Société d'Histoire de Revel Saint-Ferréol                          -                                      Cahier d'Histoire de Revel  N° 20       pp 64-72

 

Le général Jean Grégoire Barthélémy Rouger de Laplane Baron d'Empire

par René Drevot

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RETOUR CAHIERS D'HISTOIRE N°20

Les quelque 1500 généraux et maréchaux issus de la Révolution et du 1er Empire ne furent pas, pour la plupart, de naissance noble comme sous l'ancien régime   mais des fils du peuple ou de la bourgeoisie. Napoléon disait à leur sujet «  J'ai tiré la plupart de mes généraux de la boue. Partout où j'ai trouvé le talent et le courage je l'ai élevé et mis en place car mon principe était de tenir la carrière militaire ouverte aux talents »  Jean Grégoire Barthélémy Rouger de Laplane,1élevé au titre de Baron en 1810, fut l'un d'eux par son ascendance paternelle.

1.  Origines familiales

Né à Mourvilles Hautes le 13 octobre 1765, Jean Grégoire Barthélmy Rouger Laplane était le fils d'Antoine Rouger Laplane, bourgeois et  ancien officier, et de Louise, Gabrielle  de Couffins 2 du Valès, elle-même fille de Louis Alexandre de Couffins et de Suzanne de Montesquiou. Jean Grégoire Barthélémy avait   deux frères : Jean Antoine Marguerite Rouger Laplane né le 26 février 1770 à Mourrevilles Hautes et Pierre-Hilaire Rouger Laplane né le 28 octobre 1774 à Mourrevilles Hautes, et une sœur Anne Laurence Paule Rouger Laplane qui épousa André Gaspard Baron-Montpel. Les deux frères du général firent aussi une carrière militaire qu'on évoquera plus loin.
La famille Rouger, mentionnée dès 1271, originaire des Cassés se subdivise en trois branches : La plus ancienne dite  LA ROCHE, la seconde  LA SERRE (de la colline, du coteau) et la troisième LA PLANE (la plaine), qui s'établit au cœur de la vie agricole et  dont est issu le général de Laplane.

Le général épousa le 21 janvier 1812 Marie Joséphine de Saint-Félix, d'Ayguesvives, neuvième enfant de Jean-Jacques de Saint Félix, seigneur d'Ayguesvives, de Barquil,  de Garroussat  et  de Marie-Françoise-Alexis de Padiès, fille de Jean-Pierre-Etienne de Padiès de Montbrun et de Marie Baron de Montbel.  Ils eurent deux enfants : Antoine Alexis Alexandre baron Rouger de Laplane, né le 27 mars 1815, capitaine d'infanterie, décédé  sans enfant et  Thérèse, Pauline  Rouger de Laplane,  née le 27 août 1820, qui épousa en mai 1842 François Maurice Achille de Puybusque, né à Saint Félix en 1813.

 L'épouse du général, après le décès de celui-ci,  hérita de sa sœur Mme d'Héliot, née de Saint Félix, d'un hôtel particulier rue Vélane à Toulouse ainsi  que des terres de Gazaillas et du château d'Auribail.

Portrait,en 1806, de Rouger Laplane
 colonel du 6ème Léger

 

Extrait de l'acte de naissance de Jean, Grégoire,  Barthélémy Rouger de Laplane

 

 

Extrait de l'acte de mariage du baron  Rouger de Laplane et de Marie, Joséphine de Saint Félix

 

 


2.  La carrière militaire

Avant d'évoquer la carrière militaire du général, il a paru intéressant de décrire celles de ses deux frères qui furent toutes deux suffisamment riches pour être mentionnées ici :

