PRÉFACE

 

Lorsque le Créateur fit l'univers et tout ce qu'il renferme, il s'arrêta plusieurs fois pour contempler son œuvre.

La Bible nous laisse entendre à plusieurs reprises qu'il s'émerveilla devant la beauté de ses créatures. Même si elle ne dit rien au sujet du Lauragais, nous sommes en droit de croire que Dieu se pencha plus amoureusement sur cette belle contrée.

Il bénit tout spécialement cette riante vallée qui relie harmonieusement les douces collines de Saint­Félix et de Saint-Julia aux pentes verdoyantes de la Montagne Noire. Le Lauragais avait tout pour plaire et rendre heureux ses habitants...

Alors comment se fait-il qu'ils aient adhéré au cours du XIIe siècle à une vision du monde aussi pessimiste que celle du catharisme ? Foncièrement opposée à l'humanisme judéo-chrétien, cette hérésie niait l'optimisme de l'Incarnation et de la Rédemption et proposait une ascèse suicidaire tendant à la négation des réalités charnelles ou terrestres.

On connaît l'histoire du rassemblement cathare de 1167 à Saint­Félix, en un lieu relevant alors du vicomte Trencavel, bien que situé en Toulousain. Au tour du « pape » Niquinta se réunirent les représentants de diverses églises cathares du Midi et d'autres lointaines contrées.

Ils adoptèrent alors le dualisme absolu que professaient les hérétiques du Proche-Orient, et leurs évêques furent réordonnés par Niquinta. Mais, laissons de côté cette histoire trop connue (et trop exploitée actuellement de façon tendancieuse) pour en venir à l'extraordinaire renaissance religieuse qui suivit la prédication de saint Dominique tout au long du XIIIe siècle.

Les églises du canton de Revel sont le reflet d'une nouvelle jeunesse de l'Église, à la fin du Moyen Âge.

La présentation qu'en fait Mademoiselle Winter tient compte de la nouvelle division des grands diocèses méridionaux par le pape Jean XXll en 1317.

Du démembrement de l'immense diocèse de Toulouse naqui­rent six diocèses, parmi lesquels ceux de Lavaur et de Saint­ Papoul.

Plusieurs paroisses de la région de Revel dépendaient de ces diocèses, que la Révolution de 1789 a fait disparaître.

 

Formé à partir du monastère de Saint-Papoul, ce diocèse était le plus petit des six et ne comprenait que cinquante paroisses.

 Légèrement plus étendu, celui de Lavaur était composé, à la fin de l'Ancien Régime, de soixante-huit paroisses et de soixante six annexes.

 

Bien que les guerres de religion du XVIe siècle aient été funestes à la plupart des paroisses du Lauragais, un nouvel élan de ferveur se manifeste au début du XVIIe siècle, à travers les res­taurations d'églises, les créations de nouvelles chapelles, les fondations de confréries et la mise en place d'un clergé formé dans l'esprit du Concile de Trente.

 

 De cette lente maturation sont nées de solides communautés rurales très attachées à leurs traditions et profondément marquées par le cycle des fêtes liturgiques et la célébration des grandes étapes de la vie chrétienne.

 Après la tourmente révolutionnaire, elles ont su trouver rapidement un second souffle grâce à de nombreux et saints curés qui ont su réaliser un admirable ministère de proximité d'une fécondité inégalable.

 

Souhaitons que cette étude des églises du canton de Revel intéresse tous ceux qui aiment notre patrimoine rural et ravive les forces spirituelles de nos communautés chrétiennes.

 

Monseigneur Jean ROCACHER

 

 

   

Carte du Diocèse de Lavaur (année mal déterminée – 169.)

 Musée Paul Dupuy Toulouse

 

« Descrit Par Ordre de Monseigneur

L’Illustrissime et Révérendisse

CHARLES LE GOUX DE LABERCHERE

EVESQUE de Lavaur »