DOURGNE
SAINT-PIERRE
SAINT-ANTOINE
SAINT-CHIPOLI
SAINT-ESTEPHE
SAINT-FERREOL
LA MONTAGNARIE
PARISOT
IGN 1/25000 Revel 22 44 EST
Coord. Lambert
X = 584,035 Y = 3131,700 Z = 265
Au pied d'un contrefort du piémont de la Montagne Noire, se développe l'agglomération de Dourgne. L'église Saint-Pierre se situe en bordure est du village médiéval' (PL.XIX-b).
Dourgne est dérivé d'un nom de personne avec l'ajout d'un suffixe, ainsi il s'agit d'un nom gallo-romain « Durenius », et du suffixe « -anum »2. A. Dauzat3 précise qu'il s'agit d'un nom d'origine gauloise « durno » signifiant le « poing », souvent employé dans le sens de « fortin », et suivi d'un suffixe latin. Saint-Pierre est resté un vocable fréquent jusqu'au XIe siècle.
C'est vers 960 que sont mentionnés pour la première fois, non seulement l'église « Sancti Petri », mais aussi le castrum: « Durinano castro »4. Ce castrum est localisé grâce à son toponyme, en effet et malheureusement, c'est une ancienne carrière qui porte encore le nom de Castelas, à 1,250 km au nord du village. Le « Castel Dornian » est encore mentionné en 10255, et en 1035 « Durniano »6. En 1397 les routiers l'occupent', et c'est peut être à cette date qu'il a été abandonné. L'église quant à elle, est encore mentionnée en 1317, « Dornhano »9.
Le village actuel est assez récent, c'est en 1301 que lors du passage de Philippe IV, les habitants de Dourgne lui demandent l'autorisation de le reconstruire, le roi donne son accord 10.Ainsi on assiste à un déplacement de la population au début du XIV` siècle, suivie de celui de l'église paroissiale et de son saint Patron: Pierre « Une église et son cimetière, terres labourables au pied de la montagne au lieu dit anciennement Saint-pierre et à présent Saint-Estapin »11. Si donc on peut affirmer sans trop de risque que l'ancienne église paroissiale se trouvait sur l'emplacement de l'actuelle église SaintStapin (PL.XX), avec son cimetière à proximité, la localisation de l'ancien village est moins aisée. Le castrum situé un peu plus en amont dans la vallée du Taurou, a très bien pu être à l'origine d'un habitat groupé, tout autant que l'église mentionnée à la même date. En outre S.Campech13 précise que la tradition et des vestiges encore apparents au début du siècle, situent l'ancien village sur le flan est de la vallée du Taurou.
L'actuelle église Saint-Pierre est un édifice à nef unique, de trente et un mètres de long, flanqué de chapelles sur sa longueur (PL.XXI). L'accès principal se fait par le mur occidental (fig.l1). au nord de la première travée un escalier extérieur permet de descendre sous un porche aménagé devant l'entrée latérale et donnant sur la seconde travée (fig.15). Le clocher se situe au sud de la première travée entre les contreforts, l'accès se fait par le mur occidental.
La nef est à cinq travées, de plan barlong, et voûtée sur croisées d'ogives quadripartite (fig.18,19). Les première et seconde chapelles sud sont de taille assez réduite permettant ainsi, l'aménagement respectif de l'escalier latéral extérieur et d'une annexe servant de rangement. Au nord la première chapelle abrite les fonts baptismaux (fig.22). Ces chapelles tant au sud qu'au nord sont voûtées sur croisée d'ogives quadripartite, les deux chapelles orientales au sud possèdent en sus des liernes et tiercerons (fig.21); les deux autres chapelles en symétrie sont aujourd'hui réunies, la première a une voûte d'arêtes, la seconde une voûte d'ogives quadripartite. L'entrée de la sacristie se trouve sur le mur oriental de la dernière chapelle sud, celle-ci est aménagée entre les contreforts du chevet (fig. 13).
Le chœur à cinq pans est éclairé par quatre ouvertures, le panneau central est aveugle, ces ouvertures sont à double lancette surmontée d'un trèfle (fig.13). Il s'agit, des seules fenêtres hautes donnant directement dans l'édifice. Seules les trois premières chapelles sud sont éclairées, ainsi que la première et les deux orientales au nord, ce qui a pour conséquence d'en faire un bâtiment très sombre.
La configuration intérieure tient compte du terrain sur lequel l'église est bâtie, l'espace de la première travée est occupé par un escalier permettant de descendre dans la nef. Les marches de l'entrée latérale rattrapent le niveau du sol extérieur.
Le clocher de plan rectangulaire est formé d'un massif inférieur aveugle, supportant une partie octogonale à trois tambours dont seulement le dernier, de plus grande dimension, est percé de fenêtres oblongues. Le tout est surmonté d'une flèche couverte d’ardoises (fig. 11). La partie inférieure, d'un seul volume, permet l'accès aux combles des chapelles sud et de la nef
L'entrée occidentale est de style renaissance (fig.17), encadrée de pilastres toscans à cannelures, supportant un entablement surmonté d'un fronton triangulaire et percé d'un oculus. L'entrée latérale au nord, est encore gothique (fig.16). Il s'agit d'une porte en anse de panier, ornée de grappes de raisins aux angles, de pampres ou branches coupées et d'un groupe d'anges central, malheureusement bûché. Elle est surmontée d'une archivolte dont les voussures supérieures forment un motif en accolade évasé et entourent un arc brisé; des crochets viennent orner ses parties supérieures, ainsi que les pinacles encadrant la porte. Le tympan est percé d'une niche en accolade, surmontée d'un dais, protégeant une Vierge à l'Enfant assise très érodée.
Historique.
L'église est en chantier en 1502. Raymond Fabre aurait été autorisé en 1498 à construire une chapelle du côté de « cers » 14, sur l'emplacement d'une ancienne édifiée en 1301, elle porte le nom des Ames du Purgatoire (PL.XXI). En 1540 l'église ne se composait encore que du chœur et de la seconde travée. C'est à cette époque que sont construites les chapelles Notre-Dame, dont le frontispice porte la date de 1540, Saint Joseph, et celle des fonts baptismaux15.
