Société d'Histoire de Revel Saint-Ferréol                          -                                 CAHIER D'HISTOIRE DE REVEL N° 21    pages 24-28

 

Le transport du sel, source principale de la richesse de Pierre Pol Riquet.

 

Gérard Crevon

 

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RETOUR CAHIER DE L'HISTOIRE N° 21

C’est à Mirepoix en 1634 que l’on trouve la première trace historique de Riquet. Cette ville est alors le chef-lieu d’un diocèse de la province de Languedoc, et le siège d’un grenier à sel où Pierre-Pol officie en qualité de grenetier (1).

À cette époque le commerce du sel est un monopole royal dont l’exercice est pour la plus grande part sous-traité à des fermiers. Si l’État garde le contrôle des greniers à sel où se pratique la vente en gros, il confie par contre leur approvisionnement et leur gestion financière à un fermier (2) des gabelles qui a en outre à charge la vente au détail.

Dans les établissements royaux, le sel est vendu à partir du quart de minot (3), sous l'autorité d'officiers royaux, les grenetiers et les contrôleurs. Dans le Haut-Languedoc (4), il y a des greniers à Toulouse, Carcassonne, Limoux, Mirepoix, Castres, et Albi. Chaque grenier a des succursales, les chambres à sel, dans toutes les villes importantes de son ressort. Néanmoins, dans tous ces établissements c’est un commis du fermier qui « fait la recette », qui encaisse le produit de la vente. Le débit au détail est confié à des marchands agréés, les regrattiers, qui sont recrutés par le fermier. Ils s'approvisionnent au grenier royal duquel ils relèvent et pratiquent la vente à la petite mesure dans des boutiques et sur les marchés.
Les gabelles d'une province sont affermées pour une durée limitée (entre 5 et 10 ans). Contre une somme forfaitaire, qu'il verse au Roi chaque trimestre, le fermier perçoit les produits de la vente du sel dans tout le ressort de la ferme dont il est titulaire.

La production du sel est assurée par des entreprises privées qui exploitent des salins. En Languedoc, les marais-salants les plus importants sont ceux de Peccaïs près d’Aigues-Mortes. Mais il y en a aussi à Narbonne (Mandirac), Sigean et Peyriac-de-mer, dont les propriétaires se sont associés dans une compagnie qui a fait construire d'importants entrepôts à Narbonne.

Ce sel, le fermier des gabelles l'achète tout d'abord à un producteur puis il le fait acheminer sur les différents points de vente en gros : les greniers royaux et les chambres à sel.

L'organisation de la voiture du sel (c’est-à-dire son transport), depuis les entrepôts de la côte méditerranéenne jusqu'aux greniers et aux chambres à sel, est une activité stratégique. Pour le bon rendement de la ferme, il ne faut à aucun prix que les greniers tombent en rupture de stock.
Cependant, la nécessité de combattre la fraude conduit à contrôler étroitement les voituriers, les transporteurs. Seuls ceux qui sont accrédités par le fermier peuvent prendre du sel à l’entrepôt. Un contrat (5) de 1640 concerne l’approvisionnement du grenier à sel de Carcassonne. Il stipule que le voiturier, ne pourra « prendre et charger de sel qu’au grenier et boutique de vente de Narbonne », où le fermier des gabelles lui aura ouvert un crédit et où il devra présenter les certificats mentionnant les quantités de sel à enlever.

