Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE |
Le village artisanal de DURFORT
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Presentation
Les Archives antérieures à 1789
Les Archives modernes de 1789 à nos jours
- Industrie et commerce
- Défense et Garde Nationale
- La Mairie/Maison d'école
- L'église Saint-Etienne et la maison presbytérale
- La forêt et les biens communaux
- Les travaux publics
- Les voies de communications
- L'électrification
- Les carrières
- L'eau et LES_MOULINS
- Les pauvres et la Société Saint-Eloi
- Bibliographie
- RETOUR HISTORIQUE DE LA SPELEOLOGIE -
Litho. P. Rivière/Toulouse (A.Terson de Paleville)
LE VILLAGE ARTISANAL DE DURFORT
D'après le livre de Marie-Odile Munnier
(Archiviste du Canton de Dourgne)
A l'extrémité du versant nord de la Montagne Noire, dans la gorge resserrée entre Combe-Nègre et Combe-Grande, s'élance le Sor, ruisseau à ses heures, torrent à d'autres. Sur ses rives se concentre actuellement le village de Durfort avec ses vieilles maisons à encorbellement. Descendu depuis le XIVe siècle de la montagne, il a installé ses martinets sur la rivière pour le battage du cuivre dont il a fait sa principale industrie. C'est dans l'élargissement de la combe que les magasins rutilants présentent aux touristes une variété étonnante d'objets, copies d'ancien ou formes actuelles, du plus petit au plus grand. Récemment, dans la plaine accueillante, Durfort moderne s'est rapproché de la grand ‘route : maisons confortables aux murs blancs, aux toits rouges, c'est le quartier de "Saint-Alby". Jusqu'à la Révolution, la communauté, dans le diocèse de Lavaur, dépendait de la sénéchaussée du Lauragais ; de 1790 à l'an X, la municipalité faisait partie du canton de Soréze jusqu'au moment de la fusion en un seul canton, celui de Dourgne. Soréze n'est qu'à 3 km et la seigneurie de Durfort était un arrière-fief de l’abbaye Notre-Dame de la Sagne. Le Pont-Crouzet qui enjambe le Sor permet de gagner Revel, l'ancienne bastide, fière à juste titre de son passé.
L'unique route amène le touriste sur la grande place ombragée et commerçante, le "Plo". S'il continue son chemin, il contourne l'église et aboutit au sombre gouffre de Malamort, "Le bout du monde " évoqué par J. Mistler.
CARTES_POSTALES et Photos anciennes et récentes
Le castlar de Durfort "l'ancien village"
voir Article sur Castlar Durfort(rubrique "SITES-ARCHEOLOGIQUES)
Durfort n'est pas un village de montagne, mais blotti au pied de la "montagne des vents," il reçoit l'autan qui souffle avec violence au printemps et en automne. Il arrive pour deux, trois jours, une semaine, puis s'en va... S'il souffle le vendredi, un proverbe occitan ne le fait pas aller à la messe du dimanche « L'auto del dévendres va pas a la meso».
En 1718, la sécheresse causée par le vent fut telle que des experts sont nommés par l'intendant du diocèse de Lavaur pour évaluer les dégâts causés à la moisson.
Les intempéries dues aux fantaisies du Sor sont aussi redoutées. Les inondations de 1702 furent exceptionnelles comme celles de 1821 et 1879.
L'église SaintEtienne « propriété de la commune depuis un temps immémorial » a subi de nombreuses transformations au cours des siècles. De part et d'autre de l'église, deux places, l'une avec de gros arbres, sur l'autre se dresse la grande croix, souvenir de missions, la dernière, prêchée par un moine d'En Calcat, le P. Louis Beaud en 1887. Les maisons jouxtent le côté sud, tandis qu'à l'ouest le porche s'ouvre sur une des deux rues traversées par une rigole où roule l'eau du Sor.
Au-delà du vieux pont qui enjambe le ruisseau, une placette et de beaux arbres. La fontaine publique de 1815, "de droit commun", alimentée par l'eau de source qui vient de la montagne fut restaurée pendant le mandat du maire M. Cramaussel à la fin du XIX' siècle. Mais en 1827 et 1928, les inondations ayant emporté le sol sur lequel reposait la fontaine ainsi que le mur de soutènement, les conseillers délibèrent« qu'il est de première nécessité de rétablir tous ces objets parce que les habitants sont obligés d'aller chercher l'eau presque à la source sur la montagne » (Délibérations du 31 octobre 1827 et 13 mai 1828).
En 1830, un budget est voté et il faut « réparer la fontaine en urgence avec parcimonie et économie. »
La chapelle Saint-Etienne et le vieux cimetière qui figurent sur l'inventaire de 1853 ont entièrement disparu ; le cimetière actuel, sur la rive gauche de la rivière, date de 1824.
Au fond du Plo se dresse un bâtiment imposant : c'est la mairie-maison d'école construite à la fin du XIX' siècle. Le monument aux Morts des deux guerres, signé de A. Metgé, prend appui sur la façade. Au rez-de-chaussée, le secrétariat de la mairie. Les deux classes ont été fermées, l'une en 1994, et la classe de maternelle n'ouvre pas en septembre 1995. Il n'y a plus d'école à Durfort et l'on n'entendra plus l'écho du rire des enfants jouant dans la cour de récréation.
Au premier étage, le musée d'archéologie laisse une petite place pour les archives communales.
L'occupation des sols autour de Durfort au moyen age
(un article de Nelly Pousthomis-Dalle)
L'occupation du sol sur le piémond Nord de la Montagne Noire (TARN)
(d'après Sylvie CAMPECH)
Les archives de Durfort
Archives antérieures à 1789
Le fonds des archives antérieures à la Révolution se compose des délibérations consulaires du début du XVIII' siècle (90, de 1714 à 1725), des registres paroissiaux de 1646 à 1792, des compoix de 1559 et de 1615 (celui de 1559 fut recopié en 1774). Le classement de ces archives se fait au moyen d'une double lettre de l'alphabet : CC pour les livres fonciers, GG pour les actes provenant des paroisses, baptêmes, mariages et sépultures antérieurs au 20 septembre 1792.
Les documents originaux, compoix et registres paroissiaux ont été traités et microfilmés. Les fac-similés, reliés en pleine toile, sont à la mairie, à la disposition des lecteurs et des chercheurs.
