Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                       PARU DANS  LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE numero 15 - 2010

 

TEMOIGNAGE

LES REFUGIES POLITIQUES A REVEL


Par Jean Paul Calvet

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Un Républicain espagnol … Pablo Martinez

 

d’après les documents de la famille et l’entretien effectué avec Madame Liliane Salvetat, fille de Pablo Martinez.

Le rôle de Revel, terre d'accueil pour l'immigration espagnole, a été depuis longtemps souligné par des études diverses, dont celle de Pascale LABIT, « Revel, terre d'asile de 1939 à nos jours » (1). Le récit que nous a fait madame Liliane SALVETAT de la vie de son père Pablo MARTINEZ, et qui nous servira de fil conducteur pour cet essai de biographie, pourrait facilement s'intégrer dans une telle étude. En voici, les principales étapes : - En Espagne, avant la guerre civile Pablo MARTINEZ nait le 19 janvier 1907 à Coslada, petit village à côté de Madrid, de nos jours englobé dans la banlieue madrilène. La famille est nombreuse, car ils sont sept enfants. Néanmoins, il pourra apprendre un métier à Madrid : il est chauffeur puis mécanicien automobile, ce qui est sa première profession à l'âge de 17 ans.

 

Plus tard dans les années 1930, il fait la connaissance de Carmen GARCIA. Née à Madrid le 16 mars 1914, celle-ci est fille unique d'un couple qui dispose d'une certaine aisance, propriétaire d'un petit pavillon dans Madrid.

Les deux jeunes gens formeront un couple solide à l'épreuve des difficultés qu'ils devront surmonter toute leur existence.

Lorsqu'ils font connaissance, Carmen est laborantine dans un laboratoire pharmaceutique de Madrid.

 

 La guerre civile : lorsqu'elle éclate, après le coup d'état de Franco, le 18 juillet 1936, Pablo rejoint sans hésiter les rangs Républicains et comme volontaire dans les rangs des milices de la République espagnole. Il est carabinier (carabineros) et participe aux combats de :

 

  1. El Campamento
  2. La Laguna de Santillana del Mar
  3. Cercedilla
  4. Bis. Guadarrama
  5. El Alto de Léon
  6. Navalperal de Pinares
  7. El Boqueron
  8. Peguerinos
  9. Navas Pinares

Malgré tout, il trouve le temps de se marier civilement à Carmen Garcia à la mairie de Chamartin de la Rosa (quartier de Madrid) en octobre 1936. Paralysée par la peur d'un nouveau conflit international, la France de Léon BLUM n'intervient pas dans le conflit interne espagnol, alors qu'Hitler et Mussolini aident l'armée de Franco. Cela détruit beaucoup des espoirs républicains, que l'envoi des brigades internationales ne compense pas.

(1) LABIT Pascale, « Revel, terre d'asile de 1939 à nos jours ». Préface de Jean-Louis Bonsirven, Revel, chez l'auteur, 1999, in 8, 120 p., nombreuses reproductions photographiques, broché, couverture illustrée.

 


 

CARMEN
PABLO

 

Carmen et Pablo … avant la guerre civile…

 

 

 

Jusqu'en 1939, Carmen GARCIA demeurera, à Madrid, chez ses parents. Son mari vient la chercher avec son side-car et l'emmène à Barcelone, dernière place de la résistance des Républicains. Lorsque Barcelone tombe aux mains des troupes de FRANCO, le couple se décida à gagner par ses propres moyens (donc en side-car) la frontière française. Dans cette fuite Carmen, bien qu'enceinte, est blessée par un tir de mitraillette.

La   frontière   est   malheureusement   fermée   à   leur arrivée, sans doute au Perthus. Mais devant l'afflux des réfugiés, dans des embarcations de fortune aux ports basques et aux cols pyrénéens, les autorités françaises ouvrent les frontières. Séparés par les autorités françaises, Carmen passe la frontière le 3 février 1939, Pablo, d'abord bloqué, la franchit le 9 février.

 

L'installation en France

 

Malgré les ordres de confiscation, par les autorités françaises, de tout véhicule, Pablo réussit à conserver son précieux side-car. Il fait le tour des hôpitaux de Perpignan. En vain ! Il ne la retrouve pas. Il est contraint de s'installer au camp d'Argelès- sur -mer. Si la ville balnéaire est de réputation agréable, le « camp » entre mer et barbelés est une installation sommaire sans abri solide : on « campe » en plein air en février. Alors que les autorités françaises font montre de dureté, l'accueil de la population est empreint d'humanité pour ces réfugiés. Pablo y est interné, avec l'espoir de retrouver son épouse Carmen. Il s'efforce de survivre et lance des messages de recherche pour toute la France.

