AVANT-PROPOS.
Le sud du Tarn a très peu suscité l'intérêt des médiévistes tant son patrimoine architectural semble peu important. Il est vrai que cette région, a traversé de nombreuses crises, en dehors des luttes entre seigneurs locaux on peut citer la croisade des albigeois, la guerre de Cent Ans, les guerres de Religion, sans oublier la Révolution ; crises aux irrémédiables conséquences puisqu'elles ont vu disparaître nombre de nos églises, dont la densité encore aujourd'hui nous laisse prendre conscience de l'ampleur des destructions.
Ces destructions s'accompagnent, malheureusement trop souvent, d'un sérieux manque de fonds d'archives, qui ne remontent guère au-delà du XVIIe siècle. Quelques auteurs ont pu s'intéresser à cette région, niais il faut le reconnaître, certains se sont contentés de reprendre les écrits des uns et des autres, sans souci de vérification des sources. Ils ont ainsi véhiculé des erreurs, notamment celles du XIXe siècle dont les conclusions bien souvent trop rapides et expéditives sont encore, en conséquence, de mise aujourd'hui. Citons cependant les travaux de Victor Allègre1, qui ont permis un renouvellement majeur des idées et des jugements que l'on pouvait porter sur le Tarn. Malgré quelques imperfections, ils restent aujourd'hui les seuls points de références pour la plupart de nos petites églises rurales.
Un inventaire d'églises médiévales sur le sud du Tarn, et encore plus sur un seul canton, peut paraître alors sans grand intérêt. La ténuité des vestiges médiévaux doit-elle pour autant être négligée?, surtout lorsque l'on sait qu'un passé riche en événements l'a aussi été en constructions. Il est vrai que peu d'édifices en l'état peuvent remonter au-delà du XIVe siècle, mais le canton de Dourgne recèle encore de nombreux éléments issus de la grande période de reconstruction gothique, qui s'échelonne entre 1460 et 1530 environ, sous l'impulsion des évêques d'Albi, Louis le d'Amboise et de Lavaur, Jean Vigier.
Le travail que je me propose de réaliser, consistera donc à essayer de bien distinguer les éléments proprement médiévaux des églises du canton, de ceux que les siècles suivants ont pu apporter. Et par la suite, en les analysant, voir s'il est possible de les rendre exploitables afin de pouvoir fournir des éléments de comparaisons à d' éventuels chercheurs. Pour ce faire il aura fallu confronter les données d'archives2, fournissant d'indéniables renseignements chronologiques, et les données de terrains, que j'ai synthétisées sous formes de relevés et de tableaux.
Quant aux recherches sur l'occupation des sols, l'excellent travail de Sylvie Campech3 pour le piémont, ne m'a laissé que trop peu souvent l'occasion d'apporter de nouveaux éléments. En ce qui concerne la plaine, ayant tout d'abord donné la priorité dans mon travail aux recherches monumentales, le dépouillement des archives, notamment dans les communes où le bâti médiéval est absent, est malheureusement loin d'être exhaustif. Faute de temps4, j'ai du me contenter, dans la plupart des cas, de constatations de terrains que j'ai pu confronter aux données fournies par la toponymie, l'hagiotoponymie, l'étude des vocables et enfin par l'archéologie lorsqu'elles existent. C'est ce qui explique pourquoi l'occupation du sol ne fait l'objet que d'un chapitre dans la seconde partie du mémoire.
En raison de recherches actuelles déjà effectuées sur certains sites faisant partie de ma zone d'étude et n'ayant pas d'éléments nouveaux à proposer, tout en prenant soin de renvoyer aux auteurs je n'ai pas jugé utile d'en faire des développements trop importants. Il s'agit pour Soréze de l'ancienne église paroissiale Saint-Martin, étudiée, par Nelly Pousthomis5 et du site de Berniquaut fouillé à de nombreuses reprises, dont Sylvie Campech fait un état des lieux complet6
1 - V. ALLEGRE, L'Art roman dans la région Albigeoise, Toulouse, 1978, 299 p., et, Les richesses médiévales du Tarn, Art Gothique, Toulouse, 1954, 369 p.
2 - Elles sont de différents ordres, les principales sont tout d'abord les délibérations consulaires et municipales qui, bien qu'assez souvent difficilement interprétables, sont néanmoins généralement les plus anciennes avec les compoix. Les séries G et H, qui ne contiennent que peu d'éléments sur les petites églises rurales. La sous série 2o aux archives départementales, elle, est d'un apport
précieux pour les modifications du XIX` siècle, et enfin les plans cadastraux de ce même siècle. Les archives paroissiales peuvent aussi révéler d'importants renseignements.
3 - S. CAMPECH, L'occupation du sol du piémont nord de la Montagne Noire, au Moyen-âge, Toulouse II, maîtrise, 1988, 205 p.
4 - Mon souhait premier étant de travailler sur du monumental, un premier travail sur un canton voisin, celui de Puylaurens, a dû être abandonné en raison de la quasi-absence d'églises possédant des éléments médiévaux. Je regrette d'ailleurs, par manque de temps, de ne pouvoir faire part du début de mes recherches sur ce canton, pour lequel un travail sur l'occupation du sol serait riche d'enseignements.
5 - N. POUSTHOMIS-DALLE, L'abbaye de Soréze, Tarn: recherches archéologiques, Toulouse H, Thèse, 1982, pp. 198-213. Et « L'église paroissiale Saint-Martin de Soréze », dans, Archéologie du midi médiéval, 1987, T. V., pp. 119-129.
6 - S. CAMPECH, op. cil., pp. 130-136.
ABREVIATIONS.
A.C. Archives Communales.
A.D.T. Archives Départementales du Tarn.
A.D.H.G.
Archives Départementales de Haute-Garonne.
A.E.S.
Archives de
l'Ecole de Soréze.
A.N.
Archives
Nationales.
B.N. Bibliothèque Nationale.
CA GT Carte Archéologique de la Gaule, le Tarn.
C.E.R.A.C. Centre d'Etudes et de Recherches Archéologiques du Castrais.
HCMM. Histoire de Castres, Mazamet, la Montagne.
H.G.L Histoire Générale de Languedoc.
R.D.T. Revue Du Tarn.
S.R.S.A.S.R. Société de Recherches spéléo-archéologiques du Sorézois et du Revélois.