Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol PARU DANS LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE N° 3 - 1997 - |
Pour mieux nous souvenir de la forêt de Vauré ...
Albin BOUSQUET |
Les Revélois le savent bien : leur ville fut créée non pas à partir d'un village ou d'un château seigneurial préexistant comme la majorité des villes d'alentour, mais au cœur d'une vaste région boisée, la forêt de Vauré, qu'il avait fallu défricher pendant plus de dix ans. Avec le temps, cette forêt devint un peu légendaire et l'imagination de nos ancêtres en fit un lieu déshérité et particulièrement redoutable.
En 1770 par exemple, Molles de Puiredon, premier consul de Revel, dans une requête à Monseigneur de Talleyrand-Périgord, aumônier du roi, décrit en termes pathétiques la situation de la ville de Vauré avant la fondation de Revel :
"Bâtie sur une colline, vers le couchant de la plaine de Vauré, la ville de ce nom avait au levant et au midi une forêt immense qui tenait à toutes celles de la Montagne Noire. C'étaient des lieux tout à fait sauvages, repaires de bêtes sauvages qui dévastaient le peu de terrain que les habitants arrivaient à cultiver ; il est naturel de croire que le peuple de Vauré dut être un peuple de chasseurs, qu'au moins le physique de son pays lui faisait une dure loi de l'être... La jeunesse vauréenne s'organise en milices pour faire la chasse aux bêtes féroces et défendre la ville contre les brigands qui plus tard remplacèrent les fauves ..."
Après le six cent cinquantième anniversaire de la fondation de Revel, alors que l'histoire de la ville est à l'honneur, on peut aussi se poser des questions sur cette forêt de Vauré et avoir la curiosité de connaître quelle était son origine, quelles étaient ses dimensions, et de retrouver son évolution au fil des siècles ultérieurs.
C'est la Charte de 1342 qui nous a révélé son existence et informé en même temps qu'elle était royale. La lettre précitée de Molles de Puiredon nous ferait presque croire qu'elle était une forêt vierge, venue du fond des âges et n'ayant jamais connu la civilisation. La réalité est quelque peu différente. La forêt de Vauré devait être effectivement plusieurs fois séculaire, mais elle n'était pas une forêt primitive.
En effet les recherches archéologiques entreprises depuis une vingtaine d'années dans notre région ont mis à jour et identifié suffisamment de vestiges gallo-romains pour nous permettre d'induire presqu'à coup sûr que la plaine de Revel était habitée et couverte d'exploitations agricoles.
La forêt gauloise, si tant est qu'elle existait encore sinon sous forme de bois et de bosquets clairsemés, avait été défrichée, et, à l'emplacement de Revel s'étendaient les champs de quelque villa ou mansio gallo-romaine.
En outre les toponymes de Vauré et Dreuilhe sont typiquement celtiques, attestant la présence d'établissements gaulois devenus par la suite gallo-romains. De même, la découverte faite à Revel vers 1850 de tombes franques nous prouve qu'au VIème et même au VIIème siècle le site de notre ville était toujours occupé.
C'est au cours des siècles suivants, à partir d'une date indéterminée et pour des raisons qui nous échappent, que le site de Revel fut abandonné, peut-être à cause des incursions normandes ou hongroises.
La forêt reprit alors ses droits et recouvrit la plaine de l'épais manteau forestier que Philippe VI fit "tonsurer" dès 1331 pour y construire notre ville.
Nous ne sommes pas mieux renseignés sur l'étendue de la forêt à cette époque.
Gustave Doumerc, historien de notre ville a essayé d'en reconstituer le périmètre(1).
- Gustave DOUMERC – 1976. Histoire de Revel . Monographie sur la ville.
Selon lui, elle s'étendait au devant de Soréze, rejoignait la forêt de l'Aiguille et descendait vers la plaine par la vallée du Laudot, qui en constituait la limite méridionale.
La forêt de Vauré au début du XIVème siècle.
D’après G. Doumerc ,la partie hachurée est celle qui a été arpentée en 1667.
Elle s'arrêtait aux abords de Vaudreuille, puis de Dreuilhe.
