Société d'Histoire de Revel Saint-Ferréol                          -                                      Cahier d'Histoire de Revel  N°  20      pp 85-95

 

Transformation des angles de la place centrale de Revel

Par Jean Paul Calvet

RETOUR ACCUEIL

 

RETOUR CAHIER N°20

 

C'est dans la seconde moitié du 18ème siècle et au début du 19ème siècle que les autorités consulaires puis les conseils municipaux vont décider d'améliorer l'urbanisme de la ville de Revel.
Même si la bastide a bénéficié en 1342 (date de sa création) d'un plan novateur (plan des bastides – phénomène bastide), les moyens financiers et la volonté des élus de la ville vont permettre à partir des années 1770 d'améliorer le confort des habitants et de métamorphoser la ville pour des exigences fonctionnelles liées essentiellement à son activité économique.
Ainsi, les remparts qui « enserraient » la ville et empêchaient toute extension seront peu à peu supprimés.
Les fossés seront comblés laissant place à de larges promenades et au « tour de ville ». Une grande allée sera créée (les actuelles allées Charles de Gaulle), le beffroi sera reconstruit et l'église rénovée et agrandie. Fin19ème – début 20ème siècle les écoles, lycées, mairie, hôpital seront installés. La gare sera créée en 1865.
C'est dans ce cadre d'embellissement et d'amélioration fonctionnelle que les angles de la place centrale autour du beffroi seront modifiés pour permettre une meilleure circulation et un accès plus aisé à la place centrale.  

 

Autour de la place centrale nous pouvons encore voir de nos jours les galeries appelées aussi « Las Garlandas » 1 .

Un agrandissement du plan Maguès 2 (vers 1770) permet de voir que les angles de la place laissaient moins de place à la circulation que de nos jours. Des piliers placés dans le prolongement des galeries et alignées dans le prolongement des deux rues y aboutissant rendaient les accès vers la place plus étroits (voir les documents).

Détail du « plan Maguès »  

Ces galeries sont aujourd'hui un espace pour piétons mais étaient destinées autrefois au passage du trafic et constituaient de véritables « rüe(s) couverte (s) » (voir le plan). 
Si la place, les « garlandas » et les rues de la ville n'étaient pas toujours bien pavées et entretenues, les quatre entrées de la place étaient par contre bien agencées.
C'était en effet, avec les portes de la bastide, les endroits qui étaient le plus soumis à une forte et dense circulation 3 .

Grace aux archives, on sait que souvent lors de forte pluviosité, la place était un véritable piège de boue et l'on pouvait s'y enfoncer jusqu'au genou 4 !


Les galeries par contre, mieux protégées, permettaient de circuler plus facilement. En 1759, les consuls demandèrent aux «aboutissants » d'arranger les trous faits dans le sol des galeries.  Pour respecter ce travail et éviter de nouvelles dégradations du sol on interdit par la même occasion aux voituriers et charretiers d'y passer 5 .

      Pour mieux s'imaginer comment pouvaient être les angles de la place centrale à Revel, il suffit d'aller visiter Mirepoix, bastide médiévale contemporaine de la fondation de Revel…

Ce plan détaillé montre l'emplacement des piliers avant les modifications. Les charrois ne pouvaient pas entrer directement au centre de la place !
(AMR cote 1 O 6)

 

 

sous les couverts et sous la halle »  en date du 17 novembre 1887). L'arrêté précise que « les voitures ne sont autorisées à passer sous les couverts et la halle que pour le temps des chargements ou déchargements. »
« Pour se rendre aux découverts les charrettes et voitures passeront par les entrées ménagées aux quatre coins des galeries »

    

   

 

 

 

 

Cadastre actuel de la ville de Revel

Noter que l'angle sud de la galerie du Levant n'a pas été modifié, par contre à la face interne du pilier un bâti au mortier en épaisseur renforce la structure.
L'emplacement d'une ancienne boîte à lettre « enclavée » dans le bâti est encore visible.

Dès 1838, un projet d'élargissement pour améliorer les quatre accès à la place est envisagé, il est signé par un certain Cambon (voir documents 6 ).

