Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                       PARU DANS  LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE numero 13 - 2008

 

 

VINCENT AURIOL


Par Jacques BATIGNE et Paul REDON

RETOUR ACCUEIL

 

LES CHAPITRES :

VINCENT-AURIOL

LES ANNEES DE JEUNESSE DE VINCENT_AURIOL 1884-1914

SA FAMILLE, SON ENFANCE et SON ADOLESCENCE à Revel.

SA JEUNESSE, SES ETUDES, et SA CARRIERE PROFESSIONNELLE à TOULOUSE

SES ACTIONS DURANT LA PERIODE SOMBRE DE 1940 A 1945

SES ACTIVITES POLITIQUES D'APRES GUERRE

SON ELECTION A LA PRESIDENCE DE LA IVème REPUBLIQUE FRANCAISE

SON SEPTENNAT, SA VIE A L'ELYSEE DE 1947 À 1954

SON PREMIER VOYAGE PRESIDENTIEL SUR SA TERRE NATALE,A TOULOUSE, Revel, MURET

LES JOURS HEUREUX D'UNE PAISIBLE RETRAITE ET SES NOUVELLES VISITES A SA VILLE NATALE

BIBLIOGRAPHIE

PHOTOTHEQUE SUR VINCENT_AURIOL REALISEE POUR L'EXPOSITION DU CENTENAIRE

 

 

LES ANNEES DE JEUNESSE DE VINCENT_AURIOL 1884-1914

 

Plus de cinquante années se sont écoulées depuis que le 16 janvier 1947, un enfant de Revel accéda aux plus hautes fonctions de la République Française, après un vote majoritaire du Congrès (ensemble des 932 parlementaires du Conseil de la République, le Sénat de l'époque et de l'Assemblée Nationale ou Chambre des Députés) réuni à Versailles ce jour là.

 

Il s'agit de VINCENT_AURIOL, qui devient ainsi par cette élection, le premier président de la IVe République.

Elu pour sept ans, il le restera jusqu'en 1954. Cela, après trente-cinq années d'engagement politique et de vie publique, durant lesquelles il est élu maire de Muret (1925-1935), conseiller Général et président du conseil Général de la Haute-Garonne (1925-1945), député (1914-1936) et nommé par deux fois ministre (Ministère des Finances en 1936, Ministère d'Etat en 1945), élu président de l'Assemblée Constituante en 1946.

Deux mois après l'élection de 1947, les 15 et 16 mars, il effectue son premier voyage présidentiel sur sa terre natale en Haute-Garonne, à Toulouse, Revel et Muret.

Après la journée toulousaine du samedi, fort chargée en réceptions et visites, c'est le dimanche que notre petite cité, en grande liesse, accueillera dans l'allégresse et l'affection, son enfant VINCENT_AURIOL, devenu le premier des français. L'après-midi de cette belle journée sera consacrée à sa ville d'adoption, Muret.

De ces visites présidentielles nous retiendrons ces phrases, qu'il prononça dans deux de ses multiples discours :

 

«... O moun païs !... Ce cri de notre « Toulousaine » retentira toujours dans mon cœur reconnaissant. Veiller sur notre France et sur la République sera, pour moi, la meilleure façon de demeurer fidèle à notre petite patrie... » et encore « ... quand vèni à Rébel, lé cor me réviscola ... ».

 

Après les grandes manifestations du centenaire de la naissance de notre personnalité, qui se sont déroulées en 1984, il nous paraît nécessaire de rappeler quelles furent l'enfance et la jeunesse de ce simple revélois, grand homme politique.

HAUT DE PAGE

SA FAMILLE, SON ENFANCE et SON ADOLESCENCE à Revel.

Lorsque le 27 août 1884 naît à Revel, au quartier des Bourdettes, dans une maisonnette attenant au fournil paternel, chez le modeste boulanger Auriol, un enfant que l'on va prénommer Vincent, personne dans cette famille ni dans la ville ne se doute de la haute destinée qui est réservée au nouveau né.

L'acte de naissance extrait du registre d'Etat-Civil à la mairie de Revel (année 1884 sous le N° 92) nous renseigne déjà un peu sur cette famille Auriol, dont le nom est très répandu dans notre région.

 

« Du vingt-huitième jour du mois d'août, mil huit cent quatre-vingt-quatre, à trois heures du soir. Acte de naissance de Jules-VINCENT_AURIOL, né le jour d'hier à six heures du soir dans la maison de son père située dans la ville de Revel, quartier des Bourdettes, fils de Jacques, Antoine Auriol, boulanger âgé de vingt-neuf ans, et d'Angélique Virginie Durand, sans profession, âgée de vingt-deux ans, mariés demeurant ensemble à Revel, susdite maison. Le sexe de l'enfant qui nous a été présenté, a été reconnu être masculin.

Premier témoin Antoine Daydé, retraité âgé de cinquante six ans, demeurant à Revel ; Second témoin, Henri David, agent de télégraphe, âgé de trente-trois ans, demeurant au dit Revel, sur réquisition à nous faite par le dit Jacques Antoine Auriol, père de l'enfant. Lecture du présent acte a été par nous faite au comparant et aux témoins qui ont signé.

Constaté suivant la loi, par nous soussigné Arthur Taussac, adjoint au maire de Revel, officier de l'état-civil par délégation du maire ... ».

 

Le père de Vincent, notre boulanger Jacques Antoine, mais appelé Paul par sa famille et sa clientèle était originaire de Revel, où il avait vu le jour le 22 août 1855. Il avait épousé Angélique Virginie Durand, plus jeune de sept ans, fille d'un propriétaire cultivateur du Pont de la Mayre. Il décédera en 1933 et sa femme en 1945. Tous deux reposent dans le cimetière de notre ville. Vincent sera leur unique enfant.

Paul Auriol avait construit sa petite boulangerie à côté de la maison de ses parents, Vincent Antoine Auriol et Jeanne Bonhoure, venus de la Pastourie et établis jardiniers dans ce même quartier des Bourdettes.

Revel, bien qu'il y eût quelques entreprises industrielles et artisanales prospères, gardait encore beaucoup de traits d'un gros bourg rural et le patois (langue occitane) résonnait plus souvent que le français dans la boulangerie Auriol. Notre Vincent va donc passer son enfance dans ce quartier ouvert sur la nature. Grandir dans la poussière du froment et de la farine, dans le parfum du levain et du pain frais, donne des dispositions à la bonne humeur. Notre petit bonhomme, fils de cette terre lauragaise, au pied de la Montagne Noire, se révèle un enfant gai, rieur et taquin. Il adore vagabonder à travers la douce et belle campagne revéloise ; jouant comme tous les enfants de son âge, au gendarme et au voleur, poussant même ses expéditions jusqu'aux pentes de la Pergue ou de la Fonsahuc. Il s'amusait si follement qu’un jour en pleine bataille, avec ses camarades tout aussi excités que lui, il tira avec un pistolet à amorces et la capsule métallique vint se loger dans son œil gauche. Cet accident lui vaudra de porter un œil de verre le restant de ses jours et sera à l'âge de dix ans la première grande épreuve de sa vie.

 Loin de se laisser déprimer par cette malchance, il en prend son parti grâce à la gaîté permanente qui le caractérise et le pousse sans cesse au divertissement. Mais toutes ces récréations n'empêchent pas notre jeune écolier à la tête carrée et au front têtu, d'être estimé par ses maîtres, pour son intelligence et son application au travail scolaire. En effet depuis la rentrée d'octobre 1890, Vincent est élève de l'école Notre-Dame, dirigée par les Frères des écoles chrétiennes et nouvellement installée sur les Grandes Allées. Cette école qui depuis 1825 dispense un enseignement de grande qualité, vient de connaître des temps difficiles. Il est bon d'en rappeler les péripéties pour restituer le climat passionné de l'époque.

  

En 1878, les Revélois ont porté à la mairie avec une courte majorité il est vrai, leur premier maire « républicain », Paul-Antoine Sarrat, issu d'une vieille famille protestante. La nouvelle orientation politique de la municipalité coïncide avec la campagne anticléricale menée par le président du Conseil Jules Ferry pour la laïcisation de l'enseignement public.

Dès sa nomination le maire demande au CONSEIL_MUNICIPAL la création d'une école laïque. Cette demande est rejetée et ne sera finalement acceptée que deux ans plus tard. L'école communale des garçons est installée dans la maison Faure la Pomme sous la galerie du Nord ; elle est longtemps boudée par les familles. Mais en 1884, année de la naissance de VINCENT_AURIOL, la lutte pour la laïcisation atteint son paroxysme, d'autant plus que maintenant les locaux sous le « couvert » sont insuffisants pour accueillir les nouveaux élèves.

En accord avec le préfet, Sarrat réquisitionne l'école de la place de la Barque (perception aujourd'hui) et menace les Frères d'expulsion s'ils n'exécutent pas l'arrêté. L'affaire fait grand bruit et cause une vive émotion dans la population. Le supérieur général ordonne aux Frères de rejoindre la maison mère, mais les revélois s'opposent à cette mesure qu'ils considèrent comme une capitulation et mettent les Frères en sécurité dans le bâtiment de la Verrerie au quartier de Waterloo (au dessus du lycée). Finalement les Frères seront maintenus à Revel et s'installeront sur les Grandes Allées.

Telle est l'ambiance de guerre scolaire qui règne dans notre ville au moment où le jeune Vincent commence son temps d'écolier. Il fera ses débuts et restera à l'école des Frères, que l'on appelle maintenant : « l'école libre » jusqu'en 1894. Son père Paul, qui se veut radical, le fait entrer alors à l'école laïque où il restera deux ans.

Ensuite c'est le collège (dont les bâtiments sont devenus aujourd'hui l'Hôtel de Ville) qui l'accueille pour ses études secondaires, dès le mois de septembre 1896. Six années studieuses vont s'écouler. A tout moment Vincent est un excellent élève, doué et travailleur. Son palmarès est éloquent dans toutes les disciplines et il est renouvelé chaque année. A l'issue de l'année 1900-1901, (classe de rhétorique à l'époque, première de nos jours) Vincent obtient :

- Prix d'excellence et prix du tableau d'honneur.

 -1 er accessit de composition française. - Prix de la Version latine. - Prix de thème latin.

-1 er accessit de Version grecque.

- 1er accessit d'Histoire et de Géographie.

- 1 er accessit de mathématiques.

- Prix de récitation et de diction.

 

En 1902, il passe avec succès le baccalauréat de lettres classiques, à l'âge de dix huit ans. Mais ces succès scolaires n'impressionnent guère son père qui aurait simplement souhaité pour son fils unique qu'il lui succède à la boulangerie. Le temps passe, et voyant les très bons résultats de celui-ci, notre boulanger revélois change d'avis et dit au petit Vincent : « ... Je suis radical... Tu es intelligent.. Tu feras donc des études poussées... »

Car être radical en 1900, à Revel, c'est lire la « Dépêche de Toulouse » et établir comme un dogme le droit pour chacun de devenir quelqu'un.

Une autre école forgera, en ce jeune homme, un caractère de travailleur et d'humaniste, celle de la maison familiale où l'on cultive l'amour du travail bien fait, la pratique des vertus claires et le bonheur de vivre simplement. Son père le lui rappelle de temps à autre :

 

« Atténtioun ... drollé ! Lé pa sé fa amé dé farino é pas amé dé somis... »

(attention... garçon ! le pain se fait avec de la farine et pas avec des songes).

 

Auparavant en 1900, alors âgé de seize ans, le jeune Vincent a laissé à ses compatriotes un souvenir impérissable. Il est , en effet, l'auteur des paroles d'une chanson en patois de chez nous : « Rébèl » ou « La Revéloise ». « Rébèl o moun païs »... est un hymne local dédié à la population revéloise ; la musique en est composée par Pierre Custaud, professeur de musique et chef de la Lyre Revéloise.

 

Elle sera jouée pour la première fois le 29 octobre 1905 par cette même Lyre, les trois couplets et le refrain étant chantés par François Roques.

 

Après cette enfance et adolescence studieuses passées dans la simplicité de la petite maison familiale, dans la rue qui porte aujourd'hui son nom. Une plaque de marbre blanc apposée sur le mur de la maison rappelle les faits :

 

« A PAUL AURIOL (1855-1933) - PERE DU 1er PRESIDENT
DE LA IVe REPUBLIQUE FRANCAISE - HOMMAGE DES BOULANGERS DE Revel. »

 

VINCENT_AURIOL, à l'automne 1902, quitte sa ville natale pour poursuivre ses études supérieures à Toulouse .

 

 

HAUT DE PAGE

 

SA JEUNESSE, SES ETUDES, et SA CARRIERE PROFESSIONNELLE à TOULOUSE

 

Vincent Auriol s'inscrit aux facultés de Droit et des Lettres, il suit les cours magistraux de Maurice Hauriou, grand théoricien du droit public et de Gaston Géze, spécialiste des questions financières. Au terme de deux ans de travail acharné, il obtient le titre de docteur en droit, une licence de philosophie et le doctorat d'économie politique.

Ces deux ans de facultés sont le premier moment majeur de sa vie. C'est en effet l'époque où il fait la connaissance de Jean Jaurès, découverte qui va susciter en lui une vocation politique irrésistible. Celui-ci enseigne à l'Université de Toulouse depuis 1883, il est déjà célèbre non seulement comme professeur de philosophie, mais encore pour son engagement politique en faveur des mineurs grévistes de Carmaux (août-novembre 1892) et la campagne victorieuse qu’il a conduite en leur faveur dans les colonnes de la toute puissante « Dépêche de Toulouse ».

Elu l'année suivante député du Tarn, il siège parmi les socialistes indépendants jusqu'en 1898. Réélu en 1902 à Toulouse, il soutient le président du Conseil, Emile Combes, un compatriote castrais, lors de la séparation de l'Eglise et de l' Etat.

 

Vincent Auriol devient son disciple enthousiaste. Il a l'impression de tout apprendre de cet homme prodigieux qui paraît tout connaître. Orateur extraordinaire, servi par une voix de bronze, Jean Jaurès séduit par la simplicité de son vocabulaire et la richesse de sa culture.

 

Vincent fait ses débuts dans la vie publique en devenant d'abord secrétaire de « l'Union des Etudiants Républicains », puis du « Groupe Socialiste des Etudiants », et il est en même temps, président de « l'Association Générale des Etudiants de Toulouse ».

Il choisit alors la carrière d'avocat et prend rang au barreau de Toulouse en 1905, comme avocat à la Cour d'Appel où il demeurera jusqu'en 1921. Il devient parallèlement l'avocat ` de la bourse du Travail il y défend les cheminots grévistes, il protège les ouvriers chapeliers d'Espéraza (Aude) et les « moutonniers » de Graulhet (Tarn). A cette même Bourse du Travail, il fait instituer un service d'accidents du travail, de consultations juridiques et médicales. Entré dans le journalisme il devient rapidement un journaliste combatif et pas seulement par la plume et la parole, car il se battit en duel plusieurs fois. En 1907, il collabore au journal « La CITE » d'Albert Bedouce, député-maire de Toulouse ; quand en 1909, celui-ci crée avec ses amis le « MIDI SOCIALISTE », VINCENT_AURIOL en devient le rédacteur en chef. Puis il fonde le « Syndicat de la Presse Quotidienne de Toulouse », avec Arthur Huc et Maurice Sarraut, codirecteurs de la radicale « Dépêche de Toulouse ».

