Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                       PARU DANS LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE NUMERO 17 -2012

 

LES COIFFES DE NOS REGIONS

Par Aline et Jean-Paul ALARY

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Depuis quand portent-on des coiffes ?

 

Où a débuté cette coutume de se couvrir la tête ? Voilà déjà des questions qui resteront sans réponse ! Et si nous cherchons, au travers de l’Histoire, nous constatons que cet usage a des origines bien lointaines…et que le nom latin cuphia désignait le couvre chef masculin comme en atteste Le Littré jusqu’au XVIe.

Depuis les sculptures égyptiennes, les tapisseries du Moyen âge, les portraits peints par certains peintres, jusqu’aux photos de nos grand-mères, on note que de tout temps l’homme et la femme ont éprouvé le besoin de protéger leur tête. Besoin, certes contre froid et soleil, mais sans doute aussi, art de la parure et de l’élégance, ou même parfois de l’extravagance !

Depuis le XVIe siècle, on trouve donc trace de coiffes diverses portées même par les hommes, souvent pour les ouvriers, simples tissus noués autour de la tête et dont les pans retombaient sur les épaules. Peu à peu ces coiffures se spécialisent, devenant l’identification de certains corps de métier : chapeau de paille pour les travaux des champs, capuchon de grosse toile pour les travaux salissants, ou bonnet de coton blanc pour les meuniers du Lauragais ...

 

Après la Révolution et au début du XIXe siècle, les coiffes se démocratisent et sont portées par toutes les femmes. Elles deviennent le moyen d’identification pour chaque région, parfois même pour chaque village, très attachés à la mode locale. Mais elles restent toujours un prétexte pour afficher un rang social, un état de fortune, une situation familiale, ou même une coquetterie ostentatoire …mais ça, c’est encore une autre chose…

 

Ecoutons Jean De la BRUYERE, moraliste français, qui écrit déjà en 1688, dans Les Caractères : « il faut juger des femmes depuis la chaussure jusqu’à la coiffe exclusivement, à peu près comme on mesure le poisson entre la tête et la queue… »

 

Dans nos régions (nous entendons par ce terme une zone s’étendant de l’est Toulousain à la Montagne Noire, en passant par le Lauragais et le sud du Tarn) nous trouvons entre 1850 et jusqu’au début du XXe siècle, l’affirmation d’une identité régionale certaine.

 

Si certaines contrées usent de dentelles et de hautes coiffes élaborées, comme en Bretagne, notre région, qui garde toujours une coiffe basse, parfois plate ou bombée en forme de bonnet, ne doit pas pour autant être dépréciée.

 

Chaque coiffe, et il y en a rarement deux d’identiques, est le résultat de l’invention d’une femme, se surpassant dans des travaux de montage, d’assemblage, d’amidonnage et de décoration. Dentelles et rubans, tuyautages et ruchés sont autant de preuves d’aisance et d’habileté, d’appartenance à une certaine classe sociale ou du moins du désir d’y ressembler.

 

Puis, les coiffes ont été peu à peu abandonnées à cause de l’évolution de la société, d’une certaine libération des femmes qui ont coupé leurs cheveux, ont découvert par les magazines la mode venue de Paris, pour finir par adopter le port du chapeau. On voit encore quelques personnes portant la coiffe dans les années 40 . Ce sont des personnes âgées, surtout à la campagne, comme en témoignent de vieilles photos de famille. Les plus parlantes sont celles faites lors de mariages. Les jeunes femmes y figurent tête nue ou en chapeau. Seule, assise au premier rang, pose sous sa coiffe blanche, une grand-mère qui ne sourit pas...

 

A quoi ressemblent nos coiffes ?

 

Elles restent dans l’ensemble assez basses, sauf peut-être dans le sud du Tarn, le Sidobre, les monts de Lacaune où elles gagnent en hauteur. C’est alors un véritable chef d’œuvre d’empesage et de travail aux fers à tuyauter.

