Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                     LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE

 

Visite guidée de la Collégiale de Saint-Félix

Texte présenté par la Paroisse de Saint Félix Lauragais

(11 mars 2010 par François Gabolde)

 


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Saint-Felix

 

Chers pèlerins, bienvenue dans l'Eglise de Saint Félix.

 

La Paroisse est heureuse de vous accueillir pour une visite d'environ 30 minutes.

Avant tout, face au porche d'entrée, remarquez une petite chapelle où brûlent quelques cierges : c'est pour nous, chrétiens catholiques, un lieu de prière, de dévotion à la Vierge Marie - sa statue en bois est présente dans l'Église depuis des siècles - et surtout nous saluons dans le tabernacle, le Saint-Sacrement, présence réelle de Notre Seigneur Jésus Christ, signalée symboliquement par une petite lumière rouge.

Respectez particulièrement cet endroit.

Nous y reviendrons.

 

 

 

Nous voici donc au centre de l'Église et d'un premier coup d'œil, vous pouvez apprécier l'ampleur et le bel équilibre de l'axe chœur – nef - orgue (intérieurement : 39m de long et 13m de large).

 

Ce bâtiment est typique du style gothique languedocien : une large nef unique flanquée de chapelles latérales bâties entre les contreforts et un chœur voûté de pierre.

 

 

collegiale

 

 

 

 

 

La construction de l'édifice démarre dès les premières années du XIV ème siècle et, en 1317, le pape Jean XXII l'élève au rang de collégiale qui comptera 12 chanoines.

On peut avancer l'idée que l'ampleur de l'entreprise se justifie par une renaissance catholique après la trop longue aventure cathare.

A part quelques adjonctions ou reconstructions de chapelles latérales jusqu'au XVI ème ou XVII ème siècle, l'essentiel de la conception d'origine du gros-œuvre nous est parvenu à peu près intact.

Mais nous le voyons aujourd'hui dans un décor harmonieux datant du XVIII ème siècle et de la première moitié du XIX ème.    

Les peintures murales sont par endroit très dégradées ainsi que certains tableaux, mais les récentes restaurations ici ou là montrent bien ce que redeviendra un jour l'édifice totalement restauré.

Le bâtiment a été classé Monument Historique en 1920.

 

Quelques chiffres :

 

Longueur totale de l'édifice : 50m

Largeur totale : 26m.

Hauteur intérieure de la nef : 19m

Hauteur intérieure du chœur : 13,5m.

 

Voyons maintenant dans le détail en nous dirigeant d'abord vers le plus important : le sanctuaire, c'est-à-dire le chœur.

Remarquons que l'Eglise est « orientée », donc le chœur est à l'Est, au soleil levant; il faut y voir le symbole de la lumière divine toujours renouvelée.

Le chœur est limité par une belle grille de communion en fer forgé due à Cazala en 1808.

En face de nous, l'autel moderne (proche des fidèles et face à eux, comme le souhaite le Concile Vatican Il) où sont célébrées les messes dominicales et les diverses cérémonies religieuses.

Trois marches plus haut, le maître-autel, qui servait précédemment, est l'œuvre en 1748 du marbrier Etienne Rossat qui réalisa l'autel monumental de la basilique St Sernin à Toulouse.

On distingue bien l'élégante conception d'origine en beau marbre, de regrettables adjonctions tardives en briques plâtrées et stucs ont été faites pour donner de l'ampleur à l'ensemble.

Le chœur, du XIV ème siècle pour sa structure, est à 7 pans.

De même, sa voûte est divisée en 7 voutains principaux soutenus par 8 arcs ogivaux. Un huitième voutain s'appuyant sur l'arc triomphal qui délimite le chœur et la nef, est soutenu par des tiercerons et une lierne.

L'ensemble de ces nervures convergent vers la clef de voûtes représentant le Christ en gloire, tenant les Saintes Ecritures d'une main et bénissant de l'autre.

En haut des murs, au dessus des vitraux, les voutains sont supportés par des arcs formerets qui retombent sur d'intéressants culots sculptés de têtes humaines qui restent à étudier.

 

A l'origine, le chœur comportait sur les côtés 4 chapelles rayonnantes qui ont été rapidement transformées en sacristies et au XVI ème siècle, on lui ajoute la chapelle d'axe de forme hexagonale, voûté de pierre.

Les voûtes du chœur et de la chapelle axiale ont été repeintes dans un style néo-gothique au XIX ème siècle ; la date 1842 inscrite sur la petite clef du chœur en indique la fin des travaux.