 

 

 

 

Dans son excellent récit (PARIS-MATCH N° 875 du 15 janvier 1966) Arthur Conte, nous dit ceci : « ... Mais Toulouse est une ville vibrante pour toutes les idées nouvelles. Elle cultive volontiers le souvenir de Rome la républicaine et les exemples de Plutarque : d'où le Capitole. Un soir VINCENT_AURIOL, entend un nommé Jules Guesde exposer les théories de Marx, puis un professeur expliquer à sa manière l'année 1793. Il a été à ce point fasciné par le verbe et la dialectique des deux tribuns que, pour parfaire son discours, il s'inscrit aux cours d'éloquence du professeur Crouzet et va même écouter les prédicateurs de la cathédrale Saint-Etienne. A vingt et un ans, il rêve déjà d'être député, et député de l'extrême gauche. Il confie son secret au radical papa Auriol ; celui-ci manque de s'étouffer... puis énergiquement, menace de couper les vivres. « Choisis ! ou la révolution, ou ton père !». Mais il y a cette tête carrée... « Va donc! » soupire papa, « Ça passera avec l'âge », confie ­t-il au coiffeur, un vieux républicain comme lui, qui précisément, se demande depuis quelques mois, de quel côté est le vrai progrès. Vers la vieille république radicale ou la pimpante cité nouvelle des socialistes. Car telle est la grande interrogation de ces temps-là. Il est le seul avocat socialiste de Toulouse : « on n'entend que sa voix rocailleuse et chantante, roulant les « R » comme roulent les cailloux ronds du Tarn ou de la Garonne...»

La vie de VINCENT_AURIOL se confond avec celle du socialisme : il y trouve sa religion, son métier, et même son épouse. Un jour de 1911, chez un vieux militant syndicaliste, Michel Aucouturier, il fait une rencontre décisive, Michèle la fille de celui-ci, née à Carmaux le 3 mars 1896. Elle a seize ans; ils se marieront le 1 er juin 1912, en la mairie de Toulouse.

Le père de Michèle est un ancien ouvrier verrier, ami de Jean Jaurès et fondateur avec ses compagnons de travail de la célèbre « Verrerie Ouvrière d'Albi », une des places fortes du socialisme à ses débuts.

Pour des raisons de santé ne pouvant plus travailler comme souffleur de verre, Aucouturier exploitait avec sa femme un dépôt de bouteilles de cette même verrerie, à Toulouse, 14, rue de St-Papoul.

Comme la rencontre avec Michèle avait été le coup de foudre, les retrouvailles avec Jean Jaurès, chez les Aucouturier, sont pour Vincent l'illumination. Jaurès a alors la cinquantaine, le jeune Auriol restera à son image un socialiste sentimental.

Sous l'influence du grand tribun qui lui communiquait son enthousiasme et sa foi, il acquit la conviction qu'il était possible de préparer l'avènement du socialisme dans le cadre de la démocratie libérale et dans le respect des idéaux traditionnels de justice et de vérité.

Et c'est ainsi que VINCENT_AURIOL passera bientôt à l'action « ... Comment faut-il s'y prendre ? » demande-t-il à l'un de ses anciens professeurs de droit, le savant Joseph Gheusi, vieux député radical de l'arrondissement de Muret. «... Commencez à faire des auriolistes !» conseille celui-ci. « ... Vous n'essaierez qu'ensuite d'en faire des socialistes !».

Et le jeune avocat de discourir à travers toute la campagne garonnaise aux côtés de l'animateur socialiste du département, Albert Bedouce, se déplaçant sur un modeste vélo, qu'il paie par mensualités. Propagandiste il fait donc lui-même ses tournées à la campagne, où les « rouges » effraient.

 

«...Tempo los poulos, los socialos arriboun !»(enferme les poules, voilà les socialos) crient les fermiers à leur femme lorsque VINCENT_AURIOL, débouche dans la cour de leur ferme, sur sa bicyclette.

Candidat malheureux pour ses premières élections législatives à Muret en 1910, il est battu par Gheusi, candidat radical.

Vincent Auriol affronte à nouveau son ancien maître en mai 1914. La toute puissante « Dépêche » soutient avec vigueur la candidature Gheusi. Elle ne ménage pas le jeune présomptueux qui, circonstance aggravante, est depuis peu le rédacteur en chef du « MIDI SOCIALISTE », et elle proclame en fanfaronnant qu'il a « plus de lecteurs que d'électeurs ».

Au premier tour l'impétueux disciple de Jaurès est distancé. Il n'obtient que 6323 voix contre 8672 à Gheusi, le modéré Deffis bloquant 4377 voix de la droite.

 

  

Mais, au second tour, les voix catholiques plutôt que de se porter sur un radical anticlérical, font bloc sur le cordial socialiste. VINCENT_AURIOL est élu, comme par miracle, coiffant sur le poteau Gheusi tout désemparé (9977 voix contre 8859). II devient député de la Haute-Garonne à trente ans.

Ce sont 103 socialistes qui vont siéger à la nouvelle assemblée nationale, chiffre qui n'avait encore jamais été atteint par les "communards".

 

 

 Pour le jeune vainqueur, tout s'annonce bien.

Il « monte » aussitôt à Paris, où il s'installe dans un petit appartement de trois pièces, de la rue du Laos. Michèle s'occupe elle-même du ménage et coud ses robes et va promener seule, au mélancolique Champs de Mars, le garçon qui vient de naître, Paul (né le 15 septembre 1918 à Toulouse).

Député de la Haute-Garonne, son programme politique et social comporte : le service militaire de deux ans, le rapprochement franco ­allemand, l'impôt sur le revenu, et un système complet d'assurances sociales. Comme JAURES, assassiné la veille du conflit (31 juillet 1914), ce marxiste est aussi un patriote. Réformé à cause de son œil il ne participera pas à la "Grande Guerre", mais le député Vincent AURIOL sera partisan d'une guerre intransigeante.

 Il siège au Palais Bourbon quand Paris est sous le feu de la."Grosse Bertha", et, entre deux séances il fait son apprentissage des questions financières.

 

Mais en 1917, il cède à la tendance au découragement. Il fait partie du groupe des dirigeants socialistes qui demandent un passeport pour se rendre à la conférence internationale de STOCKHOLM, afin d'y discuter des possibilités de rétablir la paix, mais il essuiera un refus de POINCARE, alors Président de la République.

 

Il est réélu député en 1919, en même temps que BEDOUCE et qu'un nouvel ennemi intime radical, l'agrégé Hippolyte DUCOS. Les horreurs de la guerre l'ont confirmé dans les convictions pacifistes et humanitaires. Il va reprendre le flambeau tombé des mains de son maître, JAURES.

 

  

 

" . Après JAURES, Léon BLUM a été mon maître à penser ..." disait-il. En 1920, au congrès de Tours, le parti socialiste se coupe en deux.

Marcel CACHIN, entraine derrière lui les partisans des "Soviets", qui fondent le parti communiste français et réussissent à conserver le journal de JAURES: "L'Humanité".

 VINCENT_AURIOL choisit de suivre le réformiste Léon BLUM. Entre les deux hommes, c'est le début d'une amitié et d'une collaboration qui conduira plus tard au "Front Populaire". Il aide BLUM à jeter les bases de la Section Française de la IIème Internationale Ouvrière (S.F.I.O.).

 

Dès son entrée au Parlement, où il sera facilement réélu pendant plus de trente années, VINCENT_AURIOL se spécialisera dans les questions économiques et financières et prendra très souvent la parole, soit à la tribune de la Chambre des Députés, soit devant la Commission des Finances, pour exposer la doctrine économique de son parti.

 Il restera membre de cette commission de 1916 à 1939 et la présidera plusieurs fois. Il fut l'auteur de nombreuses propositions de lois dans lesquelles s'exprimait là aussi, la doctrine socialiste. Dialecticien et logicien, il fut pour les divers ministres des finances, un adversaire redoutable, documenté et averti.

 

A Muret, le 3 mai 1925, lors des élections municipales la liste de VINCENT_AURIOL fut élue au premier tour par une moyenne de 330 voix contre 158 à une liste radicale NOUGARO et 144 à la liste modérée de Monsieur Paul COUZINET. VINCENT_AURIOL avait obtenu 387 voix, le dernier de sa liste 301 .

 

Il fut élu Maire de cette petite ville, sa cité d'adoption.

 "Dix années d'administration Socialiste 1925-1935 " c'est le livre qu'écrira VINCENT_AURIOL et qu'il dédicacera en ces termes :

« à mon grand parti, dont je demeure le militant fidèle - à la population laborieuse de Muret qui, il y a vingt cinq ans, me fit son enfant adoptif - je dédie avec fierté cette oeuvre municipalle à laquelle mes bons camarades et moi pendant dix années d'efforts souvent ignorés ou méconnus, nous avons donné tout ce que avons de volonté, d’intelligence et de cœur… » Signé Vincent Auriol - Muret 5 avril 1935.

 

La famille AURIOL, vivait à Muret, dans une petite propriété amoureusement entretenue appelée "La Bordette.." sur les bords de la Louge, (rivière de la Garonne). Ce nom rappelait celui du quartier des "Bourdettes" qui l'avait vu naître à Revel. Mais Vincent aimait aussi se retrouver parmi ses concitoyens au café "Roussel", petit bistrot campagnard près du pont, où il pouvait palabrer durant des heures.

 

Un peu plus tard en juillet 1925, VINCENT_AURIOL fut élu Conseiller Général du Canton de CARBONNE, il le restera jusqu'en 1947 et présidera même l'Assemblée Départementale à Toulouse en 1945. Il fit créer pour les petits agriculteurs des coopératives meunières et viticoles, ainsi que de nombreuses œuvres sociales.

 C'est dans les années "30" alors que le marché du blé s'effondre, que VINCENT_AURIOL à la tête d'une dure bataille économique locale, lance l'idée d'un "Comité de défense du blé". Ce sera l'origine de la coopérative meunière de Muret qui a fêté en 1983, ses cinquante ans.

 

 

 

Réélu dans sa circonscription de Muret comme député le 22 avril 1928, au 1er tour de scrutin, il devient secrétaire général du groupe socialiste, qu'il dirige pendant l'absence de Léon BLUM.

Il est délégué à toutes les conférences du socialisme international. Entre les

deux guerres mondiales, le nom de VINCENT_AURIOL était connu dans

tous les milieux socialistes d'Europe.

 "Son esprit objectif, a-t-on dit, sa compréhension des questions soumises à l'examen et aux discussions des Congrès qui se multipliaient en France et hors de France, le classaient comme un "debater" sachant allier la véhémence oratoire à la vigueur du raisonnement. Il possédait à un haut degré, la connaissance des réalités et le souci clairvoyant d'envisager les conséquences de toutes les propositions susceptibles de servir de base aux négociations...''.

 

Le 26 avril 1936, comme le 1er Mai 1932, il sera réélu au 1ers tour des élections législatives dans la même circonscription de Muret.

 

Vincent AURIOL fut un des artisans de la formation du Front Populaire. Dés le mois de juin 1935, il faisait voter par le Congrès Socialiste, une résolution d'action immédiate spécifiant :

 

-"... Il appartient au Parti Socialiste de prendre l’initiative d'un grand mouvement populaire pour défendre les libertés démocratiques contre les tentatives de dictatures, et le monde du travail contre les effets politiques, économiques et sociaux de la crise capitaliste... Il fait appel au Parti communiste comme aux autres Partis prolétariens et aux grandes organisations syndicales, ouvrières et paysannes. En accord avec elles, il s’efforcera de grouper toutes les organisations anti-fascistes et tous les éléments de démocratie qui se sont spontanément levés dans le pays, au lendemain du 6 février … »

 

Il n'est donc pas étonnant que Léon BLUM arrivant au pouvoir le 4 juin 1936, ait donné à VINCENT_AURIOL le portefeuille des Finances. C'était son premier poste ministériel, mais il avait derrière lui, déjà, 22 années de vie parlementaire.

 

-"... Nommé ministre des Finances, dira-t-il plus tard, en raison de mon activité pendant vingt années à la Commission des Finances, je me trouvais dès mon arrivée aux prises avec un héritage accablant.

 Syndic de faillite plutôt que gérant d'un patrimoine, j'étais en présence d'une trésorerie vide , d'une inflation illégale et occulte de douze milliards , d'une monnaie dévaluée en fait depuis  trois années, au témoignage même de tous les économistes d'une crise économique sans précédent , d'une violente agitation sociale et d'une France déchirée , d'une Europe déjà en état de guerre et d'urgentes nécessités d'armements modernes jusque là négligés et inexistants ... ".

 

Au temps de ce ministère du Front Populaire, VINCENT_AURIOL était considéré comme un socialiste sans agressivité, un théoricien plus qu'un tribun, prisonnier à la fois de son passé, du parti socialiste et forcément aussi, du redoutable allié, le parti communiste.

 

L'année suivante, dés la chute de Léon BLUM, en juin 1937, dans le gouvernement de Camille CHAUTEMPS il est nommé garde des sceaux, ministre de la justice. Puis en 1938, dans le second cabinet de BLUM, il est chargé de coordonner, à la Présidence du Conseil, avec le titre de Ministre, les divers services ministériels.

 

SES ACTIONS DURANT LA PERIODE SOMBRE DE 1940 A 1945

 

 

Arrivent ensuite les événements de 1940, les armées françaises sont submergées par les troupes allemandes d'Adolf HITLER. Le désastre est consommé. A Vichy la IIIème République abdique.

 

Le 10 juillet de cette année là, on le retrouve parmi les quatre-vingts parlementaires qui, au casino de Vichy, votent contre la loi de dessaisissement constitutionnel et refusent d'octroyer les pleins pouvoirs au Maréchal PETAIN.

 

Comme ses collègues députés opposants, il est arrêté le 20 septembre 1940, à Muret, frappé d'une mesure d'internement et emprisonné à PELLEVOISIN, jusqu'en avril 1941, puis à VALS-les-BAINS.

 Là, il va entreprendre la rédaction d'un important ouvrage :"Hier et Demain" qu'il dédie :".., à Charles de Gaulle et à ses premiers compagnons, à Léon BLUM et à mes camarades du parti socialiste, aux prisonniers de guerre et aux déportés...".

