Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                       PARU DANS LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE NUMERO 17 - 2012

 

LES CHARBONNIERS DE LA MONTAGNE NOIRE

Par Jean Paul Calvet

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 L’histoire concernant les vestiges de notre région est bien souvent mal connue, et faute d’une abondante documentation écrite on en est réduit à « lire » ce que l’on observe sur le terrain, extrapolant parfois avec des sites similaires plus lointains mais plus documentés.

Lorsqu’on emprunte certains chemins de randonnées de notre belle montagne, on peut rencontrer au détour d’un sentier, des objets énigmatiques en fer (des fours ou « marmites » de charbonniers pour les plus avertis) et de nombreux espaces artificiels horizontaux faisant quelques mètres carrés... Ces éléments trahissent une activité de l’homme au fond des forêts. Ils concernent la fabrication de charbon de bois dans des temps plus ou moins reculés.

 

La connaissance de l’histoire et de l’archéologie locale sont déterminantes pour dresser le contexte économique et social qui existait lors des activités des charbonniers.

Nous allons, par ces quelques pages, essayer de dévoiler une page de cette histoire locale !

 

ARTICLES EN RELATION :

LA FABRICATION DU CHARBON DE BOIS EN MONTAGNE NOIRE par Albin BOUSQUET

LA FABRICATION DU CHARBON DE BOIS EN PHOTOS - Document de Claude Schosseler

 

 

 

Tout d’abord une localisation géographique s’impose et une première approche doit se faire par une analyse du contexte de l’environnement naturel dans lequel nous vivons.

 

L’environnement naturel

 

Nous pouvons différencier trois zones bien distinctes :

- des reliefs de « cuestas » à l’ouest (coteaux de St Félix – Saint-Julia – Montgey, etc.)

- une belle plaine baignée par la rivière du Sor dont les éléments hydrauliques ont été les principaux facteurs de sa genèse

- et une belle montagne, la Montagne Noire.

 

C’est cette montagne qui nous intéresse ici et qui constitue le cadre de l’activité de « nos charbonniers ».

Si cette montagne a un nom qui semble bien triste et peu coloré, elle n’a de « noire » que son nom. Car pour celui qui ose s’y aventurer, voilà un beau relief aux multiples vallées, aux gorges encaissées, aux ruisseaux parfois impétueux, aux roches diverses et variées, aux forêts denses, touffues et colorées. Des couleurs qui changent au gré des saisons.

Cet important « manteau végétal » vu de loin et notamment sur le versant nord de la montagne lui donne une couleur sombre. Voilà certainement l’origine de son nom.

Tous les éléments sont dans cette montagne notamment les matériaux (le bois), l’énergie (l’eau) et les hommes qui vont pendant de nombreux siècles (au moins depuis l’antiquité) animer une activité économique dont une des principales productions sera le charbon de bois.

 

Le contexte historique

 

Nous savons que dans notre proche région, dès l’antiquité, le fer a été exploité(1) , les maîtres verriers ont à partir des roches siliceuses de la montagne (les éléments gréseux), manufacturé de beaux objets, plus récemment le cuivre a été travaillé à Durfort.

Pour faire fonctionner cette « proto-industrie » et/ou artisanat il fallait une importante énergie calorique ... Ici pas de charbon de mine, mais les gens ont très tôt appris à fabriquer du « charbon de bois ».

A Cabaret (châteaux de Lastours) l’étude des charbons de bois, trouvés dans les forges, démontre que dès le XIII° s. , cette activité est florissante (2).

 

Le « charbon de bois »

 

L’histoire du charbon de bois remonte à un très lointain passé et est intimement liée à la métallurgie notamment celle du fer (3).

L’homme a su très tôt (depuis la plus haute antiquité) augmenter par traitement spécial le rapport calorique du bois.

La technique paraît simple : il suffit dans une atmosphère privée d’oxygène de supprimer l’eau et les gaz volatils contenus dans le bois afin de garder uniquement et à pourcentage élevé le carbone, élément essentiel pour augmenter le pouvoir calorique.

 

Les vestiges dans notre région

 

1. Le « ferrier » ou bas fourneau de Malcoustat

Mis à jour en 1991 par la lame d’un bulldozer lors de travaux de création d’une piste forestière (4), un important dépôt de scories(5) a été « éventré » par l’engin, révélant ainsi la structure interne des vestiges archéologiques présents sur une superficie de 100 mètres carrés environ et sur une hauteur conservée de 2 mètres.

 

Lors des fouilles programmées par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (6) du complexe minier et souterrain de la grotte du Calel (commune de Sorèze) et du plateau du Causse, une extension des zones étudiées fut mise en place sur les zones où pouvaient être réalisées les réductions de fer (pente de versants) ainsi qu’une évaluation des zones de transports, en essayant de localiser les anciens chemins.

L’observation et étude du « ferrier » de Malcoustat permettait ainsi de déceler de très nombreux éléments de produits de fonte de minerai de fer (7) mêlés à une quantité importante de cendres de bois brûlé (certainement charbon de bois).

 

Une analyse au C14 (carbone 14) donnait une fourchette de datation entre les années 991 et 1189 (8), prouvant ainsi la contemporanéité de l’activité de réduction du fer à cet endroit et l’exploitation des minerais de fer sur le plateau du Causse de Soréze. N’ayant pas fouillé la structure, nous ne savons pas à ce jour s’il s’agit d’un ferrier ou d’un bas fourneau.

 

2. Les plates formes – « les platounes »

Par contre, la prospection sur le versant autour de ce « ferrier », livrait une série de zones (9) de quelques mètres carrés dont la face supérieure était anthropisée (creusement et mise à l’horizontale). L’observation permettait d’expliquer la présence de ces « platounes » (10) grace à la présence de résidus importants de charbon de bois sur les couches superficielles : il s’agissait de zones de fabrication de charbon de bois.

 

 

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Nous avons effectué sur ces structures des datations au carbone 14 (11), la « fourchette » de datation est assez large, elle se situe entre 1660 et 1955.

 

Il était évident, vu leur état de « fraicheur », qu’il s’agissait de zones de charbonnage récentes. Mais la proximité du ferrier médiéval nous conduit à penser que nous avons en ces endroits, pérennisation des activités de charbonnage, depuis le moyen-âge certainement.

 

Les charbonniers pour éviter le portage du bois, déplaçaient les lieux de charbonnage, à Malcoustat les distances étaient de 50 m environ. Ces espaces devaient être réutilisés plusieurs fois, car après déforestation des alentours ces charbonnières reprenaient du service au bout de quelques années après que le taillis se soit regénéré (on utilisait du petit bois ou du calibre moyen). Les techniques employées étaient celles de la « meule » (voir plus loin), ou la

carbonisation à l’aide de « marmites ».

 

3. Les fours de charbonniers, ou « marmites » ou « cocottes »

Dans notre région on les appelle plus communément des « marmites », on en rencontre encore quelques unes dans nos forêts. Les plus belles et les mieux conservées (12) se situent dans la forêt de l’Aiguille, jadis forêt royale (13) près du « Plo de Nestor » (commune des Cammazes – sur un sentier de randonnée) à une centaine de mètres d’un majestueux hêtre de plusieurs siècles d’âge. Elles sont disposées en batteries (3 exemplaires existent encore à proximité l’une de l’autre). Un élément de « marmite » est aussi valorisé près de l’oppidum de Berniquaut au lieu dit « Peiro Ficado » (sur le sentier de randonnée).

 

 

Description des « marmites »

Ces marmites en fer devaient être légères, transportables et surtout efficaces. Elles sont constituées de 4 éléments :

1/ la base inférieure qui forme une sorte de cylindre (sans fond et sans couvercle), elle mesure 2,20 m de diamètre pour une hauteur de 56 cm)

2/ la partie supérieure en forme de cône (qui se monte donc sur la précédente) est pratiquement identique à la partie inférieure (H : 68 cm Diamètre : 2,20m) . Ces deux premières parties sont dotées de deux paires de poignées latérales.

3/ le couvercle en fer en forme de cône aplati, renforcé par de la cornière soudée, est doté lui aussi de deux paires de poignées. Un trou central est aménagé pour assurer la convection. Il était obturé par un petit couvercle pour assurer dans un deuxième temps la « carbonisation ».

