Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol PARU DANS LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE NUMERO 17 - 2012 |
LE SITE DE VALERON
|
Le dimanche 14 mars 2010, lors d’une promenade dominicale, un sympathisant de la Société d’Histoire de Revel, M. Chebbi Mondher, repérait des indices de mobilier archéologique près de Moussoulens dans l’Aude.
Il remarquait qu’un fossé avait fait l’office d’une rectification récente. C’est ainsi que tout naturellement, il prospectait cette zone à la recherche d’éventuels indices de présence humaine (il avait déjà participé à des fouilles, et avait effectué des études en Histoire de l’Art)...
Il découvrait ainsi assez rapidement, la présence de vestiges archéologiques dans le talus (sol rubéfié, fragments de céramique, diverses pierres autour des céramiques).
Il me prévenait de cette découverte en fin d’après midi. Nous nous rendions à nouveau sur les lieux tard dans la soirée...
1. CADRE GEOGRAPHIQUE
Le site se situe à environ 800 m à l’est du village de Moussoulens et 150 m au sud-ouest de la ferme de Valéron. Il est au bord de la route départementale 38 (dit «chemin départemental d’Arzens ») reliant Moussoulens à Ventenac (sur le bord du talus du fossé, côté nord).
Il se développe sur la parcelle n° 1201 Section C feuille 02 (commune de Moussoulens).
Coordonnées LAMBERT III : 592,50 – 3108,88 – 165 m
Aperçu général géomorphologique et géographique - photo aerienne Google earth
Le site , le jour de la découverte (14 mars 2010). Quelques éléments apparaissent : pierre, céramique, zone rubéfiée
2. CADRE GEOLOGIQUE
Il se situe dans le faciès Sx-y, qui sont des formations (limons, sables et cailloutis) situées au dessus des calcaires à alvéolines datées de l’Ilerdien inférieur-moyen (e3bC). Ces formations sont souvent des coulées de solifluxion se retrouvant sur les flancs de petites vallées où comme dans ce cas sur la dalle des calcaires à alvéolines.
3. CADRE ADMINISTRATIF
3.1 Signalement de la découverte - autorisation
J’appelai immédiatement M. Michel Passelac qui après un premier contrôle du site me proposa d’y mener des fouilles de sauvetage après l’obtention de l’autorisation du Service Régional de l’Archéologie Languedoc Roussillon.
Un dossier fut proposé au S.R.A par l’intermédiaire de M. De Labriffe Pierre-Arnaud.
L’autorisation n° 10/177 – 8011 fut délivrée le 8 avril 2010 par M. Henri Marchesi Conservateur Régional du SRA Languedoc Roussillon.
3.2 Mairie
Un contact avec la Mairie de Moussoulens eut lieu pour les informer de la découverte et pour permettre la mise en place de la future fouille de sauvetage.
3.3 Propriétaire
Un contact fut pris avec le propriétaire M. Lagors, domicilié route de Séquelande à Sainte-Eulalie (11170). Il nous permit de fouiller dans la parcelle n° 1201 Section C feuille 02, et accepta que le mobilier découvert soit déposé en fin de fouille au Musée de Bram. Une autorisation et convention écrite fut rédigée.
3.4 Service de l’équipement
Un contact fut pris avec la D.D.E pour connaître les prescriptions d’usage de sécurité pour une fouille au bord de la route... Celle ci ayant lieu sur un terrain privé, aucune prescription ne fut demandée par ces services.
4. MOTIF DE L’INTERVENTION ARCHEOLOGIQUE
Les vestiges mis à jour par la rectification du talus du fossé (fin d’année 2009) étaient visibles et avaient été détruits en partie .
Vu le risque de fouille clandestine, et l’éventualité d’une future destruction plus avancée du site par des engins mécanisés, une fouille de sauvetage était devenue nécessaire et donc prescrite par le Service Régional de l’Archéologie de la Région Languedoc-Roussillon.
Vue d'ensemble de la fosse 1 dégagé - vue de dessus
5. METHODE D’INVESTIGATION ARCHEOLOGIQUE
Trois journées, les 26 – 27 et 28 mai 2010, ont été nécessaires pour mener à bien l’opération de fouilles de sauvetage (équipe de deux fouilleurs : Mondher Chebbi et Jean Paul Calvet).
L’espace fouillé se développait sur 2,60 m de longueur (parallèle au chemin départemental) sur 1,60 m de large (en profondeur dans le champ).
La fouille s’est déroulée jusqu’au niveau géologique.
