Roger REYNIS (1910-1996) | |||||
Entré en octobre 1924 comme élève de 6e au collège de Revel, Roger Reynis y reste jusqu'en 3e. Pour des raisons familiales, il se dirige alors vers la marqueterie tout en suivant des cours de perfectionnement, assurés par le professeur de dessin du collège et par M.Metgé, sculpteur et Prix de Rome.
L'Histoire de la Résistance en Haute-Garonne (éditions Milan) signale à la page 71 que « l'antenne de Revel (de Libération) reste très active autour du notaire Maître Lucien (en fait, son prénom est Georges) Sabo et de l'ébéniste Roger Reynis ».
En mars 1943, il participe à la création du premier maquis de la Montagne Noire commandé par Jacques d'Andurain, dit « René ». Dans le cadre des Mouvements Unis de la Résistance (MUR), il transporte, installe et assure le fonctionnement de plusieurs postes émetteurs placé des fermes isolées entre Revel et Castelnaudary. Il participe également aux équipes de parachutages de l'Intelligence Service et du COPA (Centre d'opérations et de parachutages) pour armer, entre autres le Corps Franc de la Montagne Noire dirigé par Mompezat.
L'arrestation
Arrêté le 23 mars 1944 par la police française, il est enfermé à la prison Saint-Michel de Toulouse avant d'être livré, trois mois plus tard, à la Gestapo qui l'interne au Fort du Hâ, à Bordeaux... Le 2 juillet 1944, il est déporté, avec plus de 1000 autres résistants, à destination de Dachau par un fameux « train de la mort » qui va longtemps errer, pendant près de 60 jours, à travers le Midi de la France pour atteindre le camp de concentration seulement le 28 août. C'est l'été le plus chaud de la guerre et le voyage le plus long de l'histoire de la déportation française : le convoi tente de gagner Compiègne, fait demi-tour et il est immobilisé sans cesse par des ponts coupés et des bombardements. A Sorgues, dans le Vaucluse, les détenus gagnent à pied la rive gauche du Rhône et, après une marche de 17 kilomètres, prennent un autre convoi allemand que des aviateurs alliés bombardent à plusieurs reprises.
Heureusement, profitant de ces tragiques circonstances, Roger Reynis va réussir à s'évader de son wagon dans la vallée du Rhône. Il se blesse sérieusement en tombant et il est amputé de sa jambe droite, le 20 août, à l'hôpital de Montélimar, en pleine nuit...
Retour à Revel
Le 19 septembre, le Comité local de libération apprend son retour à Revel. M. Sudre écrit que ce jour-là, il a « eu la joie de le revoir vivant dans la cour de la Mairie. Spontanément, sans demander l'avis de personne, je lui proposai de venir travailler au secrétariat de la Mairie et il y est resté aussi longtemps que nécessaire jusqu'au jour (en 1947) où il a pu entrer comme professeur d'ébénisterie au Collège (le présent Lycée professionnel) que j'avais pu créer... Enfin, en mars 1947, le Président VINCENT_AURIOL lui-même lui décernait la Légion d'Honneur dans la cour de la Mairie ».
Roger Reynis est chevalier de la Légion d'Honneur et décoré de la Croix de guerre avec palmes, de la Médaille des Évadés, de la Médaille militaire, de la Médaille de Combattant volontaire de la Résistance. Il a été homologué comme lieutenant FFI par la Commission régionale le 15 octobre 1945.
Sur ce fameux « Train Fantôme », un livre récent (J.Altwegg ; R.Laffont 2003) donne quelques précisions . Les prisonniers du Fort du Hâ restent dans les wagons les 2 et 3 juillet dans l'attente d'un convoi de résistants et de juifs venant de Toulouse. Puis le train part pour Angoulême en petite vitesse à cause des sabotages des voies et des convois allemands montant vers la Normandie. Le 8 juillet, le train retourne à Bordeaux et les détenus restent dans les wagons pendant trois jours. Le 12 juillet, les hommes sont parqués dans la synagogue de Bordeaux où ils vont rester jusqu'au 9 août. A cette date, le train repart vers Marmande, Agen, Montauban, Toulouse, Carcassonne et la vallée du Rhône. Les sabotages de la Résistance et les bombardements alliés obligent un arrêt de plusieurs jours à Remoulins, à 30 km à l'ouest d'Avignon. Le 18 août, les Allemands décident d'abandonner le train et forcent les prisonniers à effectuer une marche de 17 km à pied, de Roquemaure à Sorgues, avec une traversée du Rhône sur un pont suspendu à moitié détruit. Un nouveau train, reformé à Sorgues, remonte vers le nord et il est bombardé, le 19 août, par les alliés à Pierrelattte. Plusieurs évasions ont lieu tout au long de ce parcours dantesque. L'auteur signale l'évasion d'un prisonnier près de Montélimar ; il le nomme « Revel » et signale qu'il s'est blessé en sautant du train. Il s'agit sans doute de Roger Reynis. Le train continue sa route, traverse Lyon le 21, Dijon le 23 et parvient au camp de Dachau le 28 août. Quant aux 53 femmes du convoi, elles sont dirigées vers Ravensbruck où elles arrivent le 31 août.
avec l'autorisation de www.lesdeportesdutrainfantome.org et nos remerciements
LE TRAIN FANTOME " (appelé aussi train de la mort) fait partie des derniers convois. Le plus long dans son déroulement, le plus malchanceux car il devance inexorablement l'étendard de la liberté que représente la montée des alliés en Provence… La persévérance, l'ingéniosité mise en œuvre pour assouvir la logique des nazis, ne peut que nous glacer d'effroi. Il faudra encore des mois d'horreurs, de combats acharnés, d'espoirs sans cesse renouvelés, pour parvenir, enfin, à juguler cette terrible atteinte à l'humanité toute entière.
LE TRAIN DE LA MORT
À 9 heures 15 le train se met en marche. Le mouvement n'apporte même pas l'air bienfaisant. Ils sont trop dans chaque wagon. En outre, la plupart des lucarnes d'aération ont été obstruées. Tout de suite la vie devient intenable. L'air est de plus en plus lourd, pratiquement irrespirable. Rester debout est très pénible et le train va lentement, très lentement. De fréquents arrêts viennent accroître le supplice. Mais pendant ce temps, à l'extérieur, malgré la surveillance des gardiens hostiles, des personnes du village essayent d'apporter leur aide : - Le maraîcher Ledru branche sa lance d'arrosage, débloque le robinet et vise une lucarne. - Madame Pinel ramasse un carton qui porte une vingtaine de noms et adresses ce qui permettra au Maire de l'époque, Monsieur Dorigny, de prévenir les familles - L'oncle de Madame Lapierre prend l'ardoise des commissions et y inscrit à la craie « entre Saint-Brice et Reims », puis l'ardoise bien haut au-dessus de sa tête, il suit la voie pour répondre ainsi silencieusement à tous ceux qui, dans le train, cherchent à savoir où ils sont.
Lien vers le Récit de monsieur Albert Canac sur le "Convoi de la mort"
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