Société d'Histoire de Revel Saint-Ferréol                          -                                      Cahier d'Histoire de Revel 

 

LE PASSE DE REVEL ET SON MARCHE

Par Albin Bousquet

 

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Le but de la recherche était de reconstituer l'histoire économique de Revel. Les documents, conservés aux archives municipales de Revel,   et départementales de la haute Garonne l'ont permis ; à partir du Dix-septième siècle seulement. Comme un vide existait, nous avons eu recours au bulletin de la Société d'Étude Scientifique de l'Aude, paru à Carcassonne en 1952 .Les informations recueillies concernent les premiers signes du commerce a Revel que nous allons découvrir dans la rubrique «  la canne de drap de Revel » . Vient ensuite le commerce du bétail, l'évolution des marchés de la taxation, des lois, des structures .Pour finir par : l'arrêt des marchés du bétail, la persistance du marché « urbain » de Revel après 1960. et  sa place aujourd'hui. .  .

LES ENJEUX PREMIERS

L'empire Romain s'étant effondré, les barbares occupèrent de nombreuses régions de France. Semant ruines et désolation, effaçant toute trace de civilisation. Peu à peu l'Église rétablit la structure urbaine de l'Empire déchu. Des groupes épiscopaux se formèrent constituèrent les évêchés, avec à leur tête un Évêque qui devint l'administrateur de la ville. Cette dernière devint à la fois chef-lieu administratif et poumon économique.
Les tenants du pouvoir les Seigneurs, le Roi, les Anglais qui étaient en Guyenne ; étaient tous conscients que la concentration de la population dans les villes favorisait le développement du commerce, porteur de richesses. Ils s'appliquèrent à créer des villes nouvelles (les bastides). Au milieu du XIVème siècle Revel fit parti du lot. .Comme elle fut l'une des dernières à voir le jour, elle profita d'avantages, tel que le bon choix de son emplacement, une voirie raisonnée, de l'eau en abondance, une grande Halle, quatre  Padouvencs ; espaces très utiles au Moyen Age, les habitants   vivaient du produit de quelques animaux. Ces espaces pouvaient également servir à diverses manifestations ; entraînements, jeux, déroulement des foires    

Ces commodités firent le succès de Revel.

Nous devons l'organisation des bastides, à Paul Redon (1) qui écrivit à l'occasion du 650ème anniversaire de la fondation de Revel ceci :

« à sa fondation le Roi octroi à Revel une franchise politique essentielle ; le Consulat, qui est le nom donné dans le midi de la France. Cette organisation municipale est le fruit d'une évolution qui à duré deux siècles. En 1342 elle est bien au point pour être donnée à une ville moderne. La charte confie l'administration de la ville a six Consuls ou Colsols en Occitan. Le nombre de six sera d'ailleurs réduit à quatre par la suite. Les Consuls sont assistés dans leur délibérations d'un conseil politique de 24 membres tous des bourgeois choisis dans la classe des commerçants. Huit sont artisans, huit autres sont laboureurs. Dans les cas exceptionnel c'est la communauté toute entière qui délibère »

LA CANNE DE DRAP DE REVEL

Des recherches sur les marchands drapiers du 14ème siècle (2) ont montré que des marchands de draps qui fréquentaient les foires de Pézenas, Beaucaire et Béziers, détenaient des registres sur lesquels figurait le prix de la canne de drap de Revel, pour les périodes allant de 1361 à 1373 et de 1408 à 1418 et le nom de fabricants qui œuvraient dans notre région tel : Castras Arnaut fabricant à Revel. Mespelh et Mons fabricants de Pamélas et autre, à Soréze Martin G. fabriquant à Saissac, Pinole à Puylaurens, Manet à Moussoulens, Riac à Villemagne, Lunel à Labécède-Lauragais, Salvage à Labruguière.

Ces informations démontrent qu'une activité industrielle existait peu après la création de Revel. Dés lors des questions se posent : les marchands se rendaient-ils chez les fabricants ou bien achetaient-ils sur une foire ? Si l'on tient compte des indices, et ils sont nombreux, la pensée qu'il se tenait une foire, à toute sa place. La canne s'identifiait a un lieu « Revel ». Ce n'est pas tout ; en s'aidant de cartes, on constate que la distance entre Revel et les villages dans lesquels exerçaient les fabricants, ne dépasse guère la Vingtaine de kilomètres, Cette distance n'a pas changé ; elle pouvait être parcourue deux fois (aller et retour) avec des animaux ( le temps passé à la foire  faisant l'objet d'étape) ; sans qu'il soit nécessaire de s'arrêter dans une auberge de campagne. Établissement plutôt réservé, au Moyen Age aux commerçants qui parcouraient de grandes distances avec des mulets et des ânes chargés de marchandises

 

Cette approche fait penser à d'autres questions : Pouvait-on circuler librement dans la région sans être soumis au paiement de l'Octroi, franchissement d'une rivière, d'un pont, on peut admettre que la région ne présentait pas de grands obstacles majeurs, liés au paysage. Quant à savoir si l'entrée dans la ville de Revel était- gratuite ou pas, nous n'en savons rien.
Ceci nous amène à traiter de l'Octroi, mode de taxation des produits qui fut un frein au développement du commerce tout au long du Moyen Age. Le franchissement du Tarn à Albi au XVème siècle, montre les difficultés rencontrées. Exemple : pour la basane rouge (cuir tanné) la taxe s'élevait à 12 deniers la charge (de mulet ou de mule), pour certains autres produits : comme les sardines au saumure c'était : 6 deniers la charge, les peaux de sauvagine 8 deniers la charge. Les peaux de vache étaient taxées à l'unité, les peaux de chèvre et de mouton étaient taxées à la douzaine. Certaines denrées, dont le savon était taxé au «quintalage» mesure correspondant au quintal.
L'Octroi pouvait occasionner des pertes de temps considérables. Si l'on retient que les tarifs relevaient de la décision personnelle du tenant du droit. Il est aisé de comprendre ; l'ampleur de la difficulté, et le désarroi du paysan qui se présentait a un poste de péage.

Dans son édition de 1888 le Larousse illustré donne la définition suivante de l'Octroi A cette époque la taxation évoluait sous la pression du nouveau régime.

«... on nomme ainsi des taxes indirectes prélevées aux profit des Communes sur des objets et denrées destinées à la consommation locale. Ce mode d'impôt existait dans l'antiquité (portom) chez les Romains. Son institution régulière remonte au XIII siècle. Le droit d'Octroi perçu d'abord au profit exclusif du Trésor Royal ; fut par la suite concédé aux communes, obligeant ces dernières à verser une part au Trésor Royal. Supprimé à la Révolution en 1791 il fut rétabli par les lois du 27 Vendémiaire an VIII dans les villes. L'administration de l'Octroi est confiée aux Maires sous l'autorité des Préfets. Elle peut s'exercer sous quatre modes distincts. En régie par les Municipalités, sous la direction immédiate du Maire. En régie intéressée, la perception de l'Octroi est faite par un Régisseur, moyennant abandon au profit de la Commune d'une partie des bénéfices. Par un bail à ferme, adjudication pure et simple des produits de l'Octroi, et enfin par l'abonnement à la Régie des Contributions Directes, donnant lieu à un marché de gré à gré approuvé par le Ministre. Les droits d'Octroi ne doivent pas avoir de caractère de taxe prohibitive ou de droit de douane, ni constituer un impôt trop lourd à supporter par les classes peu aisées.
Les objets sur lesquels portent les droits sont en principe désignés par la loi. En général, en sont exemptés les blés et farines, le lait, les fruits, le beurre, les légumes. La loi du 25 Décembre 1897 à dégrévé les boissons dites hygiéniques (vin, cidre, poire, hydromel, bière, eaux minérales), et autorisé la Commune à remplacer ces droits par des taxes directes ou indirectes ; (taxe locative, taxe sur les chevaux, les voitures). L'établissement des droits d'Octroi voté par les Conseillers municipaux ainsi que les règlements relatifs à leur perception sont autorisés par décret rendus en conseil d'état après avis du Conseil Général….. »

 

UN SUJET PREOCUPANT LA VIANDE

Tout ce qui touchait à cette denrée périssable : l'abattage, la conservation, la vente des produits ; relevait de la responsabilité des Consuls. Les boucheries appartenaient à la Communauté elles étaient louées à des bouchers par un bail à ferme renouvelable tous les trois ans. Le prix de la location était soumis à des enchères qui se déroulaient à la chambre capitulaire de Toulouse. Pour concourir le preneur devait se rendre à Toulouse, assisté d'un Consul.
Avant le XVème siècle les boucheries étaient désignées du nom de « Bocarias ou Boucarias . Les unes vendaient les chairs dites « mélignosias » venant de la chèvre et de la truie. D'autres vendaient des abats. Par la suite les Bocarias furent appelées Boucherie, elles furent équipées d'un puits pour leur permettre de conserver la viande, ce qui ne se faisait pas 'à la tuerie publique ou on y vendait (théoriquement) que de la viande fraîche. Dans les villes et les villages dépourvus de halle l'abattage se faisait sur une place. A Revel l'abattage se fit sous la halle jusqu'au milieu du XVIIème siècle, il fut déplacé sur la rive droite du ruisseau le Farel, ou fut construit un abattoir. A l'emplacement  de celui qui vient d'être démoli en 2009. La viande fut longtemps vendue sous la halle à l'emplacement de la tuerie publique, lieu appelé « écorcherie » à partir de la fin du     17ème siècle. Sur les documents consultés, nous n'avons relevé aucun passage sur .un quelconque cérémonial qui se produisait dans certaines villes, avant l'abattage des gros animaux, et qui aurait pu se produire à Revel. ; Ces coutumes venues de la Rome ancienne était soumises à un   rituel.  L'animal destiné à l'abattage devait arriver à pieds de jour et être conduit par le Mazelier ; personnage mi-boucher mi-maquignon chargé d'alimenter le Mazel. (Abattoir Public°) Dans la plus part des cas le Mazelier était riche et disposait de prés situés proche de la ville. De nombreuses villes eurent un Mazel et un Mazelier, ce fut le cas a Saint-Flour, qui a restauré le sien.

