Histoire de Revel Saint-Ferréol                                  CAHIERS DE L’ HISTOIRE - N°19 - Année 2010 - pp. 132/151

Témoignage d’enfant sur la guerre de 1939 – 1945

à Revel Saint-Ferréol

Par Roger Jullia

 

RETOUR ACCUEIL

LA GUERRE DE MON PERE

La mobilisation

Un soir du mois d'août ou de septembre 39,  nous étions  au bout de la digue. Il y avait ma mère, Roger Bénazeth, ma sœur Lucette, mon parrain René Teysseire, lorsque quelqu'un est venu nous prévenir que la France avait déclaré la guerre à l’Allemagne et que la classe ( ?). . était rappelée
Nous sommes rentrés à la maison et le lendemain mon père a pris les clés des vannes de la Badorque, l'épuisette, il a fermé les vannes, puis il est allé au fond du parc, et là il a ramassé le maximum de truites possibles. Une pleine « sache »   .
Quand il n'y a plus de courant d’eau, les truites descendent et on peut ainsi les récupérer plus facilement.
Et là, il a dit, « Dans le cas où je ne reviendrais  pas de la guerre, eh bien j'en profite ! ».
Il a été mobilisé à Avignon. Avant son départ pour le Nord, il est repassé par Revel. Il a dit au revoir à ses parents (à son père, sa mère) .
C'était la dernière fois qu'il voyait son père  qui est mort en 1941.

La « drôle de guerre »

Il est parti dans la Sarre. Là il a retrouvé  Emile Béteille, le père de Jean-François Lamarque et un copain du Pays-Bas, Pierre Gros.
Ils partaient dans la nuit en commando dans les maisons démolies et, lors d'une permission, il a ramené à la maison des médailles d'un général allemand, récupérées dans une maison détruite
Nous avons enterré ces médailles dans le jardin de Saint-Ferréol à la maison du garde, mais on ne se souvient  plus où.  J’aimerais bien les récupérer.
Mon père envoyait des cartes postales des lieux où il passait. Il racontait les batailles aériennes... 
Et puis ce fut la retraite, il faisait partie des derniers à « décrocher » car il appartenait au génie et faisait sauter les ponts pour empêcher la progression des Allemands après le passage des troupes françaises. Une fois, dans la précipitation pour stopper l’ennemi, ils ont fait sauter un pont trop tôt car une partie des soldats français étaient encore sur l’autre berge, coté allemand, entraînant ainsi leur captivité.
Ils se sont retrouvés dans la citadelle de Boulogne sur Mer, et là ils se sont battus quatre à cinq jours, puis, à court de munitions, ils se sont rendus.

La captivité

Prisonniers, ils sont partis à pied de Boulogne sur Mer jusqu’en Allemagne. Ils marchaient 40 à 50 km par jour. Ils dormaient sur des terrains de football. Et à partir de là il a tenu, chaque jour, un cahier de marche...
Arrivé en Allemagne, il a été affecté successivement  dans un camp à Dortmund, puis à Eissen,  puis à Dusseldorf .


 

Par la suite ils ont été envoyés dans des métairies pour effectuer les travaux que les Allemands mobilisés ne faisaient plus. Ils étaient transportés tous les jours par camion dans différentes fermes. Là il s’est retrouvé avec Pierre Gros et un gars de Revel. Il était autorisé à écrire une fois par mois et mon père rédigeait de longues lettres.

 Au cours des deux dernières années de captivité, il a travaillé dans des usines qui étaient bombardées toutes les semaines. Il a fait partie de groupes de déminage pour déterrer les bombes à retardement.

Les Américains lançaient des bombes de plusieurs tonnes.  Les Allemands avaient construit un leurre constitué par une fausse usine en bois dont les cheminées crachaient de la fumée provenant d’une partie de l’usine réelle. Ce leurre ne fut pas efficace car, suite à des observations aériennes, les Alliés découvrirent la supercherie et quelque temps après lis lâchèrent, sur cette fausse usine, des containers en bois remplis  de tracts annonçant la défaite prochaine des Allemands et dénonçant les crimes d’Hitler. 
Quand il était dans l'usine d'Eissen, (c'était la grande usine), lors d'une alerte donnée trop tardivement, il a été pris dans un bombardement. Il s'est caché sous un wagon et lorsqu'il a voulu repartir quelqu'un l'a retenu par le pied. Il s'est retourné et a vu une femme qu’il a aidée à quitter ce lieu et l’a l'emmenée en courant jusqu’aux abris.
C'était une ouvrière allemande qui travaillait à l'usine d'armement.  Il la revit les jours suivants et elle lui disait bonjour. Une sentinelle ayant  vu cette communication entre elle et mon père,  alors que les prisonniers n'avaient pas le droit de parler aux femmes allemandes, donna un coup de crosse à mon père lui cassant des dents. Mon père allait riposter et il lui a mis le fusil sur le ventre. C'est un copain, Pierre Gros qui habitait à Caunes Minervois, qui lui a dit :
«  Arrête Paul ! Il va te descendre. »

Mon père n'a pas été « touché » mais a été convoqué au tribunal.
Là il a pu  expliquer  la raison pour laquelle il parlait à cette femme et il n'a pas été puni, mais félicité parce qu'il avait sauvé une femme allemande du bombardement.
Le soldat a été muté sur le front  russe !
Dans le camp  se trouvaient  quelques Russes. L'un d'eux, qui avait désobéi, devait travailler toute la journée  sans être autorisé à se coucher le soir venu.
On le mettait sur une chaise et on l'empêchait de dormir!
Chaque fois qu'il s'assoupissait la sentinelle le réveillait. Cela a duré quelques jours. Une nuit, il s'est endormi  et a été  tué sur place d'un coup de fusil.

Carnet de route de Paul Jullia en captivité destiné à sa famille

« Le 21 mai. Nous débarquons à Boulogne sur Mer, on vient nous avertir que nous sommes cernés.
Gros et moi,  qui étions restés à la gare pour garder les sacs, sommes prévenus qu’il fallait rejoindre la compagnie. Nous avons été mitraillés par un avion qui survolait la gare et, heureusement n’avons pas été touchés. Enfin, nous  parvenons à rejoindre  la compagnie. Nous sommes les seuls ( le  7ème génie) à rester.

Noël 1941 … Même internés on se donne l’impression d’être un peu en liberté !

 


Nous allons dans une maison pour souper.  En sortant nous traversons la gare sous une pluie d’obus, nous faisons du plat ventre pendant deux kilomètres, par bonheur sans être touchés. Nous avons eu chaud ! Nous rejoignons la citadelle là nous passons une nuit assez calme.
Le lendemain 22 mai. Le bombardement reprend de plus belle, nous sommes dans les caves avec les civils. Nous nous ravitaillons comme nous pouvons. Quelques maisons brûlent tout près, un obus est tombé tout près de la maison où nous sommes mais il n’a pas éclaté. Il manque une quarantaine de camarades de la Compagnie. Avec moi il y a toujours  Soula, Gros et Bès le Montalbanais, là dans les caves nous vivons un vrai cauchemar.  Je suis toujours bien portant, et je pense souvent à vous tous.  Ta dernière lettre était datée du 13 mai et je l’ai reçue prés d’Anvers en Belgique.