Le chemin qui reliait alors ces deux villes, appelé "chemin de la forêt"' (2) limitait à l'ouest la région boisée qui s'étendait dans la plaine en direction de Belleserre et de là, rejoignait Soréze, bouclant ainsi le pourtour (cf. carte).
Les premiers défrichements durent être entrepris par les moines bénédictins ( que l'on a appelés les défricheurs de l'Europe) de la riche et puissante abbaye de Notre-Dame de la Sagne, fondée en 760 dans la vallée de la Soréze (ou Orival) par Pépin le Bref lors de sa campagne contre les Sarrazins.
2. On retrouve le tracé de cet ancien chemin dans le chemin actuel qui conduit de Vauré, par la Téoulo et En Couyoulet, à la Départementale D1, de Revel à Caraman, et plus au sud dans le chemin qui conduit à Dreuilhe, à partir de la D622, par la Jasse et le pont de Tartanac sur la Rigole.
Les religieux mirent en culture les terres du fief. Mais nous ne connaissons pas quels furent les autres propriétaires au temps des Comtes de Toulouse.
La forêt passa dans le domaine Royal avec le Comté de Toulouse à la mort de son dernier comte, Alphonse de Poitiers (1271). Vingt ans plus tard Philippe IV le Bel créait l'Office Royal des Eaux et Forêts, ancêtre de notre O.N.F.
La forêt de Vauré fut comprise dans la maîtrise de Toulouse, et c'est peut-être alors qu'elle prit le nom de la ville de Vauré, siège d'une seigneurie vassale de Toulouse et dotée d'un consulat chargé des affaires municipales, et qu'elle fut différenciée de la forêt de Dreuilhe dont une grande partie était incluse dans le fief de Vaudreuille.
En 1331, Philippe VI, écoutant les plaintes de ses sujets de Vauré, leur céda la partie de la forêt située dans la plaine et ordonna son défrichement. Mais cette décision ne fut suivie d'effet que dix ans plus tard.
Entre temps avait commencé la Guerre de Cent Ans.
Le deuxième document qui nous éclaire sur le passé de notre forêt est un parchemin, de plusieurs mètres de long, heureusement conservé aux archives départementales(3) dans lequel est consigné l'acte de bornage des forêts de Dreuilhe et de Vauré, daté de 1359.
VERS L'ACTE DE BORNAGE DE LA_FORET_DE_VAURE
La lecture est difficile, mais les renseignements qu'il nous livre sont intéressants.
Revel possédait depuis 1342, en plus du terrain bâti, sur le versant occidental des coteaux de Saint-Ferréol, une partie de la forêt boisée, destinée au chauffage des habitations.
En outre, une disposition de la Charte lui avait attribué cent arpents (4) de la forêt de Dreuilhe pour l'alimentation en bois des fours banaux.
Mais cette portion n'avait été délimitée que verbalement.
Il en résultait des difficultés pour la distinguer du domaine royal que le roi avait conservé sur les hauteurs de Saint Ferréol et dans les vallées du Laudot, et de la forêt de Dreuilhe qui appartenait, avons-nous dit, au seigneur de Vaudreuille. Un bornage s'avérait nécessaire.
Le 14 décembre 1359, Guillaume de Rupé, maître des eaux et forêts de la sénéchaussée de Toulouse, Albi et Bigorre, mandaté par le roi de France, vint placer les bornes indispensables.
La cérémonie se déroula le jour suivant en présence de nombreux témoins, dont le Procureur du Roi dans le Comté de Lauragais, les forestiers de Vauré (institués par l'ordonnance de Philippe le Bel), à la lisière de la forêt de Vauré, au lieudit Puech-Belhier (5).
Selon les termes du procès-verbal:
"II (Guillaume de Rupé) plaça aussi ou fit placer à son choix ... seize pierres dressées en guise de bornes et continuant à suivre les bords de la forêt royale, il en plaça deux du côté Cers, trois du côté nord et six du côté du levant jusqu'au ruisseau d' Audaut".