- Pierre-Hilaire Rouger Laplane, s'engagea comme volontaire le 7 mars 1792, à 18 ans, dans le 4ème bataillon de Haute-Garonne (qui devint plus tard la 4ème demi-brigade de bataille). Nommé sergent à l'armée des Alpes le 16 mars 1792 il passa aux Pyrénées en 1793 et en 1796 à l'armée d'Italie. Au combat de Borghetto,  le 30 mai 1796, il fut blessé de trois coups de sabre à la tête, à l'oreille droite et sur l'épaule. Il accéda au grade  de sous-lieutenant le  10 novembre 1797. Après les campagnes de 1799 et 1800 en Batavie et sur le Rhin  il entra en tant que sous-lieutenant dans les chasseurs à pied de la garde consulaire le 5 juillet 1802. Lieutenant en 1er  le 14 juillet 1803, il fut nommé membre de la Légion-d' Honneur, au camp de Boulogne, le 14 juin 1804. Il participa aux campagnes d'Autriche  et de Prusse. C'est avec le grade de capitaine qu'il passa aux   fusiliers-chasseurs de la garde impériale le 28 mars 1807. Il fut en Espagne en 1808, puis avec l'armée d'Allemagne en 1809 et de nouveau en Espagne en 1810. Il intégra le 34ème régiment de ligne en 1811.  Promu chef de bataillon le 15 avril 1812 dans le 126ème régiment de ligne il décéda au cours de la retraite de Russie à 38 ans.

- Jean Antoine Marguerite Rouger Laplane, frère  cadet  du général, bien qu'il n'accédât pas à  ce grade,  sa carrière, certes moins brillante que celle de son frère, fut fort honorable et durant 22 années le conduisit  sur les champs de bataille de la Révolution et du premier Empire. Il y réalisa quelques actes de bravoure marqués par  de nombreuses blessures et obtint les distinctions de la légion d'honneur et de l'ordre de Saint Louis.

Sous-Lieutenant du 4ème bataillon de volontaires de Haute-Garonne le 8 mars 1792, à 22 ans, il participa au siège de Toulon de septembre à décembre 1793 où les royalistes, en rébellion contre la république, firent  appel à la flotte anglo-espagnole qui débarqua pour soutenir les coalisés en vue d'une invasion. Rouger Laplane y subit sa première blessure. En 1794 il rejoignit, avec son bataillon, l'armée des Pyrénées Orientales. Il fut  nommé lieutenant le 1er décembre 1794 et servit en 1795 dans l'Armée d'Italie. Le 12 mars 1796,   il est alors lieutenant à la 4ème demi-brigade d'infanterie de ligne. Il fut  blessé à la tête au passage du Mincio le 30 mai 1796, au cours du combat de Borghetto, auquel participait aussi son frère Pierre-Hilaire Rouger Laplane, puis à Vérone, au bras gauche,  le 12 novembre 1796. Il est fait prisonnier en Italie par les Autrichiens en 1799.  Le 21 janvier 1800 il est nommé capitaine au 4éme de ligne et le 18 août 1804 au 6ème régiment d'infanterie légère commandé par son frère Jean Baptiste Grégoire, alors colonel et chef de corps de ce régiment  depuis mars 1803.  Avec la Grande Armée il participa à la campagne d'Autriche en  1805. En récompense de ses états de service il fut élevé  au grade de chef de bataillon au 76ème de ligne le 16 septembre 1806. Il participa, avec ce régiment, aux campagnes de 1806 et 1807 en Prusse et en  Pologne. Chef de bataillon lors de la formation du 114ème de ligne de l'armée d'Espagne, le 7 juillet1808, il se fit remarquer au siège de Saragosse.  Le 23 janvier 1809 il y fut   blessé par un éclat d'obus à la tête occasionnant la perte de l'œil droit. Il fut victime de deux nouvelles blessures le 23 mai 1809 au combat d'Alcañiz puis le 18 octobre 1811 à l'épaule droite lors de l'assaut à Sargonte, étant arrivé le premier sur la brèche que les français tentaient de creuser pour approcher les lignes espagnoles.

Nommé major le 11 janvier 1812, il exerça la fonction de ce grade au 14ème léger le 15 avril 1812 et servit en Saxe. À cause de problèmes de santé il fut contraint de rentrer au dépôt du corps en juillet 1813. À l'âge de 44 ans, après 22 ans de service, il devint colonel au 22ème de ligne, le 15 mars 1814. Colonel au 34ème Léger, à compter du 16 juillet 1814, il fut mis en dispense d'activité à la dissolution de ce régiment le 1er décembre 1814. Admis à la retraite par ordonnance le 3 avril 1822, il décéda, célibataire et sans enfant, le 7 octobre 1830 à Mourvilles Haute.

