaient été élagués, afin de conserver au site l’impression des vastes espaces de l’île de Sainte-Hélène, dont le piédestal de la statue,  réalisé par Joseph Uchard, évoque le rocher.  Et c’est au pied de la statue devenue plus familière, et dont Paul Ruffié commenta les détails, que M. Bernard Ghestin, président du comité régional du Souvenir Napoléonien, après quelques mots, déposa une gerbe en hommage au Mémorialiste de l’Empereur. 

M. Ghestin dépose une gerbe au pied du monument,
au nom du Souvenir Napoléonien
À l’arrière-plan, Mme Lacombe, propriétaire de la maison natale d’Emmanuel de Las Cases.
Bas-relief du piédestal : L’enlèvement du Comte de Las Cases, de Longwood, par Hudson Lowe,
le 25 novembre 1816

À L’ECOUTE D’EMMANUEL DE LAS CASES 

Si longtemps attendu, si longtemps, oui, si longtemps attendu, ce jour où l’on m’adresserait un signe pour me tirer de l’oubli !    
Si longtemps attendu, croyant à jamais avoir disparu de toute mémoire, oui,  à jamais enseveli !                                                                                   
Quel mot terrible, oubli, terrible d’être effacé du souvenir, terrible de ne plus être que quelques lignes dans les livres !                
Il a fallu que vous veniez pour qu’en ce coin de terre où se fixa mon premier regard,                                                                                                             
Que vous veniez, pour qu’à nouveau,  je ne sois plus étranger, mais bien dans mon chez moi rétabli…                                                  
Il a fallu que vous veniez pour me donner l’illusion de survivre !

Ô ne craignez rien de la voix qui vous parle, de la voix de votre Las Cases, de la voix d’un fils du pays,                                                                          
Fils invisible mais présent sur ce mamelon où je suis                                                                                                                                                                             
Invisible mais présent dans les arbres du petit parc, présent face à cette Montagne Noire aimée d’amour,                                               
Invisible mais présent sur cette terre de labours !

Vous qui me tirez des ombres où j’ai appris que l’homme n’est plus rien de tout ce qu’il croyait être…                                                                     
Vous qui me prolongez dans le souvenir, sur la terre de mes ancêtres,                                                                                                       
Si vous saviez, vous tous, de quelle joie vous me comblez par-delà le temps en me tirant du non-être !

Merci de me recevoir,
Merci à vous Sénhers d’autoritat, Sénhers mius, Gentas donas, Demasélas polidas, Doncèls aimables, merci de me recevoir,
Merci de me célébrer en élevant cet obélisque de granit dans les accents du terroir !

Ô si vous saviez combien, par-delà le temps, même pour une ombre,
Si vous saviez combien il est bon de ne point disparaître à jamais, 
De sentir que malgré un siècle et plus, on veuille encore vous connaître.

Voici cent cinquante-trois ans qu’on me dit mort, cent cinquante-trois ans ! Même où je me tiens, compter est dérisoire         
Tant pour l’humble que pour celui qui connut fortune et gloire !                                                                                                                                                               
Le voici donc près de vous, celui qui fut dans le manoir des Crozes,
Jouant par journées entières, au temps des roses,
Près de vous, le voici celui qui se remit, près d’une mauvaise fièvre, au château de Padiès                                                                                       
Et, en compagnie de jeunes nobles, apprit les finesses de la conversation et bonnes manières à Sorèze,
Puis, se trouvant en Vendômois chez les Oratoriens, pour moult disciplines du corps et de l’esprit, se passionnant pour la Genèse
Mais regrettant souventes fois, de son pays, le grand toit paternel                                                        
De la maison de maître, près de Revel. 

Vrai, vrai que celui-là était pétri de glaise,                                                                                                                
De la glaise de cette belle terre d’Oc,                                                                                                                                                                               
De cette terre qui brille comme un soc !                                                                                                                                                                                              
Vrai, que vous comblez d’aise
L’ombre dont il ne reste, dans un caveau de Passy, que poussière, de la cendre et du rien,                                              
Plus rien du combattant napoléonien !                                                                                                
Mais vrai, que cette ombre, malgré tout présente par Vous, réconfortée désormais par Vous,  
Est présente, oui, plus que jamais !

