Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                      LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE

 

Les traditions du village de Dourgne

 

RETOUR ACCUEIL

 

SOMMAIRE :

Les traditions du village de Dourgne (I): la symbolique du romarin et l'amour.

Les traditions du village de Dourgne (II) : le mystère des quatre saints.

Extraits de l'ouvrage du Frère Vincent Ferras O.S.B. moine d' en Calcat

 

 

 

(I): la symbolique du romarin et l'amour.

 

 

LES ORIGINES DE DOURGNE ET LA GUERRE DES ALBIGEOIS.

Dourgne est un charmant petit village du Tarn blotti au pied de la Montagne noire, entre Revel et Labruguière. Avant la guerre des Albigeois au Xllle siècle. Dourgne était un castrum (village fortifié) qui s'élevait autour d'un donjon montagnard au lieu-dit le Castellas (dont les vestiges existent encore. parait-il). Or nous dit la légende, ce village primitif ayant été dévasté pendant les combats (22 avril 1212). Les habitants demandèrent au roi de France Philippe IV le Bel, un siècle plus tard, la permission de reconstruire leur village au pied de la montagne. L’autorisation lui fut demandée en 1301 nous dit la légende, par une escorte composée des plus belles jeunes filles et des plus beaux jeunes gens du village, tous tenant des branches de romarin, et fut finalement accordée par le roi, séduit par une si belle jeunesse.

 

 

Blason de DOURGNE

BLASON-DOURGNE

 

 

 

 

 


 

D'Azur aux deux clefs en sautoir d'argent
attachées à un lais de gueules

 

La fête du Romarin :

 

Chaque année, lors de la Fête du Romarin (dimanche de la Sexagésime) les habitants de Dourgne organisent défilé et festin pour commémorer, ce qui fait que la fête a lieu sans discontinuer depuis 800 ans environ. Bel exemple de continuité.

Pourquoi ce symbole du romarin ? Il était d'usage pour les jeunes de Dourgne de le voler rituellement dans les jardins la nuit précédant la fête. On se souvient aussi que ce sont des jeunes gens qui sont allées demander à Philippe le Bel la reconstruction de leur village. Le romarin est donc fortement lié à la jeunesse. Il est également lié à la « jeunesse » de la nature, car il pousse au début du printemps (en février), On lui prête également des vertus de fécondité : ainsi, au XXVIIe siècle, on disait aux enfants qu'ils naissaient dans des romarins, et non dans des roses ou des choux comme aujourd'hui.

 

Une chanson célèbre.

Pour toutes ces raisons, le romarin symbolise l'amour naissant aux beaux jours, comme l'indique la chanson :

J'ai descendu dans mon jardin
Pour y cueillir du romarin

J'en avais pas cueilli trois brins
Qu'un rossignol vint sur la main.
Il me dit trois mots en latin
Que les hommes ne valent rien

Et les garçons encore bien moins.

La jeune fille dans cette chanson va cueillir du romarin pour l'offrir à son amoureux, selon une tradition attestée de longue date. Dans beaucoup de provinces du Languedoc, offrir du romarin équivaut en effet à offrir son cœur, ou du moins à révéler ses sentiments. C'est donc pour cette raison que le rossignol arrive à propos, pour mettre en garde la jeune fille inexpérimentée de la roublardise masculine.

Le romarin et le laurier.

Dans le légendaire de Dourgne. La fête du romarin est opposée à celle du laurier, organisée cette fois-ci non plus par la jeunesse mais par les gens mariés. En effet, la légende de la refondation de Dourgne nous dit que les notables de la ville, après avoir obtenu la permission de reconstruire leur village du roi de France en 1301, durent aller chercher la charte à Puylaurens où se trouvait le roi. C'est à cette occasion qu'ils cueillirent des brins de laurier qui poussaient en nombre dans le village, au point, nous dit la légende, de lui donner son nom (Puy-laurens) le puy du laurier selon une étymologie fantaisiste). Or le laurier représente la stabilité et la perdurabilité, traditionnellement associées à la symbolique du mariage, par opposition au romarin qui symboliserait la force mais aussi l'évanescence des premiers émois.

Une hypothèse : évolution du sens de la fête ?

