Revel
Titulature : Notre-Dame des Grâces.
7448 habitants en 1982
7520 habitants en 1990
En 1226 : Nogaretum.
En 1367 : Nogaret-le-Fort.
de Revellus : en latin rebellum = résistance. de Rebel en langue romane.
NDLR : voir encadré ci dessous
La ville de Revel se situe à la pointe extrême du département de la Haute-Garonne et à la limite de celui du Tarn et de l'Aude.
Ce territoire a été occupé à l'époque gallo-romaine et la tradition veut qu'une immense forêt s'étende de Soréze à Dreuilhe et Vaudreuille. Cette forêt devint domaine royal à la mort d'ALPHONSE DE POITIERS en 1270.
L'insécurité régnait dans la région et, à la suite de plaintes répétées, PHILIPPE VI DE VALOIS enjoignit au sénéchal de Toulouse, AGOT DE BAUX, de fonder une bastide dans la forêt défrichée.
C'est le 8 juin 1342 que débuta la construction de Revel et un texte, écrit en 1351, rappelle que les habitants s'endettèrent, auprès du roi, de 1000 livres-tournois pendant dix ans.
Le plan de la nouvelle ville reprend celui de certaines bastides : des rues se coupant à angle droit bordées de maisons dont les dimensions sont déterminées.
Au centre se trouve la place avec la halle surmontée du beffroi. Des couverts ou garlandes bordent les maisons de la place. En 1355, des murailles et des fossés entourent la ville à laquelle on accède par quatre portes.
Conformément à la charte de fondation, les espaces religieux avaient leur place dans le projet : église, presbytère et cimetière (art. xxv).
C'est en 1350 que fut entreprise la construction d'une église paroissiale mise sous le vocable de Notre-Dame-des-Grâces.
Elle se trouvait au niveau des remparts près de la porte dit « porte Notre-Dame », au sud de la ville.
Le clocher de cette porte contenait l'unique cloche qui sonnait les heure l'Angélus, le glas, appelait aux offices, aux incendies et le soir rappelait le couvre-feu.
L'église était annexe de Vauré dans le diocèse de Lavaur, mais les consuls obtinrent du pape que leur église soit église mère et Vauré succursale.
On ne sait rien de cette première église, sinon qu'elle était orientée et que, en 1504, lors d'une visite pastorale, elle « est dans un tel état de délabrement, dû à la désinvolture du recteur qu'il est fait obligation à celui-ci de faire réparer convenablement l'église grâce au quart des dîmes perçues. ».
Celles-ci selon les saints canons, devaient servir à l'entretien de l'édifice.
Des travaux de réhabilitation furent entrepris : la charpente et la couverture de l'église et de ses chapelles étaient à refaire en entier ; les vitraux étaient tombés et le clocher menaçait ruine. Malheureusement, en 1567, la ville fut investie par les Huguenots et tous les édifices religieux furent mis à mal.
Après la libération de la ville, les catholiques se firent un devoir de rebâtir leur église.
Le 11 novembre 1621, sur les ordres du duc de ROHAN, les hérétiques pénétraient à nouveau dans Revel ; il recommencèrent leur funeste travail de destruction.
On sait peu de chose de l'édifice qui fut rebâti après 1621 « Après avoir franchi la porte Notre-Dame où se trouvait le clocher de l'église, une petite église, déjà vieille de quatre-vingt ans, entièrement crépie, s'offrait aux yeux des Revélois.
Au devant de l'église, des murs d'au moins 1,8o m de hauteur, fermés de portes servaient d'enclos.
A l'extérieur de la porte, un chapiteau couvert d'une toiture faisait fonction de vestibule puis la grande porte d'entrée et son seuil donnant accès à un tambour pavé comme le reste de l'église, sans doute de briques.
Le tambour franchi, il (le Revelois) entrait dans l'église : au dessus de lui une tribune, au fond le chœur séparé de la nef pas une balustrade s'ouvrant par des portes en son milieu et une autre balustrade fermée à clef servant de clôture aux fonts baptismaux, enfin un devant d'autel en camelot vert.
En 1733,le tambour de l'église, prêt de s'écrouler, laissait passer quantité de vent qui obligeait parfois à interrompre le service divin et on le fit réparer.
