MONTÉGUT-LAURAGAIS
Titulature : saint Martin
342 habitants en I982.
342 habitants. en I990.
Occitan : En I226 : las Mazieres, ancien nom occitan, du latin macerias, nom donné au Haut Moyen Âge aux ruines romaines
HISTORIQUE
La ville de Montégut-Lauragais, située à 5 km au Nord-ouest de Revel, « porta successivement les noms de Mazières, puis Montégut-les-Mazieres, Montégut de Revel et enfin, en 1923, Montégut-Lauragais. »
Mazières était dans la mouvance du château de Saint-Félix lors de la donation de RAYMOND VII au comte ROGER-BERNARD de Foix le I8 mai I226.
A l'avènement d'ALPHONSE DE POITIERS, les consuls de Mazières prêtèrent serment le 1er décembre I249.
Le 3 janvier I270, RAYMOND DE BAURIO, moine de Soréze, est prieur de l'église Saint-Martin de Mazières.
C'est vraisemblablement à la suite des exactions de SIMON DE MONTFORT, qui détruisit tout sur son passage, que les survivants de Mazières se seraient retirés sur les derniers ressauts de la cuesta* de Saint-Félix.
À partir de 127I, seul le nom de Montégut apparaîtra.
Cependant, en 1318, on relève encore le nom de las Mazières, dans le pouillé * du diocèse de Toulouse et dans le cartulaire* blanc de l'archevêché de Toulouse.
En 1511, ADHÉMAR-ALBERT, moine présentateur de l'église de Castres, est le prieur de Saint-Martin de las Mazières et, en 1538, cette église est à nouveau citée dans le cartulaire*de l'archevêché de Toulouse comme annexe de Montégut.
En février 1569, les guerres de Religion n'ont pas épargné l'église Saint-Martin, alors que Montégut ne semble pas avoir subi de dégâts.
La ville s'était entourée d'une haute palissade qui dominait les maisons. Il n'y avait qu'une porte avec un pont-levis.
Lorsque Mgr Charles de MONTCHAL effectue sa visite pastorale à Montégut, en 1640, il signale son passage à l'église de las Mazieres et note que la présentation est à l'abbé de Soréze et que le prieur est M. Vincent du BOIS, prieur perpétuel, résidant sur le lieu. C'est la seule mention sur le registre de visite.
Au XVIIe siècle, le lieu-dit de las Mazieres figure sur la carte de CASSINI. Cependant, le curé de Montégut écrivait :« sur le plateau des Mazières, il y avait anciennement un prieuré bénédictin dont il ne restait aucun vestige en 1743. "
« Consacrée en 1869 par Mgr DESPREZ, archevêque de Toulouse, s'élève sur les antiques murs d'un modeste temple dans lequel Mgr D'ASTROS, archevêque de Toulouse consacra en 1832, trois ordinands ; l'un d'eux, devenu archevêque d'Avignon, est Mgr DUBREUIL, bienfaiteur de cette église en 1872 ».
Vue générale de Montégut - Lauragais
VUE AERIENNE DU VILLAGE MEDIEVAL FORTIFIE DE « LAS MAZIERES » près de MONTEGUT LAURAGAIS
Un large
fossé en appui sur un à-pic apparaît lors de la maturation du blé, délimitant
une plateforme circulaire d’environ 60 m de diamètre.
Vers l’abrupt, le site est bordé d’un haut talus.
Dans la partie nord apparaissent très nettement une vingtaine de silos.
La prospection de surface a livré des matériaux de construction, des céramiques
médiévales, des ossements humains attestant la présence d’un cimetière.
Sur le cadastre de 1831 est porté un petit bâtiment et son sol.
Dans la partie centrale on distingue « la trace » d’un bâtiment – il s’agit certainement de l’église de « Las Mazières »
Localisation supposée de la première église de « Las Mazières »
(additif
d’après Sylvie Mallary – 1990 - pp. 40-43)
L'église Saint-Martin, sise au nord du village, se dresse sur la partie la plus élevée. Elle n'apparaît que très tardivement dans les textes. C'est en 1538 qu'elle est citée pour la première fois dans le registre du gouvernement des églises dans le diocèse de Toulouse.