Le 6 juillet 1572 les protestants incendient les voûtes de l'église16, à cette date elle était donc certainement achevée, et une délibération consulaire de 1606 mentionne des réparations à la voûte de l'église curiale, pour 400 livres17. V. Allègre précise qu'à cette date, le chœur et deux travées sont réparées et voûtées par Jean Maffre, maître maçon18. Il s'agit très certainement dans les deux cas des réparations engendrées par l'attaque des protestants. Seulement il est difficile de savoir si l'église curiale, dont il est question dans la délibération, est l'actuelle ou l'ancienne aujourd'hui Saint-Stapin. En effet pour T. Azémar19, la nouvelle église est devenue paroissiale durant les années 1580, or une délibération consulaire de 1776 semble dire que c'est en fait, quatre-vingts ans plus tard qu'elle est devenue paroissiale: «...depuis l'année 1650... ou 1651 que l'église paroissiale dédiée à Saint-Pierre à été transférée au présent lieu, la paroisse à toujours et sans interruption été alors d'usage d'aller faire le service divin à l'ancienne église aussy dédiée à Saint-Pierre... »20. Cependant il semblerait logique qu'une église commencée à l'extrême fin du XVe siècle ou tout au début du XVIe siècle, puisse être achevée et servir dans les années 1580, ce qui permettrait de dire que c'est bien la nouvelle église qui a été incendiée et réparée en 1606.
Le 21 août 1701 il est donné pouvoir aux consuls d'aménager le rez-de-chaussée du clocher pour en faire une prison, en murant la porte donnant dans l'église21. On retrouve en effet trace sur le mur nord, dans la base du clocher, d'une ouverture en brique murée. Elle est à la hauteur du sommet de l'escalier dans la nef (fig.59).
L'annonce de la visite du vicaire général du diocèse de Lavaur est l'occasion le 17 février 1704 de prévoir plusieurs réparations 22:
- de faire nettoyer un canal passant sous l'église et ressortant dans le fossé, derrière la sacristie, celui-ci étant encombré et détériorant le bâtiment. - d'ouvrir une fenêtre « pour éclairer le fond de l'église et que la dite fenêtre se trouve fermée par un vieux escalier pour aller au clocher. Ils ont jugé nécessaire de mettre le dit escalier dans la tour du clocher ou il était anciennement ». - certaines parties du couvert sont à refaire.
- changement de certaines marches descendant dans l'église.
- détruire une maison en ruine qui menace de s'écrouler sur l'église.
Un devis des travaux est demandé et le 3 juin 1704 Bousquet et Mazar maîtres maçons d'Arfons, offrent de faire les réparations selon le devis pour la somme de 150 livres. De plus le propriétaire de la maison ruinée consent à la faire détruire 23
Le 23 mars 1710 l'assemblée consulaire accepte la demande de M. de Fourniat, chanoine du chapitre de Castrer, de faire bâtir une sacristie entre les contreforts sud du chevet24, celle-ci sert encore aujourd'hui.
Le reste du XVIIIe siècle, et le XIXe siècle sont l'occasion de nombreuses réparations et restaurations. Les fonds d'archiver et notamment les délibérations consulaires et municipales nous en informent, mais ne permettent pas de datations précises; en outre, le manque de renseignements sur la nature même des réparations rend les interprétations hasardeuses, voire impossibles. Au risque de rendre la lecture fastidieuse et de ne faire qu'un simple catalogue, j'ai tout de même tenu à en faire part, en tâchant dans la mesure du possible d'interpréter et de situer les diverses modifications de l'édifice.
Il est dit, lors de la réunion consulaire du 18 février 171225, que des réparations sont à faire au couvert de l'église. L'assemblée nomme deux maçons afin de vérifier les réparations à entreprendre et de dresser un devis. Celui-ci est réalisé le 6 août 171226. Dans ses grandes ligner il prévoit:
- un rabaissement du terrain devant la porte et le porche de l'église, afin de permettre un meilleur écoulement des eaux.
- une réparation au couvert du porche.
- le rehaussement du seuil de la porte.
- la réparation du seuil de l'entrée.
- deux marches à l'entrée du presbytère 27, et dans la nef. - la réfection du couvert de la nef.
- la réfection des courtines28.
Germain Mandoul et Barthélémy Sirven charpentiers se proposent de réaliser ce devis pour 300 livres. Toutefois, il reste difficile de ravoir dans quelle mesure ce devis à été exécuté, mais le 28 août 1712 l'intendant autorise l'emprunt de 300 livres pour payer les entrepreneurs29. Le 14 août 1718 l'escalier est réparé, les fournitures ont coûtées 16 livres30. Le 5 février 1719 les deux marches prévues entre le chœur et la nef, n'ont toujours pas été faites et l'assemblée préfère attendre la visite de l'évêque, pour savoir qui doit faire la réparation. Il faut aussi dresser un devis afin de réparer les courtines31. En revanche, on sait que le 17 septembre 1719 une partie des réparations sont faites, il en coûte à la commune la somme de 11 livres et 10 sols, pour les marches et la fermeture de deux ouvertures du clocher32.
Le 16 novembre 1719, la chapelle appartenant aux Graves33 « est toute percée et prête à crouler » et l'église « menace ruine »34. L'assemblée consulaire vote la réalisation d'un devis pour réparer les murs et le couvert de l'église le 24 octobre1728 35, ce sont Gouzy charpentier de Lempaut et Mayas maçon d'Arfons, qui sont nommés pour le réaliser36. Cals, charpentier de Revel offre de faire les réparations pour 750 livres, le 8 avril 173037. Il est voté le 29 juin 1732 que les entrepreneurs crépiront et blanchiront toute la nef38. Les travaux sont exécutés conformément au devis le 4 septembre 173239. Il ne reste que le couvert du porche, un devis est dressé le 26 décembre 173840.