Le contrat précise que le sel devra être mis « dans de bons sacs neufs, cousus de bonnes coutures, l'une en dedans, l'autre en dehors, et bien bordés à la gorge, garnis de bonnes ficelles pour les tenir bien serrés et liés, de sorte qu'il ne puisse ni sortir ni se répandre ; ces sacs seront plombés et cachetés, et marqués aux armes du sieur fermier. Le transport à Carcassonne se fera d'une seule traite, sans arrêt, ni interversion aucune des chevaux, ni entrepôt quelconque jusqu'à l’arrivée des charrettes ou des bêtes à dos à Carcassonne où le déchargement des sacs se fera dans la chambre à sel, dans la même forme que le transporteur les aura reçus au grenier de Narbonne, sans qu’ils aient subis aucun vice ni altération. » 
Le transporteur aura à payer « les frais de chargement, de la sacherie, ficelle, cordages, emballages, droits de leude (6), subsides, impositions et tous autres droits et charges pesant sur le sel sur le chemin du voyage. »

Les Archives du Canal du Midi (V.N.F.) conservent une collection quasiment complète de lettres de voiture (7) relatives au transport du sel de Narbonne à Revel de juin 1667 à avril 1668. Chaque billet correspond à un convoi de plusieurs voituriers (8) venant d’un même village, voire de localités voisines et voyageant groupés, chacun conduisant une charrette, parfois deux, chargée de sacs de sel d’un minot. Les billets indiquent le poids brut de chaque sac, car, afin d’éviter la fraude, les sacs étaient pesés avant le départ de l’entrepôt et à la livraison au grenier. Les véhicules sont de taille variable (9), chacun portant de 300 à 750 Kg. Compte-tenu de leur charge relativement faible il doit s’agir de charrettes à 2 roues. Le voyage de Narbonne à Revel prenait de 3 à 6 jours. Il y avait parfois des incidents : au cours de la période on déplore un bris de charrette et la mort d’un bœuf. Dans chaque cas on a déposé la charge de l’attelage défaillant au grenier de Carcassonne.

Dès 1639, alors qu’il est grenetier à Mirepoix, Riquet commence à s’impliquer discrètement dans le transport du sel : il prête à plusieurs reprises de l’argent à deux voituriers de la ville et vend à crédit un cheval à un voiturier de Seignalens, un village proche. Deux ans plus tard c’est très officiellement qu’il met trois chevaux à disposition de ce même voiturier pour qu’il transporte du sel pour son compte.

Dans un grenier à sel c’était un commis du fermier qui faisait la recette (10). C’est ainsi qu’en 1643, Riquet résilie son office de grenetier pour prendre le poste de receveur au grenier à sel de Mirepoix. Il quitte donc l’administration royale pour se mettre au service du fermier des gabelles de Languedoc. À cette occasion, ce dernier le charge très officiellement d’approvisionnercet établissement (11). Dans les faits Riquet va assurer cette fonction par le biais de la sous-traitance. Pour cela il constitue progressivement autour de lui un réseau de petits artisans voituriers auxquels il commande les transports qu’il doit réaliser mais qu’il aide au besoin à s’équiper ainsi que nous l’avons vu plus haut.

En janvier 1646, son supérieur direct, Pierre Cesson, sous-fermier des gabelles de Mirepoix et de Castres, le charge d’encadrer les regrattiers. Cette responsabilité supplémentaire l’amène à déléguer son beau-frère, Jean Milhau, alors contrôleur des tailles au diocèse d'Agde, pour le représenter auprès de l’entrepôt des sels de Narbonne.

Par le traité du 22 décembre 1646, la ferme générale des gabelles du Languedoc est adjugée au financier lyonnais Jacques Jannon (12), pour une durée de sept ans et demi à compter du 1er janvier 1647,et pour un montant annuel de 1.730.000 £ (13). Lequel Jannon sous-afferme à Riquet les greniers à sel de Mirepoix et de Castres.

C’est donc à ce moment-là que ce dernier entre, en qualité d’associé et non plus comme simple commis, à la ferme des gabelles de Languedoc. En effet pour obtenir un poste de sous-fermier, le postulant doit être en mesure de participer au financement de la ferme. Ce capital indispensable, Riquet l’a sans nul doute constitué grâce à son activité antérieure.

