Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                              PARU DANS LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE NUMERO 9 - 2003 -

 

LE SOUTERRAIN DE PLANCAILLE

DREUILHE - commune de Revel Haute Garonne par Jean Paul CALVET (1)

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SITUATION GEOGRAPHIQUE

 

Le souterrain s'ouvre à flanc de coteau, à 30 m au SW du chemin appelé "le chemin rural du Puech" qui rejoint la ferme de la "Landelle" à la route communale n°3 de Montcausson (à 180 m de la bifurcation de la route communale n°201).

Parcelle cadastrale: feuille de Revel section YE au 1/2000° - parcelle 65 a

Coordonnées LAMBERT III: 569,75 - 3126,10 - 250 m (feuille IGN Revel 5-6 au 1/25000°)

 

HISTORIQUE DE LA DECOUVERTE

 

Durant la semaine du 23 au 30 mai 1993, M. Gélis exploitant agricole signalait à M. André Salvignol (garde chasse), la présence sur son terrain de ce qu'il pensait être un trou de renard ( dimensions 0,60 x 0,50 m).

M. Salvignol se rendant sur les lieux, et prenant conscience de l'intérêt de la découverte, me prévenait le lundi de Pentecôte en sollicitant l'aide de l'équipe d'archéologie du Musée de Spéléologie de Revel.

Dès le lundi 31 mai, le souterrain était exploré, le lendemain le service régional d'archéologie était prévenu et me délivrait une autorisation de fouilles de sauvetage (n°95/93 n° du site 31.451.103. AH - programme de recherche national H 18 - villages et terroirs médiévaux). Six séances seront nécessaires pour fouiller le site.

 

DESCRIPTION DU SOUTERRAIN

 

SOUTERRAIN1 SOUTERRAIN2 SOUTERRAIN3

à noter la stratification marnes – grès.
Marne au «  toit » - grès «  au plancher »

Vue du « bouchon d’entrée » - effondrement ancien de l’entrée de « la citerne » - à noter la stratification marnes – grès.

 

 

Il s'agit d'un souterrain à galerie unique, rectiligne sur 14 m de longueur, le conduit est légèrement dévié vers le fond (voir topographie). Le sol par rapport à l'entrée se situe à 2,50 m de profondeur. Vers le nord-est, la galerie se termine en cul de sac. Vers le sud-ouest, un agencement de dalles horizontales fait penser, à un dallage protégeant un chenal d'écoulement pour assainir le souterrain. Ces dalles sont surmontées de terres rapportées renfermant du charbon de bois et du mobilier archéologique. (1) Je remercie tout particulièrement M. André Salvignol qui par son action a su préserver le site. Trop de sites archéologiques sont malheureusement perdus alors qu'il suffirait de prévenir les personnes compétentes. Remerciements pour M. de Corail propriétaire et M. Gélis exploitant qui nous ont autorisé de fouiller le site et le conserver, ainsi qu'à l'équipe de fouilleurs: Raynaud S.,Roulleau Ph.,Terres D., Sabatier H

 

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COUPE LONGITUDINALE DE L' ENTREE
DU SOUTERRAIN DE PLANCAILLE
(zone fouillée)

 

 

      ?? -  ENTREE SUPPOSEE DURANT LA PERIODE MEDIEVALE
  
o - CERAMIQUES 

    .......... PROFIL DE LA VOUTE DU SOUTERRAIN A LA PERIODE MEDIEVALE

    ------- NIVEAU DE L'OBSTRUCTION LORS DE LA DECOUVERTE (après effondrement)
            TERRAINS EN SITUATION NATURELLE

                ZONE CREUSEE EN TRANCHEE AU MOYEN-AGE PUIS REBOUCHEE APRES MISE
                EN PLACE DES DALLES ( présence de charbons de bols et de matériel archéologique)

 

entree surface fouilles

Début du sondage – l’ orifice était entièrement bouché après l’effondrement de l’entrée (création depuis longtemps d’un « fontis » ascendant qui a percé la surface).

CONTEXTE GEOLOGIQUE

 

Le souterrain se développe dans les molasses dites de Saïx-Lautrec dans lesquelles s'intercalent des lentilles gréseuses (datées du Bartonien supérieur - Priabonien basal - 36 millions d'années environ). Le souterrain de Plancaillé n'a pas été creusé au hasard par les médiévaux, mais au contact des molasses qui forment le "toit" et les grès qui forment le "plancher". Ce cadre géologique a permis de réunir des conditions hydrologiques satisfaisantes pour un captage d'eau potable. Le puits d'accès recoupe les faciès suivants du haut vers le bas : 0,50 m terre de surface 1,30 m molasses rougeâtres 0,75 m grès blanchâtres

 

COUPE SYNTHETIOUE

 

 

 

 

FOUILLES - STRATIGRAPHIE

Les fouilles dès le départ ont eu pour objectif de retrouver les contours de la galerie artificielle vers le sud-sud ouest (contours non identifiables à la suite de l'effondrement du trou d'entrée). Les relevés stratigraphiques ont permis de mieux comprendre l'histoire du comblement de l'entrée du souterrain: - phase 1: après creusement du souterrain, un petit effondrement de la voûte a eu lieu (dépôt mollassique au niveau des grès zone A) - phase 2: remplissage de la zone B sur 20 cm (limon gréseux sur le plancher de la galerie - hauteur de l'effondrement A) - présence de céramique médiévale - phase 3: obstruction volontaire du souterrain au moyen âge (terre de surface renfermant une quantité importante de charbon de bois et la presque totalité du mobilier archéologique recueilli (zone C) - phase 4: le souterrain obstrué, une partie de la voûte s'effondre (zone D mollasses) - phase 5: effondrement jusqu'à la surface (zone E) Cette étude stratigraphique permet de connaître le profil d'origine de la voûte dans cette partie du souterrain, et de situer l'entrée médiévale entre l'entrée actuelle et la verticale de la première dalle.