6. LES RESULTATS
6.1 LES UNITES STRATIGRAPHIQUES (US)
6.1.1 US 01.
Il s’agit de terre de surface (terre arable) composée de quelques rares éléments de calcaire.
Cette US a environ 25 cm d’épaisseur. Aucun mobilier archéologique n’est associé à cette US.
6.1.2 US 02
Au dessous de l’US 01, sur environ 15 cm d’épaisseur, un ensemble stratigraphique est composé de petites pierres calcaires enrobées dans une matrice argilo sableuse hétérogène composée d’éléments de schistes décomposés. Ce matériau se retrouvera en comblement « moderne » et anthropique dans l’US 04 et plus particulièrement à la base de cette US, la partie haute appelée US 04 bis est formée d’éléments hétérogènes provenant certainement des US 01 et US 02 mélangés. Aucun mobilier archéologique n’est associé à cette US.
Vue d’ensemble des unités stratigraphiques (US)
6.1.3 US 03
D’ une épaisseur de 5 à 10 cm , nous avons reconnu une stratigraphie d’origine naturelle ( ?) de recouvrement - comblement des fosses déjà arasées en surface . Le matériau est le même que le niveau géologique c’est à dire l’US 06. Au dessus de l’US 03 les matériaux ont été enlevés à une période non définie... Aucun mobilier archéologique n’est associé à cette US.
6.1.4 US 04
Lors de la fouille nous avons relevé cette unité intrusive dans les autres unités stratigraphiques.
Le matériau est identique à l’US 02. La profondeur pénétrant dans l’US 06 et la fosse 1 et 2 en partie est d’environ 90 cm. Cette US 04 est parallèle à la route avec des limites bien tracées et homogènes (creusée avec un engin mécanique à l’origine ?). Le fond de l’US a une forme en «U » , l’US s’élargit légèrement vers le haut. Au milieu de sa longueur, une rupture de l’unité (disjonction au niveau de la base) est relevée (US 05 – voir le détail). Nous n’avons pas pu déterminer l’objet et la fonction de cette « tranchée » moderne ( ?). Nous y voyons la présence d’un ancien fossé jouxtant l’ancien chemin d’Arzens qui devait se situer plus en hauteur... Aucun mobilier archéologique ou indice n’a été découvert dans cette unité (la partie ouest a été laissée dans l’état, seule la partie est a été fouillée).
Vers l’ouest, la couche archéologique US 07 passe sous cette US 04, après la disjonction de l’US 05 (vers l’est) la couche 07 est recoupée par l’US 05 beaucoup plus en profondeur.
Largeur de l’US : 47 cm en moyenne.
6.1.5 US 05
Il s’agit d’un espace circulaire de 50cm de diamètre environ qui aurait pu faire penser à un trou ou à l’emplacement d’un poteau. L’analyse du profil de la base de cette unité démontre que lors du creusement de la tranchée (US 04) l’engin d’excavation a du rencontrer un obstacle (pierre ?) et créer ainsi une anomalie du tracé du plan et une disjonction de quelques centimètres.
Vue d’ensemble des unités stratigraphiques (US)
La présence à proximité (vers le sud) d’un important mobilier lithique (grosse pierre et meule) laisse à penser que l’engin excavateur a pu rencontrer un autre élément lithique du même genre. Celui ci formant obstacle a été enlevé « de force » créant ainsi cette anomalie stratigraphique.
Le remplissage de cette US 05 est de nature différente que l’US 04 (posant ainsi problème de compréhension ...), le matériau était sensiblement le même que celui de l’US 06 (niveau géologique).
Sur la coupe on note donc une disjonction sur le plan vertical entre la partie ouest et est de l’US 04.
A partir de l’US 05 en allant vers l’est, la tranchée est légèrement plus profonde, la partie est de l’US 04 fait quelques centimètres de plus en profondeur. Aucun mobilier archéologique n’a été découvert dans cette unité.
6.1.6 US 06
Cette unité est sensiblement de même composition que l’US 03, elle constitue le niveau géologique et ne renferme aucun mobilier archéologique..
6.1.7 US 07 (US 07’ et US 07’‘)
Cette unité stratigraphique désigne les fosses 1 et 2 où se situent les éléments archéologiques.
07’ désignera la fosse 1 (fouillée totalement)
07’’ désignera la fosse 2 (fouillée en partie)
Vue d’ensemble des unités stratigraphiques (US).
L’US 3 est traversée ...
On a atteint l’US 07 (fosse 1) qui commence a se dévoiler, elle continue sous l’US 03.