Plusieurs propositions sont faites :
-celle de détruire entièrement les maisons situées aux extrémités des galeries (projet 1)
- celle de détruire en partie les maisons faisant angle en faisant une ligne oblique et en laissant un passage de 6 m de large (projet 2)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le plan n°1 prévoit de détruire les deux maisons aux extrémités des galeries ; le plan n°2 prévoit un pan coupé oblique n'amputant les maisons que d'une partie seulement. C'est ce projet qui sera réalisé à la fin du 19ème siècle début 20ème pour la plupart des accès à la place.
Archives Municipales de Revel cote 1 O 1

- celle d'ouvrir le passage tout en gardant le deuxième et troisième étage (le premier étage serait enlevé) ; au rez-de-chaussée (prenant aussi l'espace du premier étage) une arcade serait construite  permettant un passage de 4 m de large (projet 3).

C'est la deuxième proposition qui sera retenue quelques décennies plus tard.

Ces travaux ne débuteront qu'en 1878  et s'achèveront en 1910 7 .

« Si les galeries ont l'avantage de procurer aux habitants une promenade agréable en toute saison, et de donner des places commodes pour les jours de foire ou de marché, mais qui par leur exiguïté et leur défaut d'élévation, ont l'inconvénient d'interdire aux grands charrois toute communication directe d'une extrémité de ville à l'autre, de plus leur entrée dans le Carré de la Place. Ceux qui ont jeté les fondements de cette ville, se sont pénétrés de cet inconvénient sans avoir voulu y remédier en combinant la construction des galeries, de manière à ne pas avoir de piliers angulaires et en écartant les extrêmes, mais la distance de ces piliers, insuffisante même pour le passage d'un homme à cheval les rend plus nuisibles qu'utiles à la liberté de la Voie Publique…  nous proposons de former dans chaque angle une ouverture en pans coupés de 6 m de largeur »
AMR cote 1 G 13 – Plan d'alignement de la ville de Revel – 1838 – 1844. Texte introductif.

Plan au niveau du 2ème étage qui se superpose avec celui de la page  précédente.
Archives Municipales de Revel cote 1 O 1

 

  Détail du plan de la page suivante montrant les diverses cotes du projet.
Angle du « couvert bas » et du « couvert des Moines ».
Cote 1 G 13 – Archives Municipales de Revel
Revel – Plan d'alignement de la ville – 1838 - 1844),

Le 19 janvier 1843, l'architecte Cambon propose un projet d'arrêté d'alignement de la ville de Revel.
Le document grand format, déposé aux Archives Municipales de Revel (cote 1 G 13 – Revel – Plan d'alignement de la ville – 1838 - 1844), est constitué, en introduction, d'un important texte de synthèse explicatif, de nombreux plans de la ville avec les modifications à faire, d'une annexe en fin de document présentant les noms des propriétaires par rue (et numéro de rue, parfois les professions ou activités commerciales sont mentionnées).
Le plan concernant la place du Beffroi est particulièrement intéressant puisqu'il présente avec des cotes bien précisées les modifications qu'il faudrait faire (on notera aussi le système d'écoulement des eaux et les fontaines présentes).
Cet arrêté sera validé le 6 mai 1844 par le Conseiller d'Etat, Préfet de la Haute Garonne et le 15 avril 1849 par le Maire de Revel Jean-Joseph Roquefort.
Ce dossier sera annexé à l'Ordonnance Royale du 9 novembre 1844 et enregistré sous le numéro 5575.
« Signé : le Ministre de l'Intérieur C. Duchatel » (pour l'état civil : Charles-Marie-Tanneguy Duchâtel) « pour copie conforme le Sous-secrétaire d'Etat au même département »