Ce que suggère B. de Viviès, c'est que la fête du romarin était traditionnellement une fête de la jeunesse, liée au printemps et à l'éveil de la fécondité, et que c'est peu à peu qu'a été privilégiée la commémoration historique de la reconstruction de la ville. D'ailleurs, aujourd'hui, la fête du romarin a presque totalement perdu son aspect de fête de jeunesse pour devenir avant tout une fête costumée, commémoration historique.

Quoi qu'il en soit, il faut souligner la vitalité des gens de Dourgne qui savent si bien faire vivre leurs traditions. Allez donc à la fête du romarin vous-même pour en avoir la preuve !

Pour approfondir.

B. de Viviez. Saints et géants au pays de Dourgne. troisième partie, chapitre II, « les rituels laïques ».
Le dimanche de la sexagésime : www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome01/035.htm
D'après - Abellion
le Polygraphe - Publié dans : VILLES_ET_VILLAGES du Languedoc -
Communauté : Pays cathare et occitanie

 

0

 

Les traditions du village de Dourgne (II) :
le mystère des quatre saints.

 

VALLEE-DOURGNEST-STAPIN

Vallon de Saint-Stapin

Où était situé l’ancien Dourgne, l’église et le cimetière paroissiaux ** emplacement du Castellas

 

Souvent, une ville ou un village se trouve sous la protection d'un saint ainsi, Paris et sainte Geneviève. Toulouse et saint Sernin... Mais Dourgne, village plus modeste par le nombre d'habitants, a néanmoins le privilège d'être sous la garde de rien moins que quatre saints !

 Ils s'appelaient Stapin, Ferréol, Macaire et Hippolyte Chipoli). Ils étaient frères. Stapin et Macaire étaient de pieux ermites. Ferréol bouvier et Hippolyte un soldat romain. Tous périrent martyrs Ils auraient vécu quelque part dans les âges sombres, vers le VIIe ou VIIIe siècle de notre ère.

 ST-STAPINNous n’avons aucune source d'information réellement « historique » à leur sujet, mais seulement des traditions populaires et ecclésiastique, ainsi qu'un certain nombre de rituels liés à leur culte. Il existe aussi un certain Stapin l'insaisissable, nombre de lieux où ils sont censés avoir vécu : C’est donc à une promenade rêveuse dans les traditions du Languedoc que je vous convie.

 

Saint Stapin l’insaisissable

St Stapin est sans doute la figure à la fois la plus connue et la plus ambiguë de ces quatre saints semble cumuler les attributs d'un saint catholique avec ceux d 'un géant légendaire. Enquête sur un étrange personnage.

 Saint Stapin le saint.

Saint Stapin apparait avant tout, son nom l'indique, comme un saint. Deux sources de renseignements à ce sujet : la tradition ecclésiale et la tradition populaire.

 La tradition ecclésiale.

L'Eglise l’a reconnu comme saint depuis le XVIIe siècle au moins, où il est cité dans les Actes des saints des Bollandistes, mais le culte est attesté antérieurement. Elle le fête le 4 août, et l'invoque contre une maladie articulatoire, la goutte, d’où la popularité de son culte qui, parti de Dourgne, s'est étendu dans plusieurs pays d'Europe : on lui attribue plusieurs miracles dans la guérison de personnes souffrant de troubles de la locomotion. D'où le surnom de Stapin « patron des podagres ». L'Eglise considère que Stapin est en fait le nom populaire d'Étienne. Évêque de Carcassonne su VIIe siècle, et qui mourut martyr (il est inscrit au martyrologe romain).

 -Stapin ermite.

La tradition populaire nous fournit d-autres renseignements sur Stapin. Il était ermite sur le plateau appelé aujourd'hui désert de Saint-Ferréol, au-dessus de Dourgne. Là, il se tenait dans un cercle de pierres blanches, où il priait sans cesse, si bien que la forme de ses jambes s'était empreinte dans le rocher, au lieu dit les Genouillades (Ginoulhados). Face à lui se tenait Satan qui le tentait, dans un cercle de pierres noires. Et si l'on se rend sur place, effectivement, l'on constate la présence de pierres plus ou moins sombres, ainsi que de différents phénomènes d'érosion de la roche.

 

ST-STAPIN01- la mort de Stapin.