C’est dans ce cadre qu’il vient s'installer au pied de la Montagne Noire, à Revel où il y a une chambre à sel, succursale du grenier de Castres.
Dans ses nouvelles fonctions, il accorde naturellement la plus grande attention à l'approvisionnement de ses établissements. Pendant quatre ans à Mirepoix, il a organisé et dirigé le transport du sel pour son grenier. Il n’a par conséquent aucune difficulté pour étoffer son réseau de voituriers dans la région de Castres. On observe qu’en décembre 1648, il aide un voiturier d’Appelle, un village à 12 km au nord de Revel, à se doter d’un cheval avec tout son harnachement. 
Il faut croire que son efficacité est particulièrement remarquable, car, dès 1649, il obtient du fermier général l’adjudication de l'approvisionnement des grandes villes du Haut-Languedoc et du Bas-Rouergue (14).
De 1649 à 1651, outre Mirepoix et Revel, Riquet fournit du sel aux greniers de Toulouse, Carcassonne, Albi, Villefranche-de-Rouergue et Sauveterre-de-Rouergue, à partir des entrepôts du Narbonnais (15).
Vu l'importance des greniers desservis, et Toulouse, en ce temps-là, était la deuxième ville du royaume, ce fut indubitablement une très grosse affaire, réclamant des moyens matériels importants, un personnel conséquent, et, pour ce qui le concerne plus directement, une organisation très rigoureuse. Les lettres de voiture citées plus haut correspondent au moment où les affaires de gabelle de Riquet sont à leur apogée (16), néanmoins, l’image qu’elles donnent est certainement très proche de ce qu’il met sur pied en 1649. Pour le personnel, j’ai dénombré 392 charretiers. Le pool de transporteurs est donc particulièrement étoffé. Curieusement, les rouliers professionnels sont très minoritaires : une trentaine seulement font le voyage régulièrement. Ils sont quatre fois plus nombreux à l’effectuer occasionnellement (de 2 à 4 fois). Mais la grande majorité ne prête son concours qu’une seule fois : il s’agit probablement de paysans allant vendre le surplus de leur production annuelle en Bas-Languedoc et rentabilisant de cette façon le trajet de retour. Tous ces gens habitent dans un large voisinage de Revel (17). Sur les billets de voiture est aussi indiqué le salin d’où provenait le sel transporté : Peyriac, Sigean ou Peccaïs (18), ainsi que sa destination finale en Bas-Rouergue dans ce dernier cas. Au total, sur la période concernée (1667-68), il y a eu 142 convois qui ont transféré 914 charretées, et ce sont 427 tonnes de sel de Peyriac et 231 tonnes de sel de Peccaïs qui ont ainsi transité par Revel.

carte-transport-sel

carte-voiturier

extrait-livre

Au milieu du XVIIIe siècle la chambre à sel de Revel était dirigée par un certain Ramond.
Collection privée – comptes de Marc Bermond Lacombe, marchand-drapier de Revel au 18e siècle.

livre

"....

N° 2     A Nar[bon]ne ce 28e Juin 1667 / po[ur] Rebel, sel de Peyriac

Pierre Bastoul de Rebel  11 M[in]ots    1783 £
Jean Cabanel du d[it] 11  1939 £
Jean Térissée du d[it] 11  1828 £
Jean Bouyé du d[it] 11  1862 £
Guilhau[me] Daïdé du d[it] 10  1665 £
Pierre Sallas du d[it] 11  1851 £
Guilhau[me] Marty de Vaudrullie 11  1738 £
Le d[it] 11  1719 £
Estève Berthou[mieu] du d[it] 11  1750 £
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  98 M[in]ots 16 135 £
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Transcription adaptée en Français actuel : G. Crevon, mars 2016)