Deux lettres de l'intendant du Languedoc, du 8 juin 1755, nous informent sur d'importantes réparations à entreprendre: « L'évêque a rendu une ordonnance en cours... qui ordonne qu'il sera incessamment procédé aux réparations de l'église et au clocher qui sera fait à neuf le petit catéchumène et que l'escalier du clocher sera fait » « ... il est nécessaire de faire continuer la voûte de l'église paroissiale jusqu'aux fonts baptismaux 41 et de faire placer deux vitraux sur deux différentes chapelles pour donner plus de clarté à l'église qu'y est obscure »42. C'est Joseph Roux qui est retenu comme entrepreneur des travaux de construction 43. Le 24 septembre 1756 l'assemblée consulaire approuve les travaux réalisés conformément au devis44.
Le 24 décembre 1756 il est demandé aux consuls de construire une tribune dans le fond de l'église celle-ci s'avérant trop petite, il est voté de faire une requête à l'intendant afin de pouvoir dresser un devis45. Cette autorisation est accordée le 5 avril 176946, et le 24 octobre 1773 Joseph Panthe est retenu pour une somme de 600 livres47 seulement en 1789 cette tribune n'est toujours pas construite48.
Il faut attendre 1854pour que le projet refasse surface, un cahier des charges de décembre comprend plan (PL.XXVIII), devis et détail estimatifs, par Dehnas architecte. Une lettre du sous-préfet au maire du 13 juillet 1856, précise que ce projet devait être complété et modifié49`. Un accusé de réception de décembre 1883 adressé au maire, nous informe que la réception des travaux sera faite durant le même mois50. Quoi qu'il en soit cette tribune a bien été exécutée, car elle est encore dans la mémoire des habitants du village. Elle a dû être détruite dans les années 1960.
En 1864, des réparations urgentes sont à faire à la toiture et à la flèche du clocher51. Le 1 février 1865, un traité de gré à gré est signé avec Louis Seyreville et Paul Jaurès ouvriers ardoisiers et couvreurs. Il comprend le remplacement des ardoises manquantes ou en mauvais état, et la réparation complète de la flèche du clocher, le tout pour 450 francs52.
Le marché de 1865 n'a certainement pas été exécuté puisqu'un devis est dressé le 10 février 1879 par Oulmière. Il consiste dans l'élévation de 0,5 m. des murs, avec une génoise sur le pourtour de l'édifice et le crépissage des murs, le total s'élève à 12395,94 francs53. Il comprend les plans et coupes de l'église, et l'élévation des fermes pour la charpente (PL.XXIII-XXV). Une délibération du CONSEIL_MUNICIPAL du 30 mars 1872 nous apprend que la commune ne pourra subvenir à tous les frais, et nous renseigne sur l'état du bâtiment: « Le couvert de l'église de Dourgne est dans un tel état de vétusté qui fait craindre son effondrement certain et à une époque qui sans pouvoir être déterminée ne peut être que prochaine »54. Un recours de 1500 francs est accordé à la commune55. Le 6 février 1881 Hillarion Cloup entrepreneur s'engage à exécuter les travaux selon le devis pour 10805,66 francs56. Le 2 mars 1881 le sous-préfet transmet au préfet, le procès verbal d'adjudication des travaux à faire57.
Oulmière dans un mémoire explicatif de travaux supplémentaires, du 1 février 1883, explique qu'une fois l'ancienne toiture enlevée l'état de vétusté pose problème. Il constate des « lézardes dans les tympans des arceaux reliant les murs latéraux de la nef », mais aussi l'état de « délabrement des contreforts du sanctuaire, démolis sur 1,5 m. ». Il réclame 3193,54 francs en plus58. Le 17 septembre 1884 l'architecte départemental, dans un rapport sur les travaux exécutés, précise que le mur nord se détache des voûtes de la nef, ce phénomène est antérieur à la reconstruction mais reste à surveiller, un ancrage est nécessaire. La couverture des côtés nord et les contreforts sont à refaire, ainsi que les crépis extérieurs aux contreforts et au mur de la nef 59.
Un conflit entre la commune et Oulmière s'engage et l'affaire est loin d'être terminée, puisque le 26 juin 1885 dans une lettre au préfet, l'architecte départemental prévoit de faire le métrage général de cette entreprise. On peut toutefois penser que l'essentiel des travaux est exécuté en 1887, car un extrait des registres des arrêtés du conseil de préfecture précise le 12 juillet, que le procès verbal de réception provisoire a été exécuté. De plus Oulmière réclame des dommages et intérêt de 20000 francs, qui lui sont refusés60.
Le 20 septembre 1882 Bonnet, architecte, dresse un mémoire explicatif pour la reconstruction de la flèche du clocher, en voici les grandes lignes: « Il y a donc urgence de refaire à neuf la toiture actuelle. Pour assainir le clocher on pratiquerait une forte corniche à modillons faisant saillie de 0,4 mètres avec chêneaux et tuyaux de descente. Cette corniche exécutée en briques, cimentée donnerait une assiette large, suffisante pour la pose de la flèche et le parfait écoulement des eaux.
La charpente serait exécutée en sapin de Belestat (Ariège) reposant sur huit tirants et un poinçon central assurant toute stabilité: elle serait couverte en ardoise de Dourgne premier choix, avec flèche munie d'un appareil giratoire.
L'ensemble du clocher serait en crépis sur les deux faces, les planches seraient refaites et les marches d'escalier qui menacent ruine seraient remises à neuf. », le total s'élève à 6000 francs61. Les plans, coupes et élévations (PL.XXVI-XXVII), sont inclus au dossier, et ont été lus et approuvés par le préfet le 29 mars 188762. Le procès verbal d'adjudication est signé le 18 septembre, par Jean Fabre charpentier pour 6720 francs63.
Le procès verbal de réception provisoire est mentionné dans une délibération du conseil municipal du 4 novembre 188864-65. Les travaux sont terminés et plusieurs acomptes ont été payés en 188966.
Une minute adressée au sous-préfet nous apprend le paiement du solde des travaux le 2 janvier 189067.
