Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE N°18 page143 |
CONTES ET LEGENDES DES COLLINES DU LAURAGAISRené Batignes |
Contes et légendes des coteaux du Lauragais
Bernard Velay
Le propre d’un vieux pays enraciné dans un vieux continent est d’avoir toujours une légende, un conte à offrir (1). En pays Lauragais, la légende s’inscrit le plus souvent dans la magie tranquille de ses paysages, de ses monuments, de ses habitations modestes mais riches de leur authenticité. ! « Tous les pays qui n’ont plus de légende seront condamnés à mourir de froid. » Ce distique emblématique du poète Patrice de la Tour du Pin ne concerne pas le Lauragais. René Batignes « troubadaire » de ce pays de cocagne aux mille collines nous en fait une magistrale démonstration en nous transmettant par écrit les traditions orales de ses vénérables ancêtres. La vie d’une région, d’un pays dépend de l’incessante transmission qui s’effectue entre les générations, chaque génération reçoit d’elles un legs culturel dont l’histoire.
Puissent ces contes et légendes rapportés par René Batignes vous distraire en vous permettant de vous évader de l’actualité trop souvent prosaïque, maussade, triste, de vous promener dans un monde imaginaire ou comique. Malgré leur allure badine ou naïve, ces contes et légendes recèlent un brin de philosophie, touchent à la psychologie et à la morale puisque en général le courage et la vertu y sont récompensés, le vice et le crime punis … Les contes et légendes possèdent encore un autre privilège, celui d’exprimer de grandes vérités sous une forme amusante parfois un peu rude, truculente ; en cela ils intéressent tous les hommes . La Fontaine n’a-t-il pas synthétisé cette assertion dont ses deux vers de l’apologue sur « le pouvoir des fables », plus éloquents que nos discours : « Si Peau d’Âne m’était conté, j’y prendrai un plaisir extrême ».
Légendes des collines du Lauragais
René Batignes (2)
Le Vaux !
Il y a dans notre région un village réputé pour ses légendes, il s’agit du village du VAUX perché sur sa colline auprès de son clocher il cumule le plus grand nombre de légendes des alentours. La plus célèbre évidemment est celle de l’âne que les habitants auraient hissé sur le clocher afin d’y brouter l’herbe qui y avait poussé. Ces légendes colportées au fil des siècles nous viennent de la nuit des temps transmises souvent par nos anciens dans les veillées au coin du feu à l’époque encore ou on savait vivre en famille. Il est difficile de trouver les origines de ces légendes transportées par le vent d’autan et les anciens troubadours, brassées par les ailes des moulins fariniers qui flanquaient le village sur son midi, autour d’une même cause mais avec parfois des détails différents suivant leur narrateurs, car il s’agit là d’une transmission orale, laissant une large part à l’imagination.
Dans ces histoires un peu donquichottesques il y a eu peut être à l’origine quelque personnage un peu fantasque qui fit la réputation de ce village en faisant comparer les habitants avec un âne considéré à tort d’ailleurs comme un animal bête et stupide.
Peut être aussi y eut il un âne exceptionnel en ces lieux car on retrouve celui-ci dans un vieux dicton toujours en relation avec le village du Vaux et ce au sujet de la fête locale. Celle-ci a lieu lors de la St Blaise le 3 Février et ce vieux dicton en occitan dit :
« A la san Blasé, dé néou jinquos la couo dé l’asé ».
« A la St Blaise, il y a de la neige jusqu’à la queue de l’âne ».
Et cela s’est vérifié de nombreuses fois car le début février dans nos régions est porteur de ces intempéries et même malgré le réchauffement climatique, ce fut le cas en 2012 où les festivités prévues durent être reportées
En tout cas une chose est sûre ces légendes firent pendant des siècles la réputation des habitants de cette commune considérés comme simplets alors qu’ils ne l’étaient pas plus qu’ailleurs et il n’était pas rare encore du temps de notre jeunesse lorsque nous engagions une conversation avec quelqu’un qu’on nous répondu incrédules « ça se voit, toi que tu es du Vaux ! La légende disait aussi que tous les étrangers passant au Vaux qui relevaient la tête pour apercevoir l’âne sur le clocher en prenaient « une coussado » « une louchée » de bêtise, en relation avec la louche « cossa » qui servait la soupe.