L’US 06 constitue la base géologique.
7 LE MOBILIER
7.1 Inventaire du mobilier
Les séances de fouilles de sauvetage sur le site de Valéron ont permis de prélever 386 tessons et fragments de céramiques (les prélèvements ont été effectués par groupe « homogène » de mobilier – ainsi nous avons constitué 14 groupes appelés – M1 – M2 – M3 - etc...) .
Nous avons essayé de dénombrer le nombre de céramiques différentes présentes dans ce « dépotoir ». Vu le nombre et l’état de certains tessons (certaines céramiques devaient être de facture presque identiques) il a été difficile d’en connaître exactement le nombre, nous proposerons donc juste un chiffre approximatif qui donnera toutefois la « dimension » de ce dépôt hétérogène :
- nombre de céramiques différentes évaluées – une vingtaine ...
Nous avons inventorié dans la liste qui suit et par groupe homogène (donc provenant d’une même céramique) le nombre de tessons.
La codification proposée correspond en général au cadre adopté par le Musée de BRAM (nous n’avons codifié que les éléments les plus importants) :
MOUS pour Moussoulens – VAL pour Valéron – 10 pour l’année 2010 et le numéro d’ordre en deux chiffres du mobilier – les deux autres chiffres placés après, inventorient par ordre les divers fragments d’un même objet (ex : MOUS.VAL.10.0101 - MOUS.VAL.10.0102 – etc... ).
LA “FOSSE 1”
Relevé M1
- MOUS .VAL.10.1501
- MOUS .VAL.10.1502
- MOUS .VAL.10.1503
- MOUS .VAL.10.17 un important éclat de silex local (cf. Vaquer)
Relevé M2
Relevé M3
Relevé M4
- MOUS.VAL.10.03 Grand vase reconstitué en partie avec 20 autres fragments de la même céramique sans connexion sauf pour trois fragments constitués de deux tessons recollés)
Relevé M5
- MOUS.VAL.10.04 grande lèvre et bord d’un grand vase
- MOUS.VAL.10.05 grande lèvre et bord d’un grand vase (identique à précédente MOUS.VAL.10.04) – un tesson non collé mais qui est en connexion (épaisseur de la paroi entre 10 et 13 mm).
- neuf autres fragments correspondant aux tessons 10.04 et 10.05 (dont 4 lèvres)
- MOUS.VAL.10.06 fragment d’argile cuite avec empreinte d’un bout de morceau de bois ( ?) de 1,5 à 2 cm de diamètre
- un important fragment d’argile sablonneuse cuite avec empreintes non identifiées (présence d’un « espace annulaire » de 7 cm environ)
- deux petits fragments de « torchis » ou « pisé » sans empreinte
- dix tessons divers de céramique (pas de connexion possible)
- quatorze fragments d’une même céramique sans connexion possible
Relevé M6
Relevé M7
- MOUS.VAL.10.1101 col et lèvre d’un grand vase
- MOUS.VAL.10.1102 col et lèvre d’un grand vase
- MOUS.VAL.10.1103 col à proximité de la lèvre – lèvre détruite -
- MOUS.VAL.10.1104 col et lèvre d’un grand vase
Relevé M8
« FOSSE 2 »
Relevé M9 – angle nord-est
RELEVE M10
Relevé M11 – zone est
- MOUS.VAL.10.13 ensemble d’une même céramique
- MOUS.VAL.10.1301 fond de céramique
- MOUS.VAL.10.1302 fragment panse de céramique
- MOUS.VAL.10.1303 tesson même céramique que 1301 et 1302
RELEVE DE SURFACE
Relevé M12
Relevé M 13
Lors de la découverte du site (mars 2010) de nombreux tessons étaient hors contexte stratigraphique et en surface du fait du creusement du fossé, nous les avons relevés - 30 fragments de diverses céramiques situés en surface de la fosse 1 juste en partie supérieure et sur la paroi latérale du fossé.
Relevé M 14 (étude cf. Vaquer)
Une rapide prospection de surface notamment le long du fossé a permis de relever une cinquantaine d’éclats de silex (la plupart étant dus à la gélifraction ou au passage d’engins agricoles). Six éclats montrent toutefois des faces d’éclatement d’origine humaine et intentionnelle (bulbe de percussion).