L'édifice possède un plan à nef unique et s'orne d'un clocher-donjon de style gothique. Jusqu'au XVIII° siècle, le cimetière jouxtait l'église au sud. Il était entouré de murs.
Le lieu-dit « Las MaziEres »
Une église, dédiée à la Vierge Marie, aurait existé au lieu-dit Las Mazières.
Elle serait bien antérieure à l'église Saint-Martin de Montégut. Grâce à des mentions écrites dans les textes et surtout grâce aux découvertes archéologiques, l'existence de cette église est rendue certaine.
L'église est mentionnée pour la première fois en 1318. Elle était alors rattachée au diocèse de Toulouse.
En 1538, elle est citée comme étant une annexe de Saint-Martin de Montégut. L'église Sainte-Marie de Las Mazières figure encore au XVIII° siècle sur la carte de Cassini.
Certains documents prouvent qu'il existait aussi au lieu-dit Las Mazières un prieuré dépendant de l'Abbaye de Soréze (1).
En 1318, ce prieuré apparaît dans le relevé d'un compte de la décime dans le diocèse de Toulouse. Il est aussi cité dans le Cartulaire Blanc de l'archevêché de Toulouse.
Ces mentions écrites concernant l'église Sainte-Marie de Las Mazières sont complétées par de nombreuses découvertes archéologiques.
Au début des années 1970, un agriculteur a remarqué lors d'un labour, la présence d'un sarcophage en pierre qui mesurait deux mètres de longueur, 0,70 mètres de large et seulement 0,15 mètres de profondeur.
Lors de son extraction de la terre il s'est brisé en trois morceaux. Ce sarcophage renfermait un squelette humain.
D'autres ossements humains ont été retrouvés sur le même site Ces découvertes semblent indiquer la présence d'un lieu de sépulture.
En 1984, des photos aériennes effectuées par Michel Passelac, chercheur au C.N.R.S et Jean-Paul Cazes, conservateur du Musée archéologique de Castelnaudary, ont permis de relever les traces d'un enclos circulaire situé sur le haut du mamelon.
Cette structure arrondie mesure à peu près 60 mètres de diamètre, taille qu'avaient les villages ecclésiaux (avec leur cimetière autour de leur église au Haut Moyen-Age).
A l'intérieur de l' enclos, dans la partie nord. apparaissent des fosses silos. Les prospections de surface ont livré des ossements humains, des tessons de céramique médiévale et des matériaux de construction.
On peut supposer que I' église Sainte-Marie de Las Mazières se trouvait près du cimetière.
Le site de Las Mazières correspond au type d'habitat de la fin du Haut-Moyen-Age créé autour d'une église et de son cimetière à l'intérieur d'une structure arrondie entourée de fossés.
Aujourd'hui, il existe à 1 km de Montégut, un lieu-dit portant le nom de las Mazières. Là, un calvaire a été élevé à une époque oubliée. Il fut restauré en grande solennité le 16 août I959.
L'église de Montégut n'apparaît qu'en 1538 dans le registre du gouvernement des églises du diocèse de Toulouse.
À l'intérieur du clocher-porche, on peut lire cette inscription :
Il s'agissait, effectivement, d'un modeste édifice, bâti par les paroissiens, comme le souligne Mgr Jean de RUDÈLE, vicaire général, en 1617:
. l'église n'est pas consacrée
. les fonts baptismaux sont du côté de l'épître, soit à droite
. il n'y a pas d'autre chapelle
. le clocher, au bas de l'église, est bâti de pierre
. l'église mesure 7cannes de long pour 4 de large.
Dans le procès-verbal de sa visite de 1640, par Mgr de MONTCHAL, il est signalé trois cloches qui garnissent le clocher.
