NOGARET

 

 

 

Titulature : saint Etienne

69 habitants en 1982.

72 habitants en 1990.

 En 1226 : Nogaretum.

En 1367 : Nogaret-le-Fort.

De l'occitan nogareda : lieu planté de noyers.

 

 

HISTORIQUE

 

La commune de Nogaret est située sur un étroit mamelon que domine l'église. Quelques habitations sont installées sur les pentes et dans la plaine. Ce territoire a été habité dès l'époque gallo-romaine, comme le prouvent les découvertes de vestiges dans les alentours.

Au Moyen Âge, Nogaret était dans la mouvance du château de Saint­Félix, lorsque RAYMOND VII, Comte de Toulouse, remet cette seigneurie à ROGER-BERNARD de Foix.

 Au siècle suivant, le 29 mars 1339, Gaston de FOIX fait passer cette terre aux mains d'AYMERIC DE ROQUEFORT.

Les ROQUEFORT s'affranchiront de l'hommage qu'ils rendaient à la Maison de Foix, vers 1550, et dénombreront* directement au roi HENRI II en 1554.

Le chapitre de Saint-Félix était coseigneur de Nogaret.

 

En 1137, ARNALD IZARN qui possédait une terre à Nogaret, en fait don à l'abbaye de Soréze pour la construction d'un prieuré. L'acte fut passé entre BERNARD DE SAINT MICHEL, abbé de Soréze, et l'évêque de Toulouse, AMÉLIUS-RAYMOND DU PUY, dont l'épiscopat se situe entre 1105 et 1139•

Ce prieuré, dédié à saint Étienne, est cité en 1141 lorsque le pape INNOCENT III accorde l'exemption au monastère de Sainte­Marie de la Sagne de Soréze et à toutes ses dépendances.

 

RAYMOND DU FALGA, évêque de Toulouse de 1232 à 1250, renonce aux droits qui lui étaient revenus et s'engage à nommer un desservant sur la présentation de l'abbé de Soréze.

 

Le prieuré est à nouveau cité dans le cartulaire* de l'archevêché de Toulouse en 1318 et dans les comptes des taxes des décimes* du diocèse.

Au cours de la guerre de Cent ans, le 14 février 1367, les habitants de Nogaret obtiennent de AYMERIC de ROQUEFORT, seigneur du lieu, l'autorisation de construire un fort. La ville prend alors de nom de Nogaret-le-Fort.

 

Aucun document ne permet de préciser à quel moment l'histoire de l'église Saint-Etienne de Nogaret prend le relais de celle du prieuré du XIIe siècle, dédié déjà à saint Etienne.

 

En 1538, l'église Saint-Étienne est citée comme annexe de Montégut-de-Lauragais. Ces deux églises seront endommagées lourdement par les Huguenots. JEAN NOVEL, prêtre de Saint­Julia-de-Gras-Capou, âgé de 35 ans, dit qu'au mois de février 1570, les ennemis « pilharent au recteur du lieu dit Saint-Julia environ six-vingt ( 120) cestiers de bled et qu'ils brûlèrent l'église de Mazères ainsi que celle de Montégut et de Nogaret annexes. » Les Huguenots reviendront le 4 août 1585, ils surprendront la procession paroissiale, égorgeant le vicaire, deux consuls et plusieurs habitants.

Au cours du mois d'octobre 1617, Mgr JEAN de RUDELLE, vicaire général, en visite épiscopale, signale l'absence de fonts baptismaux, mais « au bout de la chapelle, il y a une grande pièce de pierre où étaient les fonts baptismaux, ordonnons de faire une cuve de pierre ».

En 1700, dans le procès-verbal de la visite épiscopale de Mgr MICHEL COLBERT de VILLACERF, on relève que l'église de Nogaret est trouvée en mauvais état. Il faut :

 

• placer une planche de bois sur l'autel pour encastrer la pierre sacrée ;

• faire des gradins

• redorer le cadre du Crucifiement ;

• faire de même pour l'autel de la chapelle Notre-Dame de pitié ;

• faire étamer la cuvette des fonts baptismaux.

