Société d'Histoire de Revel Saint-Ferréol                          -                                      Publication Lauragais-Patrimoine

LA GUERRE D'INDOCHINE

 par Maurice de Poitevin

RETOUR ACCUEIL

Retour Sommaire

ANNEXE  I
OBJECTIF : BA-XA

Document fourni par  Guy GASNES à Montmorillon (86)
            BA-XA ! Ça ne sonne pas à l'oreille comme Hambourg ou Essen.
Ba-Xa est un petit village. Un petit village entre deux montagnes, tout au fond d'une vallée, là-haut dans le Tonkin  du Nord, à quelques kilomètres de Langson. Il nous faut prendre une carte au 1/100 000ème pour le situer exactement. Ba-Xa est l'objectif de ce soir, l'objectif de notre mission.
Quatre pilotes sont là, dans la salle d'opérations, écoutant le but, le pourquoi et le résultat à obtenir avec nos quatre avions. L'officier de renseignements parle : « Cap 47, temps 21 minutes, bombarder le village, P.C. ennemi » ; nous sommes quatre penchés sur la table, quatre paires d'yeux suivent le doigt sur la carte ; « mitrailler après avoir bombardé et éventuellement repérer toute activité suspecte. La météo est bonne ; plafond 5 000 pieds sur l'objectif, vous êtes Bleu Section ».
Bleu est notre indicatif radio. Bleu 1, le leader, le Lieutenant P……, emmènera la patrouille, il fera la navigation, il repérera le village, il choisira les meilleures conditions d'attaque et le premier il descendra, il larguera ses bombes de 240 livres ; les autres suivront. Maintenant, il donne ses ordres, il détaille la mission. Il parle vite, il avale les syllabes, malgré soi on sent que ça va foncer, et puis aussi, il y a un avion, le 3G » qui marche tellement vite, 20 miles de plus que les autres… un sacré avion… un avion presque neuf, vous vous rendez compte, un avion neuf !
Décollage face au Nord, Channel « B » for Baker, virage à gauche, regroupement ligne astern, on repasse sur la piste, on change de Channel radio « D » for dog, formation de bataille et nous prenons le cap sur l'objectif, « Vous vous espacerez, ne pas me gêner, repérer l'objectif, attaque individuelle pour bombarder. Ensuite regroupement à 3 000 pieds, 400 mètres de distance, nous mitraillerons en noria ; compris ? ». Ceci s'adresse aux trois autres : Bleu 2, Sergent S… ; à moi, Bleu 3 ; et à Bleu 4 Sergent R…
Nous sommes tous les quatre du groupe de Chasse « Cigognes », Bleu 1 et Bleu 2 sont de la SPA 103, la 2ème escadrille. Tout à l'heure en l'air, je verrai sur le capot de leur avion leur Cigogne, celle de Fonck avec les ailes en haut ; Bleu 4 et moi de la SPA 3, la première Escadrille, nous avons l'autre, non moins glorieuse, de Guynemer, avec les ailes en bas.
On s'équipe, on enfile la combinaison de vol, évidemment une fermeture éclair se coince, « Saloperie ! Ça commence mal ! » ; la carte, les gants à crispins, le révolver, tout y est ? Non, le casque, on prendra le parachute là-bas, en piste, allez vite dans la jeep. Evidemment la batterie est à plat, il faut pousser et personne qui réparera cette satanée voiture.
Vite, encore vite, on est pressé, avant de monter signer la forme 700 ; le mécano est là. - Quel avion ?  - Le « B ».
Je monte, je boucle le parachute, j'ajuste les bretelles : allez, en route les injections, les magnétos, contact ? – Contact : ça y est ; il tourne ; le moteur ronfle. Les quatre avions tournent. Je décolle en troisième position.
En quittant le sol, j'aperçois à droite les mécanos qui sont à dix mètres en dessous ; ils regardent. Ils regardent quoi ? Ils en ont peut être vu cent, mille décollages, que sais-je ?, mais ils regardent quand même ; ils regardent toujours : c'est leur avion qui décolle ; c'est un peu d'eux qui s'en va. Avant de partir, en vous passant les bretelles, ils vous demandent : où allez-vous ? Et parfois dans leurs yeux on devine un regard d'envie…
Nous prenons le cap ; je débloque le gyro. Vingt minutes encore avant d'arriver. Dessous, je vois des rizières, des villages indigènes, pauvres agglomérations de paillotes entourées d'arbres. Nous suivons sensiblement la route et la voie ferrée partout des coupures, des obstacles, des abris, des tranchées tout au long de cette route. Et la voie ferrée ! ... Les rails sont enlevés, posés en travers du ballast.