 

Le plus souvent la coiffe est blanche, pourtant dans les régions montagneuses du pays Castrais et le Mazamétain, on peut en observer de noires sur des portraits de dames âgées, sans que l’on puisse en tirer de vraies conclusions. Peut-on imaginer une certaine austérité dans ces contrées à majorité protestante ? doit-on cela aux grandes périodes de guerre qui ont endeuillé beaucoup de familles ? la majorité des coiffes conservée de nos jours est blanche. Est-ce à dire qu’il y en avait beaucoup plus, ou prenait-on un meilleur soin de ces belles coiffes de fête qui, peut-être moins portées que les noires, ont mieux traversé le temps jusqu’à nous ? Elles gardent bien leur mystère…

 

Pourtant, il y a toujours des normes bien observées : la coiffe doit enfermer toute la chevelure, serrée en chignon ou en tresses, ne laissant parfois apparaître, sur le front, que la naissance d’une raie médiane. Ne pas oublier que seules les femmes dévergondées sortaient « en cheveux », et qu’il fallait une grande intimité familiale pour que la femme montre sa chevelure. Même à la maison, on portait la coiffe de tous les jours, dite « cofa lisso ».

 

Il pouvait arriver, jusqu’à la fin du XIXe, que soit utilisé, sous la coiffe, une bandeau de tissu blanc, souligné d’une fine dentelle et solidement nouée sur la nuque par une attache de coton. Cette bande de toile s’appelait le bendou ou bendel .

 

Le bendou ou  bendel .

COFA LISO  ( quelques  modèles )

COIFFE DE MARIEE CASTRAISE 
    (Vers 1865)
Les rubans de soie grège sont d’origine

La  PALHOLA –
travaux  des champs  et des vignes

devenue pour le folklore  « chapeau toulousain »


Coiffe gaufrée du SIDOBRE,
portée sur la photo par sa propriétaire

« CALINE » de  jeune  fille portée à CARCASSONNE

Coiffe  du Lauragais montée sur armature rigide
 

COIFFE Castraise tuyautée voilée de crêpe à l’occasion d’ un deuil

SOUAL (81) cette  élégante  coiffe  au ruban rayé  de  gris n’a subi  aucune  restauration
 
MAZAMET - DEMI COIFFE d’adolescente présentée sur cheveux longs

 

 

 

SOREZE – la passe est richement ornée de ruchés de dentelle et d’un ruban moiré 

 

 

travaillé en coques

la passe, solide bandeau de tissu, qui fait le tour du visage, et se finit au dessus des oreilles. La passe porte le décor de la coiffe, les volants appelés rangs, y sont légèrement fixés, souvent à grands points pour en faciliter l’entretien.

Il faut bien préciser que les fers à dentelles ne sont pas des fers à friser, car ils n’ont que des branches pleines. Le fer à tuyauter possède deux, voire trois branches semblables et n’a pas de branche en gouttière comme les fers à friser les cheveux. Si parfois le travail demandait plus de finesse, les dentelles étaient travaillées à l’ongle et à la paille de blé, dont la tige, prise sous la feuille, ne porte pas de nœuds.

 

 

 

A défaut, une aiguille à tricoter métallique pouvait faire l’affaire. Ce travail se faisait souvent, par nécessité, à la maison, mais restait un vrai métier puisqu’on a pu vérifier que vers 1900 une centaine d’ateliers de blanchisseuses et repasseuses étaient en activité à Toulouse et assuraient cannelures et tuyautages. Il semble que la mode des coiffes tuyautées remonte vers 1860.

 

On utilisait aussi le fer à glacer, nommé « le coq », boule métallique sur pied, qui servait à faire gonfler les côtés des coiffes. Le nombre des rangs de tête pouvait varier de un à cinq, selon les moyens et la coquetterie de leur propriétaire. Ils se devaient d’être rigides, réguliers et portés fièrement. Pour celà on trichait un peu grâce au volant de pied, posé derrière les grands rangs. Bas et très serré, il maintenait leur base et servait d’appui au dernier grand volant de tête.

 

On remarque, en collectionnant les coiffes que la hauteur des volants augmente selon la région. Très hauts dans les montagnes tarnaises, ils diminuent de hauteur vers les plaines du Lauragais…Y aurait-il plus de vent d’autan ? Rien ne nous permet d’avoir un avis vraiment documenté.

 

Devant le majestueux décor de rangs, porté en tiare, comme un symbole solaire, un joli petit volant de front, couché vers l’avant, finissait harmonieusement le tour du visage, et cachait la racine des cheveux. Puisqu’il était très en vue, il était minutieusement travaillé dans le style de la coiffe.