À Vous, merci de la recevoir cette ombre,                                                                                                                                                                                                
À Vous, merci de la célébrer en ce lieu où je naquis,                                                                                                                                                                        
À Vous, merci d’avoir élevé ici cet obélisque de granit !                                                                                                                                 
Merci à Vous de me rappeler au passant,                                                                                                                                                                                                    
Et j’ose vous le dire, mon ombre ici palpite dans le bruissement                                                                                                                 
Des feuilles, dans le moindre frémissement des herbes dans le vent !                                                                                                        
Ne craignez rien de la voix qui s’exprime dans le plus léger chuchotement de la nature ;                                   
Elle est bien l’émanation de celui qui, en l’église de Bellesserre, baptisé par l’eau et par le sel                                                                     
Fut prénommé Marie-Joseph-Auguste-Dieudonné-Emmanuel                                                                                                                                            
Puisqu’en ce jour, je vis dans vos pensées, dans votre volonté et dans les gestes de ceux qui ont élevé cette pierre,                  
Puisqu’ainsi vous rappelez mes mérites et la noblesse de mon cœur,                                                                                                            
Je ne suis plus l’ombre qui erre,       
Je ne suis plus dans l’exil des profondeurs !

À Vous, je le veux dire par la voix du vent, par le pépiement de l’oiseau et le frottement léger des branches,                                  
Ma peine fut grande de n’avoir jamais eu sur ma maison natale les mots du souvenir…                                                                                         
À vous, je le puis dire aussi,                                                                                                                                                                                                    
Plutôt que les ornements de mon tombeau qui voisine au cimetière de Passy                                                                                  
Avec ceux d’hommes grands,                                                                                                                                                                                                                        
Non loin de Talleyrand,                                                                                                                                                                                                          
Oui, je veux vous dire combien je préfère, moi, cette pierre élevée sur la terre qui fut mienne,                                                                    
Terre riche de sources et de fontaines !

Ô certes comme beaucoup, mon nom est écrit                                                                                                                                                                                 
Dans bon nombre d’ouvrages que la vanité de l’esprit veut rendre immortels !                                                                                                                   
Mais j’eusse été à plaindre si mon nom n’avait pas été écrit dans le livre de la vie, 
À plaindre si, envers moi, amis, n’aviez point été fraternels !  
Oui, puisse que cet obélisque, que votre pieux dévouement a élevé,
Soit la marque de mon passage sur terre plutôt que les ornements de mes funérailles !           

J’étais arrivé à la gloire par mille actions sur les champs de bataille, par l’épée                                                                                            
Et aussi par la plume, il y a si longtemps ! Par Vous, de l’oubli je vais sortir ;                                                                                                                              
Que grâce vous soit rendue puisque vivant dans vos mémoires ;                                                                                                                                                           
Que grâce vous soit rendue de m’accueillir
Et grand merci pour réparation d’un oubli de l’Histoire !

Heureux, heureux je suis de me tenir en terre lauragaise 
D’où je partis un jour, non point pour être à l’aise,
Mais soutenir le Roi contre Révolution  
 En jeune lieutenant de l’ultime royale promotion !

Si vous n’avez pas le pouvoir de discerner ma présence,  
Moi,  je vous vois, même si je ne suis qu’une ombre parmi d’autres ombres ; 
Là où je me tiens, nul ne parle de ce qu’il fut, qu’il ait été grand seigneur ou manant…                                                                                                                 
En ce jour, j’ai traversé les miroirs par lesquels les défunts peuvent s’approcher des vivants…                                                                                               
En ce jour, même si une ombre ne peut ressentir joie ou détresse,
Plus près de vous, je me revois en comte de Las Cases                                                                                                                                                                           
Celui qui, ayant la bonne fortune d’être distingué des autres, se trouva sur la destinée de Louis, le seizième du nom,                   
À sa cour, lui donnant protection… Je le revois ce comte de Las Cases, celui qui, sans trahir la mémoire du Bourbon, 
Trouva par la suite en un seul homme toutes les vertus du vaillant                                                                                                  
Capitaine, énergie, force d’âme qui font les héros au fil du temps…

