SAINT SATURNIN DE DREUILHE
Titulature : saint Saturnin ;
aujourd'hui : saint Sernin
Autrefois : Druilhe et Druhle, d'un nom gaulois de Ruos, latinisé en Dreillac : chêne
HISTORIQUE
Le village de Dreuilhe fait partie de la commune de Revel.
Il est situé au sud-ouest de cette dernière, à moins de 10 km. La paroisse de Dreuilhe est citée en 1093 lors de la restitution des dîmes de l'église Saint-Saturnin, à l'abbaye de Soréze.
On la retrouve au siècle suivant, en 1132, lorsque « PIERRE DE LA PLAIODE, seigneur de Dreuilhe, donne à ARNALD, abbé de Soréze, et aux moines de ce couvent tout ce qu'il avait auprès de l'église Saint-Saturnin. »
Dreuilhe était dans la mouvance du château de SaintFélix et faisait partie des terres remises par RAYMOND VII, à son neveu, le COMTE DE FOIX en 1226.
En 1271, le village avait deux consuls qui relevaient de la baillie de Saint-Félix.
C'est en 1350, à la fondation de la bastide de Revel, que Dreuilhe y sera définitivement rattaché. Mais, en 1414, les habitants de Dreuilhe tentent de s'affranchir de leur contribution à l'entretien de l'église de Revel, des fortifications, des chemins et ponts.
Ils prétextent que semblables charges leur incombaient pour leur propre village.
Dreuilhe était un village ecclésial entouré de fortifications et de fossés. CHARLES VI les exempta de leur dû à Revel. Il les dispensa également de faire la garde en faisant le guet, de jour et de nuit.
Un habitant de Dreuilhe devait être choisi chaque année comme consul à Revel.
Une église existait à Dreuilhe dès le XIe siècle, sous le vocable de Saint-Saturnin. Lors de la création du diocèse de SaintPapoul, la paroisse fut rattachée à ce nouveau diocèse, par la bulle du 22 février 1318 du pape JEAN XXII.
L’église Saint Saturnin de Dreuilhe est située sur un parcellaire arrondi .
Un village ecclésial a du exister en cet endroit. Des silos médiévaux ont été fouillés suite à leur découverte lors de la construction de la salle des fêtes située à proximité.
On la retrouve citée à nouveau en 1370, 1385 dans le compte de la levée des décimes* de ce diocèse.
C'est cependant l'abbé de Soréze qui jouit des bénéfices de cette église.
Les visites épiscopales du XVIIIe siècle nous apprennent peu de choses. Dans le procès verbal de la visite du 1er juin 1700 on relève :
• les habitants ont refait eux-mêmes le couvert de la nef et le clocher ;
• le tabernacle est trop petit ;
• il manque un tableau du Christ en croix.
Vingt ans après, dans le procès-verbal de la visite du 24 octobre 1720 :
• le tabernacle contient un ciboire d'argent, ordonnons sa réparation et la dorure au-dedans ;
• les fonts baptismaux sont face à la porte. Ils sont tout d'une pierre et bien fermés ;
• il y a des reliques des saints Blaise, Marc, Antoine de Padoue, et de la robe de Notre-Seigneur qui est dans un reliquaire d'argent, dans un coffre de la sacristie ;
• le grand-autel est recouvert de deux nappes et une serviette est posée sur la pierre sacrée. Il est orné d'un devant d'autel de bois doré ;
• il y a un tableau avec le Christ en croix ;
• il y a une confrérie du Saint-Sacrement ;
• l'église est bénite et dédiée à saint Sernin ;
• les murailles, les vitres, les toits sont en bon état ;
• le Seigneur du lieu, le DUC DE TOURNELLE, y a sa sépulture ; a la sacristie est dans le chœur à droite ;
• le clocher est en bon état.
En 1772, on relève un emprunt auprès des habitants de Revel les plus « forts taillables », pour réparer l'église de Dreuilhe.
Au début du XIXe siècle, l'état de l'église nécessite à nouveau des travaux importants. Les comptes de la fabrique* indiquent un emprunt au curé de Dreuilhe. On peut suivre le remboursement dans les « dépenses extraordinaires » de 1823 à 1891. Il s'agissait de :
• remanier le couvert et crépir l'intérieur et l'extérieur ;
• l'achat de quatre tableaux (1823) ;
• réparations aux voûtes (1884) ;
• dallage (1884) ;
• vestibule avec une rosace (1884) ;
• réparation au clocher (1886) ;
• réparation des voûtes et du clocher (1888).