Au début du XVe siècle, lorsqu'une sécurité relative revint dans nos campagnes, après l'élimination des derniers routiers-brigands de Roquefort, la ville de Revel transforma progressivement ses coupes de bois en un grand vignoble qui trois siècles plus tard (XVlllème siècle) couvrait tout le versant occidental de Saint-Ferréol face à Revel, et même descendait dans la plaine dite du Laudot(6) .
Curieusement ce vignoble conserva jusqu'au XIXe siècle le nom de Bois de la ville.
Aux XVe - XVIe siècles, la forêt subit de fortes amputations par suite de ventes et de cessions dont nous n'avons pas retrouvé les actes. Elle se réduisit telle une peau de chagrin si bien qu'au XVllème siècle le Roi ne possédait plus de sa "forêt immense" initiale qu'une centaine d'hectares sur de mauvais terrains, impropres au "haut fustage", sur la rive nord du Laudot entre Vaudreuille et Saint-Ferréol .
Les limites de cette forêt-croupion nous sont connues grâce à deux procès-verbaux d'arpentage du XVllème siècle conservés aux Archives Départementales de la Haute-Garonne(7).
Le premier arpentage est de 1616 et fut exécuté par le maître-arpenteur toulousain Jean Clémens.
D'après le plan, la forêt est limitée :
- au midi par le ruisseau du Laudot (riseu appelé Daudaut) qui la sépare du terroir de Vaudreuille (Vaudrulie);
- au levant et au nord (aquilon) par les chemins de la Pomme à Vaudreuille et de Revel à Vaudreuille qui la séparent du Terroir de Revel (Rebel) ;
- au couchant par le bois de M. de Vaudreuille (cette dernière limite étant celle de 1359). La surface est donnée au centre de la figure. Nous y lisons : "la forest de Baure contient 177 arpents 3 puniérades" soient 10114 ares (environ 1 km carré). En marge le plan est orné, comme il était alors l'usage, de dessins appelés "vignettes" qui dans le cas présent sont les bienvenus, car ils représentent la ville de Revel, le château de Vaudreuille, la métairie de la Pomme en 1616.
La notice explicative en bas du plan se lit ( l'orthographe est conservée) :
"C'est la configure de la forêt du Roy de Baure an la counté del lauragois qui countient cent septante et sept arpans trois punierades mesure de Thoulouze, étant de nature de boes talis a faux silioun et de petite remise de chaîne et forse buisouns, brugue, agreu, négossié et abadausses, copée de six an six années sans auqun balibeu, faicte et agrimansée par moy Jehan Clemens maître agrimansier juré de Thoulouze qui ansin le sertifie à l'indiquation et asistanse de Jehan Salamon garde de ladyte forêt et de Guillaume Marquié, surbeliant et Jehan Fornié, au mois de désembre 1615 . Le tout suivant la coumision de M. le grand metre des eaux et forêts, et par se que tout se dessus countient vérité ay escrip et siné" (8)
De Clemens
3. Cote AA3 ou 2E 598
4. Près de 57 hectares
5. Aujourd'hui la métairie Le Pépelier, sur le chemin de Revel à Vaudreuille par La Mittatmens
6. Le chemin des Vignes qui monte du pont de Vaudreuille sur la Rigole vers la métairie La Forêt nous rappelle cette époque.
7.Cotes ADHG - El A - E2C
8. - Agrimansier (mot occitan): Arpenteur
- bois talis à faux silioun et de petite remise de chaîne: bois à taillis que l'on fauche avec un faucillon (petite faux) contenant des groupes de petits chênes
- torse buissouns, brugue: beaucoup de buissons et de bruyères
- agreu: (occitan) petit houx
- negossié: (occitan) prunellier noir dit aussi ' pellossié"
- abadaus ou agadaus (occitan): ajonc
- copée de six ans six années sans aucun balibau ; entendre: dont on coupait les repousses tous les six ans sans laisser de baliveau.
Plan d’arpentage de 1616.
Le deuxième arpentage est encore plus précis. Il date de 1667 (année où fut posée la première pierre du barrage de Saint-Ferréol).Il a été exécuté par les frères Pech, arpenteurs de Revel sur l'ordre de M. de Froidour, commissaire réformateur des bois et forêts.