Le 23 mai. Deuxième journée de siège nous vivons sous une pluie de balles et d’obus. D’autres maisons brûlent. Notre capitaine est touché à la cuisse, nous vivons comme des rats.  Espérons que cela finisse bientôt car je crains  que nous allons tous y rester. Nous sommes fatigués  mais  nous nous endormons quand même.
Le 24 mai. Nous sommes toujours sur les mêmes positions, je crois que le Général veut nous y faire rester. Le ravitaillement commence à manquer mais, tant bien que mal, nous passons la journée et la nuit, il y a un violent bombardement.

Paul Jullia envoyait aussi ce genre de cartes postales à sa famille … C’était évidemment pendant la drôle de guerre !

 Le 25 mai. Le jour se lève, je crois que le Général a pris la sage résolution de se rendre. C’est le mieux qu’il y avait à faire. Le fort de Boulogne se rend à 8h30 du matin, nous sommes prisonniers, nous n’avons pas le temps de prendre du linge de rechange. Je n’ai qu’une chemise, le tricot, deux paires de bas, 3 mouchoirs et c’est tout. Ma veste est restée dans le sac. Heureusement dans mes musettes il y a quelques boites de conserves, j’ai aussi mon rasoir mais je n’ai que deux lames. Je suis avec les trois copains, nous sommes conduits dans un camp, où nous sommes, je pense, environ 15000.

Le « carnet de route de Paul Jullia »

Nous faisons partir notre adresse qui doit être envoyée aux familles par la croix rouge.
J’ignore si tu l’as reçue ( au moins que tu saches que je suis prisonnier et où, pour t’éviter du mauvais sang). Par l’épreuve que je viens de traverser, j’ai l’espoir de vous revoir. Nous partons à 10h pour faire une étape de 36 km. Les gens sur le parcours sont gentils et nous donnent  quelques vivres, du vin et de l’eau. On ressemble à des mendiants sur la fin du parcours. Les jambes commencent à être fatiguées mais nous arrivons à la fin de l’étape. Nous sommes parqués dans un camp de football. Vers 11 h il pleut, nous sommes obligés de nous tenir debout pour dormir, nous sommes trempés. Je trouve un type de Soupex un marchand de fourrage il s’appelle Marty. Tout va bien.  À demain. 
 Le 26 mai. Nouvelle étape de 32 km, toujours a pied, sur le parcours nous vivotons. La fatigue commence à se faire sentir et il faut la supporter. Nous arrivons vers 7 heures du soir. On ne nous distribue  rien à manger, nous mangeons quelques biscuits et  nous nous endormons  à la belle étoile.  Au lever du jour le froid te réveille et nous marchons pour nous réchauffer
Le 27 mai. Au départ on nous donne quelques biscuits et nous devons faire  une étape de 50km,  ça va être dur !  Nous  partons à 4h1/2 du matin et nous arrivons à 11 h du soir, nous sommes très fatigués, nous sommes affreux, pas rasés ni lavés, les yeux cernés de fatigue. Je crois que nous ressemblons à des revenants, la faim, tu sais, commence à se faire sentir,  nous avons  le ventre creux. Je pense aux bons repas que nous faisions tous les quatre, mais ce qui me donne le cafard c’est de ne pouvoir te donner de mes nouvelles pour te rassurer. Je  vais bien mais j’imagine ce que tu dois penser de mon sort, et s’il y a un bon Dieu il te rassurera. Au court de l’étape, j’ai trouvé Pélissier des Dauzats, Louis Solomiac le Frère de Charles et André Lenoir. Il  y avait aussi Jean Prat, mais je ne l’ai pas vu.  Tout va bien je ne suis pas malade. Nous couchons à la dure et quand on est fatigué on dort aussi bien que dans un lit.
 Le 28 mai. Une autre étape de 38 km, nos pieds commencent à s’habituer, mais ce n’est que sur la fin du parcours. Nous faisons une courte halte et nous repartons. A L’arrivée nous sommes parqués dans la cour d’une caserne. On nous donne un peu de soupe et du pain, les gardiens sont assez gentils pour nous.
 Le 29 mai. Nous restons une journée à la caserne on nous donne encore  de la soupe et du pain.  J’ai lavé 2 mouchoirs avec de l’eau qui n’était pas très propre. Je retrouve Pierre des Dauzats, nous causons un peu du pays, lui aussi a le cafard, mais il est comme moi il le supporte assez bien. Avec tous les Revelois, on s’est dit que, quand on pourra écrire, on mettra tous les noms de ceux que nous voyons.
Le 30 mai. Une autre étape de 38 km, mais ça va mieux. Nous avons bien mangé et nous commençons à nous habituer  à la marche. Nous arrivons vers 4h1/2 du soir, les gens du village nous avaient préparé une bonne soupe et nous nous sommes couchés.
 Le 2 juin. On nous prend en camion à 5 heures du matin, nous arrivons à 4 heures de l’après-midi. Nous sommes passés par Marche, Dinant et nous sommes à Saint-Viht, là on nous donne de la soupe et du pain. Tout va bien, j’ai un peu le cafard, je pense souvent à vous, à ma Titi chérie et surtout à mes enfants chéris.
 Du 3 au 11 nous sommes toujours à Saint-Viht.
Vingt-cinq d’entre nous ont été désignés pour faire les corvées. Nous avons un bout de fromage pour supplément quand on travaille et on ne nous embête pas. Quand nous n’avons rien à faire nous dormons toute la journée. Il fait assez beau, et nous brunissons au soleil. Nous ressemblons à des noirauds.  Il y a un décalage horaire entre ici et la France. Il est quatorze heures ici, quand, en France, il est  Midi. Il fait jour jusqu'à dix heures du soir. Je regarde souvent vos photos, cela me chasse un peu le cafard, et je pense à ce que vous faites et surtout au mauvais sang que vous devez vous faire à mon sujet, mais je ne peux rien y faire, nous sommes tous dans le même cas. Je crois que cela finira bientôt et que nous revivrons de belles journées que nous avons bien gagnées.  Pour moi, l’essentiel est de n’être pas malade, le reste va toujours.. Je m’en sortirai.   À demain.
Le 12 juin. Nous  sommes toujours au même endroit, un orage vient d’éclater et il pleut sans cesse. On nous soigne toujours assez bien, mais il me tarde  de pouvoir  vous envoyer une lettre pour vous rassurer. Pauvre Titi que nous étions heureux en temps de paix. Je pense souvent à vous tous, à mes enfants chéris, à mes parents, que doivent-ils faire ? Enfin il faut vivre dans l’espoir que ça finisse bientôt.

 

Une des pages manuscrites du carnet de route de Paul Jullia

Paul Jullia écrivait son « journal de route »… Le papier était rare – il fallait l’économiser.

 Le 13 juin. Il  a plu toute la matinée, mais ce soir il fait beau. Nous travaillons un peu. Vers 6 heures du soir on nous a réunis. Je crois que nous partons demain matin à 7 heures, je ne sais pas où. Il me tarde de vous écrire pour vous donner de mes nouvelles qui à ce jour sont bonnes. Je sais que ma première lettre vous apportera de la joie de me savoir vivant, car je comprends ma chérie que tu dois passer des jours bien tristes. Pour ma part je suis heureux d’être  comme je suis aujourd’hui car j’ai connu de  mauvais moments, qui heureusement sont passés. Ce qui compte maintenant c’est que tu reçoives de mes nouvelles. Je pense souvent à toi ma chérie, à ma petite femme que j’aime. Ne désespère pas nous revivrons des jours heureux, et mes enfants que pensent-ils de leur papa ? Ma pensée va vers vous tous, à ma maison qui est la tienne aussi. Je crois que la bonne solution est venue et pour nous, prisonniers, cela compte. Gros baisers à tous et à demain.