4/ Un tuyau coudé était placé à la base du système. Il permettait le départ du feu et une convection nécessaire.

 

Le transport

Les divers éléments des marmites étaient montés par des chevaux, ânes, mulets ou des bœufs sur les lieux de production (le plus souvent les versants exposés au nord plus luxuriants).

Pour optimiser le temps, plusieurs marmites pouvaient fonctionner simultanément. Lorsque la déforestation était importante ces marmites transportables étaient déplacées vers d’autres zones boisées...

 

Datation des « marmites »

Ces « marmites » doivent dater de la deuxième guerre mondiale et ont du être fabriquées par la firme toulousaine Dewoitine. Nous présentons ci-après, un dossier qui permet de replacer ces « marmites » dans leur contexte socio-économico-politique.

 

Le dossier

Durant la deuxième guerre mondiale, de fortes restrictions sur les matières premières incitaient à la recherche d’alternatives plus ou moins performantes. Ainsi une dynamique se mit en place pour fabriquer en quantité du charbon de bois pour alimenter les moteurs à gazogène dès les années 1941 et 1942.

 

1/ De la firme aéronautique Dewoitine (14) aux marmites de la Montagne Noire

 

Albert Caquot (15) écrit :

" Lorsque l'armistice fut signé, j'obtins des différents ministères des commandes pour les besoins civils, (automobiles à transformer en gazogènes, appareils ménagers, fabrication de péniches, etc.), afin que les ouvriers des Sociétés Nationales puissent continuer à vivre, tout en échappant à des réquisitions de l'occupant. " (l'action qu'a menée en ce sens Albert Caquot est confirmée par le Général Pujo qui fut, entre autres, ministre de l'Air de mars à septembre 1940 (16)) .

 

VEHICULES ET GAZOGENES PENDANT LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE EN FRANCE

Année

1938
1941
1942
1943
Fin 1944

Véhicules utilitaires

470 000
430 000
400 000
350 000
100 000

Dont à gazogène

2 200
73 000
105 000
131 000
89 000

La production de charbon de bois destinée aux véhicules équipés de gazogènes, a permis d’économiser 1 500 000 tonnes de produits pétroliers pendant la guerre 1939-1945.

 

Albert Caquot obtient ainsi une commande de 10.000 fours à charbon de bois (17) .

Mais, on lui demande de livrer aux allemands 24 avions Bloch en cours de fabrication par la société nationale S.N.C.A.S.O.

Il refuse et va en rendre compte au Maréchal Pétain, qui l'adresse au Président Laval. Albert Caquot relate ainsi cet entretien :

" Celui-ci, écrit-il, me reçut longuement, mais me scandalisa. A la sortie de

cet entretien, je me rendis auprès du Général Pujo, alors ministre de l'Air, et lui remis ma démission de toutes les présidences ; il le comprit fort bien étant un grand français. "

 

2/ 1939 – 1945 : la production des « gaz de la forêt »

 

 

 

A cette époque (18) , la Direction générale des Eaux et Forêts, les Conservations et leurs échelons de terrain mettent en place une organisation de Chantiers de Jeunesse, et créent des emplois de jeunes pour échapper au Service du Travail Obligatoire (S.T.O) . Le 31 juillet 1940 paraît le décret instituant les Groupements de Jeunesse.

Le général de la Porte du Theil s'est entouré d'officiers et de sous-officiers de son ancien Etat-major ou de jeunes aspirants repérés précédemment.

Parallèlement, il sollicite l'administration des Eaux et Forêts pour repérer des lieux où installer les premiers campements, loin des villes et proches des endroits où se trouve le travail. Les Chantiers produiront du bois de chauffage, fabriqueront du charbon de bois pour remplacer le carburant et fourniront aux collectivités locales une main d'œuvre pour des travaux d'utilité publique.

La Montagne Noire est retenue comme un lieu possible.

 

3/ Le 35° GMN (Groupement Montagne Noire)

 

Au cours du mois d'août une équipe effectue une reconnaissance. Fin août, l'encadrement est constitué. C'est le colonel Waitzenegger, mutilé de la guerre 14/18 qui est nommé commissaire du « groupement 35 Montagne Noire (19)» . Il installe ses bureaux à Mazamet.

 

C'est cependant à la gare de Labruguière que débarquent les jeunes en quatre vagues, avant de déferler sur la Montagne Noire :

 

- le 10 septembre : huit officiers et 900 jeunes

- le 15 : huit officiers et 800 jeunes

- le 17 : deux officiers et 120 jeunes

- le 18 : cinq officiers et 500 jeunes.

 

 

Chaque convoi est accompagné d'un wagon couvert contenant le matériel minimum. Une note de service prévoit la fourniture de vivres «de chemin de fer ou de route nécessaires et de 2 jours de vivres de débarquement».

 

 

 

 

Le fanion « DES CHANTIERS DE JEUNESSE 35 ème GROUPEMENT MONTAGNE NOIRE »
(flamme de tambour)

 

 

Fin septembre, le commandant du groupement n° 35 télégraphie au Commissariat Général l'inventaire de son groupement après l'arrivée des contingents. Il dénombre 41 cadres, 2 382 jeunes, 38 chevaux, 10 mulets, 10 véhicules hippomobile, 10 voitures à 2 roues, 6 voitures légères d'infanterie, 7 poids lourds, 4 véhicules dits touristes, 4 motos, aucune bicyclette. La première mission confiée à ces jeunes est de s'installer à l'orée d'un hiver qui sera long et froid. (20) »

 

 

 

Dès la fin de la guerre, les produits pétroliers seront à nouveau disponibles (les « gaz de forêt » seront délaissés) démontrant à cette époque leur meilleure compétitivité et leur plus grande facilité d’utilisation.

 

 

 

Un groupe des Chantiers de Jeunesse en 1942 dans la Montagne Noire (groupe n°5). (photo aimablement communiquée par M. Louis Rouly)

 

 

 

Une plateforme (platoune) sur le versant de Malcoustat (commune de Soréze- Tarn). Une borne-limite en pierre est présente sur cet espace horizontal (elle date d’avant la révolution ...)...

 

 

Ferrier ou bas fourneau de Malcoustat (commune de Soréze – Tarn) « Il s’agit de scories coulées, denses, noires à bleuâtres, en fragments souvent plats, à surface finement ridée pouvant atteindre une dizaine de centimètres dans leur plus grande dimension et quelques centimètres d’épaisseur » (Eric Mauduit – 1993)

 

 

 


 

 

Les « marmites » du Plo de Nestor

 

 

 

 

L’ART DE CONSTRUIRE UNE CHARBONNIERE

(voir annexe 5) (21)

 

Choix du lieu de « la carbonisation » Le lieu est souvent choisi à proximité de la matière première pour éviter le portage du bois sur de longues distances. La « meule » (ou marmite) est placée sur une zone horizontale, si tel n’est pas le cas, les charbonniers aménagent une surface horizontale en aplanissant le relief et la pente (les platounes).

 

Pour éviter tout risque d’incendie, le lieu est dégagé sur quelques mètres. La « meule » est ainsi le point central d’une zone qui fera l’office d’une déforestation. (22)

Le bois utilisé est, dans l’idéal, du chêne coupé sur des longueurs de 0,50 m à 1 mètre environ pour un diamètre avoisinant les 10 centimètres. (23)

 

Mise en place de la meule (24)

L’emplacement choisi, on commence à ranger le bois radialement autour d’un pal fixé au centre verticalement (25). Si on se sert de « marmites en fer » le module inférieur est déjà mis en place (26). On préparait au niveau du sol des prises d’air assurées par des tuyaux en fer coudés.

 

Le bois coupé en petites dimensions assurera par empilement la tenue de « l’édifice ». Il sera serré au maximum afin d’éviter la présence d’oxygène, le petit bois en bas, le plus gros en haut.

La partie haute sera aussi constituée (mise en place du deuxième module pour les « marmites en fer »).

Souvent, les bois étaient inclinés vers le haut pour assurer une meilleure convection.