La clef de voûte de la chapelle axiale porte les initiales « JD » ; il peut s'agir du peintre ou peut-être des initiales du curé de l'époque : Joseph Duprat.

Cette chapelle axiale présente un grand calvaire, érigé en 1888 et posé sur un socle rocheux assez disgracieux. Dans la sacristie Nord, qui ne se visite pas, est conservée une grande toile peinte du XVII ème siècle représentant la crucifixion et qui ornait à l'origine cette chapelle. De plus, au XVIII ème siècle, le maître-autel en marbre était appuyé au mur du fond de cette chapelle axiale.

 

Revenons au chœur pour voir les menuiseries qui tapissent les murs ; certaines sont contemporaines du maître-autel.

 Voyons aussi le mobilier :

- un beau lutrin en grande partie du XV ème ou XVI ème siècle

- une croix de procession en bois sculpté, argenté et doré, d'époque fin XVIII ème

-  les stalles placées en 1836.

 

Quatre grands tableaux ornent le chœur ; ils ont été peints en 1782 par François Cammas pour la chapelle des Ursulines à Toulouse, puis acquis par la famille de Séverac pour St Félix après la Révolution. Il s'agit de la vie de Sainte Angèle, fondatrice en 1535 de l'ordre de Sainte Ursule.

 

De gauche à droite, on voit :

 

- Angèle à genoux recevant du pape Paul III, en 1535, la bulle de fondation des Ursulines.

- La mort d'Angèle à Brescia en 1540.

- Angèle en extase, contemplant ses religieuses qui montent au ciel, conduites par des anges.

- Angèle, jeune fille, reçue parle pape Clément VII.

 

Ces tableaux ont été classés Monuments Historiques en 1908.

Enfin, dans le chœur, il nous reste à lire les vitraux qui ont été refaits ou restaurés par ARTIGUE en 1856 et restaurés à nouveau en 2000.

 

De gauche à droite, on reconnait :

 

  1. au registre inférieur, malgré des boiseries installées trop haut ce qui masque le fond des vitraux, quatre évêques toulousains des premiers siècles : St Sylve, St Saturnin, St Hilaire et St Exupère.

 

On sait que St Saturnin -ou St Sernin - a évangélisé la région toulousaine et devint le premier évêque de Toulouse ; en 250, il est martyrisé, trainé par un taureau jusqu'à l'extérieur de la ville, l'actuelle rue du Taur.

St Hilaire, St Sylve et St Exupère sont trois évêques toulousains qui se succèdent au IV ème siècle, organisant le culte et les pèlerinages en l'honneur de St Sernin dont les reliques sont alors déplacées dans une chapelle primitive qui est la crypte de la basilique St Sernin actuelle.

 

- au registre intermédiaire, on voit les quatre évangélistes ; de gauche à droite : Luc, Matthieu, Marc et Jean reconnaissables grâce à leurs symboles figurés dans des médaillons : le taureau, l'homme, le lion et l'aigle.

- au registre supérieur : les onze apôtres et St Paul.

- enfin, en position centrale et les dominant tous quelque peu : la Vierge Marie et St Félix.

 

Dès le XIV ème siècle, l'Eglise est mise sous le vocable de St Félix, martyr espagnol du III ème siècle; mais le château et la ville apparaissent dans les textes sous le nom de St Félix dès le XI ème siècle.

 

En passant du chœur à la nef, nous remarquons sous l'arc triomphal, installées à quelques mètres de haut, deux importantes statues du XVIII ème siècle ; il s'agit au nord de St Félix revêtu de la dalmatique de diacre et tenant sa palme de martyr et au sud de St Valentin portant la chasuble de prêtre et lui aussi une palme de martyr.

St Valentin est le troisième protecteur de la paroisse, après la Vierge Marie et St Félix, car en 1570 (lors des guerres de religions) aux alentours du 14 Février (jour de sa fête), la ville en grand péril fut délivrée de ses assiégeants résolus à tout massacrer.

 

La nef comporte 5 travées délimitées par 4 larges arcs doubleaux en pierre. Elle semble n'avoir jamais été voûtée d'ogives et présente des voûtes en planches de bois posées à la fin du XVIII ème siècle. Le décor peint de ces voûtes ainsi que celui des murs date de la première moitié du XIX ème siècle.

Des restaurations, en 1994, ont concerné l'ensemble de cette voûte en bois et, côté orgue, le mur occidental ainsi que la partie haute des trois premières travées.