 

Mais, en 1742, Mgr CHARLES ANTOINE de la ROCHE-AYMON constate les améliorations :

• le sanctuaire est bâti à neuf, solidement... mais il est trop petit ;

• les fenêtres sont assez grandes et bien vitrées ;

• les fonts baptismaux sont en bon état ;

• il y a une chapelle à la Vierge, du côté de l'épître (à droite) ;

• une galerie au-dessus de la chapelle et de la sacristie ;

• un clocher tout neuf.

Par contre :

• la sacristie n'est point pavée ;

• la nef trop petite, sans voûte ni plafond, simplement charpentée ;

• l'église n'a pas de Sainte Réserve car il n'y a pas de vicaire.

 

En 1763, Saint-Etienne de Nogaret est une annexe de la paroisse de Montégut, éloignée de 1/4 de lieue.

 

 

Le curé n'est pas obligé de tenir un vicaire à l'annexe. Il y a cependant 53 feux à Nogaret et 60 à Montégut.

 

Un certain prêtre et vicaire desservant la paroisse de Nogaret, ANTOINE BÉGON, entame une procédure contre certains habitants d'Auvezines, au village voisin, et peut-être paroissiens. « Ceux-ci l'ont assommé à coups de barre de fer parce qu'il voulait les faire sortir du cabaret, ils l'ont poursuivi jusqu'à sa maison, environ 3 kilomètres, en disant hautement qu'ils voulaient le tuer pour aller ensuite le pendre à une branche de l'ormeau qui est près de leur chapelle d'Auvezines afin, disaient-ils d'y avoir un prêtre mort puisque le Parlement de Toulouse n'avait pas voulu leur en donner un vivant pour la desserte de leur chapelle. »

 

Quelques années plus tard, en 1773, une requête est présentée à Mgr ETIENNE-CHARLES de LOMÉNIE de BRIENNE avec l'approbation de l'abbé de Soréze, de Messieurs les Bénédictins et du curé de Montégut : il s'agit de faire ériger Saint-Etienne de Nogaret en paroisse car, depuis 15 ou 16 mois, il n'y a plus personne pour desservir l'église.

 

Montégut est à une demi-heure de marche par un chemin mauvais, d'où l'impossibilité de porter secours aux malades.

Après vérification de l'état et conformité des lieux, Mgr LOMÉNIE de BRIENNE donne son accord le 5 janvier 1774.

 La paroisse de Nogaret est détachée de Montégut à perpétuité. Cependant, le décret d'érection contient une clause qui fut une cause de brouille entre les curés des deux paroisses :

 

« et pour conserver à l'avenir à l'église de Montégut une marque de supériorité et de reconnaissance de la part de la nouvelle cure, le curé de Nogaret sera tenu de se rendre processionnellement avec ses paroissiens chaque année, les jours de fête patronale, dans l'église de Saint-Martin de Montégut, et de présenter à l'offrande un cierge de cire blanche d'un poids d'une livre. »

 

Ce décret fut confirmé au mois de septembre 1774 par lettre patente du roi, et enregistré par le Parlement de Toulouse le 16 novembre 1774. Il fut notifié à Messieurs les Révérends Pères Bénédictins de Soréze le 7 février 1775.

Cette notification ne fut pas appréciée par l'abbé BERDOU, curé de Montégut. Il cessa de faire le service du culte sans attendre la nomination d'un desservant.

 

Les habitants fort mécontents, lui envoyèrent une sommation par ministère d'huissier, refusant de lui payer la dîme et ils « baillèrent copie » à sa servante !

 

Mais le statut d'église paroissiale sera de courte durée. En 1782, la paroisse de Nogaret est démembrée.

À la Révolution, le fort de Nogaret est détruit, comme le prouve un courrier du procureur syndic du district de Revel.

 

Cependant, le 27 septembre de l'an II, une certaine somme d'argent est octroyée à la commune de Nogaret pour ses ateliers de charité. Mais, le CONSEIL_MUNICIPAL décide de l'utiliser pour « aplanir les alentours de l'église qui sont impraticables par les décombres de l'ancien fort. Cette réparation est d'autant plus essentielle que la procession qui se fait ordinairement autour de l'église ne s'y fait qu'avec beaucoup de difficultés - ainsi délibérés - présents huit membres et ont signé ».