Ces messages aboutirent à retrouver Carmen à l'hôpital Hôtel Dieu de Clermont Ferrand : ils peuvent correspondre par lettre en attendant de se rejoindre, ce qui ne semble pas très facile tant qu'ils n'ont pas de travail.

Le 20 mai 1939, Pablo est transféré au camp de Bram ; ce camp formé de baraquements construits par les intéressés eux-mêmes avec des matériaux fournis par les autorités Françaises est plus « humain » que les atroces camps du littoral catalan : il était pourvu d'eau potable en suffisance ; une vaste infirmerie et un service de santé composé d'un capitaine-médecin français assisté de cinq médecins espagnols , de dix aides-soignants, deux pharmaciens, vingt infirmiers recrutés parmi les réfugiés espagnols; ce camp situé sur la commune de Montréal (Aude) et appelé officiellement « camp du Pigné» était plutôt réservé à d'anciens fonctionnaires, instituteurs, employés et autres « privilégiés ».

 CAMP-DU-PIGNE CAMP-DU-PIGNE1 CAMP-DU-PIGNE3 


 Il n'était cependant qu'une véritable prison, gardée par deux pelotons de gardes mobiles et entourée de barbelés et dépourvue de certaines commodités (il fallait aller laver son linge dans le canal du midi à deux kilomètres de là). A partir de mars 1939, la vente des journaux de la Dépêche du Midi, l'Indépendant de Perpignan, le « Midi socialiste » y fut autorisée.

  Sur une superficie de 12 hectares, 165 baraques de 150 m2 chacune, recevaient des civils et militaires espagnols, mais aussi des familles juives allemandes et autrichiennes, soit 15 000 à 18 000 personnes. On avait constitué là une véritable ville avec toutes les installations nécessaire : électricité, eau potable, voiries, égouts, service postal, morgue, cimetière...

 En contraste de cette version officielle édénique, d'autres témoignages parlent de dortoirs où l'on dormait les uns contre les autres sur de la paille, sans éclairage, ni chauffage d'où des épidémies de gale, de diphtérie, de typhoïde et des décès par épuisement. Le grand monument pour « les Républicains Espagnols » ,érigé à l'entrée du camp du Pigné en mars 2009, porte les noms de 224 internés (dont 40 enfants) décèdés au camp. En octobre 1940, le camp de Bram considéré comme défectueux était provisoirement désaffecté.

Pendant ce temps, Carmen perd l'enfant qu'elle portait en passant la frontière. Elle guérit cependant de ses blessures et est transférée à la caserne GRIBEAUVAL de Clermont Ferrand réquisitionnée pour les réfugiés espagnols. Sans cesse relancée pour savoir si son mari avait trouvé du travail (2), elle est inscrite sur une liste de personnes qui doivent partir pour l'Espagne, par Hendaye, mais elle trouve toujours des arguments pour éviter ce transfert qui aurait pu être catastrophique.

Bien lui en prend !, car pendant ce temps à Bram, Pablo trouve enfin du travail. La France, en septembre 1939, entre en guerre, et décrète une mobilisation générale. L'absence d'ouvriers spécialisés se fait dès lors ressentir. Un industriel garagiste à Revel, M. Jean LAVAIL fait le déplacement au camp de Bram à la recherche d'un mécanicien diéséliste. Accompagné de Gabriel MALIGNON, maire de Durfort, il engage Pablo MARTINEZ et l'emmène à Revel. Après toutes ces tribulations, Pablo MARTINEZ arrive à Revel le 14 décembre 1939.

 

LAVAIL1

 

 
LAVAIL2
 

 

 

Il est installé par Jean LAVAIL, au restaurant- hôtel « Chez TINTIN » il lui fait manger du poulet (il y a si longtemps que ça ne lui est pas arrivé !) et lui avance quinze jours de salaire.

 

 

CHEZ-TINTIN

 

L’hôtel-bar du Commerce … chez Tintin ! Au début de la rue du Temple.

 

 

(2) le fait d’avoir du travail était la garantie de pouvoir rester en France. Dans le cas contraire on était renvoyé en Espagne avec toutes les conséquences qu’il pouvait y avoir…

 

II profite de tout cela en appelant Carmen qui arrive à Revel fin décembre 39 - début janvier 1940.

L'enfant des retrouvailles, Maguy, naîtra en octobre 1939.

Pablo   travaille   désormais   au   garage   LAVAIL,   6, boulevard   Rochereau,  à  l'emplacement  de  l'actuel super marché Leader Price.

 

CENTRAL-GARAGE1 CENTRAL-GARAGE2

 

Le garage Lavail … 


« Vers la fin de la guerre en 1944, Pablo est dénoncé et est obligé de fuir et de se cacher. Il part au maquis. Là, avec Jean Gobbo,  ils  ont , avec un camion au gazogène,  ravitaillé des  maquisards avec des produits donnés par certains fermiers du lauragais.