Certains de ces habitants n’acceptaient pas d’être ainsi considérés et il valait mieux ne pas engager la conversation sur ce sujet, ni même se faire remarquer en s’arrêtant devant le clocher pour narguer les habitants, car nous sommes au pays de « la castagne » et on risquait au détour du chemin de prendre une bonne rossée, qui celle là n’était pas légendaire.
L’épopée de cette histoire de l’âne du Vaux se situe juste après la fin de la 2° Guerre Mondiale où un joyeux luron spécialiste des farces sur la commune du Vaux !
Jean Marie Cucurou (3) décida pour la première fois de placer la fête locale de la St Blaise sous le signe de l’âne, avec la complicité de la jeunesse et fit faire un âne en contreplaqué qui fut suspendu au clocher, et organisa une loterie dont le premier lot constitué par cet âne en chair et en os fut gagné par un habitant du Falga, dédouanant ainsi symboliquement à tout jamais le village du Vaux et sa légende de l’âne.
Cela ne fut pas du gout de tout le monde et notamment de ce vieil avare de Jean Marie Bascou de la ferme d’En Reynès qui refusa de monter au village pendant plus d’un an s’estimant offensé par cette publicité sur l’âne.
Aujourd’hui les mentalités ont bien changé et le Vaux est fier de ses légendes qui font sa célébrité sur le blason de la commune au cœur de ce village qui a su conserver si bien toute son authenticité.
Légendes
LE VAUX
L’âne du Vaux !
Cette petite commune de 223 habitants est célèbre dans toute notre contrée par ses légendes. La plus importante est celle de l’âne qui était citée pour illustrer la déficience quelque peu mentale et imaginaire des habitants de ces lieux. De l’herbe avait poussé tout en haut du clocher et les habitants consultés ne savaient comment faire pour la faire disparaître, c’est alors que le meunier eut une idée de génie. Pour nous débarrasser de cette herbe, dit-il, il n’y a qu’une solution, il faut y monter mon âne pour la brouter.
Sitôt dit, sitôt fait, à l’aide d’un long câble jeté par-dessus le clocher on entreprend de monter la pauvre bête au sommet. Tous les habitants se mirent à tirer sur la corde et l’âne fut hissé en haut du clocher seulement - ils avaient oublié que j’âne était attaché par le cou, il arriva mort étranglé en haut de l’édifice, ce qui pendant des siècles devait qualifier de niais les habitants de ce village qui se montraient très ombrageux lorsqu’on le leur disait certains en venaient aux mains pour défendre leur honneur.
Depuis la fin de la 2° Guerre Mondiale où eut lieu une première fête locale pour la St Blaise le premier dimanche de Février avec la procession d’un âne vivant, ce qui ne fut pas apprécié de certains vieux habitants de la commune, un de ces derniers d’ailleurs ne monta plus au village pendant 2 ans en représailles, mais depuis la légende est acceptée avec beaucoup de bonne humeur.
Illustration : armoiries de l’association :
« Anciens élèves de l’école du Vaux » réalisées à la demande du président fondateur René Batignes
Un vieux diction disait :
« Si tu passes par LE VAUX ne tourne pas la tête pour regarder le clocher car tu en prendras une coussado (4) ! »
Un champ qui ne manque pas de piquant - Le vallon aiguilles
Il y a une légende toujours au VAUX, selon laquelle les habitants de ces lieux eurent un jour l’idée de semer un champ d’aiguilles à coudre, ils plantèrent donc tout un champ de celles-ci pointes en l’air dans l’espoir de les voir germer. Afin de vérifier cette germination, ils envoyaient tous les jours une délégation pieds nus se promener dans le champ en question pour vérifier si les aiguilles poussaient.