Le 12 février 1913 le maire écrit au préfet dans le but de faire venir l'architecte départemental, afin de dresser un devis des réparations, en effet « La toiture et une partie de la voûte... sont en très mauvais état, au point de devenir un danger pour la sécurité publique »68. Le 7 juin 1913 le devis dressé par l'architecte départemental s'élève à 2500 francs, il comprend pour l'essentiel:
- la réfection de la toiture.
- la réparation du clocher.
- la consolidation de la poutre de la tribune.
- la réparation de l'escalier de la tribune.
- la réparation de la voûte effondrée69
Le préfet autorise une imposition extraordinaire à la commune le 25 juillet 191370, elle s'élève à 1679,33 francs71. Un traité de gré à gré est passé le 28 juillet 1913 avec Colombie Casimir pour la maçonnerie et les couvertures, Pierre Teste pour les zingueries de la voûte, Achille Gardies pour les boiseries de la toiture, et enfin Aimé Vaissière pour les travaux de ferrures72-73 Le 9 septembre 1922 le clocher ne doit pas être terminé car la somme de 500 francs prévue au budget n'est pas suffisante74. Le CONSEIL_MUNICIPAL, le 27 août 1930, vote la demande d'une subvention de 2000 francs75 qui sera refusé en raison de la séparation de l'Eglise et de l'Etat76.
Un nouveau devis est réalisé le 24 septembre 1930 pour un total de 4000 francs. Il comprend le crépissage des trois côtés ouest, entre la partie supérieure de l'église et la couverture du clocher, et les réparations de trois pans en dessous de la corniche77. Un marché de gré à gré est passé le 15 septembre 1933 par Colombié Paul maçon78.
Le clocher est encore réparé en 1948 sans que sa structure soit touchée, il s'agit de la rénovation des charpentes, plomberies et peintures79.
Saint-Pierre à donc connu de nombreuses modifications depuis sa construction, ce qui rend la lecture de l'édifice assez complexe. Une analyse plus approfondie et notamment celle du décor architectural, fournit de plus amples renseignements.
Analyse monumentale.
On trouve deux grands types de modénature d'arcs dans l'édifice. Un premier (type I), de section prismatique, formé de deux cavets, séparés d'un troisième par un anglet (PL.XXIX-g). La section à l'échelle est celle de l'arc d'entrée de la première chapelle sud (fig.22). Un second (type II), formé d'un tore en amande évasé à large listel et d'un cavet formant une arête les dissociant (fig.20) (PL.XXIX-h) La section à l'échelle est celle de l'arc d'entrée de la première chapelle nord. Les arcs doubleaux sont tous de type II, ainsi que les ogives du chœur. Le tableau (PL.XXX), situe les différents types pour les chapelles, en distinguant la section des arcs d'entrée et des ogives80.
L'édifice présente au moins six types de supports différents recevant les divers éléments architecturés tels que les arcs doubleaux, d'entrée des chapelles et les ogives.
Les huit premières retombées des arcs doubleaux de la nef (en tenant compte du mur occidental) sont identiques, elles se composent d'une demi-colonne en forte saillie, flanquée de deux profonds cavets dissymétriques, terminés chacun sur le mur par un cavet de taille plus réduite, formant un méplat les séparant (PL.XXIX-a) (fig.34). Chacun de ces éléments est la prolongation de l'arc doubleau pour la demi-colonne, et des ogives pour les deux cavets se joignant par un méplat. Au sol ces supports reposent sur des bases prismatiques, avec une plinthe elle aussi prismatique, reprenant le volume général du support, la transition se faisant par des griffes d'angles en forme de trièdres (fig.48). La verticalité vient s'interrompre sur des bandeaux de sections prismatiques, décorés de motifs végétaux et géométriques, comme des pampres, arcatures, ou des écussons lisses81 (fig.32 à 34, 40 à 43). Les moulurations s'achèvent par pénétration dans les supports, hormis les listels des doubleaux qui s'interrompent sur les bandeaux (fig. 18,34). Le quatrième doubleau nord s'interrompt au bandeau pour laisser la place à une chaire, aujourd'hui disparue (fig.35).
14 - Selon une plaquette retraçant l'histoire de l'édifice, c'est durant cette même année qu'aurait été entreprise la restauration des fenêtres du chœur, « elles sont rétablies dans leurs dimensions du XVIII` siècle », par Isidore Raynaud sous la direction du père Michel Galin, moine d'En Calcat.
Dans tout les cas leurs remplacement ne peuvent remonter au delà du XIX` siècle (fig. 13).
Les cinquièmes supports se composent de la même façon, mais la demi-colonne s'élargit pour laisser place en son centre à un large bandeau lisse, que l'on retrouve au-dessus du bandeau et qui se rétrécit ensuite à la largeur du filet de l'arc doubleau (fig36,39,21). Peut être est ce la conséquence de la reconstruction de la voûte au début du XVIIe siècle. L'élargissement de la demi-colonne réduit la dimension des deux cavets l'encadrant (PL.XXIX-b). Les bases prismatiques de chaque élément s'appuient sur un socle de section rectangulaire, les motifs des griffes d'angle peuvent se déplacer sur les faces et se compliquer de petites moulures horizontales (fig.49,50)82.
Les retombées à l'entrée du chœur reprennent le même principe, mais la demi-colonne centrale laisse très peu de place aux cavets l'encadrant (PL.XXIX-c) (fig.37). Au sud, en symétrie, un bandeau épousant la forme des différents éléments remplace le bandeau prismatique, c'est le seul qui soit lisse et sans décor (fig.38). Les bases sont prismatiques, mais leur décor est sensiblement différent (au nord et au sud) (fig.51,52).
Les retombées des ogives du chœur sont de section prismatique, à deux cavets (PL.XXIX-d), interrompues par des bagues ornées, ici aussi toutes différentes et d'inspiration végétale (fig.44 à 47). Les ogives de type II s'achèvent par pénétration dans les supports. Les bases sont toutes différentes mais suivent toujours le même principe, prisme et plinthe rectangulaire (fig.53 à 56).