Plus tard il s'engagera aux côtés des FFI et se retrouvera à Toulouse du 28 mars 1944 jusqu’au 1er Mars 1945.

A Toulouse, il effectue des missions ordonnées par ses supérieurs hiérarchiques au nombre desquels M. de Clercq, et se rend notamment à Paris d’où il ramènera une Bugatti ( !).

Vers la fin de la guerre, quelques ouvriers (dont Pablo)  se sont retrouvés à la DMR (Délégation Militaire Régionale à Toulouse, pendant et après la libération de Toulouse)  qui était installée dans les locaux du Grand Hôtel rue de Metz à Toulouse.

Le garage Claustre à Toulouse avait été réquisitionné on y réparait les véhicules des FFI…

Pablo est nommé maréchal des logis 

Une nouvelle famille revéloise

Dès lors une installation définitive se produit pour eux à Revel, et une troisième fille naîtra, prénommée Georgette. Après un  premier refus de la demande de naturalisation en 1952 « afin de lui permettre d'affirmer son loyalisme ». la naturalisation lui est enfin accordé pour lui et ses enfants en 1955.

La grande ombre au tableau proviendra du décès de Carmen en octobre 1954 en mettant au monde   une petite Paulette.

 

FAMILLE

Pablo, désormais prénommé Paul (prénom qu'il n'a jamais  porté,  toujours connu  des  revélois  sous  le prénom de « Pablo ») quitte le garage LAVAIL.

Le 1er mars 1950 il loue, avec Henri Cassagnes, un local à Revel, allées Charles de Gaulle, et exerce à son compte son métier de mécanicien (il est maintenant un garagiste confirmé pour voiture et camion).

Il ouvre une station-service en 1962. Le garage Martinez survivra, avec divers propriétaires.

En 2008 il sera détruit par un incendie.

 

GARAGE-MARTINEZ

 

Le garage route de Castres …

 

LES DOCUMENTS

 

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ANNEXE

 

En janvier 1939, 500 000 réfugiés quittent l’Espagne par le col du Perthus, soit 200 000 soldats et 300 000 enfants, vieillards qui sont enfermés dans "les camps du mépris" (c’est le titre d’un livre célèbre), comme Argelès, le Barcarès, Collioure.

Ils se disperseront ensuite dans toute la France et à l’étranger (Mexique-Chili). Cette tragique migration explique le nombre élevé d’espagnols en Lauragais.

 

Des Espagnols en exil

 

Fin janvier 1939, Barcelone tombe aux mains des Franquistes.

 Après trois ans d'un conflit qui a ensanglanté l'Espagne, les Républicains, vaincus, fuient sous la mitraille. C'est l'exil, « la Retirada », la retraite.

 Le gouvernement français décide d'ouvrir la frontière. Un demi-million de Républicains passent les Pyrénées, accueillis dans les camps du littoral, puis transférés vers Bram, Montazels, Montolieu pour l'Aude. Le camp de Bram sera fermé début 1941. Au total, environ 36 000 Républicains espagnols y auront séjourné, dans des conditions plus que précaires.


Le camp du Pigné dit « camp de Bram »

 

Localisation: dans l’Aude (11), sur la commune de Montréal.

Période d'activité : La construction commença le 5 février 1939 ; ouverture le 27 février 1939, fermeture en octobre1941.
Superficie 12 hectares.

Capacité : de 15000 à 18000 personnes, 165 baraques de 150m² chacune.

Populations : civils et brigadistes espagnols, familles juives allemandes et autrichiennes.

Il est très différent des atroces camps du littoral catalan. Les autorités françaises fournissent des matériaux pour construire des baraquements, les travaux étant effectués par les internés eux-mêmes. Les constructions sont menées très rapidement : elles sont considérées comme habitables dix jours après le début des travaux (Benassar, page 373) et reçoivent les 2500 premiers occupants dès le 16 février 1939. C’était quand même une prison avec des barbelés et des gardes mobiles.

Le 22 mars le camp est complet, soit 17 000 personnes, sur 12 hectares. Je cite Benassar : "à en croire Antonio Soriano, quiconque y arrivait en provenance d’Argelès croyait découvrir "l’hôtel Sheraton". Il était pourvu d’eau potable en suffisance, mais les pensionnaires devaient aller laver leur linge dans le canal du Midi, à deux kilomètres de là. "C’était formidable, on était propres!" se souvient Soriano. Le camp possédait une vaste infirmerie et un service de santé efficace, dirigé par un médecin capitaine français assisté de cinq confrères espagnols, dix aides-soignants, deux pharmaciens, vingt infirmiers, tous réfugiés. Destiné surtout aux fonctionnaires, instituteurs, employés, le camp n’en était pas moins une prison enclose de barbelés et gardée par deux pelotons de gardes mobiles. A partir de mars, la vente de certains journaux, la Dépêche, l’Indépendant de Perpignan, puis le Midi Socialiste, fut autorisée.