Ses décorations :
Chevalier de la Légion d'honneur le 5 novembre 1804
Officier de la Légion d'honneur le 4 mai 1813    
Chevalier de l'Ordre de Saint Louis le 16 août 1820

 

Extrait de l'acte de naissance de
Jean Antoine Marguerite Rouger Laplane

 

 

 

  Acte de Décès de Jean  Antoine Marguerite Rouger Laplane

Le général Rouger de Laplane

C'est à 17 ans, le 3 mai 1782, que Jean Grégoire Barthélémy Rouger Laplane  débuta sa carrière militaire en entrant dans la Compagnie des Gendarmes du Roi. Il fut licencié avec ce corps en 1787. Il en sera réformé le 1er avril 1788. Il reprit  du service le 21 septembre 1791, avec le grade de Lieutenant, au 70ème régiment d'infanterie (dénommé régiment Médoc sous l'ancien régime). Il fit  les campagnes de 1792 à 1797 dans l'armée d'Italie et en 1798 en Suisse. Lors du premier amalgame, son bataillon fut incorporé dans la 129ème demi-brigade de bataille. Le premier amalgame, également appelé première organisation ou première formation,  prescrit par la loi en 1793 et opérationnel  au début 1794, regroupa les deux armées françaises  composées des régiments de l'Ancien Régime et  des bataillons de volontaires  nationaux au début de la Révolution.

La Convention nationale décida, par décret, que l'infanterie de ligne ne serait plus désignée par le nom de régiment mais  que ces corps prendraient le nom de demi-brigade.  Le second amalgame, prescrit sous le Directoire par arrêté du 8 janvier 1796 aux fins de réorganisation et remaniement de l'ensemble des bataillons par fusion dans les demi-brigades d'infanterie de Ligne et d'infanterie légère, eut pour conséquence l'incorporation de la  129ème demi-brigade de bataille dans la 32ème demi-brigade d'infanterie de ligne.

Promu capitaine le 30 août 1795, il embarqua en 1798 pour l'Egypte où il servit jusqu'en 1801. Il se distingua le 21 juillet 1798  à la bataille des Pyramides. Il se fit particulièrement remarqué, le 10 mai 1799,  pendant la campagne d'Alexandrie lors du siège de Saint-Jean-d'Acre  où il fut blessé au cours de l'assaut pour s'emparer de la tour de Saint Jean d'Acre. Il fut cité dans son rapport par le général Bon qui écrivit : « Ayant commandé l'assaut, il s'est emparé de la tour de Saint Jean d'Acre, après avoir égorgé sept postes turcs et être monté onze fois à l'assaut, malgré les bombes de l'ennemi qui lui ont tué 85 hommes sur 100 qu'il en avait » Le général Bonaparte, en reconnaissance de cet acte de bravoure, lui décernaun sabre d'honneur3 à titre de récompense provisoire qui devint définitive par arrêté consulaire le 28 février 1802. Promu chef de bataillon de son corps le 7 août 1799 il fut à nouveau blessé devant Alexandrie le 21 mars 1801par un coup de feu qui lui traversa l'avant-bras droit. Après avoir terminé cette campagne il revint en France  et fut nommé  chef de la 107ème demi-brigade le 29 septembre 1802. Par suite de la dissolution de son régiment à la réorganisation de 1803   il fut alors nommé,  en mars  1803, Colonel du 6ème régiment d'infanterie légère  dont il resta le chef de corps jusqu'en juillet 1807. Il servit en 1803 et 1804, dans l'armée des côtes de l'Océan, qui avait été créée par le Directoire en 1795. Il devint membre de droit  de la Légion d'Honneur le 24 septembre 1803 en devenant officier de cet ordre. Il en futt nommé commandeur le 14 juin 1804.

Le 24 août 1805 l'armée des cotes de l'Océan  devint la Grande Armée. Rouger Laplane participa, au sein de cette Grande Armée, aux campagnes de 1805,1806 et 1807 en Autriche, en Prusse et en Pologne. A la tête de son régiment il se signala à Elchingen le 14 octobre 1805, à Iéna le 4 octobre 1806, à Eylau le 8 février 1807, à Friedland le 14 juin 1807. À  la bataille d'Iéna il  se distingua en repoussant  cinq charges de la division  des grenadiers prussiens.