7.2 LA CERAMIQUE
Situé à l’angle nord-est de la zone de fouille de sauvetage, cet espace laisse apparaître (semble t-il), les vestiges d’un fond de fosse (fosse 2 – US 07’’) coalescente à la première fosse (fosse 1 – US 07 ‘). Le mobilier disparaît sous l’US 04. Nous n’avons pas investiti cette zone faute de temps. Nous n’avons prélevé que les céramiques présentes sur la photo.
Une fouille de sauvetage serait à programmer, cet espace est vulnérable car près du fossé...
Une nouvelle rectification du fossé pourrait détruire une partie de cette fosse...
7.3 MOBILIER LITHIQUE
Les meules et les fragments
MOUS.VAL.10. 15
Cette meule (incomplète) est cassée en trois morceaux. Elle est en granite, granite qui constitue la zone axiale de la Montagne Noire.
Elle a été trouvée en jonction avec l’US 05, et on pourrait se demander si le creusement de la tranchée (US 05) n’a pas cassé la meule en plusieurs morceaux.
La zone constituant l’US 05 et formant disjonction avec l’US 04 (vers l’est et vers l’ouest) a pu être l’emplacement de l’autre partie de la meule qui n’a pas été retrouvée...
MOUS.VAL.10. 16
Un petit fragment d’une autre meule a été découvert sur le site. L’analyse pétrographique à l’œil nu démontre qu’il s’agit d’une meule différente... Une petite zone d’abrasion est présente (surface d’ utilisation)
La meule incomplète découverte en trois morceaux ...
L’éclat de silex
Cet éclat de silex qui pourrait être de production locale a été trouvé sur la bordure nord du sondage contre l’us 04 et sous un bloc rocheux à proximité de la meule.
Eclat de silex
D’après J.Vaquer, il faut le considérer comme un mobilier anecdotique. De nombreux fragments de silex ont été relevés dans le fossé en bordure du champ. Leur présence est naturelle, et les faces d’éclatements peuvent être des traces de gélifraction ou d’engins agricoles. Quelques rares éléments relevés par J. Vaquer semblent avoir subi une action anthropique (bulbe de percussion). Une occupation plus ancienne du site est peut-être à envisager ...
7.4 LES ELEMENTS RUBEFIES
7.4.1 LES « TORES »
Plusieurs éléments de « tores » (voir bibliographie - cf. Carsac, pp. 183 – 187 – « Les débris de structure et les éléments modelés en torchis et pisé » (par J. Vaquer) ont été relevés dans la fosse 1.
Il s’agit d’objets incomplets de forme annulaire en argile mal cuite, parfaitement bien lissés (en partie supérieure seulement pour certains – la partie inférieure est parfois aplanie et rugueuse).Le diamètre est approximativement de 20 cm, pour une section annulaire de 5 à 7 cm.
Ces objets pouvaient servir de « séparateurs » ou de mandrin lors de l’élaboration des céramiques, ou de support sur le feu pour stabiliser les céramiques !... (cf. Carsac)
Ils sont reconnus sur plusieurs sites de la région : fosse de Saint-Jean-de-Cas, Mailhac, silo de Cluzel à Toulouse.
7.4.2 Fragments de torchis ou de pisé cuits.
Une dizaine de fragments d’argile cuite présentant des empreintes de clayonnages ont été trouvés à la base de la « fosse – silo » sous et à côté d’un gros bloc de pierre ( voir photo générale de localisation).
Les empreintes montrent la présence de tiges en bois certainement parallèles d’un diamètre de 1 à 1,5 cm. Quelques rares traces transversales démontrent peut-être l’existence d’un système de contention entrelacé. L’autre face est plane et pourrait être la partie extérieure d’une structure identique à celles découvertes à Carsac (cf. biblio Carsac 1986 – pp.183 – 187 – voir coupe schématique d’un four à pain publié dans le volume sur Carsac ci dessous).
Nous pourrions donc être en présence de vestiges épars d’un four à pain (? - les fragments ont, semble t’il une même origine, mais ne sont pas en connexion ...).
7.5 LES DECORS
MOUS.VAL.10. 07
Ces « boutons » font partie intégrante de la céramique MOUS.VAL.10. 07
Sur la céramique (MOUS.VAL.10. 07) un « bouton » est bien localisé.
La texture de la céramique est identique à celle des tessons présentés .
Très peu de décors présents dans le mobilier ...
Des traces de lissages (végétaux ?) – boutons de préhension et rainures de carènes sont seuls présents.
7.6 LES PRELEVEMENTS
Plusieurs prélèvements de matériaux cendreux ou charbonnés ont été effectués. La plupart ont été réalisés à « l’intérieur des céramiques ». Aucune analyse à ce jour n’a été entreprise sur ces prélèvements.