Cote A.C.M. / 950 - 7

Cette ville était alors la plaque tournante de la distribution du sel dans la partie du Haut-Languedoc située au nord de la ville et dans le Bas-Rouergue.
En obtenant ce marché, Riquet changeait d’échelle ! Il élargissait notablement le périmètre de ses affaires. Aussi, au début de 1650, il recrute son beau-frère, Jean Milhau, pour assurer la recette du grenier à sel de Castres. Et pour remplacer ce dernier auprès des saliniers de Narbonne, il engage un bourgeois de la ville, Dominique Gillade.
Un acte de 1652, dans lequel Riquet se déclare « entrepreneur du fournissement des sels de la province de Haut-Languedoc », montre qu’il a poursuivi cette activité au-delà de 1651. Il la conservera en fait jusqu’en 1673 (19).

Dans le cadre de ces opérations, il aura parfois à résoudre des problèmes critiques. En octobre 1652, une épidémie de peste ravageait Narbonne (20), interdisant l'accès aux entrepôts. Pour qu'il n'y ait pas de rupture dans l'approvisionnement de ses greniers, Riquet passe en urgence un contrat à des paysans de la périphérie de Toulouse pour faire convoyer du sel à Revel, directement depuis le salin de Mandirac, au bord de l'étang de Bages.

Cependant, outre les affaires de gabelle, il se mêle aussi d'agriculture. Pour écouler des céréales produites localement, il fait appel aux voituriers qui au retour transporteront son sel. En 1650 il charge quatre voituriers de Villespy (21), un village des environs de Castelnaudary, d’acheminer à Carcassonne onze setiers et trois quartières (22) de blé. Il réitère l’année suivante pour seize setiers et deux quartières qui sont confiés cette fois à trois voituriers de Saissac (23), une petite ville de la Montagne Noire, à mi-chemin entre Revel et Carcassonne.
Bien dirigé, le transport du sel à grande échelle a dû être particulièrement rémunérateur. On constate en effet qu’à partir de 1652 Riquet mène grand train. Cette année-là il prête de grosses sommes à la municipalité de Revel et achète la seigneurie de Bonrepos. En 1656 il y débute la construction d’un magnifique château,et en 1657 il achètera une maison à Toulouse.

Dans une lettre qu’il écrivit à Colbert le 9 août 1665, l’intendant de Languedoc Claude Bazin de Bezons évoquait le sieur Riquet qui a gagné tout son bien à faire voiturer du sel par le ménage des bœufs (24).
C’est donc bien par le commerce du sel que Riquet a construit sa fortune, et c’est de son transport qu’il a tiré les plus gros bénéfices.

Au-delà de cet aspect purement pécuniaire, l’activité intense de Riquet dans ce domaine a probablement eu une autre conséquence. Du fait d’un coût très largement inférieur, le sel était transporté, partout où c’était possible, par bateau. C’était le cas, notamment, pour l’acheminement des sels depuis les salins où ils étaient produits, à Mandirac, Peyriac et Sigean, jusqu’aux entrepôts de Narbonne, à travers l’étang de Bages et le canal de la Robine. C’était aussi celui du sel de Peccaïs, qui, par les canaux de Bourgidou et de Radelle, était distribué dans une grande partie du Bas-Languedoc. Par le canal de Sylvéréal, le Petit-Rhône puis le Rhône proprement dit, il était aussi transporté aux entrepôts de Beaucaire et dans tout le couloir rhodanien. On peut donc penser que la forte implication de Riquet dans le charroi l’ait conduit à s’intéresser au transport fluvial, puis, plus particulièrement, aux voies et moyens de doter le Languedoc occidental d’un canal de navigation.