Ce sera dur pour reconquérir le pays. Nous sommes seulement à 10 kilomètres d'Hanoï! Dans le fond, je distingue Bac Ninh. En bas, à 2 000 pieds en dessous, je lis en grosses lettres blanches adossées aux remblais de la voie ferrée « Soldats, ne vous battez pas pour la banque d'Indochine » et plus loin « Soldats, pensez à vos parents, faites vous rapatrier » et quelques autres slogans de cet ordre… Il y a tant à répondre à ces théories que l'esprit ne s'y arrête même pas. L'esprit est ailleurs. Il pense bien, à la mission, et aussi quelque fois, à ce qui arriverait si le moteur s'arrêtait…  Ça remonte la vie, on apprécie mieux les arbres, le moindre rayon de soleil, tout est plus beau, tout devient meilleurs. Un coup d'œil aux températures et pressions ; bon, tout est normal. Ça marche, ça marche toujours.
Voici Bac Ninh, le pont est coupé, les maisons détruites, la guerre est passée par là. Dans le fond encore confuses, les premières montagnes se devinent. Nous sommes là, quatre avions qui passons, quatre français, à nous quatre nous n'avons pas cent ans d'âge.
A ma gauche, un peu éloigné, je vois « Bleu Leader » et « Bleu 2 », « Bleu 4 » est là aussi, plus proche, à ma droite. Nous survolons maintenant les premières montagnes. Le paysage semble prendre un air plus austère, plus froid. La vallée se resserre, s'étrangle. Nous obliquons à gauche, nous quittons la vallée, la voie ferrée, la route de Langson ; nous sommes à 5 000 pieds. Les nuages sont à ras de nos têtes. Nous volons au dessus d'une autre vallée plus étroite que la première avec au fond une petite route ?, un chemin plutôt. L'heure d'arrivée sur l'objectif est proche ! Je cherche en bas, comparant ces terres, ces routes, ces hameaux, avec une carte. Ba-Xa, est là-bas, un peu en avant à droite. Il disparait presque sous mon capot moteur. Cet un village comme les autres, plus petit, l'air plus pauvre encore. Quelle idée de se trimbaler là, à quatre avions, avec huit bombes, à cinq heures du soir pour démonter ces baraques ! Pourquoi celui-là plus qu'un autre ? Je deviens idiot avec mes réflexions. Le coin est sinistre, c'est sombre, c'est lugubre. Je ne vois personne, les montagnes sont noires, les arbres ici poussent avec des feuilles noires. Et ces nuages qui bouchent le ciel. Un coup d'œil au moteur. Il me semble que depuis un moment, je les regarde un peu souvent ces cadrans de pressions, de températures, oui, un peu trop souvent…
« Ici Bleu 1 », objectif 9 heures, formation de bombardement out ! ». On s'espace, on tourne sur l'objectif un peu comme des rapaces guettant leur proie.
« Ici Bleu 1, j'attaque ».
Je vois un avion quitter le cercle, piqué à 60°. Je regarde, je le suis des yeux, il me semble qu'il va emboutir les collines, mais non, toujours cette même illusion d'optique, il passe, il redresse ; il remonte prendre sa place dans le cercle en quatrième position maintenant. Je cherche la fumée d'impact et d'éclatement de ces bombes. Zut, c'est un peu court ; juste en bordure du village, quelques maisons sont plutôt ébranlées « Tu n'es que poussière… ». Il faudrait 50 avions pour détruire le pays. Et puis, une maison tous les trente mètres. Evidemment, il y a de la place dans cette vallée, ce n'était pas la peine de serrer les maisons : pas pratique à bombarder.
« Bleu 2, j'attaque ». Il est devant moi, il descend, je regarde. Non ce n'est pas ça. Il y a je ne sais quoi d'indéfinissable qui donne l'impression que nous tapons dans le vide. Pourtant à lui aussi, ses bombes sont dans le village.
C'est mon tour, j'allume le collimateur, j'amorce mes bombes, je pique. Il faut l'avoir ce patelin, il faut que ça saute, que ça fume, que tout s'émiette. Je vise, je regarde l'altimètre. C'est le moment, une légère correction, j'appuie : les bombes sont parties. Je redresse, attention la montagne. Les oreilles font un peu mal, je ne le sens pas, je n'y pense pas et je sais pourtant qu'elles me font mal. Où sont mes bombes ? Je serre le virage, je regarde derrière moi, en bas. C'est désespérant, une bille dans une motte de beurre, voilà mon travail ; et encore, si la bille était tombée au milieu de la motte mais non sur le bord : toujours sur le bord. Six boules sur le bord ; c'est énervant. Pourtant, c'est tellement réconfortant quand à la radio, pendant la ressource, on entend « O.K. Bleu 3 ». Aujourd'hui silence, personne ne parle simplement tout à l'heure Bleu 1 : « Attention au vent, corrigez pour la dérive ».