Le renouvellement du bail d'une boucherie était annoncé par le crieur public, et affiché dans les villages voisins. Les Consuls étaient chargés de l'affichage. Voici des exemples

Lettre du Présidial de Carcassonne :
Messieurs
« Nous avons l'honneur de vous envoyer deux exemplaires d'affiche pour l'adjudication de renouvellement de nos contrats de boucheries que nous devons faire dans les mois prescrits de la présente année. Nous vous prions de faire afficher dans votre ville, et de nous renvoyer un certificat de publication. Pour votre bien, pour le même objet, que pour tout autre qui pourrait se présenter
Nous avons l'honneur d'être très parfaitement Messieurs vos très humbles et obéissants serviteurs »
Les Maires Consuls de Carcassonne (3)

– Adjudication des boucheries de Castelnaudary
Juin 1776 le 4 juillet

« Le bail des trois tables : la bonne boucherie a été adjugé et le contrat passé à savoir pour le mouton, le veau de lait et le bouc à raison de 17 Sols, Pour le bœuf à raison de13 Sols 69 »

Le tracas des dépenses engagées pour les déplacements causés par la gestion des boucheries fit réagir les Consuls de Revel. Au cours de la séance publique tenue le 10 avril 1775, l'assemblée approuva ce qui suit

« Le premier Consul Degoutte se transporte souvent en la ville de Castres, ou plusieurs autres, pour se présenter devant le Censeur Barbaira de la Belloterie subdélégué de Monseigneur l'Intendant auquel il y a dépenses pour celles des personnes députées par la ville ; de la somme de quinze livres neufs sols, quatre deniers. Somme estimée par l'assemblée »

Cette somme, devait servir à régler le déplacement de Jean Taillade boucher à Revel qui devait se rendre devant le Censeur pour régler un retard de paiement.

LES BANALITES

Étaient appelé banalités : les moulins, les fours à pain, les casernes, les boucheries, la halle, les instruments utilisés pour les mesures. Tous ces biens appartenant à la Communauté étaient frappés d'Octroi, (pour droit d'usage).
Les Consulats pouvaient s'affranchir de cette taxe à la condition de racheter (le droit) ce qui était quasiment impossible dans la plus part des petits Consulats qui avaient les caisses vides en permanence, et bien souvent des bâtiments en état de ruine .C'était le cas à Revel vers le milieu du 17ème. En 1652 le Consulat de Revel eut une petite opportunité. Étant venu habiter à Revel Pierre Paul Riquet créateur du Canal des Deux Mers, prêta de l'argent à la Communauté ; elle put ainsi s'affranchir de la taxe du droit d'usage de deux fours à pain et de quatre moulins banaux, trop vétustes pour être réparés et que (d'après certains Riquet aurait acheté ?) Pour remédier aux difficultés qui se présentaient, Riquet fit construire le moulin dit du Roi sur un terrain qu'il avait acheté, attenant la rigole venant de Pont Crouzet. Contrains, les habitants de Revel vinrent moudre leurs grains au nouveau moulin en échange d'une rente versée par la Communauté.

Le Roi pouvait consentir à délivrer des lettres d'amortissement (extinction graduelle d'une dette).
La transcription est peu compréhensible

Versailles 1686
« ...nôstre édit du mois de décembre 1686 Nous aurions amorti les biens, droits réels et facultez appartenant aux Communautés des villes, bourgs et paroisses de la dite province de Languedoc en exécution duquel édit, les Consuls et habitants du lieu de Revel, au diocèse de Lavaur, nous aurons fait remonter que jouir du bénéfice d'iceluy, ils ont rapporté le dénombrement des biens, droits réels et facultez »

La vie c'était améliorée à Revel lentement, les choses avaient changé. L'abattage des porcs, et l'enlèvement du fumier avait été interdit pendant la nuit. Les recommandations répétées avaient fait diminuer le jet de déchets et de matériaux dans les égouts. Chaque riverain se devait de nettoyer le fossé qui coulait devant sa porte, que ce soit celui de la rue ou celui plus important des égouts

La circulation des attelages sous les galeries avait cessé. Les Consuls s'efforçaient de gagner de la place. Le marché des bœufs qui se tenait au Padouvenc de Castres se tint à l'emplacement de la fontaine des trois grasses (qui fut crée plus tard) Le Padouvenc appartenait en partie au Comte Riquet de Caraman fils de Mathias et petit fils de Pierre Paul.

 

UNE PERIODE SOMBRE COMMENÇA DANS LE LAURAGAIS

L'extension des emblavures dans le Lauragais vers 1732 eut des conséquences sur l'élevage. Le nombre d'animaux conduits sur les marchés baissa, la viande devint hors de prix. A cela s'ajouta des conditions météorologiques désastreuses. Un billet signé par deux Consuls de Revel fait état de la situation il comporte les quantités habituellement récoltées et celles de l'année en cours dans le canton de Revel

 Le document est ainsi libellé
« Nous Commis de la ville de Revel au diocèse de Lavaur certifions le présent état véritable fait à Revel le 1er novembre 1738(4)  Le subdélégué de Lavaur demande des renseignements  

(1) Année de référence : 6450 quintaux de blé 1250 de méteil 2000 de seigle 1400 d'avoine 70 d'Orge
(2) Année en cours :        1038 de méteil 340 de seigle 280 d'avoine  

 

Au mois d'Août 1766 l'Intendant de Lavaur demanda aux Consuls de Revel des renseignements sur les mesures à grains

Messieurs
« Je vous prie de marquer le plutôt possible combien pèse ordinairement le setier de froment et celui du seigle, poids de marc, mesure de Revel, et de faire peser des grains des cette année afin de m'en marquer le poids au juste. Comme on me fait cette demande avec beaucoup d'empressement. Je ne saurais assez vous prier d'apporter toute l'exactitude et m'envoyer le résultat le plutôt possible. Vous pourrez recommander vôtre lettre à M Rey de Puylaurens qui me l'enverra par la jardinière ; nous satisferons ainsi les ordres que j'ai reçus »

Voir les différentes mesures à grains, de Revel et des alentours.

 

En 1775 le marché du bétail fut interrompu à Revel et dans les Communautés environnantes à cause d'une épizootie qui atteignit les bovins dans le Sud-ouest de la France. Afin d'empêcher l'extension vers la Montagne Noire, on fit appel à l'armée pour surveiller les routes et les chemins. Des postes de garde formèrent un cordon entre Vivier les Montagnes et Naurouze. A partir de Pont-Crouzet le cordon emprunta  la rigole de la plaine.
Une inflation galopante toucha tous les produits. Le prix du pain, des fourrages, du bois connurent une augmentation prodigieuse. En 1788 le Subdélégué de la chambre Consulaire de Toulouse déclare : « ..l''espèce bovine est rare, du moins quant au bétail qu'on élève dans le diocèse. Heureusement la Montagne Noire, la Guyenne, le Quercy y suppléent. Mais cette transmission en rehausse le prix ». Le Subdélégué du diocèse de Lavaur précise en 1786 « ...la dépopulation des bestiaux de 1772 à 1774 à fait augmenter le prix de la viande, d' un quart a deux tiers en deux ans ». L'Intendant d'Auch Fournier de la Capelle explique la situation, au contrôleur Général de Toulouse, il écrit

« ...en Espagne on ne tue que très peu de moutons ; on y est trop jaloux de la laine, pour diminuer la quantité des animaux. La concurrence accroît cette cherté, on ose assurer que nous vendons tous les ans cent mille moutons a la seule ville de Barcelone » Un autre rapport précise   « ...de très beaux bœufs aptes au travail se vendent 25 Louis la paire à Saint Gaudens, l'hiver venu on les place dans des étables et on les nourrit avec du bon fourrage (5) »

La vente et l'exportation des grains furent interdites. Le Subdélégué de Lavaur avise les Consuls Revel



Messieurs
« Je vous envoie ci joint un exemplaire de l'arrêt rendu au Conseil d'État du 26 juillet qui interdit à toute personne d'exporter ou d'expédier à l'étranger blé, seigle, farine d'orge, d'avoine et autres mêmes grains ; à peine de confiscation jusqu'à ce qu'il en soit pour sa Majesté autrement donné. Je vous prie de faire publier à l'ouverture du prochain marché de votre ville, et de faire afficher sous la forme ordinaire ».

La taxe sur le fer d'importation augmente, L'Intendant écrit :

Lavaur 10 octobre 1785
« Messieurs je vous envoie un exemplaire de l'arrêt rendu au Conseil le 18 dernier qui fixe à 3 sols par quintal les droits sur les marchandises en batterie de fer venant de l'étranger ; Je vous prie de le faire lire au public et d'afficher dans la ville en la forme habituelle et de m'envoyer le certificat de publication ».

Autre message –

« Messieurs je vous envoie un exemplaire d'un arrêt du Conseil qui maintient les marchands et négociants dans l'extension des droits pour les bois destines aux construction marines ; Vous voudrez bien faire lire et afficher dans vôtre Commune ».

Le mardi avait lieu le marché du boisa ; Ce produit augmenta  Le bois de la ville, situé prés de Dreuilhe, dernier quartier de la forêt de Vauré qui avait été réservé pour le chauffage des fours de la ville, avait été  épuisé par des coupes trop rapprochées. Les produits des bordures des champs suppléaient tant bien que mal aux besoins des habitants. Ces derniers avaient autorisés en 1773 à prendre « leignas » (branches) dans la forêt de l'Aiguille, appartenant au Roi ; lors de la création de la route allant de Revel à Carcassonne. (6)

La vente du vin est réglementée

« ...le procureur du Roi enjoint à tous les hostes et cabaretiers de vendre dans la ville leur vin vieux ou nouveau dans des bouteilles à toute personne sans distinction, en payant la valeur de celles  ci suivant le prix qui aura été déclaré par les hostes et cabaretiers. Les personnes qui iront boire chez eux, tout habitant, aura le choix de goûter du vin de la barrique. De la barrique ou de plusieurs, que les hostes et cabaretiers destinerons à la vente du vin à un sol ou deux ; aux profits des pauvres ».

 « ...Il y avait grand tapage les jours de marché. » Des Crieurs appelés « éncantaïrés » se proposaient de faire la publicité des produits que les commerçants destinaient à la vente. Les Consuls durent interdire l'usage d'instruments bruyants. Seul le chef de la Milice et le crieur public furent autorisés à en faire usage  
Les jours de marché le crieur public sonnait aux quatre coins de la halle, il annonçait la ou les nouvelles ; le dimanche matin il se manifestait devant l'Église à la sortie de la messe.