 

A la fin du siècle dernier, il est noté qu'il existe encore des pans de murs non complètement démolis, d'une épaisseur peu commune.

Quelques vestiges de rempart apparaissent encore sous le cimetière, en contrebas de l'église. Les fossés furent comblés en 1845.

Le 4 juin 1835, une lettre adressée au préfet signale « qu'il n'y a pas d'église plus insalubre et moins en rapport pour l'espace avec le chiffre de la population ».

En 1841, le presbytère accolé au nord est agrandi : bâti en moellons, il est rehaussé avec de la brique crue jusqu'aux combles. De nos jours, il est occupé par la mairie.

Deux autres demandes de réhabilitation seront adressées en 1869 et 1873 dans lesquelles « l'état d'insolidité » est mentionné.

 

 

 

 

 

 

 

 

Cuve de pierre demandée en 1617 par Mgr de Rudèle, on distingue la « veine » sur le pilier pour l’écoulement de l’eau

 

 

 

 

La commune qui comptait 240 habitants avait l'intention d'ériger une nouvelle chapelle dédiée à sainte Germaine, au côté droit de l'église, soit au midi.

Une restauration importante a probablement eu lieu à la fin du XIXe siècle. On a peu de renseignements dans la mesure où un incendie de la mairie a détruit de nombreux documents. Toutefois, il semblerait qu'il s'agisse de l'agrandissement et de la décoration du chœur et de la nef.

Au XXe siècle, bien avant la deuxième guerre mondiale, le clocher-mur menaçait ruine. Il fallut attendre 1949 pour abattre le pignon à trois baies. Il a été remplacé par une curieuse construction triangulaire à ressauts, supportée par trois colonnes de béton. Les trois cloches qui s'y trouvent figuraient déjà dans l'inventaire de 1906.

 

En 1966, on reconstruit le porche qui contrebute la partie occidentale de l'édifice. Il ouvre directement à l'ouest.

A la fin de la même année, un projet de restauration de l'intérieur de l'église s'élabore en accord avec la Commission diocésaine d'Art Sacré. La décoration du chœur et du plafond, datant du XIXe siècle, devait être conservée. Pourtant, aujourd'hui, seuls les pilastres et la frise du chœur se détachent des murs uniformément gris. Ces derniers travaux datent de 1983.

 

DESCRIPTION



 

EXTERIEUR

 

L’église Saint-Étienne est de dimensions modestes. Son chevet semi-circulaire, profond, est orienté. Il est de même hauteur que la nef et que les chapelles latérales.

 Au nord, l'ancien presbytère, supprimé en 1950, a été remplacé par la petite salle de la Mairie qui jouxte le mur nord-ouest. Au sud, la sacristie a été bâtie en appui sur le mur du chevet et en prolongement de la chapelle à l'est. Au sud-ouest, se trouve en alignement la petite chapelle des fonts baptismaux.

Du côté occidental, les murs aux angles arrondis ont leur base légèrement talutée. Recouverts de crépi comme l'ensemble de l'édifice, on ne peut reconnaître l'appareil utilisé et son type de taille, ce qui faciliterait la détermination de l'époque de la construction.

Le porche prend appui sur le mur occidental, il s'élève par ressauts jusqu'à l'étonnant petit clocher de béton de 1949.

 

 

INTERIEUR

 

 

L'église se présente comme une salle rectangulaire à plafond plat.

De part et d'autre, une chapelle orientée ouvre sur la nef par un arc brisé*.

Chacune est voûtée d'ogives avec clef de voûtes* décorée de motifs végétaux, œuvre du XIXe siècle.

Au nord, la chapelle est dédiée à saint Etienne dont la statue de pierre a été placée dans l'exèdre* qui surmonte l'autel. L'oculus et la gloire qui complétaient la décoration du siècle dernier ont été supprimés lors des travaux de 1966.

 La chapelle est éclairée par une fenêtre en plein cintre* contenant un vitrail qui représente la lapidation de saint Etienne, surmontée d'un blason.