Les archives communales sont cependant muettes sur le "castelnau", village fortifié, édifié au XIè siècle sur le flanc de la colline de Berniquaut. Roger 1er, vicomte de Carcassonne et d'Albi le remet en fief à Pierre Guilhaume, seigneur de Roquefort en 1141. Sur l'éperon rocheux, le "Castlar", les traces du site sont encore visibles et les vestiges du château et du bourg ont fait l'objet de recherches archéologiques importantes.
Silencieuses aussi les archives sur la période des guerres de Religion et on sait seulement que le château de Durfort sera détruit comme celui de Massaguel vers 1568.
La seigneurie de Durfort
Les vestiges d'une tour du château de Roquefort, dans un paysage escarpé et rocheux semblent attendre depuis des siècles le signal convenu...
Maison d'ancienne chevalerie, originaire soit du Quercy, soit du Languedoc, le nom du seigneur de Durfort apparaît au XIVè siècle Bernard-Raymond de Durfort est envoyé avec Guilhaume de Villespassans, chevalier, afin de visiter les cités et châteaux de la viguerie d'Albi et du Castrais. Il s'agissait alors de les mettre en état de défense contre les Anglais, qui sous le règne de Jean le Bon dévastaient le Midi de la France.
La seigneurie a souvent changé de propriétaire. Vendue par le dernier descendant de Roquefort, seigneur de Figairolles à noble apportée en dot par Claire, sa fille, à noble Guilhaume de Viguier au cours du XVIIè siècle. A cette époque, les seigneurs de Durfort avaient l'entière justice et ils prélevaient sur chaque habitant l'albergue pour le four banal et des droits d'usage pour le bois de Combe-Nègre.
En 1717, au début du règne de Louis XV, messire Thomas Hyacinthe de Béranville, seigneur de Villaudré, lieutenant-colonel de cavalerie, gouverneur de Ligny, demeure à Soréze depuis son mariage avec dame Jaquette d'Audibert. Enfin, Jean-François de Béranville vend la seigneurie de Durfort à Marc Antoine Bernard Lacombe, de Revel, à la fin du XVIIIe siècle.
Le Sor dévalant de la montagne
Le consulat de Durfort
Le consulat est administré par deux consuls, assistés d'un conseil.Le mandat annuel est renouvelable, les consuls sortants dressent une liste et la présentent au seigneur du lieu qui approuve ou appose son veto. Jean Tesseyre, chaudronnier, ne fut pas accepté par le seigneur le 15 janvier 1725.
L'abside de l'église Saint-Etienne dominé par le Castlar.
Les délibérations consulaires nous font connaître les rapports entre le seigneur et les consuls, officiers municipaux de l'Ancien Régime. Les assemblées ont lieu en semaine, quelquefois le dimanche, à l'issue de la messe ou des vêpres, annoncées par un "cry public". Le prêtre, curé de la communauté, y assiste en général.
Responsables des affaires politiques et financières, il revient aux consuls le soin de veiller à la levée des impôts dès réception de l'amande. La répartition des différentes impositions entre les communautés, votées par les Etats provinciaux, était faite par l'administration diocésaine et c'est à Lavaur, au palais épiscopal, que les délégués portent les impôts recueillis. Dans la délibération du 5 mai 1720, Blaise Galaup, collecteur de Durfort, est nommé pour se rendre à la session du syndic à Lavaur. Il percevra 6 livres pour son voyage.
Le consulat doit faire face aux dépenses ordinaires : le paiement de l'albergue, le loyer de la maison presbytérale, le régent des écoles, le droit du chaperon, le valet et le greffier consulaires, l'entretien de l'horloge et le carillonneur, le garde-bois. Les dépenses extraordinaires doivent avoir l'approbation de l'intendant de la province.
Au cours du mois d'avril 1717, les consuls se trouvent en difficulté pour assembler le conseil, ils sont obligés de nommer des conseillers politiques et un syndic de "forains".
Les réparations nécessaires aux portes de la ville «afin de fermer la brèche qui est proche de l'église »,les réparations à l'horloge de l'église et son entretien, la vérification des mesures des cabaretiers - qui doivent être identiques à celles de Revel —, la vétusté de la maison presbytérale qui est telle que les curés, Jean Brauge ou André Ventouillac, iront loger à Soréze, les dispositions à prendre devant les menaces de maladies contagieuses, l'organisation pour la garde des portes de la ville, les dates des vendanges, les difficultés avec la communauté des Cammazes à propos du pacage des bêtes à cornes, telles sont au début du XVIIIè siècle quelques-unes des préoccupations journalières des consuls.
« ... pour en terminer avec les bêtes à cornes, la communauté fait appel aux bénédictins de Soréze, le Père Vadalot et le Père Cluzet, ce dernier missionnaire de Durfort, par un esprit de charité pour la paix et l'union, proposent aux consuls de rendre les dix vaches au Sieur Montagné et au Sieur Bastoul aux conditions suivantes : les bêtes à cornes seront conduites au fond du pré de la tour et que les sept qui ont été reprises seront ramenées au même endroit... à charge pour les propriétaires des bêtes de les ramener toutes les fois où, ils seront requis... » (Délibération n° 90 du 1- octobre 1725)
En 1723, alors que Marc et Antoine Ventouillac sont consuls, le dénombrement de tous les biens de la communauté est effectué au reçu de l'ordonnance royale. Cette même année, la communauté est assignée par la maîtrise des Eaux et Forêts de Castelnaudary pour les délits et déprédations causés dans la forêt.
Les relations entre le seigneur et les consuls ont été source de conflits et de procès longs et onéreux pour les manants et bien-tenants de la communauté. Les instances pendantes sont portées devant la Table de Marbre. La forêt de Combe-Nègre, le bois d'Ayrevieille ont fait l'objet de délibérations consulaires fréquentes. Les habitants, surtout les indigents, ont de toujours eu l'autorisation de ramasser le bois mort et le mort-bois, mais les délits sont poursuivis. Il est formellement défendu de couper et d'autoriser les coupes dans la forêt, comme de vendre du bois hors du consulat, de même, les étrangers ne peuvent ni couper du bois ni même mener le bétail sous peine d'amende. En 1724, une amende de 1000 livres « en faveur du roy » oblige les consuls à consulter un avocat. Les gardes-bois, les gardes-forestiers, « ont ordre de faire la garde fort exactement et s'il arrive qu'on la néglige d'en donner avis.... »
Les consuls chargés de la répartition et de la perception de l'impôt foncier établissent le compoix, le cadastre actuel. Celui de 1559, écrit en occitan, comprend une table alphabétique de tous les "comprins". C'est une carte du consulat avec la contenance des terres, leur nature « bonne, moyenne, faible, infertile », leurs limites « auta, meichjorn, sers, aquilon. » Tâche minutieuse, et les erreurs commises sont imputées aux consuls.