Bleu 4 attaque, il pique, redresse et remonte. Rien, pas d'impact, les bombes n'ont pas dû se larguer. Il revient, il redescend, je regarde, je vois la fumée qui monte, minuscule, ridicule vue de cette hauteur. Le tir est long, beaucoup trop long. Une erreur pareille est inadmissible. Ces lance-bombes, ça ne fonctionne jamais, c'est mon jugement, il est définitif, absolu.
Mais alors consciencieusement, maison par maison, nous mitraillons. Autant que le permet la largeur de la vallée, nous changeons d'axe d'attaque. Il y en aura pour tout le monde, pour toutes les façades. Ah ! Le bombardement n'a pas rendu. On verra bien. Chaque fois que nous descendons, nous passons à trente mètres peut-être d'un pic délaissé des broussailles, que de roche grise, sinistre. Il n'y a pourtant pas d'usine ici, pas de fumée pour tout noircir pareillement. Et là aussi à droite, de part et d'autre de la route, ces deux groupes de maisons alignées trop méticuleusement, qui nous narguent à chaque descente. On dirait qu'elles sentent, ces maisons, que nous les visons. A chaque attaque nous les laissons à notre droite. Au milieu de ces maisons, semblable à un arc de triomphe perdu dans cette vallée, enjambant la route, un portique de branchages, de ces feuilles vert-noire, à l'air d'attendre une imaginaire rosière. Tiens, le cercle s'agrandit, que ce passe-t-il ? Ah ! Oui, je comprends, et quand je descends, je presse la détente de mes deux canons de 20 m/m et de mes deux mitrailleuses avec plus de foi, de la haine presque pour mitrailler ces maisons. Nous dédaignons ce ridicule portique, nous ne sommes pas sadiques ; nous ne détruisons pas pour l'art. Je vois Bleu Leader, qui dans sa ressource, fait parfois un tonneau lent.
Les munitions sont finies ; nous regroupons, nous rentrons. Il me semble que de quitter ces montagnes, je respire mieux. Pourquoi ? Je n'en sais rien, c'était si sombre. Tiens ! Il y a 20 bonnes minutes que je n'ai pas songé à regarder mes pressions et températures, l'oisiveté est la mère de tous les vices… Avec huit bombes, pas plus de dégâts, on sent un étrange mécontentement qui flotte d'un avion à l'autre. Personne ne dit rien à la radio. Nous descendons doucement, nous retrouvons la voie ferrée, nous descendons toujours. La plaine approche, nous rentrons en rase-mottes, pleins gaz. Et cet avion, le « G » qui fonce, presque impossible à suivre. Maintenant non plus, je ne regarde plus les cadrans. Je regarde les arbres, les rizières, les indigènes qui se mettent à plat ventre. Idiot de se mettre à plat ventre, on ne va pas tuer tous es Tonkinois. C'est Phulang Thuong, Bac Ninh, toujours la voie ferrée ; les fameux panneaux, ça me fait même rire. C'est tellement usé cette propagande. Si seulement on pouvait lire du nouveau en passant, mais non.
Le terrain est là, nous remontons à mille pieds. Un passage sur la piste et c'est l'atterrissage. Les quatre avions se rangent au parking. Les moteurs sont coupés, les pilotes descendent. Les mécanos sont là depuis un moment déjà guettant les quatre avions. Ils ont l'air de s'en foutre, ils jouent les gens flegmatiques ; mais ils les guettent ces retours… Ils sont tous là au pied de l'avion : mécanos, électriciens, armuriers demandant  si ça a gazé. Bien sur ! Ça gaze, ça gaze toujours et je repense subitement que si une fermeture éclair ne fonctionne pas, il faut la graisser un peu, que si la batterie de la jeep est à plat, il n'y a pas moyen de faire mieux. On n'en fabrique pas des batteries ici, et trouvez en ici, à Haïphong de l'acide sulfurique ? Et un lance-bombes, ça marche toujours d'habitude. Je rectifie mon jugement. Tout le monde est heureux, c'est le moment de torpiller une cigarette au mécano.
Mais, quand même quelle idée d'aller bombarder Ba-Xa ? … 
C'est le compte-rendu de cette mission, avec  un peu de déception aussi, de n'avoir pas fait le maximum. C'est le 26 janvier, 17h15. La nuit arrive, une heure vingt de plus de vol de guerre. C'est mes trente deuxième missions de guerre en Indochine.
On se déshabille, on redevient des hommes comme les autres, on range son équipement, c'est fini, c'est tout.
Trois jours après, un télégramme de félicitations arrivait : 150 blessés, 200 morts. Dans le fond, c'était une fameuse idée d'aller bombarder Ba-Xa. C'était un bon tuyau…