Autant je servis le Roi avec ardeur,
Autant fut grande mon admiration pour le Premier Consul,
Et de ma part, point de calculs ! 
Autant j’essayai,  mais en vain,  de sauver le Bourbon,
Autant je fus attaché à Napoléon,                                                                                                                                                                   
Voyant en lui, qui me fit chambellan, le restaurateur de l’ordre et de la grandeur de la France                                                     
Comme ce fut le cas des rois de l’ancienne France !
C’est vrai que,  par d’invisibles ressorts,  je dus à la Providence d’avoir servi Monarchie et Empire…                                                                    
Mais qui oserait me contredire  
Si j’affirme que ma seule passion fut de servir, fut de me rendre non pas indispensable mais utile ?
C’est ainsi qu’il faut voir ce Las Cases, le marin de Brest, celui de Gibraltar et celui des Antilles,                                                            
Le chambellan, le volontaire d’Anvers,

Et celui qui eut mission de saisir les vaisseaux hollandais,
Et celui qui écrivit un Atlas historique,  
Et celui qui prit en charge les œuvres de bienfaisance de l’Empereur,
Et celui commandant une légion de la Garde pour faire fuir l’envahisseur !                                                                                                                                      
C’est ainsi qu’il faut me voir, agissant non par goût du prestige mais pour l’honneur ;                                                                                                               
Oui, me rendre utile, par l’esprit et par le cœur, 
Utile encore, au loin dans une île !

S’il n’y a rien que l’homme puisse moins soutenir que l’examen de son cœur,
Le Las Cases que je fus prit toujours défense des autels de Dieu, de l’autorité du prince et de la sûreté de la patrie.
J’affirme avec force que ce n’est point par orgueil que je parle de ce Las Cases !  
L’opinion toujours avantageuse de soi, on la laisse lorsqu’on quitte son habit terrestre,                                                                                               
Mais je dois, au souvenir du Las Cases que je fus, de dire que ce n’était point pour inscrire mon nom dans l’Histoire                 
Que je suivis l’Empereur dans son exil,
Mais bien pour témoigner, pour recevoir la relation des campagnes du « Petit caporal »,                                                                                 
Et tenter de transmettre les plaintes de l’illustre prisonnier de Sainte-Hélène, en rapportant les hauts faits du régime impérial !
Oui, ce n’est point pour la gloire d’être célébré comme écrivain                                                                                                                                                                
Que je pris joie à voir le Mémorial de Sainte-Hélène obtenir franc succès,                                                                                                                                  
Mais bien pour assurer le triomphe à venir de la cause bonapartiste en l’associant à celle de l’opposition !
Je vous le dis, de Las Cases, ce fut là le dessein initial !

Las Cases vous dit grand merci de ne pas oublier qu’il mit sa plume, aussi, au service de sa terre d’origine,
En confiant à ses Mémoires personnels
Ce que fut sa vie et celle des siens, en Lauragais, avant la Révolution, près de Revel !

Au fil du temps, notre passé s’effiloche,  
Alors, ce jour, avant que de rejoindre le Royaume des royaumes, de Vous tous je m’approche…                                                           
À Vous tous, je demande, oui, demande qu’on ne me fasse point reproche.
Si je vous dis : que serait-il advenu de mon nom ?
Serais-je entré dans la légende ? 
De cette pierre levée, m’auriez-vous fait offrande 
Aurais-je acquis un certain renom 
Si je n’avais point noté les propos du Premier et grand capitaine,                                                                                                                                                             
Si je ne l’avais suivi à Sainte-Hélène,   
Si je n’avais été son dernier compagnon ?
Si longtemps, oui, si longtemps attendu ce jour,  
Ce retour, face à cette Montagne Noire, aimée d’amour …
Que grâce vous soit rendue puisque vivant dans vos mémoires, 
Et grand merci pour réparation d’un oubli de l’Histoire

Bernard BLANCOTTE          Président adjoint-fondateur de l’Académie de Languedoc à Toulouse, Sociétaire des Poètes français

                   

Mme Jacqueline Bastié-Sigeac déclama avec émotion et emphase la cantate écrite par son arrière-grand-oncle Jules Sigeac et interprétée par l’Orphéon, lors de l’inauguration de la statue en 1865.
Il revint à Michel Guipouy, représentant la municipalité, de conclure en remerciant conférenciers et participants de leur venue à Lavaur.