 Il couvre des pages et des pages de son écriture hachée qu'il faudra faire déchiffrer plus tard par une demi-douzaine de secrétaires plus résignés à leur tâche que des bagnards. "...Eh ...bé...oui – reconnaît t-il - mon écriture ressemble à la rocaille de mon accent...". Ce livre dans lequel il analyse les principales faiblesses des institutions et propose quelques solutions nouvelles, sera publié deux ans plus tard.

 

Il a là, avec lui, pour compagnons d'infortune , Jules MOCH, le vieux sénateur SCHRAMER, le souriant BLOCH-DASSAULT, le perspicace MANDEL, Paul RAYNAUD qui, tous les matins, en maillot court, couverture sous le bras s'installe pour sa culture physique dans la petite cour entourée de barbelés et surtout son camarade de toujours, l'animateur socialiste de l'Aude, Eugène MONTEL.

 

Libéré de prison pour raison de santé, il sera alors assigné à résidence surveillée, consigné à son domicile par arrêté administratif à partir du mois d'août 1941.

 

Mais craignant pour sa sécurité, il disparaît dans la clandestinité à partir d'octobre 1942.

Portant lunettes à verres fumés et barbe, il devient Jules MOREL ou Docteur André VIARD. On le retrouve à l'Hospice de France, prés de la frontière d'Espagne, au dessus de Luchon ou dans un hameau des montagnes de l'Aveyron. Mais on le retrouvera également, parait-il, pour un court séjour, dans la ferme isolée d'En Prioulet, dans la petite commune de BELESTA-LAURAGAIS.

 

Il achètera cette propriété plus tard, au printemps de 1946. Il y reviendra de temps à autre pour des parties de chasse. Il revendra cette ferme en 1954 à un de nos compatriotes revélois.

 

Il a surtout pour consigne, quand il se déplace, de parler le moins possible, son accent risquant de le trahir ... Epreuve intolérable !...

 

 

Enfin en octobre 1943, muni de faux papiers par Daniel MAYER, Secrétaire général du parti socialiste clandestin, il reçoit avis de rejoindre la petite ville de CUISAUX en Saône-et-Loire, d'où il sera embarqué secrètement à bord d'un petit avion anglais, pour LONDRES.

 

Voici d'ailleurs comment Arthur CONTE nous décrit cette évasion du territoire français ."... Une fois .la nuit tombée ils se juchent sur un camion à bestiaux qui les transporte jusqu’au terrain »Orion » où doivent se poser les deux appareils « Hudson » chargés de les rafler. Dès 7 heures, la B.B.C a confirmé l’opération par message spécial : … le chien sanglant a hurlé. Nous serons deux à entendre le chien sanglant … ». Tout à coup, dans l’admirable nuit, les deux avions libérateurs se font entendre. Tandis que le premier se pose, l’autre tourne en rond au dessus du point X.

Quand le second atterit à son tour, le premier accomplit la même ronde, pour convaincre les services d’observation allemands qu’il n’y a qu’un avion, effectuant une mystérieuse mission au dessus de la Saône-et-Loire. A Londres il est accueilli sur l’aérodrome par Pierre Brossolette, il se loge dans un petit hôtel de Bloomsbury… » ".

 Dans la capitale de l'ANGLETERRE, il retrouvera bien sûr le général de GAULLE.

 

Son épouse Michèle restée en France se livre aux aventures du combat des ombres. Engagée dans la résistance, elle vécut cachée à Lyon, participant au décodage des messages chiffrés de l'Etat-Major Allié.

 

Vincent AURIOL, ne restera que quelques temps dans cette ville de LONDRES, "...à trop de brouillard!... ". Il rejoint ALGER où il va siéger à l'Assemblée Consultative que préside Félix GOUIN et d'où il lance l'hebdomadaire socialiste "FRATERNITE", avec FROMENT comme directeur administratif.

 Il est en grande partie l'auteur de l'ordonnance du 21 avril 1944, prise à ALGER, par le gouvernement provisoire sur l'organisation des pouvoirs publics. Au sein de l'Assemblée Consultative, il préside la Commission des Affaires Etrangères : on le voit soutenir l'idée d'un scrutin de liste avec représentation proportionnelle qui permettrait la formation de partis nationaux cohérents.

 

HAUT DE PAGE

 

 

SES ACTIVITES POLITIQUES D'APRES GUERRE

 

En 1944 c'est le retour sur le sol français avec le Gouvernement Provisoire de la République Française (G.P.R.F.) issu du Comité Français de Libération Nationale, sous l'autorité du général Charles de GAULLE, celui-ci s'installant à l'Hôtel de Ville de PARIS, après la libération de la capitale, le 25 août.

 

Rappelons très brièvement, au passage, quelques dates ayant marqué les grands évènements qui ont permis à la France de retrouver, peu à peu, sa liberté et son unité nationale durant l'année 1944.

 

- 6 juin : débarquement allié en Normandie.

- 6 juillet : décret à ALGER, sur les commissaires de la République et le rétablissement des libertés démocratiques.

- 11 juillet : les Etats-Unis reconnaissent "de facto", l'autorité du G.P.R.F.

- 15 août : débarquement franco-américain en Provence.

- 17 août : dernier conseil des ministres de VICHY.

- 19 au 25 août : libération de PARIS.

- 20 août : TOULOUSE se libère de l'occupant.

- 26 août : le général de GAULLE descend les Champs-Elysées.

- 2 septembre : premier conseil des ministres du G.P.R.F. à PARIS.

- 7 septembre : départ de PETAIN et LAVAL en Allemagne.

- 25 octobre : les Alliés reconnaissent le G.P.R.F.

- 7 novembre : Réunion de l'Assemblée Consultative, Félix GOUIN en est élu Président.

- 9-12 novembre : Congrès extraordinaire de la S.F.I.O.

- 23 novembre : entrée des troupes du Général LECLERC dans STRASBOURG.

- 10 décembre : signature du pacte franco-soviétique à MOSCOU,

- 20 décembre : création du comité d'entente; S.F.I.O./P.C.F.

 

La libération de la France s'opère peu à peu et il faudra attendre, nous le savons, le 8 mai 1945, pour voir enfin, la capitulation de l'Allemagne et la victoire définitive des armées alliées en Europe.

 

Le 14 mai de cette année là, verra le retour de captivité de Léon BLUM ainsi que de très nombreux déportés et prisonniers.

 

La vie démocratique sur le territoire national reprend ses droits avec les élections municipales des 29 avril et 13 mai qui sont un succès pour la gauche.

  

 

Du 7 au 25 juin se produit l'éclatement du Mouvement de Libération Nationale et la création de l'U.D.S.R. (Union Démocratique et Socialiste de la Résistance).

Du 23 juillet au 15 août a lieu le procès et la condamnation à mort du Maréchal PETAIN, par la Haute-Cour.

Le Général de GAULLE le graciera.

Les 23 et 30 septembre se déroulent les élections cantonales et nous retrouvons VINCENT_AURIOL président du Conseil Général de la Haute-Garonne, en 1945, comme nous l'avons déjà écrit.

 

C'est le 21 octobre que se déroule le premier référendum et les élections législatives, c'est un succès pour les socialistes, les communistes et le M.R.P. (Mouvement Républicain Populaire).

Sa fidèle circonscription de Muret, enverra à nouveau VINCENT_AURIOL siéger à la première Assemblée Nationale Constituante.

Le 13 novembre, le général de Gaulle est élu à l'unanimité de cette assemblée, chef du gouvernement. Le général attribuera au député de Muret les fonctions de Ministre d'Etat chargé des rapports avec l'Assemblée et celles de délégué de la France à la première session de l'O.N.U.(Organisation des Nations Unies).

 

".. Comme de GAULLE s’est toujours « fait une certaine idée de la France ..." AURIOL se fera toujours "une certaine idée du Gaullisme..." Cependant une étrange compréhension profonde se met à réunir les deux hommes, tous les deux très poètes de plume, alors que tout paraît devoir les opposer… » - «  … Ma parole grogne Just Evrard, militant du Pas de Calais, deviendrais tu Vincent, plus gaulliste que socialiste… ».

 

Vincent AURIOL, siégeant à l'Assemblée de l'O.N.U.et au Conseil de Sécurité, à LONDRES, au mois de janvier 1946 apprend, le dimanche 20, en compagnie de Georges BIDAULT, que le général de GAULLE, vient d'annoncer sa démission de manière inopinée. Personne, absolument personne, n'avait été prévenu de cette décision. Il s'en explique : ". .. Le régime exclusif des partis a reparu, je le réprouve. Mais à moins d’établir par la force, une dictature dont je ne veux pas et qui, sans doute, tournerait mal, je n’ai pas les moyens d’empêcher cette expérience. Il me faut donc me retirer », dira de GAULLE.

Vincent AURIOL, rentré précipitamment à PARIS, apprend que le général aurait l'intention d'adresser un appel direct au pays, par la radio. Celui-ci prend sa plume sur le champ, pour supplier de GAULLE de garder le silence. ".. Vous diviseriez le pays pour le seul avantage et la satisfaction des ennemis de la démocratie… » ". Tel est le résumé de cette missive que sera remise en main propre, le soir même, au général par le plus proche collaborateur d'AURIOL, Jean FORGEOT. Après une longue et mûre réflexion, le général de GAULLE donne sa réponse :"Dite, à votre ministre, que je ne parlerai pas… ».

 

Il démissionne de ses fonctions de chef du Gouvernement Provisoire de la République, confiant à son ministre d'Etat, Monsieur VINCENT_AURIOL, l'intérim de la présidence. Trois jours plus tard, l'Assemblée Constituante désignait Monsieur Félix GOUIN, comme successeur au général de GAULLE et le 31 janvier, AURIOL par 457 voix sur 487, remplaçait GOUIN à la présidence de cette assemblée.

 

Avec ses dons éprouvés de conciliateur, il prit une part très active à l'élaboration du premier projet de constitution qui, adopté par l'Assemblée Constituante le 19 avril, fut rejeté le 5 mai par l'ensemble des électeurs français.

 

Vincent AURIOL sera réélu à la présidence de la deuxième Assemblée Constituante, le 14 juin 1946, par 466 suffrages sur 536 votants. Dans le discours qu'il prononcera, cinq jours plus tard en inaugurant ses fonctions, il demandera à ses collègues de donner un statut définitif à la République ."..       Le peuple disait-il, se lasserait de trop fréquentes agitations électorales. Dirigée par des gouvernements sans plan de longue haleine et sans durée, la restauration du pays serait gravement compromise, et, à l’heure où se construit péniblement la paix, que vaudrait notre influence dans le monde si les Puissances Alliées n’avaient  devant elles qu’une France sans cesse secouée par des fièvres politiques !... ».

 Il terminait en rappelant que les partis politiques étaient nécessaires, mais que leur action devait être subordonnée à l'intérêt national, les combats sans noblesse affaiblissent la République.

 

S'entremettant entre les trois grands partis (Socialiste, Communiste et M.R.P) pour tenter de rapprocher leurs points de vue, il jouera un rôle considérable pour faire aboutir le projet de Constitution de la IVème République qui est enfin votée par l'Assemblée Constituante le 29 septembre 1946, et ratifiée par le référendum du 13 octobre suivant.

 

Le 10 novembre, l'on procéda à l'élection de la Chambre des Députés, désormais appelée Assemblée Nationale. VINCENT_AURIOL, est réélu député de la Haute-Garonne. Cette première Assemblée Nationale l'élira président par 284 voix contre Marcel CACHIN et Alexandre VARENNE.

 

C'est en décembre 1946, qu'il assume la responsabilité de chef d'Etat (qui n'est pas encore désigné) lors de la formation du gouvernement, après la réunion du 23 novembre de la nouvelle assemblée.

Après les échecs de Maurice THOREZ et de Georges BIDAULT, il fait adopter, pour ne pas laisser le pays sans pouvoir exécutif, la solution d'un gouvernement de transition, ne comprenant que des socialistes et présidé par Léon BLUM. Celui-ci est investi le 16 décembre, par 575 voix sur 590 députés.

 

Après le vote de la Constitution et la mise en place des institutions, l'élection d'un Président de la République était devenue possible dés le mois de janvier 1947. Ce qui concrétisera la naissance de la IVème République.

 

 

Auparavant, deux scrutins importants se dérouleront le 14 janvier pour l'installation des présidences des deux Assemblées. Le premier aura lieu au Palais du Luxembourg où nous voyons CHAMPETIER de RIBES (M.R.P) élu Président du Conseil de la République avec 129 voix au bénéfice de l'âge, devant MARRANE (communiste) qui obtient également 129 voix, sur 263 votants. - Le second scrutin se déroulera au Palais Bourbon et l'on retrouvera VINCENT_AURIOL (S.F.I.O) élu Président de l'Assemblée Nationale avec 294 voix, contre Robert SCHUMAN, (M.R.P.) 194 voix, CLAUDIUS ­PETIT (R.D.G.) 75 voix, sur 575 votants.

 

HAUT DE PAGE

 

SON ELECTION A LA PRESIDENCE DE LA IVème REPUBLIQUE FRANCAISE

 

Pourquoi l'idée de la candidature de VINCENT_AURIOL à la présidence de la République, ne serait-elle pas partie de chez notre voisine, la petite citée de CARAMAN ?

Nous relaterons à ce sujet les propos tenus par Monsieur Ernest JONQUIERES, Maire honoraire de BEAUVILLE, petit village à l'ouest de Revel et à égale distance entre cette ville et celle de CARAMAN.

 

Nous sommes à la fin de l'automne de 1946. "... Nous étions cinq, dans une petite salle du restaurant du « Lion d’Or » alors tenu par Isidore SIRVEN ; Maurice IZARD, Maire du Vaux ; OLIVIER, Maire de Saint Julia ; Roger MONTPEZAT, ancien commandant du maquis de la Montagne Noire (et comptable de la Coopérative Agricole de Caraman) VINCENT_AURIOL et moi même. Au cours du repas, nous avons évoqué des souvenirs communs et, à propos de la situation du moment, les prochaines élections présidentielles. Pourquoi après tout, notre ami VINCENT_AURIOL, ne serai il pas candidat ? Avant de nous séparer, il nous a promis de consulter d’autres amis du parti socialiste ! Comme on le sait, il a été candidat ».

 

Vincent AURIOL élu Président de l'Assemblée Nationale le 14 Janvier 1947, présidera deux jours plus tard, le 16 Janvier, à VERSAILLES, le congrès (ensemble des 932 parlementaires du Conseil de la République -ancien nom du Sénat- et de l'Assemblée Nationale) réuni ce jour-là, pour l'élection du 1er Président de la IVème République.

Quatre candidatures sont en présence. Celle de VINCENT_AURIOL est soutenue par les députés socialistes et communistes après le retrait de Marcel CACHIN sur instance de Jacques DUCLOS, Vice-président de l'Assemblée Nationale. VINCENT_AURIOL sera élu au premier tour de scrutin avec 452 voix, sur 883 votants et suffrages exprimés. (Majorité absolue à 442 voix).