Ce Monsieur Louis de Froidour, "commissaire du Roi en ses conseils, président général en la maîtrise des Eaux et Forêts ..." et autres titres, a été envoyé à cette date en Lauragais par Colbert pour une mission de confiance, "la réformation générale des Eaux et Forêts".
Il s'agit de remettre de l'ordre dans cette administration, de dresser un inventaire complet et détaillé du domaine forestier royal, de redresser les abus et de faire cesser les empiétements et infractions commis par les seigneurs et bourgeois propriétaires de terrains frontaliers.
En un mois les experts désignés par ce Haut Commissaire visitent et contrôlent toutes les forêts royales de la Montagne Noire : Hautaniboul, Sarremetgé, Crabes-mortes, l'Aiguille et notre forêt de Vauré.
Ici une querelle opposera M.de Froidour au marquis de Vaudreuille, Arnaud de Ribaud. Ce dernier a en effet autorisé les revélois Brun et Barrau, ainsi qu'un sorézien De Madaule, à faire pâturer leurs troupeaux sur ses terres.
Or ces troupeaux franchissent souvent la limite des deux forêts, et vont chercher leur nourriture sur les terres du Roy. Et Monsieur de Vaudreuille répondra insolemment à M. de Froidour qui lui en fait le reproche :
"Que voulez-vous ? Les bestiaux vont paître sur ces terres ingrates depuis des temps immémoriaux. Si on veut en empêcher l'entrée aux animaux, ce n'est pas à moi mais au Roi de faire entretenir les fossés qui délimitent la forêt du Roi".
Les deux revélois et le sorézien contrevenants furent condamnés à une lourde amende et les frères Pech, arpenteurs jurés de Revel furent chargés de redéfinir les limites de la terre royale.
Leur plan est plus soigné que celui de 1616. Des détails du relief omis par Clémens y figurent : trois combes qui débouchent dans le Laudot, ainsi que des bornes de pierre, des fossés, et deux terrains rectangulaires tracés en pointillé dont la destination nous échappe (celui de l'est est appelé La Boissonade, terme occitan qui désigne un lieu particulièrement buissonneux).
Les vignettes représentent le beffroi de Revel, qui alors était en bois, le château de Vaudreuille, les métairies de la Pomme (9) et de Lapoticario.
9.La Pomme a disparu en 1931 à la suite d'un incendie
Plan d’arpentage de 1667.
La notice explicative en bas du plan nous donne le texte suivant :
"Veuè figure et plant de la forest royalle de Vauré en Lauragois, arpentée par nous, Paul et Guillaume Pech, au mois de janvier 1667 par ordre de Monsieur de Froidour, conselier du Roy et comissère réformatur des bois et forêts, laquèle contient cent septante sept arpants trois cartz à mesure de Toulouse, arpentée en présanse et assistanse de M. de Latger, mestre partigulier et Anthoine Guère, garde de laditte forest et à leur indication. En foy de desus nous avons signé Pech arpentur, Pech arpentur."
Les limites de la forêt sont identiques sur les deux plans et il est facile de les retracer sur les plans correspondants des cadastres de 1831 et 1961 donnés in fine. Nous constatons même que la limite occidentale, c'est-à-dire celle de 1359 a été prise comme frontière des communes de Vaudreuille et de Revel.
Plan cadastral 2ème feuille section F
Le plan des frères Pech porte indication de bornes et de fossés. Avec l'espoir secret de retrouver la trace de ces bornes signalées par ailleurs dans le procès-verbal d'arpentage, mon ami Roger Jullia et moi-même nous sommes rendus sur les lieux de l'ancienne forêt où se trouvent maintenant les métairies de Calès et de La Forêt, ... construites sur les "carrés" de 1667'
Plan cadastral de la commune de Revel section F révisé en 1961 (échelle 1/2500° sur l’original.)
Plan en main, nous avons fouillé le terrain. Nous n'avons pas trouvé de bornes, mais seulement des marques creusées sur des rochers de gneiss.
Ces rochers ont été à l'évidence travaillés par un tailleur de pierre, qui en creusant des rigoles circulaires de dix centimètres de profondeur a dégagé ainsi de la masse une sorte de cylindre de 0,60 mètre de diamètre.