Cantate de Jules Sigeac  « Poésies d’occasion » 
 Imp Antonin GHY 1902
Archives Société Archéologique de Lavaur 
Chantée par l’Orphéon de Lavaur à l’inauguration
d’une statue du Comte de Las Cases  -  22 octobre 1865 -
Musique Ernest Périlié

Salut, Las Cases ! L’Orphéon
En chœur célèbre ta mémoire :
Ton dévouement envers Napoléon
Te fait briller des rayons de sa gloire
Et te promet le renom de l’Histoire (repris à la fin).

Quand nous pensons à l’Empereur,
Triste et captif à Sainte-Hélène,
De son plus cher consolateur,
De Las Cases qu’il nous souvienne.

Pendant que les rois sont puissants
Ils se voient entourés d’hommages
Mais il n’est plus de courtisans
Aux jours qu’éclatent les orages.

Las Cases fidèle au malheur
Est plus constant que la victoire ;
En exil il suit l’Empereur,
Pour lui c’est un titre de gloire.

Symbole de fidélité,
Bravant les mers et la souffrance,
Auprès du héros exilé,
Ton cœur représente la France.

Le temps peut ronger cet airain
Dont ton pays te fait l’hommage ;
Mais du livre écrit par ta main
On se souviendra d’âge en âge.

L’Océan peut dans sa fureur
Un jour engloutir Sainte-Hélène
Mais ton culte pour l’Empereur
Vivra dans la mémoire humaine.

Mme Jacqueline Bastié-Sigeac déclamant la cantate

MERCI LAVAUR

Je suis donc revenu
Au pays de l’enfance,
Lavaur m’a reconnu
Et la reconnaissance
Dicte à ma plume nue.

Je n’ai pas oublié
Les jeux de l’innocence,
Le ciel du Lauragais,
Toujours mon espérance
D’y vouloir retourner.

Vœu de vagabondage
Qu’après bordées tirées,
Sainte-Hélène et voyage
Revenir au plus près…
Comme en pèlerinage.

Si je devins auteur
Oui, ma part la plus belle
Fut d’être aussi acteur,
Resté l’ami fidèle
Aux devoirs du malheur.

Tout destin vit sa fin,
Heureuse l’aventure
Conjurant soif et faim,
Corrigeant les ratures
Sans être un aigrefin.

Je remercie l’espace,
Ce jardin que Lavaur
Mémorise à ma trace
Et par-delà la mort             
Dicte une action de grâces.

Jean-Pierre Gaubert

Jean-Pierre Gaubert

Jean-Pierre Gaubert
a composé ce poème qu’il n’a pas eu l’occasion de dire lors du colloque.

Napoléon dicte ses mémoires à Emmanuel de Las Cases

 

La statue d’Emmanuel de Las Cases à Lavaur

Le 150ème anniversaire de l’inauguration de la statue   du Comte de Las Cases a permis à M. Paul Ruffié d’évoquer les circonstances de sa réalisation et les cérémonies du 8 octobre 1865 à Lavaur. Il a puisé ses sources dans les Archives municipales de Lavaur et dans les archives privées d’une descendante de Barthélémy de Las Cases, fils cadet du Mémorialiste.
La statue du Comte de Las Cases, proche de la cathédrale Saint-Alain, est située dans le jardin de l’Évêché,   elle domine l’Agout et la plaine vauréenne ; il aura fallu plus de sept années pour qu’elle soit enfin installée.
Tout avait commencé en février 1858 quand, M. Massabiau, député de Haute-Garonne, souhaita qu’une statue soit érigée en son honneur à Revel, ville proche de Couffinal, lieu de sa naissance.
Ce projet fut écarté car, en 1766, les paroisses de Revel et de Couffinal, se trouvaient bien ensemble dans le diocèse de Lavaur, mais, lors de la création des départements, en 1790, le domaine de Las Cases situé sur la commune de Blan fit partie du Tarn alors que Revel rejoignait la Haute-Garonne.
Le Général-Baron Gorsse, député tarnais et président du Conseil général, reprit l’idée de M. Massabiau à son compte et décida d’ériger cette statue à Lavaur. Avec la collaboration de Barthélémy de Las Cases, député du Maine-et-Loire, il entreprit les démarches pour faire aboutir ce projet.
Il publia, en 1858, une notice biographique pour faire connaître Emmanuel de Las Cases de ses concitoyens qui ignoraient son existence ; en effet celui-ci avait quitté son lieu d’origine à l’âge de 8 ans, en 1774. Suite à une rencontre des deux députés avec Napoléon III, pour lui soumettre le projet d’une statue, un accord fut trouvé et deux sculpteurs proposés : Jules Cambos de Castres et Jean Bonnassieux de Paris.
Le Conseil municipal de Lavaur présidé par M. Mazas vota une subvention de 2000 f., le Conseil général apporta 6000 f. et Barthélémy de Las Cases s’engagea à verser 10 000 f..
En 1859, des souscriptions locales furent proposées et des demandes de subventions furent adressées à différents ministères.
L’année suivante, le choix du sculpteur fut décidé par    le Conseil municipal : Jean Bonnassieux fut chargé de l’exécution de la statue. Un devis et des plans pour le piédestal furent demandés à un architecte parisien, Joseph Uchard. Restait à déterminer l’emplacement   de la statue.                                                                                          La statue sortie de l’atelier Voruz  de Nantes