A noter que les clefs des arcs doubleaux présentent des départs de liernes, peut-être qu'il était prévu initialement des voûtes sexpartites, sur toute la nef, mais il parait plus vraisemblable que ce ne soit qu'un simple rappel de la lierne du chœur (fig.23).
Les voûtes de la travée orientale, du chœur, ainsi que de la troisième chapelle sud ont été bâties avec des briques de champs, technique médiévale, alors que le reste de la nef est fait en briques posées horizontalement, elles sont donc antérieures au projet de 1755. Un écusson, sur l'arc d'entrée de la troisième chapelle sud, porte la date de 1540, ce qui confirme que ces trois éléments sont directement issus de la première construction83. Depuis les combles on constate, au-dessus de l'arc d'entrée de la seconde chapelle sud, un arc en briques84 sur la largeur de la travée, il s'agit certainement d'un simple arc de décharge évidé ultérieurement car le même se trouve au-dessus de la première chapelle, mais totalement pris dans le mur.
Le sommet de la troisième chapelle créé un dénivelé de presque deux mètres, la quatrième est elle un peu plus basse. Si je n'ai pu vérifier la technique de voûtement de celle-ci, on peut toutefois penser à leur contemporanéité à cause de leur style (PL.XXX). En effet elles possèdent le même de type de voûtes, les mêmes profils d'arcs et la retombée des ogives sur les murs gouttereaux se prolonge jusqu'au sol, pour se terminer sur une petite base de section prismatique. Leurs seules distinctions proviennent des impostes des arcs d'entrée, rectangulaires pour la chapelle orientale (fig.21), et pour la chapelle occidentale à l'est un simple bandeau orné d'un écusson axial (fig.29), à l'ouest un bandeau prismatique orné de motifs d'oves85.(fig.30).
Les deux chapelles sud occidentales bien que possédant un voûtement différent sont similaires dans leurs proportions; le profil des arcs, les impostes des arcs d'entrée sont identiques, simple jeu de cavets dégageant des réglets regroupés par paires dans les parties inférieures et supérieures (fig.22). Les ogives sur les murs gouttereaux s'appuient sur des culs-de-lampes à visages humains, qui bien que mutilés sont d'une facture assez grossière (fig.25 à 28), elles s'achèvent par pénétration (fig.31). De plus elles possèdent toutes les deux un même arc de décharge. La section des supports d'entrée de ces quatre chapelles est identique (PL.XXIX-f). Ils sont dissymétriques afin de recevoir les ogives et leurs bases sont prismatiques (fig.58).
Côté nord les deux premières chapelles ont les mêmes supports d'entrée (PL. XXIX-f). La première a dû être réduite lors de l'aménagement de l'escalier extérieur, en effet ses ogives pénètrent dans le mur gouttereau, la seconde est de taille à-peu-près identique, mais ici l'annexe extérieure semble avoir été prévue au départ, ses ogives retombant au nord sur des petits culots. La section des ogives et des arcs d'entrée, ininterrompus jusqu'au sol, est la mêmes dans ces deux chapelles (PL.XXIX-h).
Les deux chapelles orientales ont subi de nombreuses modifications, elles sont aujourd'hui réunies. L'arc d'entrée de la première est de même section que les autres côté nord (PL.XXIX-g), mais la retombée se fait par l'intermédiaire d'une demi-colonne (PL. -f) et d'une base semi-circulaire à socle prismatique et plinthe rectangulaire (fig.57). Sa voûte d'arêtes a certainement été édifiée lors de la réunion des deux chapelles86. La dernière par contre est voûtée sur croisée d'ogives, reposant sur de simples culs-de-lampes Son arc d'entrée est de section rectangulaire (PL.XXX), interrompue par une simple imposte rectangulaire lisse, ses supports conservent le même profil jusqu'au sol (fig.20), il est manifestement de construction assez récente.
A partir de 1701 une prison est aménagée au rez-de-chaussée du clocher, la porte donnant dans l'église est murée87. T. Azémar mentionne sur son emplacement une chapelle dédiée à Sainte-Marguerite (PL.XXI). Elle devait être ouverte avant la construction du grand escalier, celui-ci est manifestement de construction ultérieure car une partie des tombes de la nef se trouvent en dessous (PL.XXI); et la hauteur de la chapelle en symétrie correspond à celle des autres de l'édifice, ce qui permet de dire qu'initialement elle devait être de mêmes dimensions88.
L'élévation de Bonnet, lors de la restauration de 1882 (PL.XXVI-XXVII), est très différente de l'actuelle (fig.11). Elle présente les deux niveaux octogonaux supérieurs percés de fenêtres, or aujourd'hui seul le dernier tambour possède des ouvertures et qui de surcroît sont plus grandes. Les deux niveaux inférieurs quant à eux possédaient des fenêtres, qui pour celles du premier tambour sont murées de façon à former des niches (fig.60), et celles du second sont totalement obstruées (fig.61). Je n'ai trouvé aucune mention de ces modifications, hormis en 1719 ou simplement deux fenêtres sont murées89. Toutefois, si l'élévation de Bonnet est correcte, on peut dire que les ouvertures du premier tambour, hormis celle à l'ouest, ont été fermées avant 1882 et celles du second ainsi que l'agrandissement des fenêtres supérieures après cette date.
S. Campech voit dans ce clocher une construction antérieure à l'église et n'en faisant pas partie intégrante90. Son argumentation se développe à partir de plusieurs sources, d'abord le compoix de 1749 qui décrit l'édifice: « En communauté du dit lieu, une église dédiée à Saint-Pierre avec son clocher au bas duquel est la prison confront auta les fossés de la ville, midy l'esplanade à l'entrée du lieu, cers Guilhaume Saussau et Jean Fammé et la sortie de la dîne église, aquilon le fossé »91. Ensuite le plan cadastral de 1833 (PL.XIX-b) figurant un bâtiment en saillie au sud ouest de l'édifice, le plan de V. Allègre ne représente pas de clocher92 ainsi que celui de T. Azémar (PL.XXI). En conclusion elle émet l'hypothèse d'une tour de défense antérieure à l'église, servant de prison93.