CHANGEMENT DE REGIME

L'Octroi fut supprimé en 1792 il fut rétabli en 1805. Pendant cette période plusieurs courriers furent échangés entre le Maire de Revel qui était contre le rétablissement, et le Préfet nouvellement installé

Première lettre du Maire Élysée Faure (7)

« ...l'Octroi ne produit absolument rien pour les pauvres parce que le nombre d'employés nécessaires pour en faire réception en absorbe le revenu. Un pareil rétablissement vexera les habitants et engendrera des mécontentements qui menaceront la tranquillité publique. Le rétablissement de l'Octroi ne remplira pas le but qu'on paraît se proposer. »

Le maire profita de ce courrier pour demander un autre jour de marché ainsi qu'une foire supplémentaire, il ajouta :  

« ...considérant que l'Agriculture et le commerce peuvent accroître la facilité dans cette ville, quoique peu populeuse mais tellement avantageuse par sa position, que les habitants des contrées environnantes la recommandent ; nous reconnaissons qu'il faudrait cinq marchés (par décade) et non quatre. Quant aux foires, considérant que l'intervalle qui sépare celle des 15 floréals de celle du 2 Vendémiaire est beaucoup trop considérable, il importe qu'il soit établi une foire de plus. »

Le Préfet répond au Maire « ...le produit de la place, est encore versé au Trésor Public. L'Octroi que vous aviez décidé d'abolir dans la cession de Thermidor an 10 n'ayant pas été approuvé, il importe aux intérêts de vos concitoyens à discuter s'il ne serait pas nécessaire que les marchands qui étalent leur marchandise sur le découvert, fussent assujettis à payer un droit de place qui devrait être modéré ; si vous jugez convenable de percevoir ce droit. »

Le Sous Préfet  prodigua des encouragements
« ...il y à dans vôtre Commune des promenades, une halle, un marché qui permettrait de prélever des taxes. »
Le Maire répond
« ...pour des raisons déjà annoncées, il faut attendre pour imposer des taxes nouvelles. Le public ne comprendrait pas que l'abrogation des droits seigneuriaux puisse peser davantage. »

En conséquence le conseil délibère qu'il serait impolitique d'établir des tailles sur les objets.

Un receveur des impositions directes avait été nommé à Revel (rémunéré par la municipalité) !
La loi du 11 Frimaire 1795 avait permis de classer au nombre des recettes municipales, le produit de la location de la Halle. Il y eut là une surprise. La municipalité dut légiférer et rappeler les conventions qui avaient été établies en 1652 entre Riquet et la Communauté.
Ce fut l'objet de la séance du 25 Pluviôse de l'an 10. Le texte de cette séance est reproduit tel quel.

« ...un membre à observé que la halle de cette Commune était Jouie par la Nation, tandis que l'acte passé entre la Commune et Riquet ci-devant comte de Caraman, chez Pech Notaire à Revel en 1725 porte que la Commune n'aliène à faculté de rachat perpétuel que les droits qui se percevaient dans la dite halle, et non la propriété du fond ; que ce droit ayant été supprimé sans indemnité, il paraîtrait naturel que la Commune rentre dans la propriété du fond. Le Maire à déposé sur le bureau, une copie de l'acte sus- mentionné d'après laquelle le Conseil s'est convaincu que pour payer au dit Riquet une partie des intérêts de la somme de Soixante mille trois cent francs, Sept Sols, dix deniers, qu'il lui avait prêté pour subvenir à diverses dépenses occasionnelles, pour les séjours que l'armée fit à Revel en 1652. La Commune aliéna au dit Riquet à faculté de rachat perpétuel la banalité de quatre moulins situés sur la rivière du Sor énoncés dans le sus dit acte Le produit des dits droits devant tenir lieu au dit Riquet des intérêts de cinquante mille francs qui est le capital que les enchères donnèrent à ce droit. D'après des renseignements, le Conseil considérant que la Commune s'est réservée la faculté de reprendre la jouissance des droits cédés au dit Riquet Inscrit sur la liste des émigrés. A plus que payé, la somme de Soixante mille cent Soixante francs Sept Sols Dix deniers que la Commune devait au dit Riquet par la rente du moulin dit du Roi, le seul des quatre aliénés qui subsiste ; que le droit de mesurage et de pesage ; ces banalités ont été supprimées sans indemnités, enfin que l'acte déposé sur le bureau n'est pas en forme ; n'étant pas collationné par le notaire qui l'a retenu
Le maire adjoint de cette Commune prendra les moyens les plus prompts et les plus convenables pour réclamer la propriété de la dite halle. Il se fera expédier un extrait en forme de l'acte passé entre la Commune et feu Riquet chez Pech notaire à Revel en 1725 Il le joindra à la pétition qu'il présentera aux autorités supérieures. »

Pour résumer, la Commune voulait récupérer le droit d'exploiter la halle dont jouissait  la nation,( qui avait oublié de le céder à la ville) .

Le bulletin des lois numéro 69 de la République paru le 29 Pluviôse (février 1801) concerna de nombreuses villes dont Revel. « ...indépendamment des foires qui se tiennent à Revel, département de la Haute Garonne …il s'en tiendra une quatrième (le premier Août) sa durée sera de un jour. »
Le Maire obtint donc une foire supplémentaire comme il l'avait souhaité.
La Municipalité proposa de réembaucher les anciens employés de l'Octroi : mesureur, jaugeur, peseur, tout en rappelant les qualités de ces derniers ; Mathieu Tayac père, Bernard Maffre dit Mayat, Guillaume Delprat dit Gaîssou.
« ...étant entendu qu'ils exercent cette profession de mesureur depuis longtemps »
Pierre Ricalens se vit proposer de jauger.
« ...étant entendu qu'il exerce avec fidélité et propreté qu'elle exige »
Poitevin cadet se vit proposer Testeur du Public.
« ...pour ses services qu'il à rendu à la Patrie comme Officier dans la quatrième brigade d'infanterie de ligne »
Ces propositions ne furent pas suivies d'effets ! Un nouveau venu Jean Macian fut nommé vérificateur des poids et mesures. Il prit son service le Cinq Vendémiaire de l'an 10.
En 1810 la Municipalité décida d'augmenter la concurrence chez les Commerçants de la ville en laissant venir des forains vendre du pain et de la viande.        « tout en veillant  à ce que ces derniers payent des taxes » est-il  précisé..
« ...considérant que le grand nombre de bouchers et de boulangers établit une concurrence qui assure aux consommateurs la bonne qualité de ces denrées. Le Conseil désire que des marchands forains soit admis à débiter du pain et de la viande sur le marchés de la ville, le mardi, jeudi samedi de chaque semaine à charge pour ceux qui viendrons étaler les marchandises de justifier qu'ils ont payé le droit d'Octroi, ainsi que le droit de patente, et de se conformer à la taxe qui aura été faite par l'autorité, sans lesquelles ils ne pourront établir leur banc ou leur étal, qu'au Midi de la place Publique près du marché aux grains. »
(C'était un endroit exposé à la poussière et à la boue les jours de pluie) Laisser venir des forains de l'extérieur était une ouverture à la concurrence qui avait pour objectif d'augmenter les recettes de la commune afin de compenser les pertes dues à l'abandon de taxes sur le foncier ; et de réduire les privilèges dont bénéficiaient certains commerçants autochtones.
La gestion des comptes étant devenue difficile ; la Municipalité demanda d'abandonner la gestion en régie de l'Octroi et de la remplacer par un bail à ferme. Après plusieurs réclamations elle obtint gain de cause le 28 avril 1816 pour la période du second trimestre.
Plusieurs décisions furent prises ; notamment celle d'agrandir la ceinture de l'Octroi autour de Revel, et de réviser les tarifs. Le nouveau tracé fut défini ainsi :
Article 1 « les limites seront déterminées par le périmètre que forme la métairie de l'Ourmède et maisons dépendantes, la métairie de Carpinel, celle de Bouriette du Padouvenc de Soréze, l'épanchoir du moulin du Roy de la rigole jusque au poste de Labadorque, la métairie de Tartanac, les métairies de Saint-Ferréol et des héritiers Sarrat, sises au Padouvenc de Toulouse, la métairie Pont Richard, celle de Ricalens au Padouvenc de Castres allant aboutir à la dite métairie de l'Ourmède.
Il sera établi sur les routes principales des postes indiqués par des poteaux sur lesquels sera inscrit « Octroi de Revel ». Les frais d'entretient de ces poteaux ainsi que le salaire des préposés seront à la charge de la Commune. La perception des recettes se fera aux postes de contrôle, elles seront ensuite centralisées au poste central situé dans la ville (l'endroit n'est pas précisé) qui sera ouvert du lever au coucher du soleil ; Le tarif des recettes sera affiché à l'intérieur… »

Cette nouvelle ceinture autour de Revel fut-elle efficace. ?  Nous ne le savons pas !  La comptabilité (ancienne) concernant les recettes manque,. Aucune comparaison ne peut être faite. Les déclarations de vin ; enregistrées au poste de l'Octroi restaient nombreuses   L'explication est simple ; nombreux étaient les Revélois qui  possédaient une vigne pour la consommation familiale de l'année. La récolte étant abondante certaines années, des particuliers vendaient une partie de leur vin à l'automne, après la décuvaison ; en dehors de la ceinture de l'Octroi D'autres n'ayant pas de vigne et préférant du vin de bonne qualité, achetaient des barriques de vin a des commerçants qui allaient, avec des attelages, s'approvisionner dans les  secteurs  voisins. ..  

TABLEAU DES TARIFS DE L'OCTROI (après son rétablissement)

(PREMIERE DIVISION) des boissons et liquides.  
   
L'hectolitre de vin de cercle : le tonneau     0,55
L'hectolitre de vin en bouteille          1,15
L'hectolitre d'eau de vie en dessous de 22°     1,40
L'hectolitre d'eau de vie en cercle de 22° à 28°     2,10
L'hectolitre d'eau de vie en cercle de 22° et plus 2,80
L'hectolitre de vinaigre en cercle    1,50
L'hectolitre d'huile d'olive    0,05

 

 

           
                       
     


                       
                                     

Observations :
Les quantités au-dessous de l'hectolitre payeront le droit proportionnel.
La bouteille commune sera considérée comme litre.

(DEUXIEME DIVISION) Comestibles.  
   
Bœuf par tête 10
Vaches, Taureaux, Génisses par tête       8
Veaux par tête       5
Moutons et brebis par tête            1
Agneaux, Chevaux     0,50
Cochons et truies au-dessus de 40 kilos  
vifs par tête     1,50
Cochons et truies en dessous de 40 kilos  
vidés sans tête     3
Viande dépecée fraîche ou salée le kilo     9,10
Fromage d'Auvergne et de gruyère la pièce   1
Fromage Roquefort par pièce         1


Observations :
A propos du droit par tête, au -dessous ils acquitteront au poids comme viande dépecée

(TROISIEME DIVISION)

Bois de pile rond et arbres abattus pour le chauffage par charretées à un collier ou une paire de bœuf        0,75

Observations :
Ce droit augmentera progressivement par collier ou par paire de bœuf, de plus le fagotage de toute espèce sarments souches et copeaux ne seront assujettis à aucun droit.

(QUATRIEME DIVISION) fourrages.