Ces marques figurent sur cinq rochers situés dans la partie très pentue qui surplombe le Laudot.
Deux rochers "marqués" sont situés sur la limite de la forêt, à son aboutissement au ruisseau, à l'Est.
Deux autres sont sur la limite Ouest, également proche du ruisseau. Détail curieux ... l'un d'entre eux est situé sur une boucle du ruisseau ... ! Ces marques conduisent à penser qu'elles délimitaient la forêt, et par là- même qu'elles sont les vestiges du bornage de Guillaume Rupé. Pourtant un doute subsiste : à cause de détails inexpliqués ...
Pourquoi plusieurs marques figurent-elles sur le même rocher ? Etait-ce utile de marquer un rocher sur le cours du Laudot ?
Etait-ce là le champ d'essais du tailleur de bornes de la forêt de Vauré ?
Un croquis in fine de Jean Hébrard, nous en donne une reproduction fidèle.
Le satellite qui flanque la borne est-il une opération manquée?
Sur l'autre coté de la forêt, une taille réussie.
Qu'advint-il ensuite de cette forêt si bien délimitée ? Nous n'en savons rien de précis.
Un acte de 1713 dressant " l'Estat de tout le bien noble de M. Le Marquis de Vaudreuille", nous apprend qu'elle existait toujours et qu'elle était le confront au septentrion des terres du marquis. Très probablement elle fut aliénée comme bien national pendant la Révolution. Des recherches dans les archives notariales pourraient nous en faire retrouver les acquéreurs(10) .
10 L'un de ceux-ci pourrait fort bien être le Conventionnel Calès, originaire de Cessales, député de la HauteGaronne, avec lequel la ville de Revel ne fut pas toujours en bons termes en 1793-1794 et qui aurait, selon la coutume, donné son nom à la propriété que nous connaissons aujourd'hui.
De nos jours les anciennes terres royales sont devenues les terroirs des métairies de Calès, anciennement de la Côte d'Or et de la Forêt, au nom très significatif. Le Laudot coule toujours dans sa gorge de gneiss. Les rives où poussent des chênes peu vigoureux, des pins, des prunelliers et des agadausses, ceux-ci en abondance, sont restés un peu sauvages.
Elles méritent une visite et la promenade vous donnera l'occasion d'évoquer les frères Pech arpentant de borne en borne la forêt de leur roi et de nous donner aussi une idée du paysage qu'offrait en amont la vallée du Laudot avant que Riquet ne vienne la barrer pour y construire son ouvrage de Saint-Ferréol.
Note sur la charpente de la halle centrale de Revel
Nous ne connaissons pas l'âge des piliers et des pièces de bois qui constituent la charpente de notre halle centrale. Certains gros piliers porteurs sont fort anciens si l'on en juge par la décomposition de l'aubier. Mais on peut penser qu'ils furent coupés dans la forêt de Vaure et qu'ils sont, avec les bornes de gneiss les plus anciens vestiges de la forêt royale.
Le temps a fait son œuvre mais les marques des coups de hache portés lors de l'équarrissage sont encore visibles.
Les chênes utilisés pour la charpente étaient de port assez droit, leur diamètre de quatre-vingt centimètres et ils avaient plus d'un siècle d'âge quand ils furent abattus. Quant aux piliers les plus courts, ceux de la rangée extérieure de la partie nord de la halle, la plus basse, ils proviennent de la cime des fûts.
La preuve en est la présence de nœuds nombreux et leur fil tourmenté. Exception doit être faite pour les deux piliers des extrémités de ladite rangée qui semblent avoir été taillés à partir du collet de l'arbre. Les arcs-boutants ont été choisis (économie de travail et de bois) dans des branches coudées.
Signalons enfin que ces bois sont percés de galeries dues à un coléoptère parasite du chêne. le grand capricorne du chêne (cerambyx cerdo). Ces galeries furent creusées alors que les arbres étaient encore sur pied.
L'onde évoque le canal du midi.
Le bouleau arbre préféré d'A. Bousquet rappelle son nom et sa grande passion et connaissance pour les arbres.
VERS L'ACTE DE BORNAGE DE LA_FORET_DE_VAURE