ANNEXE  n° 2


GROUPE DE CHASSE  « CIGOGNES »

Document fourni par  Guy GASNES à Montmorillon (86)
Groupe de Chasse « Cigognes »                                                             Hanoï, le 8 mars 1947
1ère Escadrille

            Jeudi 19 décembre, beau temps pour voler, le ciel est couvert entièrement, mais le plafond est très élevé.
Vers 7 h, les pilotes de la 2ème escadrille du Groupe de Chasse « Cigognes » (la SPA 103) se rendent d'Hanoï à Gia Lam comme d'habitude : rien de spécial à signaler sur la route, aux abords du pont Doumer, les mêmes postes V.N. aux sentinelles bardées de grenades et chargeurs et armés de fusils ou mitraillettes, à l'allure tout aussi belliqueuse que la veille et nos marsouins qui leur font face aussi flegmatiques, en ville, les mêmes barricades, peut être renforcées…
La nervosité qui s'était accrue lundi dernier (le 15), lors du dégagement par nos chars et bulldozers des principales artères d'Hanoï demeure cependant.
A Gia Lam, nous retrouvons les quatre gars d'alerte (nous disions de cinéma), ils ont passé une bonne nuit.
Avec l'autorisation du 3ème Bureau des T.F.I.N., nous pouvons faire de l'entrainement sous réserve que le contact radio sera maintenu avec les avions, et ceux-ci susceptibles de rejoindre la base dans les 30 minutes.
Aussi, vers 9 h, quatre avions décollent pour un exercice comprenant des évolutions en patrouille serrée et formation de combat, du P.S.V. en patrouille avec retour en homing, pour terminer par diverses formations de défilé au-dessus de la piste. Deux autres avions, qui ont pris l'air plus tard, font un combat tournoyant au-dessus de la piste après une séance de voltige, puis quelques évolutions en patrouille serrée, du P.S.V. et reviennent en homing.
Vers 11 h, les six avions sont posés, les pleins faits, ils sont maintenus en alerte.
Un coup de fil du 3ème Bureau nous avertit en fin de matinée que la tension diminue nettement, les troupes sont déconsignées, même précise-t-on, une patrouille de deux avions en alerte suffira. La bagarre n'est pas pour aujourd'hui ! pensons-nous, la réaction française de ces derniers jours a du calmer monsieur Vo Nguyen Giap et ses excités.
Aussi l'après-midi, mis à part les éléments en alerte, tous les avions étant parés, l'Escadrille a-t-elle repos ; chacun se disperse en ville, au cinéma, à la bibliothèque, au cercle sportif, etc.
Vers 19 h 30, nous nous retrouvons tous à la popote, les rues de la ville sont alors absolument désertes. Entre temps en effet, les troupes ont été consignées, les égarés s'étant fait ramasser par les patrouilles, ceci semble normal, les mêmes précautions étant prises depuis les évènements de Haïphong.
Nous prenons donc tranquillement l'apéritif, devisant avec une charmante Hanoïenne. Vers 22 h, celle-ci se dispose à rentrer chez elle, quand la panne électrique survient, puis les premiers coups de feu… plus question de partir. La fusillade devient générale et les canons (75 et 105), et les mortiers s'en mêlent. Nous nous comptons : les seuls absents sont de « cinéma » à Gia Lam, c'est une chance.
Dès les premières minutes, nous faisons le point de la situation, pas très rassurés, car cela à l'air de chauffer dur place Meyret (à 300 m de chez nous), et une barricade se trouve à 50 m, et nos moyens de défense sont assez réduits : deux mitraillettes Sten avec trois chargeurs pour chacune, une carabine Mauser, une caisse de grenades et chacun un pistolet ou revolver(depuis le Colt 11 m/m et le Webley 9 m/m jusqu'au 7.65 et même 6.35). Deux sentinelles armées de mitraillettes sont placées près de l'entrée. Le diner étant prêt, nous passons à table pour déguster à la lueur d'une bougie, un poulet (le dernier avant longtemps), des frites (des vraies) et un gâteau de riz au chocolat… (Le popotier s'est surpassé !).
Nous sursautons assez souvent : des 75 V.M., très près tirant sur la citadelle et les 105 de celle-ci leur répondant ; la maison très mal placée en tremble plus d'une fois. De temps en temps, une accalmie, à faire peur…  Puis la fusillade reprend de plus belle. Assez rapidement, nous distinguons les nôtres des leurs, des départs, des arrivées.
Nous avons contacté nos sous-officiers par téléphone (inespéré) ; ils sont tous à leur mess, dans une situation très délicate, car pris entre deux tirs de mortiers ; ils se sont organisés et font le coup de feu par équipe. A Gia Lam, rien à signaler, le secteur est encore calme ; le pont Doumer a été endommagé par une mine, mais parait-il, il est encore praticable. L'Etat-major ne semble pas très au courant de la situation ; les ordres sont évidemment pour nous de rejoindre Gia Lam dès que possible.
Nous vidons une bouteille de Cognac pour nous remonter et par deux, montons la garde au balcon du premier, tandis que les autres essaient vainement de dormir sur des matelas étendus dans la salle à manger et le salon : le canon et les moustiques se chargent de nous tenir éveillés.