« Du vingt uniesme décembre mil sept cent cens vingt dans Durfort au lieu accoutumé à tenir le Conseil
Assemblés en Conseil général convoqué en la forme ordinaire par un criq publiq à l'issue de la messe de paroisse Messieurs Jean Teysseyre et Paul Cramausel Consuls dudit Durfort assistés des Sieurs Pierre Cramausel, Antoine Iche, Arnauld Ventouliac, Jean Arnaud, Jean Dauzet, Jean Ventouliac, Jean Mandoulh, Jean Jammes, Michel Batut, Jean Carousse, Jean Rouge, le Sieur Pierre Pélissier, Antoine Ventouliac, fils d'autre.
Par lesdits Sieurs Teysseyre et Cramausel Consuls a este dit qu'il y a plusieurs années qu'ils ont la charge de Consuls du présant lieu et que souettant de remettre leurs charges de consuls à telles personnes que le Conseil truvera à propos c'est pourquoy et désirant de ce déposséder de leurs charges ont convoqué le présant conseil comme estant de coustume de changer de consuls tous les ans et que par ledit Conseil soient approuvées ou improuvées les personnes qu'ils nommeront pour cesséder à leur charge de consuls et la nomination a suitte dressée et estre présantée avec l'honneur et respect deu à monsieur de Durfort en la forme ordinaire et accoutumée.
Par le dit Sieur Mandoulh a este dit qu'il avoit receu la mande de messieurs les commissaires de l'assiette de Lavaur laquelle la remise dont lecture en a este faite en plain conseil ensemble une déclaration du roy et qu'il prie l'assemblée de vouloir délibérer que faire l'imposition des sommes contenues en la mande et les sommes que la communauté a acoutume d'imposer tous les ans sur tous les habitans et bientenans dudit Durfort avecc le droit dattante pour les deux premiers pacts suivant la délibération des Etats du 18 mars dernier de deux et demy pour cent sur sa prie l'assemblée de vouloir délibérer et de nommer de départiteurs pour faire le département des sommes imposées. D'une commune vois a este delibéré de faire l'imposition des sommes contenues en la mande de la presante actée avec le droit dattante des deux premiers pacts de deux et demy pour cent suivant la délibération des Etats du 18 mars dernier et les sommes que la Communaute a accoutume d'imposer tous les ans et les leveurs a raison de quatorze deniers pour livre dont suit le titre des somme qu'il faut imposer scavoir
La somme de six cent trente trois livres un sol six deniers contenues en la mande et dix livres dix sols pour le droit dattante des deux premiers pact revenant en tout a celle de 643l 11s 6 d
pour l'albergue que la com[munau] paye annuellement 8 l.
pour les affaires improvues trente livres 30 l.
pour le droit des chaperons doutze livres 12 l.
pour le loyer de la maison presbyteralle trente liv. 30 l.
pour le régent des écoles quarante livres 40 l.
pour le garde bois quinze livres 15 l.
pour le valet consulaire six livres 6 l.
pour l'entretient de lorloge et carilloneur douse liv. 12 l.
pour le greffier consulaire sept livres quatre sols 7 l. 4 s.
pour la facon de deux rolles de cappitation deux livres 2 l.
Revenant toutes les sommes a celle de huict cent quatorze livres quinze sols six deniers et les leveurs à raison de quatorze deniers pour livre monte la somme de quarante sept livres dix sols six deniers : 47 l.10 s. 6 d.
revenant en tout à celle de huict cens soixante deux livres dix sol : 862 l 10 s
La Révolution et la nouvelle organisation territoriale de la France en 1790, les consuls disparaissent ; ils sont remplacés dans chaque commune par le maire et son conseil municipal.
De 1789 à nos jours
Le fonds des archives modernes, c'est-à-dire depuis la Révolution jusqu'à nos jours est important : quelques 3000 pièces ont été conservées. Le classement de ces archives se fait au moyen d'une lettre simple de l'alphabet.
Les "Bulletins des Lois", le "Journal Officiel", le "Bulletin du ministère de l'Intérieur", les "Actes administratifs", les "procès-verbaux du Conseil Général", le "Moniteur des communes", le "Journal des Maires" sont classés avec les trois premières lettres de l'alphabet.
Il manque un registre, celui concernant la mise en place de la première municipalité en 1790, et nous ne pouvons savoir comment les habitants de Durfort ont vécu tous les événements de la fin du XVIII' siècle.
Le 21 pluviose de l'an X (10 février 1801), le maire est le citoyen François Resseguier, et sous Charles X, Laguière fils, un ancien marin lui succède. La correspondance officielle venant de Paris, d'Albi ou de Castres est conservée depuis 1818.
Durfort, dans le département du Tarn, dépend jusqu'à l'an X du canton de Soréze, et est rattaché à celui de Dourgne à cette époque, Soréze ayant cessé d'être chef-lieu de canton. Il y aura en 1831, 1847 et en 1864, des projets de division du canton de Dourgne et Durfort votera à l'unanimité pour être rattaché à celui de Soréze. Actuellement, le canton de Dourgne comprend quinze communes, dont Durfort.
En 1807, le Conseil refuse à l'unanimité sa fusion avec Soréze, évoquant que de tout temps, la commune a porté le nom de bourg et qu'elle présente des ressources à raison de son commerce... »
Les registres d'état civil remplacent les registres paroissiaux qui, jusqu'à la Révolution étaient tenus par le recteur, curé de la paroisse. Les différents recensements de la population établis tous les cinq ans, le premier étant de 1836, font connaître l'évolution du village, qui en 1851, compte 560 habitants (soit 490 au chef-lieu et 70 répartis dans les 8 hameaux).