 Le 14 juin. Nous sommes partis à 7h1/2 du matin de Saint-Viht nous avons fait  environ  30Km mais pour cette étape nous n’avons pas été trop fatigués. Nous sommes arrivés vers 6 h du soir, dans un autre camp. On nous a fait manger.  En chemin nous avons appris que les Allemands étaient rentrés à Paris. Le soir, nous avons  écouté la radio  qui était au camp. Nous sommes dans des baraques, ça va pour moi et je voudrais que pour  ma famille chérie il en soit de même. C’est long un mois sans pouvoir vous écrire ni vous rassurer. Je crois que les gens doivent être rares à Saint-Ferréol, malgré le beau temps.
 Le 15 juin. Samedi nous nous reposons, nous attendons les  évènements. À midi nous avons eu  de la soupe et le soir  du pain, du beurre et de la confiture avec comme boisson une espèce de café sans sucre. Plus ça va plus je songe à vous autres. J ‘ai le cafard de ne pouvoir vous rassurer. Le jour de la délivrance, que je vais être heureux et vous aussi, je crois que cela ne durera plus longtemps et il vaut mieux pour tous.  Gros baisers à demain.
 Le 16 juin. Dimanche belle journée nous avons été réveillés à 6h1/2 et sommes  restés dehors. On nous a servi la fameuse choucroute. Ce n’est pas si mauvais que cela surtout quand on a faim. Je crois que j’ai maigri, mais je suis encore en bonne santé. Cependant  j’ai toujours le cafard, je songe toujours à vous tous .
Le 16 juin. Une assez belle journée commence, nous travaillons un peu vers 4h1/2 « heure  allemande » on nous annonce au poste que Pétain avait fait des offres d’armistice et que le cessez le feu entrait en vigueur. Nous avons été heureux de recevoir cette bonne nouvelle et tu dois avoir été heureuse de la fin de cette tuerie inutile. Je sais que tu dois te demander ce que je suis devenu  si tu n’as pas reçu la lettre et mon adresse. Peut-être craignez-vous que je sois mort. Avec cet armistice j’espère qu’à présent  ce n’est qu’une question de jours  et que j’aurai, bientôt,  le bonheur  de vous revoir, d’embrasser mes enfants chéris et d’aimer beaucoup ma petite Titi chérie qui doit languir de savoir où je suis.  À demain.
 Le 17 juin ; Nous travaillons un peu et il va faire beau. Nous comptons les jours à présent pour la libération. Je crois qu’ils ne nous garderont pas longtemps. Le cafard a un peu disparu, maintenant, je suis sur de vous revoir tous. Gros baisers pour tous à demain.
Le 18 juin Les bruits d’armistice qui couraient le 16 juin se sont évanouis, mais je crois que la paix ne va pas tarder à être signée car selon  le poste que nous écoutons, ils vont sous peu occuper la France. 

Dans le stalag VI F l’entraide et la solidarité sont d’actualité


Je ne comprends pas que certains hommes qui nous gouvernent fassent prolonger cette tuerie, ils n’avaient qu’à s’y prendre avant pour voir que les capitalistes anglais nous trahiraient. C’est nous qui sommes les poires, toujours les mêmes, nous pauvres ouvriers, qui étions heureux auprès de nos familles et qu’a présent nous en sommes privés. Je songe beaucoup à vous. Mais je crois que bientôt je vous reverrai et, ce jour là, je serais le plus heureux des hommes malgré les privations qu’on devra subir.

Le 19 juin. Belle journée, nous effectuons différents travaux. Je viens de prendre une douche et je me suis rasé, il faut se tenir propre pour éviter de prendre des Totos. Nous sommes 60 par chambre et c’est trop. Nous sommes trop serrés  et le matin ça sent mauvais. Je songe au bon repas que nous faisions à la maison. Ici il y a beaucoup de différence, enfin cela reviendra bientôt. Que font mes enfants ? Que pensent–ils de leur papa ? Je les regarde souvent en photos, ça me fait plaisir et j’ai souvent les larmes aux yeux en pensant à vous tous. Je voudrais savoir comment vous supportez tout cela. Je vis dans l’espoir de vous revoir tous en bonne santé. À demain.

Le 20 juin Il fait beau, nous travaillons un peu pour chasser le cafard, car c’est dur. Cela fait bientôt 30 jours que nous sommes prisonniers, mais je crois d’après la radio  que cela va bientôt finir. Je crois qu’ils vont occuper toute la France et je ne comprends pas qu’il y ait en France des hommes qui laissent massacrer des vies humaines  et détruire par bombardement des villes si belles. Il faut croire qu’un jour ça va  finir. Ils auraient pu, avant de commencer la guerre, s’apercevoir que nous étions les plus faibles. Je souffre un peu de la faim, mais surtout c’est de vous de vous dont je me languis, de mes chers enfants et de ma bien aimée que j’aime toujours. Que ma pensée aille vers toi, je t’envoie mes meilleurs baisers. Ton mari,  qui pense jour et nuit à vous tous.

 Le 21 juin. Belle journée, nous sommes toujours dans le même camp, situé en montagne, entouré de sapins. L’air y est bon et  nous sommes, je crois, à environ  500m d’altitude. Le paysage me rappelle Saint-Ferréol. Nous avons pris une autre douche et ça fait du bien. Les gardiens sont toujours bien braves. On  arrive à resquiller quelques  «  bricoles » :  un bout de pain, une cigarette… Ce matin je me suis fait inscrire comme bûcheron. Il paraît que  nous serons  mieux nourris, payés, et que nous aurons  un peu de tabac. Et puis  ça chassera  un peu le cafard et le temps passera plus vite en attendant la paix.  À demain.
 Le 22 juin. Il fait assez beau temps nous travaillons un peu, pour chasser le cafard, car tu sais, je languis beaucoup de vous tous. Il me tarde que cela finisse pour vous embrasser, j’ai l’espoir que  tout cela va bientôt finir.  Aujourd’hui la radio, nous laissait espérer un armistice. Nous sommes rationnés pour manger, mais il ne faut pas nous plaindre nous avons toujours la soupe midi et soir, un peu de pain, avec de la confiture,  du miel ou du beurre. On se rattrapera en mangeant bien plus à la maison. Après cette épreuve j’éviterai de me plaindre, car nous avons marché des journées entières et couché sur la  terre humide  sans manger à notre  faim.  . Je pense beaucoup à vous surtout à mes enfants et à ma Titi jolie. À demain.
Dimanche 23 juin. Nous nous reposons après avoir fait les travaux de nettoyage. C’est avec grand plaisir que nous avons  appris, par la radio, que la France avait signé avec l’Allemagne et qu’il ne manquait que l’Italie, ce qui, à cette heure, doit être fait. Ainsi la guerre serait finie avec toutes ses souffrances, ses misères et surtout ses victimes. Je crois qu’on ne nous gardera pas longtemps. Je retrouve espoir à présent. Gros baisers à mes enfants et à ma femme chérie, à ma toute petite chose avec qui nous passerons encore des beaux jours. À demain.

