Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol PARU DANS LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE NUMERO 17 - 2012 |
LA CHAPELLE SAINT-PIERRE DE CALVAYRAC
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DESCRIPTION
Extérieur
- La chapelle Saint-Pierre-de-Calvayrac est sise sur un tertre naturel. Les fouilles ont révélé des fondations qui par endroit atteignent 1,20 m de profondeur certainement pour compenser le dénivelé naturel du terrain.
- L’édifice a été appareillé avec des moellons irréguliers et est couronné par un toit à deux pentes rehaussé par une génoise (1) à deux rangs. Le mur occidental est composé d’un mur pignon couronné d’un petit clocher mur à une baie où est installée la cloche de la chapelle, ainsi que d’une croix en fer forgé. Comme le plan l’indique, les murs gouttereaux (murs nord et sud) sont épaulés par des contreforts massifs qui contrebutaient la voûte autrefois.
Ces murs sont percés par deux fenêtres cintrées (arc plein cintre) au nord, une ouverture cintrée au sud. Le portail ouvert dans le mur méridional est inscrit dans un arc cintré.
- Le chevet (le chœur vu de l’extérieur) est composé de trois pans. La partie médiane du chevet a été percée d’une fenêtre cintrée récemment.
- La sacristie occupe un bâtiment hors œuvre, sur le flanc sud, rajouté au XIXe siècle. Un cimetière entoure la partie orientale de la chapelle.
Intérieur
De plan basilical, l’édifice Saint-Pierre comporte une nef unique scandée par deux travées.
- L’entrée du chœur est marquée par la présence de deux pilastres qui rappelle l’ancien arc triomphal qui séparait alors le chœur de la nef. L’édifice était originalement voûté de lambris de bois plâtrés portés par des ogives qui retombaient sur des culots. Les travaux de 1999 n’ont pas permis de sauvegarder cet ensemble ni de conserver des peintures en camaïeu de tonalité grise représentant des trophées religieux (objets de cultes, instruments de la passion…).
- La chapelle est aujourd’hui charpentée. Il est possible d’observer une niche en arc en mitre, à droite du portail, aménagée dans la maçonnerie du bâtiment. Le fond de la niche est présenté sous la forme d’une cuvette pour recevoir de l’eau. Des encoches sur le mur, au niveau de la niche supposent que les fonts baptismaux ou le bénitier se trouvaient à cet endroit.
LA LONGUE ET INCERTAINE HISTOIRE DE LA CHAPELLE SAINT-PIERRE
Dans le courant du Haut Moyen-âge (phase historique de l’an 500 à l’an 1000), le peuplement de la région est relativement dispersé et de petite taille. Bien souvent, les églises rurales demeurent les seuls témoins de cette période à l’instar de Saint-Pierre-de-Calvayrac.
Le suffixe « ac » ainsi que la dédicace à saint Pierre permettent de situer l’existence d’un habitat à Calvayrac haut dans le temps, c’est à dire dans le Haut Moyen-âge sans permettre de dater précisément la construction du premier lieu de culte.
C’est au milieu du XIIIe siècle qu’apparaissent plusieurs mentions attestant la présence d’un édifice religieux et d’un habitat à Calvayrac soit plus d’un siècle avant la fondation de la bastide royale de Revel par le souverain Philippe VI de Valois (1293-13501) en 1342. La gestion religieuse et administrative de l’établissement dépendait alors directement de l’Abbaye de Sorèze (fondée au VIIIe siècle).
La maîtrise de la chapelle échappe à l’abbaye de Sorèze à partir de 1317 pour être régie par le diocèse de Lavaur lors de la réforme du territoire ecclésial entreprise par le pape Jean XXII. Cette réforme avait pour but d’établir une meilleure perception des taxes et surtout de favoriser le prêche afin d’éviter tout retour d’hérésie quelconque après les dégâts occasionnés par la présence des cathares dans le Languedoc. L’ensemble d’habitat autour de la chapelle Saint-Pierre n’était pas assez développé pour résister à la fondation de Revel qui, grâce à de nombreux avantages notamment fiscaux, a rapidement absorbé la population environnante dont une partie de Calvayrac. D’ailleurs, depuis la fondation de la bastide, on constate une réelle lacune de documents quant à la chapelle Saint-Pierre entre la fin XIVe et la moitié du XVIIe siècles.