Employer ce clocher comme tour de défense est chose possible, bien que l'analyse archéologique ne permette pas de le dater précisément et encore moins antérieurement à l'église. Seulement il ne paraît pas si facile de démontrer que ce fut une tour transformée ultérieurement en clocher. En effet ce n'est qu'en 1701 que celui-ci est transformé en prison, c'est donc bien le clocher faisant partie intégrante de l'église qui est aménagé, puisque celle-ci est érigée durant le XVIe siècle94. Quant au plan de V. Allègre ce n'est en fait qu'un schéma, le clocher ne rentrant pas dans son étude il n'a certainement pas jugé nécessaire de le mentionner 95. T. Azémar ne le mentionne pas non plus, puisqu'il se trouve au-dessus de la chapelle Sainte-Marguerite.
En revanche le rôle défensif de l'église et de son clocher est indéniable, puisque située en bordure du village primitif et en position dominante. Le fait que le clocher ait été à l'origine une tour de défense, avant l'érection de l'église au XVIe siècle, reste tout à fait possible puisque le village s'est installé sur ce site à partir du X1V' siècle, seulement rien ne permet de l'affirmer avec certitude.
Ces modifications dans les archives, qui auraient eu pour conséquence d'abaisser le premier niveau
du clocher, rendant ainsi difficilement explicable la présence de la porte murée.
Saint-Pierre de Dourgne, érigée durant le XVIe siècle, a donc connu de nombreuses transformations. Mais elle n'en a pas pour autant perdu ses caractéristiques médiévales, même si les voûtes des quatre premières travées ont pu être refaites en 1754,
et celles du chœur et de la travée orientale au début du XVIè siècle. Les élévations quant à elles semblent résulter de la première campagne de construction, en effet la porte latérale présente bien des caractéristiques attribuables au XVIe siècle, tout comme les retombées aux bases prismatiques et la pénétration des moulures dans les supports. Le changement des piles à la cinquième travée pourrait témoigner d'une seconde campagne de construction, mais il semble plus vraisemblable qu'il s'agisse là, plus d'une volonté de bien distinguer l'espace sacré du sanctuaire, du reste de l'édifice réservé aux fidèles.
1
-
Plan
cadastral
de
1833, section D, feuille unique, d'après S.CAMPECH,
L'occupation
du sol du piémont
nord de la Montagne Noire au Moyen-âge,
Toulouse, maîtrise, 1988,
T. II,
2
- E. NEGRE,
Les noms de lieux du Tarn,
Toulouse, 1986, §.
60, p. 35.
3
- A. DAUZAT, Dictionnaire étymologique
des noms de lieux en France, Paris, 1963.
4
- KG.L.,
T. V, col. 237. Testament de l'évêque,
Hugues, de Toulouse.
5 - Idem, col.
381.
6 - Idem, col. 413.
7 - Idem, T. IX, p. 972.
8-
Voir le travail de S.CAMPECH,
l'occupation du sol du
piémont nord de la Montagne Noire au
Moyen-âge,
Toulouse 11, maîtrise,
1988, pp. 35-37.
9 - Gallia
chritiana, T. XIII, col.
268.
10
-
T. AZEMAR,
Dourgne, ses seigneurs,
ses consuls, Albi, 1910, p. 96.
11- Compoix de 1752, f 553.
12
- A
700m.
au sud, sud-est du village, dans
la vallée du Taurou.
13 - S.CAMPECH, op. Cit,
pp. 37-38.
14 - Dernière travée au nord-est.
15 - T. AZEMAR, op.cit., pp. 113-114.
16- Idem, p. 125.
17 - A.D.T, 48 Edt BB 1.
18
- V. ALLEGRE,
Les richesses
médiévales du Tarn, Art Gothique,
Toulouse, 1954, T. I,
p. 63.
19 - T.
AZEMAR, opp cit.,
p. 115.
20
- Délibération consulaire du 13 août
1776.
A.D.T.,
48 Edt BB 11.
21
- 21 août 1701.
A.D.T.,
48 Edt BB 5.
22
- A.D.T., 48 Edt
BB 5.
23 - A.D.T.,
48 Edt BB 5.
24 - A.D.T.,
48 Edt BB 6.
25
- Ibid.
26 - A.C. Dourgne, DD 2.
27 - Certainement le chœur.
28 - Certainement le mur gouttereau sud, ce vocabulaire militaire doit provenir du caractère défensif
de l'église, voir p. 27.
29
- A.D.T., 48 Edt
BB 6.
30
- A.D.T., 48 Edt BB
7.
31 - Ibid
32 - Ibid
33 - Première chapelle nord, cf. plan de T. Azémar (PL.XXI).
34 - A.D.T., 48 Edt BB 7.
35 - A.D.T., 48 Edt BB 8.
36
- 19 mars 1729.
A.D.T.,
48 Edt BB 8.
37 - A.D.T.-
48 Edt BB 8.
38
-Ibid
39 -Ibid
40 - A.D.T., 48 Edt BB 9.
41 - Les fonts baptismaux correspondent à la première travée, cf., plan de T. Azémar (PL.XXI).
42- A.C. Dourgne, DD 2.
43
-
22 août 1755. A.C.
Dourgne, DD 2.
44 - A.D.T.,
48 Edt BB 9.
45 - A.D.T.,
48 Edt BB 10.
46 -A.D.T.,
48 Edt BB 11.
47 -Ibid.
48 - 5 avril 1789. A.D.T_, 48 Edt BB 12.
49 - A. C. Dourgne, 2 M 1.
50- Ibid
51 - Délibération du CONSEIL_MUNICIPAL du 26 décembre 1864. A.D.T., 2o 81-2.
52 - A.D.T., 2o 81-2.
53
-Ibid
54 -Ibid
55 -Ibid
56 - A.C. Dourgne, 2 M 2.
57
- A.D.T., 2o
81-2.
58
-
Ibid.
59 -Ibid.
60
- A.D.T., 2o 81-2.
61
- Ibid.
62 - A.D.T., 2o 81-2. Un double se trouve aux archives communales de Dourgne.
63 - A.C. Dourgne, 2 M 2.