 Lundi 24 juin . Belle journée, nous travaillons toujours un peu  pour chasser le cafard et nous écoutons la radio. Ils sont assez gentils en nous mettant les émissions en langue française. Vers  dix heures du soir (heure allemande) la France et l’Italie sont d’accord et de ce fait la guerre est terminée. C’est heureux, les hostilités ont cessé à minuit 35 minutes, heure française. Pour l’instant ma santé  continue d’être bonne.  La nourriture est assez correcte mais insuffisante, notamment le pain que j’aime tant. J’espère que mes petits enfants  sont  sages et qu’ils doivent espérer le retour de leur papa, que je crois prochain. Je crois qu’en France il y aura  du boulot à faire. Gros baisers à ma petite famille. Je vais au lit et je vais penser à vous. À demain

 Mardi 25 juin. Un jour de plus, cela fait juste un mois que nous sommes prisonniers, mais à présent j’ai beaucoup d’espoir.  Cette nuit j’ai rêvé beaucoup à vous, je vous voyais m’attendant avec impatience. Ce jour viendra bien et nous serons  heureux. Il fait un sale temps, je vais bien et à demain. »

LA LIBERATION DU CAMP
Le retour au pays de mon père

Lors de la libération par les Américains, mon père était incrédule. Ils distribuaient des bonbons, des chewing-gums, des cigarettes.
Les Français ont voulu montrer aux Américains où se cachaient les Allemands..
Ils les ont emmenés dans le baraquement et ça s'est mal passé. Ils ont entendu une rafale de mitraillette. Ils avaient reconnu l'Allemand qui avait donné un coup de crosse, celui qui avait tué le Russe, etc...
Puis mon père a été libéré, il est resté quelques jours à Paris. Un télégramme nous annonça qu’il devait arriver à Revel les jours suivants

Il est arrivé par le "train noir", un train à vapeur. Moi j'étais jeune, le train m’intéressait davantage que l’arrivée de mon père que je n’avais pas vu depuis plusieurs années. Il a fallu qu'on me rappelle à l'ordre en me disant que c'était mon père qui était là !!
Puis  nous sommes  allés rue de la Liberté, où  il y avait énormément de monde comme on ne peut se l'imaginer... Mon père était le premier prisonnier de guerre qui revenait à Revel. C'était la grande fête !
Il avait déjà fait la fête à Paris. Avec quatre ou cinq copains, ils avaient mangé dans un grand restaurant et, au moment de payer, ils étaient partis sans régler la note !
Ils estimaient que le restaurant devait bien cela à des prisonniers qui avaient souffert pendant plusieurs années. Ma mère n'appréciait pas trop lorsque mon père racontait cette histoire en rigolant, il lui disait: alors  « On a serré la ceinture pendant cinq ans ... A Paris, on en a profité »...

Puis la vie a repris. Il a demandé des aides pour qu'on lui refasse les dents, mais l'administration française a fait la « sourde oreille » disant que ce fait s'était déroulé en Allemagne, qu'il fallait des témoins, etc…
L'affaire a duré un an, et Pierre Gros, qui était témoin, s’est déplacé à Toulouse pour apporter son témoignage. Sa déposition a permis de lui faire – faire un dentier. Mon père a retravaillé au Canal du Midi jusqu'en 1967.

AVANT L’OCCUPATION

Les réfugiés espagnols

En 39 les réfugiés espagnols sont arrivés à Revel. Ils étaient à l’Hôtel de la Plage, à la Murette et à la Renaissance.

Nous allions les voir à la Renaissance chez Georges Combes qui en était le propriétaire… Or là, à la Renaissance, il y a quelque chose qui m’a choqué ! A l’époque c’était une ancienne ferme, les deux côtés n’étaient pas construits. Il y avait des « chalits » en bois que la ville de Toulouse avait apportés par camions. Certains « roupillaient » par terre. Un jour j’ai vu une maman qui nourrissait son bébé, qu’elle tenait sur ses genoux, d’une façon qui m’a surpris et même choqué. Elle  mettait  dans sa propre bouche la cuillère contenant  la nourriture, pour la réchauffer, puis  la donnait à l’enfant. Exactement comme un pigeon.  Nous avions des biberons mais eux n’avaient rien ! En arrivant ici, ils n’avaient rien, C’était la misère complète. La débandade

… Et Georges Combes les gardait. Certains sont restés à Revel  et d’autres à l’hôpital  pendant quelque temps.
La population de Revel ne comprenait pas trop …Ils étaient respectés. Puis certains ont été transférés à Saint-Sulpice la Pointe ou à Soual, les baraquements étaient en bois (ils ont été démolis assez récemment). D’autres lieux étaient destinés à les recevoir au «Récébédou» près de Toulouse et aux anciens abattoirs de Toulouse en bordure de la Garonne.
Avec les Marchisone on gardait les vaches près de la carrière. Il y avait une petite cabane avec plusieurs espagnols. Ils faisaient du charbon de bois. Quand tu y allais, Ils te chassaient! Ils disaient : « Allez foutez le camp ! On ne veut pas vous voir ».
Certains se cachaient près de Lagarde à Pipeau. Là ils vivaient dans un fossé assez profond sur lequel ils avaient mis des branches pour se dissimuler
Un jour, avec ma mère, nous étions allés aux champignons cueillir des cèpes  et nous  les avons  rencontrés ; ils nous ont dit «  Allez foutez le camp ! » Les Allemands n’étaient pas encore là mais  ils se cachaient quand même. Ils vivaient dans de très mauvaises conditions.

La défense passive à Saint Ferréol

Elle était constituée d’hommes, non mobilisables, qui avaient 35 - 40 ans. C’était souvent des agriculteurs, des pères de familles nombreuses.
Ils gardaient  le lac mais aussi les voûtes. Ils dormaient dans les écuries dans des « châlits », en bas, au-dessous de ma chambre et celle de ma sœur.
Le matin ils partaient à leur poste.

Au bout de la digue, là où se trouve actuellement le monolithe de P.P. Riquet, il y avait un fusil mitrailleur 24 - 29. pris en charge par deux personnes : le servant et le tireur.
Aux voûtes (celle d’en haut), il y avait un petit « cabanot », la « guitoune » de la sentinelle d’où ils surveillaient la 2ème voûte. Toute la nuit il y avait des gardes au bout de la digue et aux postes des voûtes, et toutes les deux heures ils se  relayaient. Le reste de la journée ils ne faisaient rien.
Mais que gardaient-ils compte tenu que les Allemands n’étaient pas encore là ?
Pour s’approvisionner, ils avaient un charreton avec des roues en bois, et à trois ils allaient chercher matin et soir le manger à « La Murette » chez Antoinette.  De cette période j’ai des photos où ma mère est habillée en soldat et moi j'ai un calot que les gardiens de la défense passive m’avaient fait faire au service de l’habillement à Toulouse... J’avais une photo de Roger Escande, le fils d’Ernest le garde de Saint-Ferréol. Il était marin à Toulon et a été blessé lors du sabordage de la flotte française en novembre 1942. Après être revenu à Revel il s’est engagé dans les Forces Françaises Libres, a fait toute la guerre et a participé au débarquement en Provence. Je devais aller le voir  il y a trois ans  à Toulon, mais j’ai trop tardé et malheureusement il est mort avant que je puisse lui rendre visite. 