La confection de la partie haute et de la cime demande l’utilisation d’une échelle parfois fabriquée artisanalement avec les troncs présents sur le site. Une fois la meule construite, on veille à boucher tous les trous avec des éléments végétaux (buis- herbe – fougères, etc...). Une couche de terre (ou de glaise c’est mieux) d’au moins 5 cm d’épaisseur assure l’étanchéité de l’ensemble (27).

 

Avec l’invention des « marmites en fer » le charbonnier s’épargnait cette longue et fastidieuse préparation, les « appareils Dromart et Moreau » (voir annexe 1 en fin de publication), ont été une nette évolution technique à la fin du XIXème siècle...

 

La carbonisation

Après la construction de la meule, un feu à « flammes vives » était allumé à proximité de la meule. Les braises étaient récupérées et jetées dans la cheminée centrale (créée par le pal d’origine).

Il fallait beaucoup de compétence et d’expérience (28) aux charbonniers pour éviter que le bois se réduise en cendre. Le but final étant bien entendu de produire le maximum de charbon de bois.

 

Au bout de quelques heures (4 à 5 heures), le feu s’était propagé dans la meule.

La finesse de l’opération consistait à bien apprécier la combustion par une bonne maîtrise du tirage. La dernière phase de l’opération consistait à placer le petit couvercle (dans le cas d’utilisation de « marmite en fer ») pour couper complètement le tirage que l’on pouvait aussi réguler en colmatant les ouvertures au sol (pour les meules traditionnelles il suffisait d’obturer les ouvertures avec de la terre et des végétaux).

 

A partir de ce moment et pour une durée de temps assez longue, le charbonnier devait assurer avec une constante attention la surveillance de la meule :

- éviter les prises d’air et donc l’oxygénation de la meule (la carbonisation devait se faire lentement (29) )

- éviter un possible incendie de la forêt

- la finesse de l’opération consistait à bien apprécier la combustion par une bonne maîtrise du tirage (30).

Par fort vent d’autan, on évitait de mettre en activité les meules ou au moins on les protégeait par une petite paroi « anti-vent ».

 

La carbonisation de la meule provoquait une diminution de volume de l’ensemble, il fallait « donner à manger » à la meule en rajoutant du bois tout en obturant les prises à air.

 

Le défournement

Après consumation lente et sans oxygène du bois, le charbon de bois était prêt. Il fallait « casser » la meule (ou démonter la « marmite en fer »(31) ). Le charbon de bois était extrait avec un râteau ou une pelle. Dans le cas de meule typique, il fallait trier ou nettoyer le charbon de bois et enlever les cailloux ou fragments de terre.

Le charbon devait être refroidi, deux méthodes étaient préconisées : soit l’étalage et le refroidissement naturel à l’air (encore fallait-il veiller à ce que le charbon soit bien éteint) , ou l’aspersion d’eau (dans la mesure où il y avait de l’eau à proximité – ce travail était souvent fait par les femmes et enfants lorsqu’ils vivaient dans les cabanes avec leur père ou mari...).

 

La récupération du charbon.

Une fois refroidi, on « ensachait » le charbon dans de gros sacs en toile de jute (appelés dans certaines régions: couffe)

Les sacs étaient ensuite portés à dos de mulets vers les charrettes ou plus tard avec des camions appartenant à des patrons...

 

LES RENDEMENTS – LA PRODUCTION

 

Rendement par essence de bois (par le procédé des meules et par stère régulièrement empilé) (32).

En prenant comme base 425 kilogrammes pour un stère de bois durs et 325 kilogrammes pour un stère de bois blancs ou de résineux, cette production donne un rendement moyen de 17 à 18 % soit :

- bois de chêne : 82 kg de charbon

- bois de hêtre : 76 kg de charbon

- essences mélangées de bois durs : 73 kg de charbon

- bois blancs : 55 kg de charbon - pin ou mélèze : 58 kg de charbon

- sapin ou épicéa : 53 kg de charbon

 

La production peut aussi varier selon l’importance des meules de fabrication. Ainsi pour de grandes meules, le rendement sera supérieur aux petites.

Mais la qualité sera aussi différente. Le charbon de bois est de bien meilleure qualité lorsqu’il est fabriqué dans de petites meules (33).

 

Lorsque la carbonisation est faite par des hommes de l'art, et surtout avec des techniques plus modernes, le rendement est bien supérieur (34).

Riche en carbone (92 %), le charbon de bois, plus léger que le bois, s'enflamme plus facilement. Son pouvoir calorifique est supérieur (5 500 kilocalories par kg contre 4 000 pour le bois).

 

ESPACE SOCIAL...

(35)

Les conditions de travail des charbonniers.

Les équipes étaient souvent constituées par des jeunes du pays.

Au début du XX° siècle ce sont essentiellement les émigrés italiens et plus tard des réfugiés républicains espagnols qui fourniront la principale main-d’œuvre (voir annexe 3).

 

Une dure vie

Les conditions de vie étaient très difficiles. Conditions de confort matériel limitées au minimum dans des cabanes de « fortune » (problème du froid, du vent, de la pluie, de la chaleur). Eloignement de la famille (bien que parfois la famille suive le charbonnier et vive dans la forêt). Une hygiène déplorable (pas ou peu d’eau pour se laver). Des conditions de travail nécessitant des prouesses physiques (avec de grandes fatigues). Les charbonniers pour optimiser le temps, construisait plusieurs charbonnières en même temps, et les mettaient en activité. Après il fallait « défourner » et recommencer.

Certains dossiers concernant le travail des charbonniers signalent que les défournements avaient lieu la nuit, on observait ainsi beaucoup mieux si des charbons étaient encore incandescents... Il fallait rapidement arrêter leur combustion.

Dans certaines régions, les enfants aidaient à transporter le bois dans le four à charbon, parfois un simple trou creusé dans la terre (36). Il fallait une autorisation, un permis délivré par la mairie pour avoir le droit de faire un four à charbon.

Le charbonnier surveillait bien son four pour réussir le charbon. Il fallait absolument éviter que la meule ne s'ouvre accidentellement ou prématurément sinon tout le bois risquait de se consumer entièrement, par alimentation en oxygène.

Deux jours après avoir allumé le four (tout dépendait de la capacité du four), le dôme s'affaissait et on pouvait déjà commencer à retirer le charbon qui était déjà prêt.

Lorsque le charbon était fait, il fallait que les enfants aillent chercher de l'eau pour humecter les morceaux de charbon encore incandescents.

Après complet refroidissement du charbon, les enfants devaient le mettre dans des sacs pour l'entreposer.

La charbonnière exigeait des qualités où tous les sens sont en éveil :

- le toucher : la combustion est lente et la combustion doit s’opérer partout. Le charbonnier touche la surface de la meule pour évaluer si la chaleur est homogène partout.

- la vue : il faut être très attentif à la fumée (sa couleur, sa densité) ; elle passe par plusieurs couleurs et à chaque couleur correspond une étape différente dans la carbonisation.

- l’ouïe : le bois se libère de toutes les matières impropres, de son humidité et la diminution de son volume entraîne des « craquellements » qui génèrent des bruits caractéristiques. Le charbonnier sait à ces différents bruits à quel niveau de carbonisation on se trouve.

- l’odorat : l’odeur des gaz brulés permettait aussi d’avoir des informations sur le « phénomène de carbonisation »

 

La charbonnière exigeait donc une attention totale, une présence de tous les instants. C’est pourquoi la cabane était très proche, pour que le charbonnier, à tout instant, y compris la nuit, se lève pour surveiller le feu.

 

Un rapport fusionnel existait toutefois entre les charbonniers et l’espace forestier... Ils appelaient les charbonnières... « leurs créatures » (lire un témoignage en annexe 2) ...

 

 

Quelque part dans la Montagne Noire ... Photo sur plaque de verre – fin XIX° siècle. Une cabane de charbonniers dans la Montagne Noire. Celle ci avec ses « locataires » font l’office d’un tourisme de proximité. « Les dames aux beaux chapeaux vont visiter les pauvres charbonniers ». Collection Michel Gô

 

 

La gestion des forêts

La gestion des forêts était la plupart du temps prise en main par des capitaux privés. Certains vendeurs de charbon de bois pouvaient aussi acheter des concessions à l’état, parfois sur plusieurs dizaines d’hectares de bois (37).