Viennent ensuite, loin derrière, Auguste CHAMPETIER de RIBES (M.R.P.) avec 242 voix, Jules GASSER, présenté par le R.G.R. et l'U.D.S.R. (Rassemblement des Gauches Radicales - Union Démocratique et Socialiste de la Résistance) avec 122 voix puis Michel CLEMENCEAU, fils de Georges P.R.L. (Parti Républicain de la Liberté) avec 60 voix, 7 voix iront dans les divers…

 

Nous relevons dans le Journal Officiel et la presse de l'époque, les paroles de Jacques DUCLOS, qui a assuré la présidence de ce congrès de VERSAILLES, après les résultats du scrutin

Il... Monsieur VINCENT_AURIOL, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés, je le proclame élu Président de la République Française pour sept années, à dater de ce jour. »

 

A ce moment là, les membres de l'assemblée se lèvent et entonnent la Marseillaise. DUCLOS assure alors le nouveau Président de l'affectueux dévouement des membres de cette assemblée :            "Soyons unis pour assurer par un effort créateur, la prospérité de la France et la grandeur de la République, vive la France … vive la République… »

 

Nouvelle ovation du congrès ..!..

 

Un peu plus tard, Jacques DUCLOS remet à VINCENT_AURIOL le procès-verbal de l'élection du chef de l'Etat en lui déclarant :           « En vous la nouvelle constitution de la République Française, a désormais un gardien vigilant et respectueux de la souveraineté du peuple. Avec vous la République sera toujours placée sous le signe de l’union républicaine et sous le signe de tous les français de bonne volonté… »

 

Monsieur Léon BLUM, Président du Gouvernement Provisoire, s'est ensuite exprimé en ces termes : "... Ce sera l'honneur et la fierté du Gouvernement Provisoire d'avoir achevé la mine en place des institutions républicaines et assuré la transmission régulière du pouvoir... Le peuple français, représenté par les élus du suffrage universel, vous a désigné pour la plus haute magistrature de l'Etat...''

 

Celui-ci, dès le lendemain, entouré des membres de son cabinet, donnait sa démission de Chef du Gouvernement Provisoire au nouveau Président de la République.

 

Après la cérémonie d'intronisation, VINCENT_AURIOL prononça un discours dont voici quelques extraits :

 

"... Vous m'excuserez si je parviens assez mal à maîtriser mon émotion.... Je suis profondément ému de la confiance et de l’amitié dont le Parlement vient de m’honorer et de vos allocutions bienveillantes… Je tacherai d’êtree digne de cette sympathie, dans l’exercice de la haute fonction dont je vais assumer la charge. Pour cela il me suffira d’être fidèle à ma vie de républicain, de démocrate, de résistant, de laisser parler au-dessus des partis, dont je tiens à être l’arbitre impartial, mon amour passionné pour la France et pour la République… »

 

Ce cérémonial d'intronisation terminé et les félicitations reçues de tous les corps constitués et de la presse, VINCENT_AURIOL, Président de la République Française, prenait, en fin d'après-midi, la route pour PARIS et le Palais de l'Elysée.

 

Nous relevons également dans la presse locale : "... En élisant Monsieur

Vincent AURIOL, à la Présidence de la République, au premier tout de scrutin, la majorité du congrès a certainement voulu rendre hommage au républicain éprouvé qu'il s'est toujours montré et spécialement, au temps de l’occupation et de la résistance. En même temps, le vote d'aujourd'hui exprime, sans doute, aussi un remerciement pour la parfaite bonne grâce et la cordialité que le député de la Haute-Garonne n'a cessé de manifester lorsqu'il présidait les débats de l'Assemblée Constituante et plus récemment de l'Assemblée Nationale...''

 

Après son entrée en fonction au Palais de l'Elysée, VINCENT_AURIOL faisait

cette déclaration : "..Je regrette de contrarier ceux qui voudraient faire de la présidence de la République une magistrature passive, silencieuse, de pure représentation... Je ne serai ni un président soliveau, ni un président personnel...''

 

"... Entre le mutisme et le laisser-aller, la décision et l’action effective réservée au Gouvernement responsable, il y a place pour une "magistrature morale" dont on a parlé, pour ce pouvoir de conseil, d’avertissement, de conciliation qui doit être celui du Chef de l' Etat, sensible et attentif au-delà des courants d'opinions superficiels et passagers et au-dessus des heurts de partis, à la volonté profonde et permanente du pays : Défendre l’Etat, sa constitution, ses institutions et en même temps les intérêts permanents de la France que cet Etat représente, c'est ainsi que j e conçois mon rôle..."

 

Après ces quelques extraits de son discours du 15 Novembre 1951, revenons

en 1947, au tout début de son septennat où nous retrouvons VINCENT_AURIOL et sa conception personnelle du rôle du Président de la République, qui peut paraître, à ce moment ­là, différente des idées socialistes qu'il a défendues pendant plus de trente années comme leader de ce parti.

 

". .. Le devoir du Président n'est pas seulement de diriger les débats en donnant la parole aux uns et aux autres et en laissant juge le premier ministre. Il n'est pas besoin alors dans ce cas d'un Conseil des Ministres, un Conseil de Cabinet suffirait. On l’a vu ce matin, il peut y avoir des désaccords fondamentaux sur les grandes questions d'intérêt national, soit entre les ministres, soit avec la ligne générale du pays. Il faut alors concilier les désaccords, apaiser les tempéraments, arbitrer entre les diverses opinions dans le sens de la volonté populaire et de l’intérêt collectif du pays.

Mais mes conseils s’arrêtent au seuil de la décision. Je n’ai pas le droit de décider, j’ai le devoir d’avertissement et de conseil. Cela exige une étude complète de tous les dossiers, lecture des rapports des préfets et des ambassadeurs et de tous les documents concernant la vie économique et sociale de la nation dans la permanence de son existence… »

 

Aucune des prérogatives que lui accordait la Constitution ne devait demeurer inutilisée.

 

C'est un grand travailleur, ses activités sont intenses. Levé au petit matin, Vincent AURIOL fait chauffer lui-même son petit déjeuner. A 6 heures, en pyjama et robe de chambre, il est à son bureau privé au premier étage, où personne ne doit le déranger jusqu'à 8 h 30, examinant les dossiers qu'il a fait monter la veille. Il s'informe sans arrêt des évènements nationaux et internationaux, apporte son point de vue qu'il défend avec autorité et compétence sur tous les projets ; il suit par la radio les débats à l'Assemblée Nationale. Il a été le premier président à utiliser cette même radio pour prononcer des allocutions.

 

Le plus souvent en veston dans la journée, il revêt l'habit pour les soirées, manifestations et réceptions..

 

En dehors de tout cela, il mène à l'Elysée une vie familiale avec son épouse Michèle, ses enfants et petits enfants ; il pratique aussi l'art d'être grand père.

 

Avec lui c'est la simplicité qui règne à l'Elysée. D'ailleurs, il le confirmera par cette phrase :

 

"... J'entre dans un palais mais je reste avec le peuple..."

 

HAUT DE PAGE

 

SON SEPTENNAT, SA VIE A L'ELYSEE DE 1947 À 1954

 

 

Les lourdes charges qui pesaient sur VINCENT_AURIOL n'empêchaient pas le Président de la République et son épouse de se détendre quand ils en avaient le loisir.

 

La bonne humeur méridionale bousculait quelquefois le protocole. Le Président aimait qu'on rie ; son grand plaisir était d'aller au théâtre ou dans les cabarets applaudir les chansonniers. Il se déplaçait en cachette: souvent il quittait l'Elysée couché sur la banquette arrière de la voiture de son fils, pour échapper à la vigilance des services de sécurité. Il surgissait à l'improviste dans sa loge de la Comédie Française, son théâtre favori, après s'être perdu dans les couloirs en voulant emprunter l'entrée des artistes.

 

VINCENT_AURIOL était grand amateur de peinture et avec la complicité de Michèle, son épouse, l'Elysée était devenu une maison vivante. La vivacité des toiles de Rouault, Braque, Dufy, avait remplacé le charme solennel de vieilles peintures. Des cretonnes fleuries égayaient les croisées centenaires.

 

Tous deux étaient également de grands mélomanes, ils aimaient la musique classique, appréciaient WAGNER ; le Président jouait du violon.

 

Il avait aussi un petit côté sportif. Passionné de football et de rugby, il ne manquait pas, chaque fois qu'il le pouvait, d'assister aux grandes rencontres. C'était un bon joueur de pétanque, mais surtout un fin pêcheur à la ligne.

 

A RAMBOUILLET, on le voyait souvent en salopette bleue, la tête coiffée d'un grand chapeau de paille, pêcher au bord de l'étang du château, comme il le faisait sur les bords du Bassin de SAINT-FERREOL, sur les bords de la Louge à MURET, ou sur ceux de nos rivières pyrénéennes dans le Saint-Gaudinois, allant ferrer la truite.

Nous le voyons en tant que Président de la République, assister aux plus importantes réunions hippiques ; aux chasses officielles il se montrera un bon tireur. Mais il lui arrivera aussi de saluer, d'un coup de chapeau, un faisan raté..!.. Son sens de l'humour ne le quittait jamais...

 

Michèle AURIOL, en première dame de France, distinguée, élégante, portant avec aisance des robes de grands couturiers, rendra tout son lustre au Palais de l'Elysée. Celui-ci est réaménagé et remeublé, la façade est blanchie. Elle s'occupera des réceptions officielles ainsi que du service social créé à l'Elysée, pour donner les premiers secours aux malheureux.

 

Madame AURIOL tint à mettre la République dans ses casseroles... Dans l'aile droite qui borde la cour d'honneur de l'Elysée, elle fit aménager de spacieuses cuisines puis elle engagea Monsieur TIBIER, avec mission de défendre les hautes traditions de la cuisine française. Michèle, dont les goûts sont fort simples dans l'intimité, est fort exigeante quand il s'agit d'honorer un hôte ; elle ne veut que des mets de toute première qualité. Le cassoulet, bien sûr, mais aussi la "garbure" (soupe béarnaise faite de légumes, lardons et confit d'oie ou canard) seront introduits dans les menus servis à l'Elysée.

 

Mais une Présidente ne doit pas seulement innover, comme toutes les maîtresses de maison, elle doit aussi compter. Avec les 26 millions de francs (des années 47-54) de frais de maison, Madame AURIOL doit nourrir, habiller, rémunérer les cuisiniers, les maîtres d'hôtel, les valets de pied, les valets de chambre et les femmes de chambre de l'Elysée, soit au total 24 personnes. Elle doit encore assumer les frais de réceptions. Or, un grand dîner de 100 couverts, suivi d'une soirée de 1 000 personnes coûte près de 1 million...

 

La Présidente AURIOL n'est parvenue à équilibrer son budget que grâce à l'installation des cuisines. De la sorte, elle a pu rompre avec le traiteur. Pas un petit four, pas un sandwich, mangés au cours de son septennat, qui n'ait été fabriqué à l'Elysée..!...

 

 LE PRESIDENT ET LES CARICATURES

 

« … Ce n’est cependant pas la bonne tenue de ses livres de comptes qui font d’une présidente, une grande présidente… Seule l’épreuve des réceptions peut lui conférer ce titre. C’est sa grâce auprès des hôtes les plus illustres, comme auprès des visiteurs les plus humbles qui lui permet de devenir populaire… » nous dit Arthur CONTE, dans son récit.

 

Vincent AURIOL eut, comme Président de la République, de nombreuses crises ministérielles à résoudre. Dès le début de la IVème République, l'instabilité ministérielle se révéla beaucoup plus grande que sous la IIIème République. En outre, le système politique instauré par la nouvelle constitution fut tel, qu'il désigna un certain nombre de présidents du Conseil qui renoncèrent avant de se présenter devant l'Assemblée ou qui ne reçurent pas l'investiture.

 

Cette instabilité ministérielle démontra l'efficacité et l'utilité de la Présidence de la République, en même temps qu'elle permit, à VINCENT_AURIOL, de rendre au régime des services importants. Monsieur André SIEGFRIED écrivait à la fin de son septennat :

« … Dans les trop fréquentes et surtout trop longues crises ministérielles, Auriol a plus d’une fois, par ses conseils, ses déclarations et même – ce qui était sans précédent – par ses communiqués de presse, dirigé les évènements dans le sens souhaité par lui. Les constituants avaient voulu diminuer le Président ; on est heureux de constater qu’ils n’y ont pas réussi… »

 

Mais cette IVème République dut aussi faire face à la reconstruction du pays dévasté par la deuxième guerre mondiale. Et surtout, elle eut à faire face à des situations exceptionnellement graves : guerres d'INDOCHINE et d'ALGERIE, décolonisation de l'UNION FRANCAISE, difficultés économiques et monétaires.

 

Le septennat de VINCENT_AURIOL se déroula dans un monde d'où la guerre n'arrivait pas à disparaître. A peine un foyer était-il éteint dans un endroit, qu'il s'en rallumait un autre ailleurs.

 

En l'Hôtel de Ville de MARSEILLE, le 21 Septembre 1947, le Président AURIOL lançait un appel aux grandes nations pour qu'elles ne trahissent pas la cause pour laquelle étaient tombés des millions d'hommes, et le même jour, dans un discours prononcé à la Chambre de Commerce, il demandait aux Français de cesser de sacrifier l'intérêt général à l'intérêt particulier immédiat.

 

".. Ne modelons pas dit-il, la division intérieure du pays sur les divisions du monde… »

 

Le 6 Novembre 1951, en ouvrant la VIème Assemblée Générale de l'O.N.U.

qui se tenait à PARIS, le Président AURIOL exhorta les représentants des diverses puissances à avoir la ferme résolution de vouloir avant tout la paix, de la vouloir sincèrement, de ne pas accepter la fatalité de la guerre, de ne pas s'abandonner aux événements mais au contraire de les précéder, de les orienter, de les dominer à temps en assumant chacun, toutes les obligations que cette volonté de paix comporte. Il invita tous les membres de la famille des Nations-Unies à coopérer, chacun selon ses forces et ses responsabilités, à l'établissement d'un ordre mondial de justice, de liberté et de paix. C'est ce qu'écrit Paul LESOURD dans son ouvrage :"Les Présidents de la République dans l’ Histoire de France ».

 

Pour ne pas alourdir notre récit, nous énumérerons simplement les principaux événements qui ont marqué le septennat de VINCENT_AURIOL, à la Présidence de la République Française, de 1947 à 1954.

 

L'excellent ouvrage de Pierre NORA et Jacques OZOUF, "VINCENT_AURIOL-mon septennat 1947-1954", relate avec une parfaite précision tous ces évènements :

 

 

HAUT DE PAGE

 

 

LES EVENEMENTS DURANT LE SEPTENNAT DE VINCENT_AURIOL

 

1947

 - Le 17 Janvier : RAMADIER est investi Président du Conseil et forme un Cabinet tripartite. Formation politique composée de la S.F.I.O., du M.R.P. et des Communistes.