    

Près de la « maison du garde » à Saint-Ferréol .. La défense passive

Evidemment à cette époque, tout était calme...
Les gardiens faisaient un peu, voire beaucoup la fête !
Ils avaient du vin à volonté.  Il y avait parfois des inspections à l’improviste, venant de Toulouse, pour vérifier  que tout était en ordre. Les gardes m’avaient confié un travail de surveillance qui consistait à les alerter. De mon poste d’observation, lors de ces visites impromptues,  je donnais le signal de leur arrivée en lançant un caillou du haut du mur de soutènement de la digue sur le toit de la « guérite »  des « voûtes » pour prévenir le gardien, qui bien souvent était assoupi.
Le gardien, alors réveillé, pouvait ainsi faire les sommations:
« Halte là - Qui vive »  puis après si la personne ne s'annonçait pas ou continuait à avancer  « Halte là où je fais feu ».
La défense passive avait mis des chaînes pour délimiter les zones où il ne fallait pas passer.
Les gens pouvaient descendre mais pas par le chemin à proximité des voûtes.
Ils sont restés là  quelque temps, c'était la "Drôle de guerre». Et puis ils sont partis...

À ce propos J'ai une anecdote à raconter. Plus de quarante après, en travaillant sur  l'adduction d'eau potable près d'Auriac sur Vendinelle, j'ai rencontré, dans une métairie, une personne âgée qui me demanda  d'où j'étais.
Je lui dis:
- « De Revel et j'ai vécu à Saint-Ferréol... »
Il me répondit:
- « Pendant la guerre je gardais le Lac... « 
- J'ai connu les gardiens de la défense passive. Un de ces gardiens s'appelait « Canoë »,
- « Eh bien Canoë c'est moi et toi comment t’appelles-tu ? »
- «Je suis Roger Jullia »
- « Oh ! Que de souvenirs !!! »
Sous l’effet de l’émotion ce vieil homme s’est mis à pleurer !

Le monde est bien petit....

Tintamarre dans la nuit

La défense passive avait mis dans le bassin de Saint-Ferréol des bidons métalliques de 200 litres attachés par des fils de fer épais que l'on appelait "tortillard".
A l'entrée de la digue, ils avaient installé  un brasero afin de chauffer ce fil de fer, qui était robuste, pour pouvoir le tordre plus facilement. Un bateau sur le lac tirait ces bidons attachés par ce fil de fer.
Ils avaient mis quelques attaches fixes dans la digue, dont certaines existent encore, d'autres attaches étaient ancrées dans les rochers.
Ils n'avaient mis que quelques bidons, sur une longueur de cent mètres environ. Ce dispositif était destiné à empêcher l’amerrissage d’hydravions sur le lac. Une nuit, le vent d'Autan s'est levé avec force, et les bidons de deux cents litres se sont arrachés des amarres du bateau et se sont mis à cogner sur le quai de la digue. On aurait dit un carillon !
A l'hostellerie du Lac, on entendait le vacarme. Et nous à la maison, toute la nuit on entendait « bin - bam - bin bam» dans les rochers et la digue.

Le lendemain, ils sont venus avec des camions, et ont tout récupéré.

 

LES ALLEMANDS A REVEL

Les Allemands, qui étaient depuis le 12 novembre 1942 à Toulouse, ne  sont venus que  trois fois à Revel.
On pouvait compter plusieurs centaines de soldats  dont certains étaient  souvent des « états sanitaires », blessés, dépressifs, revenus du front russe. Ils  ne faisaient pas grand chose et n’étaient pas des « méchants ». Il n’y a pas  eu, ici, de tortures comme à Toulouse. Ils étaient logés un peu partout à Revel, Saint- Ferréol, dans des maisons réquisitionnées, au collège, à l’Hôpital. Quand les Allemands sont arrivés à St Ferréol ils ont demandé quelles étaient les villas  libres. Un secrétaire de mairie les accompagnait, pour voir les villas. Arrivés à la plage, avec leur véhicule, ils sont allés au club nautique, le secrétaire leur a indiqué une  demeure de l’autre coté du lac (château de L’Encastre). Ils ont descendu le plan incliné avec le véhicule, sont allés sur l’eau, ont baissé l’hélice du véhicule, qui était amphibie, et ont traversé le lac à la grande surprise du secrétaire.
Les soldats allemands qui étaient logés  dans des hôtels avaient des lits, et  étaient souvent  plusieurs  par chambre. Parfois certains, qui se trouvaient en excédent, couchaient par terre sur des paillasses. Les propriétaires des villas réquisitionnées avaient tout ramassé. Les villas étaient vides mais bien souvent avant que les Allemands n’arrivent car il s’agissait de résidences secondaires occupées les week-end ou pendant les vacances.
Toutes les villas libres  étaient réquisitionnées (voir plan page suivante). Lorsque les Allemands sont partis, les propriétaires ont remis à la Mairie une liste de tout ce que les Allemands avaient cassé, pour la transmettre à la Préfecture. À  la Libération, des camions de Toulouse sont venus pour récupérer tous les meubles que les Allemands avaient apporté et qui avaient été volés à Toulouse ou ailleurs.

En face du « Bel Cantou » à Saint-Ferréol, il y avait à l'époque un pré où étaient entreposés une dizaine de canons. Dans le parc de St Ferréol, des trous avaient été creusés pour y cacher des voitures, des camions, des automitrailleuses. Il y avait aussi des chars, venant de Castelnaudary, mais uniquement pour des manœuvres. Il y en avait trois ou quatre, mais ils étaient le plus souvent "aux Terrisses" près de Revel. Ce qu’on voyait le plus souvent ici, c'étaient les motos chenillettes. Assez fréquemment six avions venaient de Toulouse faire "les imbéciles" sur le Lac.  Ils passaient par le Vol à Voile, puis Peyro Bazal, la vallée qui se situe au bout de la digue, plus bas que la montagne, puis volaient à un mètre à peine  au-dessus de l'eau provoquant alors des vagues sous l’effet de  leur passage. Arrivés à la digue, ils montaient en chandelle, se mettaient sur une aile et passaient dans la trouée. On avait peur chaque fois, car ils actionnaient des sirènes et cela faisait mal à la tête. Chaque fois qu'on entendait les avions, on montait avec ma sœur sur la digue. Ils faisaient cela toutes les semaines...  Il y avait aussi des séances de tirs d’entraînement,  avec des petits canons de 20 mm, dans le bois de la Pergue suivis de «  lancers » de grenades et de tirs  dans le bassin.  Après la guerre j'ai récupéré des cartouches.

Il y eut un accident d'auto blindée  à la descente de   la côte de Saint-Ferréol, au pont de la Rigole.