Il  accéda au grade  de  Général de Brigade  le 11 juillet 1807. Le 19 mars 1808 il fut élevé au rang de baron de l'Empire  dont il obtint  titre  et armoiries le 13 août 1810. Avec le 2ème corps d'observation de la Gironde il entra en Espagne en 1808 pour participer à cette guerre qui, de 1808 à 1813,  fut pour Napoléon le premier, et non le moindre, de ses revers. Celui-ci confia à Las Cases, lors de son exil à Saint Hélène : «  Cette malheureuse guerre d'Espagne a été une véritable plaie, la cause première des malheurs de la France » Il fut nommé commandant de Cordoue  en juin 1808. Le 19 juillet 1808, à Baylen, après  9 heures d'âpres combats face à une armée espagnole  deux fois supérieure à la sienne, le général Dupont de l'Étang fut contraint à la capitulation. Rouger de Laplane  refusa d'en signer la convention en déclarant «  Je ne signe pas de capitulation  en rase campagne », ce qui n'empêcha  pas d'obtenir un traité honorable, qui ne sera, hélas, pas respecté. Cette première défaite d'une armée napoléonienne en Espagne provoqua un choc qui eut pour conséquence l'évacuation de Madrid   par Joseph, alors roi d'Espagne,  ce qui le discréditait. Les français furent contraints de se replier au nord de l'Ebre. Napoléon décida  alors  de continuer cette guerre et d'intervenir personnellement pour "mettre de l'ordre" De Novembre 1808 à Janvier 1809 il réussit à rétablir la situation et en décembre Madrid capitula.  Cependant les forces anglaises étaient toujours présentes et l'armée française ne parvenait pas à les combattre. En janvier 1809 Napoléon dut rentrer à Paris suite à une menace d'invasion de la Bavière et du Piémont par l'Autriche.  Les Anglais purent alors embarquer à La Corogne et envisager de débarquer, à nouveau, au moment opportun.  Au printemps, les Anglais débarquèrent  au Portugal où  Sir Arthur Wesley organisa une armée anglo-portugaise de 50000 hommes et passa à l'attaque. L'armée française fut contrainte au recul et le 28 juillet le général Victor dut  faire front à l'armée anglo-portugaise à Talavera, dans la province de Tolède. Le général Rouger de Laplane se fit de nouveau remarquer à la tête de la 2ème brigade  de la 2ème division. Cependant les français furent  contraints de faire retraite. Après ce triomphe Wesley, récompensé, portera le titre de Duc de Wellington. On retrouva encore Rouger de Laplane  en 1810 dans la nuit du 12 au 13 avril près de Santa-Catarina où marchant à la tête de son régiment à la rencontre des anglais, qui effectuaient  une descente près de Santa-Catarina, il en tua un grand nombre et  força les rescapés à se réfugier sur leurs vaisseaux.

Napoléon le rappela dans la grande armée pour la campagne de 1812. Il fut  nommé commandant de la place de Glogau, en Pologne, en juillet 1812 à la tête d'une garnison  forte d'environ 5000hommes. Le 20 février 1813 la place fut assiégée par des milliers de cosaques qui voulaient  la bloquer en attendant des renforts. Quelque 10000 hommes du général russe Saint Priest vinrent renforcer les cosaques. Les troupes françaises repoussèrent  plusieurs assauts notamment le 31 mars et le 1er mai. L'artillerie ennemie étant appelée à Breslau le 22 mai le siège fut levé. Le  départ des troupes assiégeantes  s'effectua  dans la nuit du 27 au 28 mai. Le 17 juin 1813  Rouger de Laplane fut  nommé général de Division.

Le 1er septembre 2013 débuta le 2ème siège de la place de Glogau par les troupes Russes du général Risen et les Prussiens du général Von Heister, soit 21000 soldats face aux 5000 hommes de Rouger de Laplane. Il durera jusqu'au 10 avril 1814 où après 7 mois de résistance, sur ordre  du Roi Louis XVIII suite  à l'abdication de l'Empereur le 6 avril à Fontainebleau,  la place dut capituler avec les honneurs. Les troupes françaises quittèrent Glogau et rentrèrent  en France à la condition de ne pas servir contre les alliés pendant un an. Rentré en France, il fut nommé le 5 août 1814 commandant du département du Tarn-et-Garonne. Il se rallia à Napoléon le 1er mars 1815 suite à son retour en France pour les ¨cent jours¨. Nommé à la tête de la 11ème division des gardes nationaux  le 12 juin 1815 il participa à  la dernière campagne de l'Empereur dans le Corps d'Observation du Jura.
Avec la seconde  Restauration, il fut mis à la retraite le 15 août 1815. Après la Révolution de juillet1830 il fut  placé dans le cadre de réserve le 7 février 1831. Définitivement admis à la retraite le 1er mai 1832 à l'âge 66 ans, Il fut promu grand-officier de la légion d'honneur le 8 mai 1835.

