CONCLUSION.
En débutant cette étude j'étais loin de penser pouvoir produire une centaine de pages en travaillant sur un seul canton. Ce qui, à ma surprise, dénote de l'intérêt du patrimoine architectural de nos campagnes et en particulier des petites églises rurales, bien trop souvent dédaignées.
Nous avons vu qu'après l'intervention, trop souvent malheureuse des siècles, le canton de Dourgne recèle encore de nombreux vestiges pouvant susciter l'intérêt du médiéviste. La difficulté aura été de parvenir à justement le susciter, tant les vicissitudes de l'histoire ont semblé vouloir effacer tout souvenir du Moyen-âge. Après donc avoir tenté de mettre en évidence les éléments médiévaux des églises du canton, il ressort que l'intérêt ne provient pas de la diversité chronologique et architecturale, mais réside plutôt dans l'héritage que le Moyen-âge finissant nous a laissé.
Certains éléments de Saint-Valentin de Saint-Avit semblent pouvoir en faire l'église, encore debout, la plus ancienne du canton. Le seul édifice présentant des caractéristiques attribuables au XIVe siècle, et bien que remanié tardivement, est le clocher de Sainte-Sigolène de Soual.
La période la mieux représentée et celle du gothique flamboyant qui a vu une grande campagne de construction, à la fin du XVe siècle et dans la première moitié du XVIe siècle, sous l'impulsion des évêques d'Albi, Louis le d'Amboise et de Lavaur, Jean Vigier. Les constructions les plus représentatives de cette période sont Saint-Jean-Baptiste de Verdalle, Saint-Pierre de Dourgne et Saint-Martin de Soréze.
En ce qui concerne la sculpture on peut citer le groupe de consoles à visages humains" et animaliers, de l'église paroissiale de Soual, parmi lesquelles la figure 113 est un bel échantillon des productions du XIVe siècle. Les autres groupes de culots comme à Dourgne, mais surtout Verdalle pour les moins abîmés, sont certainement contemporains des édifices et donc plus marqués par le XVIe siècle. Pour la décoration il faut noter les bandeaux sculptés de Saint-Martin de Soréze, et la porte d'entrée latérale de Saint-Pierre de Dourgne qui sont représentatifs de cette époque charnière qu'est la fin du Moyen-âge.
Comme je l'ai noté dans l'avant propos, des recherches en archives sont encore à faire afin de mieux cerner l'occupation du sol de certaines communes de plaines, où le bâti médiéval est absent. Cela dit pour progresser dans ce domaine un travail de prospection systématique serait à faire et permettrait la confirmation des hypothèses émises, ce que malheureusement le peu de sources ne peuvent que rarement permettre.
On constate un nombre important d'églises à vocable ancien, la plupart du temps mérovingien, faut-il y voir le signe d'une christianisation assez haute ?
De même l'association avec des sites antiques traduit-elle une continuité de l'occupation?
Sur le canton, il semble qu'un seul édifice religieux a pu centraliser un habitat, l'abbaye de Soréze en effet parait avoir amorcé une attraction qui s'est faite aux dépens de Berniquaut. Les autres villages du piémont se sont aussi déplaces mais sans apparemment l'influence de châteaux ou d'églises, hormis peut-être pour Saint -Amancet si l'existence d'une motte était confirmée. La proximité de l'église paroissiale de Verdalle aurait été désertée pour fonder le village actuel autour d'une motte. Les autres villages de plaine comme Saint-Avit, Belleserre, Cahuzac, même si on ne leur connaît pas de châteaux médiévaux, présentent plusieurs éléments qui font penser à des mottes castrales.
Encore une fois l'archéologie serait à même de venir confirmer les hypothèses évoquées. Mais bien que tout ceci puisse paraître confus, cela devrait permettre de dégager des axes de recherches à venir. Il en va de même pour l'étude architecturale, qui prendrait une toute autre valeur en étendant le cadre géographique, afin de pouvoir développer les comparaisons locales.