- le 24 Avril : DE GAULLE définit dans une conférence de presse à la maison de la résistance alliée, le but de son mouvement R.P.F. (Rassemblement du Peuple Français). Il critique la politique du moment.

- le 4 Mai : Exclusion des communistes du cabinet de RAMADIER. Ceux-ci qui détiennent le Ministère de la Défense Nationale, mécontents sur les questions sociales et d'INDOCHINE, votent contre le Gouvernement.

- En Octobre : succès du R.P.F, aux élections municipales en obtenant près de 40 % des voix, DE GAULLE demande la dissolution de l'Assemblée et la révision du régime électoral.

- En Décembre : scission de la C.G.T. en deux tendances. JOUHAUX quitte le Syndicat pour fonder F.O. (Force Ouvrière).

1948

 - En Janvier : Le franc est dévalué de 80 %.

- Le 16 Avril : Signature de la convention de coopération économique européenne (O.C.D.E.).

- En Avril : Le Gouvernement désigne huit superpréfets pour renforcer la centralisation administrative.

- Le 23 Septembre : Rétablissement de l'ancien régime électoral du Sénat. Le pouvoir de celui-ci est limité. Il participe à l'élection du Président de la République. Il ne participe pas au pouvoir législatif ; il donne son avis sur les textes votés par l'Assemblée et invite le Gouvernement à prendre certaines décisions.

- En Octobre : Le franc est dévalué de 20 %.

- En Décembre : Mise en route de la première pile atomique française.

1949

- En Juin : La Bourse rétablit le marché à terme qui avait été arrêté en 1940.

- En Juillet : Signature du Traité de l'Atlantique Nord. La France fait partie de son organisme (O.T.A.N.).

- En Août : Ouverture à STRASBOURG du Conseil de l'Europe.

1950

 - Le 3 Février :-Le salaire minimum prend le nom de S.M.I.G.

-En désaccord sur la politique sociale, les ministres socialistes démissionnent.

- Le 30 Mars : Mort de Léon BLUM. Graves incidents à MARSEILLE, provoqués par la grève des dockers.

- Le 23 Juin : Longue crise ministérielle à la suite de la démission de Georges BIDAULT.

- En Décembre : Le Général DE LATTRE DE TASSIGNY est chargé de redresser la situation en INDOCHINE.

1951

 - En Février : Démission du Gouvernement PLEVEN remplacé par le Gouvernement QUEILLE. Le socialiste T. NAEGELEN, nommé en Février 1948 Gouverneur de l'ALGERIE, démissionne.

- Le 17 Juin : Les élections confirment le succès du Centre au détriment des communistes et du mouvement Gaulliste, victimes du scrutin de listes avec apparentement.

- Le 23 Juillet : Mort du Maréchal PETAIN à VILE d'YEU.

- Le 8 Août :-PLEVEN forme le premier cabinet de la nouvelle législature. Les socialistes passent dans l'opposition.

- En Octobre : les élections cantonales marquent un net recul des socialistes et des communistes.

1952

 - En Janvier : un gouvernement Edgar FAURE remplace PLEVEN.

- Le Général SALAN est nommé en INDOCHINE en remplacement du Général DE LATTRE DE TASSIGNY.

- En Mars : mis en minorité, FAURE est remplacé par Antoine PINAY qui propose un plan de stabilisation financière approuvé par l'Assemblée. Celui-ci cumule les fonctions de Président du Conseil et de Ministre des Finances. Il lance un emprunt gagé sur l'or.

- Le 25 Juillet : le traité instituant la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (C.E.C.A.) proposé par Robert SHUMAN, entre en vigueur.

1953

 - En Janvier : René MAYER forme le gouvernement. C'est le quatorzième depuis l'élection de l'Assemblée Nationale, élue le 10 Novembre 1946 et le treizième depuis l'élection de VINCENT_AURIOL.

- En Avril/Mai : Effondrement du R.P.F. aux élections municipales. DE GAULLE rend leur liberté aux parlementaires du R.P.F. et décide d'abandonner le mouvement.

- Le 21 Mai : Démission du gouvernement MAYER. VINCENT_AURIOL convoque successivement RAYNAUD, BIDAULT, MENDES-FRANCE et MARIE. Finalement, Jean LANIEL forme un gouvernement avec une majorité de droite.

- Le 23 Septembre : François MITTERRAND démissionne du gouvernement en désaccord sur la politique marocaine (déposition du Sultan du MAROC le 20 Août).

- Le 23 Décembre : René COTY est élu Président de la République au 13ème tour de scrutin.

 

Avant l'expiration de son septennat, VINCENT_AURIOL avait manifesté, à plusieurs reprises, le désir de ne pas se représenter. Cependant devant les difficultés qu'éprouvait le Congrès à porter sur un nom la majorité des suffrages, le parti socialiste proposa, sans succès, sa candidature. Et c'est le Sénateur indépendant, René COTY, qui devint son successeur à la première magistrature de l'Etat.

 

 

 

LES VOYAGES DU PRESIDENT AURIOL

 

Le Président VINCENT_AURIOL n'effectuera que très peu de voyages hors de FRANCE durant son septennat, citons les principaux :

 

- En Avril 1947, voyage en A.O.F. (Afrique Occidentale Française) allant de DAKAR à CONAKRY en passant par BAMAKO et NIAMEY.

- En Mai et Juin 1949, en ALGERIE.

- Du 7 au 10 Mars 1950, il se rendit à LONDRES où il fut l'hôte du Roi Georges VI.

- Et du 20 Mars au 10 Avril 1951, les ETATS-UNIS et le CANADA le reçurent en visite officielle.

 

Il se vit conférer, en décembre 1954, au cours d'un congrès tenu en AUTRICHE, le titre de Président d'honneur de la Fédération Mondiale des Anciens Combattants et Médaillés de la Résistance.

 

VINCENT_AURIOL met un terme à ses fonctions officielles en se retirant, d'abord à MURET, puis dans sa villa du CAP-BENAT à BORMES-LES-MIMOSAS.

 

 

Durant cinq années, il s'abstient de toute intervention publique dans la vie politique française, même s'il voit la IVème République progressivement s'effondrer.

 

Pourtant, au mois de Mai 1958, lors de la crise ouverte par les évènements d'ALGER, il sortira de sa réserve pour aller défendre devant le groupe parlementaire socialiste, la candidature du Général DE GAULLE à la Présidence du Conseil : la publication qu'il fit alors des lettres qu'il avait échangées avec le Général joua un rôle déterminant dans la position prise par le parti socialiste à l'égard de l'ancien Chef de la France Libre.

 

Il se rendra même à COLOMBEY, comme MOLLET et PINAY, pour demander à DE GAULLE de "rétablir l'unité compromise et d'appeler tous les citoyens au respect de la loi commune". Il prend la plume pour confirmer sa démarche.

 

« ... Cher Général, nous nous sommes naguère heurtés, même blessés, alors que mon devoir constitutionnel m’opposait à votre activité révisionniste. Mais je suis trop persuadé que vous m’avez conservé votre estime, de même que je suis demeuré fidèle à notre amitié, et qu’importent d’ailleurs de tels différends dans le drame qui, aujourd’hui, déchire la patrie… »

 

« … Cher Président, répond le Général … je ne saurai consentir à recevoir le pouvoir d’une autre source que le peuple ou tout au moins de ses représentants… »

 

Peu après, le Général DE GAULLE devait lui offrir dans le Gouvernement qu'il constituait le poste de Vice-président du Conseil, mais VINCENT_AURIOL déclina cette proposition.

 

Au sein du parti socialiste, il empêchera à plusieurs reprises les oppositions de se manifester. Il se montre sensible aux objections, et même si elles provoquèrent parfois de sa part des violences verbales, celles-ci ne durèrent qu'un instant. Il a toujours pensé pouvoir convaincre par ses arguments oraux.

 

Pourtant, il entre en conflit avec Guy MOLLET, Secrétaire Général du Parti Socialiste depuis 1946. Il lui reproche notamment d'y avoir créé une organisation administrative trop stricte. Il finit par donner sa démission le 13 Février 1959, après plus de cinquante années d'activité militante dans ce parti. Michèle AURIOL, sa femme, en fait de même.

 

Membre de droit du Conseil Constitutionnel, en vertu de la Constitution du

4 Octobre 1958, commue ancien Président de la République, il démissionnera le 2 Juillet 1960.

 

De 1960 à 1962, il publie plusieurs articles dans "La Dépêche du Midi", critiquant les initiatives du Chef de l'Etat.

 

En 1965, il approuve la candidature de François MITTERRAND aux élections présidentielles.

 

Son anticléricalisme de militant socialiste s'était assagi. Dans son livre "Hier et Demain", il écrit :

« … Il est une force morale qu’il ne faut point méconnaître, même si l’on est incroyant : c’est la religion. Il ne faut pas la railler, encore moins la persécuter … Les luttes religieuses sont les plus douloureuses des luttes fratricides car on déchire, à la fois, le cœur des hommes et l’unité de la patrie… L’anticléricalisme eut le tort de ses excès mais il peut invoquer l’excuse du cléricalisme. La persécution antireligieuse au nom de la raison est odieuse, mais l’exploitation des sentiments religieux pour une domination politique et sociale ne l’est pas moins… »

 

Le nonce apostolique Monseigneur RONCALLI, devenu le Pape Jean XXIII, se louait de la cordialité des relations qu'il entretenait avec VINCENT_AURIOL, Président de la République. Il voyait en lui, l'homme pacifique et l'artisan infatigable de conciliation et de concorde.

 

« … Tous les esprits droits, ajoutait-il, en s’adressant au Président, ont pu suivre avec une admiration sincère, votre labeur quotidien : donner des conseils de modération, apaiser les différends, adoucir les rudesses, aplanir les difficultés… »

 

 

Ses origines méridionales en faisaient un personnage gai et optimiste, avec cette gaieté permanente ; il était loin de se laisser déprimer par l'infortune.

 

"... Un tempérament de négociateur, de conciliateur entre des thèses opposées, en même temps qu'une profonde connaissance des subtilités parlementaires et des réalités politiques. C'est ce qui caractérise VINCENT_AURIOL, et ce qui lui, permit d'être, au milieu de l’anarchie, parfois créée par les partis, l’élément stable, coordinateur, régulateur. Il mit de l’ordre dans le désordre. Il sut manœuvrer sans inquiéter, user sans froisser, clarifier ce qui était embrouillé, calmer les appétits en les mettant aux prises avec les difficultés… »

 

« … C'est un brave homme, d'une joviale rondeur, qui dut incarner une France secouée, déchirée, ébranlée, jusque dans ses fondements, jusque dans ces assises les plus profondes ; une France qui avait de la peine à retrouver son équilibre, sa stabilité et sa sagesse... VINCENT_AURIOL s'en tira le mieux qu'il put, avec son sens aigu des réalités et des responsabilités… »"

 

« ... Au terme de son mandat, VINCENT_AURIOL eut le mérite de transmettre à son successeur une Présidence dont la fonction était intacte et même renforcée, en dépit de ceux qui avaient voulu montrer son inutilité. Si, après les bouleversements et l’agitation révolutionnaire qui marquèrent les débuts du régime qui donna naissance à la IVème République, la Présidence de la République montra son utilité et même sa nécessité, l’histoire en attribuera le Mérite à Monsieur VINCENT_AURIOL...''

 

Avec ces citations de Paul LESOURD, nous conclurons notre septième chapitre.

 

HAUT DE PAGE

 

SON PREMIER VOYAGE PRESIDENTIEL SUR SA TERRE NATALE,A TOULOUSE, Revel, MURET

 

VINCENT_AURIOL avait une grande qualité, la fidélité. Deux mois seulement, jour pour jour, après son élection à la Présidence de la République, il rendait visite en voyage très officiel, à sa terre natale et à tous ses amis Hauts-Garonnais.

 

C'est d'abord la métropole régionale, TOULOUSE, qui l'accueillait, le samedi 15 mars 1947.

 

« … Après une semaine de pluies et de bourrasques, un soleil printanier s’est levé ce matin sur Toulouse. Comme au jour de l’élection présidentielle, le temps s’est brusquement éclairci… »

 

C'est ainsi que commence le récit de cette visite présidentielle, dans le numéro spécial du "Bulletin Municipal de la ville de TOULOUSE" du mois de mars 1947.

 

Nous n'allons que très brièvement résumer ces rencontres d'un Président de

la République, avec tout ce que peut comporter une visite présidentielle dans une ville comme TOULOUSE, de réceptions, d'inaugurations, de discours...etc... Pardonnez-nous ce chauvinisme, nous insisterons davantage sur sa visite à Revel, que nous avons vécue.

 

Journée très chargée qui débute à 8 h.10 du matin avec l'arrivée en gare Matabiau du train spécial présidentiel, dont la locomotive est ornée, à l'avant, d'un faisceau de drapeaux tricolores.

 

Sur le premier quai, devant le dais de velours pourpre qui encadre l'entrée du salon de réception, les personnalités accueillent le Président de la République. Nous n'en citerons que quelques-unes : Messieurs BAYLOT, Préfet de la Haute-Garonne ; André HAURIOU et Pierre PREVOST, Conseillers de la République ; LAGUERRE, Préfet ; BADIOU, Député, Maire de la Ville ; GRESA, AUBAN et BOURGES-MAUNOURY, Députés. Messieurs les Généraux BERGERON, MONTRELEY, ARLABOSSE, BARTHE et ABADIE, Commandant de la Gendarmerie.

 

VINCENT_AURIOL apparaît et descend du wagon présidentiel, d'où il salue, d'un geste très affectueux, les personnalités. Il est suivi de Madame Michèle AURIOL, de son fils Paul accompagné de son épouse Jacqueline.

 

Le Président est entouré de nombreux Ministres : Messieurs Paul RAMADIER, Chef du Gouvernement ; Robert LACOSTE, Ministre de la Production Industrielle ; Edouard DUPREUX, Ministre de l'Intérieur ; André MARIE, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice ; François MITTERRAND, Ministre des Anciens Combattants ; Ambroise CROIZAT, Ministre du Travail ; Jean LETOURNEAU, Ministre du Commerce ; Georges MARRANE Ministre de la Santé et Monsieur DUMAINE, Chef du Protocole.

 

Dans la cour de la gare, une foule nombreuse, massée derrière le service d'Ordre, acclame le Président. La musique de la base aérienne joue la "Marseillaise". Les acclamations redoublent et VINCENT_AURIOL y répond les bras levés, souriant. On le sent vraiment heureux de revoir TOULOUSE.

 

Monsieur BADIOU, Député-maire de TOULOUSE, prend place à ses côtés, dans la longue voiture noire décapotée qui l'attend, et c'est le départ du long cortège de quarante voitures qui, par les rues Bayard, d'Alsace-Lorraine et de Metz, entre deux haies d'une foule dense, conduit le Président de la République, toujours aussi acclamé, jusqu'à la Préfecture.

