ROUMENS

 

 

               Titulature : saint Jean-Baptiste.

144 habitants en 1982.

168 habitants en 1990.

1226 : Romencs ; 1271 : Romench ; 1428 : Romenx.

               Occitan romec : ronce

 

HISTORIQUE

 

Le village de Roumens est situé à quelques kilomètres en contrebas de la côte de Saint­Félix, à un carrefour de petites routes de ce qu'on nomme « La Plaine » dans le canton de Revel. Les nombreux vestiges découverts au cours de labours permettent d'affirmer une importante occupation gallo-romaine du site.

Au Moyen Âge, Romencs était situé dans une structure circulaire entourée de fossés ; un seul pont, à l'Ouest en permettait l'accès. Plus tard, le village s'est développé à l'extérieur des fossés aujourd'hui encore remplis d'eau.

Dépendant de la seigneurie de Saint­Félix, Roumens est passé dans le giron du comte de Foix lors de la donation de RAYMOND VII, le 18 mai 1226. Comme la plupart des villages de la seigneurie, Romencs a un consulat indépendant dès 1249

C'est à PIERRE DUÈZE, frère du pape JEAN XXII que revient Romencs en 1319, lorsqu'il reçoit la seigneurie de Saint­Félix, des mains du roi PHILIPPE V.

Après la création de la collégiale* de Saint­Félix par le pape JEAN XXII, l'église de Romencs devient annexe et le chapitre y tient un desservant.

Mais, en1387, GUILHEM DE LA BAILLE achète la seigneurie de Romencs, laquelle sera à nouveau vendue en 1655 à JACQUES DE FAURÉ.

Ces différents seigneurs possédaient un château puisque, en 1782, Louis, JEAN, GEODEFFROY DE FALGUEROLLES cède l'emplacement du château qui jouxtait l'église à PIERRE RAMOND, forgeron.

 La tradition locale veut que l'actuelle sacristie soit l'ancienne chapelle du château qui portait le nom de Saint Jean-de- Romencs. Le château et l'Hôtel de Ville qui étaient , avec l'église, le centre du village, n'existent plus. Seule reste l'église.

 

Celle-ci est citée en 1317 lors du remembrement de la province épiscopale de Narbonne et fait alors partie du diocèse de Toulouse. L'archevêque est collateur*, le seul décimateur* étant le chapitre de Saint­Félix.

Les archives municipales de1453, ayant subi de graves détériorations, sont inutilisables et l'histoire est muette jusqu'en 1596.

Pour cette année, le procès-verbal de la visite épiscopale signale : « En la dicte parroisse de Romens, il n'y a aulcung hérétique qu'on sache ny puisse cognoiste, par la grâce de Notre Seigneur ».

 

En 1694,des travaux importants sont entrepris :

 

•      les murs sont rehaussés ;

trois fenêtres en plein cintre* sont ouvertes dans le mur sud, remplaçant trois petites ouvertures en demi-lune dont les cintres sont encore apparents ;

le clocher-mur à cinq baies est construit en pierre, soutenu par trois grands contreforts à ressauts s'élevant jusqu'aux baies ajourées ;

•      une cloche est placée dans la baie septentrionale du deuxième niveau et dédiée à saint Roch ; on peut y lire :

 

 

« Sancte Roche, ora pro nobis ».

 Saint Roch, priez pour nous.


Parrain : B. BOUTIER

Marraine : damale de MILES
A. IULIA. A. PRADAL. A. BOUTIER ;
P. BONET : Consuls
MARGUILLIERS : E. ST JEAN. I. MAFRET
B. ESPERT
C.

Le mur clocher de l’église Saint Jean Baptiste

 

                                                                                                                          

En 1700, sur le procès-verbal de la visite épiscopale, Mgr DE COLBERT fait peu de remarques, mais il ordonne :

qu'on ôte la tribune du fond de l'église ;

qu'on fasse une chaire à prêcher en bois ;

•   qu'on fasse étamer la cuvette des fonts baptismaux.

La visite suivante du 4 octobre 1742, est faite par

Mgr CHARLES-ANTOINE DE LA ROCHE-AYMON en personne, assisté par le desservant ANTOINE JOSEPH DE SÈVERAC DE LA PLANIOLE.

Certaines critiques sont avancées :

si « le sanctuaire est de grandeur convenable, le banc du seigneur* n'y a pas sa place, d'autant qu'il y a des femmes qui se plaisent au banc du seigneur* ... »;

•   le couvert du sanctuaire a besoin de réparations ;

•   le tableau du retable* est vieux et usé. Il représente le Christ avec saint jean ;

•   le chœur et la nef sont séparés par une grande grille de fer, à travers laquelle on donne la communion ;

•   la nef n'est pas voûtée et quelques carreaux manquent ; les murs sont lézardés ;

•   l'église possède des reliques de saint Nicolas, mais celles de sainte Ursule ne sont pas authentifiées ;

•   l'église est entourée de deux petits cimetières, mais il n'y a pas de presbytère pour le desservant.

 

       À l'occasion de cette même visite, il est fait mention d'une chapelle séparée dédiée à Notre-Dame de Pitié et qui appartient à la confrérie.

 

 

 

 


Mais il n'y a pas de « pierre sacrée » et on n'y célèbre plus la messe depuis huit ou neuf ans. Aucun repère ne permet de situer l'emplacement de cette chapelle.

L'église de Roumens semble n'avoir pas souffert de vandalisme pendant les guerres de religion. Et, si les biens de Louis, JEAN, GEODEFFROY DE FALGUEROLLES ont été vendus comme « biens nationaux » à la Révolution, l'église a dû rester en l'état ; le clocher et la cloche de 1694 sont restés intacts.