 

LES REFUGIES ESPAGNOLS

 

  Au préalable, il convient de faire un léger retour en arrière avec l'arrivée en France, en février-mars 1939, de plusieurs centaines de milliers de Républicains Espagnols ainsi que de membres des Brigades Internationales.

L'entrée des troupes nationalistes dans MADRID le 26 mars 1939 avait marqué la victoire du Général FRANCO et provoqué cet exode massif.>

270 000 militaires, 170 000 civils et 13 000 blessés et malades devront être hébergés dans des camps ouverts à la hâte.

Si ce délicat problème des réfugiés espagnols ne semble pas directement lié à celui de l'internement au cours de la Seconde Guerre Mondiale, il faut néanmoins tenir compte du fait que, dans la mesure où ils n'auront pu ou voulu regagner l'Espagne, beaucoup de ces hommes seront faits prisonniers un peu plus tard par les troupes allemandes et se retrouveront rapidement dans le Camp de Concentration de MAUTHAUSEN, par exemple, ou dans celui d'AURIGNY.

A partir d'avril 1939, les volontaires formeront des COMPAGNIES DE TRAVAILLEURS pour le compte de l'armée française.

En voici deux exemples :

La correspondance des Républicains Espagnols sera sévèrement restreinte dans son volume par l'application d'une circulaire du 17 mai 1939 prévoyant l'attribution à chaque réfugié de deux timbres de franchise par mois, au type Paix à 90 c surchargé F. Sept camps importants furent dotés d'un bureau de poste disposant d'un timbre à date : GURS, RIVESALTES, ARGELES-SUR-MER, ST-CYPRIEN-PLAGE, AGDE et SEPTFONDS.

Les sept camps de GURS, RIVESALTES, ARGELES-SUR-MER, ST-CYPRIEN-PLAGE, AGDE et SEPTFONDS sont placés sous la direction du Général MENARD et dépendent administrativement de l'autorité des préfets chargés d'assurer l'entretien et le ravitaillement.

  • Camp d'ARGELES-SUR-MER (Pyrénées-Orientales),

  • Camp de ST-CYPRIEN-PLAGE (Pyrénées-Orientales),

  • Camp de GURS (Basses-Pyrénées).

D'autres camps ouvriront au cours de l'hiver 1939 :

  • Camp d'AGDE (Hérault),

  • Camp de SEPTFONDS (Tarn-et-Garonne),

  • Camp du VERNET (Ariège),

  • Camp de BRAM (Aude).

Dans un rapport adressé au Ministre de l'Intérieur fin février 1939, le Préfet de l'Aude précisait qu'en moins de trois semaines on avait construit à BRAM une véritable ville avec électricité, eau potable, réseau de canalisations pour l'évacuation des eaux usées, service de voirie, service postal, hôpital, morgue, cimetière !

Ce camp avait été édifié sur un vaste terrain de 12 hectares situé sur la commune de MONTREAL. Il comportait 165 baraques en bois et abritait de 10 000 à 15 000 internés, en grande partie des civils et des vieillards .

En octobre 1940, le camp de BRAM, devenu défectueux, était provisoirement désaffecté

 

La vie quotidienne au camp

 

Le camp est entouré de barbelés de plus de deux mètres de haut. Au centre, un mirador. L'Aude compte alors deux autres camps, Montazels et Montolieu.

Interdits de sortie, surveillés en permanence, les réfugiés espagnols regroupés au camp du Pigné, étaient employés dans les industries voisines ou les fermes environnantes. Une boulangerie militaire fut aussi créée à la gare de Bram.

 Chaque jour, plus de deux cents hommes y étaient conduits pour y travailler.

« La plupart des décès étaient dus aux terribles conditions de vie qui régnaient dans ce camp. Les gens dormaient, la nuit, les uns contre les autres, sur de la paille, sans éclairage ni chauffage. À cause des très mauvaises conditions d'hygiène, les épidémies de gale, de diphtérie, de typhoïde étaient fréquentes.

Les malades étaient le plus souvent conduits dans les centres hospitaliers voisins, mais certains ne survivaient pas et mouraient dans le camp.

 D'ailleurs, les registres du camp de Bram portent souvent la mention « mort d'épuisement » ou « mort de maladie » pour des hommes parfois jeunes, de trente à quarante ans.

 

Une mémoire à préserver

 

Inauguré en mars 2009, un mémorial pour les Républicains espagnols a été construit : un grand livre de pierre a été érigé à l'entrée même de l'ancien camp du Pigné ; il porte le nom des 224 internés (dont 40 enfants) décédés au camp.

 

 

 

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