3. La fin de vie.
Les Décorations. Les Titres

Il décéda, 5 ans après sa mise à la retraite, le 16 juin 1837 à Mourrevilles Hautes où il s'était retiré. Il n'existe pas, au cimetière de Mourrevilles, une sépulture clairement identifiée du Baron de Laplane, ce que l'on peut regretter. Seule une tombe ancienne surmontée d'une croix, sans identification  et  en mauvais état, peut laisser penser qu'elle est celle du général sans toutefois qu'aucun indice ou document d'archive ne  permette de le prouver. On peut voir à l'entrée de l'Eglise du village une plaque apposée en hommage à ce grand soldat. Par ailleurs la place, où se trouvent la mairie et la maison natale du baron, porte  son nom.

 

Plaque commémorative dans l'église de Mourvilles - Hautes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Maison natale du Général Rouger de Laplane à Mourvilles - Hautes

Sépulture présumée du général Rouger de Laplane
au cimetière de Mourvilles

Le général Rouger de Laplane fait partie des 660 officiers, ayant servi pendant la Révolution et sous le1er Empire, dont les noms sont gravés  sur les piliers  de l'arc de triomphe de l'Etoile. Le sien figure sur le pilier sud dans la colonne 22 comme le montre la photo ci-dessous

 

 

 

Ses distinctions, décorations et titres:

 

 

 

 

 

 

 

 

Les armoiries de Rouger-Laplane

Les armoiries de Rouger-Laplane - Jean – Grégoire – Barthélémy Rouger-Laplane (alias de Laplane) baron de l'empire par lettres patentes du 13 août 1310  se blasonnent ainsi :
Coupé : au 1 parti : a) d'or à la tour de sable, chargée d'un croissant d'argent et surmontée de trois étoiles d'azur, rangées en fasce et b) des barons militaires ; au 2, d'azur au palmier d'argent terrassé du même, chargé d'un chevron d'or brochant sur le fût, accompagné de deux lions contre-rampants, les têtes adossées du même.

D'après « l'Héraldique Napoléonienne » de Philippe Lamarque.

 

Explications des armoiries 4

Pour plus de clarté, il est souhaitable de commencer par expliquer ce rectangle de gueules (rouge) en chef de l'écu (c'est-à-dire dans sa partie supérieure), à sénestre (à la droite de celui qui observe l'écu) au milieu duquel se dresse une épée d'argent posée en pal (placée verticalement). Il s'agit du signe intérieur de l'écu qui distingue les barons militaires, le plus souvent des généraux d'empire. A côté à dextre en chef, une tour crénelée de sable (noir) chargée d'une lune d'argent (brochante) orne cette partie la plus honorable du blason. Il fallait illustrer la prise d'assaut victorieuse de la célèbre Tour St Jean d'Acre par le général Rouger de Laplane.

Le croissant de lune brochante sur la tour qui est l'emblème de l'islam évoque les combattants, les ennemis égyptiens. Les trois étoiles d'azur au-dessus de la tour illuminent, glorifient encore l'exploit de notre courageux et grand officier.

Dans la partie inférieure de l'écu, le palmier et le chevron (donc de forme triangulaire comme les faces des pyramides) symbolisent l'Egypte ; le général Rouger de Laplane ne s'est-il pas distingué le 21 juillet 1798 précisément à la célèbre Bataille des Pyramides. Les deux lions, animaux endémiques et prestigieux du Moyen-Orient et de l'Afrique si proche, symbolisent aussi le courage et la force.