Par lettre du 2 novembre 1847 adressée au Conseil Municipal, un groupe de propriétaires se positionne par rapport au projet de rectification des angles des galeries.
Ils écrivent :
 « D'après le plan de la ville de Revel, adopté par ordonnance royale, il doit être fait aux angles des quatre galeries des pans coupés dans le but d'ouvrir une large communication sur la place. En notre qualité de propriétaires des maisons sur lesquelles  doivent s'exécuter les pans coupés nous avons l'honneur de vous présenter les observations suivantes.
Malgré que le plan adopté ait été l'objet d'un examen approfondi,  on n'a peut-être pas calculé toutes les difficultés de son exécution : elles sont très grandes nous osons même dire, presque insurmontables.
La commune sera obligée de faire une dépense considérable et sans profit pour elle et pour nous, puisque la réparation à faire pourra absorber l'indemnité reçue, de telle sorte que le résultat probable des pans coupés sera la perte d'une partie de nos maisons. La situation financière de la commune ne lui permet pas pour le moment de tenir les modifications projetées il est à présumer que la génération actuelle ne le verra pas, et en attendant la menace de démolition pèse sur nous  et déprécie notre propriété. Depuis cinq cent ans, les issues actuelles suffisent pour communiquer avec la place, on ne voit pas pourquoi  elles seraient insuffisantes pour l'avenir. »
Les propriétaires suite à leurs doléances, demandent au Conseil Municipal d'obtenir une modification du plan en supprimant les pans coupés et en conservant ce qui existe.
Les signataires sont L. Catalo, David Déjean, Toyan ( ?), Labranle, Marie Tolan . Le Conseil décide de créer une commission d'étude  8  …

Le 25 juillet 1852, malgré les prises de positions des propriétaires en 1847, David Déjean, propriétaire de la maison qui fait angle entre la galerie des Moines (du Levant) et la rue de Sorèze (actuelle rue Jean Moulin) décide de modifier sa maison en suivant le plan de rectification des angles des galeries. Il propose de réaliser les travaux sans demande d'indemnités à la mairie.
Le 2 août 1852 la mairie  décide de donner l'autorisation de ces travaux en rappelant les consignes édictées par la Préfecture, notamment les règles de collecte des eaux pluviales par chenaux et tuyaux et pour le rez-de-chaussée, les éléments qui pourraient faire saillie ne doivent pas dépasser de 15 centimètres maximum.
Le 2 décembre 1852, deux charpentiers évaluent les travaux qu'il y a à réaliser (Jacques Pujol et Françis Pradelles). En décembre 1852 et janvier 1853, le Maire M. Dirat signe l'autorisation en proposant une indemnité de 800,40 francs 9 payables en quatre années (200 francs chaque année de 1853 à 1856 intérêts non compris).
Un plan est fourni avec le dossier 10.

Plan concernant l'alignement de la maison Déjean 


Le 20 mars 1878 11 , un arrêté municipal est pris « ordonnant la démolition d'un bâtiment en péril ». La maison concernée se situé à l'angle sud-ouest de la « galerie basse » (actuelle galerie du Midi) et appartient aux héritiers de M. Catala Louis 12 ex. Percepteur des Contributions Directes.
MM. Prosper Alary (agent voyer urbain) assisté de M. Jean Pujol (maître charpentier) et Paul Daydé (maçon) constataient que cette maison « menace ruine et qu'il y a dès lors danger pour la sécurité publique ».
Il est ordonné aux héritiers de faire étayer en urgence cette maison, et « de faire procéder immédiatement à sa démolition depuis la toiture jusqu'au sol de la rue ».
Lors de la reconstruction ils devront obtenir l'autorisation et suivre les directives données pour l'alignement des nouveaux murs.

La rue Georges Sabo à la fin du XIXème siècle. Photo prise depuis la façade de la « Fabrique Get ».
A noter au fond de la rue :  le pan oblique de l'extrémité est de la galerie du Midi n'est pas encore réalisé !
A l'angle on aperçoit un pilier de soutènement  en bois.
Au premier plan à gauche, le trottoir de la « fabrique GET » est occupé par des pots de fleurs.
A droite une charrette est garée dans l'attente du transport des bouteilles de la fabrique Get 
(peut-être vers la nouvelle gare qui a été mise en service le 16 avril 1865)…
Collection Société d'Histoire de Revel-Saint-Ferréol

De « grosses pierres » sont posées contre les extrémités des galeries pour éviter que les charrettes et chariots mal dirigés « écornent » les piliers. Ils font office de « boutes roues » !
L'une des pierres est positionnée à l'intérieur du pilier démontrant ainsi que du trafic pouvait passer sous les galeries malgré l'interdiction formulée par un panneau (« AVIS - le passage sous les galeries est interdit à tout véhicule »).
La publicité est omniprésente sur les piliers qui encadrent le passage.