 

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ETUDE DE MATERIEL

 

La céramique : les fragments sont de type médiéval (XIII' siècle} de couleur grise ou noire. Une cinquantaine de tessons ont été relevés dans les couches B et C. Quelques fragments de cols, de fonds, d'anses proviennent de poteries différentes (peu de tessons se raccordent).

Le fer : trois objets en fer ont été découverts : une herminette, une lame de couteau avec soie, un clou.

 

 

outil

 
 

VOIR DETAIL DE L'HERMINETTE

 

 

 

 

L'OS :

quelques fragments de diaphyses d'os long (non déterminé) - un fragment d'un hémi­maxillaire supérieur de suidé comprenant deux molaires (M2 et M3). La terre cuite : deux fragments de tuile de 20 cm2 environ - un fragment informe d'argile cuite charbon de bois : dans les couches B et C une quantité non négligeable de charbons de bois est présente.

LES TRACES DE CREUSEMENT

Les traces conservées sur les parois semblent indiquer l'usage d'un outil de 10 cm de large à bord arrondi pour le creusement du souterrain. Le mobilier date de la même période ( XIII' siècle). A noter la découverte sur le sol du souterrain à l'aplomb de l'entrée médiévale, d'un ensemble mobilier comprenant: - un col d'oule un fragment de panse d'oule un morceau de terre cuite informe un hémimaxillaire de suidé trois galets exogènes.

LES DALLES

Quatre dalles en grès local mesurant en moyenne 50cm x 15 cm pour une épaisseur de 5 à 8 cm ont été disposées horizontalement à 60 cm au dessus du sol de la galerie (fond SSW). Dans cette partie du souterrain, le sol est creusé en forme de chenal, on peut donc penser qu'il s'agit d'un dallage qui se prolonge vers le SSW. Ce dallage protégeait à l'origine un exhaure menant certainement à un point d'approvisionnement d'eau, à l'extérieur près de la rupture de pente (voir plan général). Les fouilles n'ont pas été continuées dans cette zone à cause du risque d'effondrement de la voûte.

CONTEXTE ARCHEOLOGIQUE

Ce "monument" s'inscrit dans le cadre du village ecclésial de Dreuilhe, situé à moins de 500 m à vol d'oiseau au NE. Sur le plateau de Plancaillé, des fosses auraient été aperçues (silos comme dans l'agglomération . Dès 1093, il est fait mention de Dreuilhe à propos de restitution des dîmes de l'église de Saint Saturnin par Géraud et Aimery de Roquefort à l'abbaye de Soréze. Le toponyme Saint Saturnin est aussi évocateur de l'ancienneté du village.

CONCLUSIONS

L'utilisation de ce souterrain reste à préciser. Il semblerait qu'il s'agisse d'un ouvrage destiné à collecter les eaux météoriques pour usage domestique dès le XIII'siècle se posait donc le problème de l'eau potable. Le petit plateau de Plancaillé a t'il été habité? Aucun élément ne permet de l'affirmer, la présence de silos et du souterrain démontre par contre la relation étroite de cette zone avec la vie quotidienne des habitants de Dreuilhe au XIII' . Nous citerons pour rappel, la présence dans un rayon de 25 km, de quelques souterrains qui semblent être contemporains à celui de Plancaillé : le souterrain de MOUZENS (souterrain refuge) de la clinique Mailhol à Labastide Beauvoir (souterrain refuge) d'En Coque à St Julia (souterrain refuge -du Cruzel de Troupiac à Saint Affrique (peut être réserve d'eau fonction identique au souterrain de Plancaillé - l'origine serait antique). Le département du Tarn tout proche a fait un inventaire exhaustif des souterrains refuges médiévaux connus: on en recense plus de trois cents! (voir bibliographie

 

Grâce à l'autorisation du propriétaire, et la participation de la municipalité de Revel, ce souterrain n'a pas été rebouché. Une buse placée à l'entrée en sauvegarde l'accès.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

DON DEVIC et DON VAISSETE Histoire générale du Languedoc (texte de 1093 intégral) BLAQUIERES C. - 1978 - Les fosses de Dreuilhe. Travaux et Recherches, bul. de la Féd. Tarnaise de Spéléo Archéologie, n°15, p.39-59

FUNK F. - 1979- Les souterrains aménagés. Carte archéologique du département du Tarn - mémoire n°1, publié par la Féd. Tarnaise de Spéléo Archéologie, 90 pages CLOS J.A - 1984 Notice historique sur Soréze et ses environs. Réimpression d'un ouvrage de 1802 chez Xavier Ottavi- Albi, p. 19

MALLARY Sylvie 1990 - Le Canton de Revel en Lauragaisde l'Antiquité au Moyen Age édité par l'association pour Revel et son Canton". Paragraphic l'Union, p.88-89.

CALVET J.P. 1993 inédit Rapport de fouilles à la Direction des Affaires Culturelles de Midi Pyrénées service archéologie 18 pages. CALVET JP. - 1994 - Le souterrain de Plancaillé. Bilan scientifique 1993 de la Direction Régionale des Affaires Culturelles- Service Régional de l'Archéologie. Ministère de la Culture et de la Francophonie Sous direction de l'Archéologie, p. 78 et 90-91.

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