Industrie et commerce
Les martineurs de Durfort figurent dans les compoix du XVI' siècle et de tout temps, le Sor a contribué à la prospérité du village.
Un martineur ou martinafte est le nom de l'ouvrier qui exerce son activité dans l'industrie du cuivre. Pour marteler le cuivre, le chaudronnier se sert d'un gros marteau, actionné par une force hydraulique.
Le cuivre, à l'état de pyrite, appelé "couparos" est extrait de certains dépôts rencontrés sur les pentes méridionales de la Montagne Noire, en particulier dans le Haut-Cabardès. Ces filons étaient utilisés par lesmartineurs de Durfort et de Caudebronde en Cabardès pour la fabrication de chaudrons et autres ustensiles. L'ouvrier spécialisé dans l'extraction à ciel ouvert se nomme le "couperosaire". Les teinturiers, les salpêtriers, les chaudronniers ne pouvaient pas monter leur entreprise s'ils n'avaient à leur disposition des chaudrons en cuivre.
Un important trafic se faisait avec les chaudronniers du MassifCentral, une grande partie de cuivre venait de l'Auvergne. Les voituriers étaient nombreux et permettaient ainsi les contrats fréquents avec des artisans et des marchands. Les martineurs de Caudebronde fournissaient à Durfort les plaques de cuivre pour confectionner ou réparer les chaudrons. Il fallait un mois pour confectionner un chaudron et pasmoins de 122 livres de cuivre vieux étaient nécessaires.
Les martineurs figurent dans les minutiers où sont enregistrés des contrats. Le fabricant de chaudron ou de "pairol", appelé aussi "le pairolier" utilisait le vieux cuivre et s'il devait employer du métal neuf, celui-ci était décompté et le vieux repris à un tarif différent. En 1556, un pairolier est signalé à Caudebronde et à Durfort? Le fonds Farenc de Carcassonne signale un contrat où un engagement est pris par trois martineurs de Durfort de fournir tout le cuivre nécessaire au commerce d'une famille de chaudronniers de Carcassonne pour une période d'un an. Ils enverront trois balles du poids de quatre quintaux toutes les semaines et les marchands devront remettre au voiturier un poids égal de cuivre usagé ou vieux.
Caudebronde en Cabardès Le Cabardès est l'une des subdivisions du « pagus Carcassensis ». Ce territoire tire son nom des tours de Cabarets et son histoire subit les fluctuations de la comté et de la vicomté de Carcassocte. Caudebronde, "Calibronda " est située au fond d'une vallée formée par la Dure qui se jette dans la Rougeacte. Le village, cerné de prairies, de bois, de quelques cultures, comptait environ 600 âmes au XIX' siècle. Après la Croisade des albigeois, le Cabardès, uni à la courocte forma une viguerie, d'abord distincte, puis unie avec le Minervois à la viguerie de Carcassocte. La viguerie de Cabardès subsista longtemps et comptait trente-quatre communes, dont Caudebronde. A côté de la viguerie, existait aussi la châtellenie de Cabardès. A raison de certains services de garde et d'entretien des châteaux de Cabaret, les habitants des villages de Lastours, Fournès, Illes, Salsigne et Villanière étaient exempts de taille. La Révolution supprima la châtellenie et les privilèges. La seigneurie de Caudebronde appartenait à la maison de Voisins. Guilhaume de Voisins, seigneur de Couffoulens fait un échange avec le roi Philippe le Bel. Il devient seigneur de Caudebronde. Le dernier seigneur, en 1789, est Jacques-Amable-Gilbert de Baynaguet de Pectautier. Les Cassaing et Murailhe (ou Mourailhe) figurent parmi les familles anciectes et notables de Caudebronde. Le compoix du XVII' siècle mentiocte Jean Murailhe, propriétaire d'un martinet (CC1, 1658, f ° 97) Caudebronde, dans le diocèse de Carcassocte, dépendait de la généralité de Toulouse. La communauté était administrée par trois consuls. La mutation consulaire se faisait le 1" août. Jean-Pierre Cassaing, notaire, est consul maire en 1740, Pierre Murailhe, avocat, second consul. Après la Révolution, Caudebronde est dans l'arrondissement de Carcassocte, au canton de Cabardès. L'église dédiée à Saint Pierre-ès-Liens, se trouve à l'extérieur du village. L'église actuelle est bâtie sur un rocher contourné par la Dure. Un prieuré de Bénédictins, dont il ne subsiste aucune trace, dépendait de Montolieu. L'industrie du drap et du cuivre était une des richesses de la communauté. Avant la Révolution, on comptait également trois moulins à farine, l'un à deux meules, dont l'une était noble, et deux moulins à foulon. L'usine, appelée "Le Martinet", appartenait au Sieur Murailhe et servait à fondre le vieux cuivre utilisé par les chaudroctiers de Durfort. |
A la veille de la Révolution, 11 ateliers d'artisans traitent près de 2,5 tonnes de cuivre annuellement. Au milieu du XIX' siècle, plus d'une centaine de personnes vivent de l'industrie. Les lois de 1848 et 1892 concernent la durée du travail, la sécurité des travailleurs :« La journée de l'ouvrier dans les manufactures et usines ne pourra pas excéder douze heures de travail effectif. »
Un Syndicat des Ouvriers Chaudronniers de Durfort est créé en 1892. Les conditions de travail opposant patrons et ouvriers sont à l'origine des grèves, celle de 1896, en particulier, fut très suivie.
Au bord de l'eau, les nombreux moulins à foulon fournissent la force motrice aux ouvriers du cuivre et aux tisserands de la vallée. L'industrie textile avec les cardeurs, les fabriquants de drap, de cordelats fait vivre une nombreuse main d'oeuvre. Les belles étoffes, tissées, dégraissées, lavées sont ensuite prêtes pour la vente.
A partir de 1842, un dossier de correspondance porte sur les travaux effectués sur les dérivations du Sor autorisant à installer ou à maintenir en activité des martinets à battre le cuivre. Les artisans étant également marchands sont appelés à se déplacer et de nombreux passeports rappellent les voyages d'antan, certains mentionnent l'itinéraire, le montant du secours de route accordé dans les localités traversées.