Vers 23 h, plusieurs jeeps blindées et half-track circulent dans notre secteur, ils prennent à partie la barricade voisine, nous allons aux nouvelles : les V.M. ont barré tous les passages à niveau, une grande partie de la ville est sous leur contrôle.
A cinq heures du matin, nous prenons place dans les trois jeeps, laissant l'armement automatique aux soldats qui gardent la maison, et filons en pleine obscurité, jusqu'à la citadelle puis, le Commandement de l'Air où nous retrouvons nos sous-officiers. Nous laissons là notre infortunée invitée, très inquiète sur le sort de sa famille, qu'elle essaiera de joindre dans la journée.
Des reconnaissances sont faites en jeeps blindées jusqu'au pont Doumer, celui-ci est sous le feu de mitrailleuses ennemies que des half-tracks sont en train de réduire au silence. Nous devons attendre le jour.
Nous envoyons un officier pilote à l'E.M. des T.F.I.N. ; il tiendra le rôle d'officier de liaison-air. Une première demande de mission nous arrive : il s'agit de bombarder un blockhaus V.N. à Phulang Thuang, où les français sont encerclés ; de même un appui est demandé pour Bac Minh où les nôtres sont également en fâcheuse posture ; il faudrait décoller dès l'aube. Ceci nous renseigne sur la situation, la bagarre est donc générale.
Vers 6 h 30, nous nous entassons dans des camionnettes, donnant les jeeps au garage du C.D.A., escortés par des jeeps blindées, nous arrivons près de l'entrée du pont que nous devions franchir par paquet de 10 dans un half-track. C'est actuellement impossible, nos véhicules font demi-tour. Après une nouvelle attente, nous nous divisons en deux équipes, la première (une quinzaine) 6 pilotes et des spécialistes mécaniciens radio, armement, etc., dans une camionnette ; en route pour le pont. La rue des graines brûle, des coups de feu partent des toits ; les postes V.N. qui jalonnaient le chemin ont été nettoyés, leurs occupants y sont toujours mais inoffensifs désormais. Nos troupes nettoient prudemment, très prudemment, chaque maison peut en effet cacher des snipers ou des pièges.
Nous sommes au pont, halte d'un quart d'heure pour obtenir l'autorisation d'y pénétrer ; elle est accordée, la camionnette s'y engage. C'est très désagréable alors, mais vraiment désagréable ; nous sommes tellement serrés que nous ne pouvons faire aucun mouvement et nous sommes tirés comme des lapins. Devant nous le half-track nettoie, mais il est stoppé, au milieu du pont, étant pris sérieusement à partie par des armes automatiques et même des canons de 20 ou 37 ; nous nous arrêtons à 20 m, peu fiers, même avouons-le assez pâles, ils nous tirent comme au stand, les balles sifflent…, cinq minutes de ce petit jeu…, c'est assez, nous recevons l'ordre de descendre et de continuer à pieds, (encore environ un kilomètre).
Ouf ! Quel soulagement ! Et nous partons, pistolet au poing, marchant tranquillement quand un obus vient exploser au dessus de nos têtes dans les poutrelles métalliques, en même temps qu'une mitrailleuse se met à cracher. Spontanément, nous sommes tous sur le ventre et les sous-officiers armés de mitraillettes répondent à nos agresseurs. Par bonds successifs, nous atteignons enfin l'extrémité du pont ; un sous-officier du G.A.O. a été sérieusement blessé : un éclat dans un genou.
A ce moment, nous entendons la patrouille d'alerte décoller, l'ordre lui a été transmis par radio d'aller mitrailler à Bac Minh. Le temps est magnifique, pas un nuage dans le ciel, il est 8 h.
Nous retrouvons sur la rive gauche du fleuve Rouge, deux de nos camions venus nous chercher. Ils sont là depuis 5 h du matin, après avoir été attaqués à la grenade dans le village de Gia Lam. Nos petits gars (une dizaine sous la conduite d'un caporal) font le coup de feu depuis leur arrivée, aidant le poste qui tient la sortie du pont à repousser les attaques V.N. Un A.M. arrive bientôt pour escorter les camions dans lesquels nous sommes installés. A nouveau nous servons de cibles a des tireurs isolés pendant la traversée de Gia Lam, les ripostes ne se font pas attendre et… bien nourries.
Enfin, nous débarquons à notre P.C., tandis que les camions retournent à la sortie du pont pour attendre le deuxième échelon qui arrivera une heure plus tard ayant eu à peu près des émotions analogues aux nôtres. Les patrouilles sont immédiatement formées, l'une décolle 10 minutes plus tard ; la liaison radio avec le 3ème bureau fonctionne, et les missions nous sont demandées directement. Tandis que la patrouille de Bac Minh revient, les quatre derniers Spits décollent pour Nam Dinh afin d'exécuter un bombardement de la gare et du cimetière chinois d'où les V.N., solidement installés, tirent sur nos troupes,  elles aussi en fâcheuse position.
Il n'y a pas de doute, c'est la guerre. Dès le décollage on voit d'innombrables incendies aux quatre coins d'Hanoï, et aux environs, des villages entiers brûlent.
Vous l'avez voulu, Monsieur Hô Chi Minh !