 

On ajoute que Stapin attira par sa sainte vie beaucoup de curieux, et qu'en ces temps troublés on lui proposa l'évêché de Carcassonne, qu'il finit par accepter, non sans avoir tenté de se dérober à cet honneur en se cachant dans un clusel (souterrain). Chassé par l'invasion arabe. il revint ensuite à Dourgne où il mourut vers 720 selon Montagné. On ramena son corps de Carcassonne à Dourgne dans un char. Le char s'arrêta à Ventenac-Cabardès sans pouvoir avancer, jusqu'à ce qu'on construise en ce lieu une chapelle à lui dédiée. Puis, la dépouille repartit vers à Carcassonne où elle fut enterrée.

 (Saint Stapin, patron des podagres).

 

- Stapin le géant.

 

Par ailleurs, d'autres légendes populaires donnent à Stapin d'autres aspects qui cadrent moins avec l'idée que l'on se fait d'un saint, mais plutôt avec la figure d'un géant de légende. Ainsi la coutume du repas gargantuesque liée à lui, et qui existait encore sous Napoléon III :

« Le jour due août [la fête de 55j, encore sous Napoléon III, on plaçait un homme que l'on déguisait en saint Stapin dans la chapelle à la place de la statue du saint durant les offices. Ce personnage devait ensuite avaler un repas énorme formé traditionnellement de haricots. Il s'en suivait des jeux et des danses. »

D'autres traditions orales prêtent à Stapin et à ses frères une force herculéenne :

« Ils étaient quatre frères qui en des temps fabuleux habitaient les environs de Dourgne : Macaire, Hippolyte, Ferréol et Stapin. Ces frères se jetaient des meules de moulins, en guise de palais, d'une montagne à l'autre. »

CROIXStapin est lié à des rituels de fécondité, attachés à sa chapelle dans le vallon du Taurou à Dourgne. Ainsi, selon Y. Blaquière, des habitants de Vaure (près de Revel) venaient toucher le verrou de la chapelle consacrée à Stapin pour avoir des enfants. Il est également lié à un rituel de circumambulation : les malades devant faire 9 fois le tour de la chapelle. Or la symbolique de la rotation évoque infailliblement par analogie les corps moleste et le pouvoir du soleil.

 

Qui est donc Stapin ? Un saint ou un géant ?

  Il y a donc dans saint Stapin le mélange d'un saint chrétien et d autres aspects que l'on trouve identifiés dans la tradition à des géants (le repas gargantuesque) ou à des fées (l'aide dans la conception des enfants, la sacralisation de l'eau).

 Y a-t-il eu christianisation d'un culte païen ancien C'est ce que les érudits positivistes du XIX n'ont pas hésité à affirmer, disant que Stapin avait été une sorte de druide, ce dont l'on a d'ailleurs aucune preuve. Plus simplement. B. de Viviès pense que Stapin ne pouvait dériver étymologiquement d'Etienne, mais seulement du verbe stapiner, qui signifie « se tenir debout » ou "danser d un pied sur l'autre".

 Ou bien y a-t-il eu réappropriation par le peuple d'un saint reconnu par (institution ecclésiale L'Église a en effet plusieurs fois réagi contre certains excès superstitieux du culte du saint, au point même d'interdire le pèlerinage au XVIIIe siècle à la suite de certains « excès » On ne le saura sans doute jamais, tant dans ce personnage unique se mêlent de manière indissociable des traits chrétiens et des traits plus légendaires.

 La seule chose dont on est sûr c’est l'attachement émouvant et infiniment respectable des dourgnols, comme la communauté monastique d'En Calcat, à saint Stapin et à son culte, qui est éminemment respectable pour son ancienneté et son importance dans la cohésion de la communauté.

 En méditant sur tout cela, vous pouvez vous rendre sur le plateau de Saint-Ferréol, au-dessus de Dourgne, où se trouve une chapelle édifiée après la seconde guerre mondiale (à la suite d'un vœu de la population lors de la dernière guerre) près des genouillades et des pierres où vivait l'ermite, et dans le vallon du Taurou, où se trouve une petite chapelle où se déroulaient autrefois les pèlerinages à saint Stapin

Saint Ferréol et saint-Stapin, et la symbolique du franchissement de la Montagne noire.