Les haies du Vaux : étendoir à crêpes
Il y en a eu une troisième un peu toujours pour souligner la caractéristique des habitants, c’est celle des crêpes.
Les habitants du VAUX étaient paraît-il tellement bêtes qu’ils mettaient les crêpes à sécher sur les haies devant les portes de fermes. Il y a ici un récit authentique, dans ma jeunesse où se colportaient encore ce genre de légendes. Il se trouva un jour un quidam qui voulait faire le malin à ce propos.
Passant devant la ferme d’En Cervolle, il vit une vieille dame devant la porte. Tout goguenard il l’interpella : « Madame c’est bien ici que l’on met les crêpes à sécher sur les haies ».
« Bien entendu, mon gars tu ne t’es pas trompé »
Alors répondit le quidam, pouffant de rire :
« Comment se fait il que vous n’en ayez pas mis ».
« Et, c’est bien simple , lui répondit la vieille dame, c’est qu’un jour il est passé un imbécile comme toi qui les a mangées et depuis on ne les sort plus ».
Notre quidam (l’histoire est véridique) passa son chemin honteux et confus d’avoir été mouché par la vieille dame, ne posa jamais plus cette question.
Les haies du Vaux : étendoir à crêpes
La truie de la ferme d’En Ballard
La dernière légende du VAUX que je connaisse est celle de la truie, toujours dans le même style de niaiserie.
Un jour un petit garçon de la ferme d’En BALLARD était allé garder la truie de la ferme dans un champ de luzerne comme cela se pratiquait encore du temps de mon enfance.
Le temps passa et le jeune garçon occupé à jouer dans un coin ne vit pas le temps passer, la nuit était tombée depuis un moment lorsqu’il se résolut à rentrer à la ferme avec la truie. La lune était pleine, le temps clair il n’eut pas de peine à retrouver son chemin. Sur le trajet se trouvait la mare de la ferme où la truie avait l’habitude de boire avant de rentrer dans sa porchère.
La lune resplendissante se mirait dans l’eau glauque de la mare émerveillant le jeune garçon. La truie entra dans la mare troubla l’eau qui fit des vaguelettes faisaient disparaitre l’astre de la nuit. Tout affolé notre garçon fila vers sa maison se précipitant vers son père « Papa viens vite la truie a avalé la lune » Voilà comment naquit la légende selon laquelle la truie d’En Ballard avait avalé la lune.
La truie de la ferme d’En Ballard
L’emplacement actuel de l’église du Vaux n’a tenu qu’à un fil de laine
L’église actuelle ne se trouvait pas sur ce site avant le 14° siècle (ce n’est pas une légende) la paroisse comptait 5 églises dispersées sur son territoire, toutes disparues depuis fort longtemps. L’une d’elles était l’église St Jean sur le versant Nord du village près de la source d’En Mousque, source quasi miraculeuse qui coulait même pendant les années de grandes sécheresses, ce qui permettait d’abreuver le bétail de nombreuses fermes, qui faisaient parfois de longs déplacements. Voilà donc qu’un jour il fut décidé de transférer l’église au cœur du village, mais comment faire pour la déménager ?
On palabra longtemps pour rechercher un moyen de procéder à ce transfert. On fit appel à de doctes et instruits ingénieurs, mais aucun d’eux ne trouva la solution. C’est alors qu’un vieux et rude paysan sorti de sa chaumière fit son apparition. « Si vous voulez moi je vous la monte, l’église au village ! ».
Ce n’était pas une mince affaire car il y avait une sacrée pente à remonter. Stupéfaits de cette proposition les édiles de la paroisse s’inquiétèrent de savoir comment il allait procéder. « C’est simple, leur dit le paysan, donnez moi un fil de laine, après l’avoir enroulé autour de l’église, j’y attelle mes bœufs et je vous monte l’église au village » Et voilà comment paraît-il l’église du VAUX se trouve à sa place actuelle.