Tout autour quelques chapelles dont celle que Philippe FRESQUET avait fait construire à ses frais et dépens du côté du sud-est, attenante à la sacristie, qu'il avait dédiée à sainte Anne.
La façade de l’église (maquette de Monsieur Roger Petit) |
Fermée, elle aussi, par une balustrade, elle contenait un autel, un marche pied et le tableau de sainte Anne. L'église était éclairée par des vitres et par son luminaire. C'étaient des lampes à huile d'olive dont l'une pendait devant le maître-autel. » (Collardo, Mémoire de maîtrise)
Cependant, dès 1663, les consuls de Revel voulurent agrandir l'église. Il fallut plusieurs années de pourparlers afin de décider, soit de garder l'emplacement et démolir l'église, soit de déterminer un autre endroit.
En 1698, le roi donna à la communauté l'ancien temple protestant. Mais, il était trop exigu.
L'affaire traîna jusqu'au 30 juillet 1736. Les frais devaient être couverts par la taxe sur les viandes et les vins étrangers, taxe récupérée de 1728 à 1748.
C'est à Lavaur que l'adjudication eut lieu le 31 juillet 1736, à l'extinction des feux, en faveur d'Antoine BABET, tailleur de pierre de Castelnaudary.
Le bail fut signé le 9 août 1736.
L'ancienne église fut démolie et le nouvel édifice terminé le 28 août 1740 ; le clocher l'année suivante. Mais le curé refusa de recevoir les travaux : il y avait autour de l'église des immondices, la sacristie était humide. Il dut se résoudre à faire la bénédiction de la nouvelle église pour satisfaire la communauté paroissiale, le 26 novembre 1741.
Il accepta même de faire le sacrifice divin le dimanche suivant.
L'année suivante, la voûte du chœur était fendue en plusieurs endroits et les murs construits avec des cailloux menaçaient ruine.
Le 10 avril 1742, tandis que le vicaire confessait, il entendit un grand bruit tel un coup de fusil : c'était un pan de la voûte du chœur qui venait de s'arracher. Le maître-autel fut interdit et les messes furent dites sur un autel portatif.
La consécration eut quand même lieu en 1748, par l'évêque de Saint-Papoul, le siège de Lavaur étant vacant.
En 1756, les réparations n'ayant pas été réalisées, les fortes pluies et les nombreuses gouttières obligeaient les fidèles à changer de place pendant les offices. Le vent d'autan arrachait les tuiles. Au fil du temps, près de deux mille avaient été brisées. La situation resta en l'état jusqu'en 1760.
À la Révolution, l'église devint le temple de la Raison et. servit de prison, puis de grange à foin.
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, Notre-Dame-des-Grâces fut l'objet de travaux : agrandissement, consolidation, embellissement.
En 1829, la commune abandonna à la fabrique* le tour de ronde qui jouxtait le chevet et le mur sud. Il s'agissait d'un terrain de 771 m2. Le verbal d'adjudication pour charpenter la voûte et agrandir l'église fut accepté le 3o novembre 1829. Le projet avait été élaboré par Urbain VITRY, architecte à Toulouse. Le curé DUBOIS posa la première pierre le 13 février 1830.
On constate, en 1837 que « les travaux exécutés ont présenté le plus triste résultat, que le sanctuaire nouvellement construit menaçait ruine. »
Cependant, en 1839, l'architecte CAMBON présentait un devis pour l'élévation du clocher. Il s'agissait de démolir et de reprendre la construction à 0,60 m au-dessus du stylobate* de l'ancienne base du clocher. Celui-ci était bâti à l'angle sud-ouest de la façade.
Il avait deux étages d'ouïes dans la partie octogonale. Une flèche en charpente couverte de zinc partait d'une plate-forme défendue par une balustrade. La hauteur totale à partir du sol était de 36 m. Le projet de réhabilitation fut signé le 30 octobre 1845 et le coût évalué à 11334,77 F.
En 1853, AUGUSTIN, JOSEPH, PAUL BERDOULAT est nommé curé de Revel. De famille fort aisée, il disposait d'une fortune importante et avait exonéré ses paroissiens de toute charge pécuniaire. Il garda sa cure jusqu'à sa mort en 1891 et ne resta pas inactif au milieu de ces multiples projets.