L'indemnisation des propriétaires

Un document  consulté aux archives Départementales de la Haute Garonne 13 permet de connaître le processus d'indemnisation des propriétaires. En effet, les maisons étaient démolies en partie et l'espace rentrait ainsi dans le domaine public.
Le 20 janvier 1904 était présenté et transcrit l'acte de mutation entre monsieur Ferrié Paul  propriétaire (adjoint au Maire et professeur au collège de Revel) et Monsieur Taussac Arthur Conseiller Général et Maire représentant la ville.
L'acte d'acquisition de la maison Ferrié datait du 23 novembre 1902 après une décision prise dès le 12 octobre par le Conseil Municipal.
L'acte précise :
- qu'il s'agit de la maison située à « la jonction de la rue de Castres » (actuelle rue Victor Hugo) « et de la galerie du nord dit couvert haut»
- que le propriétaire « consent à démolir pour faciliter l'accès à la place du marché de cette ville »
- seront démolis « la partie supérieure de sa maison » - « les piliers en bois sur lesquels repose la partie de l'immeuble à démolir qui se trouve en dehors de l'alignement fixé par le plan général approuvé par ordonnance du neuf novembre mil huit cent quarante-quatre 14 »
- qu'une indemnisation sera allouée de 6000 francs pour la perte de 17,62 m2 (encorbellement compris)
- que la responsabilité de la démolition et reconstruction  incombera à M. Ferrié
- qu'un pilier en pierre de taille sera construit
- que des consoles seront posées pour « servir au rattachement des conducteurs d'électricité »

Les traces de cette transformation

On peut encore voir, notamment aux angles sud-ouest et nord-ouest, les traces des modifications des angles. Ainsi aux extrémités sud et nord de la galerie du Couchant la rupture des toits est évocatrice. Les bâtiments ont bel et bien été amputés.
Des éléments en fer ont été fixés pour solidifier les façades au sud de la galerie du Couchant et à l'ouest de la galerie du Midi. Les pans coupés et le renforcement des piliers actuels angulaires (au sud de la galerie du Levant et au sud de la galerie du Couchant) sont aussi évocateurs de cette transformation. La disjonction des toits à l'angle ouest de la galerie du Midi est aussi un témoignage.

L'angle sud-est (rue Notre-Dame et rue Georges Sabo) montre que la transformation n'a été faite que sur l'extrémité est de la galerie du Midi (pan coupé). Un renforcement du pilier est présent à l'extrémité sud de la galerie du Levant.
La sécurité des angles des galeries étaient assurée par des « boutes roues » en pierre (voir photo page précédente).

L'angle modifié au sud de la galerie du Couchant

1. renforcement du pilier d'angle par colmatage du tiers de l'ouverture de l'arche
2. pan coupé (façade oblique)
3. renforcement par une poutrelle métallique
4. largeur de la façade avant la modification
5. largeur actuelle (la façade conservée est celle de l'époque de la transformation ainsi que les huisseries)
6. espace amputé et indemnisé par la commune au propriétaire

Les maisons concernées
(voir essentiellement AMR cote 1 O 6) 

ANGLE nord-ouest
- maison Carponçin en 1902 – angle galerie du Couchant et rue de Vauré – la maison sera mise en vente 4500 fr. en mars 1903
- la maison Ferrié – angle galerie du Nord et Rue de Castres actuelle rue Victor Hugo pour 6000 f.
ANGLE nord-est
-  maison Déjean vers 1890 – indemnisation de 800,40 fr.
ANGLE sud-ouest
- maison Catala  galerie du Midi et rue de Dreuilhe –indemnisation 3000 fr.
- maison Gabolde – angle rue St Antoine et galerie du Couchant dans la maison dites « Des Demoiselles Franc » indemnisation 2000 fr. (1891)
ANGLE sud-est
- maison Taussac angle galerie du Midi et rue Notre Dame en 1899  vendu 4521 f 15 cts.