CONTES AU COIN DU FEU
Parmi les contes que j’écoutais religieusement au coin du feu, dits par mon grand-père Jean Rocacher qui ne savait ni lire ni écrire, mais qui était un extraordinaire conteur, seulement 2 d’entre eux sont restés dans ma mémoire.
Le grand-père dans la lune
Je vous parle d’un temps, où le Bon Dieu venait encore sur terre. Ce dernier cultivait un champ mitoyen avec celui de mon grand-père sur les pentes de la Montagne Noire. Ils décidèrent tous deux de planter une vigne.
Au mois de Janvier mon grand-père d’un côté et le Bon Dieu avec ses anges de l’autre se mirent à l’ouvrage et plantèrent des pieds de vigne. Le printemps vint les pieds de vigne poussèrent, mais bien entendu il fallut ainsi travailler ces vignes et les entretenir trois ans avant d’espérer une récolte.
La 4°année tout se présenta bien la vigne avait poussé, elle fleurit et une bonne récolte se présentait. Hélas au beau milieu de l’été un orage de grêle emporta toute la récolte. Plus un seul raisin sur les pieds de vigne, ni chez mon grand-père, ni chez le Bon Dieu, où plutôt chez ce dernier une seule petite grappe formée de 3 grains subsista cachée sous une branche. Mon grand-père l’avait vue, mais il se dit ce n’est pas avec cela que le Bon Dieu remplira sa cuve. Cependant l’automne vint et les 3 grains de raisin étaient toujours là et l’époque venue la grappe mûrit. Le jour des vendanges venu mon grand-père vit arriver le Bon Dieu avec ses anges pour procéder à la récolte. Mon grand-père riait sous cape se disant que ce n’est pas avec une si maigre récolte que le Bon Dieu allait remplir sa cuve. Cependant ayant cueilli la grappe, le Bon Dieu la porta dans la cuve à côté de la vigne et étendant ses mains au-dessus de celle-ci, il dit « cuve remplis toi » et aussitôt sous les yeux ébahis de mon grand-père la cuve se remplit et se mis même à déborder. Le Bon Dieu eut ainsi une bonne récolte de vin pour passer l’année pendant que mon grand-père dut se contenter de boire de l’eau.
L’hiver vint et mon grand-père et le Bon Dieu taillèrent et travaillèrent leur vigne, le printemps suivit avec une bonne poussée de bourgeons, la récolte s’annonçait à nouveau très bonne.
Hélas vers l’été s’abattit sur la région une nuée de sauterelles qui mangèrent tous les raisons des deux vignes. Tous sauf un tout petit avec 3 grains, toujours dans la vigne du Bon Dieu. Mon grand-père pas dupe de la situation se dit lorsque l’automne venu les 3 grains restant murirent « Le Bon Dieu va me faire le même coup que l’année précédente et tu vas y être pour reboire de l’eau.»
C’est alors qu’il se résolut de prendre les devants, s’introduisant dans la vigne du Bon Dieu, il subtilisa les 3 grains qu’il porta aussitôt dans sa cuve et comme il l’avait vu faire, il étendit ses mains au-dessus de la cuve et dit « Cuve remplis toi » ce qui fut aussitôt fait pour le plus grand plaisir de mon grand-père.
Le jour venu le Bon Dieu et ses anges revinrent pour faire la cueillette, mais peine perdue, ils eurent beau
faire le tour de toute la vigne, la grappe avait disparu. Le Bon Dieu comprit que mon grand-père était à l’origine de ce larcin, il ordonna à ses anges de dresser une clôture impénétrable autour de la vigne fermée en bout par un lourd portail d’épines.
L’hiver revint on tailla et on travailla les vignes et ce fut le même programme, après un printemps prometteur, vint l’été où une terrible maladie emporta tous les raisins, tous … sauf encore la grappe de 3 grains dans la vigne du Bon Dieu. Mon grand-père, au travers de la clôture l’avait aperçue et se dit bien que le moment voulu il trouverait une solution pour aller récupérer ce fameux raisin cette grappe à 3 grains.