Défense et Garde Nationale
Les milices, très impopulaires, n'existent plus après la Révolution. L'organisation de l'armée et l'administration militaire constituent un fonds important d'archives : recensement des jeunes gens depuis 1816, conseil de révision, recrutement, hôpitaux militaires, intendance et réquisitions militaires. Durfort fait partie du 16° corps d'armée, dont la subdivision est à Carcassonne.
Les troupes de passage à Durfort doivent être hébergées. La commune peut fournir, en 1878, pour le cantonnement et le logement :
12 chambres et 12 lits d'officier;
59 lits pour la troupe;
85 chevaux et 1185 hommes peuvent être cantonnés.
Constituée en 1789, la Garde Nationale assure le maintien de l'ordre dans les villes et villages pendant que les armées sont au front. Abolie, puis rétablie en 1809, l'état de la Garde à Durfort, en 1821, est de 83 hommes, de 20 à 60 ans pour un effectif de 480 habitants. La population est prévenue de l'élection des officiers, élections suivies de la prestation du serment. A partir de 1856, la Garde est divisée en deux, l'une mobile et l'autre sédentaire, et en 1870, les compagnies de Durfort et des Cammazes sont rattachées à Soréze pour ne former qu'un seul bataillon.
Les documents de la période révolutionnaire font défaut, les délibérations à partir de l'an IX traitent des affaires courantes de la commune ; les troubles qui secouent encore la France sous le Consulat et l'Empire, la crise de l'économie, la guerre d'Espagne sont passés sous silence. Il faut attendre la session extraordinaire du 21 avril 1814, pour savoir que Durfort est au courant des événements locaux et nationaux. Ce jour là, le Conseil, à l'unanimité, approuve
« Les décrets du Sénat qui prononcent la déchéance de Napoléon Bonaparte et appellent au trône de France Louis-Stanislas Xavier de France, frère du dernier roi, et après lui, tous les autres membres de la Maison de Bourbon, dans l'ordre ancien . »
La vie politique et les préoccupations des élus sont rythmées par les progrès du XIXè siècle dans l'industrie, le délainage et l'effilochage en particulier, une démographie en hausse, l'instruction publique rendue obligatoire après la loi de 1833, même dans les moindres villages. Les campagnes sont encore très peuplées : plus de 500 habitants vers 1850 à Durfort.
Les nouvelles de la Révolution de 1848, grâce aux journaux et aux dépêches sont connues très vite. La lettre du préfet annonce la chute du roi Louis-Philippe le 24 février et la proclamation de la République le 25. Un grand banquet patriotique et fraternel réunit les gardes nationaux de l'arrondissement le 24 mai.
Le coup d'Etat est largement approuvé par le plébiscite du 21 décembre 1851 et lors du "Vote pour l'Empire" le 21 novembre 1852, sur 169 électeurs, le "oui" l'emporte avec 144 voix pour 4 "non". Le 2 décembre, Louis-Napoléon III s'installe aux Tuileries. Un comité de soutien en faveur des militaires blessés en Italie est constitué en 1859 et les souscripteurs de Durfort répondent généreusement.
Un dossier de treize pièces pour 1870: la proclamation de la République, la déclaration de la guerre contre la Prusse le 19 juillet, l'appel de la garde de Durfort à Paris en septembre avec les "mobiles" de l'arrondissement pour former l'armée active chargée de la défense de la capitale, l'emprunt pour couvrir les dépenses occasionnées par la guerre,l'annonce de la capitulation de Metz le 27 octobre. L'élection de Jean Jaurès comme député ne semble pas avoir eu beaucoup de répercussion dans la commune.
La Grande Guerre éprouve durement le village. Le député Jaurès est assassiné le 31 juillet au café du Croissant à Paris, l'état de siège, déclaré le 2 août. Henri Auriol reçoit un ordre de route spécial comme réserviste le 2 septembre 1914.
Les nouvelles des soldats blessés au front et les actes de décès sont consignés. Rapidement des enfants de Durfort tombent au champ d'honneur pour la Patrie : Maurice Catala au combat de Kemmel, Pierre Pateille à Gerbellier, Clément Mercier au Bois de Bareth. Les réfugiés, nombreux, sont accueillis dans les familles.
Les documents sur la Seconde Guerre sont importants : le télégramme du 2 septembre 1939 portant l'ordre de mobilisation est conservé.
La Mairie/Maison d'école
Il y a toujours eu une école à Durfort, mais les bâtiments étaient souvent vétustes, «insalubres et humides, peu éclairés. » La loi relative à l'enseignement primaire de 1833 oblige toutes les communes à avoir une école. La municipalité, dans sa délibération d'août, vote la somme« de 50 F pour le logement de l'instituteur » - à cette époque, Durfort possède un local où la commune a fait son école d'enseignement mutuel.
« La rétribution mensuelle est de 1 F pour les enfants de 6 à 10 ans, et de 2 F pour les élèves de 11 ans ; le traitement de l'instituteur, 200 F. Il doit accepter gratuitement dans l'école huit élèves désignés par le Conseil »
En 1837, Martine Mellac, «apte tant par son âge que par les connaissances exigées» est institutrice à Durfort.
Un emprunt de 4 000 F est envisagé en 1870 «voyant la nécessité indispensable d'avoir une maison d'école. » L'ingénieur Oulmière de Castres dresse en 1882 un projet pour une construction, ce sera la Mairie/Maison d'Écoles. Un nouveau dossier est constitué en tenant compte des observations du Conseil départemental de l'Instruction publique et le 29 décembre 1886, le décompte définitif des travaux est donné par M. Viguier, soit : 27 760,09 F.
Le délégué cantonal de l'Instruction publique avait émis un souhait : « L'emplacement choisi au centre du village, loin du bruit des ateliers et les élèves y trouveront la tranquillité voulue. »
L'église Saint-Etienne et la maison presbytérale
L'église du village dédiée à saint Étienne fut construite sur un ancien lieu de culte. L'abside, la partie la plus ancienne est du XVIè siècle. La nef et la chapelle dédiée à la Vierge sont du siècle dernier. Durfort était sans doute un des prieurés dépendant de l'abbaye de Soréze, le nom de Duroforti apparaît sur le compte des décimes à la fin du XIVè siècle, le desservant étant le prieur-curé.