L'angle modifié au sud-est de la place
(rues Notre-Dame et Georges Sabo)

L'angle modifié au nord-est de la place (rue du Taur et rue Jean Moulin)

 

Affiche de mise en vente de la Maison Carponçin.
A droite le plan du
1er étage montrant l'amputation des pièces et le nouvel alignement de la façade.

 

Sur cette ancienne carte postale datant du début du 20° siècle, on distingue le renforcement de la poutre métallique « en I ».

Une vue d'avion des années 1910 …
On voit très bien les maisons « amputées » aux angles des rues de Vauré et Victor Hugo (rond blanc)

 

 

 

 

 

 

 


Les références

1.  Histoire de Revel.
pp.444 – 445 (édition 1992 – Revel raconté par … 15 ). Edité par l'APAMP (Association pour la Promotion Archéologique et Historique en Midi-Pyrénées – Toulouse) et publication de Gustave Doumerc page  158 (édition originale de  1976) Histoire de Revel en Lauragais . Presses des Ateliers Professionnels de l'O.S.J à Albi

« Vers la fin du XIXème siècle et au début du XXème, la municipalité obligea les propriétaires des maisons situées aux quatre angles de la place centrale à supprimer les encorbellements des étages surplombant le passage et qui gênaient la circulation. Depuis l'origine de la ville, les étages supérieurs de ces maisons avaient été bâtis en surplomb de la rue et arrivaient presque à se toucher face à face. Cette opération s'échelonna entre 1890 et 1910. Chronologiquement le premier angle dégagé fut celui de la rue Notre-Dame (sud-est), le deuxième rue de Vauré (nord-ouest) en 1903, le troisième rue de Dreuilhe (sud-ouest) et le dernier rue du Taur vers 1910. »

2. Publication Frère Léodère Géry (monographie écrite en 1903)– Monographie de la commune de Revel. Pp. 144 – 145 (édition 1992 – Revel raconté par …). Edité par l'APAMP (Association pour la Promotion Archéologique et Historique en Midi-Pyrénées – Toulouse) 

« A l'angle sud-ouest était le Griffoul, fontaine monumentale élevée en 1805 sous l'administration de M. Sarrat ; depuis quelques années on a coupé les quatre angles des couverts. Ces ouvertures donnent aux galeries un aspect plus gracieux et plus ouvert. »

3. Publication de « Bénarès » 16 Une bastide royale au siècle des Lumières : Revel.  Imprimerie Messages – Toulouse – juillet 2002, 306 pp.

4. Archives municipales de Revel 2D4 – 101

5. Archives départementales de la Haute Garonne cote 4Q4-600

6. Archives de la Société d'Histoire de Revel Saint-Ferréol

7.  Archives Municipales de Revel -  cote 1 G 13 (2)

Transcription du document
des archives municipales de Revel …

« Place de la halle de la ville de Revel

La nécessité d'ouvrir les angles de la place de Revel ne peut être mise en question.

Pour y parvenir deux idées se présentent : la première, de couper haut et bas de chaque côté les maisons angulaires selon l'étendue d'une décade ( ?) (plan N°1).

La seconde de ne couper une maison que par moitié, c'est-à-dire selon une ligne oblique en laissant haut et bas sur la place une ouverture de 6.00 de largeur (Vide le plan N°2)
Mais attendu que de l'une ou de l'autre de ces idées résulte la dépréciation complète des maisons angulaires et que l'aspect des avenues ainsi que de l'intérieur de la place loin d'être embelli ainsi que le comporte la localité en deviendrait moins agréable Il est infiniment préférable de d'exécuter le Plan n°3 d'après lequel les maisons angulaires  ne seraient coupées que dans la partie basse et les étages supérieurs seraient maintenus.

Pour exécuter ce plan dans chaque angle de la place il sera pratiqué un Pan coupé de 6 m .50 environ de longueur percé d'une arcade de 4 m .00 de largeur et 5 m .70 de hauteur sous la clef dans laquelle viendront s'arc bouter les principales pièces de charpente ou autre utile au maintien du deuxième et troisième étage de telle sorte que l'intérieur de la place présentera une façade en quelque sorte continue.
Pour ce qui est des dépenses qu'entraine ce projet j'estime que quel que soit l'usage de la ville au sujet des indemnités pour perte de terrain la Commune doit toujours faire les frais de la construction du Pan Coupé au moins jusqu'à la hauteur du plancher au-dessus de la grande arcade.
Il est entendu qu'avant l'exécution toutes les dimensions seront bien étudiées et que pour tout ce qui doit concerner les propriétaires le dit Plan N°3 doit servir de régulateur.