8. CONCLUSIONS
La fouille de sauvetage du site de Valéron a permis de reconnaître un ensemble de deux fosses placées en coalescence et datées du premier Age du Fer par analyse typologique des formes céramiques modelées (pots en tonnelet à mamelons, jarres à col haut évasé - confirmation après détermination du mobilier par M. Passelac et Vaquer). L’absence de céramique d’importation empêche une proposition de datation plus précise.
« L'ensemble du mobilier est intéressant et peut être rapporté au début de l'Age du Fer, avec un faciès proche de la phase II de Carsac et du Grand Bassin de Mailhac, mais avec une atténuation de certains caractères, par rapport à Mailhac » (d’après les informations récentes de Michel Passelac).
Il nous a été difficile de préciser les limites exactes de ces fosses étant donné que celles ci ont été en partie :
- oblitérées au sud par le fossé de la route et ses diverses rectifications
- détruites au nord par le creusement d’une tranchée à une époque récente dont l’objectif nous échappe (aucun élément à l’intérieur de cette tranchée n’a permis d’en préciser la fonction – hypothétiquement nous y voyons un ancien fossé de l’ancien chemin d’Arzens ( ?) qui pouvait se situer plus haut que la route actuelle)
- destruction aussi en partie supérieure par les travaux agricoles et rectification du fossé (nous n’avons fouillé que « l’extrémité du fond de la fosse)
8.1 La fosse 1 (US 07’)
La disposition du mobilier permet toutefois d’avoir une idée du diamètre de la fosse 1 ( 1,30 m de diamètre). Notons qu’à « Carsac » les plus petites mesurent entre 1,10 et 1,80 m et rassemblent plus de la moitié des fosses connues sur ce site.
Cette fosse (fosse 1) semble recouper la fosse 2, elle lui serait donc postérieure.
Le mobilier « jeté » dans la fosse, forme un espèce de cône au dessus de gros blocs disposés pour certains en partie périphérique et inférieure. Les éléments céramiques les plus importants (céramiques que l’on peut reconstituer en partie), sont souvent en position centrale. On notera la densité de fragments de céramiques qui sont enchevêtrés « pêle-mêle » (386 tessons comptabilisés), de nombreux fragments de céramiques sont en connexion et font partie de la même céramique (nous avons estimé qu’il pouvait y avoir une vingtaine de céramiques différentes). Aucune céramique n’a pu être reconstituée en totalité.
Le taux de fragmentation (malgré la présence d’une multitude de petits fragments de tessons appartenant parfois bien sûr à la même céramique : nous avons noté de grands ensembles de céramiques composés de plusieurs tessons importants en connexion.
La plupart des céramiques correspondent à de grandes urnes ou jarres (certaines ayant un diamètre d’ouverture dépassant les 50 cm). Nous n’avons trouvé aucune céramique fine ni mobilier divers (objets métalliques, os ... à part une dent d’animal !).
Vu la densité de tessons de céramiques découverts dans le fond du « silo-fosse », nous aurions du trouver en surface (US 3) de nombreux tessons, ce qui n’a pas été le cas. Il existait même au dessus des vestiges une couche stérile que nous avons appelé US 03. Nous déduirons donc que la fosse n’était pas remplie entièrement de mobilier ...
Des débris de torchis cuits ont été localisés sous et près d’une grosse pierre dans la zone sud-est de la fosse 1. Ces éléments (y compris les tessons de céramiques) ne sont pas situés « in situ », mais ont été rejetés secondairement dans ce « dépotoir ».
Des fragments provenant de plusieurs « tores » ont été relevés. Des empreintes en négatif d’objets indéterminés ont été observées (fragment de bois ?, de 6 cm - 4 cm et 1,5 cm de diamètre)
Le mobilier « jeté » dans la fosse, forme un cône au dessus de gros blocs...
L’examen de la fosse ne permet pas de conclure à la présence et à l’allumage d’un feu intérieur dans la fosse. Les éléments rubéfiés l’ont été à l’extérieur, les traces de cendres et de charbon ont aussi été apportées de l’extérieur.
Plusieurs types de céramiques sont présents mais ne sont pas complets. Ils sont le plus souvent représentés par un ensemble formant le fond de la céramique, une partie de la circonférence de l’ouverture de la lèvre, ou une moitié de céramique dans le sens de la hauteur. Les remplissages ne sont le résultat que d’une partie des déchets accumulés en surface (y compris les déchets de combustion – cendres – argiles charbonneuses) .