Stapin avait un frère, Ferréol qui, contrairement à lui était un véritable mécréant. Un jour qu'il conduisait une charrette  sur le plateau qu'il domine Dourgne, le diable le fit s'embourber. Ferréol invoqua Dieu, lui promettant de changer de vie s'il le sortait de ce mauvais pas. Ce qui arriva effectivernent saint Ferréol devenant finalement un saint.

 Quel est l'élément réel qui se cache derrière ce récit. La légende de saint Ferréol est liée au franchissement de la Montagne noire, sur une voie très ancienne le cami Ferrat ou Saissaguès C'est une voie de passage, peut-être ancienne voie romaine ou chemin de pèlerins. Ce qui viendrait corroborer cette interprétation c'est que dans un conte de la Montagne noire recueilli au XIXe siècle, l'Oiseau bleu, saint Stapin apparaît sous les traits d'un pèlerin.

 Pour l'homme d'autrefois les déplacements notamment ceux à finalité religeiuse (les pèlerinages) revêtaient une dimension symbolique très forte. Le long du chemin saissaguès ou d'autres chemins dans la montagne noire ou du coté de Saissac et d'Arfons, mégalithes, croix et de pierres à cupules, signes d'une sacralisation de l’espace lié au passage de la montagne. Celle-ci remonte peut-être au néolithique et aux premiers agriculteurs. La légende de saint Ferréol serait un des derniers vestiges de cet espace sacré

 Saint-Macaire et Saint Hippolyte.

Venons-en aux deux derniers frères. Macaire était un ermite qui vivait dans un vallon où se dresse aujourd'hui un oratoire et une fontaine sacrée. Une coutume ancienne voulait que les malades se lavent avec un linge trempé de l’eau de la fontaine qu’il laissait ensuite sur place (les mouniès, qui ont donné leur nom au lieu). La pratique est attestée en de nombreux autres endroits.

 GENOUILLADESHippolyte, était un soldat romain. Quant à lui, il est associé à un site où se tenait une chapelle et où auparavant s'était tenu un oppidum celte et un camp romain (fouilles). Là avait lieu autrefois un pèlerinage, le saint étant évoqué, comme son frère Stapin, pour les maux de jambes.

 

(Les genouillades)

 

Le mystère des quatre saints.

Pourquoi quatre saints Car leur quaternité dessine un espace sacré. Leur présence en différents endroits du territoire de Dourgne donne un sens religieux à différents lieux. On peut ainsi formuler l’hypothèse d'un lien entre chacun des saints et un élément : ainsi. Hippolyte est relié à l'air (on l'évoquait contre le vent d'autan), ou Macaire à l’eau (la source). etc.

 Il n'en reste pas moins que ces légendes nous permettent de concevoir le rapport des anciens à l’espace, diamétralement opposé à celui des modernes un espace semé de lieux sacrés et de rituels. Une invitation quand nous croisons une chapelle ou une croix, à nous interroger sur ce qui a pu pousser les hommes d'autrefois à poser un témoignage de leur foi en tel ou tel lieu.

 A voir sur place.

A Dourgne, vous pouvez visiter les lieux en rapport avec les traditions et les rites des quatre saints :

-le plateau de saint-Ferréol, avec la « capelette », les genouillades et les cercles de pierres de la légende.
-la chapelle de Saint-Stapin ; près du camping),
-le roc de l’Abbade (statue géante de saint Stapin, monument emblématique).
-l'oratoire de Mouniès ; (chapelle à ND de Fatima).
-les vestiges du site de saint Hippolyte (ancienne chapelle, camp romain),
Un agréable sentier pédestre dit des quatre saints fait le tour de ces sites en 5 heures environ. Le descriptif est à l'OT de Dourgne et dans le guide de randonnées Chamina « Montagne noire ».

 

 

Bibliographie.

Montagne. Saint-Stapin évêque de Carcassonne

V. Ferras OSB (auteur de divers ouvrages et articles sur Stapin et l'hagiographie locale).
B.de Viviès. Saints et géants eu pays de Dourgne (reprise d'une thèse soutenue à I'EHESS).

B. de Viviès, Saint Stapin en Languedoc, autour d'un saint mythique, réalité du recours thérapeutique et cohésion sociale, Paris, EHESS, 1988, 2 vol.
B.de Viviès, Saints et géants au pays de Dourgne. Fêtes et religion populaire en Montagne noire, Nîmes, Lacour, 1996.