Foin par charretées par collier ou paire de bœuf               1,00

Observations :
Ce droit augmentera par collier ou paire de bœuf, de plus le foin récolté pour la consommation des bestiaux tenus dans les métairies dépendantes de l'arrondissement, il ne sera rien payé.
Le foin que les maîtres colons porteront de ces métairies venant de l'intérieur ou de l'extérieur de l'Octroi sera susceptible de payer l'Octroi avant de le sortir des granges. (8)     

LA TAXATION DE LA VENDANGE :

«  Il à été décidé que les vendanges seront assujetties au droits, à raison de trois hectolitres de vendange pour deux hectolitres de vin. Comme les vendanges ne durent qu'un jour ou deux par famille, et qu'elles ne sont pas à jour fixe, on ne peut disposer d'assez de personnes pour faire des vérifications nécessaires, La ville étant ouverte de toute part, il est à envisager de faire entrer la vendange dans la ville par deux portes, celle de Dreuilhe et celle de Castres. La vendange étant transportée par deux espèces de comporte :la Charretière et la Cornusine à fond droit, le   cubage ne se fera pas à la porte d'entrée.. La délimitation du nombre de litres.de vin se fera au moment de la décuvaison ; Le préposé se rendra chez le propriétaire et estimera la quantité de vin récolté.

 L'octroi restait inapplicable. Des compromis furent trouvés. L'Ordonnance du 26 mai 1818 notamment l'article 6 précisait ; les bestiaux emmenés dans le rayon de l'Octroi les jours de foire et de marché seront dispensés de toute déclaration à l'entrée, mais les préposés en surveilleront la vente. Les bouchers ou charcutiers ou particuliers qui en auraient acheté pour la consommation intérieure seront tenus à en faire la déclaration avant de les introduire dans les écuries ou tout autre lieu de dépôt ; il y avait dans la ville de Revel une vingtaine d'écuries, sans compter les bordes à cochon, les basse cours, les pigeonniers. .

Le Maire dut prendre un arrêté.
« ...L'abattage des bestiaux sera effectué par les bouchers à qui le maire aura accordé le privilège spécial ; Ils pourront sous peine de confiscation dépecer et mettre en vente des bestiaux abattus sans qu'au préalable les bestiaux ne soient marqués des lettres O. R. (Octroi de Revel) La marque sera apposée sur les quartiers à l'abattoir par le préposé à l'Octroi. Le droit sur les porcs introduits vivants pour la consommation des particuliers ne sera point acquitté au moment de la déclaration faite à l'arrivée mais avant d'être abattu ; ce qui ne pourra avoir lieu que le jour, et après une déclaration spéciale indiquant le jour et l'heure de l'abattage. Toute personne qui engraissera des oies et des canards pour faire du salé à l'intérieur de l'Octroi devra s'acquitter du droit avant de les tuer. »

Mal acceptée par les habitants des villes, cette taxation était carrément détestée par les habitants de la campagne. Ces derniers devaient payer pour entrer en ville et pour le droit de place sur le marché. Une maladresse des autorités sur le montant des taxes pouvait avoir des conséquences dramatiques. A Foix une trop forte augmentation du droit de place (25 centimes) pour un cochon gras, fit éclater un mouvement de révolte le jour de la foire des Rois le 13 janvier 1840. Les placiers durent s'enfuir, le Commissaire de police fut frappé. Protégé par un détachement de l'armée, le Préfet se rendit sur le champ de foire. Touché par une pierre,  il dit auCommandant « je mets les autorités sous protection ; faites votre devoir » Les soldats tirèrent, le foirail se vida en un instant, laissant 13 morts et 26 blessés  sur la place. Le 5 mai le même drame se produisit à Tarbes il y eut 7 morts.

Malgré les tracasseries les animaux arrivés à terme devaient bien être vendus. A Revel ils étaient conduits au foirail situé à gauche et à droite de la porte de Castres. Trop à l'étroit, le marché s'étendit sur les promenades (allées Charles de Gaule). Ces allées n'étaient pas terminées le sol mal nivelé ne pouvait être correctement nettoyé. Des particuliers se plaignirent et proposèrent que le marché se tienne l'hiver à la place de la mission, et l'été à la porte de Castres. Ce refus du marché du bétail, sur les allées se renouvela après la dernière guerre. Le maire reçut une lettre anonyme.
« ...nous nous permettons de soumettre à votre appréciation une anomalie aux conséquences malheureuses, il s'agit de la reprise du marché des bestiaux sur la nouvelle esplanade qui est de toute beauté. Ce qui nuit à cette beauté sont les résidus peu engageants pour les touristes et peu hygiéniques encore pour tous les habitants et passagers. Dans l'intérêt général il serait bon de mettre le marché aux bestiaux sur la place de l'Église qui est empierrée, ou bien encore au Padouvenc de Castres. Pour les transactions il est bien entendu que les cafetiers n'auront pas leur compte, mais ils ont bien leur clientèle propre et fidèle. Autres temps, autres meurs ; c'est vrai encore aujourd'hui, et nos descendants ne comprendraient pas que d'une belle esplanade on en  est fait un autre mercadial.

Nous vous prions d'agréer nos bien respectueuses salutations. Un important groupe de Revélois qui aiment Revel dans sa beauté. »

Les protestations premières avaient conduit la municipalité à poursuivre la couverture du fossé supérieur des égouts allant de la porte de Castres à la place du Paty. Aménagement qui permit d'agrandir considérablement le foirail vers le déboucher de la rue de Vauré. Ces aménagements attirèrent de nouveaux éleveurs. Bovins, chevaux, ânes, mules, moutons et cochons furent plus nombreux. Il devint nécessaire  de mettre de l'ordre sur le foirail, de désigner des espaces ; un pour les veaux un autre pour les gros animaux destinés à la viande. Cette tentative n'eut aucun effet, et pour cause : La traction animale réclamait toujours plus de puissance, partout le négoce des animaux de trait tenait de plus en plus de place, c'était le cas à  Revel, ce qui avait pour effet d'augmenter la réputation du marché aux bestiaux Les animaux dressés présentaient une plus-value considérable. Tout couple portant le joug « sereinement » se vendait cher. Il y avait aussi les « braous ». C'était de jeunes bœufs non châtrés destinés aux travaux des champs, que le propriétaire se refusait de dresser. Leur viande étant recherchée, un vendeur tenace, pouvait en retirer le prix d'un couple dresses.

Le marché des animaux se déroulant sur le foirail, la place centrale fut de plus en plus utilisée pour la vente de légumes de fruits, d'articles manufactures, chaussures, lingerie, prêt à porter.

Le Maire prit un arrêté pour mettre fin à des fraudes.

« ...il est défendu à qui que ce soit de vendre ou d'acheter du fourrage vert, si ce n'est à la halle, au marché public, à peine contre l'acheteur d'être poursuivi comme favorisant la fraude. Toute personne exposant à la halle du fourrage sera tenu de justifier à la police de la propriété du dit fourrage. Le Maire invite tous les bons citoyens à veiller avec lui, à l'exécution du présent, en avertissant les autorités des infractions qui pourraient y être faites. Le garde champêtre est particulièrement réquisitionné à tenir la main à son exécution. »
Le message s'adressait aux Herbassiers et Herbassières nom que l'on donnait aux personnes qui vendaient de l'herbe en dehors de la halle, à ceux qui possédait un cheval, des lapins.

L'usage des nouvelles mesures, promulguées en 1795 était entré en vigueur le 1er janvier 1840.
Les commerçants qui tenaient boutique sous les galeries, avaient acheté les objets concernant les nouvelles mesures. Les habitants allaient se servir chez eux pour apprendre à se servir des décimales Le fermier de la halle se plaignit à la municipalité de la concurrence déloyale exercée par les Commerçants et demanda que le contrat de fermage de la halle soit revu, en précisant :
« ...les mesures à grain sont complètement délaissées le samedi et même tous les autres jours de la semaine. »

 

Des Commissions cantonales avaient été créées et avaient travaillé sur la codification des usages locaux. Le Juge de paix du canton de Revel Louis Thomas avait été chargé de la publication du recueil ; L'impression du recueil avait été confiée à M Lapeyre imprimeur 21 rue de Castres (Rue Victor Hugo).

Le négoce des animaux grandissant, la municipalité décida que le marché des veaux serait transféré à la place de la Mission.

L'arrêté stipulait 

« ...compte tenu de la loi de juillet 1837 il importe de rapprocher le marché des veaux et des cochons gras, de la romaine :à bascule  établie près de la porte Notre-Dame. »

Le marché de la volaille qui se tenait sous la galerie du couchant les jours de pluie depuis la fin du XVIIème siècle, fut transféré à la place Sablayrolles (aujourd'hui place du Onze Novembre). Il fut ensuite déplacé à la place de la mission lorsqu'il fut décidé de créer la poste. Bien diminué, il est revenu à la place centrale (il ne l'avait jamais totalement quittée).

Un arrêté confirma son déplacement.

« ...Vu les lois sur la matière. Considérant que la majeure partie de la population s'est prononcée pour le déplacement du marché de la volaille de toute espèce.
Considérant que le marché actuel, par suite de l'encombrement des charrettes et du public ne présente pas de facilités suffisantes pour la circulation et la transaction et peut même compromettre la sécurité des personnes.

 

– Article 1 ; le marché de la volaille qui se tenait au couvert du couchant sera établi à partir du 28 Juillet prochain, à la place dite Sablayrolles.
– Article 2 La vente de la volaille de toute espèce, œufs, gibier ne pourra avoir lieu que sur ladite place.
– Article 3 Les volaillers et revendeurs ne devrons jamais aller en dehors du marché au  devant des vendeurs.

– Article 4 La circulation des voitures et charrettes est expressément interdite sur la dite place.
– Article 5 Les marchands devront se placer de chaque coté des allées en ayant soin de laisser au milieu un passage libre pour la circulation des acheteurs.
– Article 6 L'arrêté du 1er octobre 1879 sur l'emplacement des foudres, cuves et muids exposés, et mis en ventes est rapporté.

– Article 7 Sont maintenues toutes les autres dispositions concernant la police des marchés.
– Article 8 Les contraventions au présent arrêté seront poursuivies conformément aux règlements le Commissaire de police est chargé de l'exécution du présent arrêté. »

Le négoce du grain fut règlementé.

« ...vu la loi Ordonnance et règlements concernant la police des marchés, le Maire arrête ce qui suit.
– Article 1 A partir de la halle, le midi de la place découvert attenant, continuera à être spécialement affectée à la vente et aux achats du grain.

– Article 2 Tous grains annoncés pour l'approvisionnement de la ville devront être conduits à la halle et au marché sans pouvoir être détournés de leur destination.
– Article 3  Toute voiture chargée de grain qui n'aura pas une destination type, sera directement conduite au marché.
– Article 4 et 5 Il est expressément défendu d'aller acheter du grain sur les routes et avenues de la ville.
– Article 6 Afin que les habitants puissent s'approvisionner librement, avant ceux qui achètent pour spéculer ; l'ouverture du marché aura lieu à midi seulement.