En 1700, Mgr JEAN-BAPTISTE COLBERT constate la présence d'une pierre sacrée. Il propose :
. d'agrandir le chœur de 4 cannes ;
. de lambrisser et carreler toute l'église
. de faire une sacristie ;
. d'ôter le torchis qui est sur la muraille du cote de l’épître, pour faire un mur.
Il note que l'église possède une chapelle dédiée à Notre Dame.
Mais, l'église est toujours trop petite. On est obligé de faire des tribunes, au fond, et au côté, sur la chapelle et la sacristie.
En 1742, Mgr DE LA ROCHE-AYMON constate :
. que les murailles sont solides et blanchies
. que le lambris du toit est uni et en bon état
. que le banc du seigneur* est indécent, car trop près de l'autel.
La Révolution n'a pas laissé de traces, si ce n'est que le 27 février 179o, Joseph CATHAL, voulant obéir à la loi du 27 novembre 1789, prête serment à la Constitution civile du clergé.
Le 22 pluviôse an VII (11 février 1800), la fabrique* remet une pétition tendant à obtenir la reconstruction du mur ouest, l'établissement d'une voûte sur la nef et le remaniement de la toiture.
Prise de vue depuis le site de « Las Mazières » (à gauche de la photo au dessus de la petite paroi). En fond, le village de Montégut et son église.
Statue
de Saint Léonard placée dans la chapelle de la Vierge, « pour la délivrance des
prisonniers ». |
Tableau
peint : la Sainte Famille en Egypte nourrie par des anges. |
à gauche « Bienheureux les doux »Peinture de Bénézet en 1868. | à droite« Bienheureux ceux qui pleurent » |
Une partie du « plan terrier » déposé à la mairie de Montégut. |
Détail du plan présentant l’abreuvoir (et semble t’il « trois appontages »), la porte de la
ville, les remparts, la porte de l’église. |
Montégut Lauragais « le village » – extrait du plan cadastral de1831
Mais, ce ne sera qu'en 1869 que les travaux seront effectués. L'église sera consacrée la même année.
Dans les livres de la police des cultes, en 1906, on relève :
. un maître-autel de pierre de Poitiers comportant six panneaux séparés par des colonnettes
. un retable* de six panneaux représentant Pierre, Paul et les quatre évangélistes
. des boiseries de chêne de deux mètres de haut, sculptées
. des peintures murales du chœur, œuvre de BENEZET en 1868
. deux reliquaires en bois doré, offerts par Mgr DUBREUIL en I872
. un bénitier de marbre blanc
. des fonts baptismaux de pierre portant une sculpture du baptême du Christ avec Jean-Baptiste, œuvre de MOULLENS de Toulouse
• deux cloches de bronze, pesant 200 et 500 kg.
DESCRIPTION
EXTERIEUR
L’église est située au levant, en bordure des anciens fossés de la ville et à proximité de l'emplacement de l'ancienne porte à pont-levis.
Un court raidillon amène au porche.
Orienté sud-nord, l'édifice est flanqué de collatéraux construits en appentis. Le toit en bâtière*, au-dessus de la haute nef est couvert de tuiles.
Le chevet, profond, est semi-circulaire. De part et d'autre, les sacristies ont été construites en arrondi. Elles sont éclairées par des oculi.
On accède au porche par quelques marches. Il est surmonté d'une double archivolte dont l'une à deux rouleaux retombe sur des colonnes.
Ce porche, profond, est surmonté d'une tourelle carrée supportant le clocher hexagonal dont les six ouvertures en plein cintre* portent des abat-sons. La flèche à six pans, couverte de pierre, se termine par une boule surmontée d'une croix de pierre.
Tout au long de l'édifice, court un décor d'arcatures aveugles qui reposent sur d'étroits contreforts à ressauts évoquant les bandes lombardes du premier art roman méridional.
Les fenêtres sont en plein cintre*, décorées d'un faux cordon de billettes.
