Titulature : saint Martin.
Occitan : 1271 : falguièra : fougère- falguieràs : lieu couvert de fougères.
Le Falga est une commune du canton de Revel qui ne possède pas d’agglomération proprement dite : son habitat est dispersé sur les 527 hectares de sa superficie.
Le territoire appartenait au seigneur DEAUSSENS et la commune, en 1384, avait deux consuls qui ont été cités dans un répertoire de la « Recette en Lauragais d’un subside levé par CHARLES VI »
Le 31 Décembre 1681, PHILIPPE de CAFFARELLI, avocat au Parlement de Toulouse et contrôleur du Canal du Midi, achète le château du Falga à Pierre de SOUBIROUS.
Parmi les onze arrière petits fils de Philippe, certains sont davantage connus :
Louis-Marie-Joseph-Maximilien, appelé Max, ami de Bonaparte avec lequel il fit la campagne d’Egypte. Blessé à une jambe, amputé, il continuera le combat et sera tué devant Saint-Jean d’Acre en 1798. Son nom est gravé sur l’Arc de Triomphe à Paris. Son buste est présenté à l’Ecole Royale de Soréze où il fut élève, ainsi qu’à la Salle des Illustres du Capitole de Toulouse.
Charles-Ambroise, né au Falga le 15 Janvier 1758, chanoine de Toul, approuve la Constitution Civile du clergé et devient curé constitutionnel à Maurens en 1790. Plus tard, il fut préfet à trois reprises, destitué, emprisonné en 1793 par le Comité de Surveillance de SaintFélix ainsi que ses deux sœurs Sophie et Henriette, les deux benjamines, pour pratique constante de charité. Il est titré baron d’empire, puis comte de Cafarelli sous la Restauration.
Jean-Baptiste, prêtre vicaire à Loubens, refuse d’adhérer à la constitution civile du clergé et doit s’exiler en Espagne. Il fait partie des 63 prêtres réfractaires du district de Revel, contre 14 assermentés. A la fin de la Révolution, il est nommé Evêque de Saint-Brieux. A sa mort, il est inhumé dans sa cathédrale. Un gisant de marbre y perpétue son souvenir.
L’église du Falga est citée lors du remembrement de la province épiscopale de Narbonne et fait partie du diocèse de Toulouse en 1318. A cette époque elle est annexe du Vaux.
En 1570, le 26 Avril, BERNARD DESPLAS, prêtre d’Aurillac, fait une déposition concernant la destruction des églises du Vaux et du Falga par les Huguenots : « Les ennemis bruslarent les églises des lieux de Vaulx et Falga son annexe, appartenant au Chapitre de SaintFélix… »
Elle fut restaurée et la carte de CASSINI, au XVIIIe siècle, situe cette église dans le cimetière actuel de la commune. Le 5 Octobre 1742, Mgr CHARLES-ANTOINE DE LA ROCHE-AYMON, accompagné de JEAN-BAPTISTE DARGUEIL, prêtre et chanoine de SaintFélix, y fit une visite épiscopale. Ils relevèrent dans le procès verbal de visite :
Le patron* principal est saint Martin, les patrons secondaires, saint Barthélémy et sainte Magdelaine ;
Il n’y a point de Sainte Réserve et le tabernacle n’est pas doublé, pas doré et mal fermé ; On n’y fait jamais la bénédiction. Le curé n’y réside pas ; Point de relique, point d’obit* ou fondation.
Mais : Si les murailles sont solides, elles ont besoin d’être recrépies en certains endroits ; Les fenêtres sont assez grandes, le pavement est à revoir ; La pierre sacrée est en bon état ; Les tableaux sont en état. Il n’y a pas de retable*, pas de lutrin, pas de place pour les chantres dans le chœur et l’autel n’a pas de retable* ;
Il n’y a point de sacristie ; Il n’y a pas de voûte, mais une charpente apparente ; Un clocher et des cloches en état, mais les planches de la porte sont pourries.
Il s’agit d’une très petite église, desservie par les prêtres de Saint-Félix, distant de quelque quatre kilomètres.
Mais l'église est trop isolée de l'habitat.
De ce fait elle est souvent victime de vols, de spoliations. En 1779, elle se trouve dans un état déplorable. Un projet de déplacement s'élabore, conduit par la famille CAFFARELLI qui propose un transfert dans un local lui appartenant. L'ancienne église sera démolie et les matériaux récupérés pour l'aménagement de la nouvelle, non loin du château.
Après délibération de l'ensemble de tous les habitants, le projet est proposé à Mgr DE LOMÉNIE DE BRIENNE le 12 juillet de la même année, avec l'accord du curé du Vaux et du doyen de SaintFélix.
Il s'agissait à cette époque d'aménager une salle rectangulaire qui fut prolongée par le chœur, de créer une sacristie au sud et d'installer des fonds baptismaux. L'entrée s'effectuait par un vestibule situé sur le flanc sud. La bénédiction eut lieu le 19 novembre 1780.
L'église est utilisée également pour la communauté de la Pastourie, distante de quelques kilomètres et dont la petite église se trouve en piteux état. Cette dernière sera annexe du Falga le 20 avril 1804.