Dans la fosse nous ne retrouvons pas de disposition particulière et « volontaire ». L’absence de mobilier « noble » ( réutilisable ou métallique en particulier) démontre le caractère de dépôt secondaire .
Nous n’avons retrouvé aucun élément permettant d’observer un éventuel bouchon de la fosse-silo lorsque ( et si celui ci) fonctionnait en tant que silo.
Seule une pierre qui semble circulaire en calcaire local aurait pu remplir cette fonction (40 cm environ de diamètre – mais cela fait une «bien petite ouverture » !)
Certaines céramiques sont en mauvais état de conservation, pour l’une d’elle (MOUS.VAL.10.03) la surface intérieure est fortement « érodée » peut-être par l’action du gel (donc présence d’eau) ou de saumures (cf. Vaquer J.).
Des remplissages cendreux et charbonneux sont présents mais peu importants.
Quelques blocs en calcaire ont subi l’action du feu (à l’extérieur de la fosse certainement).
8.2 La fosse 2 (US 07 ’’)
La fosse 2 de Valéron n’a été fouillée que sur une petite partie seulement de son étendue. Elle se développe vers le nord-ouest. Il serait intéressant de pouvoir, dans un deuxième temps, la fouiller entièrement.
Elle reste en effet vulnérable.
Les fragments de céramique sont contemporains de la fosse 1 – (la fosse 2 semble toutefois légèrement antérieure à la fosse 1 – la fosse 1 recoupe la fosse 2 !).
Un lit cendreux et charbonneux fait la jonction avec la fosse 1, il semble être (comme pour les éléments de la fosse 1) un apport de cendres et de résidus de combustion de l’extérieur de la fosse ...
8.3 Conclusion générale
Le site de Valéron était à ce jour inconnu.
Nous signalerons sur la commune de Moussoulens, un oppidum peu connu qui est présent à l’ouest du village (cf. Vaquer).
Concernant le site qui fait l’objet du présent rapport ,nous ferons les observations ou constatations suivantes :
- beaucoup d’analogies (au travers de la chronologie et du mobilier découvert) avec les fosses fouillées à Carsac (Carcassonne)
- situation du site sur une zone tabulaire limitée au nord-est par des ruptures naturelles au niveau du sol importantes (plusieurs mètres – parfois 7 à 10 mètres). Elles pourraient constituer des défenses naturelles peut-être anthropisées dans un deuxième temps ( ?). Cela demande à être étudié et vérifié.
- présence d’un cours d’eau à proximité (à l’est près de la ferme de Valéron)
- une mission de photographie aérienne pourrait apporter des éléments importants
- une extension de la fouille de sauvetage pourrait se faire vers l’est car la « fosse 2 entrevue » est vulnérable...
- une zone de lotissement est présente vers l’ouest et pourrait dans l’avenir s’étendre vers l’est. Si tel était le cas, il faudrait mener des opérations d’archéologie préventive ...
9. DESTINATION DU MOBILIER
Le mobilier a été déposé en octobre 2011 au Centre d’Archéologie de Bram.
10. REMERCIEMENTS
Je remercie tout particulièrement Monsieur Lagors, qui nous a fait confiance et nous a délivré l’autorisation de fouilles sur sa propriété. M. Chebbi Mondher qui a découvert le site, l’a signalé et a participé aux fouilles.
Je tiens à remercier Messieurs Michel Passelac et Jean Vaquer pour leur patiente écoute , leurs conseils prodigués, leur analyse du mobilier découvert.
11. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
J.P. Calvet – 2010 - Le site de Valéron. Inédit. Rapport de 36 pages concernant la fouille du site, nombreuse iconographie et plans divers. Direction Régionale des Affaires Culturelles (SRA Languedoc Roussillon).
J. Guilaine – Guy Rancoule – Jean Vaquer – Michel Passelac – Jean-Denis Vigne – 1986 – Carsac, une agglomération protohistorique en Languedoc. Publié par le Centre d’Anthropologie des Sociétés Rurales – Toulouse.
A. Muller – 1979 - Un silo du premier âge du fer au Cluzel, Toulouse. Bull. Soc. Méridionale de spéléologie et de préhistoire, tome XIX, oct.1979, p.29 à 42.
Hauteur du silo – 1,20 m ( ?)
MISE EN PLACE DES UNITES STRATIGRAPHIQUES.
ESSAI DE RECONSTITUTION CHRONOLOGIQUE.
Sorèze fin octobre 2010
Jean Paul CALVET