L'écu est surmonté d'une toque empanachée, rehaussée de « vair » 5 et de lambrequins qui retombent en volutes déployées sur les flancs dextre et sénestre de l'écu. Les toques remplacent sous le 1er Empire les couronnes des armoiries de l'Ancien Régime. Trois panaches ornent la toque ; ce signe extérieur de dignité désigne le titre de Baron de l'Empire.

Ce blasonnement qui figure sur les lettres patentes remises à l'impétrant, ici le Général – Baron d'Empire Rouger de Laplane, devient un accessoire du nom. Ces lettres patentes seront émises par le Conseil du Sceau des Titres que préside l'archichancelier Cambacérès, cette éminente personnalité, grand dignitaire du 1er Empire, originaire de Montpellier.

 

Blason de la commune de  Mourvilles-Hautes 6

 « D'azur au sabre contourné d'argent posé en barre, accompagné en chef à dextre, d'une tour d'or ouverte du champ, surmontée de trois étoiles du même rangées en fasce, et en pointe à senestre d'une couronne de laurier aussi d'or ouverte vers le chef, au soleil d'or mouvant de l'angle »

 

Au centre, l'épée d'argent fait référence au sabre d'honneur que Bonaparte remis à Jean Grégoire Barthélémy Rouger  Laplane en récompense de sa bravoure à la bataille de Saint Jean d'Acre pendant la campagne d'Alexandrie.

La tour crénelée rappelle que Mourrevilles Hautes était à l'origine une forteresse où le maréchal de Joyeux avait établi une garnison au XVIème siècle. Cette tour est ouverte pour symboliser le caractère ouvert et accueillant du village. La configuration de la tour et des étoiles qui la surmontent est empruntée aux armes du général de laplane où figure une tour crénelée surmontée de trois étoiles

Le soleil mouvant fait référence à la vocation agricole du village mais symbolise la vie et le bien vivre à Mourrevilles.

La couronne de lauriers rappelle à la fois l'occupation romaine de Mourrevilles révélée par des fouilles archéologiques réalisées alentour du village, mais aussi à la couronne de lauriers de l'Imperator portée par les vainqueurs  sous les Romains et reprise sous l'empire comme symbole napoléonien.

L'azur, couleur du ciel, et aussi la couleur du pastel, qui est à l'origine de la prospérité du Lauragais.

L'or est la couleur des champs de blé mur, des tournesols en fleur et aussi un symbole de la richesse du terroir.

Enfin la devise du blason « Nulli Cedo » est celle de Bertrand de Varagnes, seigneur de Mourrevilles Hautes et de Belesta.
Sources. Bibliographie 

- Généalogie de la famille de Puybusque par Albert, Guillaume  de Puybusque  (1912)
- BNF Gallica
- Héraldique- Blasons- Armoiries.com
- Dictionnaire des colonels de Napoléon
- Armorial des villes et villages de France
- Biographies des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850
- Victoires conquêtes des français de 1792 à 1815
- Histoire du monde : la bataille des pyramides
- Wikipédia
- Victoires, conquêtes, désastres, revers et guerres civiles des français  par Théodore Beauvais (1820)
- Ladres Nouvelles  - Kevin Giquel
- Napoléon.org
- Généalogie de la maison Saint Félix
- Histoire de l'armée d'Italie
- Archives départementales
- Archives nationales- culture.gouv.fr
- Documents personnels fournis par Bernard Velay


1. On trouve, dans les documents relatifs au général, deux orthographes de son nom : La plus fréquente : Rouger mais  également Rougé.

2. Le nom de Couffins est l'abréviation de celui de Coffinières. Quant aux Valès  ils sont une branche cadette des Coffinières

3 Ce sabre, actuellement détenu par un membre du ¨souvenir napoléonien de Midi-Pyrénées¨, est repris,  sous  la forme d'une épée d'argent, sur le blason de Mourvilles Hautes (voir page 11…)  en référence au général, enfant de ce village.

4. D'après Bernard Velay

5. Vair : fourrure ou panne composée de rangées de sortes de petites cloches alternées d'azur et d'argent. Cette fourrure symbolise la persévérance, elle est presqu'aussi prestigieuse que l'hermine ; autre fourrure : marque de dignité de majesté de la noblesse, de la magistrature, des notables …

6. Décrypté par Bernard Velay d'après les maquettes de Katherine Girault.

 

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