Par Abellion le Polygraphes - Publié dans : lieux de pélerinages (http://polymathe.over-blog.com/article-16986081.html)

- Communauté : Pays cathare et occitanie

 

 

Extraits de l'ouvrage du Frère Vincent Ferras O.S.B. moine d' en Calcat

 

 

DOURGNE ET LE CULTE DE SAINT-STAPIN

 

...dote la nouvelle église d'une chapelle dédiée à Saint Stapin (158). C'est neuf mois après l'ordonnance de Mgr de Castellane qu'une jeune fille de la paroisse de Laurac, archiprêtré du diocèse de Mirepoix (Ariège) qui, complètement paralysée depuis des années, est subitement guérie devant plus de 300 témoins. Au lendemain de la Révolution, c'est une petite fille de Carcassonne, perdue de ses jambes, qui en retrouva subitement l'usage et gagna à la religion catholique son père.

Ces quelques faits pris au milieu de tant d'autres, suffisent pour prouver que Dieu a en quelque sorte authentiqué la dévotion à Saint Stapin.

Malgré leur grand désir, les curés de Dourgne ne purent retrouver quelque reste bien authentique de notre saint pour remplacer la relique perdue pendant la Révolution. Ce bonheur fut réservé à M le chanoine Joseph Brieu (voyez la première partie de cette recherche) :(Allocution de M. le Curé à Mgr Cézérac, Archevêque d'Albi, Castres et Lavaur).

 

1934 -- Légendes de Languedoc : Saint Stapin de Dourgne, en pays d'Aude

J. Vézian, écrit dans le « Corpus du Folklore Historique de France » (Paris, 1934. toma I, p. 1531, n° 66, sous le titre « Les rochers de Saint Stapin », Dourgne, arrondissement de Castres (Tarn).

Sebillot cite dans « Folklore de France »  (t. I. p. 406), un article publié par la Société des Antiquaires (tome L, p. 419), mentionnant un pèlerinage qui avait lieu en l'honneur de Saint Stapin à Dourgne (Aude). Il y a là une erreur manifeste, les détails donnés par l'auteur s'appliquent exactement à Dourgne (Tarn).

Le passage cité par Sebillot m'apprend que, vers 1820, les malades se rendaient en pèlerinage le 6 août, vers le haut d'une montagne, près de Dourgne ils faisaient neuf fois le tour d'une chapelle et se rendaient ensuite sur une plateforme où se trouvaient des rochers peu saillants et percés de trous. Chaque malade introduisait le membre affligé dans le trou correspondant à son mal ; il y en avait de différents calibres pour la tête, la cuisse, le bras, etc.

Aujourd'hui, ces pratiques tendent à tomber en désuétudes. Etudions successivement les rochers à empreintes, les traditions qui s'y rattachent et les rites dont ils sont l'objet.

(158) Il s'agit de l'église Saint Pierre de Dourgne.

-- Rochers à empreintes.. Dourgne, le roc de Labade.

Sur la montagne, au sud de Dourgne, on voit à côté de la chapelle de Saint-Ferréol, un rocher calcaire, peu élevé, portant des cavités naturelles (?) diverses. On y distingue des traces de pieds, de genoux, de mains. Il y a aussi la marque de l'aiguillon de Saint-Ferréol (159) et celles des roues de la charrette trainée par de jeunes veaux sous la conduite du saint. Entre !es traces des roues, on distingue les empreintes des pieds des animaux ; et, par un curieux hasard (!), ces diverses traces correspondent à celles d'une charrette qui se serait avancée dans la même direction que le soleil.

Au pied de la montagne, dans la chapelle de Saint Stapin, on montre, dit-on ici, les empreintes du saint ermite.

-- Les trois saints de Dourgne : Saint Stapin, Saint Ferréol Saint Moniès ou Macaire (!) (Ici on ne parle pas de Saint-Hippolyte).