  

Là, il est accueilli par Monsieur Eugène MONTEL, Président du Conseil Général de la Haute-Garonne, qui prononce un très long discours, dans lequel il rend un vibrant hommage au Président VINCENT_AURIOL. Celui-ci, en réponse à Monsieur MONTEL, invoque tout de suite, plaisamment, l'impossibilité dans laquelle il se trouve, de par sa fonction, de répondre aux revendications du Président du Conseil Général.

 

« ... Elles touchent en effet, dit-il, les domaines propres au Gouvernement auxquels mes attributions ne me permettent pas de prendre part…. »

« … toulousaint d’adoption, je préfère laisser parler mon cœur … » pour remercier les cheminots d’abord, les personnalités, les troupes et le peuple de Toulouse qui lui ont fait jusqu’ici un accueil trouchant, il cite ce vers de la chanson « la Toulousaine » « En te besen moun cor se rébiscolo… » (en te voyant, mon cœur se revigore).

 

Le Président termine son allocution par un appel à la patience et à la discipline dont la France a besoin :

 « … N’ayez qu’une passion, dit-il : la France ; qu’un culte : la République ; qu’un but : le bien public… »

 

Après une importante cérémonie au monument aux Morts, qui pour la constance est surmonté d'une gigantesque inscription, en lettres rouges "PAX", le Président se rend à la Foire de TOULOUSE qu'il va inaugurer. Là, il est accueilli par Monsieur BARLANGUE, Président de la Chambre de Commerce et de la IVème Région économique, et par Messieurs DUREL et LACASSAGNE, Vice-présidents du Conseil d'Administration de la Foire.

 

C'est à pied que le cortège présidentiel se rendra ensuite au Palais de Justice, où Monsieur le Premier Président ESCUDIER, Messieurs PAGES, Procureur Général, GOUT, Président de la Chambre , RABAUTE, Avocat Général , LAFAGETTE, Conseiller à la Cour et tous les magistrats de la Cour et du Parquet accueilleront le Président VINCENT_AURIOL.

 

Monsieur le Premier Président invitant le Président de la République devenu par la Constitution le premier magistrat du pays, à prendre place sur l'estrade sur le trône des rois de France, dans la Grand'Chambre de la Cour d'Appel.

 

Là, plusieurs grands discours seront prononcés en l'honneur du Président, mais aussi pour la Commémoration du Vème centenaire du Parlement de TOULOUSE.

 

A ceux de Monsieur le Premier Président et de Monsieur le bâtonnier, VINCENT_AURIOL répondra à son tour. Il dit notamment :

« … j’ai essayé d’écrire un discours … je n’ai pas pu … j’ai pensé que le mieux était de me laisser aller… » « … il m’est doux, poursuit-il, de me retrouver dans cette Grand-chambre, qui me rappelle mes débuts tremblants… »

 

Vient ensuite la réception à l'Hôtel de Ville du Capitole où un banquet est offert en l'honneur du Président de la République dans la Salle des Illustres.

 

Après l'important discours de Monsieur Raymond BADIOU, Député-Maire de TOULOUSE, qui commençait ainsi : « … Lorsque le Parlement français eut choisi le premier Président de la quatrième République, une vague d’émotion et de fierté passa sur tout le languedoc et spécialement sur le département de la Haute Garonne et la ville de Toulouse… » ; VINCENT_AURIOL prononça là, le premier grand discours depuis le début de son septennat, dont voici quelques extraits :

 

 

 

"... Ma joie est grande de me retrouver dans Toulouse, si noble par son savoir, par son labeur, par son héroisme, si riche d’histoire, d’art et de légende… » « … Au nom de Monsieur le Président du Conseil et de Messieurs les membres du Gouvernement qui m’ont fait l’amitié de m’accompagner quelques heures au milieu de mes concitoyens, je remercie de tout mon cœur ému, les parlementaires de la Haute Garonne, dont le visage m’est si familier, les Conseillers Généraux, dont j’eus l’honneur de présider les travaux, les autorités et les personnalités de la ville et de la région, et cette ardente population toulousaine dont j’ai toujours admiré le loyalisme républicain et le patriotisme… Certes Messieurs, vous avez voulu fêter dans le Président de la République, un fils du Languedoc ; mais à travers ma personne, c’est votre attachement à la République et à la patrie que vous avez voulu manifester… L’amour du pays natal est le germe du patriotisme. En ce jour où je resserre mes liens avec la terre où je suis né, où j’ai grandi, je ressens plus fortement mon souci et ma volonté d’unité française… » "

 

Tous ces discours furent hachés d'applaudissements et d'acclamations, et le banquet se termina par "La Marseillaise", chantée par tous les convives.

 

Un peu plus tard, le Président de la République sera reçu à l'Hôpital PURPAN, par Monsieur DARNAUD, Vice-président de la Commission Administrative des Hospices et par le Professeur CALVET, doyen de la Faculté de Médecine et de Pharmacie.

 

Ensuite, c'est la réception à l'Université par Monsieur le Recteur DOTTIN et cette journée toulousaine du Président de la République se terminera par un grand dîner à la Chambre de Commerce où il prononcera un important discours, avant de se rendre au théâtre du Capitole pour présider la soirée de gala donnée en son honneur et au bénéfice de QUEVEN et VITRY-le-FRANCOIS, villes filleules de la ville de TOULOUSE.

 

Le spectacle se termina par "La Toulousaine", chantée par les chœurs

du théâtre du Capitole et la Société doyenne "La Clémence Isaure" avec le toujours jeune ténor Louis THARAUD.

 

Pour conclure la première journée du premier voyage officiel du Président VINCENT_AURIOL, nous reprendrons une de ses belles citations : »… O moun païs … ! » Ce cri de la Toulousaine retentira toujours dans mon cœur reconnaissant. Veiller sur notre France et sur la République sera, pour moi, la meilleure façon de demeurer fidèle à notre petite patrie… »

 

C'est le dimanche 16 mars, avant de rendre visite à sa patrie d'adoption, la ville de MURET où il terminera son premier voyage officiel, qu'il vient dans notre petite cité, Revel, en grande liesse, accueillera dans l'allégresse et l'affection, l'enfant du pays, VINCENT_AURIOL, devenu le premier des français, le Président de la IVème République.

Bien qu'étant très jeune à cette date là, ma mémoire a encore en présence le déroulement de cette grande journée de fête et surtout de ses longs préparatifs. Avec des témoignages oraux de revélois ayant vécu ces temps-là -et ils sont encore nombreux- avec des documents d'archives, de presse, des photos, nous allons vous conter, comment une petite ville de province a chaleureusement accueilli un de ses enfants, ayant accédé à la magistrature suprême.

 

Après sa brillante élection, au soir du 16 janvier 1947, du haut de notre beffroi, le résultat de ce scrutin national a retenti de façon explosive, par une salve de bombes et la sonnerie de la "grosse cloche" qui, à l'époque, annonçait avec les sinistres, les joies et les peines.

Revel et tous ses habitants étaient très fier et joyeux de ce grand événement, toute la ville a été pavoisée et des réjouissances publiques s'y sont déroulées dans un élan unanime de cordialité et de sympathie.

 

Mais c'est deux mois après l'annonce de l'élection de VINCENT_AURIOL à la Présidence de la République, que notre cité se surpassa pour le recevoir. Rien ne manquait en ce dimanche printanier, ni le soleil, ni le vent d'autan.

 

Dans une ville de Revel somptueusement parée, abondamment pavoisée aux couleurs tricolores, des mâts alignés en bordure des rues portaient oriflammes et drapeaux, avec pavois aux initiales V.A. et supportaient d'immenses guirlandes faites de branches de buis tressées. Ah !... Quel travail de patience avait demandé l'assemblage de tout cela... à nous, petits écoliers !... sous la conduite de nos maîtres et d'autres personnes bénévoles.

 

Une foule enthousiaste, tous les enfants des écoles, la fanfare, une chorale de petits écoliers chantant "La Revéloise" ou "REBEL 0 MOUN PAYS", (chant en patois dédié à la population revéloise dont l'auteur n'est autre que VINCENT_AURIOL, comme nous le savons) les personnalités et Monsieur le Maire, Roger SUDRE, accueillirent à son arrivée à la Patte d'Oie, le Président de la République et son cortège officiel.

Tous ses amis étaient là, se pressant lorsque celui-ci descendant de sa voiture, se rendit dans la foule pour serrer des mains mais aussi pour donner et recevoir des accolades d'une particulière affection. Le Président VINCENT_AURIOL laissa là parler son cœur, percer son émotion et c'est avec une affectueuse familiarité qu'il s'adressa, en les appelant par leurs prénoms, à ses amis d'enfance, dont quelques-uns ne purent retenir leurs larmes.

D'ailleurs il dira lui-même dans ses premières paroles, ce mot en patois :

« … soun estabouzit … ! » (je suis très fortement et très agréablement surpris).

 

Au milieu des bravos et des cris de bienvenue répondant aux souhaits et paroles d'accueil que lui adressait Monsieur le Maire, Vincent AURIOL répondit :

« … le cœur de celui à qui incombent les charges suprêmes de l’état, doit rester ferme. Je m’y suis efforcé hier, en dépit de toutes les marques d’affection dont j’ai été l’objet, en dépit des souvenirs de ma jeunesse qu’évoquait Toulouse, mais aujourd’hui, j’ai eu peine à retenir mes larmes à la vue de mes amis d’enfance… »

 

Le cortège présidentiel prit ensuite le chemin de l'Hôtel de Ville en passant par la Place Centrale où le beffroi, tapissé de grandes banderoles aux couleurs nationales, trônait au-dessus de la vaste toiture de sa halle. Sur chacune des parties médianes des quatre pentes du toit étaient amarrés quatre magnifiques planeurs, descendus et posés là, par le Centre National de Vol à Voile de la Montagne Noire qui marquait ainsi le quinzième anniversaire de sa création.

 

Par l'ancienne rue de Soréze, le cortège, à pied, arriva dans la cour d'honneur de la Mairie sous une chaleureuse ovation de la foule. Là, après la présentation du Conseil Municipal et des personnalités locales au Président de la République, les cérémonies aux deux Monuments aux Morts et les remises de décorations, le Maire de Revel, prononça un discours de bienvenue, dont voici quelques extraits :

 

« … Si dans l’antiquité, aux temps où l’état civil n’était pas très rigoureusement tenu, sept cités grecques ont pu se disputer l’honneur d’avoir vu naître le divin Aède des poèmes homériques, aujourd’hui la ville de Revel possède un privilège qu’aucune des communes de France, pas même Muret sur Garonne ne peut lui contester et dont elle est très fière… Vous y êtes né le 27 août 1884 et un registre, encore plus vénérable depuis le 16 janvier 1947, relate l’événement. Contrairement à la loi, notre secrétaire de mairie, d’une main tremblante d’émotion a encadré d’un rectangle tricolore ces lignes historiques et ajouté une mention – élu premier Président de la  IVème République le 16 janvier 1947- je vous demande Monsieur le Président d’amnistier cet acte illégal, bien que ce pouvoir particulier ne vous soit pas reconnu par la Constitution Républicaine, par votre Constitution… »

« … Il y a quelques minutes à peine, vous avez été accueilli, à l’entrée de la ville par une délégation de vos vieux amis et par les enfants des écoles qui ont chanté votre chanson « Rebel ô moun pais », que vous aviez écrite dans votre jeunesse. Vous voici maintenant dans cette mairie qui était autrefois le collège. Que de souvenirs s’attachent pour vous à ces arbres séculaires, à cette cour, à ce cadre où vous avez été élevé et où vous avez acquis la culture française que nous envient les autres peuples du monde… Dans cette cour, sur cette place, vous allez remettre aux veuves de nos morts en déportation, les insignes décernés à titre posthume à nos chers compatriotes et aussi les décorations à de valeureux résistants qui ont risqué leur vie à chaque jour de l’occupation ennemie… Puis  vous irez dans votre quartier natal des Bourdettes, à cet Hospice Roquefort où ont été adoucies tant de souffrances humaines…Ensuite ce sera le collège où vous vous inclinerez devant la plaque rappelant la mémoire de vos anciens condisciples glorieusement morts pour la France. Et à la fin de ce pèlerinage à travers la  ville, nous nous retrouverons plus nombreux, dans cette salle des Allées où vous avez connu, tout au long de votre longue carrière, les plus beaux succès oratoires… »

 

 

Et donc, après la visite de l'Hospice où le Président de la République remit également des décorations et la réception au collège où il entendit des éloges sur sa jeunesse studieuse et le brillant élève qu'il fut, VINCENT_AURIOL, sa suite officielle, sa famille, ses amis et les personnalités locales, se retrouvèrent autour d'une bonne table, pour cette époque-là.!.. En voici le menu :

 

Hors d'œuvre variés : jambon d'York, saucisson, sardines, salade russe, pâté pur porc, Poisson mayonnaise, vol au vent à la Reine,

Flageolets Maître d'Hôtel, Filet de boeuf rôti, Fromage,

Pâtisserie fine, fruits,

Café, liqueurs, vins : rouge Grand ordinaire, Blanc du Gers, Montbazillac, Mousseux.

 

"L'Orchestre Symphonique" de Revel sous la direction de Louis PUJOL, était également présent, dans cette salle du Music-Ciné, pour agrémenter ce banquet présidentiel, mais surtout pour accompagner à la fin du repas, tous ces enfants du pays, VINCENT_AURIOL en tête, qui entonnèrent en chœur, la chanson en patois "REBEL 0 MOUN PAIS".

Le Président de la République avait auparavant pris la précaution de se "débarrasser" de sa suite parisienne, chef du protocole, gardes du corps et autres en les invitant à aller visiter le Lac de SAINT-FERREOL, où un fort vent d'autan soufflait et où tous ces "galonnés" eurent beaucoup de difficultés à conserver leurs têtes coiffées de la casquette officielle.

C'est ainsi que se termine cette journée solennelle pour la population de Revel, qui a fait à l'un des siens, VINCENT_AURIOL, devenu Chef de l'Etat, un inoubliable accueil, empreint de cette chaleur humaine, comme l'on sait en donner dans notre Lauragais, quand on reçoit un enfant du pays.

En fin d'après-midi, le cortège présidentiel se reforma et prit la route de MURET, patrie d'adoption du Président qui reçut, là encore, un accueil plus que chaleureux.

 

HAUT DE PAGE

 

LES JOURS HEUREUX D'UNE PAISIBLE RETRAITE ET SES NOUVELLES VISITES A SA VILLE NATALE

 

Après ce portrait de VINCENT_AURIOL, trop rapidement brossé, nous terminerons notre récit par les longues années qu'il vécut encore, après avoir ouvert les portes de l'Elysée à son successeur, René COTY, nouveau Président de la République, en janvier 1954.

 

Il avait à ce moment là 70 ans tandis que Michèle, son épouse, en avait 58. Leurs noces d'Or suivront d'ailleurs de quelques années la fin du septennat.