INTERIEUR
L'ENSEMBLE de la construction est d'inspiration néo-romane. Cette tendance se retrouve également à l'intérieur de l'église :
• la nef, flanquée de collatéraux, est de trois travées couvertes de voûtes quadripartites séparées par des doubleaux* retombant sur des piliers carrés
• elle est éclairée de chaque côté par trois fenêtres situées au-dessus d'une corniche qui court d'un chapiteau à l'autre
• dans la partie occidentale, une tribune profonde, voûtée, éclairée par une fenêtre en plein cintre*, servait au carillonneur
• la chaire en bois de chêne est toujours adossée au pilier qui sépare la deuxième et la troisième travée. En face, se trouve un grand Christ en croix ;
• la nef a gardé ses bancs de bois, bien alignés et cirés, sur un dallage de terre cuite.
Les collatéraux servent de déambulatoire. Là, sont disposées les quatorze stations du chemin de croix. Ils ouvrent sur la nef par de grands arcs en plein cintre". Des boiseries avec un décor d'arcatures, courent le long des murs. Trois fenêtres en plein cintre* avec vitraux éclairent les collatéraux.
Dans la partie orientale de chaque collatéral, une chapelle a été aménagée. L'une est dédiée à la Vierge, l'autre à sainte Germaine.
Une statue de saint Léonard a été placée dans la chapelle de la Vierge, probablement pendant la deuxième guerre mondiale. Il tient dans ses mains des chaînes brisées : on l'invoquait pour la libération des prisonniers.
Sa légende ne manque pas de merveilleux : il fut porté sur les fonts baptismaux par saint Denis vers l'an 500. Il aurait miraculeusement délivré de nombreux prisonniers.
Au fond du collatéral, se trouve un tableau représentant l'Annonciation.
Dans le collatéral nord, au fond de l'église, se trouvent les fonts baptismaux. C'est une construction de pierre surmontée d'un tableau peint sur toile. Il s'agit de la Sainte Famille en Egypte, nourrie par un ange.
La nef est séparée du chœur par un arc triomphal. On y accède par deux marches.
Le chœur est précédé d'une courte travée dont la voûte quadripartite est oblongue. Cet avant-chœur est éclairé de part et d'autre par des fenêtres en plein cintre*.
C'est là que les reliquaires de Mgr DUBREUIL ont été placés dans des exèdres* à décor de cordons de billettes. Le chœur proprement dit est en hémicycle, voûté en cul de four ; la corniche qui décore la nef, court aussi autour du chœur.
La voûte est décorée de peintures du peintre toulousain BÉNÉZET, réalisées en 1868. Il s'agit de la « Gloire de saint Martin ».
Au-dessous, autour de l'autel, huit béatitudes sont représentées. Elles surmontent les très belles boiseries de chêne
Le chemin de croix de l’église.
« La gloire de Saint Martin » peint par Bénézet en 1868 dans la voûte du chœur..
De gauche à droite, on peut lire :
BEATI PACIFICI
Bienheureux les pacifiques
B. QUI PERSECUTIONEM PATIUNTUR
Bienheureux ceux qui sont persécutés
BEATI QUI LUGENT
Bienheureux ceux qui pleurent
BEATI PAUPERES SPIRITU
Bienheureux les pauvres en esprit.
Au centre, le Christ du jugement dernier, il bénit de sa main droite et tient la couronne des élus dans la main gauche.
BEATI MITES
Bienheureux les doux
BEATI MUNDO CORDE
Bienheureux ceux qui ont le cœur pur
B. QUI ESURIUNT ET SITIUNT JUSTITIAM
Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice
BEATI MISERI CORDES
Bienheureux les miséricordieux.
Outre ces peintures, l'ensemble de l'église a gardé sa décoration de la fin du XIXe siècle.
BIBLIOGRAPHIE
ADHG, 1G 560.
ADHG, série B, T5, 349-377. ADHG, V. 29.
AM, non numérotées : Saint-Sernin (Georges de) : Histoire de Montégut. In journal municipal, 1970.
Lestrade (J.), 98. Malary (S.), 40-43.
Voragine (Jacques de), Légende dorée, t II, Garnier Flammarion, 1967, 288-289.