– Article 7 et 8 Tout individu non patenté qui se permettra de faire commerce de grains sera immédiatement porté au rôle supplémentaire des patentes. »
Fait à Revel le 26 Octobre 1853

LE PRÉLÈVEMENT DE L'OCTROI (fut donné à ferme)

Un arrêté émanant du ministre des finance relatif à la mise en possession provisoire du droit d'Octroi ; permit à un particulier de devenir adjudicataire du droit d'Octroi de la ville pour une période de trois ans, à la condition qu'une tierce personne se porta caution
Voici quelques exemples :

            Département de la haute Garonne
            Arrondissement de Villefranche
            Ville de Revel 1852
« ...je soussigné Vienne Auguste négociant en grains à Revel, adjudicataire du droit d'Octroi de la ville de Revel pendant les années 1859 1860 et 1861 déclare à M. le Maire prendre l'engagement formel de mes charges de la recette provisoire des dits Octroi, à partir du 1er janvier prochain à mes risques et périls ; et de payer mensuellement à la Commune, entre les mains du receveur municipal, le douzième du montant annuel du bail dont le prix s'élève à la somme de 16.800 francs ; m'obligeant en outre ou l'Excellence M. le ministre des finances n'approuverait pas le sus dit bail qui date du 14 novembre dernier. De faire compte à la Commune de toutes les recettes des dits Octroi que j'effectuerais pendant la durée de ma gestion provisoire.
Fait à Revel le 3 décembre 1858. »

Déclaration de caution


« ...Je soussigné Laville jean Henri propriétaire, demeurant à Revel déclare à M. le Maire de Revel que j'ai une parfaite connaissance de l'obligation ci-dessus écrite de M Auguste Vienne adjudicataire de l'Octroi de la ville de Revel suivant l'Adjudication qui lui fut faite par procès-verbal du 14 novembre 1858. En conséquence après avoir pris connaissance du cahier des charges du dit Octroi et du montant de l'adjudication se portant annuellement à 16.800 francs je déclare que je me rends caution solidaire du dit Jean Viennes et ce sans aucune diversion ni discussion. »

Un artisan pouvait souscrire.

« ...sur la déclaration du sieur Paul Ricalens boulanger, adjudicataire du droit d'Octroi de cette ville.
– Article 1 Le sieur Paul Ricalens sera mis en possession provisoire du droit à partir du 1er janvier 1853.
– Article 2 Si dans toute attente le délai d'adjudication en date d'hier n'était pas approuvé par M. le Ministre des finances, le dit Paul Ricalens rendra compte à la Commune des recettes qu'il aura perçues.

Les règles du bail étaient consignées dans un cahier des charges.

CAHIER DES CHARGES

            Arrondissement de Villefranche de Lauragais
            Département de la Haute Garonne
            Commune de Revel
Cahier des charges pour l'adjudication aux enchères du bail à ferme cumulatif des location des places à la halle, aux foires et marchés de la ville de Revel y compris des droits de pesage, mesurage et jaugeage .

– Article 1 L'adjudication cumulative des droits de ferme de location des places à la halle, sur les foires et marchés de la ville de Revel, y compris droits de pesage, mesurage et jaugeage de ladite ville sera faite selon les formes prescrites par le décret du dix-huit brumaire et des dispositions de la loi du 5 avril 1884, elle ne sera définitive qu'après l'approbation de M. le Préfet.
– Article 2 Le prix annuel résultant de l'adjudication sera versé dans la caisse de la Commune en quatre paiements égaux ; le premier aura lieu le premier Avril, le second le premier juillet, le troisième le premier octobre le quatrième le trente décembre de chaque année.
– Article 3 L'adjudication sera faite aux enchères des feux, elle sera définitive que lorsque les feu seront éteints sans enchère. Ne pourront concourir que ceux qui auront été admis. Chaque enchère ne pourra  être moindre de dix francs.
– Article 4 Dans les vingt-quatre heures après l'adjudication tous ceux qui seront d'une solvabilité absolue reconnue et présenterons en outre une caution suffisante pourront faire signifier au maire une surenchère, pourvu qu'elle soit au moins d'un vingtième en sus du prix de l'adjudication, et dans ce cas, il sera procédé à la réception de nouvelles enchères aux quelles pourront concourir toutes personnes ; comme aux premières enchères. Lesquelles seront annoncées par affiches préalables.
– Article 5 Le fermier sera tenu de payer immédiatement après l'approbation de l'adjudication, les droits de timbre et d'enregistrement, les frais d'affiche des criées, d'impression, de fourniture de cinquante placards ; des affiches contenant l'extrait du cahier des charges, ainsi que l'insertion de l'adjudication au journal.
– Article 6 Dans les huit jours qui suivront celui de la signification au fermier, du procès-verbal d'adjudication approuvé par l'autorité supérieure, le fermier fournira une caution qui devra être agréée par le maire, laquelle sera tenue de donner une affectation hypothécaire pour un acte notarié, en faveur de la commune, sur un immeuble situé dans l'arrondissement de Villefranche, libre d'hypothèque, et d'une valeur au moins égale au montant de l'adjudication annuelle, il sera justifié par un certificat du conservateur des hypothèque, que le bien affecté n'est grevé d'aucune inscription, à défaut il sera procédé à une nouvelle adjudication à la folle enchère aux frais et dépends de l'adjudicataire.
– Article 7 Par le même acte notarié, le fermier affectera aussi ses immeubles jusqu'à concurrence du montant annuel du bail. Clauses relative à la location des places à la halle et aux foires et marchés, de la ville de Revel.
– Article 8 Les droits de location de places à la halle et aux foires et marchés de la ville de Revel, seront perçus d'après le tarif ci- après proposé par le Conseil municipal dans sa séance du 22 juin 1884.

TARIF DES DROITS DE PLACE (sous la halle et autres lieux de la ville)

Local dit de la halle

Partie dite des bancs levés : Pour les jours de foires et de grand marché.    
Le mètre carré par an.   0,70
Les autres jours.   0,35
  – Partie dite des bouchers - Le mètre carré par an.   0,10
  – Partie dite des bancs plats - Le mètre carré par an.   0,70
  – Partie dite des graines - Le mètre carré pour chaque jour de foire et de Grand marché.       0,25
  – Partie dite des oisons, jeunes canards et dindes couveuses - Le mètre carré pour chaque jour de foire et de Grand marché.   0,10
  – Partie dite des fruitiers et des jardiniers - Le mètre carré par an et jour de foire.   0,10
  – Partie dite des canards gras morts - Le mètre carré par jour.   0,25
Les vingt décimètres carres par jour.   0,05
  – Partie dite des sabots - Le mètre carré par  jour de foire   0,10
  – Partie dite de stationnement des charrettes - Le mètre carré par an    0,50
  – Partie dite de la poterie - Le mètre carré par an    0,20
Par jour de foire et de Grand marché     ?
  – Partie dite des bancs ou tables - Le mètre carré par an   0,08
  – Partie dite des padouvencs, matériaux encombrants - Le mètre carré       ?
   

– Article 9 L'espace compris dans les quatre grandes ouvertures de la halle ; situées au levant, au midi, au nord, et au couchant, le pourtour du local du poids public et l'escalier du Beffroi, seront toujours libres pour faciliter les diverses communication. Sous aucun prétexte, le fermier des locations des places ne pourra y laisser élever des bancs n'y établir aucun dépôt.
– Article 10 Aucune voiture ou charrette ne pourra stationner dans l'intérieur de la halle les jours de foire et de marché.
– Article 11 Les jours consacrés aux fêtes publiques et autres jours de réjouissances autorisées, aucune baraque ou échoppe ne sera tolérée sous la halle et places découvertes. Pendant ces jours les places publiques seront entièrement à la disposition de l'autorité locale, sans que le fermier ne puisse prétendre a aucune indemnité.
– Article 12
Dans le local destiné à la poterie il sera laissé en face chaque maison un passage de quarante cinq centimètres.
– Article 13 Sauf sous les auvents des propriétaires des maisons, aucun étalage de marchandise ne sera permis sous les galeries, lesquelles demeureront exclusivement réservées à la libre circulation entendons ; pédestre.
– Article 14 Une des ouvertures adhérentes aux quatre angles des galeries sera toujours ouverte.

– Article 15 Il y aura un libre passage des galeries à la halle en face des quatre grandes entrées de la halle, le passage sera de la Largeur des entrées.
– Article 16 Un passage de sept mètres de largeur sera laissé libre au milieu de la place découverte.
– Article 17 Le tarif de droit de location de place sera constamment placardé dans l'enceinte du poids public.
– Article 18 Le fermier sera tenu de faire nettoyer et balayer la place tous les jours afin qu'elle soit constamment sans ordures il fera réparer le sol de la halle, il y ferra apporter de la terre argileuse, partout où l'autorité locale le jugera convenable ;
les boues, balayures et ordures situées sous la halle jusqu'au ruisseau adjacent des quatre découvert appartiendront au fermier, il devra les faire enlever immédiatement après le balayage, il ne pourra, sous aucun prétexte, les remiser sous la halle, ni dans l'intérieur des bâtiments de la halle.

– Article 19 L'inexécution de l'une des clauses des articles, de neuf à Dix-huit ci-dessus, donnera lieu contre le fermier si elle vient de son fait à une indemnité de 5 francs par jour qu'il sera tenu de verser dans la caisse municipale.
– Article 20
Les contestations qui pourront s'élever aux applications du tarif, sur la quotité des droits exigés par le fermier ,des location de place, seront portées devant le juge de Paix du canton de Revel à quelque somme que le droit contesté puisse s'élever, pour être par lui jugé sommairement et sans frais, soit en dernier recours, à la charge de l'appel, suivant la quotité du droit réclamé.
– Article 21 En cas de contestation sur l'application du tarif ou sur la quotité du droit ; toute personne assujettie au droit de location sera tenue de consigner entre les mains du fermier ou de ses préposes, le droit exigé, elle ne pourra être entendue qu'en rapportant au juge de Paix la quittance de la dite consignation.
– Article 22 Le fermier ne pourra arguer de son droit, pour mettre obstacle aux mesures de police des marchés, que décidera prendre le maire.
– Article 23 Les contraventions du fermier, aux dispositions des tarifs et règlements seront poursuivies conformément aux lois.
– Article 24 Le fermier sera tenu de fournir gratuitement aux étalagistes les bancs tables, suivant l'usage, à l'expiration du bail, le nouvel adjudicataire sera tenu de se charger de tous les objets qui servent à l'exploitation de l'entreprise, tels que bancs, tables, échelles, planches etc.., au prix réglé par des experts, contradictoirement nommés par le fermier sortant et le nouveau fermier. En cas de désaccord Ils nommeront un tiers expert s'ils ne peuvent s'entendre pour la nomination du tiers expert, le maire le désignera.