EDMOND CHAMBERT, architecte diocésain, fut invité à établir un état des lieux avant la poursuite des travaux.
Il mit en évidence « quelques gaucheries » qui rendaient impossible la réalisation des projets. La municipalité prit alors la décision de reconstruire l'église et c'est CHAMBERT qui fut chargé de la direction de l'ouvrage.
Il s'agissait d'abattre le mur méridional au niveau du sol. Ainsi, il servirait de base aux puissantes colonnes élevées pour supporter les voûtes d'un deuxième collatéral ainsi créé.
À son tour, la réduction de la largeur de la nef, du côté nord, permit la création d'un double collatéral contrebutant la nef.
Une chapelle axiale fut ajoutée au chevet semi-circulaire. On y accède par un déambulatoire autour du chœur, qui dessert également les sacristies.
Toutefois, l'abbé BERDOULAT souhaitait aussi faire bâtir un porche d'entrée qui puisse intégrer au projet la façade et le clocher existants.
L'année suivante, en 1869, CHAMBERT créa un narthex et une nouvelle façade néo-romane, enrichie de deux autres clochers au nord et au sud. La dépense fut assurée par la commune à la hauteur de 20000 F, la fabrique* fournissant 25 000 F.L'abbé BERDOULAT, très attaché au projet des deux clochetons,prit la dépense à sa charge. Deux nouvelles tours surmontées d'un bulbe à l'allure orientale vinrent s'ajouter en avant de la flèche déjà en place.
Telle qu'on la voit aujourd'hui, l'église Notre-Dame-des-Grâces a gardé l'aspect du XIXe siècle finissant.
DESCRIPTION
L'église Notre-Dame-des-Grâces est un édifice imposant, rectangulaire avec un transept non saillant de même hauteur que la nef et le chœur à déambulatoire. Celui-ci est prolongé à l'est par une chapelle axiale de forme rectangulaire surmontée d'un fronton triangulaire. L'abside semi-circulaire, soutenue par cinq colonnes adossées, est couverte d'une toiture qui repose sur des modillons néo-romans.
De part et d'autre, les absidioles des sacristies donnent à ce chevet une allure romane. Au nord et au sud du transept, une grande rosace munie d'un remplage a été percée.
Elle est entourée d'un double tore avec gorge. Au-dessous, se trouve une rangée de cinq ouvertures en plein cintre* dont les archivoltes retombent sur des colonnettes à chapiteaux sculptés. Ces ouvertures reposent sur une corniche avec rang de billettes.
Les murs gouttereaux* sont renforcés par quatre pilastres de brique entre lesquels quatre fenêtres géminées, en plein cintre*, ont été ouvertes.
A l'angle sud-ouest, l'ancien clocher à flèche s'élève sur une base carrée (stylobate*).
La façade monumentale est de style néo-roman. Trois portes donnent accès à l'église. Le portail central, en plein cintre*, est surmonté par une archivolte à triple tore qui retombe sur des colonnes de marbre de Caunes-Minervois. Les chapiteaux sont historiés.
A gauche, on remarque la Nativité, la Présentation, la Fuite en Egypte et la Visitation. À droite : le mariage de la Vierge, l'Annonciation, la descente de croix, la dormition de la Vierge.
Au-dessus, une large arcade est décorée de roses, symbole de Marie, la Vierge des Grâces, la femme idéale.
Le fronton triangulaire de ce portail est décoré d'une frise de rinceaux.
Elle est soutenue par des modillons dont les sculptures sont empruntées au répertoire médiéval : acanthe, étoile, grenade, raisins entourant l'Agneau pascal. A chaque extrémité, un taureau au nord, un lion au sud symbolisent les évangélistes Luc et Marc et tiennent lieu d'acrotères.
De chaque côté, les deux autres portes sont décorées de même, mais les chapiteaux ne sont décorés que d'acanthes. Tout au long de la façade, court un bandeau sculpté sur lequel on reconnaît, au centre, le Sacré-Cœur, et de part et d'autre, les apôtres sculptés en ronde-bosse.
L’église Notre Dame des Grâces au début du XXème siècle (carte postale d’époque)
Un nouveau fronton triangulaire s'élève, portant à son sommet une croix. Les deux autres symboles du tétramorphe : ange pour Matthieu et aigle pour jean sont placés aux extrémités rampantes.