Des « chefs de chantier » étaient choisis qui recrutaient les hommes, évidemment on recherchait les meilleurs et les plus compétents...

 

Les équipes comprenaient entre 3 et 5 hommes. Chaque équipe avait son lot d’attribué pour la saison.

Il est à noter que le plus souvent, les émigrés n’avaient pas de contrats de travail et étaient surexploités et mal payés.

 

Avec le temps, il y a eu une avancée sociale formidable pour les charbonniers : au lieu de travailler en groupes pour un patron, ils avaient la possibilité d’acheter un lot de taillis et de l’exploiter à leur compte.

Ils devenaient ainsi de petits artisans qui revendaient le charbon ou le bois de chauffage à des revendeurs locaux. Les conditions s’amélioraient donc un peu.

 

Pendant la deuxième guerre mondiale, en échange du charbon de bois (38), les charbonniers parvenaient à avoir des produits alimentaires. Malgré quelques rebuffades, les charbonniers émigrés ont subi moins d’injustice que les autres émigrés dans les campagnes françaises.

Le charbon de bois et le charbonnage ont longtemps constitué une ressource importante pour les populations voisines des forêts et des établissements métallurgiques. Il en était même pour les muletiers chargés du transport du minerai et du charbon de bois.

 

Transport du charbon de bois à dos d’âne... Plaque de verre fin XIXème siècle. Collection particulière.

 

 

Photo sur plaque de verre – fin XIX° siècle. Une autre cabane de charbonniers dans la Montagne Noire. Une jeune fillette pose devant l’objectif du photographe. On devine, sur la gauche de la photo, un homme bien habillé qui « visite » les lieux ... Collection Michel Gô

 

 

 

L’ UTILISATION DU CHARBON DE BOIS

 

En général

Durant les derniers siècles et certainement depuis la plus haute antiquité, le charbon de bois était une matière première très importante. Sans le charbon, rien ne fonctionnait. Sans charbon, pas de réduction des métaux (39), pas de verrerie (40), et plus tard pas d’industrie, pas de sidérurgie.

 

Le charbon était également nécessaire pour les besoins domestiques. En effet, jusqu’au début de la première moitié du XX° siècle, il n'y avait ni gaz, ni électricité dans les campagnes et dans la plupart des maisons. La cuisson des aliments se faisait « au feu » à l'aide de bois ou mieux de charbon de bois. Ce charbon de bois était parfois fabriqué familialement.

 

Dans la région

En 1283 à Escoussens, des moulines sont en activité démontrant ainsi que l’énergie hydraulique est captée pour le traitement de métaux (donc utilisation importante de charbon de bois) (41).

 

Sur le versant sud de la Montagne Noire... des éléments de recherche intéressants !

Dans la publication « La pierre, le métal l’eau et le bois : économie castrale en territoire audois (XIe – XIV e siècles) » (voir bibliographie), un important chapitre développe le sujet sur les charbonnières et le charbon de bois (pages 106 – 114).


Tout d’abord l’existence de micro-toponymes (dans la région et dans les textes anciens) comme « las carbonnièras » - « rocum carbonayrials » - la « Font dels carbonals » - le rec de las Carbonières – le soula de la Carbonnière démontre l’importance de cette activité dans l’espace économique local, et son marquage dans les lieux et la toponymie.


L’étude de Jean Guiraud en 1907 concernant le Cartulaire de Notre Dame de Prouille (voir biblio), permet d’avoir des informations exceptionnelles sur l’histoire des forêts : restitution possible des essences, répartition entre taille et futaie, politique de conservation, approche des activités que le bois, matières premières et combustible a généré.


Dès le XIVe siècle, des tensions autour du charbon de bois apparaissent (vols, rixes, etc...).

Problématique du coût du bois au XIV° siècle...

Dès la première moitié du XIVe siècle dans certains endroits de France, les approvisionnements en bois et en charbon étaient devenus très difficiles: la multiplication des martinets entrainait une forte demande de bois et charbon de bois qui se vendaient deux fois plus cher que par le passé. C'est alors que le Dauphin Humbert II, le 25 juillet 1339, ordonna de détruire tous les martinets dans un rayon de trois lieues autour de Grenoble et dans le délai de trois mois.

 

 

 

En 1790, le village d’Escoussens compte un millier d’habitants, presque tous occupés au travail du bois: bûcherons ou charbonniers, charpentiers.

La grande affaire de la Révolution, dans cette commune, c’est l’éviction des Chartreux, seigneurs autoritaires depuis 300 ans. On a affaire à des moines procéduriers peu décidés à lâcher les énormes passe-droits accumulés depuis des siècles: ainsi ce sont eux qui jouissent de la forêt de Cayroulet, au-dessus d’Escoussens, en vendant le bois de charpente, le charbon, et c’est la commune, déjà très pauvre, qui en paie les impôts!

 

On assiste, dans la ravissante église, qui a peu changé depuis, à l’élection du premier maire d’Escoussens, Charles de Fornier, dont le frère, devenu général de dragons, est tué en Pologne.

La misère des habitants les pousse à une révolte légitime, et c’est une guerre sans merci qui se joue dans la forêt, entre « coupeurs de bois » et « charbonniers » au profit des moines, et habitants du village. »(42)

 

L’artisanat du cuivre à Durfort, a été consommateur de charbon de bois. Faute de filon important de cuivre dans la région, les « durfortois » récupéraient le « vieux cuivre » et le fondaient localement.

Ils utilisaient surtout à la fin du XX° siècle le charbon de bois en provenance des Landes (Soustons essentiellement) ou de la Grésigne (Tarn). Ce sont des tonnes de charbon de bois qui étaient commandées pour Durfort.

 

Vers 1970, un charbonnier fabriquait encore du charbon de bois à Saissac (selon la méthode traditionnelle (43)). A Durfort on utilisait de temps en temps son charbon de bois et on allait le chercher directement.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

1. Concernant le site minier médiéval de la grotte du Calel et du plateau du Causse

 

BAKALOWICZ M. - 1990- Etude hydrogéologique de l’environnement de la grotte du Calel (Sorèze – Tarn). Rapport inédit, CNRS Laboratoire souterrain de Moulis (Ariège), 22 pp., 5 fig.

BARBASTE M. -1991- Lac du Calel (plongée du 10 juillet 1991). SPELEOC n° 56, p.7

BLAQUIERES C. 1974 Le Calel au moyen âge. Travaux et recherches bull ; de la Féd. Tarn. de Spéléo Archéologie, n° 11, p. 103 – 142

CALVET J.P. - Voir ROUZAUD F. – LIGNEREUX Y.

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GRATTE L. -1994- Trou du Calel : la consécration. SPELEOC n° 67 p.17

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ROUZAUD F. CALVET J.P. -1989- Le trou du Calel. Rapport de fouilles et relevés de l’année 1989,, SRA DRAC Midi Pyrénées, 42 p.

ROUZAUD F. WAHL L. -1989- La topographie archéologique souterraine ; in Art Pariétal paléolithique : étude et conservation. Colloque international Périgueux – Le Thot, 19-22 novembre 1984. Paris Ministère de la culture, p. 121-130, 12 fig. (actes des colloques de la Direction du Patrimoine , n°6) ROUZAUD F. CALVET J.P. -1992- Site métallurgique médiéval du Calel. Rapport 1989-1992, SRA DRAC Midi Pyrénées, 56 p.

ROUZAUD F., MAUDUIT E., CALVET J.P. – 1997 – La grotte mine médiévale du Calel à Sorèze. Procceding of the 12th International Congress of Speleology. Switzerland. International Union of Speleology. 2. Concernant le charbon de bois en général

CABIE E. – Forges ou moulins à fer dans la Montagne Noire du XIIIe au XVIIIe siècles. Revue historique, scientifique et littéraire du département du Tarn, t. XX, 1903, p.240.

DURAND Edmond – Voyage à travers la Montagne Noir. Albi, Imprimerie coopérative du Sud-ouest, 96 pages, 1946.

PÉTAIN, maréchal. — Carburant national et véhicules à gazogène. — La Revue hebdomadaire, 45e année, n° 7, 25 avril 1935, pp. 391-402.

JACAMON (M.). — Il y a cinquante ans : les diplômés de “l’École des gazogènes” (juillet 1943). — Revue forestière française, vol. XLV, n° 5, 1993, pp. 591-594.