 

Les AURIOL redeviennent de simples citoyens, des gens comme les autres. Ce

sera l'épanouissement pour ce couple qui a réussi sa vie conjugale en même temps que son accession au sommet de l'Etat. Eux qui n'avaient, pour ainsi dire, jamais vu de leur vie que des électeurs, des foules, des personnalités et des Chefs d'Etats, vont enfin pouvoir apprécier les bienfaits d'une liberté retrouvée.

 

C'est à MURET, que le couple présidentiel se retirera d'abord, après avoir quitté la capitale, le palais de l'Elysée, le protocole et tout ce que leur avait imposé ce septennat des plus hautes fonctions de la République.

 

Ce jour du 16 janvier 1954, avant de quitter PARIS, où le Président COTY l'avait accompagné à pied jusqu'à son appartement, quai de Gesvres, en face de l'Hôtel de Ville, VINCENT_AURIOL se reposera seulement quelques heures. Un peu plus tard dans la journée, accompagné de toute sa famille, il prendra l'avion présidentiel (un S.O.P. Bretagne baptisé "France") à Villacoublay et deux heures après il mettra pied à terre sur l'aéroport de TOULOUSE-BLAGNAC. De là, il rejoindra MURET par la route et de Président laissera éclater sa joie aux larmes, en retrouvant ses compatriotes et amis Muretains, ainsi que son chien IGOR, venus l'attendre à l'entrée de sa propriété "La Bordette".

 

Pour sa première journée d'homme libre, le Président AURIOL n'est pas sorti de sa propriété dont il avait formellement interdit l'accès aux journalistes. Il s'est levé à 8 h 30 (alors qu'à l'Elysée il se levait à 6 h) et a aidé Madame AURIOL à mettre de l'ordre dans leur maison. Il n'est sorti que quelques minutes dans le parc pour jeter du pain aux poissons.

 

Les premières années de cette retraite bien méritée, seront consacrées à de nombreux voyages à l'étranger. VINCENT_AURIOL et son épouse visiteront la RUSSIE et seront reçus officiellement à MOSCOU. Ils s'intéresseront plus particulièrement à tous les vestiges de l'histoire. Des basiliques russes, ils passeront par les monuments de Syracuse, les temples de la Grèce Antique, les statues grimaçantes du MEXIQUE, les splendeurs abandonnées par les siècles sur les sables ocres de la PERSE. Mais aussi dans leur propre pays, en FRANCE, ils visiteront les cathédrales de CHARTRES et de STRASBOURG sans oublier les peintures romanes des églises du Roussillon et les châteaux au soleil des Corbières.

 

Et puis c'est dans leur propriété du Var, à BORMES-les-MIMOSAS, au domaine du Cap-Bénat, qu'ils appellent le "Patio" qu'ils vont vivre des jours paisibles. Les promenades au chant des cigales, avec son épouse Michèle, son chien Gronendael sur les talons, les parties de pétanque, la lecture des journaux (souvent quatorze par jour), des éditions précieuses et rares (il lit Horace et Plutarque) seront pour VINCENT_AURIOL les principales occupations.

 

Il avait annoncé à plusieurs reprises qu'il écrirait les mémoires de son septennat. Durant son mandat , il avait accumulé des notes quotidiennes du premier jour de 1947 au dernier jour de 1954.

 

 

Ses dossiers, à l'ordre chronologique apparent, dissimulaient au bout de sept ans d'une activité souvent proche du surmenage un chaos documentaire juxtaposant des pièces de toute nature : des lettres, des télégrammes, des rapports, des doubles de documents, de simples articles de journaux, et surtout beaucoup de notes, des brouillons griffonnés pendant les Conseils des Ministres et que le Président rédigeait ensuite, en y ajoutant parfois des commentaires, des notes prises au vol, parfois sur des feuilles volantes entre deux rendez-vous, au cours d'un voyage, au retour d'une cérémonie...

Mais l'essentiel de son "journal" consistait dans le compte-rendu des principales conversations qui se déroulèrent chaque jour dans le bureau présidentiel. Entretiens d'abord transcrits par lui, puis dictés à sa secrétaire personnelle Mademoiselle Madeleine GINESTI, et qu'elle a été longtemps la seule à connaître.

Au total, une masse indéfinie, énorme et difficilement maîtrisable de documents au sein de laquelle la dactylographie des seules pièces qui appartiennent au "journal"; conversations, Conseils des Ministres et réflexions ne représenteraient pas moins de dix mille feuillets.

« … Je dois avouer ma honte, écrit-il à Jacques KOSCIUSKO, son ancien collaborateur, le 7 janvier 1963, je n’ai presque rien écrit de mon « journal ». L’homme d’action répugne à s’écrire lui-même … Je m’en doutais … A ce train, j’aurai terminé sous l’inspiration de Dieu le Père !... »

 

Après plusieurs essais à propos desquels il faisait toujours part de son insatisfaction, c'est au milieu de ces incertitudes sur ses projets que la mort le surprendra.

Nous savons par la suite que cette masse de documents historiques verra le jour dans une publication monumentale, réalisée en sept gros volumes, avec l'aide du C.N.R.S. et le concours de la F.N.S.P. à PARIS, sous le titre de "Journal du Septennat". Les auteurs Pierre NORA, Armand COLLIN et Jacques OZOUF, en feront un condensé publié sous le titre de "Mon Septennat". (voir notre bibliographie).

Tandis que Michèle AURIOL, son épouse, soigne ses fleurs et s'occupe de la maison, s'écoulent des jours heureux pour ce couple comblé qui, au soir de sa longue vie de combat, se souvient.

Il arrivait à VINCENT_AURIOL, de descendre au Lavandou où, sur la place il assistait en spectateur à une partie acharnée de boules, sous les verts platanes.

 

Mais il n'en oubliera pas pour autant la petite cité du meuble d'art, au pied de la Montagne Noire, Revel où sont ses racines et où reposent tous les siens.

Nous allons retrouver sa présence, étroitement liée au collège de notre ville, devenu aujourd'hui un Lycée qui porte son nom.

 

En voici l'historique.

Dans le numéro du 19 Août 1959, le Journal Officiel annonce que par arrêté du Ministre de l'Intérieur et du Ministre de l'Education Nationale, en date du 12 Août 1959, a été approuvée une délibération du CONSEIL_MUNICIPAL de Revel, tendant à donner le nom de VINCENT_AURIOL au collège.

 

Voici le texte de cette délibération que le CONSEIL_MUNICIPAL avait adoptée au cours de la séance du 7 janvier 1959.

 

 

 

 

"... Monsieur le Maire rappelle au CONSEIL_MUNICIPAL que par une délibération antérieure, la nationalisation du Collège Communal a été demandée et que notre établissement secondaire où l'enseignement classique complet est donné, est susceptible de recevoir l'appellation de Lycée. Il lui paraît opportun de demander au Ministère l'autorisation de donner à ce Collège le nom de l'un de ses meilleurs élèves qui a honoré la République et la France, VINCENT_AURIOL,  homme d'Etat, ancien Président de la République. Vincent AURIOL né à Revel en 1884, d'une famille très modeste, a fait toutes ses études classiques au Collège et en a été un des plus brillants élèves dans toutes les classes. Son exemple prouve qu'en République on peut s'élever de la base au sommet par ses facultés personnelles et il peut inciter les élèves actuels à mieux travailler encore. Donner le nom du plus illustre des citoyens de Revel au Collège de sa ville natale, serait donc à la fois honorifique pour le Président et utile pour la jeunesse de nos écoles. Le CONSEIL_MUNICIPAL ayant entendu l'exposé de Monsieur le Maire : considérant qu'en effet le Président VINCENT_AURIOL, ancien élève du Collège Communal, a bien mérité de voir son nom sur le fronton de l'établissement ; considérant que cette dénomination de "Collège VINCENT_AURIOL" rappellera aux élèves que la République permet à tous les enfants de France de s'élever selon leur capacité dans l'échelle sociale, jusqu'au plus haut degré... etc...".

 

Quelques mois plus tard, ce même Journal Officiel, dans le numéro 254 du 1er Novembre 1959, publiait un décret du 26 Octobre portant :"Le Collège Municipal classique et moderne mixte de Revel est transformé en Collège National".

 

Huit mois après, le 28 Juin 1960, la presse titrait dans ses colonnes "Le Président VINCENT_AURIOL, assiste à Revel au baptême du Collège National VINCENT_AURIOL".

 

Ce baptême donna lieu ce jour-là, à une cérémonie officielle qui fut surtout une nouvelle "étape de cœur" pour le Président qui venait refaire un pèlerinage aux sources.

Dans son discours d'accueil, Monsieur le Maire de Revel, fit en premier lieu l'historique de la nouvelle appellation du Collège Communal, devenu National en rappelant la délibération précédemment citée et les démarches de la municipalité revéloise qu'il dirigeait.

 

Voici quelques autres extraits de son allocution :

 

«  … Et c’est pour marquer notre satisfaction, notre joie, que vous nous voyez ici réunis, Monsieur le Président, devant ce collège qui porte désormais votre nom… Oui, Monsieur le Président, nous nous souvenons de ce beau jour de mars 1947, où la population de votre ville vous a chaleureusement accueilli après votre élection à la Présidence de la République… Mais, Monsieur le Président, cet aspect de la manifestation de ce jour n’est pas le plus important pour nous. Ce qui importe, c’est que vous sentiez, Madame Auriol et vous même, l’affection de ceux qui vous entourent à l’évocation de vos jeunes années dans votre pays natal et de vos études secondaires dans ce collège Communal de Revel, qui ne se trouvait pas à l’emplacement actuel, mais là où se trouve notre Mairie… Tout le monde connaît la très belle page d’Anatole France , dans le « livre de mon ami » où l’écrivain évoque : «… Le petit bonhomme qu’il était, quand il allait au collège en sautillant comme un moineau » à travers le jardin de Luxembourg. L’élève qui allait tous les jours, du quartier des Bourdettes à l’ancien collège, Monsieur le Président, vous le voyez en ce moment par la pensée et vous voyez aussi vos parents, vos camarades, votre petite ville de Revel, le site charmant de Saint-Ferréol les pins de Lasprades que vous avez poétiquement chantés, le déroulement des  saisons, notre vent d’autan, lui aussi  si poétique… C’est dans ce cadre familier sous la direction amicale de ces vieux professeurs dont votre esprit se plait à ranimer en ce moment le souvenir que s’est faite votre formation intellectuelle, les étude secondaires, la culture classique, les humanités, et, s’ajoutant à tout cela, l’enthousiasme pour la doctrine du socialisme humanitaire que développait alors devant les foules, notre voisin Jean Jaurès. C’est dans ce creuset universitaire que vous avez puisé le sens de ce que vous aviez à faire, et que vous avez fait, en dépit des préjugés, de la mauvaise foi des adversaires… »

« … L ‘essentiel n’est pas, disait Jaurès, qu’à travers les innombrables accidents de la vie et les agitations de l’histoire , nous soyons épargnés par la faveur des hommes ou par la grâce des choses ; l’essentiel est que nous agissions selon notre idéal, que nous nous donnions notre force d’un jour à ce que nous croyons à la justice et que nous fassions œuvre d’homme en attendant d’être couchés à jamais dans le silence et dans la nuit… » Voilà à notre avis, la haute leçon morale que nous voulons dégager pour nos jeunes élèves qui font leurs études dans ce collège qui porte votre nom, Monsieur le Président… ». 

 

Cette cérémonie du baptême du Collège de Revel, en présence du Président VINCENT_AURIOL, avait été précédée, dans la matinée au cinéma "Le Royal'' par la distribution de prix aux élèves de cet établissement et après le discours de Monsieur le Maire, Monsieur BOUDY, Principal du Collège, prononça une allocution non dépourvue d'humour, un humour très respectueux d'ailleurs et que le Président sembla apprécier.

 

"...Vous venez d'écouter le palmarès de nos élèves. Avec votre permission, Monsieur le Président, je vais vous rappeler le vôtre : - Prix d'Excellence - Prix de Langue Française- premier accessit de version latine - prix de thème latin -prix de version grecque -premier accessit d'histoire et de géographie - premier accessit de mathématiques - premier accessit d'allemand -prix de récitation et de diction -premier accessit de dessin - prix du tableau d'honneur.

Ce palmarès s'est répété chaque année et nous pouvons constater que vous ne dédaigniez aucune discipline. Votre palmarès est celui d'un humaniste qu'aucune forme de culture n'a laissé indifférent".

 

Monsieur le Principal a enfin indiqué au Président l'évolution du Collège depuis un demi-siècle, 435 élèves en 1960, au lieu de 65 en 1896 (aujourd'hui, 1100 élèves: 860 au lycée 1er et 2ème cycle et 240 au lycée d'Enseignement professionnel). Au collège est annexée l'école d'ébénisterie, typiquement revéloise. Il a d'ailleurs été offert à Madame VINCENT_AURIOL un meuble en marqueterie réalisé par les élèves de ce centre d'apprentissage.

 

Dernier orateur, le Président AURIOL prononça une émouvante allocution dont voici les principaux passages :

 

". .. Si l'honneur que les représentants de la Nation me firent le 16 janvier 1947, dans le Palais de Versailles, en me confiant la magistrature suprême de la République est le plus grand auquel un citoyen puisse aspirer, l'honneur le plus émouvant est celui de ma ville natale inscrivant mon nom au fronton de l' établissement où j’ai appris à devenir un homme...'.

 

Ensuite il exprima sa reconnaissance au Maire, son ami Roger SUDRE, à la municipalité de Revel et à tous ceux qui lui avaient réservé cet honneur.

 

Puis il poursuivit par ces mots touchants :

 

"... Les paroles si bienveillantes que vous venez, Monsieur le Maire, Monsieur le Principal, de m'adresser, le don de l'objet d'art et d'artisanat que vous venez d'affrir à ma femme, dont je vous remercie et félicite les auteurs ajoutent à mon émotion ; j'ai contracté une nouvelle dette de gratitude envers cette cité charmante et laborieuse où s'illumina ma jeunesse et où reposent des êtres chers vers qui va ma pensée filiale, et envers cette démocratie française qui, pan l’instruction dispensée à tous permet aux enfants des familles les plus modestes de s’élever vers les plus hauts sommets".

 

Et de terminer son discours par :

 

« ... Aujourd’hui j’ai simplement voulu ouvrir la voie aux nécessaires réparations, équité due à une République provisoirement méconnue. Mais surtout au seuil de ce collège devant lequel je me sens responsable, j’ai voulu répondre moi-même à cette interrogation de ma conscience : « Qu’as tu fait ? »  … Et je réponds à la manière de Tacite : - j’ai maintenu … J’ai maintenu ma dignité d’homme, j’ai maintenu la République et le Liberté, j’ai maintenu la France, et pour sa force la concorde nationale, j’ai maintenu le patriotisme matériel et moral hérité de nos frères, j’ai maintenu la paix… ». L’histoire dira si, confirmant ce jugement de ma conscience, elle approuve ainsi votre décision inscrite sur le fronton et si mon nom est digne d’être retenu. En attendant, je poursuivrai modestement ma tâche d’homme jusqu’au jour, où, avec sérénité, je rejoindrai mes aînés dans la silencieuse et éternelle nuit… »

 

Un vin d'honneur et un banquet, dans une hostellerie de SAINT-FERREOL, suivirent à ces cérémonies officielles, mettant un point final à cette journée qui a marqué dans l'histoire de notre petite cité.