La mention de la chapelle apparaît à nouveau cette fois-ci sur des cartes de l’évêché de Lavaur datée de 1683 et de 1695 dessinées à la demande de l’évêque Mgr Le Goux de la Berchère. A cette époque, il semble que l’habitat autour de la chapelle soit resté épars.
Par la suite, différents documents du XVIIIe siècle démontre que la chapelle de Saint-Pierre était d’une part une succursale de la paroisse Saint-Sauveur de la Jalabertie (une des paroisses de Saint-Félix-Lauragais) en 1713 et, d’autre part, un document daté de 1722 signale que la paroisse Saint-Pierre de Calvayrac est située « dans les consulats de Revel et de Saint-Félix ». Ainsi, Saint-Pierre-de-Calvayrac est placée sous la juridiction de Saint-Félix et de Roumens pour moitié et de Revel pour l’autre moitié et ce, jusqu’en 1770 où le territoire de Calvayrac est rattaché à Revel. Cependant, la paroisse proprement dite continue à dépendre du presbytère de la Jalabertie. En effet, des documents d’achat de mobilier indiquent que les commandes étaient effectuées pour toute la paroisse (Saint-Sauveur et la succursale Saint-Pierre). L’histoire se floute à nouveau au début du XIXe siècle. Peu de traces nous sont parvenues à l’exception d’une épitaphe « Jean-Germain Boutié, fondateur de cette église mort en 1842 ».
Plan de la Chapelle Saint-Pierre de Calvayrac (P. Stephant – octobre 1999).
On suppose ainsi que d’importants travaux (voire la reconstruction de l’édifice) aient été entrepris à cette époque. L’édifice subit une nouvelle campagne de travaux à la fin du XIXe siècle a priori en raison de la vétusté du bâtiment. Cependant, Saint-Pierre continue de dépendre de la paroisse de la Jalabertie jusqu’en 1953 où l’édifice est désaffecté, les meubles, les ornements et la collection ont été transférés en l’église Saint-Sauveur de la Jalabertie.
Depuis sa désaffection, l’église a été désacralisée par l’archevêché de Toulouse ainsi, l’édifice ne peut plus servir au culte religieux. La municipalité de Revel s’est portée acquéreur de la chapelle et a mis en œuvre un chantier de réinsertion pour remettre l’édifice en état en vue de l’accueil du public en 1999. La chapelle accueille désormais des expositions, des concerts et d’autres activités culturelles ponctuelles ainsi que des ateliers comme ceux de l’association « Les Bouquets d’Occitanie ».
LES FOUILLES ARCHEOLOGIQUES
Des fouilles ont été entreprises lors des travaux de réaménagement (2) . Certains éléments ont pu être précisés grâce à cette opération sans toutefois permettre d’attester de manière irréfutable l’histoire du monument. Différents travaux ont endommagé irrémédiablement la stratigraphie initiale du lieu ce qui ne permet pas de dater précisément divers objets (tessons de poterie…) retrouvés par les archéologues. En revanche, il est intéressant de noter que plusieurs tombes des XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles ont pu être identifiées, notamment dans le chœur. Les archéologues supposent que lors de la reconstruction de l’édifice, les plans ont empiété sur le cimetière ce qui expliquerait la présence de toutes ces inhumations. Quelques vestiges d’édifices antérieurs ont été trouvés (XIVe et XVIe siècles) sans permettre d’identifier ni structure ni fonction. En revanche, il est probable que l’édifice actuel remplace l’église du complexe paroissial du XVIIIe siècle mais avec une reconstruction de fond en comble au début du XIXe siècle.
Maquettes de Monsieur Roger Petit
- (1) - la corniche constituée de tuiles
- (2) - Fouilles effectuées en 1999 par HADES – Direction des fouilles Pierrick Stephant (rapport final de synthèse de surveillance archéologique – Service Régional de l’Archéologie Midi-Pyrénées).