Clauses relatives aux droits mesurage et jaugeage

– Article 25 Le fermier ne pourra sous aucun prétexte exiger d'autres droits que ceux spécifiés dans le tarif ci- dessous proposé par le Conseil Municipal dans la séance du 22 juin 1884 pour la perception à opérer au pavillon de la romaine bascule, à peine d'être poursuivi conformément aux lois.

Tarif des droits à percevoir, au bureau de pesage et mesurage, laine, viande salé étoffes, divers grains de toute espèce.

Le myriagramme ou dix kilogrammes, de laine 5 centimes.
L'hectolitre de grains 5 centimes.

Tout pesage au-dessous d'un myriagramme de viande paiera le droit entier

Tout mesurage de grains au-dessous de l'hectolitre paiera le droit entier

Tarif des droits à percevoir au pavillon de la romaine bascule Proposé par le Conseil Municipal dans sa séance du 22 juin.

Fourrages, Pailles, marchandises et objets divers.
Les Soixante Dix myriagrammes ou Sept Cent kilogrammes et au-dessous, en une seule pesée 40 centimes.
Les Cent Vingt myriagrammes ou Douze Cent kilogramme et au-dessus jusqu'à Soixante Dix myriagrammes en une seule pesée 50 cts.
Bestiaux, Bœufs et vaches par myriagramme  1 centime.
Autres animaux 2 cts.

– Article 26 Conformément à la délibération du Conseil Municipal du 24 mai 1836 approuvé par M. le Ministre le 30 juin 1837 l'addition suivante est faite au tarif du mesurage. Le fermier aura le droit de procéder au mesurage du bois de chauffage, dit de pile ou rond, toutes les fois qu'il sera requis, il lui sera payé un droit de Vingt Cinq Centimes par pile.
– Article 27 Les fonctions de peseur mesureur et jaugeur seront remplies par le fermier ou ses préposes. Ils devront prêter serment devant le juge de Paix du canton de Revel et s'engager de bien remplir leurs taches.

– Article 28 Aucune personne autre que le fermier et ses préposés ne pourront exercer dans l'enceinte de la halle et des marchés la profession de mesureur, sous peine de confiscation des instruments destinés au pesage mesurage et jaugeage.
– Article 29 L'enceinte des dites halles et marché, comprend la halle, les découverts, les galeries, les rues.
– Article 30 Les objets soumis au pesage, mesurage et jaugeage devront être conformes aux normes du système métrique, et porter les marques de leur étalonnement.

– Article 31 Il sera délivré gratuitement aux personnes qui le demanderont, un bulletin qui constatera le résultat des opérations.
– Article 32 L'infidélité dans les poids employés au pesage sera punie par voie de police, les peines seront portées contre les marchands qui utiliseront de faux instruments.
– Article 33 Les contestations qui pourront s'élever sur l'application du tarif ou sur la quotité des droits exigés par le ou les préposés, seront portées devant le juge de Paix du canton de Revel, à quelque somme que le droit contesté puisse s'élever, pour être par lui jugées sommairement et sans frais ; soit en dernier recours, à la charge de l'appel.
– Article 34 En cas de contestation sur l'application du tarif ou sur la quotité du droit, toute personne qui aura fait peser, mesurer quelque objet, sera tenu de consigner entre les mains du Fermier ou de ses préposés le droit exigible, elle ne pourra être entendue qu'en rapportant la quittance au juge de Paix.
– Article 35 Le fermier sera tenu d'avoir un registre sur papier timbré lequel sera coté et paraphé par un des membres de la mairie, à l'effet d'inscrire les diverses recettes, et le poids des marchandises, soit au poids public soit au Pavillon de la romaine bascule.
– Article 36 Le tarif des droits à percevoir demeurera constamment affiché dans l'intérieur du local destiné au poids public, et au pavillon de la romaine bascule.
– Article 37 Nul ne sera contraint à se servir du bureau de pesage mesurage et jaugeage si ce n'est en cas de contestation.
– Article 38
Les locaux destinés au poids public et à la romaine bascule seront remis en bon état avant chaque adjudication Le preneur sera tenu de le rendre de la même manière à la fin.
– Article 39 L'espace qui est entre les murs de face du poids public et les premiers piliers de la halle parallèles aux faces du poids public sera toujours libre, afin de faciliter l'arrivée au dit poids public, et pour avoir un lieu propre à déposer les objets qui devront être pesés, mesurés et Jaugés (9)

Le présent cahier des charges à été présenté au Conseil Municipal de Revel dans sa séance du 22 juin 1884 lors de sa délibération, sur le marché à ferme du bail des places à la halle et autres lieux.

(approuvant quinze mots nuls)
Fait à la Mairie de Revel le 22 juin 1884
Le Maire
(approuvant la rature de quinze mots)

LA FIN DES MARCHÉS AUX BESTIAUX (1940 1970)

Chez les plus âgés de nombreux souvenirs sont restés surtout chez les femmes qui habitaient la campagne. Outre le fonctionnement du ménage, elles s'occupaient toute l'année de la basse-cour, qui était composée de géniteurs divers ; Dindons, Oies, Pintades, Canards. Pontes, couvaisons, vente des couvées était le domaine des femmes. . Le jour du marché les Hommes vendaient les veaux, les femmes vendaient les produits de la basse-cour. Dans la plupart des cas, elles disposaient des revenus de la basse cour. Disposer c'est beaucoup dire, le revenu servait à acheter les produits de première nécessité ; habits pour les enfants, remplacement d'une vaisselle, d'une toile cirée, d'une paire de draps. Ces achats se faisaient après  la vente de la volaille. Toute défaillance du marché, mauvais temps, ou grands travaux de l'été ; se traduisait par un manque à gagner chez certains Commerçants de la ville.
Après la dernière guerre, la bicyclette, puis le cyclomoteur, apportèrent une grande indépendance aux femmes. Elles purent se rendre au marché ; une corbeille attachée sur le porte bagage, dans la quelle prenait place les  volailles adultes ou une couvée.
Arrivées à Revel elles déposaient la bicyclette chez une connaissance, plus habituellement chez un réparateur de cycles qui ne faisaient payer que les réparations (nombreuses étaient les crevaisons dues à l'usage des clous, utilisés après la guerre). Après avoir pris place, la fermière posait la corbeille, si le contenu était une couvée, elle se penchait et d'une main, elle écartait délicatement les poussins agglutinés par les affres du voyage. Le geste était accompagné d'une sorte d'onomatopée à peine audible, et adaptée à chaque espèce ; Tiac Tiac pour les pintadeaux ! Gourou Gourou pour les dindonneaux ! Bélou Bélou pour les oisons ! Ces derniers répondaient par des mimiques qui amusaient les enfants et les passants.
La fermière payait la taxe au placier qui tenait compte : de l'espèce et du nombre d'animaux. À titre indicatif, dans les années 1960 la taxe pour un lapin était de 10 centimes, de 5 centimes pour une douzaine d'œufs, 20 centimes la paire de volailles de toute espèce ainsi que pour une couvée. Les volaillers payaient chaque trimestre la taxe de « l'emplacement » qu'ils réservaient au dépôt les cages destinées au transport de la volaille.
La volaille était achetée par des commerçants qui venaient de Béziers ; Narbonne .Un dénommé Dalmot dit « Galidou » diminutif de galina (poule en occitan) venait de Perpignan. Fernand Latger de Blan achetait au marché le matin ; l'après-midi il allait distribuer la volaille à des détaillants des villages du Minervois. (10)
En 1940 le marché de la volaille qui se déroulait à la place Sablayrolles ne manqua pas de pittoresque. Six gardes champêtres belges arrivés parmi les réfugies, avec comme seul bagage leur tenue obligatoire sur le dos, furent occupés à surveiller le marché le samedi matin.
photo Michel Bourguignon

La dispersion des marchés, celui  des veaux, de la volaille, du gros bétail, faisait que l'animation s'étendait aux quatre coins de la ville. Les bruits et les gestes variaient d'un endroit à l'autre. Au marché de la volaille on entendait des cris aigus des coqs et des poules. Au centre de la ville, la voix criarde des commerçantes couvraient le son de la cloche annonçant les heures. Sur le foirail, loin du raisonnement discret propre au monde des affaires ; des paroles fortes d'hommes annonçaient les mises en scène entre vendeurs et acheteurs.

LA COUTUME DU « toco ma »

Toute affaire se concluait par le « toco ma » coutume éteinte aujourd'hui à Revel. Nous empruntons deux textes dédiés à cette coutume, Le premier est issu de la Codification des Usages Locaux à caractère Agricole du département de l'Aude.
Le deuxième du livre Foires et marchés d'Occitanie de M. Pierre Lambert

« ...Généralement la vente et l'achat se fait en foire mais aussi à l'étable. Lorsque les parties débattent du prix et qu'elles arrivent à un accord, il se produit d'ordinaire la pratique du toco ma. Après vient l'apposition de la marque de l'acheteur qui se fait à la craie, à la sanguine, ou trace d'une lettre faite avec des ciseaux. La pratique du toco ma est toujours en vigueur et confirme la vente surtout entre paysans et maquignons. La jurisprudence de nos tribunaux c'est inclinée devant cet usage du toco ma, elle admet que les ventes de bétail en foire peuvent être prouvées par témoin et présomptions sans qu'aucun écrit ne soit nécessaire. Cette pratique est très ancienne, le célèbre poète antique Homère qui vivait au dixième siècle avant notre ère parlait dans son ouvrage (l'Iliade livre 2) De l'engagement par mains serrées ; du serment ou promesse par mains serrée »
Le deuxième texte Le toco ma est appelé ici Pâtcho.
« …sur un champ de foire, l'affrontement entre éleveur et marchand revêt le plus souvent l'allure d'un psychodrame au cours duquel il est difficile de distinguer la part de simulation. Lorsque l'on assiste à une négociation on à l'impression que le scénario est demeuré immuable depuis des siècles. L'acheteur facilement identifiable par son bâton et sa blouse aux larges poches s'arrête un très court instant devant la vache laitière, puis, l'air indifférent, passe son chemin. Le temps s'écoule ? Et le voilà revenu. Symboliquement, il touche avec son bâton, la croupe de la bête pour signifier qu'il est peut être preneur. Il s'adresse alors au paysan pour le questionner : « Combien tu en veux ? » A peine le vendeur a-t-il lancé un chiffre, que le marchand lance une volée d'imprécations du style « pour qui tu me prends ? » « tu veux me mettre sur la paille ?» « tu peux te la garder longtemps ». Sur ces paroles, le marchand s'en va l'air offensé.
Puis dans un court délai, revient tourner autour de la vache, il évalue son poids au coup d'œil, compte les raies de cornes pour déterminer son âge, palpe le pis et les veines du lait, pince le cuir. Il lance alors le prix qu'il est prêt à donner. Cette fois, c'est le vendeur qui est rouge de colère. On le prend pour un tarnagas, un fieffé imbécile. Contrairement à ce que les regards furibards et les jeux de physionomie le laisseraient penser ! La négociation est engagée. Les badauds entourent les deux pâtchéjaÏres. La fourchette des prix se resserre, tout à coup l'acheteur annonce qu'il ne montera pas plus haut, il quitte les lieux d'un pas théâtral.
Le public déçu commence à se disperser lorsque l'acheteur entre à nouveau en scène, accompagné d'un troisième acteur : (l'arrangeur ou médiateur). Les transactions reprennent. Le ton monte, le vendeur ne veut lui non plus rien lâcher, ne serais ce que pour ne pas perdre la face devant de nombreux spectateurs, des amis des voisins. Le troisième homme calme le jeu rapproche les annonces. L'acheteur hausse son prix une énième fois, en disant : « topo là » et il fait mine de taper dans la main du vendeur qui l'a retire aussitôt, un dernier sacrifice de part et d'autre précède enfin la frappe sonore. Le jeu de rôle est terminé. L'acheteur marque la bête pour avertir ces confrères qu'elle lui est réservée, et repart pour de nouvelles tractations. »