PLAN DE REQUISITION DES MAISONS PRES DU LAC DE SAINT-FERREOL

 

Übersicht : aperçu
Vermittlung : central téléphonique
Verbindungs offz : officiers de liaison
Kriegsgericht : conseil de guerre (cour martiale)
Fahrer : chauffeur
Stabswache : permanence d’Etat Major
Gelch immer : appartement de Gelch
Regiftratur : inventaire – registre ( ?)
Parkplatz : aire de stationnement
Casino
Feldgendarmerie etc …

Un Français, dénommé André,  qui traversait la route en vélo a été percuté par le véhicule allemand. Il est décédé.
Après le choc la voiture s’est encastrée dans un platane près de la maison de Roger Reynis provoquant la mort des deux Allemands qui s’y trouvaient. Ils ont été enterrés au cimetière protestant. Après la guerre les familles des Allemands ont récupéré les corps et il y en a un qui n’a jamais été récupéré… J’avais proposé d’exhumer les corps pour pouvoir les identifier ; il doit bien y avoir les plaques de soldats. J’ai cherché dans les archives de l’hôpital  mais beaucoup ont été jetées aux ordures

Les Allemands ne se montraient pas, pour la plupart, hostiles envers les enfants étant eux-mêmes, pour nombre d’entre eux, pères de famille. 
Dans la journée ma sœur et moi étions souvent  avec les soldats parce qu’ils  nous donnaient des pains ronds, et seule la croûte était bonne car la mie était grisâtre et pas bonne ! Avec de la confiture ça allait bien, mais pas pour le manger comme ça.
Les branches de sapin arrivaient presque au niveau de la digue et en bouchaient environ les trois-quarts. Un jour au passage d’une automitrailleuse sur la digue,  une branche enleva le calot d’un soldat qui sortait la tête de la tourelle, ma sœur a ramassé son calot et lui a rendu. Celui-ci lui a répondu en allemand par ce qui devait être un merci.
À cette époque, nous étions souvent avec les soldats allemands… Ils ont appris à nager à  ma sœur, moi ils avaient essayé mais sans succès car j’avais trop peur…Sur la petite plage qui se trouve sous l’hôtel du Lac, ils nous prenaient sur le dos, et ils nous emmenaient sur le lac en nageant … Quelle peur !

 L’ordonnance du lieutenant, pour qui ma mère lavait le linge,  avait 40 ans et était père de 4 enfants. Lorsqu’il venait à la maison récupérer le linge il nous donnait du chocolat. Un jour l’ordonnance du lieutenant de la S.P.  (Sécurité Politique ?) qui revenait d’une mission nous amène à la maison un parachute, blanc en soie et nous dit : « Faire pyjama et chemisette » C’est grand un parachute !! Nous l’avions posé dans la salle à manger pour découper des bandes afin de confectionner ce qui avait été demandé. Mais « manque de pot » la porte s’ouvre, sans frapper, c’était la feldgendarmerie avec la plaque, la chaîne autour du cou, et voyant le parachute, l’un d’eux se met à crier «  terroriste !! »
Effrayé, je me suis mis à pleurer et me suis caché sous la table, pensant ainsi être à l’abri.. Ma mère aussi pleurait. Devant ce tableau d’une femme et d’un enfant effrayés, ils sont partis. Le lendemain matin lorsque le soldat, qui faisait office  d’ordonnance, est venu rechercher le linge du lieutenant nous lui avons raconté la venue de la feldgendarmerie, la veille, la méprise concernant le parachute et notre frayeur. Il est parti chercher le lieutenant qui parlait très bien  français et qui nous a assuré qu’il n’y aurait, pour nous, aucune conséquence puisque c’était une demande de sa part et qu’il allait voir le responsable de la feldgendarmerie pour lui fournir ces explications. Ma mère a donc pu confectionner le pyjama et la chemise demandés et lorsque les Allemands sont partis, avec ce qui restait du parachute elle m’a fait, pour ma communion, une pochette et un foulard.

Au bout de la digue, il y avait une petite station pour mesurer la température de l’air. Juste à coté était positionnée, dans un trou, une mitrailleuse qui était utilisée de temps en temps pour des tirs d’entraînement. Un jour René Martinet, qui était un employé du canal, allait relever les  feuilles  de mesures du débit d’eau. Il était à vélo et arrivé au grand tournant de la limite  entre la Haute-Garonne et l’Aude il entend des tirs avec des balles qui ricochaient sur les branches. René Martinet fait immédiatement demi-tour et s’éloigne de la zone dangereuse.…Arrivé à la maison, il ne pouvait plus respirer, il tremblait, ça a été la peur de sa vie !I
Il y avait aussi  une mitrailleuse au coin de chez Bernabé au départ de la traverse de Rastel. Il y avait près du club nautique un kiosque à journaux tenu par un dénommé Francazal. A cet endroit ils faisaient de la musique,  ma sœur et moi allions parfois l’écouter.  Un jour, je ne sais pas ce qui s’est passé, il y avait du monde avec des fusils. Les Allemands ont encerclé tout le monde, ils nous ont laissés partir et ont pris trois ou quatre personnes.

Un autre jour, alors que je revenais, par la traverse qui mène « Aux Dauzats », de la ferme à « En Teste »  où j’étais allé chercher du lait, arrivé en haut du chemin près de la Renaissance j’ai entendu de nombreux avions. Ils volaient à haute altitude en laissant derrière eux des sillages blancs. Tout près de nous, dans un champ derrière la Renaissance se trouvait un canon de DCA allemand sur lequel les soldats s’activaient avec une certaine fébrilité et tiraient sur les avions. J’étais terrorisé et prenant mes jambes à mon cou je me suis précipité chez moi pour me cacher sous la table, refuge habituel que je pensais être le plus sécurisant. Nous avons appris plus tard que ces avions allaient bombarder Port-Vendres
Nous allions tous les deux jours chercher du lait dans les fermes environnantes. Lors d’un retour de cette quête à la ferme de Rastel au niveau de la maison Ricalens j’ai entendu derrière moi quelqu’un crier, je me  suis retourné et j’ai vu des soldats qui faisaient des exercices et descendaient armés de fusils, baïonnettes aux canons, et se dirigeaient vers moi.  Je me suis sauvé en courant, j’ai dévalé le talus et suis rentré chez moi en pleurant,  pour me réfugier dans mon abri  salvateur.

Commandement à St Ferréol

A Saint-Ferréol le commandement était assuré par un lieutenant et un major qui dépendaient d’un commandant basé à Toulouse. Quand on devait demander quelque chose il fallait passer par le major. Ils avaient réquisitionné une femme pour faire le ménage dans les villas de St Ferréol. Ma mère avait été réquisitionnée pour faire le ménage à l’Encastre et  à la villa « Faugère »  et  ensuite à  l’hôtel de la Plage. Tous ces renseignements étaient disponibles aux archives de la mairie.
Il y en avait beaucoup  concernant  l’occupation allemande et les procès qui ont suivi la libération. J’ignore si elles s’y trouvent encore aujourd’hui. Je les ai vues et j’ai eu le tort de ne pas en faire de photocopies.