GUIRAUD J. – Cartulaire de Notre Dame de Prouille, précédé d’une étude sur l’albigéisme languedocien au XIIe et XIIIe siècles. Paris, Picard, 1907. MAZODIER (R.). — Le Carburant forestier. Étude économique et générale en France et dans le monde. — Paris : Dunod, 1939. , XXI-265 p. -

M. LARZILLIERE, (Sous-inspecteur des Forêts). Notice sur le débit des bois de feu, leur mode de vente et les procédés de carbonisation usités en France. Exposition Universelle de 1878 - Ministère de l'Agriculture et du Commerce - Administration des Forêts. Paris, Imprimerie Nationale, 1878. -

LEPOIVRE, (A) & SEPTEMBRE, (G). Le charbon de bois. Editions Chiron, Paris, 1941, 239 p.. -

MUSSET, (D.). Charbonniers, le métier du diable ? In : Migrance, marge et métiers, Le Monde Alpin et Rhodanien, N° 1-3-2000, pp. 133-150 -

De mémoire de charbonniers, Alpes de lumière, N° 119, Mane, 1996 -

MUCCI Aimé : « Les forçats de la forêt » Editions Universitaires du Sud (BP 4011 – 31028 Toulouse Cedex 4) -

LODDO Daniel et MUCCI Aimé. Il canto della carbonara : Charbonniers italiens du département du Tarn, Cordes,

C.O.R.D.A.E./La Talvera, 1999. MUCCI Aimé – Les charbonniers toscans. In Italiens – 150 ans d’émigration en France et ailleurs, sous la direction de Laure Teulières, Editalie éditions, 2011, pp.58-65 -

Collectif - « La pierre, le métal, l’eau et le bois : économie castrale en territoire audois (XIe – XIVe siècles) », Société d’Etudes Scientifiques de l’Aude, 2007, p.81 – 82 et 106 – 114 et suivantes ....

 

Pour en savoir plus sur le web : http://moulinafer.free.fr/charbon-de-bois.html

 

REMERCIEMENTS

 

Je remercie pour leur aide, conseil et collaboration Mesdames et Messieurs Christian Bourdel, Albin Bousquet, Michel Gô, Claire Simon, Denis Chaudat, l’équipe de l’Office de Tourisme des Cammazes, Louis Rouly, Claude Schosseler.

 

ANNEXE 1

 

APPAREILS DROMART ET MOREAU

(44)

Date d’invention vers 1874

« L’appareil Moreau se compose d’un vase en tôle ayant la forme d’un prisme droit octogonal ; …. Des cheminées et des buses disposées sur le pourtour et au sommet de ce récipient servent au dégagement des gaz et des liquides produits par la carbonisation. Des prises d’air, ouvertes dans le bas, permettent d’allumer facilement le bois qu’on dispose dans l’intérieur. Au moyen d’une disposition fort ingénieuse, toutes ces ouvertures se ferment d’elles-mêmes, automatiquement, quand la combustion devient trop active. … il permet de carboniser, en trente heures, environ 10 stères de bois.

 

L’appareil Dromart se compose d’une cage en forme de dôme, composé de plaques de forte tôle montées sur un bâti en fonte. La partie supérieure se termine par une cheminée munie d’un couvercle mobile ; la partie inférieure est ouverte et la cage se pose simplement sur une aire préparée. Dans cette aire, on établit d’ailleurs préalablement, en maçonnerie de brique et d’argile, un foyer qui, sans communiquer avec l’intérieur de la cage, y fait pénétrer la chaleur par une série de conduits convenablement disposés à la surface du sol et dont quelques uns sont recouverts de plaques de fonte. La cage s’emplit de bois au moyen d’une porte ménagée sur le côté ; on allume le foyer et la carbonisation ne tarde pas à se produire ».

 

ANNEXE 2

 

Peu de témoignages directs de charbonniers de notre région ... Nous avons donc mis dans cette publication un témoignage paru dans le journal « VA PLAN ? »(45) paru en 2003 , qui sont des propos recueillis par CLAIRE SIMON (46).

 

Le témoignage

J’ai eu envie d’interroger Antoinette sur ce qu’elle a vécu dans sa jeunesse à Penne, sans lui poser les questions habituelles. Antoinette, on ne la présente pas, elle habite le village « depuis toujours ».

« Mes parents se sont mariés en Italie, mon père est espagnol, et ma mère italienne. Je suis née à St Paul de Mamiac. J’allais à l’école de St Paul à pied. On a tous travaillé dans la forêt, un travail dur, mais on était habitué. Au début, mon père a été embauché par Monsieur Pautal de St Paul de Mamiac ».

Elle raconte avec passion le travail qu'elle faisait quand elle était jeune avec son père, son frère et ses sœurs.

 

25 km à pied pour aller travailler !

« Nous partions le lundi vers 5H du matin de Gayrard avec mon père et toute la famille en file indienne, les vaches en avant, pour arriver sur le lieu du travail. Il y avait bien 25 km.

Nous commencions le travail à 14H. Nous étions 6 filles et un garçon dans la famille. Nous avons tous travaillé dans la forêt.

On coupait les arbres avec une mascotte, un passe partout. On débardait le bois à la hache et au croissant et les coupes se faisaient dans toute l'étendue de la forêt, nous étions payés à la tâche. Nous avions deux paires de vaches qui tiraient le bois. Le travail était dur mais nous étions heureux, tous !

Avec mon frère Gino, nous travaillions du matin au soir sur des routes perdues, au cœur de la forêt, on entendait des craquements de branches, les bruits des bêtes qui rôdaient.

Partout il y avait les baraquements des Italiens.

Le samedi soir, on rentrait de nouveau en file indienne à Gayrard, nous faisions les 25 km de retour et nous étions contents quand, le soir, on reconnaissait dans la brume le château de Penne.

Puis, pendant que je faisais la cuisine, mon père dételait les bœufs, nous avions deux gros cochons qu'il fallait nourrir, on allait aussi traire les vaches. Il y avait tout le travail de la ferme à faire, on aidait notre mère. J’ai travaillé de 16 à 28 ans dans la forêt, on était heureux avec notre père. »

 

Pas d'eau, pas d'électricité ...

« Après le travail dans la forêt, le soir, je faisais la cuisine, le raccommodage, la vaisselle tandis que mon père faisait boire les vaches. Je faisais les pâtes (italiennes) à la main. L’eau était loin, il fallait aller la chercher aux sources, il y avait des sources partout. On s’éclairait à la lampe à acétylène, à carbure. Nous n’avions pas de radio. On ne voyait personne de la semaine.

Quelquefois, mon père partait à moto pour aller chercher du tabac à Penne. Nous attendions son retour, et n’étions pas très rassurés, on entendait les bruits de la forêt, parfois on voyait des sangliers approcher, qui venaient manger des os de lapin... »

 

La fabrication du charbon de bois

« En 1952 - 53, Monsieur Pautal est parti. Nous avons commencé le travail du charbon à Castelnau de Montmiral chez Monsieur Venturi et logions dans une roulotte. Elle est toujours là.

Pour bâtir les charbonnières, on dressait une plateforme. Puis, on montait la cheminée de la charbonnière avec des morceaux de bois disposés en quadrillage les uns sur les autres.

Puis, on plaquait dessus à mains nues, de la terre glaise mélangée avec de la mousse et des feuilles, plusieurs couches. On faisait des trous à la base avec un grand bâton pour qu’elle puisse respirer. On faisait prendre le feu en dessous, tout doucement.

Elle pouvait brûler pendant une semaine entière. Celà demandait 13 à 14 stères de bois ».

 

Au milieu de la nuit, la charbonnière a faim !

« En pleine nuit, vers 3 ou 4 heures du matin la charbonnière avait faim : un trou se formait, il y avait

des fumerons et même des flammes pouvaient sortir ! Il fallait la nourrir, mon père nous réveillait, et vite, on y mettait trois ou quatre sacs de bois et on rebouchait bien le trou pour que le feu couve, tout doucement. Nous étions payés au sac de charbon. Le charbon de mon père était un des meilleurs, avec de gros morceaux, pas des miettes qui s’effritent, des morceaux entiers qui faisaient toute la qualité du bon charbon de bois qui tient bien le feu. De nos jours, il n'y a plus de ce charbon de cette qualité. Même si le travail était dur, tous nous étions heureux ». Nous pouvons remercier Antoinette pour ce témoignage vécu.