L'église n'était pas le seul lieu de culte avant la Révolution. Dans la montagne, le domaine des "Pratsviels" était une des possessions des Bénédictins mauristes. La chapelle de Saint-Jammes ou Saint- Jacques de Bezauselle, au nord du bois de "Trinque Bisse"' était entourée de son cimetière. Elle était desservie par les religieux. L'enfant Pierre Bousquet y est enterré en 1684 et Marie Anglès en 1728.
Quelques paroissiens sont enterrés dans l'église de Durfort, Mme Guilhaume de Marty, en 1667 dans la chapelle Saint-Eloy et Pierre Teysseire en 1672. En l'absence du prêtre-curé, les bénédictins de Soréze assurent les offices, mais les recteurs de Durfort restent longtemps dans leur paroisse. Jean Brauge signe les actes de 1667 à 1721, il est remplacé par André Venthouillac. En 1759 et 1761, le curé de Cahuzac, Armand d'Anticamaretta enterre dans le choeur de l'église deux prêtres, messire Pierre de Riyals et messire Alexandre de Francille, ce dernier âgé seulement de 36 ans
En 1720, il faut construire une maison presbytérale et les consuls, ainsi que Pierre Pellissier, syndic des forains estiment qu'il serait nécessaire de «faire participer les habitants et bien-tenants de Saint-Jammes et Bezauselle... et d'envoyer une requête à monseigneur l'intendant et de l'adresser à M. Bousquet, procureur en la Cour des Aydes de Monpelier »
Au moment de la Révolution, Durfort avait le titre de cure, et le prêtre desservait également la paroisse des Cammazes.
Le 10 fructidor de l'an XII (29 août 1804), le Conseil rejette la proposition du décret impérial qui consiste à réunir plusieurs communes dépendant d'une même succursale « considérant que Durfort a été de tous temps jusqu'à la Révolution cure, d'où dépendait la commune d'Escammazes comme actexe, que la commune de Durfort sous le rapport des localités et des communications avec les habitants d'Escammazes, relativement à son commerce, exige qu'on lui réunisse cette dernière commune ...délibère unanimement que les autorités supérieures seront invitées de conserver Durfort comme succursale et de réunir à icelle pour le spirituel la commune d'Escammazes qui en a toujours fait partie, ainsi que le Masage du Causse, les Métairies du Castelet, Pistre, Belmas, Saint-Jacques, Granjou, Grange vieille, Borie Neuve et Grange Neuve... c'est une utilité pour le commerce étendu qui attire beaucoup d'étrangers... »
Divers travaux sont exécutés à l'église et au clocher à partir de 1817. Une chapelle est construite en 1866 pour agrandir l'église, côté sud. Les entrepreneurs Dayde de Soréze et Fontès se voient confier la réfection de la toiture, la reconstruction de la voûte du sanctuaire, le récrépissage des murs, l'aménagement du porche entre 1878 et 1899.
Lors de la loi de séparation de 1905, les marguilliers effectuent les inventaires de l'église et de la fabrique, documents que nous n'avons pas trouvés.
La maison presbytérale a fait l'objet de nombreuses difficultés financières avant et après la Révolution. Constructions, réparations... En 1822, une délibération a même lieu à 7 heures du matin.
L'ordonnance royale de Charles X en 1824 permet :
— l'acquisition de la maison Pélissier pour y établir le presbytère. Le prix à payer de 4000 F sera produit par la vente d'une coupe de bois. Enfin, à partir de 1882, la maison Samary sera le dernier presbytère de Durfort.
La forêt et les biens communaux
Les forêts profondes avec leurs grands arbres feuillus et résineux font partie du patrimoine de Durfort. Le bois de Combe-Nègre occupe une superficie de 97 ha 94 a. Surplombant le village, la forêt de l'Aiguille, forêt royale du temps de messire Marc de Pressac, co-seigneur de Durfort, est entaillée de ravins où coulent de nombreux ruisseaux. Elle s'étend sur Durfort, Soréze et les Cammazes. Le seigneur, maître de ces immenses domaines boisés ne rendait pas la vie facile aux consuls au début du XVlle siècle.
Aux archives, quelque 600 pièces ! Les communaux de Térondel, la Boussière, la Privade et Combe-Grande appartiennent depuis toujours à la commune. En 1847, sous Louis-Philippe, l'aménagement de la forêt communale fait l'objet d'une ordonnance royale. Le domaine et l'exploitation du bois d'Ayrevieille, les délimitations des bois de Soréze, les coupes affouagères, les procès-verbaux d'adjudication, l'arpentage et le balivage, le récépage des bois incendiés, le bornage des Communalous avec la commune voisine, les Cammazes, font l'objet de correspondance. Le projet de fusion, en 1888, des "deux triages" communaux de Durfort et des Cammazes, n'a pas de suite.
Les grandes futaies de Durfort du massif forestier de la Montagne Noire gardent jalousement les secrets de leur histoire et personne ne saura jamais quelles quantités de bois ont servi aux arsenaux de marine ou pour les distilleries d'eau-de-vie, ou comme bois de chauffage....Le loup a disparu, mais le sanglier vient encore dans la plaine et les chasseurs sont nombreux à l'automne pour traquer petit et gros gibier !
Le reboisement des combes profondes et des sommets appauvris par une exploitation parfois illégale, par les incendies, les coupes, le défrichement, donne lieu à une subvention en 1865, «pour le repeuplement de 10 ha au lieu dit Les Fangassas, les plateaux et la forêt communale : 100.000 plants de chênes à prendre dans les pépinières domaniales du Tarn pour une somme de 250 F et une somme en argent de 200 F à titre d'encouragement. »
les travaux publics
Les voies de communication
Le commerce et l'industrie se sont développés à partir du XVIIè siècle, grâce au canal du Midi, le chef-d'oeuvre de Pierre-Paul Riquet, qui osa prendre les eaux de la Montagne Noire pour relier l'Océan à la Méditerranée.
