Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                       LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE

 

 

Article de presse de La Dépêche du 5 juin1916


Document transmis par Monsieur Alain Rastoul

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"Un train de voyageur enlevé par le vent"

 

 

Revel 4 mai : depuis 48h un vent d'autan d'une violence inouïe souffle sur Revel et sa région.

 

Ce matin, le train N°52 de la compagnie du Sud-Ouest est parti à 6h15, se dirigeant vers Toulouse. Mais à peine commençait-il à gravir la pente rapide, avec courbe accentuée qui aboutit, à 200m plus loin, au viaduc où se croisent les lignes du Sud-Ouest et du Midi, de castelnaudary à Rodez, que le mécanicien Barria sentit une forte secousse.

 

Il bloque instantanément. Il se retourne et voit les quatre wagons de queue de son train qu'un terrible coup de vent d'Autan soulève, quitter les rails, rouler sur le flanc du remblai, haut à cet endroit de quatre à huit mètres.

 

Les deux wagons de tête sont littéralement tordus aussi et tombent dans le vide où les maintient, comme suspendus, le poids de la machine restée en place, légèrement inclinée, une roue de derrière en l'air, vers le centre de la courbe.

 

Grâce à sa présence d'esprit, Barria a donc pu conjurer en partie un épouvantable malheur, sauver sa vie et celle de 45 voyageurs que la machine eut entrainés dans une culbute insensée au fond du précipice.

1

 

De toute part on se précipite.

 

Dix minutes ne se sont pas écoulées que messieurs Séna, Maire, et Raffel, adjoint ; les docteurs Laville et Carmat; Fajadet agent voyager ; Morgan commissaire de police ; Fines vice-président de la commission administrative de l'hospice Roquefort ; Dupont percepteur, les gendarmes, les gardes, deux cents personnes sont sur les lieux de la catastrophe.

 

Précédant la foule, le mécanicien Barria, le chauffeur Puchéou, le chef de train Lombard tous trois plus ou moins contusionnés et un de nos concitoyens, Passebosc,se précipitent vers les wagons de voyageurs, enfoncent les portières, brisent les vitres, opèrent le sauvetage qui s'effectue en un clin d'oeil.

Les rescapés se précipitent vers la ville, fuyant, affolés, comme s'ils craignaient d'être encore une fois happés par la catastrophe à laquelle ils viennent d'échapper.

 

2

 

Tous sont contusionnés, quinze sont blessés. Quatre sont portés à leur domicile et parmi eux monsieur Roques convoyeur du train. Aucune blessure pouvant avoir des conséquences mortelles n'est signalée. Mais sous un des wagons de voyageurs git une victime. C'est madame Stein. La mort a fait son œuvre quand on la découvre.

 

Elle est écrasée entre le talus et la paroi extérieure du wagon, ce qui indique que seule elle a vu venir le danger et que seule elle a cherché à y échapper en sautant soit du compartiment, soit de la plate-forme qui y donne accès.

Avec mille précautions, en soulevant le wagon avec un cric et des leviers, on dégage son corps inerte devant monsieur Stein dont la douleur muette, sans larme, sans geste fait peine à voir.

 

Il faut attendre les agents techniques de la compagnie pour qu'ils donnent des ordres et prennent les mesures nécessaires pour réparer le désastre, enlever les bagages et marchandises qu'on portera à la gare, relever les wagons, rétablir la circulation normale des trains sur la voie.

 

C'est à quoi on s'occupe au moment où nous écrivons ce compte-rendu rapide, monsieur Marfaing inspecteur du Sud-Ouest arrivé à 10h.

 

Anna se rendait au marché hebdomadaire de Caraman en prenant le train. Elle vendait avec Jules son mari, de la lingerie féminine sur les marchés de la région de Revel.

 

VOIR ARTICLE SUR LE CHEMIN DE FER REVELOIS
VOIR "UN VOYAGE DE TOULOUSE A REVEL "

 

 

 

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