De chaque côté de la façade s'élèvent les clochers néo-byzantins de l'abbé BERDOULAT. Ils sont à trois niveaux, séparés par une corniche reposant sur une rangée de petites arcatures aveugles. Chaque niveau est percé sur ses quatre faces de fenêtres géminées garnies d'abat-son. Au-dessus, s'élève un bulbe blanc terminé par une croix.
On pénètre dans l'église par un vestibule dont le mur oriental correspond à l'ancienne façade.
À l'intérieur, c'est le plan basilical qui prévaut : vaste nef flanquée de doubles collatéraux. Elle comporte un large transept.
La nef est à six travées, voûtées d'arêtes. Les larges doubleaux* qui soutiennent les voûtes retombent sur des colonnes adossées aux gros piliers carrés.
Au fond de l'église se dresse la tribune de l'orgue, construite en partie au-dessus du vestibule.
Les fonts baptismaux sont installés du côté nord. C'est une cuve de marbre blanc sur une colonne. Cet espace, transformé en lieu de prière, est entouré d'une grille de fer forgé, toujours ouverte.
Les collatéraux sont doubles et voûtés d'arêtes. Ils ouvrent sur le transept. Le collatéral intérieur débouche sur le déambulatoire.
Dans le collatéral extérieur, au côté sud de l'église, une chapelle orientée, dédiée à sainte Germaine, a été aménagée en un espace clos par une rampe de fer forgé. L'autel est de marbre blanc, posé sur des marches de marbre de Caunes-Minervois.
Un reliquaire, également de marbre, est scellé dans le mur. Le vitrail représente le miracle de sainte Germaine. Il est de P. CHALON, de Toulouse.
En face, du côté nord, se trouve la chapelle de la Vierge.
L'autel orienté est de marbre rouge. La statue polychrome de Notre-Dame-des-Victoires se détache sur un grand retable* de bois sculpté.
Le transept est également vaste. Chacun des bras est à deux travées. Les doubleaux* retombent sur de fortes colonnes circulaires adossées. Au nord, se trouve la chapelle de saint joseph.
Plan de l’église | L'autel est de marbre blanc. Sur l'antependium*, un basrelief représente la Cène.* |
La haute prédelle* est décorée de vases fleuris en émaux. Les gradins et le ciborium sont aussi en marbre. Cette chapelle est éclairée par la vaste rosace du bras du transept. Dans le médaillon central, se reconnaît l'Annonciation. Au-dessous, dans les cinq vitraux, on voit les prophètes de l'Ancien Testament Daniel, Jérémie, Isaïe, Ezéchiel et David.
Dans le bras sud du transept, la chapelle du Sacré Cœur est munie d'un autel en marbre. Sur l'antependium°`, un médaillon doré représente le Sacré-Cœur et sainte Marguerite. À gauche, un pélican nourrissant ses petits, symbole de l'Eucharistie ;à droite, le phénix renaissant de ses cendres évoque la vie éternelle. La rosace qui éclaire cette chapelle représente la Visitation dans une version peu connue :
Joseph se trouve derrière la Vierge, et Zacharie, en habit de prêtre du Temple, se tient derrière Élisabeth à genoux devant Marie.
En dessous, sur les vitraux on trouve cinq femmes de l'Ancien Testament : Sarah, Rachel, Déborah, Judith et Esther.
Le carré du transept est simplement voûté d'arêtes. Le sol de la partie centrale de la nef, ainsi que le premier collatéral, et le transept sont couverts d'un parquet de marqueterie fort bien entretenu. Le deuxième collatéral est dallé de briques.
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Le chemin de croix date de l'année 1951. Il est l'œuvre de GEORGES ARTEMOFF : « De dimensions réduites, chaque stations'inscrit dans une croix de bois clair satiné... Chacune à son originalité totale, et on assiste à une montée, une découverte, un chemin vers le Christ intérieur. »
On accède au chœur par deux marches de marbre. Il est en hémicycle profond et voûté en cul de four.
Neuf arcades soutenues par des piliers circulaires ouvrent sur le déambulatoire.