La menée (méno en occitan)

Le déplacement des animaux à pieds, était appelé « la méno ». Ceux qui conduisaient les animaux étaient « les ménayres ». Cette tache pratiquée depuis la préhistoire, me fut contée le 25 août 1999 à la maison de retraite l'Etoile à Revel par Marcel Segonne qui fut le dernier à avoir conduit une méno. Né en 1909 à Saint Félix-Lauragais. Marcel et son copain René Dores, furent Meneurs pendant trois ans de 1931 à 1933 Ils déplaçaient les animaux achetés sur les marchés voisins par les maquignons de Revel.

Voici son exposé « ...Avant de partir tôt le matin, je mettais un copieux petit déjeuner dans une musette. Nous amenions un ou deux chiens, tout dépendait ou nous allions. Quelque fois, pas souvent, on prenait le train sitôt que nous étions montés, on cachait les chiens sous la banquette pour ne pas payer le port qui était payant pour tous les animaux. Plus tard nous fîmes le trajet aller, en auto. Robert Poux fils de Léon et Jean Ajac en possédaient une. Arrivés au marché de Mirepoix, nous laissions les chiens dans l'auto. Nous allions dans un café rencontrer des collègues qui venaient d'autres régions. Vers Onze heures nous libérions les chiens et les prenions à l'auberge. Nous prenions un copieux repas bien arrosé, nous rencontrions là les trois frères Augers dits les Crabiers (chevriers) parce qu'ils amenaient des bêtes élevées dans les montagnes de l'Ariège. Avec René nous désignions leur bêtes du nom de Sardaignoles (sardines) ce qui mettait les Augers en colère. Après le repas nous commencions par regrouper les bêtes achetées ; toutes étaient marquées, chaque maquignon posait sa marque à un endroit précis sur l'animal ; la cuisse droite ou gauche, sur le côté, près de la queue. Ces marques facilitaient le tri, quand nous étions arrivés à Revel. Le nombre de bêtes achetées variait entre Vingt et Cinquante. Parfois avant le départ, un boucher venait acheter une bête qu'il n'avait pas pu ou su acheter le matin, cela nous retardait beaucoup. Le départ avait lieu vers quatorze heures. La distance entre Mirepoix et Revel était de Cinquante-quatre kilomètres en empruntant les chemins de l'époque. Le trajet se faisait en un jour et demi. L'un de nous deux se mettait à l'avant, l'autre restait à l'arrière, les chiens faisaient des allées et venues sur les côtés. Dès le départ on marchait vite afin de fatiguer les animaux le plus rapidement possible. Après un moment les bêtes se suivaient en file indienne, les vaches les plus âgées étaient toujours en tête, alors que les plus jeunes suivaient à l'arrière. En fin d'après-midi, vers Six heures, nous arrivions au lieu dit : le Poteau ; Il y avait là une étable et une maison ou nous passions la nuit. Afin qu'elles ne se blessent nous attachions les bêtes par les cornes, au Grépial (mangeoire) certaines étaient méchantes. Nous leur distribuions du foin, de la paille. Tous les frais étaient réglés par les maquignons y compris les nôtres c'est à dire le repas du soir le coucher et le repas froid du lendemain. Le départ du Poteau se faisait le matin vers Six heures solaires. Dès le départ nous fatiguions les bêtes. Nous marchions toute la journée. Vers Six ou Sept heures nous arrivions au foirail à Revel devant le café Rispaîl Là les bêtes étaient triées et conduites vers les étables. Trantoul avait la sienne dans la rue du Temple, Jeannoutil et Barrau avaient la leur dans la rue Notre-Dame. Ajac et Robert Poux avait chacun la leur à la Plâtrière route de Castres » « Les maquignons revendaient des bêtes sur les marchés voisins ; Caraman, Puylaurens. Ces menées de courte distance étaient souvent assurées par les membres de la famille du maquignon. Ces derniers étaient nombreux à Revel ; les derniers connus, furent Serves dit Jeannoutil, Barrau, Combe Antonin dit Claque parce qu'il faisait du bruit avec ses sabots en marchant. Séménou dit Cap Rougé, Alary, Léon Poux dit Aoûcat, Jean Ajac dit le toutou, Stapin et son fils aîné René Trantoul, Tabouriech dit Tonton, Silobre dit le Magré et son frère dit Pater. Ces maquignons allaient acheter des animaux sur les marchés voisins de Béssière, Montastruc, Villefranche, Vénerque, Mirepois, Puylaurens. Ils achetaient à des éleveurs, parfois à d'autres maquignons tels Bongo de Campagne sur Arize, les frères Méssal dits Binchous de Caraman, Ribat de Vénerque. Ces maquignons avaient leur propres meneurs Meillier et Escourou de Revel travaillaient pour eux. Il y avait un forgeron ambulant de Sémalens qui se déplaçait d'un marché à l'autre (sans rentrer à la maison pendant plusieurs jours). Le lundi il était à Salies du Salat, il dormait à Cazère pour être au marché de Carbonne le lendemain, il se rendait aussi à Villefranche de Lauragais. Cet homme remplaçait les fers défectueux ou manquants sur les bovins Il était rémunéré par les maquignons qui faisaient appel à lui. Le vendeur faisait rarement les frais d'une remise en état du ferrement avant de vendre les animaux même si ces derniers avaient des difficultés pour marcher. »

Les menée était pratiquée depuis la nuit des temps sur de longues distances Au XIXème siècle, les gestionnaires du Canal du Midi tentèrent de capter le transport du bétail entre le Lauragais et les ports de la côte ; ce projet n'eut pas de suite. Le déplacement d'un bœuf par la voie d'eau coûtait quarante francs plus cher que le déplacement à pieds. À la fin du XVIIIème siècle les menées étaient nombreuses entre Toulouse et la mer. Conduite par deux ou trois hommes, elles se composaient d'une Cinquantaine d'animaux, bœufs, moutons, porcs. Arrivées sur la côte les bêtes étaient embarquées sur des bateaux à vapeur qui les transportaient à Marseille. Ce transfert d'animaux se faisait à partir des régions situées à l'Ouest de Toulouse restées longtemps attachées à l'élevage. Les animaux élevés dans le Sud Tarn et l'Est du Lauragais étaient conduits vers le Bas Languedoc, rarement vers Toulouse.

LES GUERRES

Le canton de Revel connut les réquisitions en 1870-1914-1939. Les services d'intendance de l'armée eurent recours aux registres des inventaires des revenus agricoles de chaque département. Un quota fut établi, chaque éleveur se devait de le respecter, sous peine de poursuites. En 1914 les animaux étaient destinés à alimenter les soldats français qui combattaient sur le front. En 1939/1940 ils étaient destinés à l'alimentation des habitants des villes. Lorsque les Allemands occupèrent la partie Sud de la France, les quotas furent révisés à la hausse. Les animaux allèrent alimenter les soldats Allemands qui combattaient sur les divers fronts. La révision des quotas, avait été complétée par la visite des étables. Dans la Montagne Noire des éleveurs dissimulèrent des animaux. Un métayer engraissa trois cochons dans une porcherie creusée à même le sol, dans un bois éloigné de 300 mètres de la ferme. Après 1914 des débouchés vers le Bas Languedoc avaient grossi. Le phylloxera n'était plus que mauvais souvenir, la vigne avait conquis tout l'espace dans les départements : Aude, Hérault, Pyrénées-Orientales. Elle avait donné du travail aux femmes pendant six mois de l'année. Le niveau de vie c'était élevé ; les habitants c'étaient habitués très vite à consommer les produits achetés sur les marchés voisins du Lauragais, Pays de Saut, Montagne Noire, Haute vallée de l'Aude.

Les chambres d'Agriculture organisaient des Comices agricoles, les éleveurs étaient encouragés à produire des animaux de bonne qualité. Des concours avaient lieu, le premier prix était récompensé par une petite prime et une sorte de gros médaillon. A Revel quatre Commissionnaire ; Michel Pagés, Joseph Font, Henry Maistre, Jean Vincenne, père de Paul, achetaient pour les bouchers. Ces derniers faisaient acheter la race la plus prisée par La clientèle. À Perpignan la préférence était la Blonde d'Aquitaine. à Narbonne et à Lézignan, la Gasconne, à Béziers, la Limousine. Les veaux à chair blanche se payaient plus cher. Les Bouchers et les Commissionnaires observaient le tour des yeux et le dessous de la queue de l'animal, .avant de proposer un prix. La particularité des veaux à chair blanche, nous à conduit à en savoir davantage. C'est un veau élevé sous la mère, uniquement nourri au lait, Enfermé dans un endroit obscur de l'étable, équipé d'une muselière. il est privé de toute nourriture solide, foin ou paille. Seule gâterie : un œuf cru, de temps en Temps. Conduits sur les marchés, il arrivait quelque fois qu'un veau tombe (d'anémie) L'Incident était mis au compte d'une crise (d'épilepsie, maladie non transmissible à l'homme). Des croyances étaient établies ; certains éleveurs avançaient que l'eau d'irrigation des prés, avait une incidence sur les herbages, et par voie de conséquence, sur la couleur de la chair des veaux. Ce que la science n'a jamais confirmé (11)
Les foires cessèrent dans les villages, A Revel et à Puylaurens, les marchés profitèrent de la cessation des foires. Louis Bousquet du hameau des Escudier qui vendait ses animaux à la ferme, et à la foire d'Arfons, fut le dernier à aller avec sa jument, vendre des veaux et des agneaux au marché de Puylaurens.