En juin 1861, le statuaire vint à Lavaur pour en décider avec l’accord du maire et du conseil municipal : le choix se porta sur le jardin impérial.
En 1862, M. Augustin Gorsse refusa l’emplacement choisi, retardant ainsi le démarrage des travaux du piédestal alors que le modèle de la statue était terminé. En 1863, le maire, M. Mazas, démissionna ; il fut remplacé par M. Treneuil qui assura le suivi du projet modifié puisqu’il avait été décidé de placer des bas-reliefs en bronze sur les quatre faces du piédestal, entraînant un surcoût du monument, subventionné en partie par trois ministères.
Le 8 novembre, la statue était fondue à Nantes, dans les ateliers de Jean-Simon Voruz puis envoyée à Paris.

 En 1864, en raison de malfaçons, le piédestal doit être entièrement refait. Du 1er mai au 15 juin, la statue est exposée au Palais des Champs-Élysées lors du salon de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie ; on peut penser que Napoléon III l’a admirée.
En septembre, la statue est acheminée à Saint-Sulpice par le train puis entreposée à Lavaur. En décembre, le piédestal est enfin achevé.
Les modèles en plâtre de la statue et les 4 bas-reliefs ont été offerts au maire d’Angers par Barthélémy de Las Cases, député et Conseiller général du Maine-et-Loire ; ils sont entreposés au musée des Beaux-Arts de cette ville.
En août 1865, une nouvelle notice biographique du Comte de Las Cases, écrite par P. Laffitte, avocat, est éditée en vue de l’inauguration tant attendue de la statue.
Enfin, après plus de sept années de tractations, le 8 octobre fut choisi pour l’inauguration du monument qui eut lieu en présence de Barthélémy de Las Cases et de sa famille, des autorités locales, de Mgr Lyonnet,  mais en l’absence du sculpteur Jean Bonnassieux et de Joseph Uchard.
Un grand banquet offert par la municipalité rassembla les personnes qui avaient œuvré à la réalisation du monument et un feu d’artifice clôtura la journée.
Le « Journal de Lavaur » publia les discours prononcés par les différents intervenants et « l’Illustration » se fit l’écho de l’inauguration de la statue du Comte de Las Cases.