Le sol est recouvert d'un très beau dallage de marbre de Caunes-Minervois. Deux autres marches mènent à l'autel, en pierre du pays. Il a été consacré le 2 2 mars 1995. Sur les côtés, mais en arrière, se trouvent deux séries de belles stalles de bois.
La voûte du chœur a été peinte par LAFAY en 1957 dans un style néo-byzantin.
Le personnage central est la Vierge, assise sur un trône de gloire, avec l'Enfant-Jésus assis sur ses genoux. Il tient dans sa main un globe surmonté d'une croix. Tous deux sont situés en position frontale. Au-dessus, deux anges tiennent une couronne.
De chaque côté, on reconnaît : à gauche, saint Pierre avec sa clef et saint Jean-Baptiste avec son vêtement de peau de bête ; à droite, saint joseph tient un lys et saint jean l'évangéliste est à son côté.
Autour de la conque sont écrits ces mots :
SALVAE MATER MISERICORDIAE - MATER DEI ET MATER GRATIAE
Salut Mère de miséricorde, Mère de Dieu et Mère de Grâce
Au-dessous, neuf anges musiciens ou thuriféraires, porteurs de guirlandes ou en prière.
Le khi et le rho enlacés et l'alpha et l'oméga en majuscule sont placés au centre de la conque suggérant la voûte céleste.
On accède à la chapelle axiale par le déambulatoire. Elle est consacrée à la Vierge, dont la statue aurait été offerte par un ancien vicaire, l'abbé SENTIN.Elle serait l'œuvre de GRIFFOUL DORVAL.
Tableau de Fantin De la tour réalisé en marqueterie par les élèves du lycée d’ enseignement professionnel de Revel
RETOUR vers bastide de Revel : l'église paroissiale
Détruite en 2010
HISTORIQUE
A l’angle de la rue de l'église et de la rue Escoussières, se dresse une église orientée nord-sud et dont l'accès ne peut se faire que par le jardin du presbytère.
À la fin du XIXe siècle, l'abbé BERDOULAT ( 1811-1891), curé de Revel, qui avait déjà fait construire la façade de l'église Notre-Dame-des-Grâces, acheta de ses propres deniers le terrain jouxtant le jardin du presbytère. Il fit édifier une chapelle néo-gothique pour son usage personnel.
Bâtie en gros moellons, elle est faite d'une nef unique couverte d'une voûte en plâtre sur croisée d'ogives*.
Malheureusement, l'abbé BERDOULAT mourut en sans préciser la destiné de sa chapelle. À la
séparation des biens de l'Église et de l'État, cette chapelle revint aux
héritiers du curé. Il semble que ces
derniers ne firent pas les démarches requises pour la transmettre à l'Association Diocésaine.
Cette église centenaire n'a peut-être jamais servi.
Aujourd'hui, en mauvais état, elle n'appartient... à personne.
Cette chapelle a été rasée en 2009
Projet de la chapelle de l'hôpital datant de la fin du XIXème siècle |
La chapelle réalisée; La chapelle : photo datant du début du XXème siècle |
L 'hôpital actuel de Revel fut construit entre 1868 et 1874 grâce à la générosité du maire de la ville, JEAN ROQUEFORT, qui possédait une fortune considérable. Il n'avait pas de descendance et, à sa mort, il laissa sa fortune à l'hospice.
Celui-ci était situé face au côté occidental de l'église, à la porte Notre Dame. Les bâtiments étaient vétustes et insuffisants.
Dès la construction de la bastide un terrain avait été prévu pour bâtir une maladrerie et un hôpital, à l'extérieur de la ville.
L’hôpital : la cour intérieure, photo datant du début du XXème siècle |
Portrait de Jean Joseph Roquefort fondateur de l’hôpital et de la chapelle |
La chapelle qui occupe l'aile sud-ouest du bâtiment se laisse repérer par son abside semi-circulaire qui émerge. Elle est couverte d'une toiture en cul-de-four portant un oculus zénithal.
La chapelle est sur plan centré, dominée par une haute coupole sur pendentifs. Deux annexes latérales rectangulaires et plafonnées tiennent lieu de bras de transept. La chapelle est éclairée par les deux fenêtres de ces annexes. De très belles boiseries de noyer recouvrent les murs ; les portes donnant accès aux sacristies sont ornées de motifs de bronze, de style Empire.