L'entretien des chemins, toujours au budget des consulats et des communes, est très lourd. A Durfort, point de route royale entretenue par les Ponts et Chaussées, mais les chemins vicinaux pour relier la commune aux bourgs environnants, ainsi que les chemins ruraux, font l'objet de rapports et de correspondance avec l'Agent-Voyer. De 1817 à 1964, quelque 500 pièces parmi lesquelles les procès-verbaux de reconnaissance des chemins à classer, les taxes vicinales, la gestion des voies communales... A Durfort, en 1801, « les chemins sont impraticables, en particulier pour joindre le grand chemin de Soréze à Revel, la voie est si étroite puisque deux chevaux peuvent à peine se croiser dans la largeur, ce qui occasionne journellement plusieurs débats de meuniers, il est demandé à l'autorité de faire procéder à la faction d'un ébranchement de mille toizes. »
La loi de 1836 oblige, au choix des contribuables, à participer soit en argent, soit en nature à l'entretien et aux réparations des chemins. Que d'améliorations pour les voies anciennes devenues chemins "vicinaux " ! :
Le chemin bas aux limites de Soréze;
Le chemin des Martinets;
Le chemin de la Beaute;
Le chemin d'Ayrevieille.
Les matières premières, cuivre, charbon, laine, destinées aux usines passaient obligatoirement au Pont-Crouzet pour arriver à Durfort. Le chemin d'intérêt commun, le n° 31, devenu n° 44 reliant Durfort à Pont-Crouzet va de Saint-Etienne (près de Puylaurens) aux Cammazes. Il a été classé et déclassé plusieurs fois.
Durfort n'est pas sur la grande route et son CONSEIL_MUNICIPAL s'intéresse en 1853 à l'emplacement des gares, haltes ou stations du chemin de fer de Castres à Toulouse et de Castres à Revel. Les marchés hebdomadaires ou les foires jouent un rôle important et l'on va au village voisin pour s'approvisionner en grains ou pour vendre ses bestiaux.
Le passage de l'omnibus en 1889 qui s'arrête devant l'usine Raucoules et la mise en place du "bus" en 1909 transforment les modes de vie dans toute la région.
Les services postaux, télégraphes en 1865, et les facteurs, en 1875, bénéficient de l'amélioration du réseau routier.
La distribution d'énergie électrique
L'éclairage de la commune est envisagé dès 1868. En 1875, le sieur Puget, «valet de ville, [qui] est chargé de l'éclairage et de l'entretien des cinq reverbères.»
La commune de Durfort cède en 1893 un terrain à la ville de Soréze et autorise des travaux en dessous du gouffre de Malamort, travaux destinés à l'installation d'une force motrice pour«l'éclairage à l'électricité» 5.Une convention est signée le 15 août 1893 entre Antoine Laval, négociant, maire de Durfort et maître Louis Clos, maire de Soréze. Elle stipule la vente et cession d'un terrain d'environ 2 ares pour la construction d'une usine électrique sur l'une des rives du ruisseau du Sor, dans la forêt communale de Durfort.
« ... art 3. — La commune de Durfort cède et abandocte à la commune de Soréze son droit de riverain dudit ruisseau et l'autorise à user de l'eau du ruisseau du Sor et à établir une canalisation sur son territoire pour amener l'eau qui sera nécessaire depuis la partie supérieure du gouffre jusqu'à l'usine. Il demeure convenu que d'aucune manière cette eau ne pourra être distraite de son cours naturel, elle reviendra au ruisseau et ne nuira d'aucune façon aux usines situées en aval..
«art 4. — ...II demeure convenu que l'installation de l'éclairage public des onze lampes de Durfort demeurera à la charge de la commune de Soréze et que l'entretien de cet éclairage restera à la charge de la commune de Durfort...»
La délibération du conseil municipal du 18 novembre autorise l'aménagement d'un chemin sur la rive gauche et la construction d'un barrage d'une hauteur de 6 mètres. Il est précisé la responsabilité de Soréze dans le cas où le barrage serait emporté par une inondation. L'arrêté préfectoral du 12 septembre 1894 porte sur la cession d'un terrain, en faveur de Soréze pour l'installation d'une usine électrique un terrain d'une étendue de quatre ares pris sur la rive gauche du Sor, immédiatement en amont du «Pont dit de la fin du monde» ...et «à condition que la ville de Soréze éclaire à la lumière électrique, à ses frais, la ville de Durfort »
C'est en 1900 que les travaux de construction du barrage sur la rivière du Sor sont effectués, au lieu dit "Malamort " pour la mise en jeu d'une usine d'éclairage électrique. D'énormes conduites acheminent l'eau aux turbines et les alternateurs vont fournir l'énergie électrique à plusieurs communes, en particulier Durfort et Saint-Amancet. Le courant n'est distribué qu'à certaines heures de la journée. 11 lampes de 16 bougies sont prévues pour l'éclairage public et pour les particuliers, des lampes de 10 ou 16 bougies.
Une ligne particulière est construite du Moulin de Chayla au Moulin de la Planque en 1921, à la demande de Maurice Escaffre, meunier. C'est en 1933 que Durfort adhère au Syndicat intercommunal d'électrification de Soréze, le S.I.E.L.
voir les débuts de l'electrification sur Durfort, Sorèze, Revel
Les carrières
La carrière des Martinets, propriété de Durfort est affermée en 1887 par le sieur Joseph Dorphin. La carrière des sieurs Clos, celle de Berniquaut, provoquèrent protestations et plaintes au moment des différentes adjudications. La dernière déclaration d'ouverture de carrière à ciel ouvert, au lieu-dit "La Prado" est de 1964.
L'eau et les moulins
L'eau dévalant la montagne pour aller rejoindre les plaines du Lauraguais est une des richesses du versant Nord de la Montagne Noire ! La source du Sor se situe à Borie-Neuve, au milieu de la forêt ombreuse, parmi les grands hêtres, les trembles et les bouleaux. Très capricieux, le torrent passe d'un département à l'autre pour finalement rejoindre l'Agout en face de Vielmur. L'excédent des eaux de la Rigole est abandonné à Pont-Crouzet, le Sor réserve à la plaine ses propres eaux.
Les arrêtés préfectoraux sont nombreux pour régler le problème du "roulement" de l'eau. Le seigneur de La Gardiolle n'hésitait pas à accaparer l'eau du Melzic pour ses moulins, et le seigneur de Saint-Amancet, avait des "droits d'eau" depuis 1515...