Un monument remarquable

Le monument de Lavaur est imposant : la statue, qui a été coulée à partir de 3500 kg de bronze provenant de canons fournis par le ministère de la marine, mesure 2,45 m et repose sur un piédestal de 3,50 m ; cet ensemble de 5,95 m est supporté par des fondations de 6 m de profondeur.  À la demande du sculpteur Jean Bonnassieux, le piédestal a été construit par Joseph Uchard, se détachant vers un immense horizon, et la statue est posée présentant le dos à la rivière, la face tournée vers le jardin et la ville. 
Le Comte de Las Cases, représenté debout, tient dans sa main gauche le « Mémorial de Sainte-Hélène » ; de la droite, il presse sur son cœur la lettre d’adieu que l’Empereur lui adressa le 11 décembre après son enlèvement de Longwood par Hudson Lowe, avec ces mots : « Vantez-vous de la fidélité que vous m’avez montrée et de toute l’affection que je vous porte. Napoléon ».
Deux des faces opposées du piédestal sont ornées de bas-reliefs dus au ciseau de Jean Bonnassieux ; l’un montre le Comte de Las Cases écrivant sous la dictée de Napoléon. Un texte est gravé en-dessous : « Vous serez le Sully de Sainte-Hélène. On ne pourra jamais s’arrêter sur nos grands événements, écrire sur ma personne sans avoir recours à vos mémoires ». Cette phrase a été prononcée par Napoléon le 21 septembre 1815, sur le Northumberland, après que Las Cases lui ait proposé d’écrire ses Mémoires.
L’autre bas-relief représente les soldats anglais enlevant le Comte de Las Cases de Longwood et l’emmenant en captivité. Napoléon commente cette scène dans sa lettre du 11 décembre adressée à Las Cases : « Je vis qu’on vous enlevait… Il me parut voir des habitants des mers du sud danser autour du prisonnier qu’ils allaient dévorer ».
Sur les deux autres faces, des plaques de bronze gravées présentent l’une, les seize dates importantes de la vie du Comte, et l’autre, un extrait de la lettre de Napoléon avec ces phrases :
« Votre conduite à Ste-Hélène a été comme votre vie, honorable et sans reproche. J’aime à vous le dire. Vantez-vous de la fidélité que vous m’avez montrée et de toute l’affection que je vous porte.  Recevez mes embrassements, l’assurance de mon estime et de mon amitié.     
                                                                                                         Votre dévoué Napoléon. »
Longwood, le 11 décembre 1816.

            Jean Bonnassieux (1810/1892) ; statuaire

Joseph Uchard
(1809/1891)
architecte du piédestal

« L’Illustration » du 4 novembre 1865

 

 

La statue épargnée pendant la guerre 39 - 45

En 1941, les Allemands réquisitionnent les statues et œuvres d’art en bronze pour approvisionner leurs usines d’armement.
La Société Archéologique de Lavaur, avertie par le maire, Joseph Bourdoncle de Saint-Salvy, s’oppose à cette décision et adresse une requête au maréchal Pétain pour indiquer l’intérêt artistique et historique de l’œuvre de Jean Bonnassieux.
En 1942, la statue du général d’Hautpoul à Gaillac est enlevée mais la statue de Las Cases épargnée.
En 1943, nouvelle alerte ; le maire de Lavaur constitue un nouveau dossier qui aboutit à la préservation de la statue.
L’année suivante, dernière menace ; le Préfet du Tarn réussit à sauver les statues de Las Cases et de La Pérouse à Albi.
Le 19 août 1944, les Allemands quittaient la ville laissant heureusement en place la statue que nous pouvons encore admirer aujourd’hui.

L’école primaire de Blan

  École publique de Blan « Emmanuel DE LAS CASES »

Depuis septembre 2013, l’école publique de Blan porte le nom d’Emmanuel de Las Cases. Le 9 août 2004, Martine Languillon, alors maire de Blan, avait proposé au Conseil municipal de donner à l’école de la commune le nom de Las Cases. Cette suggestion fut adoptée et réalisée par Jean-Claude de Bortoli, rendant ainsi un bel hommage à l’enfant du pays.

La commémoration du 250èmeanniversaire de          la naissance d’Emmanuel de Las Cases  (dimanche 26 juin 2016)

Un comité d’organisation se met en place pour célébrer à la fois, le 250ème anniversaire de la naissance de Las Cases, le 200ème anniversaire de sa présence à Sainte-Hélène avec son fils et le 20 ème anniversaire de l’érection du monument de Blan.