 

Le montage d’une coiffe se faisait sur une forme de bois dite marotte. Les monteuses de coiffes ne sont jamais mentionnées et on parle de lingères ou de modistes.

 

En 1880 la ville de Toulouse comptait 97 modistes. Il semble toutefois que les coiffes aient souvent été achetées en pièces détachées et montées par la femme elle-même, ou dans de petits ateliers locaux . Ainsi on peut trouver dans une même

Fers à tuyauter

coiffe un fond brodé à la main, une passe en dentelle mécanique, ou un fond en dentelle mécanique et une passe en dentelle faite à la main. Cette remarque explique la micro-diversité des coiffes et pourrait nous aider à comprendre que chaque contrée ou même chaque village ait adapté sa propre mode.

 

Les rubans et passementeries se fabriquaient dans la région de St Etienne, Lyon, Paris et Toulouse.

L’apogée se situe vers 1889. On les achètait en ville chez la modiste, et ils étaient répandus dans les campagnes par les colporteurs. Il n’était pas rare que les femmes les achètent secrètement avec quelques petites économies.

 

La dentelle est apparue en Europe vers 1540, cette mode arrivant des Flandres et d’Italie. La dentelle de Valenciennes était très appréciée, et connut son apogée aux XVIIe et au XVIIIe, mais elle restait très coûteuse.

 

On connait la dentelle au fuseau, à l’aiguille, au crochet, puis enfin les dentelles mécaniques qui ont démocratisé cet usage le rendant accessible pour la plupart de nos coiffes locales.

On sait qu’en 1851 il y avait en France 240 000 ouvrières dentellières.

 

Place de la coiffe dans la vie quotidienne.

 

La coiffe, à cette époque, restait un vrai investissement. Elle coûtait cher, et était souvent la coiffe unique, celle des grandes occasions. On l’emportait même parfois pour le dernier grand voyage, ce qui explique en partie qu’on ait pu en retrouver si peu.

 

Elles s’adaptaient aux divers moments de la vie d’une femme.

 

Coiffe du revélois sur sa marotte en bois (XIX° s.)

 

 

Jeunes filles et grandes adolescentes

 

Les jeunes filles et grandes adolescentes arboraient parfois une coquette « demi-coiffe », posée sur le sommet de la tête et nouée sous le menton par un joli ruban. Elle laissait descendre par derrière la totalité de la chevelure.

 

Demi-coiffe de jeune fille (Mazamet)

Coiffe de mariée castraise vers 1865

 

 

 

Nous ne savons pas jusqu’à quel âge cette coiffe était portée. L’âge aidant, elles portaient des coiffes légères faites de tissus légers presque toujours blancs et garnies de rubans aux fraîches couleurs, écrus, verts, roses, ou fleuris.

 

La couleur bleue était souvent utilisée, peut être en relation avec la dévotion mariale, puisque il était coutumier de vouer les filles à la Vierge.

 

La mariée

 

La mariée portait la cofo noubialo, que l’on retrouve en général très bien conservée, car portée un seul jour, elle était pieusement rangée dans son carton, et gardée en souvenir. Cette coiffe blanche ou en soie naturelle écrue, porte souvent deux grands pans de satin flottant sur les épaules.

 

Certains y voient la dernière expression de la liberté et de la séduction permises aux jeunes filles, puisque les femmes mariées nouaient toujours par la suite leurs rubans.

 

Cette belle coiffe de dentelle tuyautée, richement décorée de nœuds de satin travaillés en coques, était parfois ornée de fleurs d’oranger en cire. La mariée en costume traditionnel n’était, bien sûr, pas vêtue de blanc.

 

Elle portait sur les épaules un châle d’indienne ou de cachemire, aux couleurs profondes. Ce châle était en général offert ou prêté à la mariée et coutait très cher. On peut imaginer l’éclat de la coiffe et de ses rubans portée sur ces châles aux vives couleurs.

 

Les femmes mariées

 

Les femmes mariées continuaient à porter une coiffe blanche, réservée aux dimanches et jour de fête.

N’oublions pas que foires et marchés étaient des jours de grande sortie et qu’on y voyait fleurir de belles coiffes tuyautées. Il y avait là matière à afficher son rang social, son aisance financière et même les plus modestes avaient à cœur d’arborer une belle coiffe.