Les moulins, à foulons, à blé s'échelonnent le long de la rivière et trouvent la force motrice nécessaire. Pour son usine au bord de l'eau, le propriétaire demande l'autorisation « de construire un moulin à farine attenant le martinet en cuivre qu'il possède dans la commune sur le canal de dérivation de la rivière du Sor »
Le dernier vieux moulin sur le Sor en état de fonctionner "le moulin de Lauzy"
Les pauvres et la Société de secours mutuels
La classe indigente est un des soucis des différentes municipalités au cours du XIXè siècle Des travaux publics, en particulier la « réfection du sol de la fontaine et du mur de soutènement le long de la rivière du Sor emporté par les inondations peuvent étre exécutés par ceux qui n'ont pas de travail. » Le Conseil, lors d'une réunion en 1832, et en vue de l'intérêt de la commune, essaie d'obtenir du gouvernement une subvention égale au moins à la moitié des fonds alloués, soit 300 F « afin d'occuper les bras de la classe indigente... »
Certaines crises rappelant celles de l'Ancien Régime provoquent des désordres et les épidémies, le choléra en 1854, n'épargnent pas le sud du département, et Durfort en particulier.
Les conditions de vie, surtout celles des ouvriers, sont très dures. La loi de 1841 interdit de faire travailler les enfants avant l'âge de 8 ans. La misère est grande, les salariés sont dans un climat d'insécurité, et un peu partout se créent des Sociétés de secours mutuels.
La "Société Saint-Eloi " de Durfort est fondée en 1854 et le grand livre donne la liste de tous les participants jusqu' à 1938, soit 184, avec leur date d'entrée. En 1869, une délibération porte sur l'admission des enfants jusqu'à l'âge de 16 ans.
Les archives, patrimoine communal, sont classées et un inventaire en a été dressé. Certains documents et registres sont restaurés et reliés. Mais "précieuses" les archives oui, et il faut les protéger de la lumière, de l'humidité, de certaines bactéries et des méfaits dus à l'homme.
Durfort et ses cuivres attirent toujours les visiteurs. A certains jours, le Plô devient un grand parking. Jadis le village était rythmé par le vacarme des martinets, le bruit des moulins, le grincement des roues des chariots aux chaudrons flambants neufs. Aujourd'hui, quand le ronflement des moteurs sur le Plô s'est éteint, il ne reste plus que le murmu¬re du torrent scintillant au soleil. Après ses achats, le touriste s'attarde à contempler le Sor et le vieux pont. Une route sinueuse et étroite le conduit ensuite à Malamort : "Le Bout du monde."
Marie-Odile MUNIER.
BIBLIOGRAPHIE
Archives communales de Durfort
Archives communales de Soréze
ALBAREL(J.) : Roquefort, Les Cammazes - Dix siècles à l'ombre d'un château , Ed. Fré¬rerie de Ferrières, 1983
CAYLA (P.) : Dictionnaire des Institutions, des coutumes et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à 1648 , Montpellier, 1964
COTTINEAU (Dom L.-H.) : Répertoire topo-bibliographique des abbayes et prieurés, Mâcon, Protat, frères, lmprimeurs/Editeurs, 1939, t. 1
DURAND (E.) : Voyage à travers la Montagne Noire, Albi, 1947
FERRAS (fr.V.) : Éléments d'iconographie au pays de Dourgne, .d. G.R.B., 1984, p. 94 [illustrations de P. de Trigon]
LACGER (L. de) : États administratifs des anciens diocèses d'Albi, de Castres et de La¬vaur, Paris, 1921
MAHUL (M.) : Cartulaire et archives des communes de l'ancien diocèse et de l'arron¬dissement administratif de Carcassonne, Paris, Didron/Dumoulin, 1858, vol III et vol VI
MISTLER (J.) : Le Bout du Monde, Grasset, 1964
MUNIER (M.-0.) : La Gardiolle, "Revue du Tarn", n° 138, 1990
P. RASCOL (P.) : Les paysans de l'Albigeois à la fin de l'Ancien Régime, Aurillac, 1961 SABARTHÈS : Dictionnaire topographique du département de l'Aude, Paris, Imprimerie Nationale, 1912. (Syndic : officier ayant de lourdes responsabilités à l'assemblée diocésaine).
CARTES_POSTALES : Fonds AC Durfort et Soréze
CLICHÉS : M.-0. Munier
NOTES
(1)- Forain : propriétaire foncier ne résidant pas dans la commune dans laquelle il possède des biens et pour lesquels il est imposable
(2)- Bois-mort : arbre séché sur pied, Mort-bois : bois de peu de valeur, comme les ajoncs et les ronces
(3)- Carcassonne, fonds Grangis, 1587
Archives communales de Soréze : un plan en couleur (45x60), de la forêt de Montcapel et de Trinque Bisse, (copie d'un plan de 1668), au nord, l'église Saint-Jammes et un dessin à la plume (43,5x58,5) de la forêt de Montcapel, avec un dessin de l'église Saint-Jacques de Beauzaucelle (cote 2 N 2)
Archives communales de Soréze : de 14 pièces (cote 2 0 116).
Crédit photos couleurs -JP.Calvet - JC.Pétronio
le musée du cuivre de Durfort
Durfort et ses cuivres attirent toujours les visiteurs. A certains jours, le Plo devient un grand parking. Jadis le village était rythmé par le vacarme des martinets, le bruit des moulins, le grincement des roues des chariots aux chaudrons flambants neufs. Aujourd'hui, quand le ronflement des moteurs sur le PLo s'est éteint, il ne reste plus que le murmure du torrent scintillant au soleil. Le touriste s'attarde à contempler le Sor et le vieux pont. Une route sinueuse et étroite le conduit ensuite à Malamort, "Le Bout du Monde."
«L'usine se trouvait à Malamort, sur le chemin du Bout du Monde, ai-je assez rêvé à ces syllabes, ai-je assez interrogé Maman et Bonne-Maman sur leur signification ! Et elles m'expliquaient que la route qui remonte la vallée du Sor s'arrêtait jadis à la gorge où saute la cascade de Malamort, et les voitures ne pouvaient pas aller plus loin».
(Jean Mistler "Le Bout du Monde")
- RETOUR HISTORIQUE DE LA SPELEOLOGIE -
Le site du village de Durfort - http://www.durfort-village.com/