64- A.D.T., 2o 81-2.
65 - A.C. Dourgne, 2 M 2.
66 - Mémoire de Fabre sous préfet, du 16 novembre 1889. A.D.T.., 2o 81-2.
67-
A.D.T., 2o 8 1-2.
68- Ibid.
69 -Ibid
70 - A.D.T., 2o 81-2.
71 - Délibération du CONSEIL_MUNICIPAL du 10 février 1914. A.D.T., 2o 81-2.
72 - 73 - A.D.T., 2o 81-2.
74 - A.D.T., 2o 81-2.
75 - Ibid.
76 - Lettre du préfet au sous préfet du 16 septembre 1930. A.D.T., 2o 81-2.
77 - A.D.T., 2o 81-2.
78 -Ibid.
79 - Avant métré, devis estimatif du 2 juin 1948.
Marché de gré à gré du 1 octobre 1948.
Procès verbal de réception définitive du 30 décembre 1948. A.C. Dourgne, 2 M 2.
80- Il dresse une description de chaque chapelle: type de voûtes, principe des retombées des arcs d'entrée et des ogives, coupe des supports, et la modénature des arcs formerets.
81 - Ces bandeaux n'épousant pas la modénature des supports ne semblent pas d'origine, un rajout postérieur est possible mais difficilement confirmable.
82 - La voûte de cette dernière travée est commune avec celle du chœur, reliée par une lierne (fig.23). Ce qui aurait dû être l'arc triomphal est de la dimension des ogives. L'actuel chœur ne tient pas compte de ce prolongement mais cette travée devait à l'origine en faire partie, ce qui expliquerait la différence de ces supports d'avec ceux de la nef.
83- La toiture des chapelles nord étant plus basse que celle de la nef, l'accès aux combles est rendu assez difficile. Pour le côté sud la toiture est commune avec la nef, mais l'épaisse couche de dépôt empêche la lisibilité de la structure des voûtes des autres chapelles.
84 - 40 cm de profondeur sur 35 cm.
85- Motifs que l'on retrouve à Saint-Valentin de Saint-Avit, sur les bases de l'arc triomphal (fig.83) (PL.XLVII-a).
86 - Peut être en 1913. Une plaquette retraçant l'histoire de l'édifice donne la date de 1782 pour la réunion de ces deux chapelles, une délibération consulaire du 13 juin 1782 parle en effet de la réunion de deux chapelles mais elles sont dédiées aux saints Jean et Marguerite, ce qui paraît assez curieux au regard du plan de T. Azémar (PL.XXI).
87-
21
août
1701. A_D.T.,
88-
Edt BB 5.
89 - C'est en 1782 qu'aurait été effectué le grand escalier, ainsi que l'agrandissement de la porte occidentale. Informations fournies par cette même plaquette, je n'ai toutefois pas trouvé traces de
90 - A.D.T., 48 Edt BB 7.
91- S.CAMPECH, op. cit., pp.33-34.
92 - Compoix de 1752, f' 53.
93- S.. CAMPECH, op. cit., PL.XXI. 5 - S.CAMPECH, op. cit., pp.33-34.
94
- Ce phénomène semble d'ailleurs assez répandu puisque le clocher de Soual passe
pour avoir aussi
servi de prison (graffitis du XVIII` siècle dans la chapelle du rez-de-chaussée,
fig.99), ainsi qu'un bâtiment accolé à
l'est de l'église d'Arfons.
95 - Tout comme la première chapelle nord.
Le compoix de 1752, dans les cahiers des biens nobles, mentionne une seconde église dans le village: « Une mazure et vestige de l'église Saint Antoine et le cimetière au lieu-dit à La Calm » on y accédait par la « passade vieille du cimetière »1, aujourd'hui passade haute. Seul le cadastre de 1833 en garde souvenir en figurant le cimetière (PL.=-a). Celui-ci est utilisé jusqu'à cette date car c'est en 1833 qu'est inauguré le cimetière actuel2. Aujourd'hui seule une croix rappelle l'emplacement de cette église.
C'est à partir du XIe siècle que le culte de saint Antoine, ermite égyptien, se développe, mais c'est au XIIe siècle qu'il devient très populaire, après la consécration de l'église de Saint-Antoine de Viennois par le pape Calixte II en 11193.
Il n'existe aucun document connu sur cette église.
1 - Compoix de 1752, f 553.
2 - S.CAMPECH, op.cit, p. 40.
3 - R P. BAUDAUT et CHAUSSIN, La vie des Saints et Bienheureux, Paris, 1954-196 1, T. I, p. 337. Dans: S.CAMPECH, op. cit., p. 40.
IGN 1/25000 Revel 22 44 EST
Coord. Lambert
X = 584,25 Y = 130,20 Z = 552
Saint-Chipoli4 est le nom de la montagne ouest, de la vallée du Taurou. Sa ligne de crête est de direction nord, nord-est/sud, sud-ouest. Le site fortifié, un éperon barré, de Saint-Chipoli a donné son nom à la montagne.
Il comprenait une chapelle, entourée de son cimetière, que des fouilles entreprises en 1981 et 1982 ont mise à jour5 (PL.XXG). De petites dimensions (5,40 m. de côté, pour la nef, et 4,10 m. pour le chœur) et à nef unique, l'accès se fait par le côté sud de la nef; le chœur quadrangulaire est aveugle. Elle correspond par son plan et son appareil de pierres éclatées, liées au mortier de chaux, aux chapelles préromanes que l'on rencontre dans le Rouergue et que Mme. G. Durand date des Xe et XIe siècles6. Un seul élément caractéristique du Haut Moyen-âge a été trouvé dans un remblai supportant le sol dallé de plaques d'ardoises de la chapelle, il s'agit d'une boucle en bronze avec un ardillon droit décoré7.
Le culte de saint Chipoli se développe durant le Haut Moyen-âge, déformation de saint Hippolyte prêtre romain martyrisé vers 235. En 713 l'abbé de Saint-Denis,
Fulcrand, ramène le corps du saint et le fait déposer à Saint-Denis, dés lors la popularité de saint Hippolyte se répand dans toute la Gaule8.