En gérant ses affaires avec rigueur et dynamisme, s’appuyant à chaque étape de sa carrière sur un capital qu’il accumule patiemment, Riquet gravit petit à petit les échelons de sa profession. Entré à 25 ans dans l’administration royale des gabelles par l’achat d’un office de grenetier, l’ayant quitté à 34 pour rejoindre la ferme des gabelles, il pénètre à 38 le cercle étroit de la finance en remportant la sous-ferme des greniers à sel de Mirepoix et de Castres. En janvier 1660, à 51 ans, à la faveur du bail de Pierre Gautier, il devient sous-fermier des gabelles de la moitié occidentale du Languedoc, ce qui lui fournit l’occasion de nouer des relations avec l’entourage direct du puissant surintendant des finances (25). L’année suivante, l’évêque d’Agde, Louis Fouquet, frère de Nicolas, l’institue son procureur pour gérer les revenus de l’abbaye de Sorèze dont il est aussi l’abbé (26). Le savoir-faire de l’homme de gabelle est apprécié en haut lieu.

Le 9 mars 1661 Mazarin rend le dernier soupir et Louis XIV décide de gouverner par lui-même. Rapidement, il fait de Colbert son contrôleur général des finances. Le 5 septembre suivant, Nicolas Fouquet est arrêté et les financiers, collectivement suspectés de prévarication, sont traduits devant la Chambre de Justice. Le bail Gautier est dénoncé. Riquet est du nombre des suspects. Malgré tout, il n’est que peu affecté par cette péripétie (27). En novembre il devient fermier général des gabelles du Languedoc (28) dans le cadre du nouveau bail adjugé à Nicolas Langlois. Il semble même qu’on lui confie une mission pour mettre en place la gabelle dans le Roussillon récemment rattaché à la France. Sur la fin de l’année suivante il écrira à Colbert pour lui proposer son projet de canal. Sa situation est maintenant suffisamment « assise » pour qu’on lui accorde un minimum d’attention.

Gérard Crevon – mars 2016


 

NOTES

1 -. Le grenetier était l’un des trois officiers royaux gérant le grenier à sel, les deux autres étant le contrôleur et le receveur. Il avait à charge la gestion matérielle de l’établissement, ainsi qu’une fonction judiciaire dans la répression de la fraude à la gabelle.

2 -. En fait, la plupart du temps, l’adjudicataire officiel de la ferme n’était que le prête-nom d’une association de financiers, « les intéressés », qui étaient ses cautions. Á la signature du bail, il était tenu de les déclarer et le Roi pouvait éventuellement les récuser.

3 -. L’unité de base de mesure du sel est le minot qui vaut 50,8 litres. Il est réputé peser 100 livres (48,9 Kg), mais tassé normalement il pèse 63 Kg (bien que pour le transporter il semble qu’on le tasse davantage).

4 -. Le Haut-Languedoc, ou Généralité (circonscription fiscale) de Toulouse, comprenait les diocèses civils de Toulouse, Lavaur, Albi, Castres, St-Papoul, Mirepoix, Carcassonne, Alet, Limoux (49 paroisses du diocèse religieux de Narbonne), Bas-Montauban (41 paroisses du diocèse religieux de Montauban), Rieux (60 paroisses), Petit-Comminges (11 paroisses).

5 -. A.D.11 : 3E.1800, f°292v. Notaire Barsalou à Carcassonne.

6 -. Droit de leude : impôt sur les marchandises circulant entre deux circonscriptions territoriales, établi par des seigneurs sur la juridiction qui leur était reconnue.

7 -. A.C.M., liasse 950. Les lettres de voiture étaient délivrées par le responsable de l’entrepôt où le sel était chargé.

8 -. La plupart des convois comptaient de 4 à 8 voitures mais on en trouve aussi bien d’une seule que de 15.

9 -. Dans les 3 convois du 9 avril 1668 on trouve 2 véhicules transportant chacun 7 sacs (544 et 554 kg par charrette), 13 portant 8 sacs (633 kg en moyenne par charrette), et 4 portant 9 sacs (712 kg en moyenne par charrette).

10 -. À l’origine, le receveur d’un grenier à sel était un officier royal. À partir de 1635, semble-t-il en Languedoc, la recette fut directement prise en charge par la ferme des gabelles qui nommait l'un de ses employés pour remplir cette tâche.