 

En 1771, le 10 septembre, le conseil de fabrique* délibère pour effectuer des réparations indispensables :

•      refaire la porte ;

•      mettre un soutien ou une poutre pour la caisse de l'horloge ;

•      refaire le couvert de l'église.

 

Le CONSEIL_MUNICIPAL désire que l'église de Roumens soit érigée en chapelle ; dès 1809,de nombreux échanges épistolaires avec le Ministère seront nécessaires pour transformer l'église Saint-Jean-Baptiste en succursale de Saint-Félix.

 On lit dans le cahier des délibérations, le 20 juillet1819:

 

« L'église située au milieu du village est très bien bâtie, et comment est réparé son vaisseau ! Ayant une horloge et des cloches pour appeler les fidèles... »

 

L'ordonnance tant souhaitée sera signée par le roi LOUIS-PHILIPPE le 24 avril 1847­.

L'inventaire des biens appartenant à l'Etat en 1906, ne mentionne qu'un mobilier bien réduit :

•      un maître-autel de marbre ainsi que l'autel de la chapelle de la Vierge ;

•      une chaire à prêcher de briques et de plâtre ;

•      des lambris autour du chœur.

Mais les paroissiens ne se lassent pas d'améliorer leur église. En 1910 et 1911, deux nouvelles cloches prennent place dans le clocher-mur.

 

On lit sur la première :

 

  + SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM

   Que le nom du Seigneur soit béni                                

 

FLAVIEN PERRAMOND            
Marraine : CELESTINE LATCHE
Curé : FAGES
J'ai été fondue par les soins de
M.M. J. PRADAL, B. COSES, E. BIGOT, A. LATCHE, E. PRADAL. VINEL frères - fondeurs Toulouse 1910

 

 Sur la seconde :

 

   + A FULGURE ET TEMPESTATE LIBERA NOS DOMINE

   De la foudre et de la tempête, délivre nous, Seigneur

 

Don de M. FLAVIEN PERRAMOND
Parrain : LEON PERRAMOND
Marraine : AGNES PERRAMOND
Curé : FAGES
VINEL frères - FONDEURS - TOULOUSE 1911

              

L’église de Roumens est située sur un parcellaire ancien de forme arrondi.

 Entouré des vestiges d’un ancien fossé encore rempli d’eau de nos jours, le site est le type même « de village ecclésial de l’an 1000 ».

 

 

 

 

 

En 1985, une restauration importante a été entreprise par les soins des paroissiens de Roumens qui, au cours des siècles, ont toujours été « maître-d' œuvre » de leur église.

 

 

 

DESCRIPTION

 

 

 

EXTERIEUR

 

 

L'église Saint-Jean-Baptiste se présente comme un petit édifice rectangulaire dont l'abside semi-circulaire est enclavée dans un bâtiment accolé tardivement : le presbytère.

 

 

Du côté occidental, le clocher-mur, de sommet triangulaire, est percé de cinq baies en plein cintre*. Il est contrebuté par trois puissants contreforts.

 

 

ROUMENS CADASTRE ECCLESIAL 

 

 

Seul, l'ensemble du clocher est fait de pierre. Les murs de la nef et l'abside sont crépis. Ils sont percés, au sud, de trois baies plein cintre*. L'entrée s'effectue par un simple portail au côté sud.

                                                                                                                                            

La nef unique est de quatre travées. Les voûtes barlongues quadripartites sont séparées par des doubleaux* en anse de panier.

Les clefs de voûte sont décorées de rosaces et les ogives retombent sur des petits culots. La nef est éclairée par deux vitraux à dessins géométriques. Les murs ont été repeints d'une couleur blanc-cassé.

 

 

Sur le mur nord de la nef, un petit autel dédié à la Vierge a été érigé au début du XXe siècle : la construction d'une chapelle était trop onéreuse pour la petite paroisse.

Le chœur est en hémicycle, peu profond. La voûte est à sept voûtains, les ogives retombent sur des colonnes adossées dont les chapiteaux sont composés d'un motif végétal.

La clef de voûtes* est également ornée de feuillages.

 

 

 

Deux vitraux éclairent le chœur. Ils représentent les saints protecteurs de la paroisse : saint Roch et saint Jean-Baptiste.

Au cours de la restauration de 1985,la voûte du chœur a été revêtue de peinture bleu profond, alors que les murs sont de couleur verte. Les anciennes statues polychromes ont été nettoyées mais sont restées dans le chœur.

 

Au flanc nord de l'église et ouvrant sur le chœur, la sacristie de forme barlongue est voûtée de pierre sur croisée d'ogives'`. Celles-ci retombent sur des culots décorés de feuillages et de coquilles. Il n'y a pas de clef de voûtes*.

 

 

Un bénitier de pierre à décor de godrons* est situé près de l'entrée du chœur

   

 

 

                               Dans un écrin de verdure, entourée par un plan d’eau, l’église Saint Jean Baptiste témoigne des origines médiévales de ce village ecclésial typique.

 

Le passage s'effectue par une porte surbaissée dont l'encadrement de pierre est en anse de panier.

 

La sacristie a été prolongée tout au long du mur nord de l'église et l'ancienne forge sert de lieu de rangement.

 

Un autre bâtiment a été accolé à la sacristie à une date indéterminée.

Seuls le clocher et le mur méridional sont dégagés de tout ajout. La place ombragée et les douves qui l'entourent en partie donnent beaucoup de charme à l'ensemble.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

                ADHG, 1G 585, 588, 938.

 ADHG, 3V 10Av. An11 (1901).

 ADHG, V29.

 AM, non classées : 1771.

 Malary (S.), 99-102.

 

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