C'est en 1179 que l'église est citée pour la première fois « ecclesia Sancti Ypoliti »9. Les écrits paroissiaux du) (IV' siècle mentionnent la présence d'une chapelle, entourée de son cimetière, qui furent fréquentés jusqu'en 164010.
A noter que, un peu plus au sud, sur la route d'Arfons se trouve le lieu-dit Galan, or une église est mentionnée sous ce nom dans la carte de Jean Trinquier des années 1690 (PL.III). Il pourrait peut être s'agir du même édifice.
4 - Toutes les informations sur Saint-Chipoli sont tirées de, S.CAMPECH, Occupation du sol au Moyen-âge dans le pays castrais: synthèse des connaissances bibliographiques, Toulouse II, D.E.A., 1989, pp. 90-92.
5 - Fouilles sous la responsabilité de la Société de Recherche de Spéléologie et d'Archéologie du Sorèzois et du Revélois (S.R.S.A.S.R).
6 - G. DURAND, Les églises préromanes et du premier art roman dans le Rouergue méridional, Toulouse II, Thèse, 1985, pp. 124-168.
7 - Pour plus de précisions voir: S.CAMPECH, L'occupation du sol sur le piémont nord de la Montagne Noire au Moyen-âge, Toulouse II, maîtrise, 1988, pp. 43-45.
8 - R. P. BAUDAUT et CHAUSSIN, La vie des saints et bienheureux selon l'ordre du calendrier, Paris, 1954-1961, T. VIII, p. 219.
9 - BRUNELS, n° 171, p. 159.
10 - G. BONNAFOUS, « Saint-Chipoli », dans: S.R.S.A.S.R., n° 16, pp. 19-41.
IGN 1/25000 Revel 22 44 EST
Coord. Lambert
X = 582,550 Y = 133,150 Z = 210
S. Campech mentionne la chapelle Saint-Estèphe d'après le compoix11, « ... tient une pièce de terre au dit lieu (Saint-Estephé) dans laquelle sont les mazures de la chapelle Saint-Estephe »12. Les ruines de la chapelle confrontent « d'auta pendant midi et au midi le chemin de las peyres qui va de la Gascarié au mas d'en Lanet », à l'aquilon « le Chieyse de Saint-Estephe »13. Elle la situerait dans la plaine, au nord du chemin reliant les deux hameaux de La Gascarié et En Lanet.
Il est possible que les bases de colonnes, actuellement à la Gascarié soient à mettre en relation avec cet édifice14.
Saint-Estèphe ou Etienne, le premier martyr, est un des vocables les plus anciens que l'on rencontre en Gaule au Haut Moyen-âge15.
11 - S.CAMPECH, op. cit., p. 41.
12- Compoix de 1752, fol° 21.
13 - Compoix de 1752, fol° 713.
14 - Voir Lagardiolle, Saint-Sernin de la Gascarié, p. 40.
15 - M. AUBRUN, La paroisse en France des origines au V C siècle, Paris, 1986, p. 16.
Au sud-est de Dourgne, sur un causse dominant le village, se trouve la chapelle votive de Saint-Ferréol, dite aussi « la capelette ».
L'édifice actuel à été élevé au sortir de la seconde guerre mondiale et les fêtes d'inaugurations ont eu lieu en 1946-194716, mais une croix, à 200m à l'ouest, situe l'emplacement de la chapelle antérieure. Il n'existe pas de document sur ce site.
Il y a deux possibilités d'identification de son saint patron. Un premier, tribun militaire en garnison à Vienne au IIIè siècle, il fut décapité après avoir refusé d'arrêter des chrétiens; ses reliques furent découvertes en 473 et l'évêque de Vienne les transféra dans une nouvelle basilique. A partir de cette date le culte de saint Ferréol se popularisa dans toute l'Aquitaine17.Un second, évêque d'Uzès mort en 58118. Dans les deux cas, ce culte d'un tel saint mérovingien ne saurait être postérieur au milieu du XIe siècle19. Il s'agirait donc là d'un lieu de culte remontant au Haut Moyen-âge.
16
-
Informations de Mlle. M. O. MUNIER, archiviste du canton.
17
- R P. BAUDAUT
et CHAUSSIN, op.
cit., p.
380, dans, S.CAMPECH, op-cit.,
p. 42.
18
- Idem, F. 79,
dans, S.CAMPECH,
op. cit., 42.
19 - C. HIGOUNET, Paysage et village neuf au Moyen-âge, 1975, pp. 67-82, dans, S.CAMPECH, op. cil., p. 42
Le hameau de la Montagnarié se situe à environ 1,250 km au sud-ouest de Dourgne. S. Campech mentionne le toponyme de « la chapelle » sur le cadastre de 1833. Au croisement des chemins allant de Dourgne à Saint-Amancet, et de Lagardiolle à la Tuilerie, se trouve une croix qui pourrait être le souvenir de cette ancienne chapelle1.
1 - S.CAMPECH, op.cit., p. 45.
S. Campech signale à 175 m. au sud de la ferme de Parisot, à 2,750 km au nord de Dourgne, les traces sur photographie aérienne d'un bâtiment à abside, orienté nord-est/sud-ouest, à moitié recouvert par le chemin au nord de la ferme2. Une prospection de surface ne m'a pas permis de localiser plus précisément le site. Elle l'associe à deux hagiotoponymes, Saint-Joseph, dont le culte n'apparaît en Occident qu'au XII' siècle3, et Saint-Amans, à l km au nord-est dans la commune de Saint-Avit, mais ici le nom de Saint-Amans est à rattacher à celui des habitants de la métairie aux XVIIe et XVIIIe siècles4.
2
-
S.CAMPECH,
Occupation du sol au Moyen-âge dans le pays castrais: synthèse des connaissances
bibliographiques, Toulouse
II,
D.E.A.,
p.
93.
3
- R
P. BAUDAUT et CHAUSSIN,
op.
cit., T.
III, p.420.
4 - Voir Saint-Avit, Saint-Amans, p. 51.