 

Quelques années plus tard, en 1964, au mois d'Avril, le Président VINCENT_AURIOL reviendra à Revel et, dans le cadre du Collège National portant désormais son nom, il participera aux travaux de l'Assemblée Générale de l'Association des Anciens Elèves de cet établissement, dont il était le Président d'Honneur. Cette réunion de travail qui se voulait amicale fut suivie d'un vin d'honneur offert par le Lycée et d'un banquet dans une auberge de notre Montagne Noire, où le Président des Anciens Elèves, Monsieur Francis PUJOL, dans son discours insista sur la gaieté qui régnait à l'occasion de cette journée, où chacun retrouva un peu de sa jeunesse passée et termina son allocution par cette belle phrase :

 

"... Ce que nous faisons aujourd’hui, c’est ce que Saint-Exupéry recommandait à tout homme de faire : s’arrêter, l’espace d’un regard, d’un soupir, d’un sourire … pour regarder dans son adolescence et retrouver ainsi la vérité de la vie… ».

 

Le Président d'Honneur, VINCENT_AURIOL, le plus illustre de tous les anciens élèves, dit ensuite combien il était heureux de se retrouver au milieu de tous ses camarades et avec une grande et touchante simplicité mêla sa joie à celle de tous.

 

Mais ce fut sa dernière visite dans son pays natal. Quelques mois après cette belle journée d'avril 1964, le Président VINCENT_AURIOL, lors d'une chute se fractura le col du fémur et dut subir une pénible intervention chirurgicale. Dans une lettre du 12 novembre adressée à son ami, Président des anciens élèves, il disait ceci :

 

« … C’est à peine si je peux me lever quelques heures, et appuyé sur des béquilles, faire quelques pas. Pour un homme comme moi, qui, malgré ses 80 ans était valide et actif, c’est une épreuve très dure, vous le comprendrez d’autant plus que l’accident et que l’opération ont eu des suites sur l’état général tant au point de vue nerveux qu’au point de vue respiratoire… »

 

L'année suivante, il ne put revenir à Revel assister à la même réunion générale des Anciens Elèves, ce qu'il déplorait dans une nouvelle correspondance :

 

« … Mais vous savez que je ne suis pas remis, bien loin de là, des suites de l’accident dont j’ai été victime. Je ne peux me déplacer, je marche difficilement avec des béquilles. Il m’est impossible d’assister à cette assemblée où j’aurais eu tant de joie d’être à côté de vous et de tous mes camarades… ».

 

 

Après ce premier accident dont il disait lui-même qu'il avait réussi à se faire "rafistoler", une seconde chute et une seconde fracture l'affaibliront encore plus gravement.

 

Et pour comble de malheur, le premier août 1965 un incendie fait rage

sur la Côte d'Azur. Le feu entoure la maison du Cap Bénat qu'il faut évacuer en toute hâte. En pleine nuit, le vieux Président devra s'enfuir en bateau et passer quatre heures en mer. Il contractera une bronchite qui contribuera à l'affaiblir davantage ; il ne se rétablira pas.

 

Transporté à PARIS, pour être confié aux soins d'un éminent professeur, ce sera son dernier voyage.

 

"En toute lucidité, gardant jusqu'au bout tout son sourire et le clair regard de l'optimisme, il se laisse glisser vers le néant...".

 

C'est entouré de tous les siens qu'il rend le dernier soupir, le premier jour de 1966.

 

Sa dépouille mortelle sera ramenée en terre garonnaise où elle sera inhumée à MURET. Ses obsèques, en présence d'une foule très nombreuse, de personnalités, d'amis politiques et de compatriotes, furent empreintes d'une simplicité et d'une austérité rigoureuse. Cette émouvante cérémonie célébrée dans le petit cimetière, cet ultime hommage rendu au Président VINCENT_AURIOL, le furent sans fleurs ni discours, selon ses ultimes volontés. Il reposera désormais sous une simple dalle de granit.

 

« … Une page de l’histoire républicaine est tournée… »

C'est ce qu'affirmait à quelques amis, François MITTERRAND venu spécialement d'HOSSEGOR pour accompagner le Président AURIOL jusqu'au bord de sa tombe.

 

« … Avec lui disparaît toute une époque de la vie politique française où les vertus démocratiques et républicaines avaient un sens jusqu’aux sommets… ».

 

Madame Michèle AURIOL, épouse du Président, première dame de France de 1947 à 1954, décédera en janvier 1979 à l'âge de 83 ans ; elle sera inhumée également dans la plus stricte intimité et reposera à côté de son mari dans ce petit cimetière de MURET.

 

C'est sur cette note emplie de tristesse que nous terminerons notre récit sur la vie de cet enfant de Revel, VINCENT_AURIOL, fils d'un modeste boulanger, qui, après une longue et brillante carrière politique empreinte d'humanisme et entièrement vouée au socialisme, a gravi un à un les échelons jusqu'au sommet de la République.

 

HAUT DE PAGE

 

BIBLIOGRAPHIE

 

SOURCES DE DOCUMENTS, ECRITS SUR VINCENT_AURIOL ET LA VIème REPUBLIQUE

 

LIVRES ET OUVRAGES

 

- Journal du Septennat - 1947-1954 - (7 volumes) par Pierre NORA et Armand COLLIN (pour le tome I) Jacques OZOUF - Lauren THEIS -Dominique BOCHE (pour le tome VI)

Editions publiées avec l'aide du C.N.R.S. et la F.N.S.P. en 1970.

 

- « Mon Septennat - 1947-1954 » par VINCENT_AURIOL -

de Pierre NORA et Jacques OZOUF - chez GALLIMARD - 1970.

 

- Histoire des Présidents de la République­ de Adrien DANSETTE - chez PLON - 1981.

 

- QUID des Présidents de la République -

de Dominique FREMY - chez Robert LAFFON - 1961.

 

- Les Présidents - République Française -

de Georges et Janine HEMERET - chez PROFIDU - 1981.

 

- La Quatrième République -"Hommes et Pouvoirs"­ de Pierre MIQUEL - chez BORDAS - 1982.

 

- La Vie Politique sous la Quatrième République -

de Philips WILLIAMS - chez Armand COLIN - 1971.

 

- La Quatrième République

de Jacques JULLIARD - chez CALMAN-LEVY - 1968. Collection PLURIEL.

 

- La France de la-.Quatrième République

. N°1 : l'Ardeur et la Nécessité.

. N°2 : l'Expansion et l'Impuissance de Jean Pierre RIOUX - Editions du Seuil - 1980.

 

- "Naissance et Mort" ...La Quatrième République.

de Jacques JULLIARD - chez CALMAN-LEVY - 1976.

 

- VINCENT_AURIOL et les Finances Publiques du Front Populaire

de Jean-Pierre CUVILLIER - publications de l'Université de Toulouse-Mirail - 1978.

 

- Jean JAURES - présenté par VINCENT_AURIOL. Presses Universitaires de France - 1962.

 

- Dix années d'Administration socialiste - 1925-1935 - Commune de MURET - par VINCENT_AURIOL - Maire - Société méridionale d'Impression - Toulouse.

 

- Les Présidents de la République Française dans l'Histoire de France.
de Paul LESOURD - Editions Internationales - Paris, 1960.

 

- Histoire de Revel en Lauragais -

de Gustave DOUMERC - Ateliers Professionnels de l'O.S.J. à ALBI, 1976.

 

 

REVUES ET DOCUMENTS

 

- Du Languedoc à Midi-Pyrénées - Evolution de la Vie Régionale aux XIXème et XXème siècles.

Archives Départementales de la Haute-Garonne Service Educatif - 1979.

 

- LIBERTE - EGALITE - FRATERNITE -(livre de 150 pages avec photos) Voyage Officiel de VINCENT_AURIOL aux Etats-Unis d'Amérique et au Canada - 1951.

 

- Bulletin Municipal de Toulouse - Mars 1947 - "Le Président de la République à Toulouse"

 

- Paris-Match - Divers numéros et en particulier : N°875 du 15 janvier 1966 N°250 du 9 janvier 1954.

 

JOURNAUX :

 

-  "La Dépêche du Midi"

- "La République du Sud -Ouest"

- (Divers "Le Midi Socialiste" articles)

- "L'Espoir"

 

- Mémoire de Maitrise par Jean François COLLONGUES Université de Toulouse le Mirail 1979.

"La section Française de l'Internationale Ouvrière dans la Haute-Garonne" 1920 1930.

- "La Quatrième République" N°5 - 309 - Novembre 1970.

- La Documentation Photographique réalisée par la Documentation Française et l'Institut pédagogique National - PARIS

 

PERIODIQUES :

 

 - FRANCE - "L'Illustration" "Le Crapouillot" "Nuit et Jour" (Divers numéros et articles)

 

SYNTHESE DE L’EXPOSITION A Revel SUR VINCENT_AURIOL

– LES REMERCIEMENTS ET CODES EMPLOYES

 

NOTRE RECONNAISSANCE A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, REPRESENTE PAR MONSIEUR LE MINISTRE D'ETAT,

UN GRAND MERCI A :

 

- MESSIEURS LES MAIRES ET LEURS CONSEILS MUNICIPAUX DES VILLES DE Revel ET DE MURET, AINSI QUE LEURS SERVICES DOCU­MENTATION ET ARCHIVES

- MONSIEUR LE PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA HAUTE-GARONNE ET LES CONSEILLERS DE CETTE ASSEMBLÉE DÉPARTEMENTALE

-MESSIEURS LES DÉPUTÉS DE LA TROISIÈME ET CINQUIÈME CIRCONSCRIPTION DE NOTRE DÉPARTEMENT

- AU MINISTÈRE DES P.T.T. MONSIEUR LE MINISTRE, LA DIRECTION DE LA PRODUCTION, LE CHEF DU BUREAU DES EMISSIONS ET SES COLLABORATEURS

- LA DIRECTION DE L'ORGANISATION POSTALE À TOULOUSE

- MONSIEUR LE RECEVEUR DES P.T.T, À Revel

- LE PRÉSIDENT, LE CONSEIL D'ADMINISTRATION ET LE SERVICE DES ARCHIVES DE LA FONDATION NATIONALE DES SCIENCES POLI­TIQUES À PARIS

- LA DIRECTION, LES SERVICES DOCUMENTATION ET PHOTOTHÈQUE DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES

- MESSIEURS ET MESDAMES LES DOCUMENTALISTES DE LA BIBLIOTHÈQUE ET DES ARCHIVES MUNICIPALES DE LA VILLE DE TOULOUSE

- LE CHEF DE SERVICE ET LE PERSONNEL DE L'ATELIER MUNICIPAL DE PHOTOGRAPHIE

- MADAME LA DIRECTRICE ET LE PERSONNEL DE LA BIBLIOTHÈQUE CENTRALE DE PRÊT

- LES SERVICES DU CENTRE RÉGIONAL DE DOCUMENTATION PÉDAGOGIQUE

- LE PRÉSIDENT ET LE SERVICE DOCUMENTATION / REVENTE DE PARIS-MATCH

- LE PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL DE PHOTO - REPORTS - SERVICES À

PARIS

- LA DIRECTION DE LA LIBRAIRIE GALLIMARD

- LE SERVICE DOCUMENTATION / MODÈLES DE S.T. DUPONT, ORFÈVRES À PARIS

- LA DIRECTION ET LE PERSONNEL DE LA CARTERIE OCCITANE ET DE L'IMPRIMERIE FOURNIER À TOULOUSE

- LA DEPECHE DU MIDI ET SES SERVICES DOCUMENTATION, ARCHIVES ET PHOTOTHÈQUE

- LES STUDIOS PHOTOGRAPHIQUES : HARCOURT À PARIS

- JEAN DIEUZAIDE À TOULOUSE

- JACQUELINE ROUANET À Revel

- LES AGENCES DE PRESSES ET PHOTOGRAPHES AUTEURS DES PHOTOS EXPOSÉES, POUR LEURS AUTORISATION DE REPRODUCTION

- LES PRÉSIDENTS ET LES MEMBRES DES AMICALES PHILATHÉLIQUES DE CASTRES, MURET ET Revel

- MADAME LA DIRECTRICE DU LYCÉE "VINCENT_AURIOL" À Revel

- LE PRÉSIDENT ET LES MEMBRES DU SYNDICAT D'INITIATIVE DE Revel - ST FERREOL -

 

OUI, UN TRÈS GRAND MERCI A TOUTES LES NOMBREUSES PERSONNES PRIVEES, QUI SOUHAITENT GARDER L'ANONYMAT POUR LA PLUPART D'ENTRE-ELLES, DE M'AVOIR CONFIE DE PRÉCIEUX DOCUMENTS ET DES TEMOIGNAGES TOUCHANT A LA VIE DE VINCENT_AURIOL,

 

POUR LEUR PARTICIPATION A CES MANIFESTATIONS DU CENTENAIRE DE VINCENT_AURIOL, AVEC LEUR MAGNIFIQUE EXPOSITION "HIER EN LAURAGAIS", NOS REMERCIEMENTS IRONT EGALEMENT VERS LES REPRESENTANTS DE :

 

- L'ART POPULAIRE OCCITAN

- L'INSTITUT DES ETUDES OCCITANES

- LE GROUPE FÉLIBRÉEN "LA COCAGNE"

- LE SYNDICAT DES ARTISANS DU MEUBLE D'ART DE Revel

 

 

F.N.S.P - FONDATION NATIONALE DES SCIENCES POLITIQUES

A.D.H.G - ARCHIVES DEPARTEMENTALES DE LA HAUTE-GARONNE

C.R.D.P - CENTRE REGIONAL DE DOCUMENTATION PEDAGOGIOUE

A.M.P     - ATELIER MUNICIPAL DE PHOTOGRAPHIE

REPRO    - REPRODUCTION PHOTOGRAPHIQUE

DOC.       - DOCUMENT (PROVENANCE)

YAN.       - JEAN DIEUZAIDE

P.M.        - PARIS MATCH

J.R.         - JACQUELINE ROUANET

J.B.         - JACQUES BATIGNE

D.R.         - DROITS RESERVES

 

- DEMANDEZ : NOTRE PLAQUETTE HISTORIQUE

                         NOTRE CARTE POSTALE SOUVENIR

 

- EN VENTE AU BUREAU DU SYNDICAT D'INITIATIVE -

•              PLAQUETTE : 10 F

•              CARTE POSTALE : 3 F

 

 

ACCUEIL

WebAnalytics