 

LE MARCHE ÉTAIT RASSEMBLEUR

Des personnes exerçant différentes professions fréquentaient les marchés. Les négociants en paille, foins, luzerne et grains, appelés (les pasturaïres) venaient à la rencontre des gens de la campagne pour leur proposer d'acheter les excédents des produits non consommés au cours de l'hiver par les animaux. Ils revendaient les produits aux propriétaires des chevaux qui travaillaient dans les vignes. La mise en botte des produits, se faisait à la ferme au compte de l'acheteur Un autre personnage étaient le Hongreur, appelé (adoubaïré). Ces derniers étaient peu nombreux, ils remplaçaient les vétérinaires. Ils allaient dans les fermes pour châtrer les petits cochons, les jeunes agneaux, les poulains. Il y avait aussi les (Estimaïres). Ces hommes une dizaine par canton ne manquaient aucun marché, aucune foire de la région ; Un peu fiers, ils avaient la réputation de savoir estimer le poids des bêtes par un simple coup d'œil. Parlant d'eux on disait parfois « il a le compas dans l'œil ».
La réputation de l'Estimaïré fut reconnue pendant la dernière guerre. La loi du 9 juin 1941 légalisa et accrédita la manière d'estimer le poids d'un animal sans avoir recours au pesage. Cette loi était devenue nécessaire, dans les villages, « le poids public » officiel, était souvent inutilisable.
Certains éleveurs enviaient les Estimaïres, pour se montrer à leur hauteur sur le marché, ils pesaient le veau la veille de le conduire au marché. Cette pratique très ancienne réclamait peu de choses ; Une Romaine, une poulie, une solide corde de Dix de mètres et quatre écheveaux de laine. La poulie était suspendue à une poutre de l'étable, la corde était introduite dans la gorge de la poulie et accrochée au crochet supérieur de la Romaine, l'autre extrémité était attachée au joug d'un attelage. Les écheveaux servaient de sangle, après avoir passé chaque patte du veau dans un écheveau, ces derniers étaient réunies sur le dos de l'animal, et étaient accrochés au crochet inférieur de la romaine. Ces préparatifs terminés, l'attelage tirait ; dès que le veau ne touchait plus le sol, il ne restait plus qu'a équilibrer le bras de la romaine à l'aide du curseur. Contrairement aux sangles vendues dans le commerce, les

 

 

écheveaux de laine ne laissaient aucune trace sur le poil de l'animal. Le pesage à l'étable, réclamait à peine une quinzaine de minutes. Il rendit de grands services pendant les temps de guerre aux femmes qui se retrouvèrent seules, à vendre les veaux

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LA VENTE DU VEAU

Le samedi le garde champêtre annonçait l'ouverture du marché aux veaux par un coup de sifflet, sitôt fait Commissionnaires et bouchers, munis d'un petit bâton, chaussés de bottes et vêtus d'une blouse sombre à grandes poches, se lançaient parmi les éleveurs rassemblés par petit groupes prêts à entamer des palabres.
Dès qu'un accord était conclu, le boucher écrivait le prix du kilo convenu, sur le billet et sur le talon d'un carnet à souche qu'il gardait sur lui. Il marquait le veau, remettait le billet au vendeur, et continuait sa quête. Le vendeur conduisait le veau au poids public. Son tour venu, il enfermait le veau dans la cage de la bascule, tendait le billet au peseur. Ce dernier pesait le veau, écrivait le poids de l'animal sur le billet, enregistrait le prix du kilo, et le poids sur un registre. (Renseignements destiné à la chambre d'Agriculture chargée d'établir les mercuriales) Le peseur rendait le billet à l'éleveur. Vers onze heures un transporteur approchait son camion du poids public ; le chargement des veaux pesés commençait. Après avoir embarqué le veau, le vendeur se rendait dans le café le plus proche ou l'attendait le boucher assis devant une table, une grosse sacoche en cuir bien fournie de gros billets à ses côtés. Le vendeur lui remettait le billet. Le règlement se faisait en espèce. Vers 1965 il se fit par chèque. Modernité qui fit entrer la paysannerie dans la comptabilité moderne, et qui eut l'avantage d'éloigner des individus peu recommandables, tel celui qui tenta de voler M.Trantoul négociant à Soréze. « Un mercredi, sur le marché de Puylaurens un homme que rien ne distinguait des gens de la campagne demanda à M. Trantoul ; si après le marché, il pourrait le déposer à Revel ; avec plaisir, lui dit, je passe à Revel. Dès le départ de Puylaurens la conversation s'engagea. Un peu avant la gare de Blan, l'homme prétexta vouloir s'arrêter pour connaître l'heure d'arrivée à Revel du train venant de Castres. En descendant de la voiture, l'homme essaya de s'emparer de la sacoche de Trantoul qui eut le réflexe de la retenir avec sa main droite. Pris de panique l'homme s'enfuit à toutes jambes vers les rives du Sor. Il fut arrêté peu après par les gendarmes qui avaient étés avertis par la garde barrière de la gare de Blan (12).

LES MARCHÉS DU BÉTAIL AVAIENT FALLI DISPARAITRE

Vers 1920 Des groupements syndicaux Agricoles s'étaient formés sous la tutelle du ministère de l'Agriculture et avaient préparé des projets fous pour l'époque (13) voici leur propos.
« ...l'organisation de la vente directe aux consommateurs par les boucheries coopératives créées par des Agriculteurs associés, quoique délicate, ne semble pas devoir présenter des difficultés insurmontables, puisque elle peut être facilitée par des avances à long terme accordées au titre de la loi du 5 Août 1920 par l'Office National du Crédit Agricole… »
« ...par ce procédé de vente directe le consommateur pourrait se procurer une viande seine et de bonne qualité dont la provenance lui serait connue et dont le prix serait diminué du montant des frais et bénéfices de trop nombreux intermédiaires ».

A cette époque la France n'était pas prête à supprimer les marchés du bétail Les animaux de trait y tenaient une trop grande place dans la campagne française.

Après l'arrêt des hostilités en 1945 les États Unis, lancèrent le plan Marchal destiné à aider les pays d'Europe écrasés par la guerre. Des milliers de petits tracteurs furent livrés. Des usines d'armement qui avaient alimenté la Wermarch se mirent à fabriquer des petits tracteurs, dans les pays qui avaient été annexé Tchécoslovaquie, Hongrie, Autriche. Une cinquantaine de marques couvrirent le territoire français. La traction animale fut carrément remplacée par la traction mécanique (LE TRACTEUR) La réforme de l'Agriculture annoncé par le Général de Gaulle dans son discours de politique générale qu'il fit à Castres en 1952, entra en vigueur .Ce changement toucha toutes les structures. Dans le Lauraguais l'élevage fut abandonné au bénéfice de la production de céréales. Les animaux de trait n'étant plus utilisés le cours des bœufs chuta ; entraînant vers le bas le prix de tous les animaux. L'inflation galopante de l'époque masqua la très forte baisse des produits d'élevage. L'Italie étant déficitaire en production de viande animale, acheta les bœufs dont la France ne savait que faire. Quelques années après elle acheta des veaux dont le nombre n'avait cessé de grandir, et pour cause ; l'élimination des bœufs, avait permis d'augmenter le nombre de vaches et donc des veaux.

L'abattoir de Revel avait vieilli, plusieurs arguments étaient en faveur de sa fermeture. Son emplacement en ville n'était plus approprié aux normes de.la salubrité. C'était le cas dans de nombreux villages .comme Saissac. L'abattoir était situé dans la rue en face la porte des écoles. Parfois a la sortie (les enfants se disputaient, pour voir assommer une bête par le trou de la serrure du portail).

L'ARRÊT DES MARCHÉS DU BÉTAIL

L'arrêt des marchés du bétail faisait penser qu'à Revel : tout allait s'écrouler sur le plan économique. C'était sans compter que le changement était partout, et que l'exode rural faisait cesser les petits commerces situés dans les villages alentours. Avec ses Sept mille habitants Revel intéressa les grandes surfaces. Une clientèle de proximité s'ajouta à celle de la ville. Le foirail libéré des animaux servit de parc auto la semaine et de marché pour les objets manufacturés le samedi. A la place centrale, la halle avec sa toiture basse à quatre pentes, continua d'assurer son rôle d'origine. « Le bien-être Public »  Acheteurs, vendeurs, et visiteurs y trouvent l'ambiance du marché urbain, vieux de plusieurs siècles.

Le parc auto 1350 places sans compter les rues offre un stationnement gratuit. Été comme hiver, le samedi matin, la place Centrale et le foirail sont entièrement réservés au marché. Toute circulation autrement que pédestre y est interdite.

 

 

 

Photo de 1925 (collection privée)

 

 

 

COMMENT FONCTIONNE LE MARCHÉ

Une commission élargie, présidée par le Maire ou son adjoint réunit tous les trois mois, les membres participant. Des employés municipaux dont un technicien, deux placiers (régisseurs), trois agents de la police municipale, des représentants des Commerçants sédentaires ; des Commerçants forains du Syndicat des marchés de plein vent. Ces réunions ont pour but de maintenir l'équilibre et le bon fonctionnement du marché qui reçoit Cent Cinquante à deux Cent petits producteurs et revendeurs tous les samedis.
Le montant du droit de place (au mètre carré) est étudié à huit clos, par le les conseillers municipaux. Certains Commerçants peuvent régler le droit de place sous forme d'abonnement, au trimestre ou à l'année. Les forains ne venant pas régulièrement, payent le droit de place directement aux régisseurs. Ils doivent être présents à l'heure d'ouverture du marché et être porteurs du titre de leur profession. En été depuis trois ans des places sont proposées à des artisans créateurs (non revendeurs) à la place de la mission.

SOURCES ET DOCUMENTS CONSULTÉS

Registre des délibérations municipales de Revel du Dix-sept au Vingtième siècle
Série E A.D.H.G.
Revues Techniques Agricole 1925-1938
Bulletins de la S.E S.A.

NOTES

Paul Redon Officier de carrière membre. Fondateur de la société d'Histoire de Revel Saint Ferréol
Inventaire de marchands drapiers du Treize et Quatorzième siècle. Bulletin de la Société Scientifique du département de l'Aude, cinquante neuvième année, tome trois p. 72 à 77.

A D HG 2 E
A D H G 671 H
A D H G. E 272
Copie de lettre du Garde de Saint Ferréol. Archives du Canal du Midi
A. R. Registre 1 D 4
A. R Registre 1 D. 6
L'article 39 COMPORTE UNE ERREUR, sur la position du poids public
Louis Latger fils de Fernand Latger de Blan
Prairies et plantes fourragères Corola 1912.  Revue de Zootechnie : La viande de veau dans le midi de la France
Louis Latger Maire de Blan
Bulletin de la société des agriculteurs de  France juillet 1923