 

 

« l’Echo des Hameaux » le bourg,
81140 PENNE VA PLAN ?
JOURNAL Automne-hiver 2003 Numéro 4
Journal local gratuit d’information et de débat publié par l’association « l’Echo des Hameaux » Imprimé par nos soins. 350 ex.

Chaudat Denis
LE BOURG 81140 PENNE
va-plan@quartier-rural.org
http://edh.quartier-rural.org/chargement.htm

 

Symbolique des « carbonari »

L’immigration italienne ...

Les chiffres ...

Les problèmes économiques et politiques de l’Italie ont à une certaine époque entraîné une forte immigration. S’il y a 56 millions d’italiens dans la péninsule, on en compte plus de 130 à 140 millions dans le monde.

A Marseille, en 1860, sur 300 000 habitants il y avait déjà 60 000 italiens. Ils étaient donc déjà les étrangers les plus nombreux.

De 1876 à 1900, 5 225 850 italiens sont partis, et dans la seule année 1913 plus 900 000. Par la suite, le nombre d’italiens qui quittent leur pays s’élève à plus de 8 760 000.

 

Les causes de l’immigration

 

Avec l’Unité Italienne en 1870, le jeune Etat italien va se retrouver face à d’énormes difficultés pour la raison bien simple que n’ayant pas de matières premières, l’Italie ne peut pas à cette époque s’industrialiser. La population étant très abondante, il ne reste plus que la solution de partir. Les années 1870-1880 marquent donc le début de l’immigration, surtout vers les Amériques et en particulier vers les Etats-Unis.

 

 

 

ANNEXE 3

 

Les charbonniers italiens (47)

Les charbonniers italiens étaient très présents dans toutes les régions d’Italie, surtout dans l’Italie du Nord, la Lombardie, le Frioul, la Toscane, le Piémont. Ils étaient moins présents dans l’Italie du Sud car il n’y avait pas beaucoup de forêts.

En Toscane, les charbonniers étaient particulièrement nombreux et alimentaient en charbon de bois « les ferrière », sortes de petites unités sidérurgiques qui traitaient le minerai de fer provenant de l’Ile d’Elbe ou de la région de Piombino. Face à la grande industrie, « les ferrière » ont du arrêter leur activité et de nombreux charbonniers ont du partir pour exercer leur travail ailleurs.(48)

Après la 1ère guerre mondiale, nombreux seront ceux qui viendront en France (le Tarn et ... la Montagne Noire recevront beaucoup d’émigrés qui iront « charbonner » dans les forêts).

 

En 1942-43, les Préfectures demanderont aux Italiens s’ils acceptaient de soutenir la France, le résultat sera unanime : ils voteront pour la France (de nombreux jeunes se retrouveront également dans la résistance). En 1945, le métier de charbonnier disparaît. Ils sont donc obligés de se reconvertir. Par contre, celui de bûcheron existe encore.

 

Des « Charbonniers» à la politique

 

Le « Carbonarisme »

En Italie, au milieu du XIX° siècle, un mouvement à forte connotation politique, le carbonarisme (49)(en français la « charbonnerie ») , contribuera à l'unification de l'Italie.

 

 

Histoire : en savoir plus sur le « carbonarisme »

Les sociétés secrètes sont à l'origine de la première grande vague d'agitation contre le Congrès de Vienne en Europe au début des années 1820. En raison de la répression, ces sociétés, comme les Carbonari ou la Charbonnerie, constituaient alors le seul moyen d'expression politique.
Le phénomène politique et insurrectionnel de la Charbonnerie fut d'abord italien, avant de connaître par la suite des ramifications en France.

Le révolutionnaire français Pierre-Joseph Briot * participa sans doute à l'unification secrète des divers groupes italiens sous l'égide de la Carbonaria.
A la revendication d'une monarchie constitutionnelle libérale venait s'ajouter la volonté d'unité et d'indépendance nationale.
Après 1817, le carbonarisme entretint une agitation endémique dans la péninsule italienne. Elle débuta par le soulèvement de Macerata, dans les Marches pontificales (1817), et elle culmina dans la vague révolutionnaire de 1820-1821, à Naples et en Piémont où Charles-Albert de Savoie-Carignan, héritier du trône, avait encouragé les conspirateurs.

En juillet 1820, une insurrection dirigée par le général Gabriel Pepe fut organisée à Naples par la Carbonaria pour obtenir de Ferdinand IV une constitution. En mars 1821, les Carbonari dirigés par l'officier Santorre di Santarosa orchestrèrent un nouveau soulèvement au Piémont qui mena à l'abdication du souverain et à l'accession au trône du roi libéral Charles-Albert. Dans les deux cas, le souverain accorda une constitution avant que les troupes autrichiennes n'interviennent pour rétablir l'absolutisme dans le cadre de la politique des Congrès : congrès de Troppau en octobre 1820 et de Laybach en janvier 1821. Les constitutions furent ensuite abrogées et la répression féroce.

L’échec de ces mouvements déclencha une réaction des autorités dans les États pontificaux et dans le royaume lombard-vénitien. Les condamnations, puis les souffrances, dans les cachots du Spielberg, de Silvio Pellico et Piero Maroncelli (1820), de Federico Confalonieri et Pallavicino (1823-1824) sensibilisèrent l’opinion européenne à la cause italienne. C'est du Carbonarisme que sortit le mouvement Giovine Italia (« Jeune Italie »), créé à Marseille en 1831 par des Carbonari en exil, et dirigé par Giuseppe Mazzini.

* (Il sera franc-maçon du rite de Misraïm et « Bon cousin charbonnier » du rite du Grand Alexandre de la confiance, il importa ce rite à Naples, fin 1809 ).

 

 

La Franc-maçonnerie du bois se fonde sur un symbolisme très ancien dont la dualité est remarquable:
bois-matière, arbre, forêt, bâton, hache, charbon, etc.

 

 

Idéal et activisme d’une société secrète à l’origine du Risorgimento : la Carboneria (50)

 

« La Carboneria est un sujet « brûlant », car son histoire s’entoure d’ombre et de mystère. Les dissiper, c’est entrer dans un maquis, remonter à des origines lointaines, pour suivre, en dernier lieu, un va-et-vient entre la France et l’ Italie au 19ème siècle.

 

La Charbonnerie française tire son nom d’ancestraux rites d’initiation pratiqués par les forestiers fabriquant le charbon de bois. Sous la dénomination de Carboneria, elle s’est adaptée sur mesure à l’ Italie méridionale où elle s’est implantée comme phénomène politique. La Carboneria, société secrète, a fini par s’étendre à toute la péninsule. Elle s’est manifestée avec vigueur dans les premiers combats qui ont conduit l’Italie à la souveraineté nationale. En effet, la Carboneria, qui complote à tout-va, fomente la première grande vague d’insurrections contre les décisions du Congrès de Vienne (1815).

 

Au nom de leur idéal : liberté, égalité, amour de la patrie, les carbonari se sont battus violemment sur tous les fronts. Leur conviction et leur ardeur, mais aussi leurs défaillances tactiques, n’ont pas résisté aux coups de l’adversité. L’armée autrichienne est encore trop puissante, la répression sans merci.

A partir de 1830-31, la Carboneria s’efface, mais non le souvenir de ses coups d’éclats, de son idéal et de son rôle incontestable pour l’ émancipation de l’Italie, à l’aube du Risorgimento. »

 

ANNEXE 4 –

Communiqué par l’Office de Tourisme des Cammazes

 

Dans la forêt de l’aiguille

Nos marmites - Notre hêtre tricentenaire

 

Commune de Les Cammazes - Tarn

Chemin de randonnée pédestre : 5 km

Balisage : bleu - Réf IGN : 2344 OT

 

La forêt de l’Aiguille, jadis forêt royale s’étendait jusqu’aux portes de Revel et était traversée par le chemin de Sayssaguès.