 

La nef est éclairée par des oculi ouverts au Sud dans les quatre premières travées et dans la cinquième travée, par deux fenêtres gothiques jumelles, au Sud et au Nord.

Par désir de symétrie, des oculi aveugles ont été peints côté nord, vis-à-vis de ceux ouverts au midi.

Les arcs de la nef sont soutenus par des contreforts puissants entre lesquels ont été construites des chapelles latérales voûtées d'ogives : 5 au midi et 2 au nord.

           

La première chapelle latérale au midi, en partant du chœur, est dite chapelle du Rosaire. C'est certainement la plus intéressante avec son autel en marbre et son retable en bois sculpté et doré, tous deux du  XVIII ème.

L'autel porte le monogramme de la Vierge. Le grand tableau du retable représente la Vierge et l'Enfant Jésus remettant le rosaire à St Dominique et à Ste Catherine de Sienne.

Les peintures murales et de la voûte sont XIX ème, de style néo-gothique pour les murs et plutôt de style néo-renaissant pour la voûte avec un rappel du monogramme de la Vierge.

Le décor de cette chapelle est très dégradé mais, après restauration, elle deviendra certainement la plus remarquable.

Passons à la deuxième chapelle dite du Sacré-Cœur en remarquant au passage la statue de Notre Dame de Lourdes installée à la fin du XIX ème siècle sur la retombée d'un arc doubleau.

 

Cette chapelle du Sacré-Cœur présente un autel de marbre gris encadré de colonnes torsadées et sculptées, le tout de style XVIII ème, mais certainement réutilisé et repeint plus tardivement. L'autel porte le monogramme IHS :

 

« Jésus Sauveur des Hommes ».

 

On peut regretter que les décors anciens de la voûte et des murs aient totalement disparus du fait d'un piochement généralisé dans les années 1960-1970.

La chapelle suivante est celle de Notre-Dame-La-Belle, du nom de la statue qui y est vénérée. Cette statue, en bois polychrome, est du XIV ème siècle et inscrite comme tel au titre des Monuments Historiques depuis l'année 2008.

 

En 1390, alors qu'un violent orage ravageait la région, cette statue est amenée en procession à l'extérieur de l'Eglise et aussitôt la tempête cessa ; cet évènement fut reconnu miraculeux en 1418 par l'archevêque de Toulouse.

Comme nous l'avons vu au début de notre visite, c'est ici que la Paroisse conserve aujourd'hui le Saint-Sacrement.

Cette chapelle a aussi perdu totalement ses décors anciens, dans le même élan de piochement que pour la chapelle précédente.

Le vitrail, de la fin du XIX ème siècle, représente la Vierge à l'Enfant et

dans les médaillons du bas, on voit les effigies des donateurs : Gilbert de Séverac et sa fille Marthe qui sont le père et la sœur du compositeur Déodat de Séverac.

 

Passons à la quatrième chapelle Sud qui abrite une belle statue en bois doré de Sainte Germaine.

 

« Germaine Cousin est une petite bergère de Pibrac, en Haute-Garonne, à la fin du XVI ème siècle, très pieuse et forcée à vivre misérablement par sa famille. Après sa mort à 22 ans, un culte populaire se développe et on lui attribue de très nombreuses guérisons miraculeuses dans la région toulousaine.

 

Puisque la statue porte l'inscription « Bienheureuse Germaine », c'est sûrement entre 1854 (date de béatification) et 1867 (date de sa canonisation) qu'elle est érigée et que cette chapelle lui est consacrée ; de plus, les décors néo-gothiques des murs et de la voûte datent de 1857 comme le prouve la signature du peintre Duprat au revers de l'arc d'entrée de la chapelle.

Face à Germaine, un tableau d'Artigue représente un ange ­gardien conduisant un enfant.

­Terminons les chapelles du Midi avec la chapelle St Pierre.

 

A la fin du XIX ème siècle, il n'y avait pas d'autel et c'était le local des « chaises volantes ».

En 1902, grâce à un don important, la chapelle est entièrement repeinte, l'autel en terre cuite installé, le vitrail posé et les statues érigées : celle de St Pierre au dessus de l'autel et en face le groupe représentant le baptême du Christ par St Jean-Baptiste.

Reculons-nous un peu pour admirer contre le mur Ouest, la tribune bâtie à la fin du XVIII ème siècle, dans le style néoclassique de l'époque, pour recevoir les grandes orgues construites en 1781 par le facteur d'orgue Grégoire Rabiny.