Le 21 juin 1766, au domaine de Las Cases à Couffinal, près de Revel, naissait Marie-Joseph-Emmanuel-Auguste Dieudonné de Las Cases.
Ses parents, François-Hyacinthe de Las Cases et Jeanne Naves de Ranchin, le firent baptiser le lendemain, dans l’église de Belleserre, car celle de Couffinal était en réparation. Le curé Baudues de Couffinal et le curé Pontier, de Belleserre, étaient présents à la cérémonie.
Son parrain était Marie-Joseph-Emmanuel Guignard de Saint-Priest (1732/1794) maître des requêtes,  intendant de justice, police et finances  du Languedoc.
Sa marraine était Sophie-Aimable de Souviniargues, représentée par la grand-mère de l’enfant, Marie de Ranchin, épouse de Jean Naves.
Emmanuel ne passera que 8 ans ½ dans « le château » du domaine de Las Cases. Une sœur mort-née en 1767, un frère François-Alexandre, né en 1769, puis une sœur, Charlotte, née l’année suivante et décédée en octobre 1774, deux mois avant le départ d’Emmanuel pour Paris, composèrent sa fratrie.
Il apprit à lire et à écrire à Sorèze où il fut mis en pension chez Mme de Blache, femme d’un maître-chirurgien, apothicaire. 
Un court séjour au château de Padiès, chez une grand- tante, agrémenta son enfance et lui laissa des souvenirs impérissables qu’il raconta, en 1817, au Cap, à son fils Emmanuel-Pons qui les écrivit.
Ce recueil intitulé « Memorandum de mes années » et destiné uniquement aux membres de sa famille a été largement repris par la Comtesse de Reinach-Foussemagne dans son livre «Un confident de Napoléon Ier Las Cases sous l’Ancien Régime », publié en 1911.
Le Comte Emmanuel de Las Cases en cite de nombreux passages dans son livre « Las Cases, le Mémorialiste de Napoléon » publié en 1959.
Des recherches sont en cours pour retrouver ce précieux document.

Une exposition Las Cases à Castres en 2017

Suite à la demande d’une exposition Las Cases, au musée Jaurès de Castres, par M. Jean-Pierre Gaubert, satisfaction a été obtenue.
L’information lui a été communiquée le 20 octobre dernier, veille   du colloque de Lavaur, par M. Hugues Vial, directeur du musée Jean Jaurès.
Cette exposition sera présentée du 1er juin au 25 novembre 2017 afin de célébrer, avec un an de retard, le 250ème anniversaire de la naissance d’Emmanuel de Las Cases à Blan.
C’est au musée Goya de Castres qu’avait eu lieu en 1967, là aussi avec un an de retard, une exposition Las Cases organisée pour fêter le 200ème anniversaire de la naissance de l’écrivain tarnais.
Il est devenu célèbre grâce à ses deux œuvres majeures: «L’Atlas historique, généalogique, chronologique et géographique » (1) publié en France en 1802 sous le nom de A. Lesage et « Le Mémorial de Sainte-Hélène », publié en 1823.
Cet ouvrage, le plus lu au  XIXème siècle, a fait l’objet de nombreuses éditions et a largement contribué à constituer la légende napoléonienne.

 

Sources

Archives départementales du Tarn
Archives de la Société d’Archéologie de Lavaur
Archives privées
Revue du Tarn 1942 : La statue de Las Cases à Lavaur (Pierre Breillat)

Remerciements

Mme Michèle Bazin de Jessey
M. et Mme de Bellescize
M. Jean-Claude de Bortoli
M. Jean-Paul Calvet
M. Francis Carrade
M. Jean-Pierre Gaubert
M. Pierre-Émile Renard
M. Michel Roudet
M. Paul Ruffié
M. et Mme Velay

Photos
Christiane et Bernard Vialelle

 

Qu’un hommage particulier soit rendu à Francis Carrade sans qui rien n’existerait concernant Emmanuel de Las Cases. S’il n’avait pas fait édifier l’obélisque, près de son lieu de naissance, on n’aurait jamais parlé du Mémorialiste. Il n’y aurait eu ni conférence, ni colloque, ni exposition, ni commémorations, ni école Las Cases à Blan. Jean-Pierre Gaubert n’aurait pas écrit son ouvrage et la Société d’Histoire de Revel Saint-Ferréol ne se serait certainement pas autant investie pour l’histoire de cet enfant du Lauragais.

NOTES

(1) -. Un mémoire de recherche de Master1 de Géographie a été présenté en 2014/2015 par Josian Tulasne à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne intitulé :
«Apprendre l’histoire avec un atlas :  l’Atlas historique, généalogique, chronologique et géographique de Lesage ».
Il est consultable sur internet sur le site « academia.edu. »

    

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