Le rationnement à Revel

Il dura jusqu’en 1946/47

On ne pouvait rien avoir sans ticket de rationnement. Parfois certains commerçants étaient arrangeants,

d’autres disaient : « vous n’avez pas de ticket et bien vous reviendrez… ».
A Revel il y en avait un qui était très bien. C’était Marius Pradès qui était à l’Hermitage. Il gardait les vaches amenées des Pays-Bas en France par les Allemands. Marius les avait conduites dans la montagne. Il en tuait une de temps en temps et personne ne s’en apercevait.  Il venait à la maison et disait à ma mère  « Viens ce soir j’ai quelque chose à te donner »  Nous partions à la tombée de la nuit pour aller chercher des tranches de beefsteak qu’il nous donnait. Nous ne l’avons jamais payé. Lorsque le propriétaire constatait qu’une vache manquait, Marius lui disait qu’elle était tombée dans les rochers.
Nous allions à la métairie d’En Couloun où on nous donnait une douzaine d’œufs. Nous allions aussi à vélo avec ma mère chercher des pommes de terre à Lagarde et on redescendait de nuit sans éclairage pour ne pas être repérés
A Revel il y avait des gendarmes, certains étaient braves d’autres non. Ces derniers, lorsque nous revenions des fermes, nous faisaient ouvrir nos sacs et nous reprenaient tout ce qu’il y avait.
Les autres nous disaient «  Allez va ! Faites attention la prochaine fois ! »

La scolarité sous Vichy

A l’école, nous montions les  couleurs tous les matins. Nous formions un carré, les petits devant et les grands derrière, deux grands  hissaient le drapeau et nous chantions «  Maréchal nous voilà ». Le soir nous redescendions les couleurs. Bien que résistant, M Récochet le directeur de l’école  était présent, par obligation, car, dans le cas contraire, il aurait été sûrement révoqué, voire arrêté.

Au pays de Voltaire et de Rousseau les enfants de France apprennent de nouvelles valeurs  sur la liberté, l’égalité et la fraternité ..
Le régime de Vichy préfère « le travail, la famille, et la patrie ! »

Petit opuscule de 24 pages distribué
« Aux enfants de France ».
Cet exemplaire distribué dans les écoles de Revel appartient à l’auteur.


 


Une fois par mois on nous donnait un «  quart » qu’on remplissait de lait auquel on ajoutait quelques gouttes  d’huile de foie de morue et de la pâte de fruit. On nous disait alors que nous avions cela grâce au Maréchal Pétain. Pour nous, gamins que ce soit de Gaulle ou Pétain on s’en foutait, le fait important était d’avoir du lait et de la pâte de fruit. On passait aussi une visite médicale obligatoire au dispensaire

Nous pouvions écrire à Pétain pour demander la libération d’un père ou d’un parent prisonnier. Un jour l’un d’entre nous a écrit une belle lettre qui a été récompensée. Il a reçu une médaille en bronze sur laquelle il y avait le portrait de Pétain sur une face et sur l’autre la francisque.

Nous avions aussi une journée consacrée à la terre. On nous distribuait des boites en fer dans lesquelles nous mettions les doryphores que nous ramassions à la main. Ces boites pleines étaient ensuite vidées dans des bidons de 200l dans lesquels on mettait le feu pour  les détruire. Cela permettait, en détruisant ces bestioles, de remplacer les produits de traitement comme le sulfate de cuivre. C’était cela la journée de la terre  qui était décrétée  à l’échelon national.

La Résistance

À Saint-Ferréol, nous avions un jardin au fond du parc dans lequel il y avait une cabane en bois. Ma mère cachait la clef de cette cabane sous une tuile.  Un jour, en voulant entrer dans cette cabane, ma mère constata que la clef n’était plus à sa place, elle poussa la porte, elle était ouverte ! Nous sommes entrés et à l’intérieur il y avait un homme avec un appareil photo qui, en nous voyant, nous fit signe de nous taire. Nous avons pensé que c’était un membre de la résistance car il prenait des photos des automitrailleuses qui se trouvaient dissimulées dans des caches aménagées par les Allemands en face du jardin. Nous n’avons jamais su qui était cet homme.
Un autre soir, une femme et un homme assez grand, portant une mallette, sont arrivés à la maison. Ils venaient de la part de M. Agasse, pour que nous les hébergions pour la nuit, sachant que nous avions toujours une chambre libre. Ils sont partis le lendemain matin en nous laissant de l’argent sur la table. Nous n’avons jamais su qui étaient ces gens.
Richardson un Anglais membre  important du maquis de la Montagne Noire était chargé des liaisons radio avec Londres. Il émettait à partir d’une métairie appelée «  Ma Chaumière » dans la montagne en allant vers Saissac. Il émettait aussi à Revel, dans une maison située en bas du Cap Martel . Monsieur Agasse propriétaire de l’hôtel de la Lune (face à cette maison) prenait de grands risques en hébergeant Richardson.

Le patron un jour m’a dit :
« Tu l’as connu Richardson ? »
«  Non j’étais trop jeune. »
« Moi je l’ai connu. Un soir, on soupait, lui était dans la chambre, il était en train d’émettre et on entendait « tip-tip-tip».
Je me suis dit « il est fou. » Il prend des risques car si des Allemands reviennent, ils vont l’entendre.
Lorsque la guerre a été finie, Richardson a écrit à  M. Sudre pour lui signaler que toutes les archives qui avaient été transférées en Angleterre avaient, malheureusement, brûlé lors d’un bombardement allemand. Cela est très regrettable car il y avait des choses intéressantes.
Un autre courrier du commandant Mompezat, fondateur des Corps Francs de la Montagne Noire, adressé à M. Sudre révélait que ce maquis avait vu le jour à Revel   chez  « la Bluzette »  à Revel , au rond-point, à l’époque il y avait une épicerie fruits et légumes (aujourd’hui c’est une boulangerie).
Le résistant Fourcade a été arrêté à Revel et a disparu. On m’avait dit qu’un centre d’interrogation se trouvait à l’Horte. Ce bâtiment était, à l'époque éloigné de la ville, et personne ne pouvait entendre ou voir quoi que ce soit. Je suppose que Foucade est passé par l’Horte, qu’il a été fusillé et qu’il est enterré dans le petit parc ou dans le champ d’en face. La famille cherche toujours à retrouver son corps. On a entendu dire que certains savent où il se trouve.
Les gars de Toulouse avaient des brassards F.F.I … Etaient-ce des vrais ou des faux ? Difficile à dire car à Revel il y avait des «  faux » FFI !!  Ils réquisitionnaient des voitures, de la nourriture dans les fermes, soit disant pour le maquis, qu’ils revendaient au marché noir! L’un d’entre eux est venu un jour à En Barthe. Il a obligé  Louis Astor, qui y résidait, en le menaçant avec une mitraillette de lui fournir des jerricans pleins de carburant qu’il a revendues ensuite au marché noir.  Certains se vantaient  d’avoir  participé à la Libération de Revel. Personne n’a libéré Revel, les Allemands sont partis d’eux-mêmes

Le Bois de l’Aiguille

Dans le bois de l’aiguille, près du Plo de Nestor, il y avait quelques réfractaires faisant partie des FTP (Francs-Tireurs et Partisans). Un jour, une voiture allemande montait aux Cammazes pour faire une inspection des soldats, encadrés par un adjudant, qui étaient  en poste la-bas. Au passage de la voiture les FTP ont jeté une grenade, lorsque la grenade a éclaté les Allemands sont sortis de la voiture avec les mains levées. Les FTP ont jeté une autre grenade mais par malchance, elle  est revenue sur le « lanceur » après avoir heurté  un tronc d’arbre… La grenade a explosé et le Résistant est mort. Quand les Allemands ont entendu « pêter » dans le bois, ils sont remontés dans la voiture, ont fait demi-tour et sont descendus à Revel.  A leur arrivée «  branle-bas de  combat » chez les Allemands qui  sont remontés aux Cammazes avec un camion  et des engins équipés d’armement léger. Arrivés sur place ils ont arrêté Canitrot qui se trouvait sur le pas de sa porte et ont pris  plusieurs otages : le curé, le « Cistou », Carrade, le chirurgien Pommepuy de Toulouse, Paul Bénazeth, Joseph Abruzzo  et d’autres dont je ne me souviens plus. Ils les ont transférés toute une journée dans la carrière à Saint Ferréol,  près de Bellevue. M. Sudre est intervenu auprès des Allemands pour attester  que les personnes arrêtées n’étaient pas des maquisards. Ils ont été libérés.