Le décor est sobre. Quelques statues ont été mises en valeur avec discernement. On trouve sur la droite, la Vierge et saint Vincent de Paul ; à gauche, saint joseph, sainte Thérèse et saint Antoine.
Dans le chœur, au-dessus du maître-autel, on voit la statue du Sacré-Cœur.
Cette chapelle a été restaurée, en même temps que l'hôpital, en 1980. Sa réouverture, le 11 novembre 1984, a donné lieu à une cérémonie de grande qualité.
L'ancien hôpital possédait une chapelle dédiée à saint Jacques. Elle fut détruite par les Huguenots en 1576.
Dossier transmis par Jean Hébrard
(écrit le 24mai 1999)
Par lettres. royales du 26 février 1342, le roi Philippe VI de Valois, à la suite du rapport présenté par les habitants de Vauré demandant la création d'une nouvelle ville (ou bastide) sur l'emplacement d'une partie de la forêt royale voisine, ordonna au sénéchal de Toulouse, Agot de Baux, de procéder à la fondation de cette bastide ; celui-ci s'exécuta et rédigea une Charte en quatre vingt neuf articles qu'il remit solennellement à Toulouse le 8 juin 1342 aux consuls de la nouvelle bastide qu'il appela Revel.
Le vingt cinquième article de la charte précise
Item, habebunt terram et fundum pro cimeterio, pro ecclesiá parrochiali et domo proesbiterali et alïïs capellis construendi libere, absque tam imtratis et admortisatione aliquibus.
« De même, ils (les consuls) auront terre et fonds pour un cimetière, pour une église paroissiale et une maison presbytérale et autres chapelles qu'ils seront libres de construire sans avoir à payer quelque droit que ce soit, d'entrée en possession ou d'amortissement. »
(Autrement dit, ces établissements devenaient biens de main-morte au bénéfice de la Communauté, du consulat si l'on préfère, et n'étaient point biens ecclésiastiques ; la Révolution, quatre siècles et demi plus tard, n'aura rien à changer sur ce point.)
L'église, placée à l'invocation de la Vierge, sous le nom de Notre-Dame-de-Grâce, dut être construite dès le milieu du 14eme siècle à l'emplacement actuel, le long du rempart sud-est, position excentrique peut-être; mais conforme au plan d'urbanisme adopté pour la plupart des bastides aux 13ème et 14ème siècles.
Pendant les guerres de religion, Revel sera le lamentable théâtre d'affrontements entre protestants et catholiques pour le gouvernement de la ville, au cours desquels l'église fut en 1567 pillée par les uns et remise en état par les autres, démolie en 1576 sur ordre du maréchal de Damville, (ainsi d'ailleurs que les établissements conventuels de la ville), reconstruite au début du règne d'Henri IV.
Abattue pour la troisième fois à la reprise des combats sous, Louis XIII par Rohan le 11 novembre 1621, sa réédification fut alors bien modeste, mais ce dernier édifice aura au moins l'avantage de tenir jusqu'en 1736 ; c'est dans cette petite église, sur laquelle 'nous avons peu `de renseignements, que se déroula, les 14, 15 et 16 octobre 1685, le défilé pitoyable des quelque sept cents revélois de la religion venus l'abjurer solennellement, en croisant, dit-on, les doigts derrière leur dos ; et cela se passait en un siècle dit Grand.
Sous le règne de Louis XV, à partir de 1736, nos consuls purent enfin réaliser la construction d'une église plus digne d'une si importante cité ; l'entrepreneur de Castelnaudary à qui revient l'adjudication des travaux en fut aussi l'architecte ; il donna quatorze mètres de portée à la nef et au chœur (l'église actuelle, quoique plus grande et plus haute, n'en a que douze) ; la nef, du côté du porche d'entrée, résista ; il n'en fut pas de même pour la partie est ; les murs se donnèrent du mouvement et la voûte du chœur se fissura.
Procès, reprise du chantier, pieds-droits sur les murs, poutres de consolidation sur, la voûte du chœur, du bricolage semble-t-il... On fit tout de même la réception des travaux en janvier 1741 et la bénédiction de l'église le 26 novembre de la même année.