ANNEXE  n° 3


RÉCIT DU SOUS-LIEUTENANT MEUNIER

Document fourni par Guy GASNES à Montmorillon (86)
            Le 27 février 1947, je fus chargé d'aller, avec ma patrouille « Jaune », bombarder des jonques dans le port de Diem Dien ; au retour, je devais faire une reconnaissance armée sur le Song Giem Ho et aller ensuite reconnaître la position d'un poste de tir automatique à Nam Dinh.
La patrouille « Jaune » (S/Lt. Meunier-Sgt. Rabokogne) décolle à 14 h 15 et arrive sur l'objectif à 15 h 10, altitude 3 000 pieds.
Je fais un tour au-dessus du port pour le reconnaître, j'arme une bombe et me prépare à attaquer, suivant l'axe S.W.-N.W.  « Jaune » doit attendre la fin de mon bombardement pour commencer le sien.
J'affiche 2 600 tours, allume mon collimateur et bascule en réduisant les gaz pour prendre mon angle de piqué. Au même moment, mon moteur cesse de répondre à la manette. J'ai l'impression que mes contacts ont été coupés. De grosses fumées grises et noires sortent des pipes d'échappement, mon pare-brise se couvre d'huile. Je redresse en prenant la direction du Nord, arme ma deuxième bombe et les largues toutes les deux au hasard. Je regarde mes instruments, tout est normal. Je branche la pompe électrique, aucune réaction.
J'annonce à « Jaune » : « j'ai la carafe », « Jaune 2 » me fait répéter et comprend. D'ailleurs, il ne m'a pas quitté des yeux et a vu les fumées. Je me dirige vers les rizières, en essayant de m'écarter des points habités. Je ne vois plus devant moi, le sol se rapproche, je bloque mes bretelles, j'arrondis et me pose sur le ventre. Atterrissage assez doux, l'eau gicle par dessus l'habitacle et l'avion s'arrête au milieu d'une rizière, perpendiculairement à deux diguettes.
Il est 15 h 15, je me détache, coupe la radio, les contacts et sors sur le plan. Je prends la mitraillette, les quatre chargeurs et quitte l'avion. Je traverse une trentaine de mètres de rizière et atteints une diguette. Le paquet de cartes que j'ai dans ma poche de ma combinaison me gêne pour marcher, je le jette dans la rizière. Je marche environ 5 à 600 mètres sur la diguette. « Jaune 2 » est passé en rase-motte, près de moi au moment où je quittais l'avion, il est parti larguer ses bombes et revient, fait un passage près de moi et prend le cap pour aller chercher du secours.
Des silhouettes apparaissent sur les digues et diguettes des environs. Je décide de retourner à l'avion et de me défendre en attendant les Spits, face à une diguette. J'ai la plaque de blindage face à l'autre le moteur et la glace pare-balles.
J'arrive à l'avion à 15 h 35, je baisse le siège à fond, coupe la pompe électrique que j'avais oubliée, quitte ma combinaison mouillée qui me gêne dans mes mouvements, installe mes chargeurs de mitraillette, dans la cabine, bien à portée de ma main, je m'assois sur le bout droit de la cabine et j'attends.
15 h 40, les premiers indigènes arrivent à une trentaine de mètres de moi. Je les stoppe en tirant deux balles dans leur direction. Ceux qui sont plus loin continuent d'avancer, en hurlant, ils sont armés de sabres et de bâtons. Il en arrive de toutes les diguettes. J'essaie de les stopper avec quelques balles, mais ils continuent d'avancer en rampant. Je les laisse faire, me contentant de les faire s'aplatir de temps en temps, en les mettant en joue.
J'ai déjà eu deux ou trois enrayages avec ma mitraillette, balles mal présentées, ressort trop faible.
Les indigènes sont derrière les diguettes à une trentaine de mètres dans la queue et une quarantaine de mètres vers l'avant. Ils ne bougent plus, ils se contentent de pousser des hurlements, des gosses jettent des pierres dans ma direction. Un des assaillants, coiffé d'un casque colonial, m'interpelle en français, il me demande ce que je suis venu faire dans ce pays. Il me dit de ne pas faire l'imbécile, de sortir de la cabine, de jeter mon fusil et qu'il m'emmènera au village. D'abord, je ne réponds pas, puis je lui demande d'attendre une demi-heure. Il n'est pas de cet avis, me demande pourquoi et continue à parler, me répétant toujours la même chose. Je ne réponds plus.
15 h 55, j'entends une rafale de mitraillette, je regarde dans la direction d'où vient le bruit et je vois deux hommes armés de fusils et deux autres de mitraillettes, s'avancer pour se mettre en position sur la diguette derrière l'avion. Je tire trois ou quatre balles dans leur direction, ils se couchent, mais continuent d'avancer et commencent à me tirer. De temps en temps, une balle touche l'avion, mais de ce côté la plaque de blindage remplit son office. Par moment, ils s'excitent tous en criant plus fort, mais aucun ne se risque dans la rizière, pourtant, ils doivent bien être deux cents.