L'ensemble, classé Monument Historique depuis 1943, occupe admirablement l'espace disponible de ce mur pignon ouest.

Les superbes boiseries sont de style Louis XV et Louis XVI ; le grand buffet compte 5 tourelles alors que le petit buffet ou « positif » en compte 3. Le tout est abondamment orné de motifs musicaux en bois sculpté et doré.

La partie instrumentale a mérité un classement spécifique en 1967 et malgré quelques remaniements anciens, l'instrument a pu être maintenu dans l'état de sa construction grâce aux dernières restaurations achevées en 1994. Il se compose actuellement de :

 

- un positif de 50 notes et 10 jeux ;

- un grand orgue de 50 notes et 13 jeux;

- un récit de 32 notes et 5 jeux;

- un pédalier de 15 notes et 4 jeux.

 

II y a environ 2200 tuyaux d'étain travaillés à la main.

Cet orgue accompagne nos prières et nos chants à l'occasion de tous les offices religieux.

Sous la tribune, se trouve les fonts baptismaux et une grande vasque sur colonne en marbre rouge de Caunes Minervois.

De part et d'autre, deux grands tableaux placés en 1836, peints par Artigue :

 

- à gauche, la Nativité de la Vierge;

- à droite, le martyre de St Félix à Gérone ; on constate une grande similitude avec le martyre de St Saturnin à Toulouse.

 

Ces deux tableaux sont inscrits au titre des Monuments Historiques depuis 2008.

 

Tout près de ce dernier tableau, sur le mur nord, il faut signaler un vestige de quelques mètres carrés des fresques originelles qui décoraient l'Eglise, mises à jour en restaurant les peintures plus récentes qui les recouvraient.

Profitons d'être au fond de l'Eglise pour remarquer la litre funéraire : c'est une bande noire horizontale à environ 3,50 mètres de haut qui court le long des murs, peinte à l'occasion des funérailles d'un grand seigneur, sous l'ancien régime.

C'est de part et d'autre de la grande porte d'entrée que la litre funéraire est la plus visible, mais elle apparait aussi ça et là sous le décor actuel quand elle n'a pas été effacée.

 

Terminons par les deux chapelles Nord.

 

A côté du porche, la chapelle St Louis est repeinte en 1902, suite à un incendie. Elle abrite la statue du roi St Louis et celle de Ste Jeanne d'Arc inaugurée en 1910.

C'est en 1923 qu'on y ajoute le Monument aux Morts de la guerre de 1914-1918, complété après la guerre de 1939-1945.

 

Enfin, près du chœur, la chapelle St Joseph, qui vient d'être restaurée en 2010. On y trouve un autel en stuc imitant le marbre.

Les colonnes torsadées et le chapiteau en bois sculpté sont du XVIII ème siècle mais repeints plus tardivement.

 

Un beau tableau représente St Joseph tenant l'Enfant Jésus dans ses bras. Les peintures murales et de la voûte sont à rapprocher de celles tout début XX ème des deux chapelles précédentes.

Au fond, un enfeu en arc brisé, creusé dans le mur nord, abrite une statue de St Antoine.

C'est depuis cette chapelle qu'on accède à la spectaculaire chaire à prêcher abondamment décorée de stucs.

­Voila notre tour de l'Eglise terminé.

 

Remercions ceux qui depuis 700 ans ont construit, embelli et entretenu ce lieu de prière ainsi que tous ceux qui ont guidé la vie spirituelle et religieuse de la population locale.

Remercions et encourageons ceux qui, à notre époque, ont à leur tour la charge matérielle de maintenir l'édifice en bon état, en particulier la commune de St Félix, propriétaire du bâtiment depuis la loi de 1905.

 

En sortant, admirez le clocher-porche du  XIV ème siècle, haut de 45 mètres, de type toulousain : un portail ouvragé, une base carrée de 2 étages, puis la partie supérieure octogonale avec ses deux rangs de baies en forme de mitre.

Regardez aussi l'importance du logis collégial d'origine qui prolonge l'Eglise vers l'Ouest, en descendant la rue.

 

 

 

 

 

PS

Pour les photos de l'intérieur de la collégiale se reporter à l'article sur Saint-Félix de Marie Agnés Winter

RETOUR SAINT-FELIX HISTORIQUE DU LIVRE DU COMITE DE LA COCAGNE

 

 

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