L'édifice reprend la titulature de Saint-Martin.
En 1816, le chanoine Charles-Ambroise de Caffarelli fait installer un autel de marbre blanc, décoré d'une croix de Malte, et un tabernacle. Quelques années plus tard, en 1824, il fait agrandir l'église en exhaussant les murs et adjoindre les bas-côtés.
On construit un chœur à chevet plat enrichi de six exèdres* entre les pilastres antiquisants. Des vitraux sont posés aux cinq ouvertures du chœur. Une seconde sacristie est bâtie au nord.
Le clocher est élevé; on y installe une cloche.
Les travaux furent terminés au mois de novembre 1826, le jour même de la mort du chanoine Caffarelli.
C’est au mois de Mai de l’année 1853 que le curé du Falga, M. SANCHEBY, de Mascarville, achète la grosse cloche. La bénédiction est donnée par le curé de Saint-Julia. Le parrain est MELCHIOR GUIRAUD descendant des CAFFARELLI et maire de la commune, et la marraine, ANNE POUX.
En 1884, au mois de Mai, Mgr JULIEN-FLORIAN DESPREZ, archevêque de Toulouse, visite la paroisse et administre la confirmation.
La même année DONNADIEU EUGENE, ETIENNE, SIMON, de la paroisse Saint-Nicolas de Toulouse, est nommé à la cure du Falga.
Le 1er Décembre 1867, après la réparation et la décoration de la chapelle de la Vierge, une statue de l’immaculée Conception est placée dans l’exèdre* au dessus de l’autel.
En 1875, au mois de Mai, il est procédé à la reconstruction entière du plafond de l’église et du chœur. Ce travail fut effectué par les sieurs CASSE, PAYSSONS et RAMONA LEOPOLD, ouvriers plâtriers de Saint-Julia.
On retrouve aussi trois grandes fenêtres dans le sanctuaire et, en Décembre, on pose les vitraux.
L’année suivante, en Novembre, le plafond du sanctuaire, formé de caissons, est peint et richement décoré, ainsi que les murs. Ces travaux qui sont l’œuvre de NORBERT, peintre et décorateur à Toulouse, ont été offerts par Madame Veuve MARAVAL, née GUIRAUD, descendante des CAFFARELLI.
Le mois suivant, la commune offre une horloge, réalisée par ANDRAUD, serrurier à Saint-Félix (le mouvement de cette horloge a été déposé au fond de l’église en 1997, après la mise en place d’un système électrique).
A la fin du XIXe siècle des travaux importants sont effectués.
En 1882, on carrelle au ciment la nef, les deux chapelles, la sacristie et le porche. Dans le chœur, c’est un très beau carrelage polychrome qui est posé. L’année suivante, ce sont la toiture et le plafond de tout le bas-côté de la chapelle de la Vierge qui sont refaits. Dans le même temps, on ouvre l’arceau de cette chapelle où était suspendue l’ancienne chaire.
La foudre n’épargne pas l’église du Falga. Particulièrement en 1939, mais il faudra attendre 1950 pour restaurer le petit clocher à l’identique. Et le 19 Avril 1982, le clocher est à nouveau foudroyé. Les murs et les vitraux sont endommagés par le souffle d’un violent orage magnétique.
La même année, le 7 Novembre, une terrible tempête ajoute aux dégâts du printemps.
Un an plus tard, jour pour jour, la petite cloche de 1764 reprenait sa place. Les travaux étaient conduits par JACQUES VILLEMUR, architecte et habitant du Falga..
La famille de Caffarelli est très liée à l'histoire de l'église actuelle du Falga. Ses descendants vivent toujours au château, importante construction carrée à quatre tours des XVIIe et XVIIIe siècle. Une grande ferme lauragaise couverte de vigne vierge lui fait face. C'est dans ce site d'un charme bucolique certain que se situe l'église actuelle. L'ensemble est entouré de verdure, de prairies, de vallons, loin des grandes voies de communication. Tout est empreint de sérénité et de paix.
Dans l'église, le samedi 8 novembre 2003 a été inauguré une plaque à la mémoire de deux enfants baptisés au Falga. Devenus prêtres, il s'agit de:
L'abbé Sablayrolles Elie, missionnaire en Chine et en Thaïlande, décédé le 21 août 1981
L'abbé Cucurou Daniel, curé de SaintFélix, le Falga et Seysses, décédé le 25 avril 2003
Cette petite commune est aujourd'hui très vivante. Tout au long de l'année des activités sont proposées et ouvertes à chacun. On y vient de plusieurs villages pour son « marché de Noël », l'été, tous les lundis, on se retrouve autour de quelques marchands de fruits, légumes, vins, miel, atelier de peinture, photos, expositions, fête de la Saint-Martin. Un fois l'an le Falga propose une rencontre œcuménique pendant la semaine de l'Unité avec Revel et SaintFélix.
L’église du Falga est située dans un site naturel d’un charme bucolique certain : non loin du château et d’une ferme lauragaise. Elle est entourée de prairies et de verdure et isolée des grandes voies de communication.
C’est une bâtisse rectangulaire au toit de tuiles, en bâtière*.