 

A défaut de pouvoir en acheter une, il est probable que certaines femmes en fabriquaient elles mêmes. Il suffit d’observer les coutures, les points de bâti grossiers, les reprises soigneuses. Certaines nous parlent très bien de cela, comme cette modeste coiffe de mousseline unie, taillée aux ciseaux en volants sur le front, mais superbement décorée d’un ruban de satin noir tressé, travaillé en coques et en fleurs d’une grande facture.

 

Dame âgée du Sidobre

Castraise âgée avec sa bible vers 1936

Coiffe pour l’enfant et la nourrice au tablier blanc

TOULOUSE VERS 1870

La photographie, témoin du passé...

Les coiffes du Lauragais sont
omniprésentes sur ces documents rares...

 

Jolie petite coiffe du Lauragais
(région de Revel – Soual)

 

Le talent et l’habileté de cette humble couturière disparue nous inspire toujours un très grand respect.

 

 

 

Période de deuil

 

Lorsqu’arrivait une période de deuil (et elle pouvait durer très longtemps), puis celle du demi-deuil qui y faisait suite, la coiffe se voilait de crêpe noir, posé sur le fond, derrière les rangs amidonnés.

 

Coiffe tuyautée du Sidobre
voilée de crêpe noir

 

 

 

 

Les rubans se portaient obligatoirement en large velours noir. Dans les milieux les plus aisés où on pouvait acheter une autre coiffe, les veuves ou les mères en grand deuil portaient la coiffe entièrement noire, encore assombrie dans les montagnes tarnaises de la capeto, sorte de capuche sombre qui se portait sur la coiffe, surtout en hiver. Puis, le temps faisant son travail, on voyait peu à peu reculer le capuchon, et s’alléger les crêpes sombres… Pourtant certaines dames âgées, surtout dans les milieux aisés, continuaient à porter de fort belles coiffes noires, très élaborées.

 

Les coiffes ont toujours été un signe extérieur de prestige, de fortune ou de pure vanité. Dentelles et rubans rivalisaient d’éclat et pouvaient être jalousés, enviés et copiés.

Coiffe de deuil milieu aisé

 

Demi-deuil   (1951 – Montagne Noire)

 

 

 

Coiffes de travail et jours ordinaires

 

Pour la semaine, et les jours ordinaires, on portait une coiffe d’entretien facile, peu salissante et facile à laver. Coiffe basse et peu décorée (galon, croquets, petit entredeux de dentelles, picots crochetés) elle se noue sous le menton, c’est la cofa lisso.

 

Faite de solide coton ou de piqué blanc, elle conserve toutefois élégance et distinction. Sa forme en bonnet est caractéristique mais ne doit pas être confondue avec les bonnettes de nuit en usage dans ces temps là.

 

 

 

 

« Moucadou » porté sur une coiffe de deuil tuyautée (Sidobre).

 

 

 
Employée de maison vers 1914.

 

Dans le monde rural, la femme protégeait sa chevelure par un foulard, appelé moucadou, en toile de coton à carreaux. Il se portait autour de la tête et noué au dessus du front, ou bien attaché sur la nuque. Pour protéger du froid, il se nouait simplement sous le menton.

 

On le trouve aussi porté sur la coiffe, derrière les rangs de dentelle. La tradition orale veut que la façon de nouer son foulard ait répondu secrètement à quelque mode locale et peut-être à certains codes d’appel de séduction On en trouve aussi en soieries, en coton noir, remplacé peu à peu par des fibres de rayonne ou de tergal. On parle alors de la cravato, nouée sous le menton et portée jusque dans les années 50 par des dames âgées.

 

N’oublions pas les bonnettes de coton blanc, de pilou, de piqué, nouées d’une simple attache, très largement portées dans toutes les régions. On peut même trouver des tailles d’enfant, voire de bébés. Ces bonnettes utilitaires se portaient aussi la nuit, dans ces temps ou il n’était pas rare que l’eau du pot à eau gèle dans les chambres…rassurons nous, les hommes n’étaient guère plus avantagés, affublés d’un superbe bonnet de nuit à pompon blanc, marqués d’une initiale au point de croix rouge. Souvenirs, souvenirs…

 

 

COIFFE  BASSE dite COFA LISSO en piqué blanc et décor sobre souvent lavée et facilement repassée.