La dette vis-à-vis du curé s'éteint en 1891.
Il semblerait que les murs aient été exhaussés de plusieurs mètres, et l'église agrandie du côté occidental, à une date inconnue.
DESCRIPTION
EXTÉRIEUR
L’ église Saint-Sernin est située au cœur du village. C'est un édifice rectangulaire, normalement orienté. Le chevet est un profond hémicycle retenu par deux contreforts trapus. Ce chevet beaucoup moins haut que l'ensemble de l'église, sert de rangement.
Au nord et au sud, sacristies et chapelles sont couvertes en appentis. Trois fenêtres de chaque côté sont percées dans les murs gouttereaux* de la nef, au-dessus des chapelles. L'archivolte des fenêtres est faite des tuiles plates disposées en tas de charges. Les murs sont crépis.
Le clocher est engagé en partie dans la première travée et sa base prend appui sur une pelouse talutée. On peut y voir trois niveaux :
• une tour carrée de même hauteur que la nef ;
• une tour hexagonale avec deux rangées d'ouvertures garnies d'abat-son ;
• une flèche en pierre, surmontée d'une boule et d'une croix.
INTÉRIEUR
C'est une église à nef unique de six travées oblongues, d'inégale largeur. Chaque travée est voûtée d'arêtes. Les doubleaux* rectangulaires retombent sur des pilastres à chapiteaux moulurés.
Elle est éclairée de chaque côté de trois fenêtres portant des vitraux à losanges colorés.
La première travée est occupée par une vaste tribune reposant sur des piliers carrés. De belles plinthes de bois recouvrentles murs ; au fond, une porte en plein cintre* mène au clocher.
Dans la deuxième travée, côté nord, se trouvent les fonts baptismaux, face à la porte. Ils correspondent à la description de 1700 : « Tout d'une pierre ».
La cuve est décorée de godrons* L'ensemble est de pierre grise. Un dais de procession, de drap d'or, a été monté au-dessus des fonts baptismaux.
Une grille de bois ferme la chapelle.
Au niveau de la troisième travée, la chapelle nord est dédiée à saint Antoine. L'autel est en marbre de Caunes-Minervois veiné de gris.
Sur le vitrail qui éclaire la chapelle, on reconnaît saint Jacques de Compostelle.
Un confessionnal en noyer est encastré dans le mur occidental. Dans l'angle, un très beau lutrin en bois sculpté est à deux faces. Au sud, ouvre la chapelle de la Vierge.
Des peintures du XIXe siècle sur fond bleu, rinceaux et médaillons en trompe l'œil, décorent le plafond nervuré. Il est vraisemblable que l'église Saint-Sernin ait été entièrement peinte à cette époque.
On accède au chœur par un petit arc triomphal. Il est de même hauteur que la nef, bâti en hémicycle à cinq pans. Les voûtains sont soutenus par des ogives qui retombent sur des colonnettes engagées. Des boiseries et des stalles sont adossées au mur.
Deux grands tableaux ont été placés ; l'un au nord représente un roi de France en prière, devant un autel du XVIIIe siècle. Sa couronne est posée près de lui.
Il porte un grand manteau bleu à fleurs de lys.
De l'autre côté, le second tableau évoque la gloire d'un saint.
L'autel est de marbre blanc avec un décor de végétaux, doré. Il est surélevé de trois marches de même marbre. Sur l'antependium*, on voit le Sacré-Cœur et les quatre évangélistes avec leurs symboles. Ils sont représentés dans un décor gothique.
La prédelle*, le tabernacle et le ciborium sont également de marbre blanc.
Cette église a été récemment nettoyée, restaurée et peinte dans des teintes claires qui la rendent plus lumineuse. Elle a été inaugurée en 1997.
L'autel de marbre blanc avec incrustations de motifs d'or, est surmonté de la statue polychrome de Notre-Dame des Victoires.
BIBLIOGRAPHIE
ADA, G 421, 425.
AM Revel, P2, 1823-1891.
Collado (V.), Mémoire, 33-37
Collado (V.), Mélange, 10.
Malary (S), 88-90 92-94.