La forêt de l’Aiguille dans la Montagne Noire a été exploitée en taillis depuis la Révolution. Les charbonniers transformaient ce bois en charbon. Ils empilaient les bûches en meule pyramidale qu’ils enflammaient sous une couche de terre et d’herbe en réglant l’arrivée d’air de façon à rendre la combustion incomplète.

Au XXe siècle, apparaissent des Marmites ou Charbonnières, gros chaudrons en acier, pour la fabrication du charbon de bois. Les charbonniers les remplissaient de bois et les enflammaient avec un savoir-faire particulier. De tout temps, les charbonniers étaient installés au cœur de la forêt et dormaient dans des cabanes à proximité de leur chantier. Trois de ces marmites subsistent dans la forêt, dont 1 au bord du sentier et les 2 autres au-dessus. Elles ne sont plus utilisées depuis 1958.

 

Préservation et mises en valeur des marmites

 

1° étape :

- mise en sécurité par l’abattage d’arbres et d’arbustes menaçant de tomber sur les marmites.

- débroussaillage autour des marmites pour les voir en totalité et pouvoir en faire l’état des lieux avant d’envisager leur restauration.

- choix de mise en valeur et de protection de la marmite la plus proche du sentier dans l’attente d’obtention d’aides pour les 2 autres.

 

 

Le « hêtre » multi-centenaire du Plo de Nestor dans la forêt de l’Aiguille ...

 

 

2° étape: juin 2010

- déplacement des différents corps de la marmite pour un nettoyage (brossage,…) puis application d’une couche d’un produit bi-composant transparent de marque « jotun », utilisé dans la protection des structures métalliques des plates-formes pétrolières en mer. Par sa transparence, le produit ne dénaturera

pas l’aspect initial de la marmite. -mise en place d’une structure en bois (comme un plancher) en bois traité autoclave (de section adaptée selon leur fonction dans la structure), le tout assemblé par vis.

- mise en place d’une ossature intérieure (comme un squelette) en bois traité autoclave, afin de maintenir la marmite droite, la sécuriser vis-à-vis des randonneurs et porter le couvercle.

- ces opérations sont réalisées avec précaution et dans un premier temps sans restauration reconstructive.

 

3° étape : 24 septembre 2010

- travail sur la 2° marmite

Ce travail a été réalisé par des bénévoles de la commission « restauration du petit patrimoine local » de l’office de tourisme des Cammazes, (une douzaine de personnes à vouloir les préserver, et qui ont mis en place un balisage en bleu afin de permettre aux visiteurs d’y accéder).

Tout l’achat du matériel a été pris entièrement en charge par l’Office de Tourisme des Cammazes.

 

 

Les trois éléments d’une marmite de charbonniers ...
A gauche l’élément supérieur (inversé sur la photo), à droite l’élément de base, au fond le couvercle

 

Notes

- (1) Dans la zone axiale de la Montagne Noire près des Martys, une intense exploitation de fer aux premiers siècles de notre ère a eu lieu. Plus proche de nous dans le temps (XI° - XII° siècles) le site minier et métallurgique du plateau du Causse de Soréze a fait l’objet d’études approfondies (voir bibliographie en fin d’article - Calvet - Mauduit - Rouzaud). Les archéologues et historiens B. et N. Pousthomis pensent que dès le XI° siècle, les martinets de la vallée du Sor à Durfort ont pu traiter le fer extrait de la montagne...

- (2) « La pierre, le métal, l’eau et le bois : économie castrale en territoire audois (XIe – XIVe siècles) », 2007, p.81 – 82 et 106 – 114 et suivantes ....

- (3) Celle ci n’a été possible que grâce à la fabrication du charbon de bois qui permettait d’atteindre par soufflerie de hautes températures: le « point de fusion » (1538° c).

- (4) Il s’agissait de tracer une piste appelée la « périmétrale » qui rejoint la route départementale 45 aux zones du Castelet et de Trinque Bize dans la commune de Soréze.

- ( 5) Le site a été repéré par Hervé Poudevigne de la Société de Recherches Spéléo-Archéologiques du Sorézois et du Revélois (S.R.S.A.S.R).

- (6) Les fouilles ont été programmées de 1989 à 1993 (Service Régional de l’Archéologie de Midi-Pyrénées – équipe archéologique formée par Calvet J.P. – Mauduit E. – Rouzaud F. ; voir notamment les références bibliographiques concernant les fouilles en fin d’article). Les espaces archéologiques du plateau du Causse sont aujourd’hui classés monuments historiques.

- (7) « Il s’agit de scories coulées, denses, noires à bleuâtres, en fragments souvent plats, à surface finement ridée pouvant atteindre une dizaine de centimètres dans leur plus grande dimension et quelques centimètres d’épaisseur » (Eric Mauduit – 1993).

- (8) Voir le graphique « Synthèse graphique des différents éléments de datation » (d’après les rapports SRA Midi Pyrénées – Calvet – Mauduit – Rouzaud) - (9) Voir le plan de situation. Nous avons dénombré 20 zones de charbonnage, distantes d’environ 50 m l’une de l’autre, sur une dénivellation totale de 80 m (toutes sont situées dans un quadrilatère d’environ 450m sur 250m. Il est évident que de nombreuses autres zones de charbonnage sont présentes sur les versants des vallées. Le relevé de Malcoustat ne représente qu’un inventaire très limité, de très nombreuses autres « platounes » existent sur les versants.

- (10) Les « platounes » ... nom donné localement à ces espaces horizontaux.

- (11) Résultat C14 – Cal AD(1660, 1955) Gif-9375. (cf. Rouzaud – Mauduit – Calvet – 1989-1992, p.23).

- (12) L’Office de Tourisme des Cammazes avec la municipalité ont entrepris en 2010, une valorisation et protection de ce patrimoine local (voir annexe 4)... Les « marmites » ont reçu une protection anti rouille de qualité ... le même produit qui protège les plates-formes pétrolières maritimes. Ces marmites, ayant essentiellement servi durant la deuxième guerre mondiale, ne sont plus utilisées depuis 1958.

- (13) Elle a toujours possédé une grande réserve de matière première avec son bois. D’autres vestiges de « marmites » existent près du Conquet et sur le versant nord de Jacournassy

- (14) Émile Dewoitine né le 26 septembre 1892 à Crépy en Laonnais, décédé le 5 juillet 1979 à Toulouse est un industriel et constructeur aéronautique français. Il fut surnommé « mimile-bras-de-fer », en raison de sa ténacité et de son intransigeance. D'importantes usines implantées à Toulouse ont produit plus d'une cinquantaine d’avions de modèles différents jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il est d'ailleurs considéré comme le père fondateur des usines toulousaines Aérospatiale.

- (15) Albert Caquot, né le 1er juillet 1881 à Vouziers (Ardennes) et mort le 28 novembre 1976 à Paris, fut considéré comme « le plus grand des ingénieurs français vivants » pendant un demi-siècle. En 1938, sous la menace de la guerre, Albert Caquot est rappelé pour assurer la présidence de toutes les sociétés nationales d’aéronautiques. En juillet 1939, il reprend aussi le rôle de directeur général technique du ministère de l'Air mais, bien qu'ayant spectaculairement redressé la production d'avions, les obstacles qu’il rencontre de la part de l'état-major et la direction du Contrôle le conduisent à offrir sa démission en 1940.

- (16) cf. Le Général Pujo et la Naissance de l'Aviation Française, p. 172, publié par le Service Historique de l'Armée de l'Air.

- (17) Les fours présents dans la Montagne Noire datent de cette époque. Ils ont donc été fabriqués par la firme Dewoitine sur direction de A. Caquot.

- (18) Ce sera aussi une période de meilleure gestion et de renouvellement des taillis.

- (19) Voir aussi « Témoignages et souvenirs de la guerre 1939-1945 en Montagne Noire » par Albin Bousquet, paru dans le N°15 des " Cahiers de l' Histoire de Revel »

- (20) D’après La Dépêche du Midi du 21 septembre 2010 - rubrique de Labruguière – d’après Maurice Le Pesant)

- (21) Texte écrit d’après la synthèse rédigée par Audrey Sibellas (étudiante en Master) « Valorisation et Médiation des Patrimoines de l’Université Paul Valéry de Montpellier ».