André Malraux

C’est dans la villa « Lou Gril », maison de vacances de  la famille Ricalens que les Allemands ont séquestré André Malraux (1). Il n’y est pas resté longtemps juste une journée. Le lendemain de son arrivée ils l’emmenaient à la prison Saint-Michel à Toulouse. 

Une énigme

Durant l’été 44, j’étais au bout de la digue côté l’Encastre, avec ma mère et Mme Cresent (mère de l’Ingénieur en chef du Canal du Midi), et j’ai vu un avion qui tournoyait autour de l’Hostellerie du Lac et d’un seul coup il a plongé et cela a été le silence total. On a galopé, on est allé à Rastel et nous avons vu « Féliçou » le fermier ( Félix Séménou ), plusieurs personnes de Revel (des curieux) la gendarmerie française et le pilote qui  était au pied de l’avion. Nous avons vu arriver des gens de l’Hostellerie du Lac ( trois personnes) avec une valise. Ils sont entrés dans l’avion et il a décollé direction Revel. D’après les informations ultérieures il aurait emmené une personnalité de la Résistance (on n’a jamais connu son identité).

 

La délation

Béteille, qui était résistant et habitait  la maison du Lampy…du Canal du Midi (?)  cachait un poste émetteur dans une ruche. Il avait quatre ou cinq ruches, dont  une était vide. Il a été dénoncé à la Gestapo de Carcassonne. Les allemands sont arrivés, ils sont allés directement à la ruche , ils ont pris Béteille et l’ont emmené à Bouconne. Ils l’ont fusillé avec Roger Arnaud.
Il pleuvait le jour où les corps de Béteille et de Roger Arnaud ont été rapatriés à Revel

J’étais avec ma mère, au Poids Public, lorsque les cercueils étaient déchargés du camion. Roger Arnaud  a été amené à l’église, et la famille Béteille a récupéré le corps  pour  l’enterrer à Saissac.
Elie Béteille, le frère du fusillé, a su 40 ans après qui l’avait dénoncé.. Il m’a dit «  si je l’avais su plus tôt, je l’aurais descendu»

Le défilé du 14 juillet 1944

Je me souviens du maquis du Corps Franc de la Montagne Noire le 14 juillet 1944. Lorsqu’ils sont venus défiler en juillet 1944 à Revel, il y a eu des barrages à plusieurs endroits dont un à la Renaissance.
Mon ami Tiercelin m’a dit, lors d’une de nos rencontres pour des manifestations du souvenir concernant cette période ( je suis porte-drapeau) qu’il y avait été placé, tout seul, pour assurer ce barrage. Il m’a dit «  Que voulais-tu que je fasse tout seul si les Allemands étaient venus ? »
Ce jour-là je devais descendre, à pied, avec ma mère à Revel. Arrivés à l'hôtel de la Renaissance, le long de la route jusqu'au Domino actuel, il y avait des voitures et des camions arrêtés et des hommes en armes en « pagaille ». Ma mère m'a dit : « je descends seule à Revel, et tu rentres à la maison »  J’ai eu confirmation, 50 ans plus tard, de  leur présence à cet endroit par Béteille et Claude Carcellin,   anciens membres  des Corps Francs de la Montagne Noire, qui faisaient partie du défilé de Revel ce 14 juillet 1944. Ils m’ont révélé qu’ils avaient fait une sorte de briefing avant cette descente sur Revel.  C’était un acte héroïque et particulièrement dangereux. Béteille s'occupait d'un barrage sur la route de Saint-Ferréol. Il y  en avait un autre sur la route de Puylaurens, là où le docteur Ricalens s'est fait tuer. Il y avait  aussi un barrage sur la route de Toulouse. Ma mère m’ayant dit de partir, je suis rentré à la maison et suis parti pécher avec André et Jeannot  Ricalens, Jean-Pierre Bernabé et Renée Ricalens (Mme Lecarpentier). Elle est restée cinq minutes avec nous et est repartie au «  Château ». Quelques instants après on l’a vue revenir avec le papy Ricalens. Ils pleuraient tous les deux et venaient rechercher Jeannot et André à qui ils annoncèrent «  Papa  a eu un accident.. » Peu de  temps après, ma mère est venue me chercher en me disant «  Il y a eu un grave accident, le maquis a tiré sur le Docteur Ricalens » A ce moment-là on ne savait pas s’il était mort… Moi j’étais petit et  je ne me rendais pas compte de la situation.  Ma mère pleurait, parce que Roger Ricalens était notre médecin. Le maquis avait fait des barrages de protection un peu partout, et évidemment là où il y a eu l’accident près des « Cinq Coins ».
Le docteur Ricalens s'est fait tuer par la Résistance en ne voulant pas s'arrêter au barrage. Il avait reçu des lettres de menaces de la Milice et craignait pour sa vie, c’est pour cela qu’il ne s’était pas arrêté ! Cela a été une erreur. Roger Ricalens avait déjà soigné des Francs Tireurs et Partisans dans les fermes environnantes...

Ce jour là à la Badorque, à la maison de ma tante, il y avait des Allemands avec des femmes, et quelqu'un a signalé, à la Mairie, leur présence. Un détachement dont mon parrain, René Teisseyre faisait partie, s’y est rendu pour «  coincer » ces Allemands, mais  ils sont arrivés trop tard. Ils s’étaient déjà enfuis en voiture. Au  Padouvenc  la voiture est passée près de femmes qui gardaient des oies, les maquisards  leur ont alors crié «  Couchez-vous ! Couchez-vous ! » Mais leur temps de réaction fut trop long et la voiture avait déjà gagné la route qui rejoint celle de Toulouse
Le Corps Franc après avoir défilé à Revel, sont partis vers Soréze

 Quelques jours après ce défilé les Allemands sont venus en nombre à Revel et ont réquisitionné les maisons importantes de Revel et Saint-Ferréol. Ils arrivaient en camion au Rond-Point puis devaient monter à pied à Saint-Ferréol. Les camions repartaient à vide pour revenir avec d’autres troupes et du matériel. Ils allaient à l’Encastre…
Je me souviens encore du bruit des bottes sur le macadam et de la vision depuis le champ de Rastel des troupes qui passaient au Pont du Milieu (des Couleuvres..).Nous les avons vus en venant de la ferme de Rastel et ma mère m’a dit «  il faut vite rentrer à la maison »  Arrivés à la maison, nous avons entendu du bruit. Nous sommes montés à la chambre et de là nous les avons vus en train d’installer un fil téléphonique de la villa Candelabre, qui était leur central téléphonique, en direction de l’Encastre. Sur la digue il y avait des relais téléphoniques qui desservaient des postes de surveillance camouflés par des branches. Ils ont déménagé un jour de l’Encastre et sont allés à la villa Bernabé, celle qui est à côté de Rastel. Une unité de Carcassonne est venue les remplacer à L’Encastre.

 

 

NOTES

1-. Plusieurs témoins revélois peuvent attester cette arrestation.