L’automne vint et avec la maturité des 3 grains, c’est alors que mon grand-père se résolut à passer à l’action. Pour cela il s’allongea sur le sol afin de passer sous le lourd portail qui clôturait la vigne du Bon Dieu. Mais c’était sans compter sur la vigilance de ce dernier qui surveillait de très près sa récolte. Au moment où mon grand-père peinait sous le lourd portail pour essayer de passer, le Bon Dieu fit irruption et l’interpella « Je te tiens mécréant, c’est bien toi qui l’année dernière m’a volé la grappe de raisins me condamnant avec mes anges à boire de l’eau toute l’année ! Et bien pour ta peine, tu vas prendre ce portail sur le dos jusqu’à la fin des temps. Tu partiras par les chemins, par les montagnes, sans jamais t’arrêter.»
Et pour preuve de tout çà je vous engage les jours de pleine lune à regarder de près l’astre des nuits, vous y verrez une forme noire courbée, c’est mon grand-père qui après avoir gravi toutes les montagnes est arrivé là-haut, chargé de son lourd fardeau continuant de marcher pour expier sa faute !
Le 2e conte dont le souvenir m’est resté est une version occitane des musiciens de la ville de Brême.
St-JULIA DE GRAS CAPOU
Cette petite commune de 333 habitants qui se situe à une dizaine de kilomètres de REVEL a aussi un passé historique assez fourni. D’origine très ancienne puisque des vestiges ont permis d’établir qu’il y avait à cet emplacement un oppidum romain, ce petit village fut très marqué par la Guerre des Albigeois au 13° Siècle, il ne faut pas oublier en effet que c’est à côté d’ici à St Félix de Lauragais qu’eut lieu le concile cathare de 1167 qui devait provoquer la fameuse croisade de 1209 à 1229. St JULIA fut une place forte catholique lors des guerres de religion du 16° siècle et ses habitants participèrent à la lutte contre les protestants, dans les archives historiques, il en fait état notamment d’un fait d’armes où les troupes armées parties de St Jula envahirent la ville de Soréze tenue par les protestants qu’il passèrent au fil de l’épée.
A noter que les protestants n’étaient pas en reste d’exactions puisqu’ils attaquèrent un jour une procession catholique qui se rendait du prieuré d’En Tel à Nogaret vers Montégut massacrant également tous les participants.
St Julia faisait partie de la dot de Marguerite de Valois, la célèbre reine Margot, fille de Catherine de Médicis, qui fut la première femme d’Henri IV avant d’être répudiée en 1599.
La reine devait venir prendre possession de bien mais elle n’arriva jamais dans sa propriété puisqu’elle s’arrêta au monastère de PROUILLE et de là elle décida de partir vers d’autres lieux, les St Julianais n’auront dons jamais l’occasion de rencontrer leur suzeraine.
St Julia possède la plus ancienne cloche du département, elle date de 1396.
Lors de la Révolution Française de 1789, le gouvernement révolutionnaire avait ordonné la descente des cloches des églises pour les faire fondre et en faire des canons. C’était sans compter sur l’enracinement de la religion catholique en ce lieu, les habitants n’acceptèrent pas que leurs cloches auxquelles ils étaient profondément attachés disparaissent ainsi. Les cloches après adjudication furent descendues le 24 Avril 1793 et stockées dans un local communal en attendant d’être transférées vers Toulouse pour être fondues. C’est alors que les habitants de St Julia décidèrent de s’emparer de ces cloches pour les cacher.
De nuit avec une charrette aux roues enveloppées de chiffons pour ne pas faire de bruit, ils pénétrèrent dans le local où se trouvaient les cloches, les chargèrent sur la charrette et les emmenèrent dans un champ pour les enterrer. Quelques jours plus tard, considérant qu’ils étaient trop nombreux à connaitre cette cachette et ayant peur de quelque délation fait courant à cette époque, une petite équipe déterra les cloches et les transporta de l’autre côté de la commune où elles furent enfouies dans une mare cet endroit sur le plan cadastral porte toujours le nom de (champ de las campanos ‘champ des cloches).