Toulouse le 10 avril 1838

Signé :   Cambon J. (?) »

Cf. Archives Municipales de Revel -  cote 1 G 13 (2)

1

Seul l'angle de la galerie du Midi a été modifié. On distingue un « bouteroue » métallique à la base du pilier.
Sous la « galerie des Moines » (du Levant) un panneau signale : « PASSAGE INTERDIT A TOUT VEHICULE ».
Le pilier sud de la galerie des Moines (du Levant) a été renforcé dans sa partie interne de la galerie.
Dans l'épaisseur du bâti on remarque la trace d'une ancienne boîte à lettres. 

2

Cette photo aérienne montre bien les modifications des angles de la place centrale.
Seul l'angle de la rue Georges Sabo et de la galerie du Levant ne semble pas avoir été modifié.

Les Notes

1. Prononcer « garlandos ». Elles sont aussi appelées dans d'autres villes ou villages : galeries à arcades, ambans, cornières ou couverts.

2. Voir article sur « Les  Cahiers de l'Histoire de Revel » n°15 – avril 2010.

3. Cf. Bénarès page 74.   

4. Cf. Bénarès page 74-75.

5. Cf. Bénarès page 75.  Voir aussi archives municipales de Revel cote 2D4 : (« Arrêté relatif à la circulation des charrettes et voitures sous les couverts et sous la halle »  en date du 17 novembre 1887). L'arrêté précise que « les voitures ne sont autorisées à passer sous les couverts et la halle que pour le temps des chargements ou déchargements. »
« Pour se rendre aux découverts les charrettes et voitures passeront par les entrées ménagées aux quatre coins des galeries »

6. Archives municipales de Revel – cote 1 O 1. Cambon est l'architecte qui va mettre en place un « Plan d'alignement de la ville de Revel – 1838 – 1844 » (voir AMR cote 1 G 13).
Des plans sont proposés ainsi qu'un texte introductif au dossier daté du 19 janvier 1838 qui développe les modifications qu'il y aurait lieu de faire.

7. Cf. Gustave Doumerc.
Le premier angle qui sera modifié sera  celui de la rue Notre -Dame (au sud-est en 1890), l'angle de la rue de Vauré et Victor Hugo en 1903 (angle nord-ouest), puis celui de la rue de Dreuilhe (au sud-ouest) ; le dernier sera celui de la rue du Taur (angle nord-est). Léodère Géry qui a rédigé sa monographie en 1903 écrit que tout est terminé quelques années avant sa publication … N.D.L.R. les archives démontrent que les dates proposées par Doumerc ne sont pas tout à fait justes …

9. 53,36 f. pour la toiture et 747,04 pour le sol (et étages bien entendu).

10. Petit dossier inséré dans le Registre des délibérations municipales de Revel cote 1D13 (années 1846 – 1853) . Archives Municipales de Revel.

11. L'arrêté administratif est signé le 21 mars  (cf. 2D4 –Archives Municipales de Revel).

12. M. Catala Louis faisait partie du  groupe de propriétaires qui se positionnait contre le projet de rectification des angles des galeries par lettre du 2 novembre 1847 adressée au Conseil Municipal. Après son décès, les héritiers (Catala Alphonse, Catala Auguste et Mme Veuve Catala Louis)  avaient donc revu cette position.

13.  Cote 4Q 4 600 – dans les premières pages du dossier.

14. Il s'agit d'un plan général d'alignement pour la ville de Revel demandé par la mairie et constitué par M. Cambon (celui qui avait fait le projet pour les angles en 1838). Ce plan avait été prescrit par une ordonnance royale le 9 novembre 1844.

15. Compilation et réédition de trois monographies concernant Revel dont les auteurs sont :  Léodère Géry (1903)  – Pierre-Antoine Barreau (vers 1840) et Gustave Doumerc (1976).

16. Victor Collado alias « Bénarès ».

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