Du côté sud, la chapelle est sous le vocable de la Vierge.

 L'ancien maître-autel du XVllème siècle y a été placé en 1966.

 Au ­dessus, dans une exèdre*, se trouve la statue de l'Immaculée Conception. Le vitrail de la fenêtre en plein cintre* représente l'Assomption de la Vierge. C'est une œuvre de SAINT BLANCAT maître-verrier à Toulouse en 1920.

Dans le fond de l'église, au côté sud, et séparée par un mur d'une épaisseur surprenante, se trouve la chapelle des fonts baptismaux.

En 1975, le sol a été mis à niveau avec la nef : autrefois, on descendait au baptistère.

La cuve de pierre, demandée en 1617 par Mgr DE RUDÈLE, est posée au centre sur un pilier carré comportant sur toute sa longueur une « veine » pour l'écoulement de l'eau. Sur les bords de la cuve carrée se distinguent nettement les traces de l'insertion de la cuvette étamée et du couvercle réglementaires.

Récemment, une petite tribune a été construite sur le mur occidental de l'église.

L'accès au chœur, surélevé d'une simple marche, se fait par un arc triomphal retombant sur des pilastres antiquisants dont les chapiteaux portent un décor doré de type corinthien. L'intrados est décoré de rinceaux argent sur fond bleu.

Le chœur est en hémicycle profond. Le plafond est en forme de cupule* oblongue. Les restaurations récentes ont maintenu le décor du XIXe siècle des six pilastres et de la frise qui court en haut des murs : triglyphes* en trompe l'œil et métopes ornées de rinceaux sur fond bleu. L'utilisation de l'or pour les cordons qui encadrent la frise donne du relief au modeste ensemble. Dans leur partie inférieure, les murs du chœur sont couverts de boiseries depuis le début du XVIIIe siècle.

 

Le chœur est éclairé par deux grandes fenêtres en plein cintre"`. Les vitraux, également de SAINT-BLANCAT en 1920, représentent :

•      à gauche, l'apparition du Sacré-Cœur à MARGUERITE-­MARIE ALACOQUE à Paray-le-Monial ;

•      à droite, Notre-Dame de Lourdes.

 

            

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cuve baptismale vue de dessus, on distingue les rainures pour l’insertion de la cuvette étamée et du couvercle réglementaire.

Trois tableaux décorent les murs du chœur :

• au centre, le Christ en croix avec saint Etienne agenouillé

                   •   à gauche, la Vierge et l'Enfant ;

• à droite, saint Joseph avec l'Enfant jésus.

L'autel, grande pierre de granit gris, surélevé d'une marche, occupe le centre du chœur.

Les plafonds du chœur et de la nef sont blancs tandis que les murs intérieurs de l'édifice sont de teintes grises diversifiées, afin de donner un certain relief à cet ensemble de très bon goût. Les anciennes statues de plâtre ont été regroupées sous le porche ou au fond de l'église, à la disposition des dévotions des fidèles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo de l’église : début XXème siècle

 

 

 

 

 

 

 

 

     L’ Assomption de la Vierge (œuvre de Saint Blancat maître verrier à Toulouse en 1920.

Autel de la chapelle située au sud                                                    

Voûte de la chapelle nord : symbolique « du pélican donnant à manger à ses petits avec ses entrailles »

Symbolique « du pélican » - détail de la voûte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mur du chœur : Saint Joseph avec l’ Enfant Jésus  

BIBLIOGRAPHIE

 

ADA, série B, t II, 1741 à 1776.

ADHG, 1G 560.

ADHG, 1G 568 à 570.

ADHG, 2 O 992

ADHG, série B, t V, 349 à 377

ADHG, V 29.

AM, non répertoriées

Dutil (L.), 278.

Malary (S.), 50-51.

Navelle (A.), Familles nobles et notables du Midi Toulousain au XVe et XVIe siècles, Fenouillet, RHM, 1992, 198-199.

Ramière de Fortanier (J.), Les droits seigneuriaux dans la sénéchaussée et comté de Lauragais, Toulouse, 1932, 198-199.

Sabathu, Monographie de la commune de Nogaret, 1885.

 

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