11 -. A.D. 09 / 5E 2753 f°172, notaire Dumas à Mirepoix. Dans cet acte Riquet est déclaré receveur et fournisseur à la chambre à sel.

12 -. Françoise Bayard. Les fermes des gabelles en France (1598-1653). En fait il y avait eu un premier bail Jannon en 1645.

13 -. Au cours de l’or, la livre tournois (£) vaudrait autour de 22 Euros, mais son pouvoir d’achat correspond plutôt à 15 € environ.

14 -. Le Bas-Rouergue était inclus dans la ferme des gabelles du Languedoc.

15 -. A.D. 31 / 3E 3912-2  f°62 (10.05.1652) Notaire Fontès à Toulouse. Les entrepôts de chargement étaient situés à Narbonne, Canet d’Aude et Lézignan. Si le premier appartenait à la compagnie des salins, les deux autres devaient être propres à la ferme.

16 -. Riquet est alors fermier général des gabelles de Languedoc et vient de débuter la construction du canal.

17 -. Revel (93 voituriers), Saissac (63), Labécède (46), Verdun (34), Vaudreuille (23), Sorèze (23), Villemagne (19), Les Cammazes (19), Saint-Félix (12), Castelnaudary (11), Puéchoursy (6), Arfons (6), Cadenac (5), La Pomarède (5), Saint-Denis (5), Saint-Amancet (4), Saint-Papoul (4), Sémalens (3), Carlipa (3), Cuq (2), Lempaut (2), Raissac (2), Alzonne (1), Soual (1).

18 -. On constate donc que du sel de Peccaïs était amené (par bateau probablement) aux entrepôts de Narbonne. Les gens du Rouergue étaient fournis depuis plusieurs siècles avec du sel de ces salins et refusaient fermement d’en changer.

19 -. En 1673, des difficultés financières récurrentes liées à la construction du canal contraindront Riquet d’abandonner la ferme des gabelles de Languedoc à André Pouget, Jacquet de Lombrail et François Ricoul.

20 -. A.D. 31 / 3E 19553, f°339 (10.10.1652) Me Guilliem, Revel.

21 -. A.D. 31 / 3E 18617, f°244 à 246 (24 & 29.05.1650) Me Anthony, Revel. Villespy : village situé à l’est de Castelnaudary.

22 -. Un setier valait 152,34 litres (Wikipedia : anciennes unités de mesure), une quartière : un quart de setier. Le premier transport correspond donc à 1,8 m3, et le deuxième à 2,5 m3.

23 -. A.D. 31 / 3E 18618, f°114 & 115 (21.09.1651) Me Anthony, Revel.

24 -. A.C.M. / liasse 33, pièce 44, f° 498v.

25 -. De février à septembre 1660, Paul Pellisson, le secrétaire de Nicolas Fouquet, adressa 11 lettres (A.C.M. -31-1 à 11) à Riquet.

26 -. A.D. 31-3E-463 i f°84v notaire Balaguié à Toulouse, afferme Fouquet, 19.04.1661

27 -. En 1665, la Chambre de Justice prononcera des amendes. Riquet ne sera taxé que de 50 000 £ (contre 8 000 000 £ pour Jeannin ou Jacquier) ce qui traduit d’abord sa position relativement modeste dans la hiérarchie de la finance et ensuite une certaine mansuétude du pouvoir. Les financiers languedociens, conduits par Samuel Daliès de la Tour, Pierre d’Alibert et Pierre-Louis Reich de Pénautier, s’étaient très vite ralliés à Colbert. Cf. Daniel Dessert, 1984 Argent, pouvoir et société au Grand Siècle.

28 -. En réalité co-fermier général en association dans un premier temps avec Maurice et Pierre Dumay, remplacés en 1663 par Jean-Baptiste Hurez. Cf. Dessert, 1984, p. 454.

 

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