16 h 20, un mouvement de panique se déclare, ils s'enfuient presque tous, je ne comprends d'abord pas, puis, j'entends les Spits et je les vois tourner à trois ou quatre kilomètres, mais, ils n'ont pas l'air de se rapprocher. J'essaie de les appeler en radio, mais ma batterie est à plat. Les indigènes reprennent confiance et reviennent. Les Spits agrandissent leur cercle, je sors sur le plan, je déplie mon parachute et arrive à en faire gonfler la moitié, mais une rafale de mitraillette m'oblige à m'abriter. Trois de ceux qui sont armés se rapprochent de l'avion et s'abritent derrière une petite diguette, au ras de l'eau, à environ 25 mètres de la queue. Je les surveille et tire deux balles sans résultat, ma mitraillette s'enraye continuellement. Une balle de fusil fait sauter le haut de mon Hood et s'aplatit contre la plaque de blindage. Les éclats de plexiglas m'ont écorché la joue gauche. Les assaillants semblent devenir plus hargneux, on dirait qu'ils ont hâte de terminer l'affaire, ils tirent plus souvent, mais n'osent pas encore approcher, je tire deux balles pour leur montrer que je suis toujours armé.
16 h 35, un Spit m'a vu. Il arrive sur moi, c'est le « M », j'agite les bras pour lui montrer que ça va. Il repasse en rase-mottes, par signe, je lui désigne mes adversaires les plus embêtants. Il a compris, il prend de l'altitude, vire et attaque. Première rafale, pile sur les hommes armés, j'ai vu leur sursaut avant de s'écrouler, pas de doute, ils sont touchés. Un autre Spit arrive à son tour et tous deux mitraillent la diguette derrière mon avion.  Ils s'arrêtent, plus rien ne bouge, je sors sur le plan, aucune réaction. Un Spit prend de l'altitude. L'autre revient sur moi et je lui désigne d'autres objectifs, ils les mitraillent. Maintenant le secteur est très calme.
17 h, arrivée du L.5, il vire au-dessus de moi, part vers la mer, décrit des cercles, revient, repart, décrit  à nouveau des cercles du côté de la mer, revient une nouvelle fois, le pilote me fait des signes, mais je ne comprends pas. Il part en direction de Haïphong. Le Spit « G » passe en rase-mottes près de moi, je lui demande ce que je dois faire. Il repasse en me faisant des signes de partir vers la mer. Cette fois j'ai compris, je fais un paquet de ma combinaison et de mon serre-tête, je ramasse mes chargeurs, un dernier coup d'œil dans l'avion, il est 17 h 10. Mitraillette sur l'épaule, je descends dans la rizière, de la boue jusqu'au dessous des genoux et de l'eau jusqu'à mi-cuisse.
Je pars vers la première diguette, marche très fatigante, je n'avance pas vite. La diguette est aussi presque molle que la rizière, je l'abandonne et pars en direction d'une petite ferme que m'indiquent les Spits. Deux autres avions viennent d'arriver. Je me sens presque en sécurité.
Une centaine de mètres avant d'atteindre la maison, j'en vois sortir quatre ou cinq hommes qui partent en courant, direction de la digue. J'arrive à la ferme, je me hisse péniblement sur la diguette et je m'arrête, un instant, pour me reposer, je prends mon révolver à la main, je repars, j'essaie de courir, mais je suis trop fatigué. Je marche vers la grande digue, les Spits tirent, je ne vois pas sur quoi. J'avance toujours ; je suis obligé de faire lever un indigène qui, couché sur le ventre entre deux tas de terre, est tremblant de peur. Entendant ma voix, il se retourne, me voit et part en courant ; je ne tire pas. J'arrive à la grande digue, je vois la mer, deux bicyclettes ont été abandonnées. J'en prends une, l'enfourche et continue mon chemin. La route va vers un village, je m'arrête avant d'y arriver et redescend dans la rizière pour la contourner. Le sol est dur, tout va bien.
Un buffle affolé par les passages des avions, vient vers moi en courant, un petit canal à sec sépare nos deux rizières. Le buffle le traverse, une trentaine de mètres devant moi, il a l'air de peiner pour remonter aussitôt, je traverse le canal en sens inverse. Je glisse et enfonce le canon de mon révolver dans la boue, enfin, le buffle est passé. Je reprends la marche vers la mer. Un indigène se détache d'un tas de terre et s'avance vers moi, il n'a rien dans les mains, arrivé à une cinquantaine de mètres, il fait demi-tour et part en courant. Il m'avait sans doute pris pour un de ses collègues. J'arrive à la plage, je vais reconnaître une bande d'atterrissage et reviens m'abriter derrière une touffe d'herbes. Le pilote du « M » me fait signe d'attendre sur place. J'en profite pour nettoyer le canon de mon révolver et celui de ma mitraillette.
Une patrouille arrive et fait la relève de la première. Tout va bien, mais le temps commence par me paraître long et la nuit approche. Enfin, le L.5 arrive. Je suis debout, au milieu de la bande utilisable, je me couche pour indiquer la direction du vent. Le pilote a compris, il se présente, mais rate sa piste. Je vois qu'il veut se poser à ma hauteur. Au deuxième essai d'atterrissage, je lui fais signe de remettre les gaz, et je cours me placer en bout de piste. Troisième essai, trop long. Quatrième bien, il est posé. Je cours derrière, je veux le tourner à la queue, car le terrain devant n'est plus bon. Le Capitaine Carpentier me dit de monter tout de suite. J'embarque tout mon attirail. L'avion tourne au frein. Plein gaz, il roule, décolle. Nous sommes en l'air.