Elles devaient rester là jusqu’au rétablissement du culte sous le 1° empire. Mais le pouvoir révolutionnaire n’en resta pas là, la commune de St Julia fit l’objet d’un procès qui allait durer pendant toute la Révolution, la répression a ce crime était impitoyable, la commune fut condamnée à payer par l’intermédiaire des 20 plus forts contribuables six fois la valeur de ces cloches par un jugement du tribunal civil de Haute Garonne le 3 Messidor An 6 de la 1° République ( 21 Juin 1797).
De procédure en procédure malgré les menaces ce jugement ne fut jamais appliqué et le Conseil de Préfecture le 7 Frimaire An 10 (26 Novembre 1801) autorisait la commune à faire opposition. Celle-ci n’ayant pas été faite le même Conseil de Préfecture le 14 Floréal An 10 (2 Mai 1801) levait ce sursis et confirmait la condamnation des 20 contribuables de la commune à payer 2400 francs pour ces cloches. De retard en retard cette somme ne sera jamais payée et les cloches retrouveront leur place à la fin de cette tourmente où elles se trouvent encore.
L’église de St JULIA avec son clocher mur de style Lauragais est d’architecture gothique et à la particularité dans la catégorie des édifices religieux d’être une église consacrée reconnaissable aux douze croix tracées à l’intérieur de la nef, ce qui la différentie des églises bénies qui ne comportent pas ce signe de reconnaissance.
De nombreux notables de cette commune sont enterrés dans le sous-sol de cette église.
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Les gras capous de Saint Julia
St Julia est aussi bien connu par sa légende qui lui valut son complément de patronyme : Gras Capou.
Dans les temps lointains le village fut assiégé. Les habitants étaient enfermés derrière les remparts et les fossés dont on peut encore voir des vestiges : Pont levis : Porte de Sers - Porte d’Auta (nom occitan des vents dominants : Ouest et Autan) ainsi qu’une mare à l’emplacement des fossés de cette époque.
Les assiégeants, comptaient réduire les St Julianais par la famine, mais au bout de quelques semaines de siège, une vieille femme eut l’idée de bluffer les assiégeants en lançant par-dessus les remparts une paire de chapons vivants bien gras qu’elle avait soigneusement cachés.
Les assiégeants dépités et qui eux aussi souffraient de la famine, se dirent qu’ils ne pourraient pas vaincre ces habitants qui avaient encore de telles nourritures et levèrent le siège, les chapons avaient sauvé la cité.
Depuis des temps immémoriaux, on trouve sur l’Histoire du Languedoc ce complément de Gras Capous au village de St Julia, c’est là que se rejoignent l’Histoire et la légende.
Une foire au chapons avait lieu avant la Révolution de 1789 à la fin Décembre et avait la particularité de se dérouler de nuit (pourquoi ? : plusieurs hypothèses peuvent être avancées = gain de temps pour conserver la journée de travail des champs -camouflage pour éviter à certains petits producteurs clandestins d’être reconnus par les propriétaires des fermes). Cette foire se perpétuera de la Révolution jusqu’à la 1° Guerre Mondiale mais de jour, l’hécatombe qu’engendra cette guerre mit fin à cette foire. Celle-ci fut reprise à la fin du 20° siècle et de nos jours elle a lieu le Dimanche qui précède Noël attirant une foule importante de visiteurs.
« Les assiégeants, comptaient réduire les St Julianais par la famine, mais au bout de quelques semaines de siège,
une vieille femme eut l’idée de bluffer les assiégeants en lançant par-dessus les remparts une paire de chapons vivants bien gras qu’elle avait soigneusement cachés. »
NOTES
2 - Les dessins illustrant cette publication sont l’œuvre de Bernard Velay.
4 - « Une louchée », sous-entendu « une couche de bêtise ».