A l’est, la sacristie et une chambre de dépôt enserrent le chevet plat.
L’entrée s’effectue au midi par un porche profond qui donne également accès à deux pièces de rangement.
Le clocher-mur repose sur le pignon occidental. C’est une maçonnerie de blocage de pierres du pays revêtues d’un crépi rustique taloché. Ce clocher lui-même est bâti en pierres taillées assisées. Il comporte deux étages :
Le premier est posé sur une corniche et comprend deux niches à arcades plein cintre*, dans lesquelles sont logées deux cloches. La corniche repose sur des modillons à tête d’animaux ;
Le deuxième étage est appuyé en retrait sur la corniche supérieure du premier étage. De part et d’autre de la troisième baie abritant la troisième cloche, se trouvent deux motifs à socle surmontés d’une boule ;
Au faîte, est scellée une croix en fer forgé.
L’EGLISE se présente comme une salle rectangulaire à chevet plat.
On a accès au collatéral nord par cinq arcs en plein cintre* reposant sur des piliers carrés ornés d’une simple mouluration sans chapiteau. Le long du mur nord court une arcature aveugle reposant sur des piliers engagés. Ce collatéral abrite la chapelle de la Vierge :
L’autel tronconique est de marbre blanc, avec des pieds de lion et palmettes. Il porte le monogramme de la Vierge : A.M. : Ave Maria.
De part et d’autre du tabernacle de marbre blanc, deux pilastres surmontent un fronton à l’antique orné de triglyphes*.
Au fond de la chapelle, se trouve le baptistère de marbre blanc. Il est clôturé d’une grille de bois.
Le collatéral sud a été tronqué pour construire le porche et les deux pièces de rangement. On y accède donc par deux arcs en plein cintre. C’est la chapelle du Sacré-Cœur. L’autel est également de marbre blanc.
Le mur occidental est fait de moellons apparents. Une ouverture semi-circulaire fournit le jour.
Une « chaire de carillonneur » y est appuyée. Elle donne accès aux cordes des trois cloches. Au-dessus, se trouve l’ancienne croix qui surmontait le clocher.
Le chœur est sans conteste la partie la plus intéressante de l’église. Il est carré, légèrement plus étroit que la nef. Depuis les différents sinistres, les vitraux ont été remplacés par des verres « fond de bouteille * ». Des vitraux originaux, il ne reste que la bordure décorée du vitrail central.
Le plafond est à caissons : trente cinq caissons de plâtre, décorés de rosaces et de motifs floraux.
Des pilastres de plâtre à cannelures surmontés de chapiteaux d’inspiration corinthienne ornent les murs du chœur. Entre les pilastres, des lambris et des sièges en noyer ont été disposés.
L’autel est de marbre rouge encadré d’une bordure de marbre blanc et orné, en son centre, d’une croix de Malte également de marbre blanc.
« Cette croix nous a été donnée blanche en signe de pureté. Les huit pointes que vous voyez en icelle sont en signe des béatitudes que vous devez toujours avoir en vous (…) lesquelles sont autant de vertus que vous devez engraver en vos cœurs »
Il est surmonté d’un tabernacle rehaussé d’un baldaquin abritant une croix. Les marches d’accès à l’autel sont des mosaïques de marbre bordées de pierre.
· Au sommet, la plus ancienne :
P.M. DE CAFFARELLI
Ex domo LUDOVICI DE MADRON, iurum doctoris et rectoris
Caristus- vincit caristus : Seigr du FALGA
Mme DAME MARGUERITE, FELICITE D’ANCEAU Seigsse
Ste Martine-Regnat Christus imperat, Christus at omni
Malo pleben-Siram Defendat.
Gemma sacerdotum intercede pro nobis
Amiel Tolosa- Fecit Anno 1764.
· Au premier niveau :
Au nord :
Sit nomen domini benedictum
Souvenir de la mission 1928.
Je me nomme Marie-Henriette.
Au sud :
Ave maria gratia plena
Dominus tecum
Anno J.-C.
Une lecture erronée de la part des fondeurs a entrainé une distortion du texte :
Pour caristus, il faut lire : Christus. Ce qui donne : Christus vincit, Christus regnat (que le fondeur n’a pu loger)
Pour Siram, il faut lire Suam.
Fecit a été déformé en « Felicit ».
La traduction prend alors son vrai sens : « R.M. DE CAFFARELLY, de la famille de LOUIS DE MADRAN, docteur en droit et recteur. Christ est vainqueur, Christ (règne). Seigr du Falga Mme DAME MARGUERITE , FELICITE D’ANCEAU Seigsse SAINTE MARTINE. Christ règne, Christ gouverne. Qu’il défende son peuple de tout mal. Prince des prêtres, intercède pour nous. Amiel à Toulousea fait l’année 1784. »
Cette dernière cloche fait donc partie des matériaux appartenant à l’ancienne église, démolie en 1780.
ADHG, 1G 533,619
AM Le Falga.
AP 1885.
Archives privées, avec l’autorisation de M. et Mme de Roquemaurel, descendants des Caffarelli.
Lestrade (J.), 96.
Malary (S.), 35-36.
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