La Révolution marqua son passage en utilisant la nef comme lieu de réunion politique et le clocher comme prison, avant que l'église ne retrouvât ses fonctions, ou à peu près, en devenant temple de la déesse Raison, où l'on célébra ensuite le culte de l'Etre Suprême sous le regard de plâtre du buste de Marat, les croix et autres symboles du fanatisme ayant été abattus ou martelés.
La partie supérieure du clocher disparut aussi dans l'enthousiasme démolisseur, mais on en conserva la base dont les murs de 90 cm d'épaisseur avaient découragé sans doute l'ardeur des pioches conventionnelles.
On fit plus tard couvrir les restes du clocher d'une chape pyramidale surbaissée qui devait les protéger et qui subsistera jusqu'en 1845.
Les équilibres budgétaires aussi modestes que périlleux obligèrent au début du 19ème siècle nos édiles municipaux à reporter plusieurs fois la reconstruction de cette église qui menaçait ruine si l'on en croit les relations des maires de l'époque.
Finalement, il fallut attendre l'an 1830, à la fin du règne de Charles X, pour assister à l'adjudication des travaux de cette grande entreprise ; concurrence serrée dans les soumissions... un entrepreneur de Mazamet enlève l'adjudication avec un rabais que l'on jugera plus tard irraisonnable.
Les travaux sont dirigés par l'architecte en chef de la ville de Toulouse, vieil homme usé, plus souvent en cure à Ussat que sur le chantier ; il y a rapidement incompréhension, mésentente, assignations par la voie administrative; puis en justice par l'entrepreneur contre l'architecte et le Conseil de Fabrique de la paroisse... dix ans d'une procédure qui finira dans les oubliettes des archives.
Le clocher fut édifié, non sans quelques avatars et retards d'exécution; de 1845 à 1850, sur la base carrée qui existe toujours; dans l'élégant style toulousain octogonal de briques à parements de pierre ; il est aujourd'hui masqué par la façade de 1889.
L'église du mazamétain ne valant pas mieux que celle du chaurien, `l'administration communale, sous l'impulsion du maire Jean Get, grand constructeur s'il en fut, décide en 1869 la reconstruction de l'église que nécessite l'insolidité incontestable de l'édifice, dixit M. Chambert, architecte départemental, dont le projet (plans et devis) semble séduire tout le monde à Revel.
Ainsi est née l'église actuelle, dont les travaux se succédèrent d'est en ouest, du chœur au transept, puis à la nef, enfin à la façade de 1869 à 1889, Jean Get, puis Paul Sarrat étant maires, Mr Berdoulat étant curé doyen de la paroisse et observateur scrupuleux des travaux, faisant surdimensionné les piliers du transept et de la nef parce qu'il craignait (comme son lointain prédécesseur Me Courrent de Courtin au 18eme siècle) que la voûte ne lui tombât sur la tête.
Et pendant plus de cent ans, notre église paroissiale, d'un style dit néo-byzantin, produit des architectes départementaux et diocésains de Toulouse, régulièrement entretenue, n'a point connu les problèmes de malfaçons qui ont alimenté aux 18ème et 19ème siècles les délibérations de nos consuls et de nos conseillers, malmené nos budgets communaux, entraîné nos édiles dans des procès aussi coûteux qu'inefficaces.
En cette fin de siècle (ou de millénaire) le Maire, Alain Chatillon, le CONSEIL_MUNICIPAL et la paroisse ont eu à cœur de mettre un terme aux petits travaux d'entretien en réalisant de 1989 à 1997 de grandes tranches de rénovation dans la toiture, la zinguerie et les crépis extérieurs, et un réaménagement intérieur qui donnent à l'église un lustre qu'elle n'avait certainement jamais connu.
Les, personnes intéressées par l'histoire de l'église paroissiale Notre-Dame-des-Grâces de Revel et les reconstructions de 1736, 1830 et 1869 trouveront dans le numéro 5 des Cahiers de l'Histoire de Revel un article très détaillé et abondamment illustré sur ce sujet.
BIBLIOGRAPHIE
Revel
A.M.Revel, M4 355,946 - 978.
A.M.Revel, P2 1995-1900.
ACAS
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Malary (S.), 54-58.
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Berdoulat
ACAS.
ADHG 3V 9AV
Hôpital
ACAS.