 

ANNEXE IV

REVERIE

J'envisage un monde empreint du sceau de la fraternité,
Une allégresse, partout, unanimement partagée.
Je rêve d'humanité, d'amour, de partage, de beauté,
Mon rêve n'est qu'un rêve, tellement loin de la réalité.
Tard dans le noir, à la recherche d'un sommeil qui fuit,
J'entends le vent frémissant geindre au cœur de la nuit,
Comme une plainte, le murmure monotone de la pluie,
Et le lamento obsédant de la gent nocturne qui bruit.
En cette nuit, cette rengaine funèbre et languissante
Intensifie le froid des ténèbres et le profond silence.
Sous un ciel voilé et sombre où pas un astre ne luit,
Elle réveille en moi la mémoire léthargique et l'oubli.
Je revois le malheur submerger les villages calcinés,
Les forêts que la guerre a stérilisées, le peuple martyrisé,
Des gens désorientés errant la faim et la peur au ventre,
Et ceux qui peinent et ont mal dans leur désespérance,
Je vois des hommes hagards dans le désarroi et le doute,
Des enfants affamés abandonnés sur les bords des routes.
Bien que retiré de l'indicible chaos et du fracas,
Mon cœur est resté près de la solitude infinie des parias.
Fermant les yeux, dans la douce quiétude de mon foyer,
En quête de mon vécu, et de mon lointain passé,
Je ressens ce temps révolu rempli d'amertume et de haine,
Et le monde évoluant sur la base de conceptions malsaines.
Au soir de la vie, je veux oublier le fracas, la haine, l'horreur,
Ne garder que la beauté et l'amour au tréfonds de mon cœur,
Tendre la main à l'humanité et exalter la paix, sans trêve,
Afin que prenne corps mon beau, mon merveilleux rêve.

NOSTALGIE

INDOCHINE, je t'ai perdue au cours de mon existence,
Je t'ai perdue à jamais ô ! Beau pays de mon enfance,
En moi vivent tenaces les souvenirs d'autrefois,
Des heures enchanteresses, des heures exécrables parfois.
J'ai en mémoire ton ciel gris, tes pluies torrentielles,
La torpeur des jours torrides, la langueur rebelle,
La splendeur de tes cités sous de flamboyantes corolles,
Les nuits criblées d'étincelles quand dansent les lucioles.
Dans le foisonnement des pagodes et des temples sacrés,
Où se côtoyaient tes dieux et tes génies auréolés,
Je garde en mon cœur l'amour d'un peuple plein de ferveur,
Qui priait pour retrouver la paix, la sérénité, le bonheur.
J'ai fréquenté ta mosaïque d'ethnies riche en couleurs,
Parcouru tes sites pittoresques, sauvages, enchanteurs,
Affronté tes forêts mystérieuses à l'haleine mortelle,
Ta brousse inextricable, peuplée de fantômes cruels.
J'ai partagé ta vie paysanne joyeuse et souriante,
Au milieu des buffles, dans les rizières verdoyantes.
J'ai savouré ta cuisine subtile, aromatisée, succulente.
Au cœur des paillotes fraîches, reposantes, incitatrices,
Entourées de bambous, d'étangs et d'ombres complices,
J'ai connu l'amour, l'extase et la volupté charnelle,
Avec tes filles de rêves, douces, ingénues et sensuelles.
La folie des hommes a mis fin à cette sérénité,
Sur les lèvres les sourires s'étaient depuis figés,
Irrésistiblement chacun a subi son destin obscur,
L'amour, la solitude, la violence, la mort, l'aventure.
Depuis tes fleuves aux courants rapides et impétueux
Ont charrié tant de morts innocents dans leurs flots boueux.
Le soir, quant le vent soupirait sur les berges profondes,
Il me semble entendre geindre et pleurer au fil de l'onde.
Après les affres des violences et d'instincts déchaînés,
VIETNAM, je te garde mon affection désintéressée.
Par mon cœur et par mon sang je te reste attaché,
Malgré l'exil, l'éloignement et les erreurs du passé.
François NECAS,
Ancien combattant d'Indochine (Mars 2011)
François NECAS,
Ancien combattant d'Indochine (Mars 2011)

 

Retour au Sommaire

Vers chapitres I-II-III
Vers chapitres IV-V-VI
Vers Chapitres VII-VIII-IX
Vers Chapitres X-XI

CONCLUSION 

Annexes 5-6-7