- (22) Pour le versant de Malcoustat, les « platounes » sont situées à environ 50 mètres l’une de l’autre, délimitant ainsi une zone de gestion à 25 m autour (environ un demi-hectare en tenant compte de la déclivité importante en cet endroit).

- (23) Pour une bonne carbonisation il est important de ne pas utiliser un trop gros calibre de bois

- (24) Le volume des meules peut être très variable, on peut distinguer trois types de meules : les petites meules, contenant en moyenne 8 à 15 stères; les meules de capacité moyenne, contenant de 35 à 60 stères; les grandes meules, dont le volume dépasse 100 stères.

- (25) Le plus souvent on plaçait verticalement un tronc d’arbuste et on alignait tout autour radialement les morceaux de bois légèrement inclinés vers le bas en zone extérieure. Juste avant l’allumage du feu, on retirait le tronc, laissant ainsi un vide vertical qui assurait la convection.

- (26) S’il s’agit d’une meule typique, on vérifie bien que les parois extérieures se dessinant soient bien égalisées et aient un profil adéquat en dôme (elles devront dans un deuxième temps être recouvertes pour assurer l’étanchéité). Pour les marmites en fer, des tuyaux en fer coudés étaient placés à la base pour assurer la « ventilation initiale » du départ de feu (ils étaient ensuite enlevés et bouchés au bout de quelques heures).

- (27) Pour une plus grande efficacité il faut que les végétaux soient secs si possible et la terre doit être fine (ne pas comporter d’éléments grossiers qui pourraient emmener de l’air par des fissures présentes au contact avec la terre). Dans le cas d’utilisation des « marmites en fer », on plaçait le couvercle que l’on pouvait obturer avec un deuxième petit couvercle pour le trou sommital du grand couvercle.

- (28) La fumée était un bon indicateur du niveau de combustion de la charbonnière : quand la fumée était bleue, c’est que le charbon était prêt, la fumée blanche indiquait que le feu était encore en train de se propager.

- (29) Plusieurs jours parfois

- (30) Pour cela il fallait avoir beaucoup de compétence. Les charbonniers réglaient le foyer selon la quantité, la couleur et l’odeur des fumées. Par exemple, lorsque des vapeurs de couleur rouge commencent à se dégager, on éteint le feu, on ferme la cheminée et on laisse refroidir le tout.

- (31) Voir sur les plans de la marmite la présence de deux paires de poignées placées latéralement sur les trois modules.

- (32) D'après des relevés effectués par les agents forestiers sur tous les points du territoire français.

- (33) Mais la qualité dépend aussi des essences ... A Durfort on appréciait par ordre de priorité le charbon de bois de Souston (Landes – donc du pin), du bois de la Grésigne (Tarn) éventuellement celui de la Montagne Noire (cf. Giordano Ferrari ancien martineur à Durfort).

- (34) La Compagnie des forges d'Audincourt, qui consomme et fait confectionner chaque année plus de 300 000 hectolitres de charbon de bois, obtient 89 kilogrammes par stère d'essences dures carbonisé en forêt.

- (35) Aimé Mucci :« Les forçats de la forêt » Editions Universitaires du Sud (BP 4011 – 31028 Toulouse Cedex 4). Voir aussi l’annexe 2 – Un témoignage

- (36) Cette technique ancienne permettait d’éviter de construire les parois étanches de la meule, mais évidemment diminuait les effets de convection. De nos jours encore, dans de nombreux pays (Tunisie par exemple), on produit pour usage personnel (domestique) du charbon de bois avec cette technique simple à mettre en place et pour de petites quantités.

- (37) Un entrepreneur important, qui avait un groupe de compagnies en Corse, est venu dans le Tarn, région très boisée, acheter 600 hectares de taillis et y a installé ses équipes.

Toujours dans le Tarn, on peut citer le nom de certains recruteurs tel Auguste Bargiacchi (1887-1953) pour la région de la Grésigne. Il serait arrivé en France vers 1908 dans les Pyrénées où il épousa une française. Pendant la Grande Guerre, il faisait fabriquer du charbon dans le Cantal pour l'industrie de l'armement et recruta à cet effet plusieurs de ses compatriotes italiens. Après la guerre on le retrouve en Haute-Marne dans des bois appartenant à la famille de Rotschild, puis dans les Charentes.

En 1923, il achète la propriété des Clauzels à Roussayrolles comprenant de nombreuses parcelles boisées. On peut citer aussi Antoine et Marius Oberti, recruteurs pour les Monts de Lacaune et la montagne d'Anglès, Ferrocide Bargiacchi et les frères Gualterotti pour le Cantal... Autour de la Grésigne la communauté toscane se développe et se sédentarise très rapidement. L'immigration s'autonomise : les charbonniers installent leur famille, achètent eux-mêmes des coupes, font venir des parents ou amis comme ouvriers.

- (38) L’activité des charbonniers pendant la guerre étaient devenue incontournable, elle permettait de produire un produit précieux qui permettait aux machines et véhicules de tourner.

- (39) Les recherches archéologiques sur la région ont démontré la présence d’une dynamique de réduction de fer autour du Causse de Sorèze, avec présence de scories sur les différents versants de la montagne Noire. D’importantes traces de scories ont été révélées près du castrum de Roquefort (cf. Roquefort de la Montagne Noire) certains historiens n’hésitant pas à formuler l’hypothèse que la richesse des Roquefort pourrait être due en partie à la fabrication de fer. Ils pensent aussi que la force hydraulique de la vallée du Sor près de Durfort aurait pu dès le Moyen-âge être utilisée pour le traitement du fer (fabricae et moulines).

- (40) On sait que les ressources de la Montagne Noire ont permis aux « maîtres verriers » de fabriquer du verre.

- (41) AD, Tarn, H190, (f°19)Il s’agit d’une analyse du XVIe siècle d’un acte aujourd’hui disparu. Cabié E. – 1903 (voir biblio)

- (42) D’après Jean Escande - Escoussens sous la Révolution et l’Empire. Labruguière 1992. Château d’Escoussens Editions.

- (43) La technique était la fabrication de meulières ... Celles de Saissac faisaient 3 à 4 m de diamètre pour 2m de hauteur environ ...

- (44) Il s’agit d’appareils lourds et encombrants mais transportables, les marmites de la Montagne Noire sont des appareils beaucoup plus légers et maniables.

- (45) Journal local gratuit d’information et de débat publié par l’association « l’Echo des Hameaux » à Penne (n° ISSN 1634-8303).

- (46) Nous remercions toute l’équipe de « Va plan » pour son autorisation.

- (47) De nombreuses informations ont été tirées de l’ouvrage de Aimé Mucci :« Les forçats de la forêt » Editions Universitaires du Sud (BP 4011 – 31028 Toulouse Cedex 4)

- (48) Beaucoup partiront. Les charbonniers vont d’abord dans les forêts italiennes, les Abruzzes, la Calabre, la Sardaigne et la Corse. Les forêts de l’Apennin vont donc être surexploitées ce qui va les conduire à franchir les frontières. C’est à ce moment là qu’ils arrivèrent nombreux en France.

- (49) La Charbonnerie tire son nom de rites d'initiation des forestiers (rituels forestiers) fabriquant le charbon de bois à l'origine dans le Jura et en Franche-Comté. Ces sociétés de « bons cousins charbonniers » sont très antérieures au phénomène politique du carbonarisme italien et de la charbonnerie française. Issues de l'ancienne corporation du métier de charbonnier, ces associations usaient de signes secrets de reconnaissance et favorisaient l'hospitalité et l'entraide. Chaque section locale d'une société des « bons cousins » s'appelle une « vente » (vendita en italien). La Charbonnerie se répandit en France vers 1818. De type politique, elle s'opposa à la Restauration, organisant des complots pour la renverser. Très active de 1820 à 1823, elle se signale notamment lors de l’affaire des quatre sergents de La Rochelle. La conspiration militaire qu'elle préparait finira par échouer.

- (50) Renseignements Véronique TRESCH

 

 

LA FABRICATION DU CHARBON DE BOIS EN MONTAGNE NOIRE par Albin BOUSQUET

LA FABRICATION DU CHARBON DE BOIS EN PHOTOS - Document de Claude Schosseler