1) Trois saints se réunissent auprès d'une fontaine des environs de Dourgne ! Au Baylou C'étaient St Stapin, St Ferréol et St Moniès (ou Macaire) (159 bis). Ils décidèrent que l'eau qu'on puiserait à cette fontaine le matin de la Saint-Jean serait bienfaisante. Ils fixèrent la leur « bienheureuse demeure » C'est surtout saint Moniès ou Macaire qui se fixa en ce lieu. Qui est ce saint Macaire (déformé par Moniès) ? Il existe plusieurs saints du nom de Macaire

- Saint Macaire, et ses compagnons martyrs inconnus, fêtés au 28 février, mort vers 587.
- Saint Macaire, martyr d'Alexandrie, mort vers 250, est fêté au 8 décembre.
- Un autre saint Macaire, martyr d'Alexandrie, compagnon de Saint Julien (martyr), fêtés au 30 octobre (mort vers 982).
- Un troisième saint Macaire, compagnon de Fauste et martyr d'Alexandrie, mort vers le IIIème-IVème siècle, fêté au 6 septembre.
- Saint Macaire d'Alexandrie, anachorète, fêté au 2 janvier (mort au Vème siècle), c'est le plus connu des saints du nom de Macaire.
Nous penserions à lui en examinant sa statue à la chapelle du Vallon ? ? ?
- Saint Macaire, martyr, à Anazerbe (mort vers 304), compagnon de Théodule, fêté au 5 février.
- Saint Macaire l'Ancien, ermite en Egypte (mort en 390), fêté au 15 janvier.
- Saint Macaire, archevêque d'Antioche (mort en 10121, fêté le 10 avril).
- Saint Macaire, martyr en Arabie (mort au IVème siècle), compagnon d'Eugène, fêté au 20 décembre.
- Saint Macaire, évêque régionnaire, près de Bordeaux, (Vlème siècle), fêté au 4 mai.
- Saint Macaire, évêque de Jérusalem (mort vers 335), fêté le 10 mars. Saint Macaire, martyr à Lyon (en 177), compagnon de Saint Pothin(que l'on appelle Stapin), fêté le 2 juin.
- Saint Macaire, higoumène (Père Abbé) du monastère Pélécète (en 830) fêté au 1er avril).
- Saint Macaire évêque de Pétra (IVe siècle), fêlé au 20 Juin.
- Saint Macaire, martyr, compagnon de Saint Julien de Syrie (?), fêté au 12 août.

 

(159) Pour la première fois, on rencontre ce fait et, jusqu'à présent, les Archives paroissiales n'en disent mot.
(159 bis) Il y aurait la matière à confusion : « Moniès» désigne le lieu «Macaire» est un nom propre.

Il semble bien difficile de croire qu'un saint Macaire ait vécu à Dourgne, et de plus, soit le frère (selon le sang) de Saint Stapin. Nous nous trouvons devant le même problème que Saint Ferréol et Saint Hippolyte. La légende laisserait entendre que Dourgne a toujours honoré le Saint Macaire du 2 janvier, tout simplement parce qu'on le représente en moine et que ce dernier était « anachorète », moine ermite, non pas à Dourgne, mais à Alexandrie !

Notre texte poursuit : « …Saint Stapin et Saint Ferréol firent pénitence sur les rochers ; mais Saint Stapin passa ses derniers jours au pied de la montagne.

-- Saint Ferréol, bon vivant, car il était charretier, dit la légende

Saint Ferréol ne fut pas toujours édifiant ; il était charretier un jour il gravissait la montagne en conduisant une charrette traînée par de jeunes veaux (par des vaches suivant une autre version). Il était plein de vin, et, arrivé au sommet, il tomba sur le rocher que le démon faisait enfoncer sous ses pas comme un sol boueux. La charrette et les animaux s'enfoncèrent également ; mais, saint Ferréol ayant promis de changer de vie, un jeune homme, vêtu de blanc, (très certainement un ange) passa au dessus des cornes des bêtes, et Saint Ferréol put continuer sa route.

-- Les rochers blancs et les rochers noirs..

1) L'auteur précise que ce miracle se passait à côté de la chapelle de l'ermite et le rocher porte encore les traces de cet évènement.

 -- Les miracles « de Saint Stapin »

Dieu lui-même s’est plu à encourager les pieux pèlerins de Saint Stapin, non seulement par de nombreuses grâces intérieures plutôt secrètes, mais encore par des guérisons miraculeuses qui démontrent clairement combien les supplications qu'on lui adressa en ce lieu privilégié lui sont agréables. A la fin du XVllème siècle, c'est un Vicaire général de Castres qui guérit subitement de la goutte …

 

 

 

 

ACCUEIL

RETOUR VILLAGE DE DOURGNE