 

 

Dans ce monde des coiffes de travail, souvenons nous des coiffes de nourrices aux longs pans blancs, celles des femmes de chambre ou caméristes, toujours très coquettes, celles rondes et légères, peu amidonnées, en léger plumetis et sans barbes, qui sont portées par certaines commerçantes.

 

Nous sommes loin des bergères qui portaient, elles, la capeto, simple capuchon de gros drap bleu ou de laine épaisse qui couvrait la tête et les épaules, les protégeant de la pluie et du froid. Le port de charges sur la tête, à la campagne, se faisait avec l’aide d’un coussinet, dit cabessal, couronne de tissu roulé ou de paille tressée. Ce ne peut être considéré comme une coiffe, mais plutôt comme un accessoire de travail. Dés le second empire on voit apparaître dans nos régions un chapeau fabriqué à Caussade. Chapeau de paille aux larges bords rabattus sur les cotés du visage par un ruban noir, parfois porté sur un foulard : c’est la paiolo ou palhola.

 

Largement portée dans le Lauragais, le Gaillacois, elle devint peu à peu le symbole du chapeau dit Toulousain qu’on connait de nos jours, mais loin d’accompagner quelque fantaisiste tenue mauve de vendeuses de violettes, elle servait les rudes travaux des champs et son ruban noir l’empêchait de s’envoler par temps de grands vents.

 

Dans les pays de vignobles, l’Aude, le Pays bas, on porte aussi dans les vignes la caline. Très souvent fabriquée à la maison, elle est faite de cotonnade claire cousue sur une armature rigide amovible de carton ou de baguettes de bois léger et protégeait le visage et la nuque des ardeurs du soleil et du vent d’autan.

 

Ce type de coiffure se retrouve dans toutes les régions viticoles, où elle porte des noms différents, comme par exemple la quichenotte ou la halette…

 

CONCLUSION :

 

Il nous reste relativement peu de coiffes.

 

Portées traditionnellement pour les grandes occasions, on avait coutume de les mettre à leur propriétaire lors de son décès, pour son dernier voyage.

 

Dans l’esprit d’une certaine économie familiale, elles ont souvent été décousues pour faire avec le fond rond, de jolis napperons brodés.

 

Leur fragilité les rendait vulnérables, l’empesage les faisait cassantes et friables et les souris, attirées par l’amidon, s’en sont souvent régalé.

 

Leur plus grande menace fut hélas les héritages et successions qui en ont détruit beaucoup: ne représentant aucun intérêt marchand pour certains héritiers, elles ont été jetées ou vendues à la brocante par les videurs de greniers. Il arrive même d’en retrouver avec toutes les archives de la famille, les photos de mariage, portraits, ce qui fait le bonheur des collectionneurs…qui peuvent ainsi voir le visage d’une coiffe portée par sa propriétaire !

 

Heureusement d’autres familles ont pieusement gardé ce souvenir si personnel d’une aïeule aimée, et peuvent grâce aux recherches de généalogie, retrouver le lieu et la date où une coiffe a été portée. Les expositions et actions menées pour leur sauvegarde par des collectionneurs passionnés permettent parfois d’obtenir témoignages, photos.

 

C’est aussi l’occasion de se souvenir qu’on en avait bien une, dans un vieux carton, il y a longtemps…mais où donc est-elle passée ?

 

Peut-être allez- vous vous mettre à sa recherche et retrouver ce souvenir émouvant et désuet d’une vieille femme disparue, qui a su être jeune et belle. Peut-être la montrerez-vous, un jour de vacances, à quelque petite fille de votre famille…

 

Alors nous n’aurons pas tout à fait perdu notre temps.

 

Castraise vers 1925

 

 

Sources de références / bibliographie :

 

« Ceux du Languedoc »

Jean Lebrau- Paul Sibra - Horizons de France 1946


« Au fil des coiffes, Toulouse et les pays d’oc»

Madeleine et Françoise Besson – PyréGraph 2003

 

« Les costumes régionaux d’autrefois »

Ouvrage collectif – archives et culture 2003

 

« La France au fil de l’aiguille »

Marie Le Goaziou et Nathalie Bresson – Ouest France 2002

 

Mémoire populaire et tradition orale

Etude Mme Savoldelli – Mazamet

Revues ethnographiques diverses, art et traditions populaires

 

Collections : Alary – Maurel – Savoldelli

Société Culturelle Pays Castrais (G.L. Marchal)